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 Ceci n'est pas un endroit pour une princesse! [PV: Zarina]

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Hendrick
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MessageSujet: Ceci n'est pas un endroit pour une princesse! [PV: Zarina]   Ceci n'est pas un endroit pour une princesse! [PV: Zarina] I_icon_minitimeLun 25 Mai 2015 - 18:25


L’Ithri’Vaan était une région de contraste, autant sur le plan politique que sur le plan social. Les minuscules potentats qui parsemaient la carte, petits états insignifiants, montraient à quel point cet endroit était divisé et rongé par les luttes de pouvoir. Un espace vendu à la ploutocratie et aux tyrans assoiffés de pouvoir, néanmoins réunis sous la coupe des Princes-marchands thaaris. Là encore, le contraste était encore plus saisissant. Qu’ils soient riches et nés dans la soie la plus chère, ou élevés dans les bas-fonds des égoûts et des estuaires pollués, les habitants d’Estrévent pouvaient être hommes libres ou esclaves, mercenaires ou artistes, marchands ou membres de la vieille noblesse. Qu’ils soient riches ou pauvres, ils n’étaient séparés que par de petits quartiers intermédiaires, et se côtoyaient chaque jour sans pour autant y prêter attention. Car l’abondance de richesse provoque l’indifférence envers autrui, et l’absence de celle-ci résigne le pauvre hère condamné à la famine.
Une société de contraste.

Et dans l’arrière-pays, c’était la même chose, mise à une échelle moins marquée. Les dirigeants habitaient des châteaux, éloignés de la basse populace, profitant de ces gens se calfeutrant dans leurs villages. C’est dans un hameau de ce genre qu’Hendrick s’était perdu. Revenant d’une chasse qui s’était avérée assez fructueuse face à des aurochs, il avait suivi le troupeau jusqu’à un endroit trop éloigné pour qu’il ne se souvienne du chemin qu’il avait parcouru. Après tout, l’Ithri’Vaan n’était pas sa région. Il avait récupéré la viande, qu’il avait ensuite suspendu à un arbre avec de la corde. Avec un peu de chance, aucun prédateur ne viendrait chercher le mets de choix qu’il avait suspendu. Il l’avait mis à une hauteur telle qu’un loup ne pourrait l’atteindre. D’un pas leste, il s’était dirigé vers le hameau le plus proche, pour demander son chemin. C’est d’ailleurs en s’y rendant qu’il avait trouvé ce gros molosse, une sorte de chien qu’il avait déjà pu voir en Péninsule. Un argolade istiros, ou quelque chose du genre… Le pauvre bougre s’était cassé une patte et avait eu une oreille arrachée. Il avait l’air dressé, et devait être l’un de ces nombreux canidés utilisés pour le combat de plaisance. L’arène.

Pris de pitié par le pauvre animal, Hendrick s’était arrêté pour essayer de l’approcher. Au début, le grand molosse émit un grondement en le voyant venir, mais lorsqu’il put goûter à un morceau de la viande qu’avait récupérée le Sgardien, il cessa rapidement ses simagrées. La patte était dans un sale état, et le chasseur ne s’y connaissait que peu en blessure, surtout animale. Aussi, il décida de laisser le chien là, rassasié d’un autre morceau de viande, espérant que lorsqu’il reviendrait demain, il serait toujours en vie. Peut-être pourrait-il le ramener à Thaar ? Après tout, un chien de cette constitution peut toujours servir…

Il pénétra dans une gargote miteuse, dans un hameau désert et perdu de la plaine estréventine. A peine entré, il assista à une rixe particulièrement sauvage se déroulant devant ses yeux. Un groupe de colosses malmenait d’autres personnes, se servant allégrement des chaises et des pieds de table dans leur bagarre d’ivrognes. Un petit homme trapu et aussi barbu qu’un Nain fut projeté en direction d’Hendrick, qui esquiva d’un pas de côté le projectile humain, qui finit sa course au dehors, la porte étant restée ouverte. Lorsque cette dernière se referma, une grande armoire à glace se tourna vers le nouvel arrivant, et le pointa du doigt, un sourire mauvais se dessinant sur son visage à la fois tuméfié et marqué par l’âge.

« J’me fais l’étranger ! »


Et dans un élan de rage, le colosse se jeta sur Hendrick, les bras en avant, cherchant à l’attraper au cou. Alerte, l’archer sgardien fit encore un pas de côté, laissant la grosse masse se fracasser d’elle-même contre la porte à présent fermée de l’établissement. Les planches de celle-ci geignirent, alors que le géant grondait. Déjà, il dardait à nouveau son regard empli de colère sur l’étranger qui avait osé le faire tourner en bourrique. Il leva son poing en l’air, et partit à la poursuite du pauvre chasseur, qui monta sur les tables afin d’échapper à la furie barbare qui le poursuivait avec tant d’ardeur. Evitant autant que faire se peut les autres coups donnés sans vergogne par d’autres personnes, il récolta néanmoins quelques poings et de nombreuses invectives, alors qu’il renversait la bière sur les tables en échappant à son poursuivant. Soudain, un coup dans son dos le fit accélérer dans sa course, le faisant tituber vers l’avant. Incapable de se rattraper, il roula, venant s’écraser contre le tenancier de la taverne, lui aussi malmené par la clientèle.

Lorsqu’il releva sa tête, Hendrick croisa le regard du propriétaire, un regard qui en disait long. « Faites que cela cesse » était la seule chose qui transparaissait dans ses yeux, et le Sgardien soupira lorsqu’il sentit une main le soulever par l’épaule et le redresser sur ses jambes. Il découvrit sans surprise la montagne de muscle qui l’avait coursé, une main sur son épaule et l’autre fermée en un poing. L’archer sentait venir la mandale, mais au cas où, il attrapa furtivement la tête de sa francisque, espérant ne pas avoir à s’en servir. Le poing de l’adversaire était levé, aux jointures rouges et gonflées par les ardeurs du combat. Et alors que le colosse prenait un plaisir sadique à montrer qu’il était le plus fort, Hendrick soupira un coup, prêt à utiliser sa hache s’il le fallait.

Il l’avait déjà dit, maintenant il le répétait ; c’est toujours pour la poire du métèque.
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Zarina
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MessageSujet: Re: Ceci n'est pas un endroit pour une princesse! [PV: Zarina]   Ceci n'est pas un endroit pour une princesse! [PV: Zarina] I_icon_minitimeMer 17 Juin 2015 - 14:35


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Une réputation méritée










Il n'y avait qu'une seule chose que le dénommé Casoair m'avait apprise: ne jamais rester en attente. Se procurer les moyens de subsister par l'exécution de contrats ou le pillage "modéré", et planifier toute prochaine entreprise étaient autant de tâches essentielles pour la survie du groupe. Il fallait rester dans un perpétuel dynamisme, permettant de garder l'image du chef et de ne pas s'endormir sur ses lauriers. Je pouvais avouer, sans rougir, que ce capitaine mercenaire avait su m'enseigner ce précepte essentiel car il était vrai que nous ne cherchions salaire que lorsque nous y étions fortement contraints. Même si mes hommes m'étaient loyaux, je me refusais de leur laisser une occasion de douter de moi. Être meneur, c'était pouvoir leur offrir leur besoins avant même qu'ils ne se rendaient compte de la nécessité du besoin. Pour le moins, ce fut une théorie qui me permit de rester seule maîtresse à bord. Nous ne recrutions plus; je gardais ceux qui m'avaient suivi il y avait de cela deux années et pour rien au monde, je n'aurais échangé ces Zar'Abhs contre une armée dix fois plus nombreuse. Notre rencontre avait été si jouissive que je n'aurais su employer un homme de plus de peur que cela n'altérât la satisfaction que j'avais de combattre à leurs côtés. Ils m'étaient fidèles, mes compagnons, je devais bien leur rendre.

Une fois que Casoair et ce minable Casèr moururent, Talmak, avec son ambition démesurée, voulut reprendre la main. Je le comprenais fort bien, il était le lieutenant le plus légitime et celui qui avait le plus longtemps connu le défunt commandant. Naturellement, ce ne pouvait être Le Charognard ou ce détestable Nergès, ô combien influençable et écervelé. Personne ne sut ce qu'était devenu ce prophète, Ernst, et si je me jurais de le tuer de mes propres mains pour toutes ses bravades, je n'en fis rien, préférant que les Zar'Abhs se détachassent sans encombre du reste de la coalition mercenaire. Il était sans doute mieux que nous partions sans bruit, comme des ombres. Et nous nous retrouvâmes sans aucun maître. Une liberté totale était renouvelée, avec son lot d'angoisse. Nous retournions, loin des routes et des passages fréquentés, en Principauté de Thaar. Je ne savais pas moi-même pourquoi je les y menais, cela se fit machinalement et aucun d'entre eux ne vint s'en plaindre. Qui l'aurait fait ? Il n'y avait que moi ici qui s'était exilée d'Ys. Pourtant, nous nous en rapprochions à chaque enjambée. Je ne me rendais pas bien compte de ce qui me poussait à revenir en ces alentours, où des lieux connus rejailliraient en ma mémoire. J'avais cette violente nausée qui me prenait et pourtant, je n'attendais pas d'enfant. J'avais ma vision qui se troublait à répétition et pourtant, aucune magie n'avait pris pour cible mes yeux. J'étais anxieuse.

Nous n'étions pas des éclaireurs, il était risqué de se déplacer avec une telle troupe mais en Ithri'Vaan, nous ne risquions rien, aussi loin des villes. La seule inquiétude que nous pouvions avoir était de tomber sur un groupe de mercenaires rival. La plupart avait rejoint Naelis, comme avait dû le faire Talmak et son armée. Non, nous ne risquions rien. Et moi non plus, tant que je restais loin d'Ys. Nous nous arrêtions souvent, l'allure n'était pas forcée mais à chaque halte, je me devais de reprendre mon souffle. Je n'avais pas la même vergue qu'auparavant, car je m'approchais doucement de mon passé. Je ne pouvais plus m'ôter le Démon des Plaines Multicolores de la tête mais aussi tous ses partisans. Ce que je craignais ? Ne pas être prête. Je mis encore une semaine à comprendre l'évidence. Fuir n'était plus possible, plus soutenable et alors que mes pas me menaient de plus en plus près de Buhasaiah, je devais me préparer, monter un plan. Je n'avais pas encore les idées claires mais cela viendrait.

Il était un matin où je laissai les Zar'Abhs pour m'abandonner à mes rêvasseries. Quittant la grande clairière où nous avions construit le camp depuis quelques jours, je m'éloignai, le destin me guidant jusqu'à un hameau. J'avais prévenu Bazar Al Machim et Kadel de mon départ. Ils n'étaient pas inquiets car cette pratique était courante. Mes deux plus proches camarades me connaissaient et savaient bien que je ne courrais aucun danger: d'une part, le lieu ne prêtait guère à quelques violences routinières et de l'autre, j'étais une femme tout à fait responsable. Armée comme à l'accoutumée, je me dirigeai vers le seul lieu qui pouvait m'apporter un peu de réconfort: la taverne miteuse toute proche. Une petite boisson et je repartirai sûrement en repérage. Je n'étais pas certaine que l'on ne me reconnût pas, mais je n'avais pas tellement l'envie de me déguiser, de rester incognito. C'était ennuyant et me cacher n'était pas mon fort. Et à quoi bon ? J'étais pratiquement chez moi, si quelqu'un devait me reconnaître, il le ferait, déguisée ou non.

Avant même de pousser la porte, m'y approchant doucement, j'entendis un brouhaha assourdissant mêlé à une clameur étrange. Je devinai que l'activité à l'intérieur était inhabituelle pour un établissement de cette nature. Pourtant, je pris la décision d'entrer, cimeterre en main, fermement décidée à comprendre ce qui se passait. Ce que je vis me fit sourire un instant: j'avais eu raison de venir armée. Alors que ma silhouette se dessinait dans l'encadrement de la porte, une scène singulière se déroulait. Il y avait eu une beuverie et les plus costauds s'en étaient pris aux autres. Un capharnaüm s'était alors installé progressivement, dans le même temps que les corps volaient, que les chopes éclataient, que les rires et les cris retentissaient. Dans ce bazar, qui m'était pourtant familier, un colosse tenait de l'épaule un homme plus modeste physiquement, mais pourvu d'une francisque, terrifiante et intéressante. Il n'était pas ardu de remarquer que la chose allait très vite mal tourner... Ou du moins empirer. Le tavernier, le dénommé Ammal, se tenait derrière le comptoir, complètement prostré alors que je fis enfin mon apparition. L'activité continuait de se dérouler quelques secondes mais soudainement, une voix d'homme peu assurée mêlée à celle d'un couard hypothétiquement castrat interrompit toute forme de lutte sévère.

Zarina... La salope des faubourgs !


Je ne pus que sourire maigrement, peu enthousiaste à l'idée de répondre à ce surnom, pourtant trop répandu. Il était vrai que cette appellation quelque peu méritée pouvait en surprendre plus d'un. Il venait en fait de mes incalculables tentatives de séduction des enfoirés de la région. Oh ! Il était si aisé de s'approcher des gros durs du coin et de leur susurrer des mots qui savaient les rendre raides. Je les accompagnai alors gentiment, aimablement, coquinement jusqu'à un lieu plus propice à leurs folles envies. Hélas, contrairement aux fausses rumeurs me réclamant de veuve noire, je ne profitai jamais de leurs bras ni même d'aucun de leur toucher. Je leur plantai une lame à peine commençais-je à me dévêtir. Mon action sur les gros cons de la région avait donc fait grand bruit et ce surnom était à mon actif... C'était le prix à payer pour l'exécution d'hommes sans faire couler le sang des miens.

L'effet de mon entrée fut magistral. La bagarre se stoppa net et l'on déposa l'homme à la francisque, peut-être un peu violemment. En ce lieu, les visages se tournaient vers moi avec une crainte couverte de respect. Tous sauf un, un nouveau sans doute qui ne me disait rien. Le silence se faisait par morceaux alors que quelques murmures le perturbaient à peine. Ammal se tourna vers moi, avec un sourire gêné affiché. Cela faisait trois fois que je le rencontrais mais sans doute était-ce l'unique fois où il m'était reconnaissant. Je ne m'attardai pas sur les ivrognes et bandits de bas étage qui peuplaient la salle et m'approchai du tavernier. Tournée vers lui, je lui adressai un sourire franc et lui demandai d'une voix sûre et remarquée :



Bonjour Ammal, j'espère que je ne te dérange pas à nouveau. Dis moi, pourrais-tu me servir cette eau-de-vie dont tu m'avais vantée les vertus la dernière fois ? Merci beaucoup.


Il ne mit pas longtemps à me servir quand je reçus mon verre, je m'accoudais sur le comptoir, les jambes en avant par rapport au reste de mon corps. J'avais l'air remarquablement détendue face à ses hommes qui me redoutaient, n'espéraient rien de bon de moi ou du moins guettaient le moindre de mes faux pas. Je sentais leur haine. Je ne m'en délectais pas et elle ne me dégoûtait pas, je préférai la saveur revigorante de mon breuvage. J'étais prête à en découdre malgré les apparences, mes couteaux de lancer étaient à portée et mes cimeterres toujours aussi bien en évidence. Et pourtant, je contemplai leur infortune et les plaignais intérieurement, je n'avais pas eu cette vie misérable qu'ils héritaient chacun de la génération qui les précédait. M'étant déjà rendu en ce lieu, je reconnaissais certains hommes. Poulet-saoul d'une part et Ruffle-Buffle. Bien sûr, ce n'étaient que des surnoms, j'imaginais que leurs noms étaient encore bien moins flatteurs.

Un homme seulement m'était profondément inconnu. Je le regardai par intermittence et ne savais pas vraiment ce qu'il venait faire ici. Certainement, il savait se battre. Il avait même compris une leçon toute simple du guerrier: frapper au bon moment. J'avais une seule certitude le concernant: si je n'étais pas arrivée auparavant, il aurait frappé.


Dernière édition par Zarina le Jeu 17 Sep 2015 - 14:20, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Ceci n'est pas un endroit pour une princesse! [PV: Zarina]   Ceci n'est pas un endroit pour une princesse! [PV: Zarina] I_icon_minitimeVen 19 Juin 2015 - 10:36


Le poing aurait pu venir. Vraiment, il était prêt à s’abattre sans pitié sur le nez d’Hendrick, pour lui faire pisser le sang. Et lui, dans un réflexe, aurait frappé de la tête de sa hache dans le ventre du colosse, afin que ce dernier le lâche. S’en serait suivi un massacre sanglant, armé d’une hache contre une bande d’ivrognes aux mains vides. Il n’était pas le meilleur lorsqu’il s’agissait de se battre au corps à corps, mais ses nombreuses années à faire la guerre lui avaient permis de savoir se servir d’une arme. Cependant, rien de tout cela ne se produisit. La porte s’ouvrit à la volée, et chaque individu posa son regard sur l’entrée. Dans l’embrasure de la porte, une silhouette féminine, à moitié cachée à Hendrick par la grosse épaule de son adversaire. Lorsque ce dernier se tourne, il peut enfin apercevoir celle qui l’a empêché, par son arrivée impromptue, de se faire ravaler la façade à la barbare ;

Une jeune demoiselle, aux formes plutôt bien proportionnées et habillée de sorte que ses atouts soient encore plus mis en valeur. Elle avait les cheveux d’un rouge aussi vif qu’un tisonnier ardent, et des yeux verts aux airs calculateurs, voire moqueurs sur l’instant. Une petite cicatrice avait trouvé son chemin sur l’un d’eux, sans pour autant la défigurer. Le teint blanc de sa peau était plutôt rare dans un tel endroit, baigné par le soleil et ses rayons. Une noble peut-être ? Non, pas dans cet accoutrement. Elle portait des armes aussi. Et lorsqu’un homme sembla la reconnaître, ce ne fut que pour donner son nom et… apparemment, ses occupations. Il était vrai qu’elle avait des airs de catin, bien qu’elle n’en ait que l’apparence, Hendrick le savait. Une prostituée ne se baladait sûrement pas armée, et ne faisait pas s’arrêter un si violent combat par sa simple entrée dans un bouge.

La mystérieuse Zarina, susnommée sans vergogne « Salope des faubourgs » par l’un des malandrins, fit comme si de rien n’était et s’en alla trouver le tavernier. Apparemment, ils se connaissaient. Elle tout du moins. Elle commanda à boire, et s’appuya contre le bar pour déguster sa boisson tranquillement. Tout autour, les gens avaient arrêté de se mettre des pains dans la tronche, et regardaient la nouvelle venue avec une expression indéfinissable. Le Sgardien lui-même fut posé à terre, non sans être poussé vers le comptoir assez violemment. Il eut le temps de se retourner pour réceptionner le bois sur ses côtes, avec une grimace passagère. Maintenant que les joutes étaient finies, il avait ôté sa main de son arme, et avait juré dans sa barbe pour son infortune. Bien qu’il ait eu de la chance que cette étrange demoiselle soit entrée au moment opportun, sauvant sûrement sa face dans les deux sens du terme.

Ses yeux ne purent s’empêcher de lorgner sur la cruche de bière qui se tenait à peine à une coudée de lui. Tout ce chemin dans le but de laisser son addiction parler d’elle-même, de la laisser s’exprimer dans le peu d’alcool qu’il pouvait boire avec ses maigres piastres. Depuis qu’il était parti de Péninsule, il était sobre plus souvent, et cela n’arrangeait pas son humeur. Aussi, avec une célérité insoupçonnable, il déposa quatre pièces sur le comptoir, se saisit de la cruche, et engloutit son contenu avec avidité. Misérable, peut-être. Alcoolique, sûrement. Mais voleur, jamais. Ou très peu. Cela dépendait de la situation. Et en l’occurrence, les combats s’étaient calmés et le tavernier pouvait encore lui réclamer de payer s’il ne l’avait pas fait. Déclencher une nouvelle rixe n’était pas dans les plans d’Hendrick.

Ce dernier observa alors Zarina, qui buvait toujours son verre à un mètre de lui. Avec sa cruche en main, le Sgardien la leva un peu en l’air, avant de lui dire :

« J’devrais peut-être te remercier. J’aurais pissé le sang avec cette grosse barrique. »


Le regard d’Hendrick dévia tout de même un peu sur l’homme concerné, qui avait grogné et fait craquer ses jointures. Ce n’était peut-être pas la meilleure des idées de le provoquer à nouveau. Mais l’archer s’en foutait ; il était armé, et cette fois, il était aussi prêt.
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MessageSujet: Re: Ceci n'est pas un endroit pour une princesse! [PV: Zarina]   Ceci n'est pas un endroit pour une princesse! [PV: Zarina] I_icon_minitimeSam 29 Aoû 2015 - 11:13


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Alcool











Cette fois, c'était certain, j'avais choisi un breuvage peut-être trop revigorant. Ma seule sensation était d'avaler par petites gorgées une lave en fusion, venant me bousiller les boyaux. A vouloir impressionner, voilà ce qui pouvait nous arriver. Je ne devais pas grimacer et pourtant je le fis. Ammal s'en réjouissait, il était fier de me voir dans ce curieux état. Saleté de tavernier, je lui sauvais la mise et il m'offrait un verre que seul Casoair aurait pu peut-être éprouver sans ciller. Je sentais la chaleur me monter aux joues, je devais avoir pris de sacrées couleurs. Pourtant, je me tenais encore bien et peu encline à avouer que la boisson était trop forte, je continuais à la savourer par petites lampées. Le tavernier ne dit pas mot, la dernière fois qu'il m'avait manqué de respect devait encore lui rester en mémoire. Après tout, j'avais seulement sauté le comptoir et l'avais plaqué au sol, me retrouvant sur lui, poignard en main. Comme seul moyen de sauver sa peau, il me proposa de me faire goûter une eau-de-vie aux nombreuses vertus. Et moi, j'étais tombée dans le panneau... A voir comme cet alcool agissait, je craignais de perdre quelque peu de mes facultés si un combat approchait. Un mystérieux tambour martelait mon crâne. Une chose était sûre, les effets étaient instantanés.

Je fis donc une pause dans ma dégustation, mon verre à moitié plein. C'était qu'il m'en avait servi plus que de raison, le fumier ! Je reportais donc mon attention sur l'homme barbu, un nordique à ce qu'il semblait. Une fois relevé, il ne perdit pas un moment pour se ruer vers le comptoir. Il souleva une cruche et en avala le contenu en quelques instants. Ammal, qui frottait énergiquement une chope, encaissa avec plaisir les quatre pièces de l'alcoolique. Pour ma part, j'essayais de me concentrer sur ma boisson qui me donnait du mal. Plus j'en buvais, plus les effets s'accentuaient, mais pour moi, perdre la face devant le tenancier serait pire encore. Je cherchai une solution à mon problème alors que le pourpre avait envahi mes joues. Je me demandais de quoi je pouvais bien avoir l'air. D'une idiote obstinée ? D'une soiffarde ?

Lançant quelques regards vers l'homme qui s'était installé non loin de moi, je continuai de boire, j'en avais presque fini et sentis les effets pervers d'une boisson fortement alcoolisée. J'avais un mal de crâne sauvage, des couleurs m'étaient apparues mais j'arrivais encore avec peine à garder le contrôle. Le nordique m'adressa la parole, mélangeant un début de remerciement avec une provocation tournée vers son agresseur. Je hochai la tête très perceptiblement, espérant que le groupe n'eût rien entendu. Hélas, il était bien certain qu'il s'apprêtait déjà à se jeter sur l'étranger. Il fallait que j'évite ce combat car si moi-même y étais-je engagée, je n'aurais pas donné cher de ma peau. Je trouvai alors une solution résolvant mon problème avec ce verre trop chargé et l'escalade de violence qui ne tarderait pas à se dérouler. Avec cette chaleur qui ne me quittait pas, je me tournai vers l'homme provocateur et armé. Mon regard était peut-être un peu dans le vague mais j'espérais me montrer douce et agréable, c'était bien mon intention. Je poussai légèrement l'alcool sur le côté et réduisis l'écart qui nous séparait, m'avançant lentement vers lui. Je savais que la taverne pouvait redevenir en un instant ce qu'elle était avant mon arrivée.

Pestant contre moi-même, mais n'ayant d'autre choix ou du moins trop affectée par la boisson pour trouver une autre solution, je pris presque amoureusement la main gauche du nordique et commençai à l'entraîner. Retournant mon visage vers le sien, je lui adressai cette unique parole:


Viens avec moi...

Il n'y avait aucune menace dans mon ton mais une douceur qui n'espérait pas de résistance. J'espérais dans mon regard qu'il ne croyait pas trop en mon surnom local. En tout cas, il y eut de vives réactions dans la salle, des rires, des cris et des visages médusés. Si certains lui hurlaient de ne pas me suivre, d'autres le jalousaient en riant. Tous étaient persuadés que je voulais me vautrer dans la luxure avec cet homme. Mon sang de princesse bouillonnait mais je ne devais pas réagir, j'étais humiliée une fois de plus. Après tout, c'était moi qui m'étais donné ce rôle, pour les miens. Du moins, plus personne ne songeait à présent aux provocations passées. Je présumais que l'imagination débordante de ces messieurs avait pris le pas sur leur envie de violence. J'emmenais le nordique sans le brusquer mais fermement jusqu'à l'escalier que j'empruntais la première.

J'ignorais s'il regardait mes formes, s'il était perturbé, anxieux... excité ? Moi, je ne devais pas lâcher car l'alcool m'avait mise à mal. Nous allions bientôt avoir le temps de nous expliquer en haut et il ne devait rien espérer de ma part, c'était certain. Ne le lâchant pas, je prenais toujours les devants, ouvrant la deuxième porte sur ma droite. Ce fut la chambre que j'avais occupé il y a quelques temps. S'y trouvaient toujours ce grand lit, à la propreté suspecte, l'imposante malle plaquée contre le mur de droite et cette unique fenêtre qui m'avait permis tant de fois à m'aérer l'esprit. Je fis entrer l'homme à l'intérieur et fermai la porte derrière lui, me plaçant assez près de lui, non par dessein. Je ne verrouillai pas, m'éloignant lentement de lui, en reculant; je voulais le garder sous mes yeux. Je m'adossai alors contre la fenêtre fermée et posai mon regard sur lui, l'inspectant de haut en bas. Il n'avait pas l'air d'un homme propre sur lui et vu sa propension à la boisson, il n'était clairement pas d'une lignée quelconque. Sa tignasse et sa barbe brunes m'avaient fait penser à un Nordique. En l'examinant de plus près et me rendant compte de son gabarit, je jurais ne pas m'être trompée. Il était bien plus grand que moi et armé, je ne devais pas me perdre dans mes pensées, sous peine de le regretter. Je ne connaissais rien de ses intentions, absolument rien. Tout ce que je pouvais rajouter était qu'il avait un air las et la fatigue se lisait sur son visage, ses cernes ne devaient pas mentir.


Tu peux quitter cette pièce, si tu le désires. Mais nous savons tout deux que ce n'est pas une bonne idée. Qui es-tu et que fais-tu ici dans un pareil endroit ?

Je me sentais de plus en plus mal, ma tête commençait à tourner. Pourtant, je ne voulais pas que cet homme soit au courant de ma faiblesse. Non, je devais rester forte quoiqu'il arrivât. Quand je me vis perdre l'équilibre, je m'avançai vers le lit, jetant un regard à l'homme armé. Je m'y asseyais, fermant les yeux un instant pour calmer mon mal de tête. Je n'étais plus dans un état normal, mon corps souffrait de ce que j'avais ingurgité. Et se retrouver en position de faiblesse devant un étranger si puissamment armé ! J'ignorais s'il avait remarqué que je n'étais pas dans une forme olympique mais il valait mieux prévenir que guérir.

Je te préviens, si tu tentes quoique ce soit en mon encontre, j'ai encore les capacités de te le faire regretter amèrement...

Tandis que je m'efforçais de l'intimider par cette voix exagérément rude, je m'allongeais tout en dégainant un de mes cimeterres, le gardant bien en main. Je fermai les yeux, tout tournait autour de moi, je n'avais plus que cette solution. Plus jamais je ne boirai d'alcool, PLUS JAMAIS !



Dernière édition par Zarina le Jeu 17 Sep 2015 - 14:15, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ceci n'est pas un endroit pour une princesse! [PV: Zarina]   Ceci n'est pas un endroit pour une princesse! [PV: Zarina] I_icon_minitimeSam 29 Aoû 2015 - 13:17

Évidemment qu’il n’aurait pas dû dire ‘’grosse barrique’’. Mais cela avait beau être stupide de provoquer à nouveau un ennemi aussi puissamment bâti, ça n’en restait pas moins soulageant. Et avec la rudesse des derniers jours, le moindre petit plaisir était comme une bonne bouffée d’air frais. Le poing qui pouvait s’ensuivre, beaucoup moins. C’était un risque à prendre. Sa francisque était dans son anneau, mais avec la lenteur de son adversaire, il pourrait sans peine attraper la hachette et parer son coup avec la tête de l’arme. S’il était vicieux, il mettrait le tranchant dans la trajectoire… Mais Hendrick n’était pas vraiment du genre à relancer une bagarre dont les dieux l’avaient sorti miraculeusement. D’ailleurs, son regard chercha à nouveau celle qui l’avait aidée. Elle buvait une eau-de-vie à l’aspect bien pur. Les joues de la jeune femme rougissaient, sûrement par les heureuses propriétés de l’alcool. Peut-être n’était-elle pas habituée à boire, aussi…

Malgré tout, la phrase qu’elle finit par lui dire le désarçonna complètement. Il sentit sa douce main attraper la sienne, et l’emmener vers l’escalier. Hendrick avait une bonne capacité d’adaptation, mais ça, il ne s’y attendait pas vraiment. Sous les quolibets des goguenards et les sifflets des jaloux, ils se dirigèrent vers l’étage, alors que l’archer se demandait ce qu’elle ferait une fois en haut. Était-ce l’alcool qui l’avait rendue dévergondée, ou était-ce une habile manière d’esquiver une nouvelle rixe ? A moins que le surnom de Salope des Faubourgs ne soit pas une simple provocation. Quoi qu’il en soit, il était curieux de voir la suite des événements. Sur ses gardes, il accompagna donc Zarina dans cette chambre. Dubitatif, il l’observa sans rien dire ni rien faire. Elle ferma la porte, sans que cette dernière ne soit close, ce qui finit de le convaincre que ce n’était qu’une ruse destinée aux attablés. Elle s’adossa contre la fenêtre et commença à le jauger de haut en bas.

Il l’écouta poser sa question. Qu’est-ce qu’elle pouvait bien y faire à sa venue dans un bouge ? Néanmoins, il lui devait peut-être bien ça pour l’avoir sorti de cette situation précaire. Il haussa les épaules.

« J’ai pour nom Hendrick. Et j’suis ici pour… boire un coup. »

Il sourit à sa propre phrase, si simpliste mais tellement vraie. Ho, cela faisait longtemps qu’il ne cachait plus son addiction à l’alcool. Et l’expression ‘’boire un verre’’ s’était changée en doux euphémisme. Le Sgardien étudia plutôt son interlocutrice, qui ne semblait pas au sommet de sa forme. Il se demanda ce qu’elle avait bu pour être ainsi. Le tavernier n’aurait sûrement pas mis de poison dans le verre, il lui devait sûrement quelques chaises et quelques tables épargnées. La seule explication qu’il en tirait était que l’alcool devait être puissant. Elle s’allongea sur le lit, fermant les yeux et dégainant son arme. Elle le somma de ne rien tenter, et à cette phrase, il ricana tout en croisant ses bras.

« T’inquiète. Je n’viole pas les femmes, surtout celles qui m’empêchent de m’faire frapper. »

Son état d’ébriété était difficile à clarifier, aussi, pour plus de précautions, il prit le pot de chambre et le tendit à la jeune demoiselle ainsi couchée sur le lit. Il lorgna bien entendu sur ses formes, mais qui aurait pu prétendre faire le contraire et rester un brin honnête ?

« Tiens. J’préfère que tu fasses ça là-dedans que d’payer la bonne. »

Voyant qu’elle ne s’en saisissait pas, il préféra le poster à côté d’elle, puis s’adosser contre la porte.

« J’ai de l’eau dans mon outre s’tu veux. Ça te purgera un peu. »


Hendrick touchait plus souvent un verre d’alcool que cette outre, il fallait bien l’avouer. Mais lui, trimballait son alcoolisme depuis l’Oësgard… La jeune fille, quant à elle, semblait moins encline à la boisson.
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MessageSujet: Re: Ceci n'est pas un endroit pour une princesse! [PV: Zarina]   Ceci n'est pas un endroit pour une princesse! [PV: Zarina] I_icon_minitimeSam 29 Aoû 2015 - 16:13


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Encore et toujours pitoyable











Je savais son nom, son identité à ce nordique. Pourtant, je n'étais pas rassurée. Pourquoi ? J'étais dans un des plus piteux états possibles presque à la merci de Hendrick qui m'avouait n'être venu ici que pour une soif de boisson alcoolisée. Je serrai mon cimeterre, le gardant tout près de moi. J'avais peur, j'avais mal agi et je me retrouvais clouée sur un lit, mes réflexes endormis. Que pouvais-je bien faire s'il se lançait sur moi ? Je craignais de ne pouvoir me défendre. Cette peur de jeune fille, qui m'habitait, me prenait aux tripes. Je l'avais vu sourire et je m'imaginais à présent les pires choses le concernant. Je l'avais ramené avec moi pour lui éviter un bain de sang, je n'aurais peut-être pas dû. J'étais faible et je devais sûrement attiser encore plus son désir couchée ainsi. Quelle conne ! Je jure que s'il s'approche, je le transperce, il verra bien ce que c'est de s'attaquer à de jeunes femmes fragiles !

Non... Je n'étais pas faible, j'étais Zarina, plus Sheera. Peur d'un homme alors que j'étais armée d'un cimeterre ? C'était puéril, je devais me reprendre. Mes maux de tête ne me lâchaient plus, et cette impression que la pièce tournait était si prenante que je commençai à subir des conséquences nauséeuses. La phrase d'Hendrick était presque rassurante... Idiote ! Quel violeur aurait dit à sa victime ce qu'il comptait lui faire ? J'étais dans le vague, dans le flou. J'ouvrais avec peine mes yeux pour ne distinguer que des couleurs danser au dessus de mon lit. Trop occupée à prendre ma tête dans mes mains comme pour apaiser la douleur, je ne fis pas attention à la marque d'affection de Hendrick. Et pourtant, cet homme faisait tout pour moi. "Tout", dans la mesure où tout signifiait ne pas m'endormir dans mon vomi bien entendu. S'il avait voulu tenter quelque chose, il l'aurait probablement déjà fait, je n'avais plus de raison de m'agripper à mon cimeterre.

Depuis que je m'étais installée dans ce lit, les sensations avaient empiré. Pour me faire tenir bon, je n'avais qu'une pensée à l'esprit: dérouiller le tavernier une fois le mal passé. Sentant l'alcool m'avait effectivement causé quelques dégâts gastriques, je tenais mon ventre d'une main tandis que je me précipitai presque hors du lit en un instant. Me redressant, j'agrippai alors le pot de chambre que je remplissais de tout ce qui me constituait. En deux mots, je vomissais. Non seulement, ce n'était pas bien beau ou élégant à voir, mais j'accompagnai dans mon infinie tristesse tout ceci de sons très caractéristiques, permettant à Hendrick de deviner mon activité même les yeux fermés. Se faisant, je n'avais de cesse de me dire que ce n'était pas vraiment l'éthique de la princesse et que je devais me reprendre. Je restai là, transpirant plus que de raison, la tête dans ce pot de chambre. Spectacle affligeant...

J'avais donné à ce nordique l'image d'une salope doublée d'une femme faible. Tout ce que je n'étais pas, bon sang ! Cela ne pouvait plus durer comme ça. Je devais me reprendre et c'est bien ce que je fis. Essuyant d'un revers de la main ce qui me restait sur les lèvres, je lui demandai d'une voix que je crus forte et sans accroc:


De l'eau s'il te plaît... de l'eau !

En réalité, je n'avais émis qu'une sorte de gémissement pitoyable et à peine audible. Ma volonté n'avait que peu d'emprise sur mon corps, je ne pouvais rien. Je n'étais même pas capable de m'abreuver moi-même. Les effets de l'alcool combinés à la sensation d'être devenue un animal domestique que l'on traite avec égard m’écœurèrent tellement que je replaçais déjà ma tête dans ce pot à chambre nauséabond, avant même que l'eau ne me fut passée. Quand Hendrick s'avança, je lui arrachai la gourde des mains et je bus d'autant que je pus. Je n'étais pas une niaise, j'avais ouï dire que l'eau purgeait de la boisson. Quand j'eus fini de me vider pour la troisième fois, alors assise et adossée contre le mur, je laissai Hendrick contempler mon visage extrêmement pâle, ruisselant, mes cheveux se collant aléatoirement. Je sentais mauvais et cela m'était impensable. Je déposai, sans dire un mot, le pot non loin du lit. Ma tête tournait toujours et mes sensations de vertige n'avaient pas disparu.

Ce fut alors que je lançai mes jambes hors du lit, commençant à prendre appui sur celles-ci. Je DEVAIS être mieux mise, j'étais hideuse ainsi, je devais me laver, d'une manière ou d'une autre. Peut-être que cela arrangerait mon état. Si je voyais Hendrick bouger ou broncher comme pour m'interdire de me lever, je lui répondais cette fois-ci plus amicalement qu'auparavant:


Merci Hendrick, je ne sais pas si tout le monde aurait agi comme toi, je crois que j'en suis touchée. Mais... Je ne peux pas rester ainsi, il faut que je me lave. Derrière cette porte, il y a de quoi faire et tant pis si l'eau est froide, je ferai avec !

Je crois que mes habitudes de princesse refaisaient surface, je ne pouvais même pas les réprimer, je ne souhaitais qu'oublier ce qui venait de m'arriver et je ne devais pas être au bout de mes peines. Je tentais donc d'aller dans cette salle voisine, me tenant à tout ce que je pourrais trouver. J'avais du mal, trop de mal. Encore et toujours pitoyable...


Dernière édition par Zarina le Jeu 17 Sep 2015 - 14:14, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ceci n'est pas un endroit pour une princesse! [PV: Zarina]   Ceci n'est pas un endroit pour une princesse! [PV: Zarina] I_icon_minitimeSam 29 Aoû 2015 - 18:24

Avachie sur le lit, Zarina avait l’air d’être au bout de sa vie. Paradoxal pour quelqu’un d’aussi jeune, mais Hendrick connaissait plutôt bien cet état. Il n’en était pas à sa première cuite, vue ou vécue. Aussi ne fut-il pas étonné lorsqu’elle se saisit à toute vitesse du pot de chambre pour déverser le contenu de ses entrailles à l’intérieur. Ha, pour du vomi, c’en était ! Mais il en avait vu bien assez pour que ni l’odeur ni les bruits ne viennent l’aiguiller plus que de raison. Il assista silencieusement à la déchéance de la demoiselle, joignant ses mains pendant qu’elle restait la bouche collée au pot. Par trois fois elle vida ses glaires dans le seau, se figeant à chaque soubresaut. Ne pouvant pas faire grand-chose, sinon profiter du spectacle, Hendrick se gratta la nuque en attendant qu’elle finisse. Elle releva la tête, et était d’une pâleur extrême. Le visage de Zarina en avait pris un coup, et point question ici de sa cicatrice, mais des quelques morceaux de vomi encore calés dans les commissures des lèvres. Suant abondamment, elle regarda le Sgardien et tendit sa main pour avoir de l’eau.

Il n’eut même pas le temps de la lui donner, car elle se saisit de l’outre en un coup sec. Elle but de larges gorgées d’eau, comme si son ventre n’était plus qu’un désert aride, et sembla vider toute la gourdasse. Elle balança finalement l’outre vide sur le lit, et sa bouche put rejoindre à nouveau le pot de chambre. Pas très utile d’avoir bu, en fait. Soit, le temps l’aiderait sûrement à se sentir mieux. Elle vacillait toujours, et Hendrick la vit se reposer sur l’édredon. Zarina reposa le pot de chambre, l’archer vérifiant qu’elle le pose bien droit, bien correctement, pour éviter que cet effort soit vain. Puis, alors qu’il ne s’y attendait pas, il vit la jeune femme sauter du lit et essayer de se diriger vers une porte. Hendrick voulut protester, mais la demoiselle en disgrâce le remercia tout en lui expliquant qu’elle voulait se laver. L’Oësgardien grogna, puis, tout en l’aidant à se maintenir en équilibre, lui dit :

« Dans c’cas, laisse-moi t’aider. Faudrait pas qu’tu te casses la gueule contre un mur non plus pour abîmer ton joli minois. »

Il la retint alors qu’elle tanguait comme une quille, l’amenant au plus vite près de la porte, qu’elle ouvrit d’elle-même. Il n’eut pas le temps de voir ce qu’il y avait à l’intérieur qu’elle se décollait des bras d’Hendrick pour aller se perdre à l’intérieur, fermant la porte derrière elle. Ça c’était passé si vite que l’homme resta un moment interdit, entendant qu’elle s’affairait à l’intérieur. Après quelques secondes, il commença à marcher à l’intérieur de la chambre, attendant que la jeune fille ait fini. En fait, cela risquait de prendre un petit moment, étant donné l’état dans lequel elle était. Sa sœur Brunehilde, paix à son âme, avait déjà été dans cette situation plusieurs fois, et il se souvenait l’avoir aidée pour un mieux. Mais voilà, l’ennui, c’est que Zarina n’était pas vraiment sa sœur. Il tenta tout de même de lui dire par derrière la porte :

« Si y a un problème, dis-le. »


Il n’eut aucune réponse, et haussa les épaules. L’ennui allait sûrement se saisir à nouveau de lui s’il ne trouvait pas un passe-temps pour s’occuper. Les dix premières minutes furent supportables, mais au bout de trois-quarts d’heure, Hendrick en avait un peu marre et s’était mis à faire les cent pas. Il avait déjà vidé le pot de chambre par la fenêtre, et siffloté cinq chansons connues… Le temps tirait en longueur !

C’était sans compter sur la porte qui s’entrouvrit, alors qu’une heure venait de passer. Non pas celle par laquelle était passée Zarina, mais bien la porte principale. Le Sgardien vit qu’elle s’entrouvrait, et décida de se cacher dans le coin. Une tête passa furtivement par l’ouverture, ne laissant dépasser qu’un long nez et une moitié de visage moche et bouffie. Discrètement, l’archer se positionna derrière les gonds. Le regard du voyeur analysait la pièce avec intérêt. Lorsque soudain, Hendrick décida de frapper les planches de bois avec son pied, faisant violemment claquer la porte. La tête du fouineur fut prise en étau, et c’est sans un bruit qu’il retomba sur le sol, sonné. Satisfait, le vagabond ouvrit la porte un peu plus grande et poussa de son pied la tête de l’homme assommé. Une fois qu’il l’eut poussé hors de la chambre, il referma la porte et se frotta trois fois les mains. Encore un pervers envoyé au tapis. Pas de la façon la plus honorable, certes, mais qui en avait quelque chose à foutre ?

C’est alors que la porte de la salle secondaire s’ouvrit, et Hendrick tourna la tête dans la direction de Zarina.
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MessageSujet: Re: Ceci n'est pas un endroit pour une princesse! [PV: Zarina]   Ceci n'est pas un endroit pour une princesse! [PV: Zarina] I_icon_minitimeSam 29 Aoû 2015 - 21:36


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Un bac d'eau frais











Toujours dans cet état de fille pitoyable, j'avais du mal à savoir où j'allais, où je posais mes pieds. Une impression étrange m'envahissait, c'était comme si le sol se dérobait sous mes pas. Bien entendu, c'était faux, du moins j'osais le croire. Je progressais à pas d'insecte lorsque Hendrick vint me soutenir. Il semblait avoir beaucoup d'humour mais dans mon état actuel, je ne le remarquais qu'à peine. Pour dire, je ne relevais même pas le compliment qu'il me fit, placé là avec habileté. A nous deux, nous formions un duo assez solide pour que je parvienne en un seul morceau à la porte. Je voulais tellement me laver, m'ôter cette odeur insupportable de moi que je ne pris même pas la peine d'adresser un regard à Hendrick. J'ouvris la porte, me délestant du barbu et entrai dans cette salle de bain. Je refermai alors avec attention la porte. Pourtant, baissant mon regard vers la serrure, je n'aperçus aucune clé insérée et parcourant la pièce de mon œil vif, je ne la trouvai pas. D'ailleurs, mes sens devaient être aussi aiguisés que ce que mon équilibre était sans trouble. Bref, je saisissais très mal ce qui m'entourait. Une chose était sûre, je prendrais sûrement plus de temps à me décrasser que ce que j'avais pensé.

Heureusement que j'étais déjà venue ici, dans cette taverne miteuse et que je savais où se trouvait la seule chambre équipée de sanitaires. Je soupirai, tandis que plaquée contre le mur, je commençai à ôter toutes mes armes. Il y avait du boulot mais pourtant, malgré mes vertiges et mes haut-le-cœur, je parvenais à me déséquiper sans me couper un doigt. La mémoire des gestes devait y être pour beaucoup. Par la suite, j'enlevai mes pièces d'armures que je laissai tomber au sol, sans trop m'en préoccuper. J'entendis alors le nordique me dire que je devais me manifester s'il y avait un problème. Il n'y avait pas de problème alors je ne devais rien dire ? D'accord... En plus, il pouvait rentrer à tout moment, je n'avais pas trouvé cette foutue clé. Sur une étagère à ma hauteur, je plaçai consciencieusement mes armes précédemment ôtées. Une fois cela fait, je jetai un œil sur l'état de l'eau dans le bac. Elle semblait à peu près propre et de toute manière, je n'avais pas vraiment le choix. Je plongeai ma main droite dans l'eau pour tester sa température et ne fus pas surprise de découvrir une eau froide. Au moins, cela me remettrait peut-être les idées en place.

Je chancelais à travers la pièce, me saisissant des sels de bain, en lançant deux bonnes poignées dans le bac. Je faillis trébucher mais je me raccrochais toujours à cette étagère supportant de plus mes armes. Avant même de me déshabiller, je me mis à genoux devant le bac, puis vint mouiller mon visage de mes deux mains. J'avais besoin de me rafraîchir, ce mal de tête était insupportable. J'avais de bonnes nausées mais je ne vomissais plus, du moins l'espérais-je. Quand j'eus fini, je parvins à me relever avec grande peine. J'entrepris alors de me déshabiller, prenant mon temps, je n'avais pas envie de tomber et de devoir demander l'aide d'un étranger nue comme un verre. Alors ça non ! Plutôt rester à terre et ramper pour me rhabiller à la hâte. Heureusement, ce scénario n'arriva pas et je n'eus pas trop de mal pour ensuite entrer dans le bain. Enfin tout était relatif, c'était surtout que je tombais par inadvertance dedans. Avec cette fraîcheur, il n'était pas dans mon intention de me jeter là dedans en une seconde mais mes vertiges avaient pris le pas sur mon être. J'étais déjà bien heureuse de ne pas m'être cassée quelque chose. En tout cas, j'eus presque envie de lâcher un cri mais je me retins, je ne voulais pas affoler Hendrick au dehors.

Une fois bien au froid dans mon bain, je fis le nécessaire pour me laver avec ce que j'avais sous la main. Avec la chaleur que j'avais ressenti en avalant cette horreur, mon corps avait réagi et depuis, mon nez avait du mal avec ma propre odeur. Je me sentais de mieux en mieux malgré le froid qui me pénétrait, sans que je n'y pusse rien. A près de trois reprises, je plongeais ma tête sous l'eau, solidement accrochée au bord du bac. En effet, il aurait été misérable que je finisse mes jours noyée dans ce misérable recoin. Du plus vite que je pus, je me hissai hors du bac. Et là avec horreur, je ne vis aucun moyen pour me sécher. Pestant contre ce taudis, j'errai complètement nue dans cette pièce à la recherche d'une pièce de tissu quelconque. Rien ! Je me décidai donc à contre cœur de sécher de la façon la plus naturelle possible, par l'attente ! J'avais terriblement froid et mes vertiges se dissipaient peu à peu, le mal de tête restant bien ancré. Tremblante comme une feuille, je ramenais mes bras contre ma poitrine. Mes cheveux étaient trempés et je n'avais aucun moyen non plus d'y remédier. Bon, ce n'était pas si grave, j'avais retrouvé un peu de dignité, c'était déjà pas mal !

Attendant encore un peu que mon corps ne séchât, je repensais à l'homme qui se trouvait derrière la porte. Était-il inquiet ? Il m'avait beaucoup aidé et je ne l'avais pas si bien traité dans mon précédent état. Il aurait pu me laisser pourrir dans mon vomi, mais non, il fallait que je lui sois plus reconnaissante. Certes, je l'avais tiré d'un mauvais pas mais ce n'était pas pour autant que je devais tant le dédaigner. Bon, une fois que j'ouvrirai la porte, je ferais des efforts ! me disais-je. Enfin, d'abord fallait-il que je me rhabille. Je pris donc encore le temps de tout remettre en place, sauf mes armes que j'oubliais non volontairement sur l'étagère. J'entendais alors de l'autre côté un bruit lourd. J'ouvris la porte et vis Hendrick. Mes cheveux collaient encore assez à mon visage et dans mon dos mais j'avais l'air plus propre c'était certain. En tout cas, cela me rassurait. Mon regard avait aussi changé, il était moins figé moins vide qu'auparavant. Il n'était pas pétillant de vie mais je commençais à cuver.

Je me dirigeai, en chancelant un peu, vers le lit sur lequel je m'assis. Je croisai mes jambes et plaçai mes mains sur mes cuisses après avoir dégagé d'un revers de la main une mèche collée. Je regardai le nordique dans les yeux, je voulais savoir ce qu'il pensait de moi alors je figeais mon regard dans le sien. Cependant, les effets de la boisson n'étaient encore que trop présents et mon envie se manifesta oralement... Horreur.


Dis moi, que penses-tu de moi?

Alors là, j'étais morte, enterrée. A peine avais-je formulé ma phrase que je mourrais de honte. Ce n'était quand même pas moi qui venait d'énoncer cette absurdité ? Oh non, dans quel pétrin m'étais-je encore fourrée ! Trop embarrassée par la tournure que prenaient les événements, je fuyais le regard de Hendrick. Avec cet alcool dans mes veines et ma déchéance, je me sentais faible pour la première fois devant un homme depuis bien longtemps. J'essayai de me reprendre vite, je ne voulais même pas entendre sa réponse et surtout ne pas le laisser en formuler une, c'était trop... humiliant. Je prenais alors une voix assez douce et engageante, je le lui devais bien.

Oublie ce que tu viens d'entendre, tu veux bien ? Tu peux venir t'asseoir près de moi si tu le souhaites. Excuse moi pour tout à l'heure, je t'ai quelque peu claqué la porte au nez, je pense que je n'aurais pas dû, je ne pensais qu'à prendre un bain.

De ma main gauche, je tapotais légèrement le lit lui faisant signe qu'il pouvait s'asseoir près de moi s'il le désirait. Je ne dis plus mot pendant quelques instants, ma tête me faisait encore souffrir et mon visage se crispait encore par moment sous cet effet. J'avais presque peur de reparler. C'était étrange, moi Zarina craignait un homme assis à mon côté ? Je ne me reconnaissais plus moi-même. Était-ce par la honte que je m'étais infligée et dont il était le témoin ? Je n'étais pas à mon aise, le regard tantôt vers Hendrick, tantôt baissé.


Dernière édition par Zarina le Jeu 17 Sep 2015 - 14:12, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ceci n'est pas un endroit pour une princesse! [PV: Zarina]   Ceci n'est pas un endroit pour une princesse! [PV: Zarina] I_icon_minitimeSam 29 Aoû 2015 - 22:42

Dès que la porte s’ouvrit et qu’il darda son regard sur Zarina, il put voir qu’elle avait pris un bain. Ce n’était pas tant à l’odeur, même si elle était partie elle aussi, mais plutôt grâce à ses cheveux mouillés, collés par mèches sur son visage. Elle avait retiré son attirail guerrier, n’ayant remis que ses vêtements après qu’elle se soit lavée. Même si elle était mouillée et encore un peu chancelante, elle paraissait comme neuve. Sauf au niveau des yeux, toujours dilatés par sa consommation de… de quoi en fait ? Hendrick n’en savait rien. A croire qu’il y avait bien autre chose dans l’eau-de-vie du tavernier. Ça ferait de lui un salaud, doublé d’un ingrat. Qui rendait non seulement ses clientes malades, mais les laissaient aux bons soins des clients assez sympas pour pas les laisser tomber ou profiter de la situation. En un sens, Zarina avait sûrement pas mal de chance d’être tombée sur un type comme lui. Et ç’aurait pu être gratifiant, si le principal intéressé en avait eu quelque chose à faire.

La demoiselle tentait de s’en remettre, et vint s’asseoir sur le lit. Elle louvoyait moins qu’avant, et semblait plus lucide. Une situation plus sympathique pour Hendrick, qui n’avait plus l’impression d’avoir affaire à un compagnon de beuverie qui serait allé trop loin. Elle le regardait dans les yeux. Ils étaient plutôt déroutants, verts comme l’émeraude brute, parfaitement incrustés avec cette tignasse rousse. Même si le rouge s’était assombri du fait que les cheveux étaient mouillés. La mince cicatrice sur son œil ne lui déformait pas du tout le visage, et le rendait même plus vivant. Plus vrai. Du moins, c’était l’avis d’Hendrick. Il n’était pas tombé sur n’importe quelle mégère villageoise. Devant lui, il avait la gamme supérieure, celle qu’il voyait plutôt aux balcons des châteaux et des palais. Il fallait l’avouer, sa position précaire une heure auparavant avait un peu cassé le mythe. Mais qui était-il pour juger, lui qui s’était déjà mis dans cet état de nombreuses fois ?

Elle cultivait apparemment l’art de la surprise, car sa question était plutôt inattendue. Hendrick la regarda en arquant un sourcil, étonné. Sûrement un effet de l’alcool. Tout de même, sa question était amusante. Comment il la trouvait ? Son humour aurait pu lui faire répondre n’importe quoi. Elle n’avait pas besoin qu’on lui dise qu’elle était belle, sûrement le savait-elle déjà. Il vit à la tête qu’elle fit que sa propre question l’avait elle-même dérangée. Elle coupa vite court à toute réponse qui aurait pu sortir, et préféra enchaîner sur des excuses. Elle tapota à côté d’elle avec sa main, faisant signe à l’archer de venir s’asseoir. Jusque-là accoudé au mur, le Sgardien se décida à parcourir les trois pas qui les séparaient, afin de s’asseoir sur le lit.

« T’en fais pas. On a tous connu ça, et on a tous fait pareil un jour. Tu commences à y voir plus clair ? »

Il la regarda d’un peu plus près, pour voir qu’elle tremblotait légèrement. Il percuta plutôt vite. Une chance que cette taverne ait de quoi prendre un bain, mais il ne fallait pas demander des poires au pommier. Elle était sûrement frigorifiée du fait qu’elle ait dû se plonger dans une bassine d’eau glaciale. Pour rien arranger, elle avait l’air plutôt abattue quand il la regardait. Ses yeux faisaient l’aller-retour entre lui et le plancher, comme si elle était gênée qu’il ait pu la voir dans une telle position.

« Allez, mets quelque chose de plus chaud, tu donnerais froid à un Wandrais… »

Il se pencha vers l’arrière pour aller chercher l’édredon du lit. Le ramenant vers lui, il le mit autour des épaules de Zarina.

« Frictionne bien, sinon ça sert à rien. »


Joignant ses mains devant lui, il regarda un instant droit vers la porte, puis son regard se tourna invariablement vers la jeune femme.

« Tu sais c’que l’tavernier a mis dans ton verre ? »

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MessageSujet: Re: Ceci n'est pas un endroit pour une princesse! [PV: Zarina]   Ceci n'est pas un endroit pour une princesse! [PV: Zarina] I_icon_minitimeLun 31 Aoû 2015 - 15:48



Sang et Poison









Sacrée journée et je ne savais même pas combien de temps s'était passé depuis que j'étais arrivée dans ce taudis. Bilan ? Je me trouvais assise aux côtés d'un homme avec qui je n'arrivais même pas à dialoguer trop préoccupée par la vision qu'il devait avoir de moi. Ces démons là me hantaient. Je m'étais jurée en quittant Ys de ne plus me laisser faire et cette fois-ci, tout aurait pu mal tourner. Une rage commençait à poindre en moi mais je tremblais, non seulement par honte mais aussi par ce froid qui ne m'avait pas encore quittée avec ce bain glacial. Je devais être frigorifiée et Hendrick s'en était aperçu. Décidément, il devait presque pensé que j'aimais qu'on prenne soin de moi comme ça. Je voulais le supplier de croire que j'étais plus forte que ça, que j'étais la chef d'une importante troupe mais ça n'aurait fait que renforcer la faiblesse dans laquelle je me trouvais déjà. Il m'avait déjà demandé si je commençais à me sentir mieux mais je n'avais pas répondu, je n'osais pas. C'était presque étrange, je me sentais petite fille, comme si j'avais laissé Zarina derrière moi un instant pour laisser Sheera revenir à elle-même.

Je me perdais dans un flot constant d'incompréhensions de moi-même. Qu'est ce que je faisais donc ? Je me laissais trop abattre et je n'avais pas la volonté d'y remédier. Je restais là figer le sol ou à jeter quelques regards presque timides au nordique. Il essayait de me rassurer mais je n'étais pas comme les autres femmes qu'on devait sans cesse cajoler et mettre en confiance. Après avoir formulé ouvertement que je devais avoir froid, il ramena sur mes épaules la chaude couette, réconfortante. Hendrick était plein d'attention pour moi. Je fis comme il me dit pour bannir enfin le froid de mon corps, la chose était ardue, il avait son emprise sur moi depuis un bon moment déjà. Qu'est-ce que je peinais à me réchauffer ! Je souriais un instant au barbu, comme un tribu de ses marques d'affection. Gardant alors mon visage tourné vers le sien, je l'observais encore. Il était songeur, il n'y avait pas de doute à cela. Inquiet pour moi ? Je ne l'espérais pas. Je sentais encore une brume perceptible m'empêchant de penser, l'alcool ne me quittait pas et pour cause, je ne combattais même plus. Je me contentais seulement de rester assise aux côtés de Hendrick, quelle volonté de fer...

Si le Nordique voulait me rendre ma verve habituelle par ses paroles, il avait bien réussi son coup. Toute la rage que je commençais à ressentir tantôt s'exprima en moi en une bouffée de chaleur extrême. Les frissons allaient en diminuant et mes pensées s'éclaircirent enfin. Bien sûr, le tavernier ! C'était lui la cause de mon mal être, oh, je me le jurais, il paierait ! Mon envie de vengeance surpassa toutes mes faiblesses. J'étais bloquée sur une pensée: ici, dans cette taverne miteuse, on m'avait prise pour cible en tant que femme faible pour se divertir... d'une façon ou d'une autre. Mes yeux pétillaient d'une lueur nouvelle alors que je portais toujours mon regard sur les mains jointes de l'homme barbu. Je sentais la vie me revenir petit à petit avec cette rage. Je ne me frictionnai plus, rejetant même l'édredon en arrière. Machinalement, je voulus accéder aux cimeterres dans mon dos. Idiote que j'étais, je les avais oublié dans la salle de bains. Je n'avais pas de temps à perdre, plus vite je récupérerais mes armes et plus vite j'obtiendrais des réponses. En un bond, je me relevais avec une agilité qu'aucun ne pouvait me prêter quelques instants plus tôt. Je devais des explications à Hendrick, c'était certain, mais je savais pertinemment que la flamme qui m'animait était communicative. Hochant doucement la tête tandis que je regardais la francisque de l'étranger, je m'expliquais d'un ton qui ne supportait aucune objection.


Nous allons lui demander nous même, je jure qu'il ne verra pas le soleil se coucher... 

Je me dirigeais ensuite vers la salle de bains, chancelant quelque peu, mais me tenant bien mieux qu'auparavant, ne nécessitant que peu d'appui. Je n'avais pas retrouvé toutes mes capacités néanmoins, j'étais prête à en découdre; et cette hargne là valait toutes les forces qui me manquaient. Je m'équipais prestement, alimentant ma rage par l'image de ce tavernier suppliant la douce délivrance d'une mort rapide. Je ne lui ferai pas ce cadeau et dussé-je me taper tout ceux d'en bas, je ne reculerai pas ! Je revins bientôt dans la chambre, armée, le poing gauche serré à l'extrême. Concernant Hendrick, je ne savais pas ce qu'il comptait faire, le regardant droit dans les yeux. Je montrai alors de ma main droite ouverte le lit et ses alentours.

Beaucoup de salopards sont morts ici avant même qu'ils n'obtiennent les prémices de leur fantasme. J'ai été naïve de penser revenir ici sans encombre... Idiote même.

Je fuyais un instant le regard de Hendrick. Il m'était difficile d'avouer une erreur à un étranger, et plus complexe encore de fixer l'homme qui m'avait vu déchoir. Je n'avais maintenant plus rien à faire de ce qu'il pouvait penser de moi, je me souciais bien plus de ce que les salops d'en dessous allaient craindre.

Je vous prie, Hendrick, d'oublier ce qui a pu se passer dans cet établissement, tout comme ce qui va bientôt se passer. J'ai voulu agir dans l'ombre trop longtemps dans ces contrées. Tout est pourri ici, c'est une purge intégral que je me dois d'effectuer et croyez-moi, je ressortirai par la grande porte.

Nous qui nous étions tutoyés auparavant, je reprenais une distance. Elle n'était pas due à une prise de congé, juste un moyen de reprendre à zéro. Dans ma voix, je semblais inviter le nordique à se joindre à moi, mais cela restait implicite. Je ne l'obligeais à rien. J'avais récupéré ma combativité et m'en allais la faire goûter. Ce soir, je servirai un nouveau liquide dans l'établissement, chaud et rouge. Du sang.


Dernière édition par Zarina le Jeu 17 Sep 2015 - 14:11, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ceci n'est pas un endroit pour une princesse! [PV: Zarina]   Ceci n'est pas un endroit pour une princesse! [PV: Zarina] I_icon_minitimeMar 1 Sep 2015 - 12:51

Les regards timides de Zarina avaient quelque chose d’enfantin, et aux yeux d’Hendrick, la femme à l’aspect autrefois forte, armée jusqu’aux dents et séduisant les hommes, s’était peu à peu changé en une jeune demoiselle fragile. Evidemment, ce n’était que l’alcool qui l’avait rendue ainsi, mais le Sgardien avait vu bien des gens montrer leur véritable nature une fois leur consommation bien entamée. Peut-être son attitude n’était-elle qu’une façade ? Se cachait-elle derrière un mur qu’elle s’était elle-même confectionnée ? En fait, ce n’était pas tellement à l’ordre du jour, car il n’aimait pas se mêler de ce qui ne le regardait pas. Cette jeune fille l’intriguait, mais il n’en ferait rien. Son sourire bienveillant illuminait à nouveau ses traits jusque-là gênés. Une belle femme, qui le regardait et s’attardait sur lui. Nul doute qu’en une autre occasion, Hendrick aurait souhaité la séduire.

Pourtant, lorsqu’il aborda le thème de la boisson suspecte, son humeur changea d’un seul coup. Ha, pour changer, là c’était presque le réveil du volcan. Ses traits se durcirent, laissant place à de la détermination et un semblant de rage. Elle se releva à toute vitesse, prête à en découdre. Il y avait quelques secondes encore, elle n’était qu’une petite femme en train de se sécher, regardant ses pieds. A présent, elle avait retrouvé sa verve de guerrière farouche. Un côté plus sulfureux. Hendrick se releva lorsqu’elle-même continuait de pester sur le tavernier. Elle semblait vouloir lui arracher sa virilité, et c’est tout ce qu’elle ferait si elle se sentait d’humeur clémente. Il en doutait cependant. Elle avait l’air bien remontée. D’un pas rapide, elle se dirigea vers la seconde salle, où elle avait laissé ses jouets aiguisés sur une étagère. Elle s’équipa rapidement, puis sortit pour revenir vers Hendrick. Une fois armée, elle passait pour bien plus intimidante.

Zarina expliqua dès lors à l’archer ce qu’elle faisait dans cette chambre avec les hommes qu’elle y emmenait. Il s’y était attendu, du moins, cela le surprit tout de même un peu. Savoir qu’il aurait pu faire partie des malheureux ayant fini leur vie ici n’était pas une pensée très agréable. En fait, le plus intéressant dans ce que venait de dire la guerrière, c’était le mobile du tavernier. Apparemment, ils se connaissaient depuis plus longtemps, et il comprenait que se débarrasser des cadavres abandonnés par une cliente n’était pas l’activité la plus sympathique. Mais il avait fait une erreur plus terrible encore, il s’était vengé. Or, vu la détermination de Zarina, se venger était peut-être la chose la plus stupide qu’il ait fait jusqu’alors. Il l’avait vue lorgner sur sa francisque. Elle voulait sûrement qu’il la rejoigne, c’était même certain.

Il s’avança vers elle, alors qu’elle tentait de mettre de la distance entre eux deux non pas en reculant, mais en le vouvoyant comme un étranger. Drôle de manières pour quelqu’un qu’il avait pourtant épaulé dans un moment plutôt gênant. Il arqua même un sourcil. Une fois bien devant Zarina, il la regarda droit dans les yeux.

« J’peux comprendre. Si l’tavernier s’est joué de toi, tu veux t’venger. Mais sois réaliste un instant. Tu te vois descendre dans la salle et tuer tout le monde ? Y a bien trop d’gens pour ça. Et la moitié méritent sûrement pas que tu les butes. Trouve plutôt un moyen de t’expliquer avec lui à l’arrière. Faut s’la jouer fine, sinon ça s’terminera très mal. »


Il n’avait jamais vouvoyé que les nobles et les seigneurs, et c’était pas demain la veille que ça changerait. De plus, il venait de s’engager auprès d’elle comme une aide plutôt que de refuser de l’assister. Il n’allait pas la laisser affronter tout une bande de mécréants dans une taverne toute seule, et il ne voulait pas se battre. En fait, il en avait marre de se bagarrer en ce moment, et ce depuis qu’il avait quitté Oësgard. Aussi, il proposait de rester discret, et d’affronter le tenancier plus intelligemment. A l’arrière. Là où personne ne viendrait l’aider, ou ne pourrait l’entendre crier.
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MessageSujet: Re: Ceci n'est pas un endroit pour une princesse! [PV: Zarina]   Ceci n'est pas un endroit pour une princesse! [PV: Zarina] I_icon_minitimeMar 15 Sep 2015 - 18:12



Simuler un viol









Autrefois, je voyais toujours Ammal comme un être passif, qui ne demandait qu'à pouvoir faire tourner son entreprise. Il m'attirait presque une sympathie non feinte et je l'avais écouté de nombreuses fois râler sur ses difficultés à joindre les deux bouts. J'ai été juste avec lui, le privant des pires fumiers qui peuplaient son établissement. Je m'étais donnée du mal, allant jusqu'à accepter une réputation infâme et à cacher du mieux que je le pouvais tous ces assassinats. Si sa pitoyable cahute n'avait jamais été rongé par les flammes, c'était grâce à moi. Sale ingrat, je te ferai regretter ton acte désespéré. Hendrick s'avança alors vers moi et j'espérais ne pas avoir à l'empêcher de s'approcher davantage. Heureusement, je n'eus pas à me donner cette peine, le Nordique se contenta simplement de me formuler ses pensées en figeant son regard dans le mien. Je m'y perdis un instant, quelques secondes tout au plus car ses paroles avaient aussi un intérêt plus que certain. Il avait anéanti mes efforts de prise de distance, par son attitude et son tutoiement. Plus important encore pour moi, il semblait se soucier de la vie des soiffards, du moins ce fut ce que je perçus sur le moment. Hendrick me conseillait donc de diriger ma haine et ma vengeance sur une unique cible et d'éviter les dégâts collatéraux. Voulait-il m'éviter des dangers ou était-il soucieux de la vie d'un chacun ?

Je commençais à percevoir cet homme avec une pointe d'admiration, sentant bien que quelque chose évoluait en moi vis-à-vis de lui. Hendrick n'était clairement pas d'Ithri'Vaan, aucun natif n'aurait songer aux "innocents". Ça avait un petit côté touchant qui m'attendrit un moment. Dans ma lutte perpétuelle pour le bas peuple, je ne rencontrais qu'en de très rares occasions des personnes capables d'un minimum de compassion. Le Nordique m'avait fait démonstration de la sienne plusieurs fois et je n'avais rien fait pour l'en remercier. J'étais dure et sévère mais pas ingrate, je devrais réparer ceci mais avant, Ammal !
Plaçant mes mains sur mes hanches, après avoir chassé de ma vue une mèche rebelle, je voulais faire à haute voix l'inventaire de toutes nos possibilités. Je m'étais profondément calmée depuis l'escalade de la haine qui avait lieu plus tôt. J'étais alors résolue, d'un sérieux implacable, mon regard s'attardant tantôt sur le visage d'Hendrick tantôt vers la porte non loin. J'étais en pleine réflexion.


Je ne veux pas que ça se termine mal pour tous les autres. Vous... Tu as raison. Le seul qui doit payer pour tout ceci, c'est le tavernier, Ammal. Ce que je crains, ce sont ses contacts ou ses alliés. Je ne doute pas qu'il doit tremper dans la pègre et moi qui m'attardais à en faire taire d'autres, je ne pensais jamais à ôter la vie du tavernier. S'il y avait tant de salopards ici, c'est qu'ils avaient forcément un contact et le plus évident, c'est lui. J'ai été bête de lui accorder un minimum de confiance. Sans toi, Hendrick...

J'avais moi-même du mal à évoquer ce qui aurait pu se passer si j'étais tombée sur un autre homme. Il m'aurait fait passer un sale quart d'heure, me maudissant pour tous les compagnons que je lui retirai... Sans parler de ma vertu violée. De manière évidente, avec cet arrêt et ce regard troublé que j'affichais, je témoignais à mon interlocuteur le mal être m'envahissant lorsque je songeais aux possibilités qui aurait pu s'offrir à mon bourreau. Très vite, je me repris, ma voix prit un ton plus terne mais plus posé. Je fis quelques pas vers le lit puis revint à ma position initiale, passant une main dans mes cheveux. Non, ce n'était guère une manœuvre visant à désarçonner mais plutôt une manière d'évacuer un stress qui commençait à m'envahir. Des idées me venaient, et étrangement, j'avais l'impression que les communiquer à Hendrick me servirait peut-être à faire le point.

Nos options ? La première est celle que tu me défends ou plutôt celle que tu désapprouves, c'est-à-dire descendre le poing armé et faire comprendre à l'aubergiste que sa dernière heure est arrivée, en misant sur le fait que peu oseront le défendre. C'est assez hasardeux en fin de compte. Je veux bien que nous l'attirions dans l'arrière-boutique mais j'imagine mal comment on pourrait faire ça. Si Ammal est réellement le contact, le chef de tous ces vauriens, il ne sera pas dupe et refusera qu'on l'accompagne derrière. Imaginons que j'aille lui demander cette faveur, il sera terrifié et bien plus dangereux en sachant que je m'en suis sortie. Ammal saura bien que si je m'en sors, mon seul but sera de lui faire la peau, il ne me sait pas idiote. Si je descends, ce sera la marave quoiqu'il en soit. Il n'a pas prévu que je m'en sorte, il faut peut-être jouer là-dessus.

Quand j'eus fini d'exposer mon point de vue au Nordique, j'eus un petit rictus de gêne. J'avais déjà trouvé un plan, quasi infaillible mais le rôle de Hendrick était primordial. Cependant, mon idée avait quelque chose d'assez particulier et je n'étais pas sûre d'être suffisamment à l'aise pour en parler ainsi à un quasi inconnu. En fait, même le suggérer à un de mes lieutenants aurait été assez pénible, mais là... Tout ce qui m'animait s'effaça peu à peu et mes joues rosirent malgré mes efforts de dissimulation. Oh oui, mon plan comportait un passage pour le moins érotique... Adossée contre le mur, le regard bas, joignant mes mains, je cherchais une autre alternative, mais rien ne me venait, pas même l'ombre d'une sortie possible. Bien sûr, je pouvais fuir à la hâte et ne pas m'occuper d'Ammal mais mon désir de vengeance était plus fort. Si l'on voulait que le plan ait de très fortes chances d'opérer, il fallait que j'emploie de quelque manière que ce soit ma... féminité. Vu que c'était elle qui était ciblée aussi, il fallait bien que je me serve de cela pour m'en sortir. Je soupirai.

Prenant alors enfin mon courage entre deux mains et espérant que les couleurs sur mon visage se soient estompées, je croisai à nouveau le regard d'Hendrick. Après ce que j'allais lui dire, nul doute que je resterais à tout jamais à ses yeux la "Salope des Faubourgs"... Tant pis. Mes prochaines paroles furent murmurées plus bas, comme pour éviter que l'on m'entende.


J'ai un plan assez... particulier mais nous n'avons pas d'autres choix si nous voulons éviter que le meurtre ne devienne une épidémie ici. Nous allons faire croire au tavernier que sa drogue, son poison a fait effet et que je me trouve toujours sur ce lit. Là, nous simulerons le fait qu'un viol ait eu lieu. Toi, Hendrick, une fois que tu aurais abusé de... de moi, tu descendras prévenir Ammal que tu t'es chargé de moi et qu'il n'a plus qu'à monter terminer le travail. Il est possible qu'il te croit sur parole mais si ce n'est pas le cas, je te confierai mes vêtements, comme "trophée". Moi, je me glisserai dans le lit avec une dague simplement, et je ferai l'assoupie. Quand il sera à portée, je le ferai taire à tout jamais. On a pas le choix Hendrick, alors soit c'est ça, soit c'est le combat armé... Je t'écoute.

Peu de choses dans mon existence furent aussi pénibles que d'avertir Hendrick de mon plan loufoque. Je devais passer pour une folle, mais j'espérais que mon être qui transpirait de gêne saurait le convaincre que je n'avais aucun fantasme caché ou je ne savais quoi ! J'avais encore plus peur qu'il ne s'effraie lorsque je lui parlais de lui confier mes vêtements. Il fallait que je précise, histoire qu'il ne s'imaginât pas que j'allais me déshabiller devant lui, ah non jamais... Cet homme avait quelque chose de vertueux et je le plaçais dans une situation terriblement délicate. Avant qu'il ne réponde, j'espérais que certaines précisions l'aiguilleraient davantage. Plus timidement qu'auparavant, je m'avançai de quelques pas pour que ma faible voix l'atteignît. Je chuchotais alors que je sentais une chaleur envahir mes joues. J'étais forte pour faire la maline et laisser imaginer les hommes mais une fois qu'il fallait réellement le faire, j'étais alors une jeune adolescente prostrée.

Oh et ne crois pas que je me déshabillerai devant toi.. Enfin, je veux dire que j'irai me dévêtir dans la salle à côté en emportant le drap du lit. Je m'en draperai et te donnerai mes affaires, c'est pas plus compliqué que ça d'accord ? Ne crois pas autre chose, Hendrick, hein ?

Et plus ça allait, plus je m'embourbai dans mes explications. A la fin, je devais être une vraie tomate. Rah ! Je n'étais pas habituée à m'expliquer sur ma nudité ou sur des actes d'amour... Ah non, définitivement pas ! Mon plan semblait bon et pourtant, mon anxiété était extrême. Si ça se passait un brin mal, quelqu'un découvrirait un corps que je ne souhaitais montrer à personne. Mon visage était coloré, je supposais, mes mains un brin tremblantes et mon regard fuyant. J'étais redevenue la femme fragile de tantôt et pour cause, j'allais mettre en scène ma peur la plus viscérale ! A partir de ce moment là, j'attendais simplement la réaction de Hendrick, la craignant d'autant.

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MessageSujet: Re: Ceci n'est pas un endroit pour une princesse! [PV: Zarina]   Ceci n'est pas un endroit pour une princesse! [PV: Zarina] I_icon_minitimeJeu 17 Sep 2015 - 21:41

Elle semblait hésiter. Apparemment, Hendrick s’était montré plutôt persuasif quant au sort qui les attendait en cas de bain de sang. Les images de Courboeuf lui restaient encore en tête, mais ça, c’était une autre histoire. Il était satisfait que Zarina puisse réfléchir plus posément à la situation. Ça leur éviterait sûrement quelques déboires, et il ne voulait surtout pas se mettre dans le pétrin alors qu’il n’avait rien à y faire. Tout ce qu’il avait fait, c’était aider. Il aurait pu s’en foutre éperdument aussi, mais aujourd’hui, il avait décidé d’aider. Elle avait un assez joli minois pour qu’il ne regrette pas sa décision. C’était toujours un plaisir d’aider une belle demoiselle, malgré les problèmes qui pouvaient s’ensuivre. La jeune femme réfléchissait à voix haute, et se mit à parler de cet Ammal, de pègre, de salopards… Et elle termina par une sorte de remerciement à moitié caché, et à moitié étranglé. Peut-être parce qu’il n’avait pas décidé de profiter de son corps ?

Elle finit par vite se reprendre, et exposa ses suggestions oralement. Descendre faire un carnage en bas de l’escalier pour ensuite massacrer le tavernier, attirer ce dernier dans l’arrière-boutique pour le tuer sans éveiller les soupçons, … Maigres choix en réalité. Quoi qu’il se passe, il y aurait de l’action. De quoi rendre Hendrick un peu plus cynique encore. Où qu’il aille, après tout, c’était toujours le même combat. La même tarte dans la gueule, la même main dans la tronche. Pour lui ou pour les autres. C’est alors que Zarina se mit à rougir. Apparemment, elle réfléchissait à un autre plan, mais le fait que ses joues prennent de la couleur avait éveillé la curiosité du Sgardien. A quoi pouvait-elle bien penser ? Elle regarda Hendrick dans les yeux, puis lui exposa sa nouvelle idée…

C’était quoi ce plan ? L’archer écarquilla les yeux, étonné par ce que lui décrivait, non sans peine, la guerrière devant lui. Elle lui proposait directement une solution plutôt osée… Enfin, pas ‘plutôt osée’ non, carrément inattendue ! Faire croire à un viol pour piéger le tavernier ? Rentrer dans le jeu d’Ammal pour mieux lui faire manger ses savates ? Hendrick eut soudain un peu plus chaud, conscient que ce plan était plutôt hasardeux et pas des plus banals. Ce n’était pas le genre de chose qu’on demandait à n’importe qui. Ce n’était pas une idée pour le mettre à l’aise, et il se gratta machinalement la nuque, appuyant son autre main contre le mur. Le regard perdu entre deux planches au sol, il faisait carburer ses méninges. Pas d’autre solution ? Pas d’autre façon de s’y prendre ? A mesure qu’il y réfléchissait, il regardait en direction de Zarina, et pouvait voir la gêne qui l’animait. Pour sûr que ce n’était pas facile pour elle non plus…

Il voulait dire non. Il voulait rire un bon coup et balayer cette folie d’un revers de la main. Mais en fin de compte, le plan n’était pas dénué de sens. Hendrick lâcha un petit rire nerveux, passant une main dans ses cheveux. Lorsque celle-ci arriva à la nuque, il tourna la tête vers l’instigatrice de toute cette ruse. Il se racla la gorge.

« Je… C’est pas tellement un plan qu’on entend tous les jours ça… »

Il reprit une position convenable, se tournant pleinement devant Zarina.

« Mais… J’accepte de t’aider sur ce coup-là… J’vois pas comment faire d’autre en fait… »

Il rigola encore un peu lorsqu’elle lui chuchota ses dernières phrases.

« Le contraire m’aurait étonné, Zarina ! Enfin, t’as rien à craindre, j’respecte ça. »


Il s’éclaircit à nouveau la voix, toujours un peu mal à l’aise. C’était sûrement la première fois qu’on lui demandait une chose pareille… Mais il y avait un début à tout. Zarina prit le drap avec elle pour se changer dans l’autre pièce. Il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour se dénuder et enfin sortir de la pièce, une main tenant ses affaires, une autre tenant l’édredon qui cachait aux yeux du Nordique le corps sûrement affriolant de la demoiselle. Au fond de lui, Hendrick restait un homme, et l’envie d’en voir plus avait fait plus que lui effleurer l’esprit. Pourtant, il n’en fit rien. Lorgnant pourtant quelque peu sur le drap, il se saisit des vêtements, puis fit volte-face.

« Je… J’y vais ! »


En bas, quelqu’un allait bientôt passer un sale quart-d’heure…
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