[Etat-major]Les Ennemis de mes Ennemis sont mes Alliés [terminé]

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4e ennéade de Barkios,
8e année du 11e cycle

Le conseil des elfes était terminé. Il s'en était fallu de peu pour que les différentes race représentées ne se sautent littéralement à la gorge. Malgré tout, une alliance entre Noss et Cités semblait être sur une bonne voie. Cependant, celle proposée par les humains était bien plus difficile. Et cela était compréhensible compte tenu de la haine séculaire qui liait les deux peuples, tout juste moindre que celle qui opposait les elfes de leurs cousins sombres. Mais cette fois-ci les choses étaient bien différentes : les Hommes, au contraire des conflits passés, n'étaient pas venus pour détruire Anaëh ou ses habitants, mais bien pour les aider à vaincre un ennemi commun ! Ne dit-on pas "les ennemis de mes ennemis sont mes amis" ? Dans ce cas, une alliance provisoire _ ou non _ ne serait-elle pas profitable ? Malheureusement pendant ce conseil, le respect que chacun aurait dû _ au moins par politesse plus que par réelle déférence _ adresser à la représentante des humains, avait été bafoué. Glinaina était venue avec bonne volonté, ne réclamant rien en échange de son aide et proposant des idées brillantes pour faire avancer les choses mais elle s'étaient fait recevoir avec on ne peut plus d'ingratitude.

Ëninríl pensait à tout cela lorsqu'il sortit de la tente de l'Etat-major. Il zigzagua entre les habitations de toiles des guerriers. Ce paysage de montagnes de tissus et de terre battue était un peu désolant : le druide se rendait bien compte que, si les soldats était ici entassés en masse dans cette clairière, il doutait qu'à eux seuls ils seraient assez pour repousser les Ost drows cachés derrières les murailles de pierre d'Eraison, Yutar et Ellyrion. Voila pourquoi une aide de n’importe quel bord n'était pas de refus : à l'heure d'aujourd'hui, les Ornedhels et les Taledhels civils n'étaient pas assez nombreux pour compléter les rangs de l'armée royale. D'autant plus qu'ils n'étaient pas pour la majorité des combattants entrainés...

Le jeune Il'Dolwen déboucha sur un groupement de tente de forme et de couleur différente que celles des guerriers elfes. Il ne mit pas longtemps pour deviner qu'il s'agissait de celles de la délégation humaine. Sur un coup de tête sans doute, il s'approcha des deux soldats gardant l'entrée de la plus grande tente, sans doute celle de la reine. Il s'annonça à ceux-ci de la même manière que celle qu'il l'avait faites ces derniers jours : en tant que Ëninríl Il'Dolwen, druide d'Anaëh. Les deux sentinelles se concertèrent du regard puis l'un d'entre eux hocha la tête et disparut derrière les deux pans de toiles. Il laissa patienté l'Ornedhel puis revint, déclarant que Glinaina Hereon, reine de Naelis, allait le recevoir.

Suite au conseil militaire, je n'avais pas tardé à quitter la tente, sans pour autant montrer mon "empressement" à sortir de là. Cela faisait déjà pas mal de temps que j'essayais de calmer ma partie sombre qui avait grand mal à se remettre de la présence du Gardien Voronwë... et de ce qu'il devait "garder". J'avais hâte d'être seule dans un endroit calme pour régler mon soucis intérieur, de ne plus avoir à rester connectée à la réalité extérieure le temps de discuter avec Ust'kor. Je ne savais pas ce qu'il pourrait se passer, aussi préférais-je être tranquille au moins ce temps-là. Et qui sait, peut-être qu'il vaudrait mieux qu'Ust'kor prenne le contrôle, et dans ce cas il valait mieux que personne ne soit autour - j'étais loin de pouvoir réellement lui faire confiance encore.

Accompagnée des deux chevaliers qui m'avaient escortée jusqu'au campement elfe quelques temps plus tôt, je retrouvais avec bonheur ma tente après avoir annoncé que je désirais "réfléchir" avant de faire un quelconque débriefing. Désormais seule, je me permis de prendre mes aises : j'enlevais ma cape, retroussais les manches de ma tunique, enlevais la couronne de ma tête, la posa sur la petite table et m'assis sur la chaise qui se trouvait à côté de façon à me sentir le mieux possible. Le coude posé sur la table, ma tête calée dans la main de ce même bras, je fermais les yeux pour laisser mon âme rejoindre celle d'Ust'kor, quelque part dans l'abîme de mon être.

Au bout d'un temps que je trouvais trop court, le bruit du lourd tissu spécifique aux tentes me fit revenir à la réalité, pour voir apparaître un chevalier par l’entrebâillement. Il m'annonça qu'un certain Ëninríl Il'Dolwen, druide d'Anaëh, désirait s'entretenir avec moi. J'eus une mine étonnée, ne m'attendant pas à ce que le druide présent au conseil vienne me rencontrer. Je lui répondis donc d'attendre deux minutes, que je le recevrai. Le chevalier sortit ; je réglais un dernier détail en moi-même - Ust'kor étant toujours potentiellement dangereux pour moi-même dans son état actuel -, remis mes manches jusqu'aux poignets de sorte à cacher mes marques et me leva.

"Ëninríl Il'Dolwen... entrez, je vous en prie.

Je laissais tomber le pan de la tente derrière le druide puis lui montrais l'une des deux seules chaises présentes ici. Il put remarquer qu'il n'y avait pas énormément de choses à l'intérieur, du moins beaucoup moins que ce à quoi on aurait pu s'attendre d'une reine. La couronne trônait toujours sur la table, accompagnée d'un pichet d'eau et de quelques verres vides. Je n'étais pas très alcool et avec ma grossesse j'avais pris l'habitude de ne pratiquement plus en boire. M'asseyant à la suite d'Ëninril, dans l'autre siège, je lui demandais dans la douce langue des Elfes :

-Je ne m'attendais pas à votre visite, druide Il'Dolwen... surtout après le conseil. Qu'est-ce qui vous a fait venir jusqu'au campement des humains ?"

J'eus un petit sourire, à la fois pour le mettre à l'aise à la fois pour lui faire comprendre qu'il n'y avait rien de négatif dans ce que j'énonçais. Les faits étaient là et enrober les choses ne servaient strictement à rien. D'un geste discret je lui demandais s'il voulait boire, tout en l'écoutant.

Ëninríl entra dans tente avec le bruissement de tissus du pan de toile qui s'écartait et les pietinements du sol du garde qui s'effaçait derrière lui. Certainement qu'il resterait à quelques pas pour pouvoir intervenir dans le cas où le druide viendrai avec de mauvaises intention, mais le druide ne prit pas la peine de s'en assurer, ni même de s'en interessé. Son attention était fixée sur la reine des humains qui se tenait assise devant lui.

"_ Ëninríl Il'Dolwen... entrez, je vous en prie"

Il s’avança dans la tente, suffisamment pour détailler le visage de l'elfe de Naelis. Son visage doux et la beauté singulière des femmes elfes marquaient principalement sa face, bien que l'on put y distinguer des premiers signes de fatigue. Ses traits de jeune adulte elfes étaient encadrés par une chevelure blonde. Ses prunelles bleues illuminaient son visages, prunelles dans lesquelles le druide plongea lui-même ses yeux vairons, comme il en avait l'habitude. Sur le bureau derrière lequel était debout Glinaina se trouvait un pichet d'eau et la couronne de ladite reine. Le druide s'asseya sur un siège, et la reine fit de même de son côté.

"_ Im veren o govaded vîn, bereth Glinaina
_ Je ne m'attendais pas à votre visite, druide Il'Dolwen... surtout après le conseil. Qu'est-ce qui vous a fait venir jusqu'au campement des humains ?
_ Mes pas m'ont mené jusqu'ici, et j'aime à croire que c'est Kÿria qui a inspiré mes jambes. Tout d'abord, je tiens à m'excuser sur le comportement des autres elfes de l'armée royale. Je n'ai ni autorité sur eux, ni eux sur moi mais cela me parait essentiel de marquer mon désaccord avec eux. Comme je l'ai dit pendant le conseil, mon point de vue vis-à-vis des humains est neutre : une haine séculaire oppose nos deux peuples, nous avons des torts de chaque côté, mais je m'obstine à croire que vous ne venez pas, cete fois-ci, pour bruler nos arbres et détruire notre forêt. Ainsi, je soutient qu'une alliance a sa place ici."

D'un geste, Glinaina lui fit comprendre qu'elle lui proposai de l'eau. Ëninríl accepta, mais but maladroitement : il ne s'était jamais désaltéré dans ces pots de verre. Alors, pour faire oublier sa maladresse, il continua :

"_ Votre discernement sur la question des Noss dans la guerre pendant le conseil m'a plut, Dame Hereon. CE que vous avez proposé était loin d'être dénué d'esprit, mais, à l’évidence, l'armée royale n'en a pas tenu compte. Aussi, je vous demanderai de quelle nature serait votre aide si nous l'acceptions ? Des hommes pour se battre ? Des ressources pour se ravitailler ?"

Glinaina était allé droit au but, alors Ëninríl irait lui aussi sans détour. Il était évident que si il voulait convaincre les officiers de l’intérêt d'une telle collaboration, il lui faudrait des chiffres réels.

Tout en servant de l'eau à mon invité surprise, je l'écoutais attentivement : ainsi il était venu me voir juste guidé par son instinct (ou par la Symphonie peut-être ?)... Je savais que nos pas nous menaient souvent à faire des rencontres fort étonnantes où bien à être au "bon endroit au bon moment", aussi ne pensais-je aucun mal de ses paroles. Je fis plutôt attention au reste de ses dires, qui n'étaient à mes yeux pas dénués de sens et entraient tout à fait dans la discussion du fameux conseil de tout à l'heure. Après lui avoir donné un verre, je m'assis en face de lui et le regardais dans les yeux. Qu'avait à apporter Naelis dans cette histoire ? Quel soutien pouvait-on proposer ? Bonne question.

"Avant de vous réponde permettez-moi de rebondir sur vos propos concernant le conseil de tout à l'heure. Tout d'abord, ne vous excusez pas à la place de personnes qui n'ont aucun lien avec vous : certes mon rang devrait me faire accepter toutes les excuses sur le sujet, mais que valent-elles si elles ne sont que purement de convenance ? Si je cause du tort à une personne, ce sera directement auprès d'elle que je viendrai m'excuser. Si j'ai un problème avec une personne, ce sera directement avec elle que je le règlerai. Si l'on ne règle pas les problèmes à leur source, comment les choses évolueront-elles ?

Je ressentis alors une sorte de crispation à l'intérieur de moi, ou plutôt un sentiment de haine que j'avais malheureusement trop fréquentée ces dernières années. En réponse une forme de stress naquit dans mon propre esprit à cause du fait que celui-ci connaissait très bien l'état de son "colocataire" ainsi que tous les dangers que cela pouvait provoquer. Cela ne m'empêcha pas d'adresser un petit sourire à Eninril pour lui faire comprendre que je ne lui en voulait pas pour ses excuses, même si je ne les avais pas officiellement acceptées. Je repris.

-Je suis contente que vous ne soyez neutre envers les Humains malgré le mal que cette race ait pu causer à l'Anaëh. Comme vous le dites nous ne sommes pas venus pour détruire, soyez d'ailleurs assuré qu'aucun de mes hommes ne fera de mal à la forêt ni aux Elfes. Vous serez même peut-être surpris de savoir que certains d'entre eux ne cherchent qu'à découvrir et comprendre ce qu'il n'ont jamais pu réellement approcher jusque là ! Enfin... quant à mes propos sur les Noss...

Je dû m'arrêter de parler subitement, interloquant certainement mon interlocuteur, mais la réaction que provoqua la simple notion de noss en moi me donna presque l'impression d'avoir pris un coup de dague horizontal, ce qui m'alerta des plus fortement. Fermant les yeux, je fus obligée de retourner dans cet intérieur où nos deux âmes pouvaient se rencontrer. Ce que j'y vis me fit regretter ce choix : Ust'kor se tenait devant moi, sans pour autant me regarder, une dague un peu ensanglantée à la main. Que faisait cette dague ici, depuis quand pouvait-on... ? Et ce sang ? Je me regardais et vis que j'étais blessée juste en-dessous de la poitrine, fort heureusement rien de grave. C'était la première fois que j'étais confrontée à cette situation... désormais, nous pouvions nous blesser de l'intérieur alors qu'avant que nous ayons une certaine communion c'était impossible. Je sentis ma tête se vider de son sang.

*Qu'est-ce que...
Pas de réponse.
-Tu sais bien que si l'un de nous deux meurt, qu'il en sera de même pour l'autre ?*

Les choses ensuite me semblèrent floues ; je me vis me déplacer lentement vers Ust'kor, jusqu'à prendre sa main dans laquelle il tenait l'arme, puis regarder ma main droite sur laquelle il y avait du sang de ma blessure... puis la réalité m'arracha à cet espace privé, à cet instant surnaturel. J'ouvris brusquement les yeux, me rendant compte que par habitude mes yeux s'étaient fermés et que ma tête s'était calée dans ma main. Comme si j'avais fait un malaise qui n'avait duré que quelques secondes - ce qui était le cas en un sens.

-Veu... veillez m'excuser, je ne sais pas ce qu'il s'est passé...

C'était vrai, je ne comprenais pas encore tout à fait ce qu'il venait de se passer. La douleur causée par Ust'kor était encore présente mais il ne me fut pas difficile de vérifier avec grande discrétion et rapidité qu'aucun sang n'avait coulé physiquement et que ma main n'en était pas entachée. Je bu un coup tout en faisant signe que ça allait et me mis en recherche de ce que j'étais en train de dire. Ah, oui, les noss... Pourquoi fallait-il que cela arrive là maintenant ? Je pensais pourtant avoir réussi à suffisamment le calmer...

-J'étais en train de vous dire que j'ai parlé sur un point de vue purement militaire, même si je reste persuadée que les vôtres puissent apporter beaucoup aux Elfes des Cités et inversement. L'une des choses que j'ai apprises chez les Humains est qu'il faut savoir changer et s'ouvrir aux nouvelles possibilités.

Cette fois-ci, aucun sourire ne parut sur mon visage, tant la gêne me prenait. La gêne et l'inquiétude, pour tout dire. Était-ce la magie présente en ce druide qui avait rouvert des blessures ? Peut-être bien... et il était hors de question qu'il connaisse mon problème. Je pris le temps de m'appuyer contre le dossier de la chaise, reprendre des forces et de la contenance comme après n'importe quel type de malaise. Le silence se fit et je comprenais ce fait, Eninril devant se demander quelle était sa place ou bien ce qu'il m'était arrivé. Enfin, je finis par me resservir un verre - en en reproposant au druide au passage - sans trembler. Une bonne chose...

-Pour en venir à votre question, maintenant... Vous n'avez besoin ni de vivres venant de l'extérieur ni d'hommes, du moins pour l'instant. Et de toute façon Naelis ne pourrait vous en fournir sur le court terme, sans compter le fait qu'il est risqué de parcourir en trop grand nombre l'Aduram. Ce que nous pouvons proposer, par contre, est un point où vous pouvez passer d'un côté à l'autre du front. Je ne suis pas sûre que les Drows s'attendent réellement à ce que vous passiez par une forêt dont vous ne supportez pas le cri, même pour espionner. Au moins sur ce plan-là nous pouvons vous aider. Puis il y a le fait que nous ayons plus à faire avec eux que vous : que savez-vous de vos ennemis ? Et que savent-ils de vous ?

Deux véritables questions, auxquelles le druide serait certainement bien en mal de répondre.

-Cela peut paraître peu de choses, j'en conviens, mais nous ne pouvons être dans une véritable alliance, pas encore : mon mari est parti protéger ses terres natales en Péninsule alors que les vôtres ne sont pas encore prêts à faire confiance à des Humains. Ou ils ne sont plus prêts à le faire."

Buvant plus doucement que tout à l'heure mon verre d'eau, j'attendais les remarques de mon interlocuteur, en espérant qu'il ne s'attarderait pas sur mon absence de tout à l'heure.

Les paroles de la Reine, bien que non dénuées de bon sens, décrochèrent un froncement de sourcils au druide : il attendait d'une personne à qui il présentait des excuses, au moins qu'elle les accepta, sinon qu'elle le remercie, puisque lui considérait n'avoir fait aucun tord. Des attitudes princières, sans doute. Toutefois, le sourire que l'elfe lui adressa le détendit un peu. Avant qu'elle ne reprenne, Ëninríl répondit tout de même :

"_ Vous avez-sans doute raison, Dame Hereon. Cependant, leur comportement n'était pas acceptable, et j'ai jugé nécessaire de vous faire part ma désapprobation..."

Durant la suite du discours, plus attendu au vu des points que la Reine de Naelis avait abordé pendant la réunion, le druide hocha pensivement la tête, montrant qu'il était convaincu de la véracité des propos de son interlocutrice. Malheureusement, la suite se révéla pleine de surprises. Alors que Glinaina prononçait le mot "Noss", elle fut prise comme d'un hoquet de douleur, qui l’arrêta subitement. Inconsciemment certainement, la reine posa sa main sur son ventre, comme un guerrier lorsqu'il découvre une flèche ennemie plongée dans ses entrailles. Ëninríl allait se lever pour l'aider, mais l'incident pris fin, et elle se rétablit non sans mal, alors qu'elle prononçait difficilement des excuses. Les sourcils du druide se levèrent une nouvelle fois, mais cette fois, interrogateurs. Mais voyant que Glinaina ne voulait pas s'étendre à ce sujet, il réprima un haussement d'épaule nonchalant et l'écouta.

"_ Le problème est justement que nous nous considérons mutuellement comme deux peuples à part. Je fais d'ailleurs souvent ce lapsus, malheureusement révélateur de nos positions actuelles... Nous devons tous nous considérer comme les fils et les filles de Kÿria. Mais les elfes ont un grand défaut, qui est aussi leur plus grande qualité et le plus beau cadeau divin : l'immortalité. Ainsi, les mentalités ne peuvent changer au gré des générations qui se succèdent."

D'un geste poli de la main, il déclina le verre d'eau qu'on lui proposait. Il irait se désaltérer, comme tout le monde, au lac, là où l'eau est encore fraîche, sortant du sein même de la Déesse, comme le racontait certaines légendes.

"_ Je conviens parfaitement que ne puissiez nous apporter beaucoup d'autre chose, et même si je ne connais pas l'état de la guerre en Péninsule, j'imagine qu'elle coûte à votre peuple. Cependant, si je veux vaincre les réticences des officiers de l'Armée Royale, il me faudrait bien plus de chiffres, de résultats. Toutefois, je retiens votre idée qui mérite d'être exploitée.

J'eus un petit sourire aux propos du druide, autant parce que j'étais d'accord sur certains points avec que parce qu'il n'avait pas répondu à mes questions. Etait-ce par oubli ou bien parce qu'il n'avait pas de réponses ? Cela resterait un mystère pour moi... je n'avais aucunement à lui demander le pourquoi du comment. Je me permis pourtant d'avoir un petit sourire amusé, même si je ne fis aucune remarque sur le sujet.

"Vous savez, quelle que soit la race, les idées ressues sont difficiles à changer, et ce malgré les générations qui passent. Mais les Humains vivent trop peu de temps pour que cela ne se ressente du point de vue des Elfes.

Je reposai la carafe d'eau et me rassis, écoutant ce qu'avait à me dire Ëninril. Ainsi il désirait des nombres... des nombres de quoi, exactement ? De que pourrait apporter Naelis en cas de combat commun ? Malheureusement la guerre dans laquelle partait Glenn ne me permettait pas de pouvoir avancer quoi que ce soit : je ne savais quelles étaient les forces exactes des Drows en Oësgard et l'armée pouvait revenir quasi entière comme dévastée. En plus avec toutes les tensions entre nobles du nord de la Péninsule, cela n'augurait rien de bien réjouissant.

- En effet la guerre coûte aux Humains, notamment à ceux qui la vivent directement... ce qui est en quelque sorte devenu notre cas, puisque nous avons pris parti dans cette guerre. Et à cause de ce contexte, je ne puis aucunement vous donner des chiffres quant à des hommes que je pourrais envoyer pour une bataille commune avec les vôtres. Ils pourraient rentrer tous vivants, ce qui permettrait de vraiment se tourner vers vous, ou au contraire ne pas revenir du tout. Et dans ce cas je serai obligée de garder tous les hommes et femmes qui savent se battre pour protéger Naelis. J'espère que vous comprenez pourquoi je ne désire pas m'aventurer plus avant quant à cette question de chiffres...

Mon sourire se fit désolé. Une reine incapable de donner des chiffres... certains trouveraient cela inconcevable, personnellement je préférai ne pas me lancer dans des doutes pour au final me tromper.

- Mais prenez le temps, druide. Se faire des alliés est bien, mais réduire à un bas point de longues aversions datant pour la plupart de bien longtemps est bien plus lent que ce que l'on voudrait parfois. Que l'Armée d'Ellyrion soit au courant qu'un lien se crée entre Ardamir et Naelis est une bonne chose, mais peut-être ne faudrait-il pas faire en sorte que ce lien soit solide avant de l'étendre à d'autres forces que certains considéreraient comme plus emblématiques ? J'ai parlé, j'ai vu les réactions. Tout ce que je peux dire est qu'il faut du temps, temps que nous n'avons malheureusement pas forcément."

Je profitai d'un court moment pour me retourner intérieurement vers Ust'kor, m'assurer qu'il ne recommencerait pas un coup comme il y a quelques secondes - du moins pas de suite -, juste le temps pour Ëninril de comprendre le sens de mes paroles.

"La haine trouble la vie ; l'amour la rend harmonieuse. La haine obscurcit la vie ; l'amour la rend lumineuse."
Proverbe du clergé du Kÿria

Glinaina avait raison, sans aucun doute. Mais comment expliquer cela à deux peuples, dont l'un est assez vieux pour se souvenir à jamais des tors que les deux peuples se sont fait entre eux. Ëninríl soupira.

"– Vos paroles sont sages, ma reine, et reflète malheureusement la réalité. Mais un tel combat vaux la peine d'être vécu, car il apportera une unité jamais vue dans Miradelphia."

Le druide se leva de sa chaise. Il ramassa son arc laissé à côté de la chaise et quitta la tente après avoir fait ses adieux à la reine. Il se dirigea vers la Fôret pour s'y abreuvé, puis, voyant que la journée allait vers la nuit, il s'assis sur un charme près du camp elfe et plongea dans sa méditation dans la Symphonie.

HRP:

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