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| À la croisée des chemins [PV Halya] | |
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Auteur | Message |
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Lœthwil
Ancien
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| Sujet: À la croisée des chemins [PV Halya] Mer 18 Nov 2015 - 17:49 | |
| Les fantômes de la cavalerie traversent le vide. Les épées ne s’entrechoquent plus que dans le lointain, les plus grands archers depuis leur nouveau poste ne rêvent même pas d’atteindre leurs cibles. Autrefois ils étaient nombreux, faute d’adversaires, à s’exercer sur la terre battue. Les râles des soldats d’Alëandir ne te sont plus maintenant qu’un souvenir d’une enfance lointaine. Depuis deux siècles déjà, l’exercice se fait au prix de leur sang. Deux siècles que vous êtes engagés dans une guerre aux allures d’extermination, contre le plus puissant ennemi que vous ayez eu à affronter depuis les premiers temps. Celui avec qui vous partagez la chair et le sang.
Encore quatre ennéades. Quatre misérables ennéades qui te semblaient une éternité, et ce serait à ton tour d’abandonner la théorie pour la pratique. Tu te joindrais au seigneur-protecteur de la quatrième saison et aux hommes qu’il aurait réussi à gagner. Une poignée d’arcanistes pour faire face à la riche moisson de mages de l’armée sombre. Puisse votre talent prendre le meilleur sur leur nombre, et votre expérience primer sur leur férocité. Partir avec un désavantage voulait dire que vous ne pouviez rien laisser au hasard. Il vous fallait tous donner le meilleur de vous-même. Il te fallait donner le meilleur de toi-même.
Depuis combien de temps déjà est-ce que tu étais ici ? La position du soleil aura eu le temps de s’inverser avant que tu ne mettes un terme à tes efforts. Seulement quelques heures de plus. C’était ridicule, alors que c’étaient ces mêmes quelques heures, répétées jour après jour pendant deux siècles qui te donnaient le semblant d’assurance qui fronçait tes traits. C’étaient ces quelques heures volées à tes journées qui avaient servi à ton chef guerrier de ton clan à cultiver tes instincts prédateurs jusqu’à ce que se confondent notions d’ennemi et de proie. Elles t’ont mené bien loin ces quelques heures. Elles ont lentement gommé ton physique gracile, finement taillé pour la forêt, à la faveur d’un corps plus puissant, bien moins attirant à tes yeux d’elfe, que tu t’acharnes habituellement à dissimuler sous le tissu, mais dont honteusement, les solides nœuds te rassurent ; tout homme de science que tu puisses être.
Pieds nus pour mieux ressentir la terre. Chevelure nouée en chignon pour libérer tes mouvements. Ton corps épuisé continue inlassablement de répéter les mouvements qui tu l’espères te seront salutaires. Tu évites, frappes, met au sol et relève un adversaire imaginaire. Tour à tour de tes bras ou de tes jambes, de l’air lui-même tu cherches à te défaire, et lorsqu’entre lui et toi la distance t’es suffisante, c’est là que commence ton véritable combat.
Ton poignet claque, tes épaules se nouent, et c’est un enchaînement aussi rapide que violent de gestes rituels que tu esquisses. La terre se lève, les pierres s’aiguisent et s’assemblent en un féroce squelette. Du néant nait l’incendie, goulûment avalé par le minéral. Un cœur de braises dans un corps de pierre. Le monstre aux écailles de terre brûlée est ta plus mortelle création. Que les armées ennemies meurent face à ta mimique des dragons. À sa vue comme à son souffle. L’œil non averti accuserait la paire d’elle, mais c’est bel et bien le mage qui soulève une bête longue comme cinq fois sa taille. C’est le corps d’arcaniste qui hurle de fatigue sous la sollicitation, et qui pourtant semble s’autoriser à abandonner des yeux et des mains sa création.
Tu repars à l’assaut du duelliste invisible, ta conscience toujours raccrochée à la créature éthérée. Allier la prouesse martiale au contrôle des éléments était un travail de titan, et pourtant les gestes amples étaient chez toi déjà pratique habituelle. Ton premier exercice reprend de plus belle, tes gestes visiblement plus lourds, portant le poids d’une épuisante magie, et pourtant, tu n’en as pas fini. Tes bras ralentissent, décrivent des arabesques bien éloignées des mouvements du dragon qui assombrit les cieux au-dessus de toi. Et le vent se refroidit, l’humidité vient s’ajouter à la masse qui pèse sur tes épaules. Compagnon du monstre de roches en fusion, le serpent aux crocs de givre vient ondoyer de sa longue silhouette aqueuse à travers les airs. Duo éclatant, au summum de tes capacités. Quelques longues secondes, peut-être un peu plus d’une minute, et tu étais vidé.
Vaincu par tes propres efforts, tu t’es effondré. La Terre battue est venue cueillir ton dos endolori. Aussi désagréable que soit la sensation du mélange poisseux de ta sueur et de l’argile contre la peau de ton torse nu, c’est sourire aux lèvres que tu t’es allongé. Lorsque la fatigue gagne l’homme, le plus dur des métaux paraît le plus doux des matelas. - HRP:
Si ça peut te servir à quoi que ce soit. 'Stiam porte juste un vieux pantalon de coton abîmé. Il est à fond dans son truc depuis l'aube, et il doit être aux environs de 5-6h du soir. Et sion oui, il a pris le temps de manger et boire de temps en temps quand même !
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| | | Halyalindë
Ancien
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| Sujet: Re: À la croisée des chemins [PV Halya] Jeu 19 Nov 2015 - 5:35 | |
| Retrouvé Ardamir après cette courte absence avait été bien plus agréable qu'elle ne le pensait... Bien plus dur aussi lorsqu'elle pensait aux risques à venir et à Fenris. Mais elle était finalement heureuse de pouvoir y passer quelques jours avant de repartir pour Alëandir.
A son arrivée, les affaires en souffrances avaient été expédiées le plus efficacement possible, puis elle s'était entretenue avec Kaëlis à propos de ses découvertes sur le suspecté nœud magique d'Eraison. Le Conseil arrivait comme toujours à faire tourner Ardamir en son absence et sa Main veillait à ce que la justice courante ainsi que les audiences les plus communes ne soient pas indéfiniment repoussées, mais il restait une foule de chose que tous lui gardaient un monceau d'affaires à régler... au cas ou elle s'ennuierait comme avait coutume de le dire Celondil. Aussi, ça n'avait été que le lendemain de son retour qu'elle avait put s'entretenir de l’état de ses « négociations » avec les Baar'Ane.
Les guerriers et le guérisseur Noss étaient arrivés peu de temps après son départ, mais ils n'avaient pas tenté quoi que ce soit et n'avait pas été autorisés à voir leur chef sans la présence d'une bonne dizaine de garde. Bien sûr, le gardien avait été soigné et on lui avait permis de circulé... quoi que toujours sous TRES bonne garde. Aussitôt que Voronwë leur eu ordonné devant témoin de la protéger au péril de leur vie jusqu'à ce que le dernier drow ait rendu l'âme, le second guerrier demandé par Halya fut renvoyé avec lui, ainsi qu'un Limier, pour lui servir d'escorte jusqu'aux terres d'Eraison... et éviter qu'il ne se ravise et fasse demi-tour à la dernière minute.
Une grosse épine qui disparaissait du pied de la Protectrice... du moins pour quelques temps. Elle savait qu'à la fin de cette guerre, sa vie serait plus en danger que jamais et qu'elle avait peut-être rendu impossible toute réunification réelle... Mais pour l'heure, survivre à la guerre et repousser les drow était trop important. Grâce à ce stratagème et à son acte barbare, elle s'était assuré de la coopération d'un chef Noss aussi puissant qu'imprévisible.
Tournée le dos à la Cité des Arbres avait été plus difficile qu'elle ne le pensait. Elle avait pourtant l'habitude des voyages... Mais cette fois-ci c'était différent. Un curieux pressentiment lui vrillait l'estomac. Un pressentiment qui faisait ressembler ce départ vers Alëandir à des adieux sans savoir exactement pourquoi... Mais lorsque les murs de la Cité Blanche se dressèrent devant elle, elle n'eut plus le moindre doute sur l'importance de ce qui allait se jouer.
Le Trône Blanc, dépourvu de son plus noble occupant, avait prévu des chambre pour chacun des Protecteurs attendu pour le Haut Conseil, que ce soit en son sein ou dans la ville. Du haut de sa jument noire aux crins d'argent, précédée de Randil et suivit par une compagne, un limier, un mage et deux Noss, Halya franchi donc les portes de la Capitale en direction du Palais.
Sa suite portait les couleurs d'Ardamir, même les Noss avaient été priés de porter une discrète ceinture en cuir portant le sceau de la Citée. Le clinquant n'était jamais une bonne idée, mais elle représentait leur Cité plus que tout autre et en avait parfaitement conscience. Vêtue de son armure, réparée et retravaillée pendant son séjour en Eteniril, la peau de loup grise presque noire qui avait été l'un de ses signes distinctifs avait retrouvée sa place sur son épaule droite. Son épée d'Aigle lui battait la hanche et les fines étoffes recouvrant partiellement son attirail guerrier prenaient des teintes tendres de vert et de cuivre qui à eux seuls complétaient le raffinement d'une tenue qui aurait pu être simplement pratique. Ses cheveux roux soigneusement mêlés étaient parcourus de chaînes d'argent qui suspendaient sur son front un talisman reprenant d'argent et d'émeraude la forme de l'Arbre d'Ardamir.
La traversée de la ville avait été rapide mais elle n'était certes pas passée inaperçue. Rien que la présence de Randil attirait l'attention et la rendait plus que reconnaissable. Après tout, voir un loup blanc d'un mètre quatre-vingt n'était pas une expérience quotidienne pour tout le monde, la peur ou la surprise qu'elle lisait sur la majorité des visages n'avait rien d'étonnant. Surtout lorsqu'on savait qu'il existait moins d'une centaine de membre de sa race sur l'ensemble des terres connues!
Les gens qui filaient leur vie dans cette grande ville étaient au cœur du royaume, certes, mais voir les représentant d'autres Cités se réunir tous n'était pas un phénomène si courant dans la vie d'un elfe. On murmurait des nouvelles du Front depuis déjà plusieurs ennéades , les noms de ceux qui s'investissaient ou au contraire prônaient l'apaisement et la défense. Le sien, ou du moins ses titres ou surnoms, ne faisaient pas exceptions. Elle démarchait les autres Cités depuis suffisamment de temps et aidait suffisamment de réfugiés pour être connue même hors du front pour ses positions, autant qu'elle l'avait été pour ses faits d'arme. Restait à savoir si ses confrères Protecteurs accepteraient ses incartades. Après tout, elle avait pris des initiatives qui ne plairaient sûrement pas à toute l'Assemblée. Pousser la coopération avec les Noss, participer personnellement à répandre la nouvelle de la réunification parmi les clans jusqu'à y risquer sa vie, recevoir une représentante de Naëlis et lui proposer une coopération de principe, lancer le Commandant de l'Armée Royale sur la reprise d'Eraison... Tout cela risquait de ne pas passer inaperçu... Mais n'en était pas moins nécessaire. Elle savait en son âme et conscience qu'elle ferait tout pour arrêter la menace qui pesait sur la forêt. Sa place, l'approbation de ses pairs, même sa vie n'était rien en comparaison.
Et en attendant que les débats ne commence, il lui restait quelques jours pour profiter de la ville... Où essayer d’apercevoir quelques personnes clefs. Un instant, elle se demanda si le Protecteur de la Quatrième Saison avait finalement pu faire valoir l'importance de leur cause auprès de l'Académie... Mais elle ne pouvait de toute façon rien faire sur ce plan, elle décida donc d'effacer au moins ça de la liste infinie de questions qui encombraient son esprit... Et de faire quelques visites pour s'en assurer au lieu de ruminer.
Après s'être décrassée de la poussière du voyage, la bibliothèque de l'Académie lui offrit toutes les réponses qu'elle attendait. Ses érudits ne se faisaient pas prier, certains tenant presque salon dans certaines salles... Mais voir Randil pénétré en ce lieu mettait beaucoup de monde mal à l'aise... y comprit l'animal qui supportait mal les alléchants signaux de peur qu'il recevait de toute part. Aussi quitta-t-elle très rapidement les lieux. Le guerrier Baar'Ane toujours à ses côtés, elle s'enfonça dans la ville, retrouvant tous les petits lieux qu'elle connaissait par cœur du temps où elle était Aigle. La Place Tyral lui ouvrit les bras, aussi immense que dans son souvenir... Alors que tant de choses avaient changées.
En passant devant l’Amphithéâtre, elle nota l'horaire d'une représentation qu'elle aimait et laissa ses pieds la conduire dans le dédale de rues. Certaines tête se baissaient sur son passage, déférence pour une personne reconnue plus que hiérarchie obligatoire. Déjà, du temps où elle se promenait avec ses deux frères de meute affublée de son amure minutieusement ornée et travaillée jusqu'à ce qu'elle la porte aussi naturellement et souplement qu'une seconde peau, les gens la regardaient passer avec fascination. Maintenant, accompagnée de deux gardes aussi disparates et portant fièrement les couleurs d'une autre Cité connue autant pour ses légendes et ses artistes que pour le danger qui frappait maintenant à sa porte, les visages qui se tournaient vers elle était le plus souvent empreints de respect... Et toujours cette pointe d'appréhension fascinée.
Peu à peu, une idée germa, orientant ses pas vers un but plus précis. Un but qui lui fit passer les murs en sens inverse et obliquer sur un chemin qu'elle connaissait toujours par cœur, même un siècle après son dernier passage. Son corps se souvenait de chaque pas qu'elle avait fait sur cette route, de chaque arbre qu'elle dépassait. Tout avait tellement changé... et si peu à la fois.
Il lui fallu bien peu de temps pour atteindre le camp régulier de l'armée royale qui avait vu ses première ennéades d'entraînement d'élite. Quelle que soit son origine ou son niveau, un nouvel Aigle passait forcément quelques temps sur les lieux... Commandement, Stratégie, Combat en aveugle, Prise de décisions rapides, Contres et parades face à la magie, anatomie, premiers secours, système de fonctionnement des autres Corps d'armée, présentation aux principaux officiers... Autant de bases qui étaient nécessaire à toutes personne intégrant ce Corps et que l'on vérifiait ou renforçait méthodiquement. Elle avait appris beaucoup et surpris beaucoup de monde sur ces terrains de glaise.
Aujourd'hui, le camps qui avait été saturé de monde étaient presque déserts. Ne restaient qu'une infime partie des instructeurs qui les recrues qui continuaient leur formation. L'armée Royale n'était pas assez désespérée pour envoyer des jeunes servir de mur de chair face aux lames drows et c'était tant mieux. L'odeur de la terre humide flottait dans l'air frais de la fin de journée... Quand un spectacle ahurissant s'envola dans un coin éloigné du camp. Le Guerrier Noss et le Limier réagirent comme un seul homme... ce qui les dégoûta autant l'un que l'autre. Mais Halya se contenta d'observer. La Symphonie ne chantait que son admiration.
Depuis son arrivée, elle n'avait pas entendu la moindre note de danger, pas le moindre murmure. Elle glissa deux doigts sur toute la longueur de la plume brune qui pendait à sa ceinture et remercia une fois de plus Ëninril et Anaëh. Même Randil était plus détendu depuis qu'elle percevait pleinement les paroles de leur sœur. Côte à côté, il regardèrent le ballait aérien. Cela ne dura qu'un bref instant mais Halya sentit des frissons lui courir sur le dos de la nuque aux reins. Cette magie avait quelque chose de vivant, presque sauvage, qu'elle n'avait que trop rarement vu pour être blasée. Elle n'y comprenait pas grand chose... Mais les résultat de l'Art étaient toujours incroyables.
Intriguée, elle s'avança au milieu du chant des arbres fascinés.
-Ma Dame... l’interpella le Limier sans lâcher son arc bandé et près à l'emploi. -Tout va bien. Il n'y aucun danger.
Prudent, les deux gardes prirent finalement le même chemin. La Symphonie était bien faible autour d'un tel camp ou de petits espaces de terre à nue avaient été aménagés par des centaines de bottes piétinant le sol aux même endroit durant des siècles, mais elle s'infiltrait jusqu'à l'oreille de la Protectrice comme elle le faisait chaque jour. Et Halya la guettait même sans s'en apercevoir. Les bourgeons et les branche murmuraient leur peur et leur joie, la grandeur de la créature et son essence magique... Ainsi que l'épuisement de la créature qui avait tenté cette folle merveille. D'autre encore riaient à voix basse, comme s'ils étaient seuls à connaître la chute d'une histoire visiblement désopilante.
Lorsqu'elle arriva à cette trouée un peu en retrait, Randil leva la truffe... Et se jeta en avant vers l'homme à terre. La Protectrice allait crier un ordre lorsque l'animal s'immobilisa à mi-distance, bas sur ses appuis. Il ne grondait pourtant pas... Et la Symphonie tremblait de cette violence contenue.
Halya leva un sourcil et fit signe à ses gardes de rester en retrait. Elle approcha... Pour voir Randil se réaligner d'un bon entre elle et le mage pour l'empêcher d'avancer plus loin. Depuis les diverses blessures de sa mère, le loup était devenu pour le moins... surprotecteur. Mais comment aurait-elle pu lui en vouloir après la peur qu'elle lui avait fait. Elle se réimposait doucement, sans violence, montrant qu'elle était capable de prendre soin d'elle et de se défendre. Elle aurait pu user de force face à ce genre d'incartade, mais l'animal n'était pas un bête chien et ne le serait jamais. Alors elle arriva jusqu'à lui et passa sa main dans son épaisse fourrure tout en avançant de son pas félin jusqu'à son épaule.
Collée à lui, elle s'immobilisa et fronça le nez. Ce visage... Ne lui était pas inconnu... Mais où ? Où l'avait-elle déjà vu ? … Et pourquoi Randil réagissait aussi violemment ?
-Ne vous en faites pas, il ne vous fera aucun mal. Il est seulement intrigué. Excusez-nous d'avoir interrompu votre entraînement... Vous allez bien?
Elle passa plusieurs fois la main le long du flanc de l'animal tout en le poussant un peu, toujours rassurante... Mais ses yeux dévisageaient le personnage, avec autant d'attention que ceux de la bête. Puis, un sourire détendu apparu sur le visage de la jeune femme, toute forme de tension l'ayant quitté.
-Veuillez m'excuser, j'ai été attirée par vos créations. J'étais curieuse de voir qui pouvait déployer tant de force dans l'usage de son Art... Je dois admettre que j'ai rarement vu ça. Je me nomme Halyalindë, mais vous pouvez m'appeler Arava.
Elle le salua d'un mouvement de tête et sembla prête à se passer une main dans les cheveux, mais arrêta son geste en effleurant sa coiffure complexe. Son maintient noble quand elle était immobile détonnait totalement avec la souplesse et la précision du moindre de ses mouvements.
-Vous allez sans doute trouver cela étrange... mais je n'arrive pas à m'enlever de l'esprit une impression de déjà vu. Nous serions nous déjà croisé ?
Dernière édition par Halyalindë Yasairava le Dim 27 Déc 2015 - 21:14, édité 1 fois |
| | | Lœthwil
Ancien
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| Sujet: Re: À la croisée des chemins [PV Halya] Jeu 19 Nov 2015 - 14:08 | |
| Dos au sol et face au ciel, la poitrine soulevée tant par les battements de ton cœur encore excité que par ta profonde et sonore respiration, tu défies le soleil. Tes iris blonds rendent sa propre lumière à l’astre sur le couchant. La fierté se lit dans ton regard vacillant. Tu approches dangereusement du but… Dangereusement. Une seule erreur, et ta propre magie pourrait bien te détruire tant la force brute que tu y déploies est impressionnante. Mais tu as repoussé l’échéance encore cette fois, à la faveur du regard des quelques tréants présents. Ici la Symphonie est bien faible, aussi douce qu’un murmure, mais autour de ces terres battues par le pas des soldats, le soutien des arbres est encore intact. Bien loin de l’indescriptible brouhaha déformé par la ville. Ils t’ont épaulé tout du long de cette performance, certains plus supportifs, d’autres incrédules, à la manière d’une foule en haleine. Qu’ils aient été pleins d’attentes ou blasé, rires compatissants et frissons d’émoi se seront opposés lorsque l’épuisement t’aura achevé. Mais voilà que les yeux se tournaient vers d’autres. Quatre êtres, quatre enfants de Kÿria, deux frères enfermés dans leur rivalité. Deux cousins éloignés qui ont choisi de s’adopter. Un quatuor aussi disparate qu’il devait être efficace, profitant de membres dont les forces et faiblesses s’emboîtaient avec brio. Un quatuor aussi disparate qu’il pouvait être chaotique, lorsqu’accord ne savait pas être pris. Le petit groupe se rapproche, trois de ses têtes semblant inquiétées par ce sur quoi leurs yeux allaient se poser.
Ton oreille pointue vient chercher le sol, et guetter le son de leur marche. Les pas les plus lourds sont les plus hésitants. Les pas les plus assurés sont presque imperceptibles, comme venant d’une créature s’appliquant à feindre la légèreté. La cadence du dernier clopine trop pour venir d’un immortel. Le rythme du trot trahit le quadrupède. Les griffes du loup éraflent le sol lorsqu’il se présente à ta vue. Le temps remonte presque deux siècles en arrière lorsque le loup blanc s’élance vers ta carcasse. Tu n’auras pas l’occasion cette fois, de lui opposer plus que ton regard et attendre. Si l’enfant te jaugeait, c’est que sa mère approchait.
- Ҫa fait un bail hein ?
L’elfe Louve ; fusse-t-elle encore digne de ce nom ; paraissait enfin. La femme sauvage aux cheveux de feu n’était plus qu’un souvenir. Toujours forte de cette même démarche féline, elle avait troqué ses loques brunies par le sang pour des habits de cuir et de métal, toujours sublimés par cette cape de fourrure, importante marque de son passé. C’est ta tenue cette fois qui manquait d’élégance. Douce ironie.
Alors comme tu l’avais prédit, le destin vous réunissait. Le distingué que lui forçait sa nouvelle condition, celle que tu lui savais avoir à travers les racontars qui faisaient jaser la Cité donnait raison à des mots que les saisons auraient effacé dans n’importe quel autre esprit. Tu te souviens de ta première rencontre avec la mère des loups comme si elle fut de la veille. Elle par contre ne semblait pas avoir les souvenirs aussi clairs. Peut-être était-ce pour le mieux. Ainsi vous aviez la chance de repartir de zéro. Sans les à-priori négatifs que son état d’esprit d’antan aurait pu lui susurrer.
- Ne vous excusez pas, il est dans son droit… et j’avais fini de toute façon. Disons qu’un peu de repos me fera du bien.
Tes traits semblaient avoir été plus marquants chez le loup blanc que chez sa mère. Lui te surveillait, elle t’inspectait, à la recherche du détail qui trahirait ton identité. Manquant chaque fois que ses yeux te balayaient, les traces que sa propre mâchoire avait laissé sur ton bras. La sincérité de l’attention qu’elle te portait jurait tant avec le mensonge dans lequel elle s’entretenait la première fois que tu ne pus retenir un léger éclat de rire, vite étouffé par de vives douleurs pectorales. Toutes les peines du monde semblèrent s’abattre sur toi alors que tu prenais position assise pour lui rendre ses salutations, et le feu dans ta poitrine redoubla d’intensité lorsqu’elle mit finalement en mot ses doutes.
- Alors il aura fallu presque deux siècles pour que nous soyons finalement présentés Halyalindë. Mon nom est Estiam.
Tu marques une pause, met en évidence ce qu’il reste de la cicatrice qu’elle t’a infligé.
- Dommage que les gens d’Alëandir parlent tant. Mon seul regret aura été de ne pas apprendre son nom de la même bouche que celle qui m’a sauvagement mordu. Tu ne peux pas imaginer à quel point ça me fait plaisir de te revoir. La vie semble t’avoir souri.
Tu quittais la louve effarouchée sans savoir réellement ce qu’il en était. Tu la retrouvais aujourd’hui comme on retrouve une vieille amie.
Dernière édition par Estiam Faerin le Mar 2 Jan 2018 - 2:52, édité 1 fois |
| | | Halyalindë
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| Sujet: Re: À la croisée des chemins [PV Halya] Jeu 19 Nov 2015 - 16:16 | |
| Le mage qu'elle croisait finalement était pour le moins... étrange. Il avait faillit s'étouffer de rire sans raison apparente et la couvait d'un regard qu'elle n'arrivait pas à identifier. Il semblait épuisé, aussi lui tendit-elle la main pour l'aider à s'asseoir. Elle aurait sûrement du le laisser à son repos, après ce qu'elle avait vu, mais son instinct lui disait qu'elle l'avait déjà rencontré. Pourtant son identité lui échappait toujours comme de la fumée qu'elle aurait tenté d'attraper avec les mains... et elle détestait cette impression. Aussi lui avait-elle poser directement la question, avec cette franchise un peu brute que lui reprochaient parfois ses conseillers.
- Alors il aura fallu presque deux siècles pour que nous soyons finalement présentés Halyalindë. Mon nom est Estiam.
Elle se figea, ouvrant des yeux ronds de stupeur. Sa bouche battit l'air plusieurs fois sans qu'elle ne trouve quoi que ce soit à répondre. Son regard aussi vert que l'émeraude qui paraît son front se posa sur la fine cicatrice qui se voyait à peine sur la peau halée de cet homme.
-C'est...
Puis elle retourna jusqu'à ses iris clairs, ses cheveux pâles, son visage fatigué mais serein. La scène lui revenait doucement. Plus que les couleurs et les geste, elle entendait sa voix, sentait l'odeur de la sève de pin et un léger goût de sang.
Un instant, elle se tourna pour voir si ses deux gardent étaient toujours là. La langue de Randil dans son cou la fit sursauter. Elle fixa une seconde le loup blanc et son œil opaque avant de flatter son encolure tout en se retournant vers le mage. Une main passa sur son visage, cachant un sourire incrédule de plus en plus irrépressible.
Elle se détourna, fit quelques pas, invita ses deux gardes à se mettre à l'aise alors que le guerrier Noss levait un sourcil suspicieux en entendant parler d'une morsure sauvage. Finalement, elle fit face sa propre Mémoire en riant de l'absurdité de la scène. Elle n'en revenait simplement pas.
-Alors tu es réel...
Sans y penser, elle l'avait tutoyé. Elle le voyait, là, assit, tout simplement, dans un camp de l'armée citadine... Ce qu'elle prenait pour un délire depuis des dizaines d'années revenait la voir en chair et en os. Non, pas un délire. Le rêve qui lui avait signifier qu'elle ne pourrait pas rester à jamais loin des siens. Le rêve qu'elle avait fait si souvent sous le couvert des arbres qu'elle n'avait pu l'oublier.
Cet être entre deux monde jusque dans son apparence, cet homme qui avait voulut la rassurer, qui avait employé les même mots que Kaelan... ça ne pouvait être qu'une construction de son esprit alors qu'elle même se sentait tiraillée entre sa vie de citadine et son envie de ne faire qu'un avec Anaëh comme seuls les Noss savaient le faire, son existence humaine et son futur en tant qu'elfe. Maurquimellë lui avait insuffler un songe pour la guider sur la bonne voie. Trops de choses concordaient. Trop de choses qui n'auraient pas pu être de simples coïncidences... Et voilà que ce songe, cet figure qu'elle considérait depuis des années comme une part d'elle-même... la personnalisation de sa mémoire... se révélait être la réalité.
-Je veux dire... J'ai toujours cru que tu n'existait que dans ma tête alors... Je suis un peu... Surprise, voilà tout.
Elle le rencontrait une nouvelle fois à la croisée des chemins, alors que l'avenir du Peuple, et non seulement le sien cette fois, était sur le point de basculer. A croire que ce mage étrange était guidé par les ëalas. Combien de chances y avait-il pour qu'elle vienne jusqu'ici en ce jour et à cette heure précisément ?
Elle fronça une nouvelle fois les sourcils sans se départir de son sourire amusé. Absurde. Surréaliste, elle ne trouvait pas d'autre qualificatifs.
-Je... Oui... On peut dire ça finalement. Murmura-t-elle à la dernière remarque de son vis à vis.
Son expression s'était faite plus douce, un peu pensive, son sourire plus tendre. Elle pouvait presque voir les iris asymétriques de Fenris lui sourire en retour. Malgré la crainte qui lui étreignait parfois le cœur une fois la tête posée sur son oreiller, elle ne regrettait pas un seul instant la tournure des événements. Elle avait supporté beaucoup de deuils, beaucoup de drames et de responsabilités... Mais en fin de compte, elle préférait retenir les moments de bonheur et accepter les autres.
Mais elle revint bien vite de ce rapide voyage dans ses souvenirs.
-Cela ne change rien à l'état d'urgence dans lequel nous nous trouvons. Je suis là pour le Haut Conseil. Mais... Si ce n'est pas indiscret, qu'est-ce qu'un Noss fait seul ici ? |
| | | Lœthwil
Ancien
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| Sujet: Re: À la croisée des chemins [PV Halya] Jeu 19 Nov 2015 - 21:44 | |
| Qualifier votre première confrontation d’incroyable n’y aurait même pas fait justice, mais tu n’imaginais pas à quel point c’était le cas aux yeux même de celle avec qui tu l’avais partagée. Elle était allé jusqu’à y voir quelque chose de surréaliste au point d’en être irréel. Devais-tu te vexer qu’elle ait douté de ton existence, ou trouver flatteur qu’elle ait trouvé ta figure si pleine de sens qu’elle ne pouvait qu’être un de ces messages envoyés par l’Anaëh aux âmes perdues ? Difficile de toute façon pour toi d’éprouver la moindre frustration face au sourire de celle qui avait, sans que l’on puisse se l’expliquer, pris autant de place dans ton cœur. Il était naturel qu’étant devenu une part d’elle, elle devienne une part de toi, et souvent lorsque tu n’avais plus rien à penser, tu t’es demandé ce qu’il avait bien pu advenir de l’elfe-Louve. Parfois son fantôme venait hanter ton sommeil, et alors tu te réveillais. Anxieux. Craignant que le destin ne l’ait pas épargnée. Toi qui n’a pas eu la chance de rallonger ta lignée, tu avais trouvé en cette âme perturbée une adulte adolescente à raisonner. Voilà donc la raison qui t’a échappé toutes ces années. C’était donc ça qui t’avait poussé à te laisser faire, la source de la confiance que tu avais mise en elle et la raison pour laquelle elle ta tant marquée.
Par empathie avec celle qui était déchirée entre deux mondes ; connaissant le sentiment de celle qui ne trouvait plus sa place parmi les siens, tu l’avais spirituellement adoptée. Et tu espérais que malgré les apparences, il en eut été de même pour elle.
Un inexplicable sentiment de fierté, mais surtout un soulagement inespéré t’avaient pris aux tripes lorsque les nouvelles de son Intronisation ont filtré jusqu’à tes oreilles. La Dame Protectrice d’Ardamir, l’elfe aux cheveux courts, l’énigmatique femme accompagnée des loups. Ce ne pouvait être personne d’autre que la mère des Loups. Voilà quelques temps que tu espérais la revoir. Son rang était la garantie de la retrouver en Alëandir pour le temps du Haut-Conseil, mais un caprice du destin avait décidé de la remettre sur ton chemin un peu plus tôt qu’espéré. Peut-être un peu trop tôt même. Il faut dire que tu aurais préféré l’accueillir avec une tenue digne de ce nom plutôt qu’épuisé et couvert de terre et de sueur… ce n’était pas ainsi que l’on recevait un Seigneur-Protecteur. Mais là n’était pas le sujet. Elle marque un point. Le temps n’est pas aux souvenirs.
- Je ne suis pas là en tant que Noss. Ou du moins pas seulement. Je suis né parmi les Noss et j’ai vécu mon enfance parmi eux, mais j’ai fait la moitié de mon éducation à l’académie d’Alëandir. C’est vrai que c’est avec les Noss que j’ai aiguisé mes armes, mais c’est l’académie qui me les a offertes, alors c’est en tant que Mage d’Alëandir que je compte rejoindre le front. Et puis, les relations entre les habitants des cités et les Noss tu lances un regard aux deux gardes semblent exagérément tendues. En des temps pareils, le peuple Sylvain a besoin d’unité, et en tant que vieil elfe ayant passé presque un cycle à osciller entre la ville et la forêt, j’espère pouvoir aider.
Profitant du peu de force que t’auront insufflé tes propres paroles, tu t’es relevé, a ramassé et enfilé la courte tunique blanche, en aussi bon état que ton pantalon, que tu avais négligemment laissé sur une branche après que la chaleur eut raison de ta pudeur. Tu ne salues réellement les accompagnateurs qu’une fois habillé, et hésite au comportement à adopter face à un loup qui ne semble pas particulièrement t’apprécier. Tu as tant de choses à lui dire, mais les conditions sont loin d’être idéales à la conversation.
- Puis-je me permettre de vous inviter chez moi ? Histoire de me faire pardonner mon accueil quelque peu… poisseux.
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| | | Halyalindë
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| Sujet: Re: À la croisée des chemins [PV Halya] Jeu 19 Nov 2015 - 23:40 | |
| Elle n'avait pas oser lui proposer de marcher un peu ou de trouver un coin plus confortable par égard pour son état de fatigue visiblement plus qu'avancé. A ce qu'elle savait, les mages pouvaient mourir pour avoir fait moins que ce qu'elle venait de voir... et elle ne comptait pas le laisser filer si facilement. Mais voilà qu'il l'invitait de lui-même.
-Avec grand plaisir, mais il n'y a rien à excuser. Pour une fois que ce n'est pas moi qui ait besoin de faire pardonner ma tenue...
Elle le suivit pas à pas jusqu'à ses deux gardes qui étaient restés en bordure du terrain. La tête pleine de cette étrange rencontre, elle aurait voulu les congédier pour la soirée... Le problème étant qu'elle était plus là pour garder un œil sur les deux hommes que le contraire. Après l'ordre de son chef, le Noss refusait de s'éloigner d'elle plus de quelques heures et n'hésitait pas à désobéir s'il pensait l'ordre inadéquate. Quand au Limier, il était aussi exemplaire que mal à l'aise en présence de son confrère des forêts... Mais l'un comme l'autre prenait sa tache au sérieux et ils ne s'étaient toujours pas entre-tués...
- Rentrez et prenez du repos. Je suis en parfaite sécurité. - Protectrice, le Gardien a... - Vous savez ce qu'il s'est passé durant son séjour à Ardamir. Il ne m'arrivera rien.
L'avertissement implicite fonctionna à merveille. Le visage du jeune guerrier se renfrogna, brillant d'une lueur rageuse, mais il ne dit pas un mot alors que le citadin saluait impeccablement.
Le camp disparu peu à peu, mais tout en marchant, Halya ne pouvait s'empêcher de noter une foule de détail au sujet de cet homme. Sa démarche, l'harmonie de ses mouvements, ses larges épaules. Randil était méfiant, quoi de plus normal s'il avait gardé de ce qui avait été pour lui un souvenir d'enfance ?
Mais même si elle n'avait pas réagit sur le coup, ce qui surprenait le plus plus la jeune femme était ce qu'Estiam avait dit à propos de ses origines. Il n'était ni Citadin, ni Ornedhel. Et cela même la faisait sourire.
-Tu sais, je cherches depuis déjà quelques années des personnes capable de faire entendre raison aux deux camps, reprit-elle de but en blanc. Alors j'espère vraiment que tout vieil elfe que tu sois, tu ne refuseras pas ton aide à une jeune Protectrice dans mon genre lorsque les débats deviendront brûlants. Avoir quelqu'un qui manie aussi bien le feu à mes côté pourrait faire pencher la balance en faveur de la cohabitation, ajouta-t-elle avec un air entendu.
Elle continuait à avancer au rythme du mage, sans se presser, consciente qu'il était sûrement épuisé. Sa main ne quittait pas la fourrure de Randil qu'elle sentait se détendre peu à peu malgré cette présence sortie de temps immémoriaux.
-Il faut croire que ceux qui sont nés entre deux mondes sont plus touchés que les autres par ce genre de problèmes.
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| | | Lœthwil
Ancien
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| Sujet: Re: À la croisée des chemins [PV Halya] Ven 20 Nov 2015 - 15:27 | |
| Dans les répliques de la jeune elfe, tu retrouves des répliques que tu ne peux que trop facilement t’approprier. Ainsi donc se dévoilaient les preuves de la convergence qu’observent les vivants placés sous les mêmes influences. Si oiseaux et insectes partagent des ailes c’est qu’ils ont tous deux eu le désir de voler. Si reptiles et poissons sont affublés de nageoires, c’est qu’ils ont choisi de retourner à l’eau. Halya et toi, l’un comme l’autre livré à trois sources d’influences partagiez un même langage, dodelinant péniblement entre les élans lyriques des citadins et le franc-parler propre à ceux qui ne connaissent pas le mensonge. Alors tant qu’il n’y avait que vous, et plus que vous, libérés des deux gardes ; que tu suspectes presque prêts à s’entretuer une fois hors de portée de leur protégée ; vous prendriez le temps d’échanger dans votre propre langage.
- Je serais ravi de t’aider, mais je dois bien avouer que je suis loin d’avoir les talents d’orateurs requis pour captiver les foules. Avec l'âge ne vient pas toujours la sagesse, mais peut-être que la crainte que les elfes nourrissent pour la magie du feu pourrait effectivement jouer en ma faveur, bien que je doute fortement qu’il serait judicieux de faire du Haut-Conseils un spectacle de cirque.
Par ta faute l’avancée est particulièrement lente, mais la jeune femme ne semble pas s’en trouver gênée. Plutôt que de s’en plaindre, tu profitais de votre procession pour admirer, une fois de plus l’éternelle cité d’Aleändir. Les murs de pierre à perte de vue, les arabesques épousant à la perfection, comme essayant de consoler une nature alentour quelques peu affaiblie. Et puis il y avait les habitants qui parcouraient les rues. Toujours les mêmes depuis des siècles. Toujours empruntant les mêmes chemins, enfermés dans une routine qui te dégoûte.
- Lorsque l’on nait entre deux mondes, s’ils doivent s’entrechoquer, on est les premiers écrasés. C’est le prix à payer lorsque l’on refuse de faire l’effort de ralentir ce qu’on est les mieux placés pour arrêter.
Vous longez les abords de la cité, sautez allègrement de discussion à simple contemplation et de questions à réponses. Tu ne peux t’empêcher de rechercher le moindre effet du temps sur Halyalindë, sans rien trouver de concluant. Sa courte chevelure rousse, sa fine silhouette à l’harmonieux tombé de hanche, ses déplacements quasiment félins, ils étaient toujours identiques. Même son visage, partageant avec le tien une expressivité plus marquée que celle de la majorité des sylvains, bien que parcouru par différents rictus, était toujours le même. Et pourtant la femme qui se tenait à tes côtés ne ressemble en rien à celle de tes souvenirs. C’est incroyable comme l’assurance peut nous changer. Le loup aussi attire ton attention. Le juvénile d’autrefois a bien grandi. L’animal plein de fougue, à l’image de sa mère, s’est assagi. Avec l’expérience vient souvent la patience. Le loup d’autrefois t’aurait sauté à la gorge, profitant de ta faiblesse. Celui-ci n’avait fait que protéger sa figure maternelle d’un de ses fantômes. Il t’avait témoigné du respect. L’as-tu gagné autrefois, où l’a-t-il appris au contact de la civilisation… la question reste à poser. Il est toutefois de bon augure qu’il suive le chemin de son aîné… d’ailleurs où était son aîné ?
Tu n’auras pas eu le temps de poser la question que vous étiez arrivés à destination. Menue demeure aux abords de la cité, ton foyer était à l’image du voyageur que tu es. Des appartements simples, sommaires. Des murs de pierre blanche à l’image de ceux de la cité, séparant salon, cuisine, salle d’eau et une chambre unique. Des meubles travaillés pour durer plus que pour décorer faisaient écho à une maison plus fonctionnelle qu’attrayante, parce que c’est ainsi que tu l’aimais. Mais l’important détail, s’il on peut ainsi l’appeler, c’est l’omniprésence de manuscrits dans toutes les pièces. Des recueils entiers retranscrivant tes pensées, les résultats de tes recherches et les hypothèses qui en découlaient. Des pages argumentant sur une multitude de sujets, de l’art de la magie à celui du tissage, de tes croquis de vêtements à ceux de la faune sauvage, tous méticuleusement entretenus dans ton désordre organisé.
- Excuse le désordre. Disons qu’avec beaucoup de temps viennent beaucoup d’idées. Je vais faire un brin de toilette. Tu peux prendre tes aises. La maison n’est pas très grande, si tu veux continuer à discuter, je devrais pouvoir t’entendre depuis la salle d’eau.
À l’abri des regards, tu retrouves ta nudité, seul face à ce corps qui te donne confiance sans que tu saches réellement l’assumer. Tu profites de ces bains tant que tu le peux encore. Là-bas au front, confort et propreté ne sont pas l’apanage des guerriers.
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| | | Halyalindë
Ancien
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| Sujet: Re: À la croisée des chemins [PV Halya] Ven 20 Nov 2015 - 17:10 | |
| Si le visage des elfes ne changeaient pas, les humains avaient coutume de dire qu'il suffisait de les regarder dans les yeux pour connaître leur âge. Si vous vous sentez happé par leur profondeur, c'est que la personne en face de vous à connu plus d'hiver que votre lignée toute entière. Pourtant certains regards demandaient bien plus que quelques secondes pour être percés à jour. Même face à ses plus proches amis, Halya avait toujours su faire oublié cette une certaine part d'ombre. Une part d'elle-même que l'homme avec qui elle conversait était le seul à avoir vu de ses yeux... Et à y avoir survécu.
-Oh mais je ne comptais pas faire une démonstration de tes capacité lors d'un Conseil, je te rassure.
Tout en avançant, la jeune femme se rendait compte à quel point sa mémoire avait conservé les traits de cet homme malgré toute la légende qu'elle avait construit autour. Il avait changé d'une certaine façon. Elle se souvenait d'un chasseur souple là ou elle retrouvait un véritable guerrier aux épaules étonnamment... et agréablement larges. Visiblement, l'homme qui observait le monde avait vraiment décider de le défendre et de s'y plonger à bras le corps.
C'était drôle de penser qu'apprendre l'existence d'Estiam aurait pu la ravager quelques dizaines d'années plus tôt alors que cela la réjouissait plutôt à présent. Elle lui parlait sans gêne, curieuse d'en apprendre davantage sur lui et ce qui avait bien put les conduire à se croiser encore et encore. Après l'impacte qu'avait eu leur première rencontre sur la vie d'Halya, il lui était difficile de penser que celle-ci ne déboucherait sur rien. Mais pas de peur, pas d'attente, pas de folie cette fois, si ce n'était celle qui la prenait au milieu du champ de bataille et qu'elle apprenait à contrôler et à apprécier depuis près de deux siècles.
Au travers d'Alëandir, les habitants et leurs regards lui paraissaient moins indiscret. Les bâtiments étendaient leurs façades travaillées tout autour d'eux. Ces deux elfes qui ne s'étaient vu qu'une poignée de minutes échangèrent avec la légèreté des amis de longue date jusqu'à la petite maison du mage.
-fait comme chez toi, sourit-elle simplement lorsqu'il lui faussa compagnie pour aller se débarbouiller.
Randil prenant la place d'un cheval, il n'était pas véritablement à son aise dans l'espace réduit de la pièce à vivre. Heureusement, le trajet l'avait suffisamment rassuré pour qu'il s'allonge sous une fenêtre et cesse de tourner en rond comme si on tentait de l'enfermer dans une cage. Il dardait son seul œil valide sur la pièce et Halya le savait toujours près à bondir, mais son apparente tranquillité suffirait pour l'instant.
Pendant ce temps, l'elfe ne se fit pas priée pour se mettre à son aise. Elle dégrafa les deux attaches qui avaient été ajoutées à l'épaisse peau de loup jetée sur ses épaules et la posa sur un coin de chaise qui n'avait pas été envahit par les manuscrits, dévoilant au passage un long couteau attaché à son bras gauche. Son armure était comme une seconde peau depuis bien longtemps mais tout ce qu'elle pouvait ajouté par dessus l'alourdissait désagréablement. De plus, c'était presque incongru de la porter dans ce cadre.
Elle retira ses semi-gantelets, libérant ses poignets et ses doigts des lacets de cuir tout en parcourant la salle. Des livres, des papiers, des parchemins, des vélins... Elle s'arrêta sur plusieurs croquis disparates et suivit leur lignes du bout des doigts. Elle avait toujours été plus sensible à la musique qu'au dessin, mais ce qu'elle avait sous les yeux n'était pas particulièrement artistiques... Plutôt théorique. Et il y avait tant de choses différentes !
-Par la mère, combien de sujet est-ce que tu étudies ?
D'une oreille distraite, elle pouvait entendre les clapotements de l'eau dans la pièce d'à côté tout en continuant à parcourir le salon. Elle ne s'était pas vraiment adressé à la personne qui s'y trouvait. C'était plus une constatation qui lui avait échappée. Mais hors de la vue du mage, il y avait bien quelque chose sur laquelle elle voulait revenir. C'était plus facile ainsi. Non que cela aurait été gênant de voir son visage... Mais c'était moins étrange d'en reparler seule. A genoux près de Randil, sa grosse tête blanche reposant sur ses cuisses, elle haussa un peu la voix.
-Tu sais, je ne voulais pas être ingrate tout à l'heure. Notre première rencontre... Je m'en souviens dans les moindre détails. Et j'aimerai te remercier. A cette époque j'étais... perdue.
Même en deux cents ans, elle n'avait pas trouvé le terme adéquat. Elle ne le trouverait sans doute jamais. Mais elle se débrouillait tant bien que mal avec un langage incomplet.
-Je dois admettre que je t'ai haï pendant des années... Enfin j'ai haï ce que je pensais être un rêve. Tu n'imagines pas à quel point tes mots m'ont blessés à l'époque. Mais ils m'ont aussi permis de retrouver le chemin de ma maison. Alors merci.
Il n'y avait rien à dire d'autre ni d'autres façons de le présenter. Sa gratitude était sincère. Le reste pourrait attendre qu'il ait fini de ce laver. |
| | | Lœthwil
Ancien
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| Sujet: Re: À la croisée des chemins [PV Halya] Ven 20 Nov 2015 - 23:06 | |
| Elle avait fini par laisser l’œil traîner dans tes études. Après tout, difficile de faire autrement dans un petit espace dont presque la moitié était recouverte de pages griffonnées. Et peut-être d’ailleurs si elle cherchait, finirait-elle par s’y retrouver. Elle fait partie de ces choses sur lesquelles tu n’as pu poser qu’un semblant d’explication. Tu l’as rangée là où tes conjectures n’avaient pas leur place, dans un recueil qui rassemblait ces images que tu as récolté sans autre motif que de simplement conserver des souvenirs. Aux côtés des fées et de l’Arbre-Maison fleurissant des Wen’Döril était immortalisée la meute de l’elfe-Louve. Le seul de tes livres où tu as abandonné la science pour l’art.
- Je te l’ai dit la première fois, j’aime savoir. Alors j’étudie tout ce qu’il m’est donné de comprendre.
Tu t’exclames plus que tu ne parles pour être sûr que ta voix porte jusqu’à elle. Les rires viennent ponctuer ta réponse à ce que tu sais ne pas avoir réellement été une question, et puis tu attends. Tu attends qu’elle dise ce qui lui brûle les lèvres. Le silence finit par lourdement tomber, pesant au point de baisser ton regard vers la surface de l’eau. Tes mains viennent chercher tes cheveux nouvellement déliés et s’y oublier, nourrissant le cuir chevelu d’un mélange de plantes dont ton clan garde jalousement le secret. Les mains perdues dans un geste aussi rituel que ceux qui guident ta magie, tu es fin prêt à tendre l’oreille à la déclaration qu’elle ne peut pas te faire en face. Et lorsque tu reprends la parole, c’est avec une voix que malgré la distance, tu refuseras de forcer. Le temps est à la douceur.
- Ne t’inquiète pas. Tu ne me dois rien après tout. Ce que j’ai fait je l’ai fait de bon cœur… Et puis, je t’ai dit des choses terribles. Tu semblais t’être abandonnée… et je ne voulais pas ça pour toi. Moi j’ai quitté Alëandir sur un coup de tête. Je suis parti parce que je ne me sentais plus à ma place dans un univers qui cachait l’existence même des questions qu’ils jugeaient ne pas valoir une réponse, ou dont ils pensaient les réponses inappropriées. Je ne supporte pas l’ennui, et la vie chez nous les elfes prend vite ce côté monotone et routinier qui nous empêche d’avancer. Notre peuple est magnifique, mais à ce rythme, le traditionalisme finira par nous mener à notre perte. Enfin, là n’est pas le sujet. Je n’ai jamais regretté mon départ. J’ai voyagé jusqu’en Ithri’Vaan, et même à travers les Terres Stériles. J’ai fini par trouver des réponses, mais lorsque je suis revenu c’était déjà trop tard. J’ai perdu des gens que j’avais quitté dans la colère sans jamais avoir l’occasion de leur dire au-revoir. C’est difficile de faire le deuil de quelqu’un que tu n’as pas quitté en bons termes.
Tu penses bien sûr à Caranthir, dont la mort t’avait touché plus profondément que beaucoup d’autres. Caranthir dont le seul nom, bien que tu aies fini par accepter sa disparition, te met encore les larmes aux yeux. Si seulement tes draps de bain pouvaient les éponger comme ils épongent l’eau qui coule contre ta peau. À l’abri des quatre murs de ton foyer, tu restes habillé d’une tenue toute aussi légère que celle que tu venais de quitter. C’est à peine changé que de toute ta hauteur, tu refaisais face à Halya, le cœur grossi par une demande bien particulière.
- Tu… Je… Je peux te prendre dans mes bras ?
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| | | Halyalindë
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| Sujet: Re: À la croisée des chemins [PV Halya] Dim 22 Nov 2015 - 2:37 | |
| Alors lui aussi avait voyagé. Il était allé plus loin, pas nécessairement au même endroit, mais lui aussi avait un jour décidé que sa place n'était plus dans les limites de la forêt. Lui aussi avait parcouru le monde pour trouver des réponses, de nouveaux horizons, de nouveaux buts. Lui aussi était revenu à bon port... Et Halya était bien placée pour savoir que cela l'avait forcément changé. Il avait du voir évoluer les humains, peut-être même les drows et remarqué les lacune de leur propre conception du monde. Il avait connu et perdu des amis elfes et sûrement non-elfe.
Plus les deux elfes discutaient, plus les similitudes s'amoncelaient. Ils pouvaient être très différents sur bien des points, leur vie comportait des détails que l'on ne retrouvait que très rarement dans celles des habitants de l'Anaëh. Nés entre deux cultures, ils avaient poussés les limites de leur monde pour se réaliser, pour comprendre et trouver plus que ce que le commun ne leur donnait.
- Il n'est jamais facile de laisser partir quelqu'un, mais c'est nécessaire pour avancer. Non choix sont parfois incompréhensible pour nos proches, mais cela ne change rien aux lien qui nous unissent à eux. Il est inutile de s'en vouloir pour des choix qui ont fait de nous ce que nous sommes. Qui sont une part de la personne que nos proches aiment.
Si on oubliait cela, on finissait par crouler sous le poids des morts. Perdre quelqu'un était déjà une épreuve. Décider consciemment de qui vivrait ou mourrait était bien pire. Pourtant elle avait appris à vivre avec.
Mais des questions restaient sans réponse et comme le fait de parler tout en étant nu dans sa baignoire ne semblait pas troublé son hôte plus que cela, elle ne se gêna pas pour continuer d'une voix un peu plus paisible.
- J'aimerai quand même comprendre pourquoi c'était si important pour toi que je retourne à la civilisation. Tu ne savais rien de moi. Rien de ce qui m'avait poussé à me retrancher au cœur d'Anaëh. Et tu as agis comme si tu... savais tout. Comme si tu comprenait tout. Même maintenant je ne me l'explique pas.
Estiam reparu toute fois assez rapidement, les cheveux encore humide mais l'air un peu moins fourbu. La tête de Randil toujours sur ses genoux, Halya s'attendait à beaucoup de choses, mais vraiment pas à la demande du mage. Sa main s'éloigna un instant de la fourrure blanche. Elle fronça légèrement les sourcils en étouffant un rire.
Depuis son retour des terres mortelles, depuis sont retour de la forêt, elle avait réapprit les codes sociaux. Cela avait été plutôt simple... excepté pour une chose. Le contact. Même maintenant, elle devait parfois réprimé les gestes jugés inappropriés qui lui venaient parfois. Une poignée de main, saisir le bras de quelqu'un, lui touché l'épaule, le prendre dans ses bras. Les loups discutaient ainsi. Les humains étaient également plus familiers entre eux que les elfes des Cités. Déjà, petite, elle avait tendance à chercher le contact, mais sa vie n'avait fait que développé son côté tactile. Et voilà que la situation était inversée.
Surréaliste. Puisqu'elle le disait !
Randil leva le museau, intriguée par la surprise de sa mère. Elle en profita pour se relever. Deux pas et elle refermait ses bras autour d'Estiam. Son armure métallique mettait une certaine distance entre eux mais cette proximité aurait parue gênante pour bien des elfes. Après tous ils ne se connaissaient pas. Les lèvres d'Halya scellèrent brusquement sur celles du mage. Un instant. Un baiser fougueux mais court. Ses dents pincèrent un instant sa lèvre avant de reculer définitivement. Puis elle laissa allé sa tête sur son épaule et le serra simplement contre son cœur.
- Pas de questions. Je le devais à la Louve que je suis.
Elle avait fuit ses origines, sa famille, ses capacités médiocres, sa peur de la nouveauté, son futur, son état d'elfe, son passé, sa nature de prédateur. Elle avait fuit quelque chose une grande partie de sa vie. Une part d'elle même qu'elle avait toujours refusé. Jamais la même. Mais toujours incomplète. Depuis plus d'un siècle, elle tentait de vivre en accord avec elle-même. Mais depuis combien de temps y arrivait-elle vraiment ? Y parvenait-elle même ? Tout ce qu'elle savait c'est que cet homme avait joué un petit rôle, quelque part et qu'elle avait retrouvé ses souvenirs. Les bons comme les mauvais. Toutes ces vies qui formaient la sienne.
Pour le meilleur ou pour le pire, elle se souvenait. Y compris des nuits qu'elle avait passé seule dans les bras d'Anaëh...
Il ne comprendrait sans doute pas son geste et il y avait de fortes chances qu'il la fiche dehors, mais c'était sans regret pour une fois. |
| | | Lœthwil
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| Sujet: Re: À la croisée des chemins [PV Halya] Dim 22 Nov 2015 - 3:47 | |
| C’est ainsi que tu coupais court à la discussion. En trouvant une alternative à la réponse orale. I elle ne pouvait comprendre le pourquoi du comment, alors c’est ainsi que tu lui expliquerais. Les démonstrations d’affection ne sont que trop rares chez les sylvains. Le temps de l’enfance est le temps de l’amour. Le chérubin grandit submergé par les attentions de ses parents. Leur progéniture est leur monde, et alors les longueurs du temps ont vite fait de rattraper l’enfant grandissant. L’amour est toujours là et continue de grandir, mais n’étant plus une inconnue, rien ne sert de continuer à le prouver. La fréquence des gestes s’amenuise. Les mots ne sont plus dits. Chez les elfes, seuls les yeux ne sont jamais fatigués d’embrasser.
Halyalindë elle aussi semble avoir banni la parole. Les mots deviennent des gestes, des silences plus parlants que le plus élaboré des discours. Un sourire est la surprise. Un pas en avant est une réflexion. Deux pas en avant sont un oui. Les bras d’Arava viennent t’enserrer, tandis que les tiens glissent contre son armure. Le froid du métal s’immiscent entre vous, lutte péniblement contre cette gênante proximité. L’armure n’est pas faite pour protéger l’un de l’autre deux cœurs battant à l’unisson. Le métal aura vite fait d’être tiédi par la chaleur d’une étreinte. Ce que tes mots ne pouvaient expliquer, ainsi elle les comprendrait. Ce que ses mots ne pouvaient expliquer, elle le marquerait sur tes lèvres.
Un instant d’éternité vient joindre vos lippes, dans un geste traduisant à la perfection l’intensité émotionnelle du moment. Court. Puissant. Impromptu. Franc. Les dents de la Louve viennent une fois de plus lacérer ta peau, mais les marques qu’elles y laisseront cette fois seront celles du plaisir.
Ta main droite vient chercher la chevelure qui chatouille ton épaule, caressant lentement la détentrice de la crinière de feu. Les larmes roulent jusqu’à être recueillies par les abords d’un bouche souriante. Le sourire béat de celui qui ne saurait expliquer le bonheur dans lequel il baigne. Ce moment t’accompagnera jusqu’à ce que ton éternité trouve une fin. Lorsque les temps seront durs et que la tristesse te gagnera, contrairement à bien des elfes jamais tu ne capituleras. Halyalindë venait de te prouver à travers ce baiser, qu’importe à quel point tu sois petit et volatile, tu fus un jour partie d’un puzzle. Si le lendemain le vent venait à t’emporter, alors l’équilibre entier s’en verrait brisé.
- Je ne m’attendais pas à tant d’honneurs. Et dire qu’il est des elfes moitié moins âgés que moi qui pensent déjà ne plus pouvoir connaître la surprise.
Cela veut simplement dire qu’ils ne sont pas assez curieux. On ne trouve pas la nouveauté sans la chercher. On ne crée pas la surprise sans briser les habitudes. On choisit de s’ennuyer pour se préserver de la peine, mais en fuyant la douleur, on se prive aussi de bien des visages du bonheur. Voilà de longues minutes que votre étreinte dure, et que vous êtes prisonniers de votre dialogue de sourds, mais vous semblez avoir encore tant à vous dire. Tant de choses que les mots finissent par s’immiscer là où seuls les gestes devraient compter. Les paroles viennent alléger ce que la chaleur a offert en pâture à la gravité.
- Tant qu’à être mordu, je préfère encore ça.
Tu poses une douce bise sur la tempe de la Louve, avant d’y appuyer la tienne. Elle était perdue, et tu l’as enfin retrouvée.
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| | | Halyalindë
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| Sujet: Re: À la croisée des chemins [PV Halya] Dim 22 Nov 2015 - 15:55 | |
| Expliquer des actes est souvent plus difficile qu'il n'y paraît. Un geste pouvait prendre de multiple sens, les réunir ou ne vouloir en exprimer que certains. Il n'y avait qu'Estiam pour accepter celui d'Halya avec autant de simplicité. Elle-même n'était pas certaine de la signification à lui donner.
Le nez enfoui dans son col, quelque mèches humide lui collant au visage, elle sourit en l'entendant rabâcher son mystérieux âge encore une fois.
- Arrête de te complaire dans ta vieillesse supposée, ça ne te va pas.
Peut-être aurait-elle du plutôt dire que ça n'avait rien d'un honneur ? Que mériter ou non, c'était, ni plus ni moins ? Mais à quoi bon le préciser ? Elle l'enlaçait et c'était suffisant. Elle l'enlaçait comme on embrasse un frère d'arme ou de sang, un père, un ancien amant, un confident? Peut-être comme elle savait vouloir être enlacée, elle ? Ça n'avait rien de limpide et pourtant ça restait lumineux d'évidence.
La notion de temps et d'espace n'est plus que ce qu'elle est : une notion ; lorsqu'une phrase vient briser le silence. Elle éclata de rire cette fois ci, et fini par s'éloigner pour regarder la mage dans les yeux. Les larmes qui en avaient débordées la touchèrent plus que de raison, changeant son rire franc en sourire. Il était étrange de se sentir si proche de quelqu'un sur qui on en savait si peu. C'était comme si le simple fait qu'il ait vu ce que tous ignoraient d'elle lui suffisait à retrouver cet instinct qu'elle avait essayé de brider jusqu'à l'épisode de la mission fatidique. Elle se dégagea doucement lorsque le moment se fit sentir et recula de quelques pas pour se laisser tomber sur la chaise ou reposait sa fourrure.
- Tu sais, je me rappelle de quelqu'un qui, même au seuil de la mort posait des questions. Que dirais-tu d'un marché, plutôt d'un jeu en fait. Je répondrai à tes questions avec des mots si tu en fais de même. Une question pour une question. Une réponse pour une réponse. Seulement la vérité.
Cette fois, elle n'avait pas envie de laisser le doute planer. Leurs rencontres se faisaient en point d'orgues de changements profonds. La dernière fois il l'avait aiguillé vers la civilisation... Et maintenant c'était lui qui la rejoignait dans le sang des batailles. Mais un lien, même fort n'était pas une relation. Au delà de ce qu'il pouvait savoir d'elle, plutôt que de laisser ce nouveau bout de temps repartir, elle préférait voir cette entrevue comme l'occasion de tisser quelque chose. Si durant deux siècles, chacun d'eux avait gardé à sa façon la mémoire de l'autre, s'ils étaient si semblable, si leur but convergeaient maintenant, n'était-ce pas la possibilité d'une affection sincère qui irait plus loin que ce lien étrange qui les prenait aux tripes ? De plus... civilisé ?
Elle n'était plus seulement la mère Louve à présent. Et la curiosité avait beau ne pas être l'un de ses gros défaut, Estiam l'intriguait grandement.
-Qu'en dis-tu ? |
| | | Lœthwil
Ancien
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| Sujet: Re: À la croisée des chemins [PV Halya] Dim 22 Nov 2015 - 23:00 | |
| - Tu sais, je ne suis pas loin d’approcher un cycle entier de vie. À quoi bon si on ne peut même plus s’en vanter ?
Le temps. Cette variable capricieuse que les elfes se targuaient sans cesse de pouvoir ignorer. Tu te souviens, avec plus ou moins de précision, de presque tout ce que tu as pu vivre en tant d’années d’existence, et tu en avais vécu des choses. Maintenant que les années étaient derrière toi, le temps semblait avoir passé si vite. Pourtant, certaines de tes expériences t’avaient semblé une éternité, et d’autres, bien que passées en flèche, s’étaient follement enchaînées sans discontinuer. Le temps se joue de vous en digne intouchable. Il s’étire lorsque la peine vous gagne, se contracte lorsque le plaisir vous porte. Le temps se nourrit de vos malheurs jusqu’à ce que les remords le prennent, et alors, il fait d’une seconde d’extase une éternité suffisante à effacer tout ce qu’il vous a pris.
Les cliquetis temps vous montrent lorsqu’il est temps de s’engager comme de se dérober. Et lorsqu’il se rend compte que la faiblesse l’a gagné, en grand rancunier, il fait revenir au présent le passé. Sans rancune vous vous détachez, Halya reprend place auprès de son souvenir, et tu ramènes à ton tour à toi le confort d’une chaise. Tes pouces viennent cueillir tes larmes et alléger ton visage d’autant de poids. Renouveau.
Tu portes ton attention sur la rousse lorsqu’elle reprend la parole, et alors ses mots viennent te frapper. Le but du jeu vient te rappeler que malgré les sentiments qui vous lient, elle et toi n’êtes que des étrangers. Vous êtes deux inconnus s’étant improvisé une relation sans autre fondation qu’un instinct partagé. Et si toi autrefois, tu avais réussi à deviner les émotions qui animaient la jeune femme, tes impressions ne t’avaient dévoilé que les conséquences. Tu as humé le parfum de son parcours sans en connaître ni les images ni les sons. Elle en retour ne sait absolument rien de toi, sinon ce que tu lui as dévoilé il y a quelques instants à peine. Elle t’a aveuglément accordé sa confiance exactement comme tu l’as fait avec elle 200 ans plus tôt. Mais vous êtes des êtres vivants, des créatures intelligentes. Vous avez des convictions. Vous avez du vécu. Derrière vous se trace un parcours. Vous ne pouviez pas simplement vous arrêter là. Maintenant que les liens sont tissés, il est temps de partager.
- Excellente idée. Si Madame veut bien faire fi de la politesse et me laisser jeter la première pierre…
La question te ronge les lèvres depuis le jour même où la rumeur de son Intronisation est arrivée à tes oreilles. Peut-être n’est-ce pas la question qu’elle s’attendrait à entendre pour ouvrir les hostilités, mais elle avait une signification toute particulière pour toi.
- Depuis combien de temps es-tu revenue parmi les elfes ?
- HRP:
Je te propose de faire un enchaînement de post plus court pour le temps du jeu. Ce sera sûrement plus dynamique comme ça !
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| | | Halyalindë
Ancien
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| Sujet: Re: À la croisée des chemins [PV Halya] Lun 23 Nov 2015 - 0:52 | |
| Le jeu semblait l'intéresser autant qu'elle. Elle le laissa suivre à la lettre les règles simples qu'elle avait énoncer. Une question pour une question, il avait une réponse d'avance. Écart qu'elle combla avec une légère surprise concernant le sujet.
- Je suis rentrée à la fin du printemps suivant notre rencontre. Donc... 210 ou 220 ans. Pourquoi est-ce important ?
Elle allait poser sa question... Avant de se rendre compte qu'elle venait d'être prise au jeu. Aussi referma-t-elle la bouche, un sourire au lèvres. |
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| Sujet: Re: À la croisée des chemins [PV Halya] Lun 23 Nov 2015 - 9:49 | |
| 220 ans... C'était bien plus de temps que tu ne l'aurais imaginé. Alors tes mots l'avaient touché bien plus profondément que tu ne le pensais. Il lui avait suffi de quelques mois.
- Je me demandais simplement combien de temps étais-tu restée à souffrir mes mots. Tu es revenue bien vite... C'est que je dois être convaincant !
Tu passes du franc sourire à une mine plus sévère, et ton menton vient s'appuyer sur ton poing. Les prochaines questions risquent d'être de plus en plus gênantes.
- Qu'est-ce qui t'a poussé à quitter ton foyer ?
Tu lui aurais volontiers accordé une question de plus, mais puisqu'elle s'était laissé prendre à son propre jeu, pourquoi ne pas aller chercher la victoire ?
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| Sujet: Re: À la croisée des chemins [PV Halya] Lun 23 Nov 2015 - 12:28 | |
| Elle sourit. Convainquant, oui il l'avait été. Mais ce n'était pas parce qu'elle était revenue en Ardamir qu'elle était véritablement sorti de l'état sauvage dans lequel il l'avait vu pour la première fois. Remonté la pente avait plus été de l'ordre du siècle que de celui de l'année. Peut-être poserait-il la question, un jour. Mais pour l'heure il en lançait une bien plus vague.
-J'ai quitté mon foyer pour bien des raisons et en bien des occasions. Soit un peu plus précis.
L'esquive était un peu grossière mais elle pouvait poser sa question.
-Est-ce la première fois que tu va prendre les armes pour autre chose que chasser ou défendre ta vie?
|
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| Sujet: Re: À la croisée des chemins [PV Halya] Lun 23 Nov 2015 - 17:24 | |
| Coup dans l'eau. L'esquive n'était pas particulièrement bien pensée, mais elle était justifiée. La jeune femme avait dû appeler bien des endroits son foyer. Tu retenterais ta chance après que tu lui aies renvoyé l'ascenseur.
- Malheureusement oui. Je suis revenu en Anaëh peu après la fin de la bataille d'Uraal, et je n'ai pu qu'en constater les dégâts. Voir tout ce que j'avais perdu sans même me battre m'insupportait, alors j'ai décidé que je la prochaine fois que l'Anaëh appellerait, je répondrais. En réalité, je ne connais les atrocités de la guerre que d'un point de vue extérieur. Je ne sais pas si face à la vérité de la guerre je me prouverai être un véritable atout, mais jamais je ne saurai si je n'essaie pas. J'imagine que tu as déjà eu l'occasion d'être impliqué dans les affaires militaires, tu penses qu'il y a la place dans le corps pour quelqu'un comme moi ?
Les mages étaient une denrée rare dans l'armée elfe, et ils étaient en général bien accueillis. Mais combien d'entre eux se prouvaient véritablement efficaces dès les premiers jours ? Manque d'expérience, beaucoup mourraient, et seuls les chanceux accumulaient l'expérience qui leur donnait l'avantage lors des nouveaux affrontements... Serais-tu l'un des chanceux... ou l'une des victimes ? Touché, coulé. C'est en te préparant à poser ta question suivante que tu t'es rendu compte que les cartes n'étaient plus en ta possession. Tel est pris au jeu qui croyait prendre.
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| Sujet: Re: À la croisée des chemins [PV Halya] Mar 24 Nov 2015 - 3:25 | |
| Halya sourit malgré l'apparente gravité de la question... Car l'un comme l'autre, ils semblaient incapable de ne pas se laisser aller à poser la première qui leur venait à l'esprit. Manque de concentration ou franchise, en tout cas ils étaient suffisamment à leur aise pour ne pas avoir à penser à chaque mot prononcer. Ne serait-ce que ça rendait l’atmosphère légère compte tenu du thème qu'ils abordaient.
- Oui. Et tu seras un atout, n'en doute pas une seconde.
Leur société ne les avaient jamais poussé vers les combat. C'était justifié, et même sain d'orienter plutôt les puissances de la magie vers d'autres horizons. Mais, même maintenant, rares étaient ceux qui étaient venus d'eux-même au front. La peur sans doute... Et encore une fois à raison.
Ce n'était pas la veille qu'Halya avait commencer à considérer la vocation des armes comme le don de sa personne pour l'Oeuvre. Psychologiquement et physiquement, les soldats supportaient la réalité morbide des conflits pour que le reste du peuple reste dans sa confortable inconscience. C'était là l'un des actes les plus altruiste qu'elle connaissait. Aussi était-elle toujours rebuté à l'idée de faire appelle au civils. Même parmi les volontaires d'Ardamir, elle avait limité les départs au Front, incitant plutôt les plus sanguins à participer à l'effort arrière et a défendre les transports de réfugiés entre le Sud les Cités qui avaient finalement acceptés d'en accueillir un peu.
Mais les mages représentaient une trop grande force pour la laisser de côté. Que ce soit dans les camps militaires ou les Cités, ceux qui avaient même de maigres capacités de guérisons avaient été fortement poussé à agir... Et dans leur abnégation, bien peu l'avaient fait de mauvaise grâce. Mais face à la puissance de frappe des drows et leurs capacités de nécromancies, il leur fallait maintenant espérer que quelques vénérables verraient la nécessité de leur présence pour la défense comme pour l'attaque. Des mage vraiment confirmés... Comme Estiam au vu de sa démonstration.
L'armée prenait soin de ses mages. Jamais en première ligne a moins d'en faire la demande explicite et encore, toujours entouré d'une garde même discrète, rapatriés et soignés en priorité. Du temps où elle n'était encore que militaire, la protectrice consultait souvent les plus âgés et les plus doués d'entre eux pour exploiter leurs talents... auquel soit dit en passant, elle ne comprenaient rien. L'un dans l'autre, les morts de mage étaient bien moins fréquentes qu'on pouvait le croire, bien moins fréquentes que les morts de soldats du rang... Mais bien plus qu'on pouvait l'espérer. Les officiers avaient déjà laissés entendre qu'aucun civil ne combattrait au front sans au moins quelques ennéades d'entrainement et qu'ils seraient cantonnés au soutien, le plus loin possible des combats réels. Mais (hélas peut-être?) ils seraient toujours suffisamment peu nombreux pour que leurs supérieurs les orientent au cas par cas.
- Si tu veux te battre, rien ne t'en empêchera. Mais tu n'es pas obligé de faire couler le sang pour aider. Pas pour l'instant du moins. Nous cherchons des érudits, des stratèges, des artificiers habiles capables de concevoir des pièges, des rituels ou que sais-je encore.
Elle sourit de plus belle mais son expression n'était plus amusée, plutôt empreinte de compassion et de gratitude.
-Tu l'as dit toi-même, j'ai déjà été entrainé dans les combats plus d'une fois. J'étais dans le rang à Uraal, au commandement à Ellyrion. J'étais en tête des premières troupes d'Ardamir à arriver à Eraison après que les habitants aient été méthodiquement éliminés. Nous ne savons toujours pas s'il y a des survivants, mais je souhaite de tout mon cœur que ce ne soit pas le cas. Je connaissais certains d'entre eux. Même avec de la chance, j'ai perdu assez de proche ces dix dernières années pour sentir jusque dans la moelle de mes os que les drows ne sont pas la pour nous envahir, mais pour nous exterminer et sentir une telle rage hurler ne laisse jamais sans marque. Cela me fait parfois penser à ce qu'étaient les Exilés...
Elle avait volontairement utiliser de ce terme que bien des elfes préférés taire. Drow était plus simple, plus distant. N'avoir aucun lien était plus facile, mais ce n'était pas le cas. Comment ne pas y penser quand on voyait certains rictus satisfaits au dessus de cadavres Sombres.
- En tant qu'ancienne militaire, laisse moi seulement te donner un conseil: ne demande à participer aux combats que si tu t'y sens près. Vraiment près. Cela n'enlèvera rien à ton courage de te charger de défendre nos camps ou d'aider à prévenir des centaines de morts. Cela n'enlève rien de ne pas se prêter au jeu d'une haine toujours grandissante. Sur le champ de bataille, même La Dame-Sauvage hurle.
Sa dernière phrase pouvait paraitre sibylline, mais s'il était capable d'entendre, même vaguement, la Symphonie, il comprendrait.
-Mais cette décision n'est pas pour l'heure. Changeons de sujet. Le quel de tes parents appartient à une Noss?
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| Sujet: Re: À la croisée des chemins [PV Halya] Mar 24 Nov 2015 - 20:21 | |
| En une innocente question, tu n’aurais pas imaginé donner à la guerrière l’occasion de parler de son art. La réalité des champs de bataille, les stratégies militaires, celle qui fut à tes yeux la louve s’en était pris de passion. Une manière nouvelle d’exprimer le goût du sang développé lors de ses années avec les lycans, ou alors un retour à ses premières amours, pas réellement moyen de le dire, mais à n’était pas le sujet de sa tirade. C’est un petit bout de son expérience qu’elle venait ajouter à la tienne. À la fois inquiétante et rassurante, elle venait te conserver dans l’idée que ta présence fut à la fois nécessaire et providentielle. Quelle que soit la manière dont tu décidais d’agir, tant que tu agissais, ton geste était le bienvenu.
Tout érudit que tu puisses être, tu n’es pas immunisé à la colère. Tu n’éprouves pas de haine fondamentale contre les Drows, car tu connais leur histoire, tu sais de quelle douleur ils sont issus. La peine de l’un de justifie cependant pas la mort de l’autre. Si vous ne pouvez les raisonner, si le prix de votre vie s’élève à la leur, alors tu feras couler le sang.
Tu veux te battre. Mais les idées d’Halya sont loin de te déplaire.
Tu parles, tu parles tant que tu ne peux agir. Tes réflexions s’emballent bien loin du sujet initial. C’était sans compter sur les mots bien sages d’une elfe si jeune. Ne pas faire ce pourquoi tu ne te sens pas prêt. Malheureusement, on ne sait s’il on est prêt qu’en face du champ de bataille. Là où la Dame Sauvage hurle… Ton visage s’assombrit dangereusement.
- Elle ne hurle pas. Elle pleure.
Avant d’à nouveau s’éclairer. La nouvelle question d’Halya sonnait le glas de la conversation guerrière.
- Mon père est un mage d’Alëandir. Ma mère est une fille de Lin’Serindë. La fierté de notre Noss est la lignée de tisserand qu’elle a engendré, dont je serai d’ailleurs probablement le dernier descendant… *Sigh*… Enfin, les tisserands de ma Noss échangeaient avec les cités, et c’est ainsi que mes parents, alors qu’ils étaient encore très jeunes, se sont rencontrés. Malheureusement le destin n’aura pas voulu leur autoriser le bonheur conjugal, mais il m’aura permis de connaître leurs deux univers.
Ils sont l’une de tes grandes motivations pour l’unification. Tes parents ont la chance d’être toujours en vie, et tu as encore l’espoir de les voir réunis. Peut-être la tragédie de la guerre sera-t-elle l’occasion d’une heureuse réunion.
- Et toi, tes origines ?
Question floue, mais elle n'avait cette fois aucune raison de l'esquiver.
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| Sujet: Re: À la croisée des chemins [PV Halya] Mar 24 Nov 2015 - 22:41 | |
| Halya ne revint pas sur ce qu'elle pensait de la Symphonie en ces temps troublés, bien que la remarque du mage lui apprenne au moins une chose: il n'était pas insensible aux voix d'Anaëh. Mais même en pensé, elle n'évoquait le Linoïn qu'avec circonspection et crainte. Changer de ton était préférable. Profiter un peu de ces instants de paix.
La jeune femme s'amusa de la description sommaire des parents d'Estiam... Et encore une fois devant les similitudes qu'elle ne pouvait que reconnaitre.
-Mon père est un mage d'Ardamir. Ma mère est une fille des Mirtil'Di. Commença-t-elle avec un demi sourire en reprenant presque exactement les mots de son ami. Peut-être les mages se laissent-ils trop facilement happer parce ce qu'ils ne peuvent tout à fait comprendre.
Mais pour le reste sa vie a elle était bien différente de la fracture culturelle que décrivait Estiam.
-Mais j'ai toujours vécu en Ardamir... enfin toujours... Je me comprends. Mon père était assistant d'un Conseiller et devait voyager vers Mera mais leur troupe a été attaquée par des bêtes. Il s'est défendu mais il est tombé de fatigue. Lorsqu'il retrouva ses esprits, une chasseuse Noss avait mis les animaux en fuite. Sauvant cinq citadins du même coup. Ma mère. Après quelques années de rencontres interdites, mon père a voulu intégrer la Noss mais le droit lui a été refusé. Alors quand elle est tombée enceinte, c'est ma mère qui a abandonné les siens pour venir habiter à Ardamir même. Je n'en sait finalement que peu sur sa Noss par rapport à quelqu'un qui aurait eu la chance d'y vivre.
Ce qui faisait de sa fille une fille de pierre plus qu'une elfe des Noss malgré tout une transmission et des traditions qu'elle avait voulu conservé. Mais c'était aussi grâce à cela que la paix avait pu être concervé sur les terres d'Ardamir entre Noss et Citadins.
-Après cela, ma mère est entré dans l'armée puis les Limiers. Mon père est devenu Conseiller d'Ardamir. Ils on vécu leur histoire paisiblement jusqu'à la mort de ma Mère il y a neuf ans.
Inutile de préciser maintenant dans quelles conditions. Ils avaient d'autre terrains sur lesquels avancer. Elle s'accorda un instant de réflexion avant de demander:
-Alors... Quelles contrées as-tu vu de tes yeux? |
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| Sujet: Re: À la croisée des chemins [PV Halya] Mer 25 Nov 2015 - 21:19 | |
| Fille d’un mage et d’une Noss, encore une fois les circonstances remettaient en surface les raisons derrière votre rencontre. Apprendre à la connaître, c’était lentement donner raison au destin plutôt qu’au hasard. Des routes aussi similaires ne pouvaient finir que par se croiser, cependant, la vie avait choisi de vous traiter tous les deux de manières bien différentes. Là où elle avait vécu dans les univers fusionnés de ses deux parents, toi tu n’avais pu voir que chacun d’entre eux séparément. Tu pourrais compter sur les doigts d’une main les heures que tes parents ont passé ensembles en ta présence. Et pourtant même loin l’un de l’autre, leur manière de se décrire à elle seule suffisait à dire à quelle point ils s’aimaient… l’amour. Voilà une chose qu’il ne t’avait pas été permis d’étudier.
- Notre curiosité à nous les mages nous perdra.
Et après cette boutade, c’est d’ailleurs l’étendue de ta curiosité qu’elle venait questionner. Jusqu’où est-ce que ton désir de savoir avait bien pu te porter ? La description sommaire que tu avais fait de ton périple était-elle réalité ou pure fabulation ?
- Bien sûr j’ai passé de longues années à arpenter l’Anaëh. Je ne me suis jamais intéressé que de loin aux cités. Les livres en disaient déjà bien assez long sur elles. Et puis, à l’époque de mon départ, j’étais obsédé par l’existence des Drows. Il y a un cycle de cela, les sombres n’étaient qu’une chimère. Soit on ne savait rien de l’assassin de Glorfindel, soit les secrets étaient bien gardés. Ce sont mes doutes sur l’origine des sombres qui m’ont poussé à partir, et à faire ce que je pense avoir été à la fois ma meilleure idée et la chose la plus stupide que j’aie jamais faite. Pour comprendre exactement ce qu’il était advenu des exilés, je me suis laissé guider par les cris de douleur de l’Aduram. La douleur était presque insurmontable, mais les bois du Linoïn, lorsque l’on daigne les regarder en face, sont un endroit fascinant, presque aussi beaux que la prime forêt… à leur manière. J’ai fini par gagner l’Ithri’Vaan, et j’y ai d’ailleurs vécu quelques temps. Le carrefour des civilisations m’a autorisé à découvrir les terres naines, que je n’ai pas eu l’occasion de traverser, à travers les histoires des habitants. Et puis j’ai eu l’occasion de côtoyer les hommes, qui bien que l’on rechigne souvent à l’avouer, ont bien des choses à nous apprendre. Mais surtout, l’Ithri’Vaan, ça a été mon premier contact avec les Drows. J’ai suivi les sombres de loin jusqu’aux Terres Stériles, et toujours de loin j’ai tenté de décoder leurs habitudes, mais lorsque l’on est confronté à un peuple qui semble passer le plus clair de son temps sous terre, et que l’on ne peut se permettre de les y suivre… beaucoup de mystères restent sans réponse. Au moins, avoir quelques connaissances des plantes de leurs terres m’aura permis de jouer un rôle relativement important dans la guérison de l’Uraal et je n’en suis pas peu fier ! Je dois quand même avouer que j’ai passé très peu de temps sur les territoires Drows. Je suis curieux, et je t’accorderai que je ne suis pas étrangers aux élans de folie, mais pas au point de rester sur les plates-bandes d’une Nation ennemie qui se prépare à entrer en guerre avec mon peuple. Et le reste de l’histoire tu l’as vécu.
Sur le chemin du retour, tu l’as rencontrée elle. Les guerres en préparation, elle les a vécu depuis le champ de bataille, elle a vu la mort… la mort… et d’ailleurs.
- Le loup gris est mort, je me trompe ?
Et tu imagines qu’à l’instar des héros des légendes, il est mort d’une mort tragique.
Dernière édition par Estiam Faerin le Mar 2 Jan 2018 - 3:00, édité 1 fois |
| | | Halyalindë
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| Sujet: Re: À la croisée des chemins [PV Halya] Mer 25 Nov 2015 - 22:51 | |
| Le récit des voyages d'Estiam ne semblait ne jamais devoir finir. Mais sa mention de l'Aduram fit presque blêmir Halya. Ainsi il avait été jusque dans les profondeur de cette forêt. Pour le côté « meilleur idée », elle n'aurait su répondre, mais stupide, oui, ça l'était. Fou aurait été plus approprié... Comment sa raison avait-elle pu y survivre ?
Du temps de Kaelan et Emeric, elle s'était approché de l'Aduram. Elle était allé jusqu'à l'Ombre que jetait au sol les premiers de ses arbres noueux... Mais jamais elle n'aurait franchit cette limite invisible.
Il était vraiment allé bien plus loin qu'elle. Les terres stériles. L'Aduram. Elle ne savait plus si elle devait le penser fou, curieux ou courageux. Un peu des trois sans doute.
-Tu es incroyable... Allé jusque dans l'Aduram et sur les terres des drows ! J'aurai bien envie de te demander plus de détail, mais il me semble, hélas, que c'est à ton tour.
Mais voilà qu'il revenait sur des sujets plus funestes.
-Oui. Il s'appelait Unmiriel. Il est mort à Ellyrion en sauvant ma vie et celle de mon meilleur ami.
Au nom de son frère, Randil se leva et hulula de façon assez brève avant de s'approcher d'Halya... Enfin d'essayer. Sa taille imposante se heurta aux dimensions de la pièces et il fini par se rasseoir un peu plus près et frottant sa grosse tête sur le rebord de la table, la soulevant d'un souffle sur certains mouvements.
-Et je crois pas avoir présenté Randil dans les formes, non plus. Ajouta-t-elle en tendant le bras par dessus les documents pour venir frôler son oreille. Il a perdu son œil lors de la même bataille. Pourquoi ne pas plutôt me dire ce que vous avez pensé des terres mortelles plutôt ? Personnellement, le chaos, l'égoïsme et la violence qui y règnent m'ont plutôt découragés. - noms:
Unmiriel: Créature à l'éclat d'un joyau Randil: Ami vagabond
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| Sujet: Re: À la croisée des chemins [PV Halya] Jeu 26 Nov 2015 - 11:29 | |
| - Désolé…
Tu t’adressais là plus au loup blanc qu’à sa mère, cette dernière semblant avoir été plus efficace dans son deuil que son fils. Plus facile après tout pour un elfe d’accepter les pertes liées à la guerre, que pour un animal destiné à occuper le haut de la pyramide trophique. Dans la nature, seules vieillesse, maladie, ou conflit avec soit les rares autres de son espèce, soit les chasseurs Noss risquaient d’emporter les loups géants. Et dire que tu avais failli être de ces chasseurs.
- Mais enchanté Randil. Puissions-nous nous entendre malgré les différents nés de notre première rencontre.
Randil. C’était un beau nom. Et il lui allait comme un gant.
- Les terres mortelles… et bien elles sont mortelles. Les gens là-bas vivent avec la menace de la mort planant sur eux dès le jour de leur naissance, alors ils vivent vite. Ils grandissent vite, ils rêvent beaucoup, même sachant pertinemment qu’ils n’auront pas l’occasion d’avoir. Tout va immensément plus vite que sur nos territoires, et c’est je le pense, de là que vient ce qui te perturbes tant. L’égoïsme est l’apanage de ceux qui savent leurs possessions éphémères et tout semble chaos lorsque l’on est pas habitué au nouveau rythme des horloges. Je tiens cependant à te corriger sur un point. Des terres que j’ai eu l’occasion de visiter, ce sont les immortelles les plus belliqueuses. Aucun combat n’est plus rude que celui qui oppose Taledhels, Ornedhels et Daedhels. Les mortels se battent parce qu’un jour leur vie finira dans tous les cas par flétrir, ainsi ils préfèrent la perdre au profit des leurs plutôt que de lâchement l’abandonner à Tari. Mais nous qui sommes immortels, rien ne justifie que l’on verse notre sang de nos comparses sinon le fruit de notre haine.
Les guerres entre protégés de Tari ne devraient pas exister. Se protéger de menace comme celle des hommes au temps du Linoïn devrait être votre seul et unique motif justifiant la prise d’arme… et pourtant, les circonstances avaient fait le monde autrement, et en tant qu’homme de ce monde, tu étais toi aussi prêt, et même honteusement impatient de mettre par le feu et par le fer, fin au conflit. La peur de la guerre joue une grande part dans le plaisir guerrier. La sensation de vaincre sa peur est ô combien puissante. La fierté de faire ce que vous pensez juste pousserait le plus faible des elfes à déplacer les montagnes. Et lorsque la vie de guerrier nous a embrassé, il est difficile de la quitter. Halya devait en savoir bien long.
- En réalité, nous les elfes. Sylvains comme Eldéens, depuis la naissance de l’Aduram nourrissons la plus virulente des hargnes. C’est ce que hurle l’Aduram… notre hargne… notre colère. Et c’est pour ça que nous elfes d’Anaëh n’aimons pas l’entendre… il nous rappelle la part de nous que l’on refuse d’accepter.
Ton regard s’assombrit pendant un temps. Et tu te rappelles, de ce que t’ont inspiré les sanguinolents murmures de l’Aduram, et de cette forteresse au cœur de la forêt maudite, où se tordait la magie. Tu te rappelles, de l’ombre qui parcourt ces terres en y semant la mort. Celui que les légendes décrivent comme l’elfe de l’Aduram. Celui que les gens de l’Ithri’Vaan surnomment Porte-la-Peste. Voilà ce que fait l’Aduram de vous les elfes.
Et puis tes traits se détendent. Tout va bien. Tu as échappé à la folie. L’Aduram est derrière toi.
- Tu dois avoir fait bien mauvaise expérience de ces terres pour penser cela.
Question implicite, mais elle en comprendrait le sens.
Dernière édition par Estiam Faerin le Mar 2 Jan 2018 - 3:03, édité 1 fois |
| | | Halyalindë
Ancien
Nombre de messages : 1722 Âge : 97 Date d'inscription : 17/12/2014
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 480ans (né en 531) Taille : 1m96 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: À la croisée des chemins [PV Halya] Jeu 26 Nov 2015 - 14:45 | |
| Passer rapidement sur la mort d'Unmiriel était le seul moyen qu'elle avait de ne pas sentir la tristesse la gagner. Tout comme elle commençait à pouvoir parler de nouveau de sa mère, les pertes qu'elle avait subit à Ellyrion la marquaient encore profondément... Mais elle avait apprit dans le sang à vivre les deuils d'une façon que peu de Sylvains aurait pu comprendre.
Elle sourit lorsque Randil posa un œil suspicieux sur l'elfe qui s'adressait à lui. Cette fameuse première rencontre, lui s'en était souvenu au moment même ou il avant senti l'odeur d'Estiam. Mais elle était curieuse de savoir ce qu'il pouvait bien en retenir...
Mais les mots du mage la clouèrent sur place. Les elfes plus belliqueux que les humains ? Foutaises. Elle les avait vu. Elle les avait côtoyés... et pourtant l'explication tenait honteusement debout. Elle avait toujours considérer que chaque militaire finissait par survivre aux horreurs de la guerre en l'appréciant d'une certaine façon... Jusqu'à sa rencontre avec Fenris. Il risquait sa vie pour les autres quoi qu'il lui en coûte... sans qu'une once de haine ou de plaisir sadique, sans qu'un seul frisson d'exaltation ne morde son cœur. Elle savait qu'il n'hésiterait pas un instant avant de déposer les armes pour reprendre une vie paisible s'il en avait la possibilité... Contrairement à elle. Inconsciemment, elle sourit de nouveau. Tant qu'il y aurait des hommes comme lui, leur peuple avait une chance de retrouver la paix.
-Aduram est ce que nous pouvons devenir si nous ne faisons pas attention. Pas ce que nous sommes.
Même elle qui avait sombré dans la haine, le désespoir, la faim, la peur, elle réussissait peu à peu à s'en tirer. A vivre en équilibre avec toutes ces émotions, toutes ces parts d'elle-même qui se haïssaient presque les unes les autres il fut un temps. Chacun pouvait choisir sa direction. Certaines étaient plus facile que d'autre, et c'était pourquoi maintenir le Peuple sur la bonne voie n'était pas chose aisée. Mais rien n'était joué d'avance.
-Bien joué. Mieux vaut ne pas en parler devant n'importe qui par les temps qui courent, mais j'ai voyagé hors d'Anaëh pendant près d'un siècle. Un peu moins ? Je suis allé jusqu'en Ithri'Vaan après la bataille d'Uraal. J'ai loué mon bras à des marchands pendant quelques mois, je suis allé jusqu'à poser le pied en Péninsule pour quelques ennéades. Rien de ce qu'on raconte en Anaëh ne m'aurait préparer à ça. Ne serait-ce que l'argent... Je n'avais pas la moindre idée de la valeur que les humains y accordaient. J'ai vu des vétérans pourrir dans des bouges après avoir perdu leurs membres pour les intérêts d'un seigneur, des enfants laissé dans les rues à mourir de faim, des fillettes vendre leur corps pour quelques bout de métal jusqu'à en être ravagées mentalement et physiquement. Même sans parler de l'envie insatiable qui les poussent à arracher toutes les ressources qu'ils trouvent quitte à tout détruire sur leur passage... L'indifférence qu'ils portent à leur propre peuple, leur propre sang, est... monstrueuse.
Il n'y avait pas d'autre mot pour décrire cela. Lorsqu'elle était arrivé dans leur ville et n'avait trouvé que son talent pour l'épée à vendre pour manger, les humains et les drows lui étaient apparus exactement pareils : des bêtes féroces sans compassion, incapable d'amour ou de pitié. Des monstres.
-En trois ans j'avais eu le temps de voir toute la beauté et l'équilibre d'Anaëh comparée à ce qui existe à l'extérieur. J'étais sur le chemin du retour, dégoûtée de la façon de vivre des autres races. Les prêtres ont raison de nous préserver d'eux, de prôner l'autarcie. Mais j'ai appris par la suite qu'on pouvait également apprendre de leur diversité et de leur passion... Si on sait en tirer le meilleur sans détruire nos propres traditions. Un discours bien peu apprécier par la plupart des nôtres, tu l'imagine bien.
Le reste demanderait à minima une autre question. Cela n'appartenait qu'à elle... Et peut-être un peu à Fenris.
-Tu connais beaucoup de monde ici, à Alëandir ? |
| | | Lœthwil
Ancien
Nombre de messages : 761 Âge : 27 Date d'inscription : 20/10/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 966 ans Taille : 2m08 Niveau Magique : Archimage.
| Sujet: Re: À la croisée des chemins [PV Halya] Jeu 26 Nov 2015 - 23:43 | |
| - Celui que nous pouvons devenir n’est jamais fruit que de nos propres graines. Nous ne sommes pas l’Aduram, mais il est une part de nous, qu’on la déteste avec raison.
Alors elle aussi avait eu l’occasion de visiter l’Ithri’Vaan, et comme tu l’aurais facilement deviné, son séjour ne fut pas des plus heureux. Là où les elfes chérissent leur progéniture plus que tout, les humains sont à la fois autant moins durables que plus fertiles. Là-bas, des enfants meurent seuls. Là-bas, ils en sont arrivés à presque vénérer de menus bouts de métal qu’ils ont eux-même créé. L’argent illustre parfaitement l’incapacité de l’homme à voir dans le temps. L’argent est une manière d’obtenir beaucoup, et rapidement. L’argent est l’objectification de l’égoïsme humain.
- Malheureusement, l’argent a parfois aux yeux des humains plus d’importance que la vie elle-même.
Et les Hommes avaient bien des travers dont le peuple elfe était bien capable de se passer. Halyalindë nourrissait cependant la même idée que toi, comme quoi, malgré tout ce que vous pouviez voir chez eux de négatif, il fallait savoir prendre chez un peuple ce qui est bon sans s’encombrer du superflu, et les hommes avaient de quoi offrir. De si peu, vos opinions divergeaient, mais c’est bel et bien sur un accord que vous alliez cloître ce sujet.
Oublier le monde des Hommes pour revenir à celui des Elfes.
- Et bien… Connaître est un bien grand mot. Je sais des noms et des figures. Les rapports que j’ai entretenu avec les elfes des cités n’ont jamais été particulièrement forts. La seule personne que je peux me vanter de réellement connaître, c’est mon père. Les camarades et les maîtres que j’ai connu à l’académie ne m’auront que peu marqué. Il n’y a vraiment que Lòmion et Caranthir qui m’aient marqué l’esprit, mais tu sais aussi bien que moi ce qu’il est advenu du second. Et puis… non oublie.
Ta rencontre avec Anorn t’es restée en travers de la gorge. Il était l’un de ces noms auxquels tu t’étais pris d’affection sans en connaître le propriétaire, et il t’avait ramené à la dure réalité. En dehors de l’académie, et même parfois à l’intérieur, ton sang de Noss te desservait. Tisser des liens avec ton entourage était pénible. À leurs yeux tu n’étais qu’un sauvageon, et quelque part, ils avaient raison. Avec la majorité d’entre eux tu devais jouer un personnage, et abandonner la franchise presque agressive qui te définit si bien. Tu n’iras pas jusqu’à dire que tes années dans la capitale furent tristes, mais il faut bien avouer que si la magie n’avait pas été là, alors elles auraient été bien mornes.
- Disons simplement que je porte beaucoup plus en affection ma Noss que mes comparses citadins.
Tu te seras créé ton clan des villes de toutes pièces durant tes jeunes années, mais force de temps, tu auras fini par réaliser que tu aimes la cité et ce qu’elle représente plus que tu n’aimes ses habitants.
- Tu n’as pas eu de mal à t’adapter à la vie des villes toi ?
Dernière édition par Estiam Faerin le Mar 2 Jan 2018 - 3:05, édité 1 fois |
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