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 Après l'orage. [ Ala ]

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Louis de Saint-Aimé
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MessageSujet: Après l'orage. [ Ala ]   Après l'orage. [ Ala ] I_icon_minitimeMer 13 Nov 2019 - 0:31



La 17ème année du 11ème cycle,
Deuxième enneade de Favrius - automne,
Le septième jour.


« Votre Altesse est-elle certaine de vouloir monter ? C’est que les nuages n’augurent rien de bon et, l’humidité sent à plein nez. questionna le palefrenier timidement, tout en guidant le palefroi de Louis par les rênes.
- Que me vaut ce ton ampoulé et révérencieux à outrance ? Depuis le temps, nous sommes de bons amis, fidèles qui plus est. Tu n’as pas a faire usage de gants blancs avec moi, Amaury. rassura le sympathique colosse, tout en le délestant des guides de sa monture.
- Je sais, c’est juste que …
- Que … Quoi ? surenréchit dare-dare le marquis, sourcils froncés et air inquisiteur se placardant à son facies.
- Ben, c’est qu’on a plus ou moins eu vent de votre … euh … différent, à vous et votre femme et puis bon … Vous savez comme j’ai à bien votre bonheur, sire.
- Rahh, tu t’enfonces Amaury. Fais-moi plaisir et prend congé séance tenante. Retourne-t-en récurer la fiente de sous les sabots de tes haridelles. termina Louis, tout en lui ordonnant de guerpir d’un mouvement de la main.
- Je savais. J’aurais dû fermer ma grande gueule. chuchota le pauvre garçon d’écurie, après s’être éloigné de quelques bons mètres. »

Oui, Louis était assez grand pour ne pas se faire rappeler que les chances étaient faibles pour que son entretient avec la marquise. Autant lui qu’elle, leur dernière rixe leur laissa une plaie si béante, que depuis, ils ne s’étaient à peine adressé la parole. S’ils ne faisaient pas chambre à part, ce n’était que pour préserver l’image saine de leur couple ; et la Damedieu savait comme il se serait permit faire couche à part! La gueuse, oui la gueuse! Elle trouvait moyen de le réveiller en le ruant de coups de petons accidentels. Et si ce n’était pas ça, elle se débrouillait pour lui pourrir la vie, de tous les moyens possibles. Couvertures tirées, du vin échappé de son côté des draps, la vilaine !

Les cumulus s’agglutinèrent peu de temps après sa réflexion et tôt, le soleil s’engouffra au profit de quelques timides gouttelettes. Dans la cours de l’immaculé château, Louis patientait, couvert que d’un unique petit toit de bois, à la sortie de l’écurie. Là, se tenant dans la gadoue, il se trouva à penser à elle. À leurs premiers instants ensembles, à leurs premiers éclats de rire, mais aussi à ces années de joie et de malheurs, alors qu’elle était enfin couronnée marquise. Et il allait tout perdre, à cause d’une querelle sentimentale.

La pluie s’enhardit, appuyant sa ferme intention de rester pour le restant de la journée. Tôt, les éclaboussures boueuses contre ses chausses tuèrent ses dernières chances de la voir franchir le portail principal de la cours. Elle n’allait certes pas faire acte de présence, maintenant qu’il pleuvait à boire debout! Louis détourna son attention des employés de la cour, puis des marches, pour terminer sa course vers la jument de sa femme. Il délivra une caresse contre le col du bel animal, puis s’excusa en terminant le geste de sa main d’une bonne petite tape.

« Ce sera pour une autre fois, ma grande. »

Et avant qu’il ne fasse signe à Amaury, qui n’en menait pas large depuis que son seigneur l’avait rabroué, il la vit, dans sa tunique de monte, n’ayant crainte d’être trempée par nulle drache. Elle était belle. Voilà bien quelque chose qu’il avait oublié depuis leur querelle. À sa venue, les genses abaissèrent la tête et les yeux, s’inclinèrent devant la suzeraine qu’elle était et, lorsqu’elle arriva à son niveau, Louis retira l’un de ses gants pour lui montrer la paume, comme s’il désirait lui prendre la main.

« Vous êtes magnifique. affirma Louis avec respect, alors que les yeux s’étaient déportés sur les deux suzerains. Puis sans autres ambages, il lui baisa le bout des doigts, puis la conduit jusqu’aux abords de sa monture.
-Êtes-vous prête à y aller ? »



Dernière édition par Louis de Saint-Aimé le Mar 3 Déc 2019 - 0:52, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Après l'orage. [ Ala ]   Après l'orage. [ Ala ] I_icon_minitimeMer 13 Nov 2019 - 1:32


« Il va pleuvoir Madame ».
La voix fluette lui parvenait avec douceur, tandis que ses doigts habiles finissaient de nouer ses chausses. Il pleuvait depuis si longtemps dans son cœur qu’à présent, le temps ne l’inquiétait plus. Elle irait, bien que la peur et l’amertume nouaient son estomac. Elle avait bien failli rendre son déjeuner, si bien qu’elle avait inquiété la pauvre Mathilde qui tentait encore de la dissuader – pensant qu’elle fût tombée malade. Là Mathilde ! La Marquise n’était pas souffreteuse, sinon du seul mal qui ne guérissait jamais et que les lèvres chastes appelaient l’amour. Avaient-ils si bien jouer la comédie tous deux que personne ne douta même des rancœurs qui abimaient le couple ? Elle n’en croyait rien ; loin d’être aussi complices, les amants s’éviter tout le jour durant pour simplement se retrouver à la nuit. Les quelques mots esquissés étaient bien vites regrettés et la douleur s’emparait de son âme une fois de plus. C’est que le Cerf trouvait un malin plaisir à remuer la plaie vive, s’énervant pour un rien et boudant comme un enfant. Au moins était-il là, maigre consolation devant l’océan désolé qu’il laissait derrière lui. Car là, sa peau brûlait presque à chacun de ses contacts involontaires, parsemant l’écrin de sa chair d’autant de cloques déplaisantes, noyant ses yeux dans le silence abyssal de leur chambre à coucher.

Fin prête, elle adressa un mince sourire à la dame qui avait aidé sa toilette. Elle se voulait rassurante, et même devant tant d’infamie, elle gardait un espoir muet ; car par la Damedieu, c’était cette mule qui l’avait invité ce jourd’hui à une balade. Certes il ne l’avait point demander en personne, lui donnant plutôt un rendez-vous par l’intermédiaire du Hugues, mais au moins il avait fait le premier pas. Qui était-elle pour décliner l’invitation ? N’était-ce pas là tout ce qu’elle attendait depuis des jours ? Plutôt, elle affrontait volontiers la pluie et le vent ; l’automne n’avait jamais effrayé aucun Homme du Nord, et telle la Flamme, elle ne vacillerait dans la nuit. Donnant du cœur à sa cause, elle claqua le talon de ses bottes, s’assurant d’être bien chaussée – mais retardant surtout l’inévitable. Le bougre devait l’attendre sous la flotte, et elle ne semblait nullement pressée d’y aller ; que dirait-elle ? La Broissieux n’avait guère préparé son oratoire, et elle craignait que la course en campagne ne se transforme en un énième mutisme malaisé qu’aucun des deux n’oserait rompre. Elle ne lui en voudrait guère ; elle avait été horrible avec lui, lui faisant payer au centuple chaque peine qui alourdissait ses émois.

« Cela servira-t-il vraiment ? ». La réflexion plus personnelle qu’envoyée à la cantonade ne fit même pas moufter le brave intendant dont le gros ventre ne gênait pas la course, tant la démarche de sa suzeraine était lente.
« Comment le savoir si vous ne faites pas l’effort ? ». Aussi étonnant que cela puisse être, le curieux personnage venu d’Alonna était devenu son confident par bien égard. En vérité, c’était peut-être parce qu’ici elle n’avait aucun ami, aucune tête familière à qui se raccrocher dans le tumulte ; et les récents événements la confortait dans son isolement.

Elle lui adressa à lui aussi un maigre sourire. Il avait peut-être raison après tout. Cessant de se trouver des excuses, elle le laissa sur le pas de la cour, marchant sous la pluie battante. Foutre-Othar c’était bien là le bon jour pour une monte ! Les cheveux bientôt humides, elle ne s’en soucia guère plus lorsque l’imposante silhouette se dessina sous le porche de l’écurie. Il avait la même allure que des années plutôt, fringuant et colossal, bien que les guerres et l’âge lui ait offert encore quelques centimètres et de beaux muscles. Et ses tripes se retournèrent tandis que son poult battait si fort qu’elle semblait l’entendre. L’inquiétude avait figé ses traits, tentant vainement de lui dissimuler ses angoisses ; il ne la connaissait que trop bien pour deviner dans ses yeux grisâtres l’attente du mieux. Car c’était cela qu’offrait leur promenade : une chance de ne pas sombrer, et d’être heureux comme ils l’avaient toujours été jusqu’alors. Offrant sa main, elle le gratifia d’un salut timide.

« Je le suis ». Et sans attendre son reste, il l’aida à s’installer sur sa jument. Il demeurait un homme galant et attentionné, ou alors faisait-il l’effort de l’être un peu plus aujourd’hui. Lorsqu’il fût lui-même en selle, ils s’en allèrent à travers la ville basse ; seule la pluie habillait leur marche, alors que les doigts de la belle se serraient sur les morceaux de cuir, n’osant même pas jeter un œil à son époux. Les choses s’étaient envenimés et chaque mot était devenu gangrène ; pitié Louis, parle moi.
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MessageSujet: Re: Après l'orage. [ Ala ]   Après l'orage. [ Ala ] I_icon_minitimeMer 13 Nov 2019 - 21:08






Au loin, une lance électrique déchira les cieux pour s’abattre à l’horizon, vrombissant de son éclat contre le sol quelques secondes plus tard. Étrangement, bien que les cumulus s’étaient massés pour rincer le peuple Berthildois, ce n’était pour l’heure qu’une petite bruine, un crachin tout fin qui tomba du ciel. S’eut été rafraîchissant, en été, de galoper sous de telles conditions, mais en cette saison d’automne, sous les bonnes grâces de cette précoce froidure, Louis autant qu’Alanya durent s’en remettre à sortir leurs pelisses hivernales. Tous deux s’étaient endimanchés de sorte à bien paraître, à faire belle figure devant le peuple. Cette cabale visant sa femme, cette trahison qui hurlait haut et fort la désapprobation du peuple envers sa belle, fût contrée de justesse et laissa en son sillage une blessure qui se devait d’être pansée. S’afficher en publique, une activité qu’ils n’avaient fait depuis belle lurette, n’allait certes pas empirer la situation. Ainsi, ils dévalèrent les allées principales, ricochant parfois dans quelques venelles moins élargies, mais toutes aussi accueillantes. Le marquis récolta le franc sourire des petites gens, l’admiration des musards et l’étonnement des gobe-mouches, tandis que sa femme écopait de leur hypocrisie. Point dupe, Louis connaissait les siens comme les doigts de sa patte et nuls doutes ne persistaient : la popularité de sa femme n’avait jamais été si mal-en-point. Les nordiens étaient biens cons de ne pas avoir connaissance de la bonne fortune qu’ils avaient d’avoir comme suzeraine une aussi adroite personne. Le temps, sûrement, arrangerait les choses, car pour gagner leur confiance, leur fidélité et leur adulation, l’autrefois faon ne tenait pas plus du noble que du modeste peuple. C’est que depuis sa tendre enfance on lui avait octroyé permission de se mêler à eux, partageant autant leur fardeau quotidien que leurs sales besognes. Voilà bien d’ailleurs le secret de son succès : jamais plus humble seigneur n’avait siégé sur le trône de Cantharel.

Ils étaient seuls deux, à mener le trot devant le bas peuple. Ah, il y avait bien une pléiade de bonshommes pesamment harnachés dans leur ombrage, quelques mètres derrière eux, mais au-delà de ça, ils pouvaient converser librement. Pourtant, Louis n’en fit rien. Pas un mot, pas un bruit. Il se contenta à rendre les attentions qu’on leur offrait, à saluer ci et là ceux qui leur envoyaient la main et qui tentèrent de capter un tant soit peu de leur attention. Bientôt, à force de piocher des sabots le pavé des rues, leurs vêtements s’en virent alourdis par la pluie. Louis ne manqua guère d’ailleurs, à remarquer comme la longue pelisse de poil qui couvrait les fines épaules de sa femme sembla lui tirer le col.

« Vous avez froid ? demanda Louis envers elle, la question ponctuée d’une pointe de soucis.
- Point trop encore. lui répondit-elle simplement, en tirant les pans de sa cape pour s’en couvrir d’avantage. »

Sans en rajouter d’avantage, le marquis se détourna pour mieux observer ses arrières, où il vit un garçonnet qui accourait en leur direction, une cape dans les bras aussi pesante que longue, prompte aux temps frais. À son approche précipitée, Louis écarquilla les yeux et fronça les sourcils, tout en faisant un signe qu’il était coupé et qu’il s’en aille sans respit. Alanya accorda un regard poli envers son mari, alors que Louis lui répondit d’un sourire tout aussi respectueux, comme si rien ne s’était passé.

Une vingtaine de minute passée, ils arrivèrent aux abords des murailles, se présentant devant l’immense et imposant portail qui démarquait la sortie de la citée. Le cervidé sauta d’en bas de sa selle, puis s’approcha de sa compagne de monte. Avec son muet accord, elle lui laissa les guides de son palefroi pour que Louis puisse diriger sa femme par-delà Cantharel. À l’ouverture des colossales portes, un couloir vidé de toute âme qui vive leur était réservé, menant vers un char attelé à un quatuor de chevaux. Les gardes talonnèrent leurs animaux jusqu’à ce qu’ils ceinturent la diligence de leur lances protectrices, ne laissant passage qu’au duo de marquis. Voilà qui semblait bien protocolaire, pour un simple entretient !

Le petit homme, tantôt rabroué par son maître, se posta aux devants des portes qui menaient à l’intérieur du char, les bras chargés de nouveaux atours.

« Si vous voulez bien vous donner la peine de me suivre. » demanda Louis, lui offrant possibilité de grimper la première. Et, enfin, il lui sourit. Franchement.

Sincèrement.


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MessageSujet: Re: Après l'orage. [ Ala ]   Après l'orage. [ Ala ] I_icon_minitimeMer 13 Nov 2019 - 22:15


Elle ne fût pas mécontente, une fois montée dans la voiture de se défaire de sa cape détrempée. L’attention de son époux la conforta dans son opinion ; il avait changé certes, mais avait toujours le cœur bon et généreux. Elle regrettait peut-être un peu le temps du jeune cerf, malhabile et pleins de rêves. Mais s’il n’avait pas un jour rêvé, se seraient-ils épousés ? Car oui, elle devait à ce bellâtre son bonheur sur bien des plans. Il lui avait offert bien sûr trois merveilleux enfants, et c’était surtout le seul à lui avoir tendu la main quand tous se détournaient. Le seul qui, bravant la tempête, s’en était venu sous ses fenêtres quand la tristesse et la solitude accablait son âme ; l’Arachnide avait un bien sombre passé que le jeune homme – à l’époque – avait volontiers occulté, préférant plutôt à cela quelques agréables conversations. Et elle, sotte qu’elle était, l’avait rendu chèvre en le poussant même à commettre le péché de chair, lui qui avait pourtant tenu vingt vigoureuses années. S’il ne lui en tenait pas rigueur, avec le recul des années elle trouva son geste fort peu malin, et parfois en venait à le regretter un peu. Sans cette nuit-là, elle aurait été la première de l’homme de sa vie, n’est-ce pas là le genre de chose qui comptait pour une femme ?

S’enroulant dans le vêtement sec, elle se risqua à glisser un œil vers l’imposante masse qui prenait place face à elle. Et malgré tout, un petit sourire caressa ses lippes avant de s’envoler presqu’aussitôt qu’elle s’en rendit compte. Car les choses n’allaient pas fort, et que l’amour qu’elle lui porta ne suffisait plus à taire la rancœur. Pourtant elle ne pouvait cesser de l’aimer, de l’admirer chaque seconde de chaque minute. Le temps passé loin de lui, sans son plus proche allié, semblait tenir de la véritable mutilation. Pourtant tout ici était pour rappeler qu’ils n’arrivaient plus à se parler : il l’avait fait mander dans une promenade formelle, de sorte qu’aucun d’eux ne puisse se dérober. Forcés, l’un comme l’autre, c’était là sûrement leur seule chance de salut. La Marquise attendait beaucoup de cette entrevue, peut-être trop même. Lorsque la porte fût enfin close, ses lèvres bougèrent un peu pour mieux se taire par la suite. La douleur dans son ventre l’oppressait, alors que sa gorge complètement nouée n’aurait pu émettre le moindre son. Bientôt, tout le carrosse se mit en branle. Ils étaient tous les deux, là, dans un espace si restreint qu’elle jurait sentir son parfum. Perdue. Il ne fallut pas plus de temps pour que le Saint-Aimé rompe le silence malaisant :

« Pardonne moi Alanya »

Avait-elle parfaitement entendu ? La boule au fond de sa trachée se densifia, et ses tripes manquèrent de se retourner. Le son de sa voix, la mélopée des mots qu’il formait alors. Voilà des jours entiers qu’ils n’avaient pas user de leurs temps pour l’autre, et maintenant qu’ils étaient obligés, elle avait la simple impression de sauter dans le vide. La peur la paralysa un peu plus, et ce n’est qu’au prix d’un dur effort qu’elle convint la salive à quitter sa gueule. S’il était en tort – et la montagne de reproches qu’elle lui avait témoignée l’attestait -, il n’était pas le seul fautif. Pourtant son maudit caractère l’empêcha toute abdication. Par Othar qu’elle se détestait !

« De ? »
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MessageSujet: Re: Après l'orage. [ Ala ]   Après l'orage. [ Ala ] I_icon_minitimeMer 13 Nov 2019 - 23:39






Il eut été sot de croire qu’elle aurait fait preuve d’autant d’abnégation en expiant sitôt fait ses fautes à elle! Ou était-ce ce malaise, cuisant et dérangeant qui lui empêcha toute réponse raisonnable ?

« J’ai cru bien faire, en donnant tout de moi à Sainte-Berthilde. Elle souffrait, faible des cabales gobelines et de l’infection d’arcam, tandis que moi, fort aisé dans le confort des velours de Cantharel, me suis senti le débiteur de leurs maux et malheurs. ajouta Louis, empruntant un timbre de voix qui n’en menait guère large.
- J’ai cru bien faire. Sincèrement. J’ai arpenté l’entièreté de mes terres afin de m’assurer du confort de mes gens. Et tout ce que je t’ai dit, là-bas dans ton horrible prison, n’avait rien d’un mensonge : je me mourais de vous revoir. sa gorge se crispa un temps, comme si l’émotion chercha à refaire surface de trop.
- Une fois de retour, la fatigue me gagna et, trop éreinté pour prendre soin de ma famille, je pardonnai mon mauvais comportement en cherchant à vous faire sentir coupable de me reprocher quoique ce soit. Vous ne pouviez voir tout le travail que j’abattais, me dis-je … derechef, le marquis prit une pause, la gorge bien serrée.
- Pardonnes-moi, de t’avoir négligée, Alanya. ses yeux retrouvèrent les siens, enfin, pour ne plus quitter leur confort.
- Depuis quelques temps, je le sais, je suis un bien piètre mari et un amant plus exécrable encore, mais si tu trouves le moyen de trouver en toi un peu de miséricorde envers un homme qui, depuis le jour premier, n’avait pour sa patrie, de même que pour sa famille les meilleures intentions … Je t’en serai éternellement reconnaissant. termina-t-il en quêtant la pointe d'une de ses mitaines, en la cueillant aussi délicatement que ses grosses paluches le lui permit. »

Oui, il baissait son froc. Mais Louis était ainsi ; son cœur était véritable et sincère en toute chose. Aussi ne pouvait-il plus supporter cette atmosphère oppressante que la mésentente de leur ménage apporta. Si quelqu’un devait faire les premiers pas, et même, les derniers si elle se satisfaisait de ses excuses sans elle-même s’expliquer, et bien soit : qu’il en soit ainsi.



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MessageSujet: Re: Après l'orage. [ Ala ]   Après l'orage. [ Ala ] I_icon_minitimeJeu 14 Nov 2019 - 0:19

Elle l’écouta sans un bruit, tandis que son cœur se serrait un peu plus à chacune de ses phrases. Et ses grandes mains chaudes la firent presque défaillir. Tout cela, elle n’en doutait point ; Louis avait toujours fait de son mieux, en tout temps et pour tout le monde. C’était une personne foncièrement bonne, qui plutôt d’agir par intérêt semblait d’un humanisme sans borne. Et peut-être était-ce là le secret de leur si bonne entente ; à mille lieues du mauvais tempérament de la Marquise, ils avaient à cœur le souci de leurs gens. Et bien qu’Alanya ne fût guère appréciée, elle aima et choya chacun d’eux avec autant d’affection et d’intérêt qu’elle le pouvait. Car on lui avait enseigné ces valeurs, et plus que tout elle les partageait aujourd’hui avec ses enfants et ses proches. Ils ne s’y prenaient certes pas de la même façon : lui préférant le labeur auprès des siens, elle avait pour mission d’assurer la pérennité. Aussi avait-elle inauguré elle-même l’Université des savoirs universels théologiques et militaires, s’entourant des plus brillants esprits du Nord en la matière. L’on causa à la cour des meilleurs moyens de tenir l’hiver que certains annonçaient déjà rude. Puis elle ordonna les plaidoiries en l’absence de son époux. Bref, l’un comme l’autre s’était peut-être – sûrement même – égaré par égard envers leur peuple. Lentement ses doigts s’accrochèrent au sien, réponse muette de l’approbation que ses yeux quémandaient avec tant de force. Bien sûr qu’elle l’excusait, pour tout et pour toujours.

« Je ne t’en veux guère d’être toi, Louis ». Et de sa main libre, elle lui offrit une caresse tendre dans la joue, son pouce effleurant avec douceur sa pommette. « C’est pour cela que je t’aime, pour cela et tout le reste aussi ». Elle s’arrêta un bref instant.
« Me penses-tu aveugle pour ne point voir ce que tu as fait, et la peine que tu t’es donné ? N’en crois rien je te prie. Ces dernières années ont été terribles, et nous portions tous deux la peine de nos gens sans avoir le courage de s’en départir. Peut-être est-ce cela qui nous a éloigné ». Sa voix était calme, presque un murmure au regard des disputes qui avait animé le couple les jours précédents. « Je crois pouvoir te dire que j’étais jalouse ; oui jalouse de l’attention que tu leur offrais quand moi, je n’avais pas le droit à plus qu’un regard las. Alors je me suis tût, murée dans cette fausse apparence pour ne pas te faire souffrir davantage ».
La belle baissa la tête, attristée du constat qu’elle verbalisait enfin. « Et tu n’as su voir qu’en faisant cela, c’est moi qui me suis mise à souffrir en retour ». Sa petite main se pressa encore un peu, dans l’espoir d’un peu de réconfort. « Alors peu à peu nous sommes devenus étrangers l’un pour l’autre, tellement que tu ignorais même comment on me raillait dans les couloirs de ta demeure. Comment l’on traite encore tes petits ». Ses mirettes se plantèrent à nouveau dans l’Emeraude. « Pourtant, c’est l’homme que j’ai épousé devant Néera qui est ici, devant moi ».
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MessageSujet: Re: Après l'orage. [ Ala ]   Après l'orage. [ Ala ] I_icon_minitimeJeu 14 Nov 2019 - 6:38






À son tour de se montrer aussi muet qu’une tombe, tandis que la fraîcheur automnale pénétra la cariole pour mieux roidir leurs affublements fort bien trop humides. Même lui, aussi large que deux, dût tenter de masquer le long frisson qui lui secoua l’échine. Aussi comprendrez-vous maintenant que le passage des doigts de sa femme contre sa joue légèrement ponctuée de carmin, n’allait pas pour lui déplaire. D’autant plus qu’il s’agissait bien là d’un prime contact –qui n’avait rien d’haineux- depuis des lustres. Et la confession de sa femme lui parut également comme un prompt réconfort face à ce vilain temps. Le grand cœur du colosse s’en vit sitôt chauffé, exhortant son porteur à un peu plus de bonhomie, lui fendillant un sourire qui se voulut bien empathique face à ses confessions. Or Louis vint couvrir la patte de sa femme d’une main seconde, oubliant sitôt le froid qui le harassait : car là, si lui-même se gelait le derche, quid de sa toute frêle femme ?  

« Il me serait bien impudent de te promettre de ne jamais plus te laisser de la sorte, car si nous fûmes contraints à nous séparer aussi longuement, il n’est pas à écarter la possibilité que cela se reproduise à nouveau. lui dicta le cerf en toute honnêteté.
-Mais si par le passé t’ai-je déjà formulé quelques promesses, -auxquelles seul le trépas peut m’en délivrer- en voici une autre : qu’importe la distance qui nous séparera, plus jamais je ne te mettrai en souffrance. Sous aucuns prétextes. et à ça, l’imposant cerf rapatria le bout des doigts qu’il avait en captivité pour mieux leur dérober un baisé.  
-Quant à cette vilaine réputation qui te précède, je veillerai à en éradiquer la racine. Par tans, l’on t’accordera la fidélité, le respect et l’amour qu’un peuple se doit d’avoir envers sa suzeraine légitime. Cela, je te le promet aussi. Autrement je te le dis, il est bien probablement que plus jamais tu n'auditionnes "le Bon" comme sobriquet rattaché mon nom. le tout, fort évidemment, ponctué d’une légère pointe d’amertume. Cette trahison, à tous coups, lui était resté au travers la gorge et ce, pour de multiples raisons.
-Si seulement n’avais-je pas été aussi naïf … Peut-être m’en serais-je rendu compte avant. Et tu n’aurais pas eu à t’esbigner au beau milieu de la nuitée en compagnie de nos trois enfançons … Et tout ça dans l’espoir de ne point t’éveiller avec un coutelas en guise de troisième bras … » 


Désormais qu'il avait acquis à peu près le pardon pour son absentéisme, il se sentit tout à fait coupable de ce complot. Un holà aurait dû être mit à ce sombre dessein bien avant qu'il ne leur éclate au visage. Car après la crainte d'avoir cru sa famille sa danger, la confiance qu'il avait en ses genses s'était vue elle aussi ébranlée. Si un égide, l'un des plus adroit et fidèle serviteur de la couronne s'était mit en tête une idée aussi noire que celle d'attenter à la vie de sa suzeraine, qu'en était-il du bas peuple, qui ne pouvait raisonner plus loin que le bout de leur nez ? Et que dire d'Henri, ce jean-foutre! Même le lien de parenté n'avait suffit à endiguer la déchéance de ses pensées envers la femme de son cousin.

Le regard de Louis trouva à nouveau celui de sa femme, constatant non seulement que sa beauté n'avait jamais été sensible au temps. Une ridule, même pas, parsemait son avenant faciès et à l'admirer de nouveau comme il le faisait jadis, il se souvint qu'elle était sa seule et unique véritable alliée. Que le monde dans lequel il pataugeait en tant que noble, n'était en fait constitué seulement que de viles serpents, desquels il devait en permanence se méfier. La morsure de l'un d'eux pourrait lui coûter cher et, le jour venu, nul harnois ne saurait le prévenir du trépas.


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MessageSujet: Re: Après l'orage. [ Ala ]   Après l'orage. [ Ala ] I_icon_minitimeVen 15 Nov 2019 - 23:06

« Ne te tourmentes plus Louis ».

La requête avait tout d’un ordre, bien que la voix soit restée douce. Les yeux bien plantés dans ceux de son époux, elle semblait plus catégorique que jamais. C’était là sûrement son plus grand défaut, et sa plus grande qualité tout à la fois. Le Bon n’avait de cesse d’endosser des malheurs qui n’étaient pas siens, s’en rendant presque malade. Certes cette fois-ci sa femme avait bien failli ne jamais se réveiller mais l’important n’était-il pas que, tout au contraire des vilains, elle respirait librement plus librement que jamais ? Là c’était bien assez pour éveiller quelques murmures à la cour : la Marquise avait survécu à la terrible trahison. Et si sur le moment elle n’avait pas eu le recul nécessaire, d’être revenue promptement à Cantharel avec tous ses faons était un bien drôle pied de nez. Ah ça elle s’exposait oui ! Mais bien heureusement pour elle, elle avait encore quelques fidèles qui s’assuraient de son bien – et Louis en faisait partie intégrante. Puis la Flamme du Nord n’était pas celle que l’on éteignait sans s’en brûler les doigts. Bientôt se tiendraient les jugements, et elle serait là, plus terrible que jamais, tandis que la vermine ramperait sur le sol. Elle s’assurerait aussi d’être là, plus puissante encore, lorsque les flammes pourlècheraient leurs âmes dépravées.

Un frisson s’empara de son corps alors que le froid se rappelait à elle. Dans ses frusques trempées, elle se gelait sévèrement. Même le nouveau manteau sec dont elle s’était parée n’y faisait rien. Plutôt elle quitta la joue du brave Cerf pour la glisser avec l’autre dans ses grandes paluches. « Lorsque tout ceci sera réglé, j’aimerai m’installer avec nos enfants à Diantra pour passer l’hiver ». Elle avait lâché ça sans préambule, et espérait décerner dans les prunelles d’émeraudes une quelconque approbation. De toute façon, sa décision était bel et bien arrêtée : elle irait, avec ou sans lui. Elle avait besoin de repos, et le ciel clément de la capitale lui semblait plus accueillant que le castel des Trois-Murs. Elle avait d’ailleurs la ferme intention d’envoyer un courrier à son frère pour qu’il envoie sa fille la rejoindre. Voilà des mois qu’elle ne l’avait point vu.

« Et par-dessus tout, je voudrais que tu viennes avec nous ». Profitant d’un chemin un peu moins chaotique, elle vint s’installer à son côté sans retirer le précieux contact qu’ils avaient établi. « Je t’en prie Louis, nous en avons tous deux besoin ». Un renouveau, voilà tout ce à quoi elle aspirait à présent.
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MessageSujet: Re: Après l'orage. [ Ala ]   Après l'orage. [ Ala ] I_icon_minitimeSam 16 Nov 2019 - 6:41







L’araignée Alonnaise était bien à part des autres, à pocéder la prérogative de commander son ogre de mari. Et la furie ne préservait en l’égard de ce droit aucune vergogne, car certaines occasions lui demandaient d’en faire prompt usage pour faire entendre raison au marquis. Et cette fois, même s’il voulut l’écouter, rien n’était moins certain qu’il lui obéisse. Enracinée jusqu’au plus profond de son âme, l’empathie était d’abord et avant tout une qualité qui, par lee passé, lui avait offert gros. Il devait le plus clair de sa popularité au sein de ses pénates à cette valeur, car le bien de ses gens lui tenait réellement à cœur. À la fin, après s’être graciés l’un l’autre, Louis se remémora comme il lui était plaisant d’avoir à ses côtés une boussolle en qui nord lui serait toujours connu. Bien qu’en certains moment, Louis vint à douter qu’elle indique réellement le bon sens …

« Diantra ? Dieux, il faut te réchauffer au plus preste : tes méninges sont en souffrance! Toi qui me ventait jadis tant aimer la fraîcheur de nos hivers, te voilà maintenant en quête de l’humide chaleur du Médian ? Et de surcroît, dans le nid de serpent le plus prolifique du Royaume? »  

Loin de lui déplaire, sa femme tua l’espacement entre eux pour mieux s’installer près de lui. De ça, l’idée de venir la réchauffer autrement qu’à l’aide de ses mains lui survola l’esprit, mais fût bien vite soufflée par son étrange requête. N’avait-elle aucun souvenir de l’aversion de son mari pour tout ce qui différait du nord ? Et pour rehausser le goût de sa drôlerie, elle lui énonça même l’envie de rapatrier sa marmaille en ces terres!

« Que veux-tu que nous aillions fichtre au sud ? N’avons-nous point assez d’affaires à nous préoccuper ici avant que l’idée frivole d’aller nous faire bronzer le cuir du cul nous titille ?  dit-il, en se tournant vers elle comme il le put, malgré ses affublements empestant l’humidité.
-Et nos enfants ? Ont-il réellement besoin de côtoyer ce genre de personnes ? Qu’ils se tiennent loin de leurs langues de bois, de leurs mesquineries et de leurs boniments! Ils ne s’en porteront que mieux. acheva le cerf sèchement, sans toutefois venir la défier du regard. Non, malgré son net désaccord, le froid perdurait et s’annonça comme une problématique qui se devait d’être réglée, alors aussi bien ne pas remettre sur table cette tension glaciale entre eux deux. » 

Or, il retira lui-même la large pelisse qui couvrait jusqu’alors ses épaules carrées, puis en fit de même à sa femme, profitant de cet instant pour mieux venir les couvrir de ses deux mains. Après les avoir caresser un temps, Louis n’attendit guère permission et à son tour, conquis la distance finale qui les séparait pour mieux nicher son nez à l’encolure de son cou. Là, ses lèvres se montrèrent plus avenantes que ses derniers propos, s’assurant que de froid il n’y ait plus.

Étrangement, maintenant qu’ils s’étaient rabibochés, l’idée frivole de pénétrer les portes de Diantra lui parut nettement moins attrayante que de franchir celles de sa femme. Et il était volontiers prêt à y passer l’hiver en entier à l’intérieur d’elles, si l’envie lui tenait!


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MessageSujet: Re: Après l'orage. [ Ala ]   Après l'orage. [ Ala ] I_icon_minitimeLun 18 Nov 2019 - 0:11

La réflexion du Marquis l’agaça un peu. Le brave homme était plus têtu qu’une mule, et si l’instant d’avant il chercha à faire amande honorable, ce n’était que pour mieux se foutre de sa trogne la minute d’après. Lassée de ce comportement d’enfant, il lui déplaisait de ne point être prise au sérieuse par le seul qu’elle considérait encore comme son égal ; et pour cause. Il avait une vertu qui lui manquait amplement, et cela suffisait pour faire d’eux un tout parfait. Plutôt, ses sourcils se froncèrent de réprobation. La pensait-il si sotte que cela ? Pire encore lorsque le beau Cerf s’attela à défaire leurs mantels et faire taire toute désinvolture par quelques caresses avisées. Ô bien sûr ce serait mentir que de dire qu’elle n’y trouva pas son compte ; cela faisait un mois – sinon deux ! – qu’il n’avait pas posé ses lèvres ainsi. Par-là, elle le connaissait bien son faon. Le grand dadet détestait toujours autant les conflits, et préférait faire taire son épouse en détournant son attention. N’avait-il dont rien appris de l’Araignée qui demeurait bien plus obstinée que lui à avoir le dernier mot ?

Elle le laissa à sa place, ton contre elle alors que son souffle chaud la fit frissonner. A quoi bon se priver de ces plaisirs-là ? Elle était toujours en mesure de lui causer en même temps. Alors non sans glisser ses doigts agiles dans la tignasse du Saint-Aimé, elle chuchota :

« De deux choses l’une Louis : ne te méprend jamais de mes intentions, ni ne doute de mes capacités de discernement ». La voix tranquille tranchait bien net avec l’interjection qu’elle venait de faire. Pourtant il était toujours nécessaire de rappeler aux braves qu’ils ne devaient la sous-estimer – et son mari ne faisait pas exception. C’est qu’il était du Nord, et par conséquent ne tolérait que modérément les largesses de son amante. Peut-être qu’un jour prochain les choses seraient différentes mais en attendant, il était d’usage de lui rappeler les bonnes pratiques de leur alliance.

« Le Régent est mort, et si les instances en place tiennent à bout de bras les affaires de notre bon Roy, cela ne fait aucun doute qu’il est de ton devoir de te rendre à son chevet au plus preste ; tu es un loyal serviteur de Sa cause, et comme toute chose juste en ce monde il te faudra l’épauler à la réfection de son entourage ». Là le discours se trouvait bien changé. Elle aurait préféré mille fois s’en tenir à une villégiature pour la mauvaise saison, mais les choses étaient ainsi : la vérité tenait plus du politique que de l’envie. Certes l’un n’empêchait pas l’autre ! Pour autant elle connaissait assez les difficultés du Berthildois pour ces représentations pour savoir que la raison avancée l’enchanterait encore moins. Et puis peut-être même se fâcherait-il un peu. Elle avait usé d’un argument pour lui dissimuler assez la vraie raison de leur départ, et il devait la pratiquer assez maintenant pour entendre qu’elle avait une idée plus grande encore derrière la tête.

Aussi pour tempérer un peu son propos, elle l’embrassa à la tempe tendrement, dans un geste qui se voulait rassurant. « Si tu ne le fais pas, l’on te le reprochera. Sainte-Berthilde a besoin que tu te montres digne, tout comme tes vassaux ont besoin que tu te montres fort ». Elle sourit un peu. « La mort d’Aymeric est peut-être une chance offerte par la Damedieu que nous devons saisir, ensemble ». Et à cela elle ne dit plus rien, tentant dans le chaos de la diligence de comprendre ce qu’il pouvait bien se passer dans l’esprit du Saint-Aimé.
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MessageSujet: Re: Après l'orage. [ Ala ]   Après l'orage. [ Ala ] I_icon_minitimeMar 19 Nov 2019 - 22:26






Face au désaccord du cervidé, la furie Alonnaise crut nécessaire de remettre les points sur les « i » et les barres sur les « t » quant à la sagesse de ses décisions et le bon sens de ses réflexions. Et ces paroles susurrées entre deux bises, deux respires envieux, contrastaient bigrement avec le sémillant climat qu’avait instauré leur nouvelle proximité. Cela était bien vain, car en réalité, il n’existait en ce bas monde qu’une seule et unique personne possédant la pleine confiance du marquis, et cette personne partageait sa couche chaque nuitée venue. Quand même, ce ton inquisiteur, idoine à refroidir le plus bouillant des sangs, ne parvint guère à ennuyer le marquis. C’est que maintenant qu’une porte s’était ouverte à lui, le bougre userait de tous les moyens possibles pour l’empêcher de se clore, quitte à mettre son pied entre elle et le cadre de porte. Il datait le jour où il l’avait sentie si proche, aussi avenante et aussi désirable … Une duperie fondée par son désir de la chair, car alors même qu’ils en étaient à de chastes préliminaires, Louis n’avait d’oreille que les soupirs de sa femme et n’avait cure de ses avisés conseils.

« Que le premier qui me reproche ne pas servir la juste cause du Roi ose me le dire de pleine face … » chuchota Louis, bien que ferme dans ses propos et résolu dans son envie de luxure. À l’aveuglette, Louis balaya l’air de sa grosse patte dans l’espoir d’accrocher les menus rideaux, de sorte évidemment à gagner un brin d’intimité. Il y avait autour d’eux, après tout, bien trop d’âmes affamées de potins pour risquer de devenir leur principal goûté. Et au moment où il s’en alla lui faire le legs de son appétence pour elle, l’Alonnaise voulut jouer le cicérone de son mari. Et à mesure qu’il l’embrassa, ne lui laissant que peu de chance pour exprimer le fond de sa pensée, un âpre goût lui resta sur la langue. S’il est bien une chose que le marquis ne trouva à partager avec sa femme, c’était bien son inclinaison à l’ambition. D’autant plus lorsqu’il semblait d’une évidence certaine qu’elle chercha à obtenir son soutien pour l’un de ses desseins qui embrassant cette même cause.

« La mauvaise fortune couvre quiconque rejoint le Royaume de Tyra, Alanya. Jamais je n’irai rentabiliser le décès d’un homme, d’autant plus si cela sert ma propre cause. Tu le détestais, je le sais, mais malgré les objurgations qu’il tint envers notre union, il s’est toujours montré comme l’un de mes amis fidèle. » Lui-même commençait à avoir misère à s’exprimer, tant ses baisés s’enhardirent. Ses dix doigts vinrent se saisir des épaules dénudées de sa femme, raffermissant leur poigne un moment de sorte à la guider pour qu’elle vienne chevaucher ses genoux. Dans cet endroit restreint d’espace, tous deux étaient contraints à se tenir près l’un l’autre et, malgré la lourdeur de ses propos, Louis ne sut démordre de son envie d’elle.

« Diantra, ce n’est pas fait pour nous … Restons ici, je t’en conjure … Si c’est le froid qui t’effraie, je te le jure et t’en fait tierce promesse : je te tiendrai loin de sa morsure. », termina le marquis, ajoutant pesanteur à ses propos en venant l’enlacer parfaitement de ses deux grands bras protecteurs.

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MessageSujet: Re: Après l'orage. [ Ala ]   Après l'orage. [ Ala ] I_icon_minitimeMar 19 Nov 2019 - 23:24

« Jamais le froid ne m’effrayera ». Elle avait le ventre noué et la gorge asséchée. La proximité lui fit oublier un instant l’humidité et la fin d’automne qui pointait à l’extérieur de leur voiture. Là, dans cet espace réduit, tout n’avait plus d’importance sinon l’étrange mais plaisante tranquillité qui régnait. Qui se douterait dès lors qu’une heure avant à peine les deux époux osaient à peine s’adresser la parole ? Là, emplie de baisers fiévreux, la Marquise n’en aurait rien parié – car même si elle l’aimât tout à fait, elle avait la rancœur tenace. Assise sur les jambes du Cerf, elle ne s’extirpa pas de son étreinte tout au contraire. Elle avait envie de l’embrasser là, dans la seconde ; sa bouche orpheline lui avait tristement manqué, et dans un geste impulsif s’empara de ces lippes sans attendre son reste. Le baiser loin d’être sage, n’avait pourtant encore rien de trop indécent – ou presque. Ses mains se saisirent de sa bouille surprise, l’empêchant de se dérober au baiser de la vilaine Araignée.

Puis, à contre cœur, se sépara de lui, retrouvant la déplaisante solitude qui l’habitait depuis trop longtemps. Si le malin bonhomme se jouait de leur étreinte, elle était bien plus douée que lui pour ce genre de jeu ; et quitte à s’en frustrer aussi, elle obtiendrait gain de cause. Lui souriant amicalement, elle planta ses yeux brillants dans les siens sans lâcher sa tête. « Je ne me réjouis pas de la mort d’un homme, je te le promets. Mais fais-moi confiance pour cette fois : notre place est à Diantra, pour un temps au moins. Je sais que tu te meurs déjà de quitter les tiens, mais ce ne sera que pour leur bien ». Et à cela elle n’ajouta qu’un autre baiser langoureux.

Ainsi coincé, il n’avait le loisir de trop réfléchir. Là ! C’était vraiment un stratagème qu’elle usait trop avec lui, et le pauvre demeurait toujours plus sot qu’un enfant d’y marcher. Les hommes étaient vraiment sensibles pour peu qu’on sache les prendre. « Je t’en prie Louis ». Sa voix n’était plus qu’un murmure alors que son souffle se mêlait encore au sien. La proximité lui tira un frisson. Depuis combien de temps avait-elle seulement rêvé de retrouver cette intimité ?
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MessageSujet: Re: Après l'orage. [ Ala ]   Après l'orage. [ Ala ] I_icon_minitimeMer 20 Nov 2019 - 2:56






La discorde et la mésentente avaient ça pour eux, les réconciliations n’en étaient que plus savoureuses. L’étreinte grisante de sa femme l’avait emporté loin à l’ouest, là où il découcha pour la première fois dans le plumard de la belle Baronne … Ahh, qu’il en avait à l’époque de la vigueur pour elle ! La guerre lui donna cœur et ventre et, une fois les vêpres arrivées, après avoir conquis la tente de l’arachnide, tout sauf l’envie de roupiller le tenailla. Du soir au matin il la couvrit d’attention et, sous le couvert de l’intimité, au dehors de leur chambre de fortune, il n’y avait plus ni campement, ni tracas. La guerre devint l’espace de ces instants le dernier de ses soucis et mourir en ces conditions, près d’elle, l’aurait largement satisfait. Alors, dans ce carrosse, alors qu’ils ne s’étaient qu’à peine touché depuis les derniers mois, il se sentit comme à ses premiers instants avec elle. Au plus profond de lui, à l’instar d’elle, il était persuadé de ses sentiments pour elle. Seulement, bien que fidèle comme peu d’autres, Louis avait désormais une maîtresse, demandant et exigeante : le bien-être de ses gens. Au moins, pendant qu’ils cahotaient sur les chemins raboteux de Sainte-Berthilde, d’attention il n’avait seulement que pour sa femme.

« Je ne sais… », trouva-t-il la force de répondre, après qu’elle l’ait pratiquement supplié. Son souffle s’était joyeusement emballé et, alors qu’elle freina ses ardeurs, le cerf, qui n’en était plus à ses premières brames, n’allait certes pas se laisser berner. Ses pattes retrouvèrent à nouveau leur place contre les épaules d’Alanya, cherchant à lui donner liberté de ses affublements alourdis d’humidité. Du moins, tenta-t-il, car l’amas de linge se coinça et s’agglutina au niveau de ses coudes, là où il ne manqua qu’un peu de chair encore avant de complétement dénuder son buste. Comme tout bon homme, de raison il n’était plus capable de faire usage : ses yeux n’avaient d’attention que pour ce corps si étrangement bien conservé et lui étant offert.

« Nos enfants se feront influencés par tous ces grippeminauds … Tu le sais, là, ses mains quittèrent ses épaules pour mieux s’ancrer contre les cuissots de sa femme, ceux-ci encore couvert de toute protection de tissus.
- Ta lubie me laisse bien froid. Nous verrons quand le temps seras venu. » termina-t-il, comme s’il chercha à gagner un peu de temps et plutôt, profiter de cet instant. Il arc-bouta légèrement le rachis, de sorte à pouvoir l’atteindre de nouveau des lèvres et, aborder une langoureuse et laborieuse descente de baisés, du creux de son cou jusqu’à son cœur, passant par son épaule dénudée ainsi que le profil de son poitrail. Plus à l’étroit que jamais maintenant que sa cavalière campait adroitement sa selle, Louis dût s’en remettre à quelques gigotement d’inconforts, tant son sang bouillait. Elle ne faisait rien et elle le rendait fol.

Quel con il était, de s’être passé de ça tout ce temps …


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MessageSujet: Re: Après l'orage. [ Ala ]   Après l'orage. [ Ala ] I_icon_minitimeMer 20 Nov 2019 - 23:47

Un frisson lui parcourut l’échine. Son cœur emballé dans une danse qu’elle peinait à maîtriser, elle aimât à se perdre dans l’océan d’émeraude. Par Néera, elle aurait volontiers scellé ses lèvres une fois encore, s’abandonner à ses mains qu’elle connaissait sans se lasser. Pourquoi avait-elle attendu si longtemps pour retrouver ce corps qui était sien ? Là, assise sur ses genoux, sa poigne enserrant ses cuisses, elle ne ressentait plus l’envie de le faire languir ; elle voulait son époux maintenant comme au premier jour, sans que la flamme ne se soit atténué un tant soit peu. Incapable de raisonner convenablement, elle s’empara de sa tignasse. Sa peau brûlait malgré le froid sous la fièvre de ses attentions, alors qu’elle tentait vainement de rassembler ses derniers esprits.

« Nos enfants sont plus malins que cela ». Elle souffla, ses dents meurtrissant un peu sa bouche envieuse. « Nul doute qu’ils t’écouteront toi ». Du coin de l’œil elle observait sa réaction. En avançant ceci comme une certitude, elle espérait rendre sa venue comme indispensable. Et puis était-il seulement encore capable de réfléchir à présent, la tête prise dans une entreprise indécente ? Puis l’Arachnide, non seulement contente d’éveiller ses bas-instincts ne se trompait guère : bien haut perché, elle comptait bien le mener par la seule arme contre laquelle le brave Louis ne pouvait rien.

Une main délicate quitta sa chevelure pour glisser contre ses habits qu’elle ôta d’un geste sûr. L’air devenait brûlant, et chaque couche ôtée réveillait l’avidité de la Marquise qui ne tardait guère pour retirer celle qui suivait. Sa gorge nouée par l’ambiance, elle ne laissa s’échapper qu’un murmure au creux de son oreille :
« Et puis je mourrais de ne t’avoir dans notre lit ».
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MessageSujet: Re: Après l'orage. [ Ala ]   Après l'orage. [ Ala ] I_icon_minitimeJeu 21 Nov 2019 - 7:39






« Il est vrai que si je suis là, aucuns dandins ne sauraient venir leur bourrer le crâne de folingues idées … » trouva-t-il à dire au buste posé là devant lui, nouvellement devenu son seul et unique interlocuteur digne d’intérêt. Mais tout de même, l’agacement persista ; il avait pleine conscience que sa belle n’en démordrait pas de sitôt et que, bien qu’elle lui tint de bien sages paroles, elle irait à Diantra avec lui, qu’il le veuille ou non. Depuis le décès de son paternel Godefroy, les occasions n’avaient guère manquées pour imposer au jeune Louis son lot de décision déchirantes à prendre et, ce jourd'hui encore le prouvait. D’une part, il pouvait mettre son pied en terre et faire son bonhomme, rabrouer sa femme et lui imposer un veto qui lui coûterait bien plus que de simples cruels mois d’abstinence. D’une autre part, il pouvait, au contraire, museler le déplaisir que lui provoqua une telle annonce et plutôt, jouir pleinement de ce moment de liesse et de volupté. La raison et le cul ; deux éternels ennemis qui n’aura de gagnant qu’au jour où la pine prendra retraite de toute protubérance. Alors là, oui, ce jour là, pour sûr que Louis deviendra l’homme le plus sage de toute la péninsule.

Comme pour mettre un point final à cette discussion qui n’avait d’avenue qu’une seule voie, le cerf creusa les tissus de l’araignée pour mieux y découvrir cette chair à laquelle il ne préservait que de vagues souvenirs. Ses pouces lissait le derme de ses cuisses, remontant parfois jusqu’à ses hanches et ce, pour mieux dévaler vers l’intérieur d’elles, où à nouveau ses gestes furent empreint d’un certain empressement. Loin de la délicatesse qu’on lui connaissait à ces jeux, la vilaine arachnide put aisément deviner tout l’engouement qu’elle provoqua à son partenaire. Qu’elle s’en enorgueillit si cela lui chante! Pour l’heure, Louis avait à faire, car la diligence arriverait sous peu et bien qu’il n’avait en sa liste de défaut ni la timidité, ni la pudeur, il lui coûterait d’offrir à ses égides une telle représentation de son respect envers sa femme!

« Donne-moi un autre enfant, Alanya … » Chuchota-t-il vers elle dans une solennelle demande, comme si elle eut réellement le pouvoir de l’exaucer. Puis, il clôtura l’affaire de Diantra une bonne fois, tandis qu’il tâcha de faire d’elle la sienne, non sans une bouille réjouie comme à leurs premiers amours.

À la fin, tant il est vrai que Louis n’entretint guère envie de mettre genoux en terre devant le jeune Roy, préféra plutôt trousser celle qu’il considérait comme sa Reine.

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MessageSujet: Re: Après l'orage. [ Ala ]   Après l'orage. [ Ala ] I_icon_minitimeJeu 21 Nov 2019 - 23:56

Son cœur se découpa presque aussitôt que les mots traversèrent le court espace qui les séparait encore ; elle se rejouit de point être vue aussi blême car, sans nul doute, sa frimousse s’était figée dans une moue déconfite. La peur lui fit bouillir les sangs plus que l’envie, et se donna bonne contenance en masquant son mensonge dans de sages caresses. Malaise de ne pouvoir lui répondre à l’affirmative, la Marquise tenta de détourner sa propre attention vers d’autres lieux plus avenants ; la vieille sorcière lui avait enlevé la chance d’avoir de nouveaux des petits faons, et les fausses-couches lui laissaient encore un trou béant dans la poitrine. Là, peut-être qu’elle pouvait se réconforter un peu en imaginant ses quatre beaux petits, mais cela ne changeait rien. Elle voulait lui clamer que oui, le rendre aussi heureux que le jour où il avait tenu dans ses grandes mains son héritier. Jamais elle n’avait vu plus beau sourire en ce monde, jamais un Brave plus émerveillé de ces choses.

Alors dans une action presque salvatrice, elle glissa ses doigts tremblant vers les chausses de son époux. D’un geste peu sûr, elle détacha les cordons qui le retenait prisonnier pour mieux s’assurer de son entrain. Un peu moins encline à l’ouvrage à présent que la plaie s’était rouverte, elle se contraint néanmoins à un sourire. D’aucun ne douterait plus de l’attirance du Berthildois pour l’Arachnide ! Et aussi elle fût un peu rassurée : non qu’elle pensa Louis capable de libertinage, elle avait à présent la certitude que le pauvre homme languissait depuis long. Ses mouvements mi doux mi empressés s’accaparait de cette chair comme s’il s’agissait de la première fois. Ce n’était pas une sensation déplaisante – tout au contraire. Elle réapprenait ces choses-là avec autant de passion, et lui autant de vigueur, que leurs premiers ébats.

La poigne bien serrée autour de l’objet du péché, la raison lui revint assez quand au détour d’une œillade, elle aperçut les champs. Les rideaux mal tirés flottaient parfois de trop avec la brise du Nord. Si elle ne constata aucun voyeur pour l’instant, l’idée de se faire surprendre la refroidit tout à fait. Elle fronça les sourcils et s’empressa de recouvrir la peau impudique. Elle avait eu assez de ces bêtises le jour de leurs noces ! La boisson avait allégé les mœurs de l’un comme de l’autre, et au matin elle se rappelait la honte – et la franche marrade qui s’en suivit. Là comme les années avaient été douces à ses côtés ! Elle qui n’avait aspiré qu’à son bonheur était aujourd’hui femme comblée. Son ventre la picota à nouveau, si bien qu’elle céda à une dernière embrassade langoureuse dans le feutré de leur diligence. Les langues dansèrent un peu encore, les cœurs battaient dans les cages de chair et les doigts déjà ouvrageaient à des desseins peu pentiens. Lorsque la force lui fût suffisante et que leurs lèvres se décollèrent enfin plus d’une seconde, elle murmura d’une voix suppliciée :

« Pitié Louis, arrêtons-nous dans une auberge pour la nuit ou je crains d’offrir mon âme à Arcam ». Ses lèvres effleuraient son oreille, le souffle court sous l’envie. « Tu me rends folle, tu sais ».
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MessageSujet: Re: Après l'orage. [ Ala ]   Après l'orage. [ Ala ] I_icon_minitimeMar 26 Nov 2019 - 21:35






La matinée suivant son union ne fut guère garante de bonne leçon, car dans les prémices de ce stupre en devenir, Louis n’eut plus cure des paires d’yeux, là dehors, prêtes à épier le moindre de leurs mouvements suspicieux. Entendons-nous, le cercle d’égide que formait leur garde personnelle était constituée de soldats triés sur le volet, qui avaient aussi bien prouvés leur valeur tant au niveau martial, que comportemental. Fidèles comme aucuns autres et dotés d’un sens du devoir exacerbé, ces cavaliers n’en restaient pas moins des hommes : adorateurs d’histoires graveleuses, de salaces racontars et de tous autres faits de près ou de loin relatifs à l’érotisme. Et les dieux savaient comme ces histoires n’abondaient guère ces temps-ci concernant nos deux moineaux!

Adonc même si le cerf sembla confortable dans son brame, sa compagne trouva manigance pour couper court à ses bas instincts : elle s’arrêta nette et l’implora sitôt de faire arrêt au plus preste, qu’ils puissent renouer sans que leur garde rapprochée n’aperçoive la pleine lune à l’intérieur de leur carriole. Dubitatif et l’esprit encore embrumé par l’excitation, Louis l’interrogeât du regard avant de fermer le poing et de le cogner sauvagement à quatre bons coups contre le contour de porte.

« COCHER ! TROUVEZ-NOUS UN ENDROIT OÙ SE SUSTENTER ! NOUS AVONS TOUS DEUX GRANDE FAIM ET MOURONS D'INTIMITÉ ! OU QUE VOUS NOUS MENEZ, FAITES VIDER L'ENDROIT CÉANS ! » Hurla le marquis, au grand étonnement de tous ceux qui l’entendit. Il faut dire qu’il n’était en rien dans ses habitudes de beugler de la sorte, ni même d’ordonner quoi que ce soit. Non, Louis était, au-delà du sérieux que lui intima sa haute fonction, plutôt le bon gars. Dare-dare, on entendit un trio de cavaliers talonner leurs bêtes, de sorte à se séparer du contingent et ainsi, gagner la première bourgade venue. Quant au conducteur, c’est à fouet de cocher qu’il encouragea ses étalons, faisant rouler le char à plus vive allure : il y a de l’urgence dans l’air, devait-il se ressasser!

Mais avant qu’ils n’aient le loisir d’arriver, Louis se sentit, comme il l’avait tantôt mentionné, plus affamé qu’il le crut. À son tour, il prit les devants, de sorte à poser ses deux mitaines sous les aisselles de sa femme et ainsi, la remettre sur son banc respectif. Il s’approcha en tout nouveau prédateur, puis la fit se cambrer de côté, de sorte à pouvoir profiter plus amplement de ses lèvres. Ces sulfureux baisés lui avait manqué et ce jourd’hui, il assuma complètement la bassesse dans laquelle il s’adonna: une rechute totale dans les plaisirs de la chair. Ses mains baladeuses ne manquèrent rien de ce qui leur était offertes et abusaient sans vergogne de tout ce dont elles pouvaient ausculter. Après en avoir redécouverts tous les recoins, en même temps que sa langue s’adonnait à un boléro des plus endiablé avec la sienne, il tâcha à peu près de couvrir sa pudeur avec ce qui lui tomba sur la main. Et la tâche bien que peu évidente, était d’une nécessité certaine si la marquise désirait taire les racontars prochains à propos concernant leur houleuse escapade.

« Et moi? Poser mes yeux sur toi m’est d’une atroce et invivable torture … Si je m’écoutais, j’irais occire là maintenant, tous ces fouilles-au-pot qui te rendent malaise!, lui avoua-t-il, entre deux gourmands baisés.
- Nous serions en déficit de gardes, mais peste soit Arcam! Tu ne trouverais en moi aucune gêne à consumer l’amour que j’ai pour toi sur leurs corps tiédis. Voilà bien comment tu me rends fol, Alanya ... »

Et avant qu’il n’ait temps d’aller abuser ses lèvres une énième fois, ils entendirent un tonitruant « woh! », stoppant sur quelques pieds la course effrénée de leur char. Louis ne ressentit ni le besoin de consulter sa femme, ni même de couvrir ses larges épaules d’avantages de pelures : son surcot fripé par l’engouement de leur réconciliation lui suffirait, quand bien même que le soleil eut terminé son travail quotidien. Se cambrant au possible de sorte s’échapper de sa prison sur quatre roues, l’immense Louis retrouva le bon air pour apercevoir que leur logis prochain n’avait rien des luxueux hôtels réservés à sa bonne condition. À mi-chemin entre Hardancour et Cantharel, ils s’étaient arrêtés aux abords d’un petit village de rien, où l’auberge jouait autant rôle de refuge à clodo que de taverne à sac-à-vin. Vous comprendrez des lors, que ce ne fût pas chose ardue que d’en chasser les quelques clients de l’établissement. Pour autant qu’ils furent tous congédiés, ils furent tout de même dédommagés par l’achat d’un tonneau de jus de pomme qui pique, ouvert et descendu autant à la santé des sans abris que de la soldatesque qui était vouée à fermer l’œil à la belle étoile. Quant à Louis et Alanya, remerciant à la va-vite les têtes qui apportèrent à bon terme son caprice de tantôt, il s’assura que personne n’en viennent à les déranger sous aucuns prétextes. Ils avaient gros à dire, assura le bon Louis à son égide prime.

Louis ouvrit la porte d’un mouvement empressé et se retourna à demi, invitant sa femme à s’engouffrer dans ce qui serait pour la nuit, leur nouveau cagibi.


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MessageSujet: Re: Après l'orage. [ Ala ]   Après l'orage. [ Ala ] I_icon_minitimeJeu 28 Nov 2019 - 21:35

La demeure dans laquelle on les arrêta ne payait pas de mine. La cheminée noircie, les carreaux crasseux, la Marquise ne fit pourtant guère la fine bouche. Perdus dans la campagne comme ils l’étaient, c’était une chance que d’avoir une masure sans trous dans la chaume ! Plutôt elle se réjouissait de cette escapade – bien que peu romanesque. Les intrigues de la Cour avaient pesé lourd sur son moral, et retrouver un temps l’insouciance de leurs primes années n’allait pas pour lui déplaire. Ce n’était point l’homme qu’elle voyait là, mais bel et bien de fringuant faon qui plutôt que de se méfier de l’Arachnide s’était emmêlé pêle-mêle dans sa toile. Et la pauvre bête esseulée s’était fait prendre à son propre piège ; se croyant incapable d’aimer, elle avait offert à l’étranger Berthildois une partie de son âme. Là il pouvait être fier le Saint-Aimé d’avoir su dompter l’Alonnaise quand beaucoup s’étaient cassé le museau à essayer. C’est qu’il était têtu lui aussi, peut-être même plus qu’elle. Aussi parvenait-il à lui tenir tête un temps au moins, avant de céder aux caprices de sa belle.

Pour sûr Alanya n’était pas à plaindre ; femme forte, la Flamme du Nord avait toujours été farouche. Peu encline aux chaînes, elle lui faisait ce que bon lui semblait et le brave Louis n’en tirait guère de profit. Non qu’elle géra mal ses affaires mais voyez plutôt : une femme qui dirige était de mauvais effet. Alors oui, le Cerf aimait à lui rabrouer quelque fois qu’elle n’exerçait que parce qu’il le voulait bien, mais il savait bien qu’à trop tirer sur la laisse, elle lui échapperait des mains. Tout ce qu’elle attendait de son époux était son soutien. Et pour l’heure, malgré les derniers mois agités, elle n’avait à chouiner de son sort. Louis « Le Bon » - comme le surnommait ses gens – était un pilier fidèle et juste, qui avait à cœur les mêmes intérêts que le Faucon. Là, voilà qu’ils s’étaient bien trouver. Il y aura quand même coûté deux maris avant de s’acoquiner avec le seul digne d’elle. Les amants étaient deux faces d’une même pièce ; à l’opposé ils parvenaient tout de même à s’harmoniser pour le plus grand bonheur de leurs proches. Et d’aucun ne douta que ce mystérieux mélange avait donné trois fruits à l’image des géniteurs.

Les Berthildois ne prirent qu’un bref instant pour remercier leurs hôtes bien démunis. Les Egides s’assuraient du bon repos des époux, tandis que déjà Louis montait les marches quatre à quatre. Il fallut bien du courage à la belle pour ne pas se moquer de son empressement. Elle n’avait eu le loisir de le voir si vif depuis des lustres – et peut être même ne l’avait-elle jamais connu ainsi. Là pour sûr, la soldatesque aurait quelques histoires à se conter à leur arrivée. L’idée de servir encore de protagoniste à leurs moqueries ne l’enchanta guère mais c’était bien là le lot de toute épouse. Aussi s’était-elle résignée à faire la chasse aux mégères et plutôt s’amuser d’écouter les légendes ; là si elle avait fait la moitié de ce qu’on racontait, pour sûr que le brave Louis ne quitterait plus son épouse, jamais ! Elle passa le pas de la porte qui manqua de sortir de ses gonds tant il l’avait ouvert avec force.

Ses mires se posèrent sur la chambrée. L’endroit ne puait pas, c’était au moins cela. Un petit feu avait été allumé à la hâte dans l’âtre. C’était peut-être là la seule chose qui lui parut confortable ici. Le lit possédait des pieds usés, le bois mangé par quelques tarets. Les meubles étaient rares et pour la plupart incomplet : il manquait un bouton à la commode, une barre au dossier de la chaise et le reste de l’ameublement n’inspirait nullement confiance. Au moins ils avaient le goût de l’aventure ici ! Ravie de l’exotisme, c’est finalement un sourire qui s’étira sur ses lippes. Elle tournait le dos au Saint-Aimé, les mains sur les hanches. « Là Louis, jamais tu ne m’avais offert plus bel endroit ».
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MessageSujet: Re: Après l'orage. [ Ala ]   Après l'orage. [ Ala ] I_icon_minitimeMar 3 Déc 2019 - 0:25






Affamé au point de mettre au test les gonds de la porte en l’ouvrant, Louis s’assura qu’aucune âme qui vive ne puisse plus les épier. Hormis les copines poussiéreuses et les tablées à moitiés débarrassées de leurs couverts usés, leur intimité lui sembla désormais bien acquise. Or, Louis n’avait de temps à perdre : son ventre gargouillait d’envie et il avait suffisamment bavé de son repas du jour. D’un coup de botte, il fit valdinguer une pauvre chaise de bois qui perdit à l'atterrissage son dernier et unique barreau. Le chemin jusqu’à sa proie enfin libéré de tout obstacle, Louis s’élança dans le but unique de faire la faire sienne. En constatant l’appétence de son époux, l’araignée placarda contre faciès l’un de ses sourires les plus railleurs, s’esquiva agilement de la brute qui s’élança vers elle, puis termina sa course près d’une seconde porte, où elle désirait fort probablement s’immiscer.

« Sangdieux! Faudra-t-il te terrer dans les plus profondes cavernes wandraises pour qu’enfin je puisse te dévorer autrement que par les yeux ? Qu’ils aillent crever, tous autant qu’ils sont, ces suces-potins! » jura Louis tout haut, en chassant chaises et tables de son chemin inutilement, comme pour annoncer à sa femme qu’elle allait bien le sentir, ce prochain quart d’heure! En réponse, Alanya ne pipa mot et trouva plus comique de laisser parler son air gausseur. Pour planter le clou encore d’avantage, la vilaine releva un pan de sa robe, question d’achever son mari qui carrément, commençait à avoir de l’écume aux lèvres.

Ce fût tombant volontiers dans son piège, que Louis s’engouffra à l’aveuglette dans la petite chambrette.

« Là Louis, jamais tu ne m’avais offert plus bel endroit, lança Alanya à son époux, tout sourire au visage.
- J’ai souvenance, à l’époque, d’un paysage tout aussi idyllique, composé de ronces et de racines, soutint Louis en s’approchant d’elle, le sourire contagieux de sa belle ayant illuminé le sien.
- Le jour où tu as voulu me tuer en me faisant sauter d'un arbre ?
- Non, de ce jour où j’ai voulu te sauter sur l’arbre.
- Allons, Louis! Votre langage, s’offusqua faussement sa belle, tout en se faisant cueillir d’un bras à la taille.
- Fol te dis-je! Tu me rend fol dingo, mordioux! », clôtura Louis sans donner chance à l’Alonnaise d’en rajouter d’avantage. Il rapprocha son corps du sien suffisamment pour lui imposer sa présence et, se faisant, la fit lâcher pied de sa position pour l’acculer contre un chétif pupitre. Comprise entre le marteau et l’enclume, son sort était désormais scellé : Louis vint posséder ses lèvres avec une fougue qu’on ne lui connaissait pas. Ses pattes s’affairèrent à lui ôter les nippes de sur son corps, s’en débarrassant sans aucune considération. Enfin piégée, le cerf put enfin faire d’elle ce qu’il désirait et, pour l’heure, rien de très chaste n’était au programme. Ses baisés s’embrasèrent au fur et à mesure et incendièrent la peau nouvellement nue de sa femme. Ses lèvres parcouraient sa chair, passant de son visage jusqu’à l’encolure de son cou, puis dévalèrent jusqu’à son buste où, évidemment, il ne manqua l’occasion de le couronner de milles et unes attentions.

Ses deux pattes cherchèrent désespérément endroit à tâter, à palper, peu importe, jusqu’à ce qu’elles s’arrêtent à ses hanches, où elles s’agrippèrent pour la soulever et l’asseoir sur son nouveau trône : le pupitre à moitié pété.

« Toi aussi tu en diras, des saloperies, tantôt », avait-il soufflé, avant de s’agenouiller devant sa reine, pour l’embrasser encore moins décemment.


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MessageSujet: Re: Après l'orage. [ Ala ]   Après l'orage. [ Ala ] I_icon_minitimeMar 3 Déc 2019 - 21:38

Son ventre ne parvenait à se défaire de la tension qui y régnait alors. Les yeux noyés dans l’abime, elle se laissa mener au gré de ses grandes mains. Lentement ses cils battaient, tandis que ses doigts s’en vinrent effleurer la peau de ses bras. L’air réchauffé de la masure fit frissonner sa peau glabre, l’élançant dans un frisson, les lèvres mi-closes qu’un mot ne vint perturber. Il y avait dans cet instant quelque chose de magique, d’intemporel. Il n’y avait plus guère de maison, ni de gens, pas plus que de pauvre mobilier. Là, derrière son souffle tendu, il n’y avait qu’eux, que leurs corps si près, qui se frôlaient pour mieux s’interdire, se punissant aussi ardemment qu’ils s’enviaient. Car il n’y avait plus là aucune volonté propre ; simplement les sentiments troublants mis à nus à mesure que les frusques tombaient au sol. Et cette bouche orpheline qui chercha à le supplier mais qui restait muette, simplement occupée par quelques expirations fiévreuses.

Les caresses douces se firent plus pressantes, ses doigts agiles s’emparant de sa peau, de son corps. Comme une Damnée, elle chercha sans but, aima sans repos. Il demeurait, seul phare dans la Perdition, ces reflets d’émeraudes où valsait une lueur étouffante. Là, derrière ces prunelles brûlait le feu. Chaque parcelle de son corps désira s’embraser, fondre un peu plus à ce soleil implacable que la bouche, que les gestes, pliaient à sa volonté. Fétu de paille bien volontiers soumise à ses ordonnances, elle guettait chaque instant en espérant agripper un peu plus cet instant, et le figer pour l’éternité. Car n’y avait-il en ce monde chose plus immuable que l’amour qu’aucun artifice ne saurait enlaidir ? Et qu’importait dès lors le temps, le lieu, la séparation. Qu’importait ces éclats de voix envolés dans les froids matins ! Oui, qu’ils aillent bien se faire voir, ces drôleries qui s’accrochaient jalousement, espérant vainement d’atteindre quelconque grandeur ; comme s’ils espéraient la postérité.

Elle eut bien temps de sourire aux mots de son époux. Les cuisses ouvertes, elle regarda sa lente descendante. Il n’y avait guère de gêne, plus de tabous. Ces choses-là, ils les avaient faites mille fois, et peut être que ce soir-là avait une autre saveur. Presque comme si la Damedieu leur avait offert une chance de s’aimer plus encore, hors de toutes ces considérations qui faisaient d’eux des Hommes. A mi-chemin entre le ciel et la terre, ils flottaient, invincibles. Ses yeux finirent par se clore dans un râle mélodieux alors qu’il s’adonnait à quelques plaisantes flatteries que la pudeur refuserait de décrire. Son corps se secoua d’un deuxième frisson alors que ses hanches roulaient sous les baisers fiévreux de son amant. Et plus ses caresses s’intensifiaient, et plus elle s’envolait loin, intenable, dans un monde qui n’appartenait qu’à elle-seule. Telle une supplique tût, elle fourragea ses mimines dans l’épaisse tignasse du Nordien, qui avait pour plus bel effet de veiller à ce que jamais la Flamme ne s’éteigne.
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MessageSujet: Re: Après l'orage. [ Ala ]   Après l'orage. [ Ala ] I_icon_minitimeMer 4 Déc 2019 - 15:11





Advenant qu’elle n’eût crut ses sincères paroles, tantôt susurrées au creux de son oreille, sa belle se montrerait désormais bien en mal de remettre en doute sa sincérité! C’est qu’ainsi les genoux en terre, lui vouant corps et âme allégeance et à s’excuser de long en large, Louis avait plus ou moins joué toutes ses cartes en même temps pour obtenir rédemption. Au bout de quelques minutes à s’acquitter de ses fautes, le chef contraint dans le confessionnal de ses cuisses, les feulements de sa belle lui indiquèrent qu’approchait le temps de son absolution. Or, elle lui priva de son air en guise de punition, les doigts fourragés dans son épaisse chevelure, à l’obliger d’achever ce qu’il avait commencé. Et il y parvint bellement! Car les feulements s’étaient mutés en de longs râles plaintifs, de ceux qui ne laissaient point de doutes quant à l’euphorie qui la harassait. Il la sentit devenir raide comme une barre, faisant tanguer le chambranlant pupitre de quelques spasmes, et lui, ne pouvait qu’espérer qu’elle ne chuta, tant elle mit à l’épreuve les fébriles pattes du meuble.

Enfin, elle desserra l’étau de ses cuissots, libérant finalement son aimé de l’usufruit de sa bouche, non sans l’un de ses sourires les plus conquis. Reprenant contrôle de son souffle, le marquis n’eut guère envie de deviser, non, c’était à son tour, de lui faire passer un message. Il se redressa complètement sans toutefois marquer de distance avec elle, se saisit de ses hanches et la fit virevolter sur le chétif meuble, de sorte à ce que ses jambes puissent retomber au-devant de celui-ci et qu’elle s’y affale sur le ventre. Mêmement, elle aussi avait cumulé les fautes et se devait désormais d’être pardonnée à son tour. Ainsi, les rôles s’échangèrent en aussi peu de temps qu’il lui en fallait pour venir la dominer à son tour (du moins en apparence) : sa patte creusa la chute de ses reins et s’y ancrât pour mieux lui intimer cette position. Sans autres ambages, il se mit à l’ouvrage et aborda cet endroit qu’il avait tantôt si tant dorloté. Exalté comme rarement, de douceur il n’y avait pas. Seule la fougue guida son rythme et, aussi bien vous dire qu’il ne transpirait en rien le respect. Son déhanchement montrait tant d’amplitude et d’empressement, qu’on pouvait croire qu’il avait hâte d’en finir. Son souffle était rauque, concis et transcendait pratiquement la hargne qui assombrissait encore son cœur envers elle. Il l’avait excusée, mais une heure d’explication ne pouvait excuser des mois de griefs. Il voulait un quatrième enfant et, il était bellement décider à parvenir à ses fins. J’irai porter ce petit con de marmot moi-même dans son utérus, s’il le faut!, se dit Louis, tandis qu’il cherchât à l’engrosser de plus belle.


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MessageSujet: Re: Après l'orage. [ Ala ]   Après l'orage. [ Ala ] I_icon_minitimeJeu 12 Déc 2019 - 22:44

Les doigts serrèrent le bois qui feulait à chaque assaut, suppliant qu’on ne l’achève céans. La Marquise, elle, ne pipa mot ; plutôt elle tenta se trouver quelques plaisirs fugaces dans le déchainement de son époux ; c’est dire s’il était coléreux Louis le Bon. Privé de ses atours un long moment et blessé dans son estime, le Cerf avait tout de la brute. Quoi qu’il ne fût jamais mauvais avec elle, elle le connaissait suffisamment pour comprendre qu’en cet instant, elle payait le prix de son insolence. Et plutôt deux fois qu’une, elle grimaça, le ventre scié par les côtes du pupitre. Elle oscillait entre plaisir et douleur, remords et regrets, puis bien trop souventefois avec l’assurance du travail bien fait. Là il était têtu son homme ! Et sûrement avait-elle usé de tous ses charmes pour s’assurer de sa réconciliation ; et cela valait bien que serrer les dents un peu encore. A cette allure-là, et tout bon amant qu’il était, il ne durerait guère plus de quelques minutes.

Et ce temps, elle le compta d’avantage que lorsqu’il lui faisait la cour à genoux. Non pas qu’elle enviait la fin de ce moment étrange et stimulant, mais c’était différent – simplement. Aussi, la respiration rêche, les yeux flanqués sur le mur, elle se perdit un peu dans la mouvance audacieuse, grignotant ses pauvres lèvres orphelines. Après cela, il serait bien calmé le Berthildois ! Bien qu’il tapa trop profondément quelques fois – tirant un couinement involontaire -, ce fût surtout les longs râles que l’on entendit sortir de sa gorge en échos parfaits à ceux de son fougueux partenaire. Chaque organe lui parut douloureux, et la peau dressée à ses envies ne savait plus différencier la caresse de la brûlure. Son corps s’incendiait par mille fois, d’un brasier qu’on ne pouvait étouffer et que chaque relent attiser un peu plus. Et les grandes mains posées sur ses hanches l’empoignèrent d’avantage, elle sentit son époux se raidir à son tour dans quelques injures étouffées par l’immense béatitude qui s’emparait tantôt de son épieu tantôt de son âme.

Là il quitta la bête pour retrouver l’humanité, et la Marquise s’en revint à des considérations plus mortelles en se dépliant de son assise. Le meuble avait tenu la débandade, et c’était là un exploit ; l’on pourrait le nommer sans mal le mobilier le plus brave de l’Histoire. Sa réflexion lui tira un sourire alors que dans le silence parfait de ces corps fulminant laissait à leurs oreilles une bien mélodieuse rythmique, à peine troublée çà et là par quelques crépitements de l’âtre. Elle caressa sa joue avec tendresse avant de se détourner de son imposante carrure pour se placer devant le feu qu’elle regarda valser un moment. Les langues enflammées envoyaient des ombres, pourléchant les contours de son corps dans un jeu de couleurs chaudes. Elle ne pensait à rien. Elle n’avait envie de penser à quoique ce soit d’autres en cet instant. Une œillade par-dessus son épaule, elle envoya certainement le plus énigmatique de ses rictus à l’homme accoudé qu’elle aimait tant.
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MessageSujet: Re: Après l'orage. [ Ala ]   Après l'orage. [ Ala ] I_icon_minitimeLun 23 Déc 2019 - 23:06






Ces quelques instants passés à rudoyer celle qu’il avait promis de chérir et de protéger devant la déesse Mère, furent les plus enivrants de sa courte vie. Des mois à s’ignorer, à se contourner et à s’esquiver, ne s’adressant ci et là que quelques œillades polies et parfois, en de rares occasions, des sourires forcés. Aigri par cette amertume que le silence avait entretenu tout ce temps, cet instant de pure extase lui parut si tant plaisant, qu’il en oublia sa nature même. Chaque coup de reins n’étaient bon que pour lui et peu lui importait que sa belle s’en contente, car jamais lui faire un enfant ne lui avait paru si bon. Au bout de quelques grognements, d’une poignée de râles bien rauques, voir même bestiaux, il s’affala de tout son poids contre le dos de sa belle, le temps de reprendre un respire plus habituel.

Enfin, il se redressa, s’étira de tout son long, les trois bras dans les airs, puis observa sa compagne s’esquiver de lui d’un pas tout léger, comme si toute cette brutalité sexuelle n’avait eu lieu. Elle n’avait pipé mot, ni n’avait geint. Elle s’était laissée faire et avait subi la tête haute ( la croupe aussi, à ce compte-là ), car au plus profond d’elle, l’arachnide d’Alonna épousa très certainement la certitude des bons fondements de son partenaire. Louis, d’une bonté indiscutable, s’était laissé aller aux plaisirs de la chair et elle comme lui, savaient qu’il était bien improbable que cela se produise.

Plutôt que d’aller la rejoindre près de l’âtre, il se laissa choir au pied de la couche, préférant l’observer silencieusement. Sur le coup, il la trouva si tant jolie, comme une œuvre d’art qui ne vieillissait pas, qui faisait fit du temps et de l’âge, qu’il ne sût comment briser le silence. Il voulut lui dire comme il l’aimait, comme il avait envie de passer l’arme à gauche à ses côtés une fois vieillards, mais la romance des mots feraient bien pâle figure après ces marques d’affections. Louis s’accouda vers l’arrière dans le plumard, toujours l’attention vouée à la seule et unique qui faisait battre son cœur si ardemment. Après un temps, à odir seul le crépitement des carcans de bois consommés par les flammes, il la vit se retourner à moitié, lui réservant l’un de ses sourires les plus charmeurs.

« J’ai envie de reformuler nos vœux de mariage à Sainte-Déina, Alanya. » annonça Louis, après avoir retrouvé contenance autant dans son souffle que dans ses esprits. « Je veux que d’une extrémité à l’autre de la péninsule l’on sache que notre mariage est issu de l’amour. Je veux qu’en la maison de la Damedieu, nos noms résonnent comme ceux de deux Saints qui s’unissent sous le regard bienveillant de notre Mère ... Je te veux à mes côtés jusqu'à ce que la mort vienne à nous séparer. »



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MessageSujet: Re: Après l'orage. [ Ala ]   Après l'orage. [ Ala ] I_icon_minitimeJeu 26 Déc 2019 - 23:13

« Te souviens-tu de la première nuit, Louis ? ».
Cette question n’attendait pas vraiment de réponse. Les yeux rivés sur les langues enflammées, elle ne parlait pas de ces choses que font les adultes, mais de leur rencontre. Elle s’en souvenait parfaitement. La neige au dehors du castel, et la gentille trogne du chevalier qu’elle avait accueilli. Ce n’était encore qu’un jeune homme à l’époque, à peine un homme, qu’on avait lancé dans l’arène sans vergogne. A ces instants-là, jamais elle n’aurait cru de lui la force dont il avait fait preuve ; pas de celle que les bras peuvent accomplir, mais celle du cœur. Car si elle le taisait, il lui avait appris bien plus qu’il ne pouvait le croire. Et le feu crépitait joyeusement, réchauffant sa peau qui frissonna de bien-être. Ces choses-là elle les gardait au fond d’elle, et un sourire naquit sur ses lèvres entrouvertes. Ses yeux se posaient sans gêne sur ce corps qui lui appartenait depuis des années maintenant, et qu’elle connaissait sûrement mieux que lui-même. Elle ne s’en lassait guère pour autant. Il pouvait bien demeurer étendu ainsi jusqu’à la fin des temps qu’elle s’en délecterait tout de même. Ils étaient si différents.

Elle s’approcha lentement, quittant le foyer pour grimper avec précaution sur le lit et le chevaucha finalement. Posée sur son époux, elle planta son regard dans l’abime émeraude. Non, même Tyra ne pourrait la priver de ce qu’elle ressentait pour lui. L’on pouvait même prendre ses petits qu’elle s’en remettrait mieux que de le perdre lui ; elle était ainsi. Jamais elle n’avait ressenti un vide si douloureux que le jour où le Boucher s’en était venu lui mentir. Effondrée, brisée, comme si par quelque malice on lui avait retiré un morceau de son âme. Et comme sa gorge se serra un peu, elle passa ses doigts sur les muscles de son torse. Il était là, réel, en vie. Elle ne lui avait pas encore répondu, préférant l’examiner encore et encore, comme elle l’avait fait ce soir-là, lorsqu’il s’était dévêtu pour la première fois. Il n’avait pas craint son regard, et pourtant elle se souvenait sans mal de sa gêne.

« Ne laisse aux autres que ce que tu veux qu’ils aient ». Elle avait murmuré tendrement, ses mèches tombant sur son visage occupé. « C’est ce que je t’avais dit dans les bains ». Ses mires roulèrent sans défaillir, se posant sans haine sur son minois avec solennité. « Je te donnerai tout Louis. Tout jusqu’à mon dernier souffle ». La Marquise avait trop souffert de son absence, de ces silences. Elle avait trop souffert de vivre à son côté sans oser le toucher, sans l’approcher. Le haïr était certainement la plus dure de toutes les épreuves. « Et je ferais en sorte que tous te voit tel que je te vois ».
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Louis de Saint-Aimé
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MessageSujet: Re: Après l'orage. [ Ala ]   Après l'orage. [ Ala ] I_icon_minitimeLun 30 Déc 2019 - 21:53






Elle avait esquivé la question aussitôt qu’elle lui fût adressée, lui retournant en échange une interrogation qui elle, ne demandait à être répondue. Accueillant volontiers sa femme contre lui, ses grandes pattes vinrent se positionner sagement contre ses hanches, s’assurant docilement de son confort. Ses mires se dévouèrent aux siennes et n’avaient, depuis tantôt, plus guère d’envie d’aller valser ailleurs que sur elle. Ses pensées quant à elles, réservées à ces souvenirs du passé, lui remémora comme il avait été con. À l’époque, dans un élan de masculinité, il décida que le temps fût propice au voyagement, quand bien même que l’hiver faisait rage et qu’il n’avait à ce jour, jamais été aussi féroce. Tempête ou non, quoi qu’il lui en coûta, il conquit les lieux qui menaient jusqu’au trois mûrs, accompagné de ses reîtres les plus fidèles. Empreint d’une gêne sans pareille, mais d’une bonté aussi vaste que celle d’aujourd’hui, Louis s’était présenté devant la maîtresse des lieux avec nulle autre intention que de demander hospitalité, le temps que sa suite vienne à récupérer l’entièreté de leurs forces. Et tandis que le grand cerf se souvint de ses préoccupations d’antan, c’est-à-dire trouver une quelconque manigance pour que son hôte se retrouve derechef sans sa pudeur, son innocence d’autrefois le fit sourire plus qu’il l’imaginât.

« J’ai souvenance de tout ce qui te concerne de près ou de loin … Des vêtements que tu arborais, la fois première où nous nous sommes vus … De cette robe, que tu arborais si fièrement au bal masqué, aux trois murs. De ces missives que je te grattais, une fois les vêpres arrivées en campagne militaire. Le nombre de fois que je t’ai honoré à notre nuit de noces… Et à bien y réfléchir, je me souviens également de n’avoir jamais entretenus de regrets quant à notre union, malgré l’aigreur de nos mois derniers passés ensembles. »

Elle ne sût lui répondre autrement que par l’un de ses plus authentiques sourires. Satisfaite et comblée par tant de paroles fiévreuses, sa femme se calla contre son épaule pour lui poser l’un de ses chastes baisés. Il l’aimait, franchement, sous toutes ses coutures et malgré tous ses défauts. C’était là une certitude, et la définition même de l’amour. Du vrai.

Du reste, des paroles de sa mie envers lui, aussi belles et touchantes furent-elles, Louis ne sût leur donner suite. Son sourire, aussi large que celui de sa femme, témoignait du grand bonheur qu’elles lui procurèrent. Ses mains remontèrent de sur ses hanches pour mieux s’enjoindre à son dos dénudé. Là, elles lui délivrèrent maintes caresses du bout des doigts, accompagnant son geste amoureux d’un baisé tout aussi tendre. Elle pouvait bien se targuer haut et fort, l’araignée Alonaise, de rendre toute chose si aisément l’immense cerf du Berthildois!

Après avoir profité largement de la présence de ses lèvres fines, Louis glissa le nez jusqu’à son oreille, où il susurra tout bas : « Tu crois que ceux dehors, ceux qui nous attendent, me verront comme tu me vois, désormais ? » Il vint la consulter du regard, le sien pétillant d’amusement. Ils s’étaient tous deux prêtés au jeu et, sans avoir fait preuve de subtilité, guère n’était à parier que les reîtres aient devinés l’empressement du couple marquisal. Qu’à cela ne tienne, que leur ménage se soit réconcilié, d’une manière ou d’une autre, n’apportait que positif au pays du Berthildois.



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