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 [Anecdotes d'antan] Le siège d'Amblère: La piétaille raconte...

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Hendrick
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MessageSujet: [Anecdotes d'antan] Le siège d'Amblère: La piétaille raconte...   [Anecdotes d'antan] Le siège d'Amblère: La piétaille raconte... I_icon_minitimeMar 4 Aoû 2015 - 18:29

I. Les échelles, marauds!


[Anecdotes d'antan] Le siège d'Amblère: La piétaille raconte... I2n9


« Allez les gueux ! Les échelles ! »

La paysannerie sgardienne s’était saisie de ces bouts de bois rudimentaires sur lesquels des barreaux avaient été fixés. Des espèces d’échelles, oui. Mais si on avait demandé son avis à un ébéniste, c’était surtout un tas de bois indubitablement moche et informe. Peut-être même qu’il se serait senti insulté qu’on appelle ça une échelle, s’il était doté d’un minimum de sens artistique. Et les miliciens qui la tenaient n’étaient pas forcément mieux. La plupart étaient des fermiers, ou des éleveurs. Seules leurs armes faisaient d’eux des soldats. Ils combattaient l’ennemi à la recherche d’une coquette somme, de celles qu’on obtient lorsqu’on a troué assez de bides et pillé assez de maisons. Pas forcément pour eux, mais surtout pour leurs familles, celles restées dans les miteuses masures leurs servant de logis. Quoi de mieux, en effet, que l’appel de la guerre lorsque vous menez une existence morne et pauvre ? Rien. Et c’est pour ça qu’ils étaient là. Par envie de devenir riche, et surtout par envie de s’affranchir de leur ennui quotidien. Mais s’ils avaient su ce qui les attendait, auraient-ils tous signé le pacte faustien ?

Une flèche vint se planter dans la tête d’un gros homme barbu, qui tomba dans la boue. L’échelle avança soudain plus rapidement.

« T’as vu ça, Finn ? Encore un comme toi, et on la soulèvera sans problème c’t’échelle ! »

L’impudent reçut une taloche de la part du gros bonhomme auquel il s’était adressé. L’échelle continuait d’avancer, et Finn le Bourre l’agrippait toujours aussi fort. Gros, certes, il l’était. Et moche comme un pou. Mais il était fort, et c’était l’homme à avoir dans les environs quand une échauffourée tournait mal.

« Ta gueule, Adelm, ou c’est toi qui m’servira de marchepied sur les remparts ! »


Les autres hommes de la fine équipe rirent à gorge déployée, alors qu’un autre de leurs membres perdait la sienne, arrachée par un autre tir bien placé. Ils ne semblèrent pas trop perturbés. Ils avaient l’habitude. Cependant, l’échelle était dure à manœuvrer, surtout avec cet immense amas de boue. Ha, la boue d’Amblère. Quatre jours de pluie incessante avaient transformé le sol en un bourbier qui suçait les bottes. Une sale affaire durant un siège. Surtout un comme celui-là.

« On y est presque, Hendrick ? J’y vois comme dans l’cul d’un moine avec ma capuche rabattue ! Bouge-la moi ! »


L’archer sentit une flèche lui passer au-dessus de la tête, pour aller se planter dans un échelon. Il se retourna vite pour décapuchonner son ami, afin qu’il y voit plus clair, tout en continuant de tenir l’échelle de l’autre main et d’avancer. Gilles le Louche put alors voir où il était ; en face du mur de la ville. Cette saloperie de barrière se tenait entre lui et un sac rempli de rapines et de concubines. Il grogna, son fardeau devenant tout à coup plus lourd à porter… En se retournant, il remarqua alors Drek Tite-Main qui rendait l’âme, cherchant le carreau d’arbalète perdu dans sa poitrine avec son petit moignon. Le Louche remercia Tyra à voix basse. Il lui devait dix piastres aux osselets, mais la fortune semblait lui avoir souri, finalement.

Hendrick posa l’échelle en même temps que les autres. Tous, comme un seul homme, hissèrent la construction de bois, afin qu’elle aille s’appuyer contre les remparts de la bourgade assiégée. Ils regardèrent alors en direction de la piétaille plus lourdement armée, celle qui devait escalader leur horrible construction de fortune afin d’aller éclater l’armée d’en face. Ils couraient dans leur direction, guidés par Calcèlme de la Motte, un chevalier errant recruté par le baron Norman. Tous se ruèrent sur l’échelle, déterminés à éclater de l’Amblérois à coups de hache et d’épée, remontés à bloc par le discours vibrant de leur meneur. C’est alors que le groupe de miliciens sentit que leur ridicule engin de siège était poussé vers l’arrière depuis le haut. L’ennemi se défendait, lui aussi. Barnabé héla Hendrick, et lui montra les remparts du doigt. Il prépara son arc. Tous purent voir dès lors les petites mimines d’un soldat qui se cramponnait à l’échelle pour la faire basculer. Finn le Bourre, Gilles, Barnabé et les autres se saisirent alors du bois et le tirèrent dans leur direction. Surpris, le soldat au bout fut propulsé vers l’avant et se mangea un créneau en pleine poire, faisant dépasser sa tête du rempart. Sans attendre d’ordre, Hendrick décocha, et une flèche se planta dans l’œil du pauvre bougre, dont la mâchoire avait été démantelée.

Les paysans remirent l’échelle à temps pour les hommes de la Motte, qui s’empressèrent de pousser les manants hors de leur chemin en vociférant. Voilà. Voilà comment ils remerciaient leurs braves compagnons d’armes, qui leur avaient ouvert la voie. Sympathiques spadassins assoiffés de sang, qui s’empressaient de monter à leur propre échafaud, dans l’espoir de parer la hache du bourreau avant qu’elle n’atteigne leur cou. Et alors que la boucherie commençait au-dessus, les miliciens se retiraient en courant vers leurs lignes, évitant tant bien que mal les flèches qui fusaient dans leur direction. Barnabé en prit une dans le dos, et ne se releva pas. Mais Finn, en revanche, en prit une dans un endroit très gênant…

« HaaAAAA ! Mildiou, Hendrick ! J’ai une flèche dans l’… »

« Dans l’cul ? Hey, normal, c’est plus facile de viser ton boule qu’autre chose ! »

Le Bourre envoya son poing dans la tronche d’Adelm, alors qu’ils arrivaient en lieu sûr, hors de portée des tirs ennemis. Le jeune gars tomba à terre, crachant une dent au sol. Notre autre homme, celui à l’arrière-train indisposé, posa alors un pied sur le dos d’Adelm, et lui dit en dévoilant son abjecte dentition :

« Comme on a pas pu monter sur les murs, j’vois pas pourquoi j’peux pas t’marcher d’ssus ici ! »


Tous rirent un bon coup. Sauf Adelm, cela va de soit…


Dernière édition par Hendrick le Mar 25 Aoû 2015 - 0:43, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Anecdotes d'antan] Le siège d'Amblère: La piétaille raconte...   [Anecdotes d'antan] Le siège d'Amblère: La piétaille raconte... I_icon_minitimeLun 10 Aoû 2015 - 21:33

II. Demain, nous saluerons Tyra


[Anecdotes d'antan] Le siège d'Amblère: La piétaille raconte... Hl26



L’après-midi avait fait place au soir, et les combats avaient cessé pour que ripailles et beuveries puissent réconforter les valeureux guerriers et les pauvres paysans traumatisés par tant de violence. Sûrement qu’à Amblère, l’humeur était plutôt maussade, la maladie des assiégés. Le campement normanien, quant à lui, était partagé en plusieurs grands feux, loin du champ de bataille et bien gardé par des réseaux de sentinelles. Pas de sortie à craindre, pas d’attaque nocturne planifiée, l’heure était donc à la fête, peut-être la dernière pour certains. De tous côtés, on buvait, on chantait, on séduisait les prostituées, ou on jouait. Près d’un feu plus petit que les autres, une vieille bande de copains et de vétérans s’amusait au jeu des osselets, une épreuve d’adresse. Il était plus marrant de s’y essayer après quelques godets, mais pour l’instant, la plupart des joueurs étaient à peine éméchés.

Hendrick, champion en titre du groupe, venait encore de rafler la mise après avoir récupéré les quatre osselets consécutivement. Gilles le Louche lui avait cédé une paire de bottes, qu’il avait fort heureusement récupérée sur le cadavre d’un compatriote, et Esberth lui avait promis de le payer en boissons s’il survivait au lendemain. Une soirée qui s’annonçait bien, sauf pour les perdants. Adelm soupira.

« Hend’, t’es chiant, merde ! Laisse un peu gagner les autres ! »

« Désolé Adelm, mais z’avez qu’à être plus rapides. Mais j’pense que j’vais m’arrêter pour ce soir et aller boire un coup avec Finn. »


Le jeune gars fit un sourire mauvais à Hendrick. Depuis que le Bourre lui avait écrasé le dos, il avait cette vertèbre qui le faisait souffrir… Un véritable salaud. Et gros, par-dessus le marché. Il acquiesça néanmoins, content de pouvoir enfin affronter ses comparses à armes égales, sans que l’archer ne vienne l’enquiquiner avec sa vélocité surprenante. Ce dernier se rendit au chevet de l’imposant blessé, allongé sur le ventre depuis sa blessure ingrate. Il fut surpris, mais soulagé de voir son ami venir vers lui avec un gros pichet d’alcool et deux chopines en bois.

« Ils t’ont encore viré parce que t’es trop fort ? »

Hendrick sourit. Ce n’était pas la première fois, certes. Et beaucoup de groupes différents l’avaient rabroué après avoir perdus leurs effets personnels. C’était le risque, même si personne n’aimait perdre.

« J’préfère venir m’occuper de ton débit d’boisson. »

« Sympa d’ta part. »

Il attrapa un récipient plein de bière, et avala son contenu dans un soupir d’aise. La boisson du pauvre, de mauvaise qualité. Mais qu’est-ce que ça pouvait faire du bien… Le stress était le quotidien de la soldatesque, et la suivait sur le champ de bataille tout au long de la journée. Une flèche perdue, un coup trop près, une affreuse blessure… Beaucoup pouvaient lâcher, surtout parmi les plus paisibles. Rien qu’aujourd’hui, Lancel, un fermier qu’ils connaissaient tous comme étant le type le plus généreux et doux de l’ost, avait pété les plombs lorsqu’un trait s’était planté dans sa lance. Il avait tellement eu la frousse qu’il avait hurlé, lâché son arme, et couru jusqu’au campement en vidant sa vessie dans ses magnifiques chausses. Le pauvre s’était fait fouetter sur ordre de Grimmer de Garghof, un chevalier aussi brutal que débile, doté de muscles à faire pâlir un Wandrais. Peu avaient contestés, beaucoup avaient regardés. Et le petit Lancel, quant à lui, ne riait plus.

« Comment va Adelm ? »

« Mieux maintenant qu’tu lui as marché d’ssus. »

« Ha ha ! J’avais besoin de détendre mes nerfs. Et c’faquin était parfait pour ça ! »


Ils cuvèrent leur alcool un moment, tous deux pensifs. Piétaille milicienne, qu’avait-elle donc pour elle dans cette basse fosse ? Demain, sûrement seraient-ils encore consignés aux échelles, à moins qu’ils ne doivent cette fois fricoter avec le bélier. C’était peut-être le pire endroit où un assiégeant pouvait atterrir ; le bélier. Ils n’avaient pas prévu de chat, non, évidemment. De toute façon, Norman et ses partisans se moquaient bien du sort de la basse paysannerie tant que celle-ci leur ouvrait la porte du château. Son charisme avait marché pour la création de l’ost, et les victoires qu’il avait enchaînées n’avaient fait que du bien à sa réputation. Mais Courboeuf et la trahison de Vil-Trogne avaient entachés son ascension, et cela se ressentait quelque peu durant les assauts sur Amblère. Parfois, on voyait des chevaliers s’entretenir entre eux à l’abri des regards. Personne ne savait ce qui se disait, et encore moins les miliciens, pauvres bougres utilisés tels de la chair à kerkand !

« Tu crois qu’ils m’laisseront sur ma civière demain ? »

« J’pense, oui. Ta plaie va pas cicatriser d’un coup. »

« Tant mieux… Parce que… J’t’avoue que j’ai pas trop envie d’y retourner. Amblère c’est la mort, la boue et le sang. »

« A chaque bataille c’est pareil, mon gars. Ici, c’est pas différent de Nulhadon. »

« Mouais… »

Mais Hendrick voyait très bien de quoi voulait parler son ami. Ce n’était pas le siège qui était en cause. Mais la fatigue du combattant. Las de trop de guerre, il commençait à trouver le temps long, à voir les combats avec plus de violence. La peur de ne plus passer dans les mailles du filet resserrait son étau. Et à la fin de tout ceci, un dos à la chair lacérée attendait chacun des pleutres qui auraient fui sous le coup de la panique. Tel Lancel et son rire franc. Alors Tire-l’œil prit une nouvelle gorgée de sa bière, avant de taper sur l’épaule de Finn.

« Demain, tu te battras pas. Nous en revanche, on montera sûrement au bélier… »

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MessageSujet: Re: [Anecdotes d'antan] Le siège d'Amblère: La piétaille raconte...   [Anecdotes d'antan] Le siège d'Amblère: La piétaille raconte... I_icon_minitimeMar 25 Aoû 2015 - 0:43

III. Frappez avant d'entrer


[Anecdotes d'antan] Le siège d'Amblère: La piétaille raconte... 5l3f



Quel beau matin en Sgardie, dont la fraîcheur de l’air ne connaissait pas son pareil dans toute la Péninsule ! Un vent froid qui descendait des montagnes, bruissant dans les forêts épaisses pour aller se perdre sur le champ de bataille. Ici-bas, la boue s’était changée en gadoue, et nombreux furent les malheureux qui perdirent une ou deux bottes, sucées par cette terre semi-liquide. Les assauts avaient repris dès l’aube, alors que la moitié de l’ost normanien était encore sujet à une bonne gueule de bois. Dans le tas, on avait sélectionné les plus réveillés pour monter au bélier. Et comme l’avait parié Hendrick, il avait gagné à la loterie. Les dieux l’avaient peut-être béni jusque-là, mais il se demandait si la chance ne finissait pas par tourner. De mauvaise grâce et accompagné de quelques de ses amis, il s’était approché du grand tronc dans lequel étaient plantés des bâtons. Vraiment rudimentaire, sans aucun chat pour les protéger, c’en était presque suicidaire. Bien conscients de cela, les chevaliers avaient prévu un autre contingent de secours, dans lequel Gilles le Louche tira Hendrick par le bras, afin de lui éviter d’être dans les premiers.

Ainsi armés, et la peur au ventre, les gueusards porteurs et remplaçants étaient menés par un grand gaillard, qu’ils connaissaient tous bien. Intimidés, ils obéirent à tous les ordres que le baron Norman en personne pouvait bien leur donner. Taillé comme une montagne, aux traits burinés et déterminés, personne ne voulait décevoir l’homme fort d’Oësgard, dont la clémence n’était connue que des morts qu’il laissait dans son sillage. Dégainant son épée, il mena la charge contre les portes, levant un bouclier au-dessus de sa tête pour parer la pluie de flèches qui s’abattait sur lui. Portant le bélier, les miliciens n’eurent d’autre choix que de subir de plein fouet chaque tête de fer se plantant dans leur corps, tombant par demi-douzaine à chaque salve. A ce train-là, Hendrick devrait vite arriver à son tour… Mais une fois sous le corps de garde, moins d’archers se préoccupaient du bélier, et ceux d’en bas pouvaient dès lors répliquer. Tire-l’œil banda son arc, et par sa précision, mit hors-course trois Amblérois armés d’arbalètes. Les porteurs, pendant ce temps, commençaient à défoncer la porte ennemie, de solides battants en chêne clouté. Le baron était toujours là, encourageant ses troupes, et dégageant les morts à coups de botte lorsqu’ils gênaient son passage.

Une flèche vint prendre la vie d’Adelm, qui était dans le groupement des premiers porteurs. Souriant petit Adelm. Même dans la mort, un mince sourire s’étirait sur ses lèvres, dévoilant des dents vermeilles de son sang, et un filet s’en échappant. Hendrick sut qu’il était temps au moment où son cadavre toucha le sol. S’armant de courage, il remplaça son valeureux camarade, et prit le bélier. Comme un seul homme, ils avançaient. Un, deux, charge ! Bam ! Un, deux, charge ! Bam ! Ils frappaient sans relâche, faisant gémir le bois sous leurs coups répétés. Gilles le Louche, le plus pervers de tous, avait une vision fort étrange d’un défonçage de porte. Il comparait le bélier à une sorte de chibre, et voyait en la porte une jeune et prude demoiselle. A mesure que les assauts s’enhardissaient, le bois craquait, et gémissait de plus en plus, jusqu’à ce que dans un fracas assourdissant, les portes s’ouvrent, laissant se déverser à l’intérieur non pas de la semence, mais des hommes assoiffés de sang. Nul doute que ce Gilles était un drôle de loustic, à raconter pareille histoire autour d’un feu. Mais pour l’heure, la porte ne semblait pas vouloir céder, malgré la véhémence des soldats. Norman, voyant que cela ne menait à rien, cria au repli, frappant au passage ses propres hommes pour leur incompétence. Hendrick, mal placé, reçu le gantelet métallique du baron en pleine face, tombant ainsi à la renverse. Alors que tous s’en allaient, lui restait vautré dans la boue, à la merci du feu ennemi. Relevant un visage à moitié recouvert de gadoue, il essaya de repérer Gilles et Sigismund. Il vit cependant Esberth, qui le regardait derrière son mantelet. Il ne viendrait pas l’aider, vu qu’il lui devait des bières. Ce sale rapiat le regarda encore une fois, puis détourna la tête. Quel enfoiré.

« Hendrick ! Bouge pas, on arrive ! »

Il tourna la tête, et put voir, soulagé, ses deux camarades foncer vers lui avec un pavois sur leurs têtes. Ils avançaient à deux en-dessous, évitant un maximum les flèches ennemies. Une fois sous Hendrick, ils posèrent le pavois, et Gilles l’aida à se relever. Une fois accroupi, l’archer tapa sur les épaules de ses compagnons.

« On y va ! »

Tous trois se levèrent en même temps, courant à perdre haleine pour éviter chaque tir. Louvoyant entre les flèches, ils n’avaient sûrement jamais couru aussi vite de leurs vies. Et une fois derrière les mantelets, ils se vautrèrent dans la mélasse en soupirant d’aise, louant les Cinq de les avoir laissés en vie. Ils devaient avoir l’air d’une bande de porcinets se vautrant dans la merde comme des moins que rien, mais ici et maintenant, ils n’en avaient plus rien à foutre. Ils étaient encore une fois passés à deux doigts de la mort, et un peu de calme leur ferait du bien. Leur repos ne put cependant durer plus de quelques minutes, car ce bon chevalier Calcèlme de la Motte vint les frapper du pied, maugréant des insultes.

« On se réveille, bande de tire-au-flanc ! Relevez-vous et repartez au combat, ou j’vous fait fouetter pour votre impudence ! »


« Calme, calme gentil chevalier ! »


Sigismund dut bien le sentir passer lorsqu’il fut balayé par le revers de la main de l’homme en armure. Deux pas sur le côté, et il tituba.

« Ta gueule, le gueux ! Tu me parles encore comme ça et j’te coupe les esgourdes ! Allez, au combat ! »


Gilles et Hendrick ne se firent pas prier pour retourner aux mantelets. Le Louche ne savait peut-être pas tirer, mais s’il faisait semblant, ce serait toujours mieux que d’être de corvée pour les échelles ! Tire-l’œil, fidèle à sa réputation, fit des ravages sur les murs d’Amblère. Son ami siffla un coup.

« Faudra qu’tu m’dises où t’as appris tout ça l’ami ! »


« C’est simple. Faut baigner dedans depuis tout p’tit ! »


« Ha ouais… Donc j’ai aucune chance quoi. J’vais m’contenter d’caillasser ces mandigots et d’leur dérober leurs biens quand ils en auront plus besoin. »

L’archer continua son œuvre mortelle, inscrivant de nouvelles victimes sur son tableau de chasse. Un homme le vit ce jour-là, plus que les autres. Un archer, lui aussi. Son visage était caché sous un capuchon. En regardant tirer Hendrick, il se jura d’aller le trouver au camp, une fois le combat fini.
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