Une visite empoisonnée

Le cavalier arriva à Langehack en fin de journée. L’homme était habillé de noir, mais le tissu était de qualité, le visage  caché par une capuche,  une épée était en évidence à ses cotés. Il s’agissait la d’éloigner d’éventuels voleurs, l’homme qu’il servait ne lui aurait pas pardonné de perdre l’or qu’il convoyait. Car l’homme avait une bourse bien remplit et cela l’inquiétais au plus haut point, même si elle était bien dissimulé sous une cape. Les gardes ne lui prêtèrent guère d’attention, l’homme n’était manifestement pas un homme à problème.  Maintenant dans la ville l’homme avança vers les quartiers commerçant de la ville. Il aimait cette ville, un peu moins peuplé qu'Ydril certes mais beaucoup plus propre et surtout plus cultivé. Mais Ydril avait pour elle un grand dynamisme, les marchands Ydrilotes étaient plus importants que ceux du langecins. Ces derniers n'étaient pas mauvais mais les sudistes avaient un don certains pour les métiers de l'argents   Il avait mémorisé l’adresse de la personne à contacter, on lui avait aussi donné un vague description, en effet dans le milieu des assassins, espions et autres métiers de l’ombre, les bons éléments étaient vite connus.  Le cavalier ne savait qu’une chose du physique de la personne, elle était rousse , il connaissait aussi son métier officiel , herboriste.  On avait donné une mission précise à ce cavalier, contacter un assassin qui c’était fait une petite réputation dans le langecin.

L’homme entra dans le quartier de l’herboriste, malgré la fin de journée et la fermeture de nombreuse boutiques, le quartier était encore très animé. L’air iodé montrai que le quartier était proche du port, ainsi l’herboriste était situé dans un des quartiers les plus animés, et les plus prospère de la ville. Une bien belle et honorable couverture.  Le cavalier était habitué à toujours vivre dans l’ombre et à ne pratiquer  que son sombre métier. Il eu une pointe de jalousie envers l’herboriste mais se rappelle bien vite que lui disposait d’un riche mécène qui pouvait le sortir de mauvais pas en cas de besoin, la rouquine elle était seule. Il arriva enfin devant la boutique, l’homme en noir ne put qu’admirer la beauté de la boutique, la façade était ouvragé, digne de la riche cité de Langehack.  L’homme poussa la porte de la boutique et fût agréablement surpris de l’odeur qui s’en dégageait. Mais l’homme ne s’attarda pas sur l’odeur qui flottait, il analysa rapidement la pièce qui était inégalement éclairé et il vit qu’une jeune femme le regardait et était sur le point de lui parler. Il remarqua aussi rapidement que la femme n’était pas rousse comme il était convenu. Probablement une employée  se dit l’homme et avant qu’elle ne puisse ouvrir la bouche l’homme prit la parole, et en même temps posa inconsciemment la main sur la dague placé de l’autre coté de l’épée :

Je cherche une femme rousse qui travaillerait ici, pouvez vous m’indiquez ou elle se trouve ?

La journée touchait à sa fin. Enfin. Selenia avait fait venir son employée tandis qu'elle faisait la tournée de ses patients qui devaient garder le lit, et elle ressortait à l'instant de la dernière maison. Ses visites avaient occupé tout son après-midi, elle espérait donc que son employée n'ait pas eu de mauvaise surprise en son absence. Elle pouvait se débrouiller seule dans la plupart des cas, mais parfois cela dépassait ses compétences et seule Selenia pouvait s'occuper du client. Ses patients du jour se portaient de mieux en mieux, elle n'aurait bientôt plus besoin d'aller les voir, sauf un vieil homme aisé qui déclinait à vue d'oeil. Malgré ses soins et les attentions de sa famille, rien ne semblait marcher et l'herboriste ne lui laissait plus beaucoup de temps à vivre.

Sa sacoche d'herboriste à la main, une cape gris clair drapée sur ses épaules, la jeune femme quitta la propriété de son patient pour retourner dans le quartier marchand de Lagenhack. Elle aurait pu aller à cheval, mais le flot de personnes qui se déversait dans les rues étaient tel qu'il était parfois impossible de passer en étant à cheval. Il lui faudrait encore vérifier les comptes de la journée, ranger la boutique, nettoyer le comptoir de bois noir de toute trace du passage des clients, préparer les commandes pour le lendemain et préparer sa sacoche pour ses prochaines visites. Len soupira ; le métier d'herboriste n'était pas de tout repos. Elle doutait même d'avoir le temps de faire autre chose que tout cela ce soir, une fois ses tâches terminées, elle prendrait un bain et irait se coucher avec bonheur et délectation.
Enfin le pensait-elle avant de pousser la porte de son herboristerie.

Alors qu'elle allait tourner la poignée de sa boutique, une masse noire bruissante s'abattit sur elle. Sa corneille noire se posa sur son épaule droite avec une lenteur étonnante après son rapide piqué depuis le toit où elle s'était perché en attendant son retour. La femme que Selenia employait et son oiseau ne s'entendaient absolument pas, et le volatile était assez intelligent pour éviter de se retrouver seul avec elle. Après une gratouille, pour le plus grand bonheur de la corneille, la jeune femme pénétra finalement dans son herboristerie en baissant le capuchon de sa cape qu'elle avait rabattu en quittant la dernière propriété qu'elle avait visité.

Je cherche une femme rousse qui travaillerait ici, pouvez vous m’indiquez ou elle se trouve ?

Len haussa un sourcil perplexe lorsqu'elle se retrouva derrière un homme tout de noir vêtu. Il se tenait entre deux étagères où s'entassaient thés, décoctions, baumes et onguents de toutes sortes, tous de la meilleure qualité que l'on pu trouver dans la région. Une main posée sur son arme, l'homme attendait une réponse. Une telle attitude dans de tels vêtements, tout cela n'annonçait rien de bon. Comme si elle approuvait les pensées de la jeune femme, sa corneille poussa un croassement d'avertissement et battit un peu des ailes pour retrouver son équilibre dans un froufroutement de plumes douces, l'épais tissu de la cape protégeant son humaine des serres acérées. L'herboriste posa la main gauche sur sa propre dague, son geste masqué par les amples plis de son vêtement.

Vous l'avez trouvée, messire... ?

Elle fit signe à son employée de quitter la boutique et celle-ci s'empressa d'obéir et d'emprunter la porte de derrière, laissant le comptoir vide. Selenia s'y dirigea tranquillement, sa corneille ne quittant pas l'homme de son oeil noir perçant, et s'assit sur le haut tabouret qui se trouvait derrière le comptoir d'ébène. Il régnait dans la boutique un calme tranquille malgré l'agitation de la rue juste dehors, et il flottait dans l'air l'odeur singulière propre à chaque herboristerie, mélange de plantes, de fruits, de thés, mêlés à la senteur plus lourde, plus âcre, de fleurs fanées proches de la décomposition.

Que me vaut la surprise d'une visite d'un homme tel que vous ?

Pendant que l’homme fixait l’employée la porte s’ouvrit derrière l’homme et la rouquine en demandée entra dans la pièce. Une étrange corneille était posé sur son épaule ce qui mettait l’homme un peu mal à l’aise, il en savait comment traiter ce genre de problème. Il était suffisamment entrainé pour faire face à un homme armé mais un petit oiseau… Et puis ce maudit oiseau semblait obéir à la femme. Mais l’homme calma vite ses pensées, il était la pour discuter et non pour frapper, de plus la femme n’était pas réputé pour la violence mais pour la discrétion qu’elle déployée pour son second travail. La femme lui adressa alors la parole :

Vous l'avez trouvée, messire... ?


Mon nom n’a guère d’importance mais si vous le souhaitez vous pouvez me nommer Sombre.

La femme prit alors la place de son employée qui ne cacha pas sa joie de sortir de la pièce. C’est à ce moment que Sombre se rendit compte que sa main était sur dague. Il se maudit pour ses mauvais reflexes mais en même temps il ne faisait jamais l’intermédiaire. Il était celui qui était contacté par les intermédiaire, mais bon il s’agissait peut être d’une promotion. L’homme fît mine de prendre un air détendu et laissa ses mains en évidences. Il essaya de prendre son plus beau sourire mais avant qu’il ne puisse parler la femme venait de lui reposer une question.

Que me vaut la surprise d'une visite d'un homme tel que vous ?

Mais avant de répondre à cette question, qui l’avait rassuré quand à la qualité de la personne qu’il avait en face lui, Sombre se dirigea vers la porte de la boutique et la verrouilla. Mais avant que la jeune femme ne prenne cela comme une menace il se retourna et leva les mains. Mais si la jeune femme n’était pas celle qu’on lui avait indiquée il ne doutait pas de sa rapidité à dégainer.

Bien vous vous doutez donc que je ne suis pas un client ordinaire, et je ne vous veux aucun mal. J’ai justement besoin de vos talents d’herboriste, mais non point pour les raisons qui poussent la plupart de vos clients à franchir cette porte. On m’a dit que vous aviez des talents moins honorables mais tout aussi utile pour qui sait les utiliser. Et j’ai besoin de quelqu’un comme vous pour soulager un homme de la dure vie qu’il même, mais il risque de ne pas être d’accord avec cette idée. Ah j’oubliais une jolie somme vous sera versé et peut être gagnerez vous un fidèle client.

L’homme toujours souriant et les mains en l’air regarda fixement la femme et attendit la réponse.

Selenia s'obligea à ne pas sourire devant l'air inquiet du mystérieux visiteur. Apparemment la présence de Belladone le mettait mal à l'aise. Autant pour l'air de guerrier résigné qu'il se donnait quelques instants auparavant. "Vous pouvez me nommer Sombre." ... Vraiment, Sombre ? Quelle originalité. Cette fois, l'herboriste afficha clairement un sourire narquois, mais se retint de tout commentaire. Son expression parlait pour elle.
L'homme sembla enfin se rendre compte de l'endroit où il se trouvait et du métier qu'elle exerçait ; ses mains s'éloignèrent de ses armes dans un mouvement qu'il réussit presque à faire paraître naturel. Il n'avait visiblement aucune envie d'être là et paraître inoffensif lui demandait un effort considérable. Il tenta même de sourire ; elle lui accorda que c'était là un effort honorable pour un homme tel que lui.

Ce qu'il fit ensuite flétrit cependant le sourire qu'elle arborait jusqu'à présent. L'étrange visiteur avait tourné les talons et entreprit de verrouiller la porte de la boutique pour éviter toute visite inopportune. Si elle comprenait la démarche et ne craignait pas vraiment pour sa vie - après tous, ils se trouvaient sur son territoire - elle ne l'appréciait pas pour autant. Afin de le lui faire comprendre clairement, elle avait dégainé sa dague pendant qu'il lui tournait le dos et la faisait à présenter tourner entre ses doigts un air impassible sur le visage, la pointe d'acier acérée légèrement plantée dans le comptoir de bois.
Une fois le verrou enclenché, il s'appliqua à garder ses mains en évidence tandis qu'il se retournait dans le but de paraître moins menaçant. Le sourire narquois refit son apparition, dévoilant un instant les dents de la jeune femme, ce qui lui donna un air vaguement carnassier. Elle le laissa obligeamment terminer sa tirade, et lorsqu'il s'arrêta enfin, certainement par manque d'air, son sourire s'élargit.

-Pour commencer, baissez donc vos mains. Vous avez l'air idiot, et vous prendre au sérieux s'avère difficile. Je ne vais pas m'abaisser à vous menacer puisque vous savez visiblement où vous vous trouvez. Cependant, je n'apprécie guère de telles manières, dit-elle en désignant la porte verrouillée. La prochaine fois que vous tentez ce genre de chose, vous aurez à peine le temps de toucher cette porte avant de recevoir une dose de poison paralysant. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de vous décrire par le menu les effets d'un tel produit.

Elle eut un froncement de nez dédaigneux au souvenir de la mention de ses talents les "moins honorables". Elle n'appréciait guère que l'on débarque chez elle pour lui faire la morale alors que l'on venait clairement louer ses services "moins honorables."

-Quant à ce qui est honorable ou non, je doute que vous soyez le mieux placé pour me parler de cela. A présent, il va falloir m'en dire un peu plus, parce que je doute que nombreux soient les hommes qui seraient enchantés de recevoir mes services.

A cet instant, Belladone poussa un nouveau cri et s'envola vers le plafond où elle voleta quelques secondes avant de se mettre à décrire de larges cercles lents au-dessus du visiteur. Après quelques révolutions, elle se percha finalement au sommet d'une étagère et garda un œil rivé sur l'homme en noir. Cet oiseau était une vraie bénédiction lors de négociations.

-Cependant, sachez une... non, deux choses. Plus vous voudrez une mise en scène précise et détaillée, plus le prix augmentera, et je ne suis pas bon marché. Ensuite, dites bien à votre employeur que je peux toujours refuser une offre, et si cela ne lui convient pas... Eh bien, je lui rendrai une petite visite moi-même, conclut-elle d'un air menaçant, un sourire carnassier sur le visage.

Elle rappela ensuite la corneille d'un petit petit sifflement et l'oiseau quitta son perchoir, passa assez près du visiteur pour l'effleurer d'une aile et reprit sa place sur l'épaule de l'herboriste.

-Si mes conditions vous conviennent, commencez à parler. Je n'ai pas que ça à faire.

La femme avait d’évidence très mal pris les propos de l’homme. Cela ne l’étonna pas, il était mal à l’aise, si les autres n’avaient pas été déployé sur d’autres terrains… Mais l’homme cessa de ruminer, une mission était une mission point. Mais ce voir menacer c’était autre chose, la femme devait le prendre pour un petit commis de marchand habitué à se faire chahuter et qui n’était pas habitué à porter les armes. Sombre décida alors d’effacer son visage amical et reprit sa petite allure nonchalante qui lui allait si bien.

Oh je ne pense pas risquer grande chose dans cette boutique, c’est votre couverture, il sera dommageable de voir un accident arriver en ces lieux. Surtout que votre employée ne semble guère être au courant de vos activités. Mais je ne peux vous en vouloir je ne suis pas un homme de parole je préfère le silence et je ne suis pas à l’aise lorsqu’il faut parlementer. Ah sachez aussi que s’il m’arrivait malheur d’autres hommes moins chaleureux viendront dans cette boutique.

La femme reprit la parole et en plein milieu de son discours la maudite corneille prit son envol. L’homme avait bien envie de tordre le coup de ce fragile oiseau qui s’amusait à lui tourner autour. Fort heureusement le petit animal décida de se poser sur une étagère avant que la colère de l’homme n’explose.  Les paroles de la femme contribuèrent aussi à l’énervement de l’homme.  Si elle savait pour qui il travaillait…   et voila qu’en plus elle osait menacer le commanditaire, alors que cet homme pouvait l’écraser sans que personne ne puisse la défendre. De toute évidence elle était plus habitué à travailler avec des petits marchands qu’avec des personnes au rang élevés. Finalement la femme daigna le laisser parler.

Je vous remercie dame pour ces propos…éclairant.  Mais sachez que l’argent n’est pas un problème vous serez payé comme il se doit. Quand à la prestation….  Je ne sais pour qui vous avez l’habitude de travaillez mais nous ne sommes pas du même acabit. La trahison est punit de mort, le bon et loyal service récompensé. Et sachez que vous n’êtes pas en position de menacer, soyez en consciente et cela vous sauvera la vie un jour. Vous comprendrez surement au vu de ce que l’on vous demande.

Maintenant vous aurez à tuer un noble, un homme important d’une ville de la péninsule. Cela d’une manière précise,   nous voulons que cela ressemble à une maladie. Cette maladie doit le tuer en une ou deux ennéades. Ah et vous aurez le droit à une récompense supplémentaire si cela peut être un tantinet humiliant pour la personne ciblé.  Il s’agit donc d’une cible importante et assez délicate à approcher, si vous vous sentez de taille à l’éliminer  vous aurez comme client à homme capable de vous protéger contre beaucoup de maux qui frappes les petites gens.

Les choses étaient dites. L’homme était respectueux du rang de chacun et il n’aimait guère que l’on manque de respect à ses supérieurs.  Même si il était un homme de l’ombre il restait respectueux des règles d’honneur en cours à Missède. La femme devait en tenir compte, mais l'or qu'elle pourrait amasser dans cette affaire devait l'aider à apprendre...

L'herboriste ne cessa de sourire durant tout le temps où son étrange visiteur parla. Il était bien susceptible, et cela l'amusait au plus haut point. L'effet que produisait Belladone était aussi très efficace, elle aurait une récompense dès le départ de l'homme en noir. Ses propos attisaient la curiosité de la jeune femme, mais elle se garda bien de poser la moindre question. Elle trouverait bien des informations par ses propres moyens. Elle laissa le silence se prolonger un moment, caressant distraitement le plumage soyeux de la corneille avant de reprendre la parole, mais laissa volontairement le sujet de son possible employeur de côté, elle savait quand se taire.

-Une, ou deux énéades ? Soyez précis, dit-elle en fronçant les sourcils d'un air peu amène.- Il n'y a rien de noble dans la mort, ce sera humiliant quoi qu'il arrive, ne vous en faites pas pour cela. Cela étant dit, il va me falloir un nom à un moment ou à un autre, sinon je ne pourrais pas faire grand chose pour vous.

Elle avait décidé d'ignorer les menaces que son visiteur avait proféré. Elle ne savait pas qui était son employeur, et s'il ne faisait effectivement pas partie de sa clientèle habituelle, de riches clients plutôt impressionnables, mieux valait faire profil bas un moment. Lorsqu'elle aurait réuni assez d'informations, elle adapterait son attitude... et ses actes.
Pour l'instant, seul l'or que l'homme lui faisait miroiter l'intéressait vraiment, mais elle gardait ses interrogations en réserve. Vu l'attitude de l'intermédiaire, mieux valait regarder un peu où elle mettait les pieds. La perspective d'une puissante protection était certes tentante, mais cela s'accordait peu avec les désirs de libertés qui l'animait.
Le temps que l'homme réponde à ses questions, l'herboriste fit défiler mentalement toutes les possibilités de poison qui s'offrait à elle. Imiter une maladie, qui plus était un tant soit peu humiliante pour la cible, rien de plus simple. On pouvait obtenir de tels effets avec nombre poisons, il suffisait de savoir les doser pour que cela dure le temps voulu.

La femme avait eu le mérite d’être direct, même si Sombre n’était pas d’accord.  Il y avait des morts bien plus honorables que d’autre. Mais après tout chacun avait une vision différente en ce bas monde.  Si cette mission réussissait parfaitement il serait richement récompensé, la jeune femme aussi. Mais pour cela il fallait qu’elle accepte un arrangement avec son seigneur. Et les hommes de l’ombre étaient rarement disposés à se rapprocher des puissants. Ils ne pensaient qu’a leur liberté sans ce rendre compte qu’elle n’existait pas vraiment et que de fait ils dépendaient des nobles  sans que ceux-ci ne soit préoccupé par leurs sécurités.

Bien votre cible n’est autre que Robert de La Herse. Un noble important de la ville d’Edelys. Il est très influent et à quelques soutiens dans la ville. Cependant ne vous inquiétez pas de la protection, à l’échelle de la péninsule ce n’est un homme bien secondaire.

Je vous laisse le choix pour le nombre d’ennéades, mais il faudra me tenir au courant, cela peut influencer le cours de cette mission. Si vous acceptez nous savons déjà comment vous faire entrer dans la ville sans attirer l’intention.

Acceptez-vous ?

Après la réponse de la femme le cavalier alla s’installer dans une auberge à la sortie de la ville. Il y envoya un pigeon afin de donner des nouvelles de sa mission à son supérieur.  Le lendemain Sombre parti rapidement en direction d'Edelys , quoique il arrive sa mission devait continuer

Robert de La Herse… Ainsi c’était lui qui devrait mourir. Qui pouvait bien désirer son trépas assez ardemment pour la payer une coquette somme ? Faire passer un assassinat pour une maladie, cela n’avait rien de très innovant, c’était le meilleur moyen pour échapper à la justice. Pas aux soupçons, certes, mais si on ne pouvait rien prouver… Finalement, elle porta son choix sur la digitale. Nausées, vomissements, troubles de la vue, puis la victime perdrait beaucoup de poids jusqu’à mourir d’une défaillance du cœur. Oui, la digitale serait parfaite. Mais c’était d’un poison très puissant, elle doutait que l’homme résiste plus d’une ennéade.
Elle hocha la tête à l’intention du cavalier, ses doigts caressant toujours Belladone, légers sur le plumage soyeux.

-Très bien, j’accepte. Je partirai après-demain, à l’aube. J’ai des affaires à régler avant mon départ. Votre homme sera cloué au lit pendant une ennéade avant de trépasser, peut-être un ou deux jours de plus s’il est très résistant, mais c’est peu probable.

Elle lui tourna le dos pour lui signifier qu’ils n’avaient plus rien à se dire et l’émissaire parti sans un mot. La jeune femme verrouilla les deux portes de la boutique pour éviter toute autre visite impromptue et monta dans ses appartements où elle donna à Belladone une ration de viande hachée qu’elle préparait régulièrement pour elle. Laissant l’oiseau à ses occupations nocturnes dans la ville enténébrée, Selenia s’assit à son bureau et rédigea un message qu’elle confierait à un coursier le matin suivant pour prévenir son employée qu’elle s’absenterait durant deux à trois ennéades. Ces voyages allaient la ruiner, elle avait dû payer les services de cette femme pendant  plus de deux mois lorsqu’elle s’était rendue en Anaëh. Un frisson la parcourut. Ce voyage s’était révélé particulièrement dangereux et elle aurait pu y laisser bien des plumes.

L’herboriste quitta la petite pièce chargée de livres pour se rendre dans son laboratoire aux grandes fenêtres et dans lequel elle avait disposé de nombreuses bougies et lanternes dont les flammes se reflétaient sur les instruments de verre éparpillés dans la pièce. Elle se dirigea vers un pan de mur contre lequel reposait un grand meuble d’apothicaire. Chacun des innombrables casiers était rempli à ras-bord de poudres, de fioles ou de baumes différents. La seule différence avec celui qui trônait en bas dans sa boutique était l’utilisation qu’elle en faisait : en bas, les produits étaient destinés à l’herboristerie, en haut aux assassinats.

Selenia laissa courir ses doigts sur les tiroirs en bois sombre, s’attardant parfois sur l’un ou l’autre avant de secouer la tête. Non, elle avait fait son choix, elle n’avait plus qu’à retrouver le bon casier. Sauf exception, tout était rangé par ordre alphabétique, elle trouva donc la digitaline dans un tiroir assez élevé, et elle dû se mettre sur la pointe des pieds pour sortir le tiroir de son support. A l’intérieur se trouvait quelques fioles de poison qu’il lui avait été délicat de préparer. La digitaline est une toxine puissante et l’extraire des feuilles de digitale est une opération longue et fastidieuse.

Chacune des fioles contenait un dosage précis de toxine, elle examina donc leur étiquette une par une avant de trouver le dosage qui lui fallait, puis elle arracha l’étiquette et la fit brûler à la flamme d’une bougie. Si quelqu’un fouillait ses affaires sur la route menant à Eledys, il n’aurait aucune idée du contenu de la petite bouteille de verre. Une fois le casier remit à sa place, la jeune femme souffla les bougies qu’elle avait allumées et elle partit préparer ses affaires, faisant tourner la petit fiole entre ses doigts.

L’auberge où elle devait se rendre n’était qu’à quelques jours de cheval de Langehack. Elle suivit la route de l’or sans l’emprunter réellement pour éviter les pavés qui la recouvraient. Les sabots ferrés de Vagabond et ses tendons préféraient largement le sol meuble de la terre qu’aux durs pavés de pierre. Belladone allait où bon lui semblait pour trouver à manger mais finissait toujours par les retrouver. La corneille avait passé la nuit quelque part dans la campagne et les avait rejoints en fin de matinée alors qu’ils approchaient de l’auberge où le mystérieux visiteur lui avait donné rendez-vous.

La voyageuse laissa son cheval à l’écurie, derrière l’auberge, et la corneille s’accrocha à son épaule pour ne pas tomber lorsque, la capuche de sa cape sombre relevée sur son visage, elle pénétra dans la pièce principale du bouge.