[Lourmel] L'Ironie et l'Intelligence sont soeurs de sang. [Lyarra]

Au matin du 1er jour de la 1er ennéade de Vérimios. Mois d'été.

Lourmel se dressait enfin devant eux après une journée de voyage supplémentaire que prévu. Ils avaient rencontrés plusieurs imprévus sur la route. Mais cela appartenait dorénavant au passé. Le convoi composé de la Dame, de quelques gardes, et de leur invité. La mystérieuse femme qui tenait tant à proposer son épée à Maélyne. Elles ne s’étaient pas énormément adressé la parole durant le voyage.  L’Oësgardienne avait réellement déçue –et quelque peu blessée- la Lourmelloise.

« Soyez la bienvenu à Lourmel-La-Belle, Lyarra.  Je me permets de vous conseiller l’auberge d’Elkar pour votre séjour. Prenez quelques jours pour visiter la cité, puis ceci fait, si votre envie de me servir vous consume encore, demandez audience. »

Après cela, un simple signe de tête suffit pour les aurevoirs avant que sa jument ne se mette en route vers le sommet de la colline. Une fois rentrée, Aline l’attendait, comme à son habitude, sur le haut des marches. Maélyne remarqua que Céodred n’était toujours pas à ses côtés révélant ainsi que son état ne devait pas s’être amélioré.

Deux journées passèrent et elle n’avait toujours pas de nouvelle de cette Oësgardienne. Maélyne crut même durant un moment que celle-ci avait changé d’avis, qu’elle ne souhaitait plus la servir. Sans réellement comprendre pourquoi, la jeune femme était plutôt déçue de ne pas pouvoir la revoir. Comme si quelque chose qu’elle ignorait l’attirait vers elle.

Alors qu’elle était tranquillement assise à son bureau, lisant un tas de vélins, ses pensées étaient ailleurs. D’un coup, elle entendit toquer à la porte, et la voix d’un homme se fit entendre. Maélyne l’autorisa à entrer et celui-ci lui fit savoir qu’une «certaine » Lyarra souhaitait s’entretenir avec elle.

Un léger sourire s’afficha sur ses lèvres, comme si elle avait « gagné ». Comme si elle avait toujours su qu’elle ferait le bon choix. « Faites la venir jusqu’à moi. » Répondit-elle simplement avant de voir l’homme repartir chercher la principale concernée.

Un simple « Bonjour », voilà ce qu’elle obtint. Exaspérée, la Dame préféra ne pas le reprendre. Après tout, beaucoup de travail l’attendait et elle n’avait que peu de temps pour le réaliser.

« Soyez la bienvenue au sein de ma demeure, Lyarra. J’espère que Lourmel a su ravir vos différents sens. » Commença-t-elle simplement avant de s’installer dans un fauteuil, invitant ensuite l’Oësgardienne à s’assoir sur un tabouret.

Maélyne la regarda, fixant ses yeux sur cette femme. Elle cherchait à comprendre ce qui l’intriguait chez elle, ce qui la poussait à ne pas la mettre aux portes de ses terres et seule la Damedieu sait à quel point elle possédait un nombre incalculable de raisons de le faire. Pourtant, elle ne fit rien, pourtant, la jeune femme souhaitait la revoir, la Dame souhaitait discuter avec elle.

« Vous avez demandez audience malheureusement je n’ai pas beaucoup de temps à vous accorder. Parlez-donc, que voulez-vous ? » Lui demanda-t-elle alors plutôt fermement.

HRP:

Bonne nouvelle, Lyarra a aimé l’hospitalité de Lourmel. Maélyne n’en était qu’à moitié étonnée, non pas qu’elle doutait sur la qualité de vie qu’il pouvait y avoir ici comparé aux terres dévastées d’Oësgard, elle l’était plus sur l’absence de fuite de la part de son invitée. Maélyne l’aurait cru trop sauvage pour supporter la présence en moyenne de huit mille âmes. Mais qu’importe, la brune complimentait ses terres et cela ne pouvait qu’arracher un petit sourire à la blonde.

Alors qu’elle se lança dans un long discours, Maélyne laissa aller sa tête jusqu’à se poser sur l’une de ses mains. Rien ne l’a surpris dans ces paroles, elle s’attendait à une telle proposition. Néanmoins, il fallait lui rappeler à qui elle s’adressait et qu’il n’était pas de bon ton d’imposer quoi que ce soit alors qu’en un claquement de doigts la cité pouvait lui fermer ses portes.

Alors qu’elle lâcha un soupir, Maélyne enchaîna. « Vous négociez tel un sudiste. » Face à l’incompréhension de son interlocutrice, la Dame s’empressa de lui donner une petite explication. « Vous imposez, croyant avoir assez de pouvoir pour obtenir ce que vous souhaitez. Mais au fond, vous savez pertinemment que sans nous, il vous manquerait la base de votre survie. »

Elle marqua une légère pause, soutenant le regard de la « sauvageonne » comme elle l’adorait l’appeler. « Nos maîtres d’armes figurent parmi les meilleurs chevaliers du pays. Des chevaliers qui ont participé à des guerres, qui ont mené des troupes, qui ont maintes fois prouvé leurs valeurs en combattant des sauvages, d’autres armées ou encore des drows. Vous ne souhaitez pas devenir chevalier mais directement accéder au rang de maître d’arme. Vous exigez donc de sauter des étapes. Qui plus est, vous êtes une femme. Vous émettez des expériences alors que les principaux témoins sont soit morts, soit à plusieurs ennéades de voyages. Comment dois-je m’y prendre pour vérifier vos faits ? Dois-je me baser uniquement sur votre parole ? Et ainsi vous faire confiance ? Si c’est ce que vous espérez alors vous pouvez repartir sur le champ. »

La Dame fit une légère pause, scrutant la moindre réaction de Lyarra.

« J’ai autre chose à vous proposer. Vous souhaitez faire vos preuves alors je vais vous donner le moyen de le faire. » La jeune femme se redressa légèrement, indiquant clairement que ces futurs paroles n’étaient pas à prendre à la légère. « Les Wandrais sont à nos frontières, et il semblerait qu’ils soient en nombre. Nos armées sont en Oësgard, nos frontières ne peuvent donc être renforcées. Vous vous vantez de savoir traquer. Soit ! Alors je souhaiterais que vous vous rendiez à Karras, que vous enquêtiez sur l’attaque des sauvages, que vous les traquiez. Revenez-moi avec des informations, allez les espionner jusque dans leurs propres camps s’il le faut. Prouvez-moi votre valeur en aidant Serramire à contrer une éventuelle menace. Aidez-moi à corriger ces sauvages et je vous récompenserais comme il se doit. »

A nouveau adossée à la chaise, Maélyne attendait une réaction.

Un instant, une inattention et voilà qu’une Dame pouvait tout d’un coup être prit d’un sentiment d’angoisse. Ce pendentif qu’elle portait, représentant l’héraldique des Outremont. Mais comment ? Où ? Pourquoi ? Qui ? Tant de questions se bousculèrent da son esprit au point où elle n’émettait plus aucun mot suite à la question de son interlocutrice. Elle l’avait volé, c’est certain. Cette femme en qui elle plaça sa confiance, cette femme qu’elle invita à Lourmel, dans sa propre demeure, cette femme l’avait volé. Hésitante, Maélyne ne savait pas quoi faire. S’il elle décidait de l’arrêter, elle n’accomplirait pas la mission qu’elle vient de lui confier, mais… Si elle la laissait partir, peut-être ne reviendrait-elle pas. Peut-être avait elle volée autre chose et qu’elle en profiterait pour s’enfuir avec son dû. Non, elle ne pouvait pas prendre ce risque.

« Pour rejoindre la cité de Karras, rien n’est bien compliqué. Il vous suffit de prendre la direction du nord et de suivre la principale route. » Commença-t-elle. « La cité vient de subir une attaque il y a peu, donc soyez vigilante, il se peut que des brigands fréquentent les routes. Faites-vous discrète, et si vous êtes capturé, tenez votre langue. » Elle fit une légère pause, réfléchissant toujours à la manière d’aborder le sujet.

Finalement agacée, elle continua. « D’où tenez-vous ce collier ? » C’est sec, froid et direct mais Maélyne se devait d’enquêter un minimum sur cette femme. L’Héraldique des Outremont lui était cher à ses yeux et elle ne souhaitait pas le voir s’échapper entre des mains d’une voleuse. « Comment l’avez-vous obtenu ? L’avez-vous acheté ? Si c’est le cas, qui vous l’a vendu ? » Devant l’incompréhension qu’exprimait la jeune brune Maélyne enchaîne. « Ce collier représente le cerf des Outremont, ma famille. Si vous l’avez acheté, le vendeur est un voleur. Parlez je vous prie. »

« Triste » répondit-elle simplement, regardant le collier que la jeune femme venait de placer sur la table. « Gardez-le. » Se levant de son siège, la Dame salua la jeune femme avant de se diriger vers la porte où elle s’arrêta un instant. « Des villages sont pillés par ces hordes de sauvages. Des femmes sont violées et des enfants sont enlevés alors qu’au Nord, des Peaux-Noirs massacres des villes entières. Nous vivons une sombre année, Lyarra. Je compte énormément sur votre expérience pour m’apporter des réponses aux nombreuses questions que je me pose. Ne me décevez pas. » Finit elle avant de quitter la pièce, laissant la jeune femme encore assise sur son siège. Personne ne comprenait pourquoi elle mettait autant de confiance en une personne qu’elle connaissait à peine, même Maélyne elle-même ne savait se l’expliquer. Un jour, peut-être, elle trouvera la réponse.