[Front sud] - Bataille pour l'Anaëh [Elfe/drow & cie]

1er jour de la 8e ennéade de Verimios, an 8 du XIe cycle

Les rapports des éclaireurs n'étaient pas bons et cela ne présageait rien de très reluisant pour les jours à venir, si tant est qu'il y en ait encore... Elrendil avait écouté avec la plus grande attention ce qu'on lui avait rapporté et seule une grimace informe se figea sur son visage en guise de réponse. Les drows marchaient sur eux. Non pas ceux qui se trouvaient encore dans la cité d'Eraïson, mais ceux qui avaient attendu sagement dans leur nid douillé de Yutar. L'armée royale se trouvait dès lors dans un schémas tactique peu recommandable avec Eraïson au nord et Yutar au sud. Pourtant, cela avait toujours été convenu ainsi, bien avant que le protectorat elfique ne tombe entre les mains de leurs ennemis. Il n'avait jamais été question de céder une parcelle en plus de la forêt et s'il le fallait, l'armée royale utiliserait ses dernières forces pour ralentir ou mettre en retraite ces foutus drows.

Une question résidait néanmoins dans son esprit, que les éclaireurs n'avaient pu lui rapporter. Combien étaient-ils à vouloir franchir la frontière ? Il savait que le Puy regorgeait d'un nombre ahurissant de combattants, pour ne pas dire que toute leur race reposait uniquement sur cette seule voie. Ce qu'il ne savait pas en revanche, c'était la composition des troupes, leurs objectifs et surtout ceux qui les commandaient. Il y avait beaucoup à apprendre lorsqu'on connaissait le chef d'en face. S'il était téméraire et rusé, alors pas de doute que la bataille serait sanglante. Mais s'il était craintif peu sûr de lui, alors ils auraient peut-être une chance de les renvoyer dans leur trou. Malheureusement, ces derniers qualificatifs ne correspondaient pas vraiment aux profils types de ces êtres assoiffés de carnage. Non, le plus haut placé dans leur société ne se serait jamais résolu à placer de vulgaires généraux inaptes pour mener à bien une telle entreprise.

-Capitaine, tous les soldats sont prêts, l'informa un de ses lieutenants entré dans la tente sans prévenir.

-Très bien, répondit Elrendil sans révéler un seul éclat de joie dans sa voix. Il est temps d'aller marcher.

Le capitaine de l'armée royale enfila son heaume et se releva d'un coup sec. Son armure était loin d'être aussi étincelante que celles des grands protecteurs. Elle avait connu maintes batailles et présentait à certains endroits quelques rafistolages faits à la hâte par des maîtres forgerons d' Eraïson. Aujourd'hui sonnerait l'heure d'une nouvelle bataille. Le temps était venu de marcher et de servir de rempart pour les empêcher de continuer leur quête de destruction. Même si les regards étaient en ce moment-même braqués sur le protectorat au nord de leur position, il fit envoyer plusieurs éperviers pour signaler leur départ.

En sortant de sa tente, ses guerriers l'attendaient en ordre de marche. Bientôt, le commandant sortirait à son tour pour prendre la tête de l'armée et Elrendil continuerait la route à ses côtés. Au loin, il vit les archers se rassembler et imiter les siens, tandis que les cavaliers du capitaine Delyndil se préparaient également à faire marche. C'était comme si toute l'armée royale avait attendu ce jour depuis la perte tragique d'Ellyrion, et plus récemment d'Eraïson. Une petite odeur de vengeance flottait dans les rangs, et ce, même si leur victoire était plus qu'incertaine.

Qu'en était-il à présent de leurs « alliés » de circonstance qui devaient se battre à leur côté ? Cela, ils n'en savaient rien. Les noss se cachaient bien dans les bois et vadrouillaient le long de la frontière, mais aucun véritable contact n'avait été établi. On disait aussi que des entités rôdaient dans les parages, prêtes à surgir sur leurs cousins maudits à tous moment. Pour ça, il ne restait plus qu'à le voir de leurs propres yeux.

En attendant, une longue colonne forte de trois mille soldats sorties du camp dans l'ordre le plus total. Trois mille elfes prêts à mourir pour leur peuple, comme les ultimes défenseurs de l'Anaëh. Voilà comment les récits parleront d'eux dans les prochaines décennies à venir : les trois mille braves. Il restait bien évidemment à attendre encore l'arrivée des armées protectorales disposées le long de la frontière. Ainsi, Ardarmir et d'autres ost rejoindraient la partie. Il restait maintenant à savoir si cela en vaudrait la peine.

La Marche des Druides

thème musical

Seule, à travers ses Frères et Sœurs, Yriaë marchait vers le sud. Au plus elle avançait, au plus elle ressentait cette douleur qui la prenait au cœur. L’œuvre souffrait des attaques de leurs lointains, très lointains cousins. Elle ressentait tout; le chagrin, la tristesse, la colère, l’effroi… toutes ces émotions l’envahissaient au grès de ses pas. Concentrée, elle restait toutefois apaisée. Elle essaie de transmettre ses intentions. Rassurer ses Frères et Sœurs. Touchant chaque tronc, avançant lentement, elle leurs murmurait….

« Mes Frères… Mes Sœurs… Entendez ma parole. Que Kÿria en soit témoin. Je marche… Je marche vers eux et ils paieront.... Ils paieront, j’en fais serment.»

Elle gravit alors doucement une petite colline. Son regard se porta vers le sud, son regard perçant pu apercevoir une colonne de fumée. Ces sombres s’étaient permit de mettre le feu. Savaient-ils au moins ce qu’il était en train de faire ? Ces êtres n’entendaient point la symphonie, comment peuvent-ils alors savoir qui ils brulaient ? Imbécile… Même s’ils le savaient, ils le feraient. Ces êtres ne nous ressemblent plus.

Elle se retourna alors, un sourire aux lèvres. Yriaë fermait les yeux, les sentant arriver. Ils avaient répondu présents, ils étaient venus. En contrebas, on aperçut alors le vieux loup sortir d’entre les arbres. Son regard se planta dans le sien, et un échange de sourire eut lieu. Un peu après, un autre Frère apparût. Du haut de son deux mètres dix, cet elfe était des plus impressionnants. Son regard sombre et profond s’attarda sur elle, Yriaë pouvait le sentir, quasiment l’entendre. Il était venu, il avait répondu présent, témoignant encore plus de son amour pour elle, Sirrir avait su se laisser convaincre.

Un instant de plus et c’est un insignifiant colibri qui tournait autour d’elle. La druidesse la suivait du regard avant de faire un geste de la main. Virevoltant jusqu’au contrebas, Sibylline était peut-être petite mais avait tout d’une grande.

Ils étaient dorénavant trois, mais d’autres les suivaient de près. On put apercevoir une Chouette d'Ousomös qui gardait ses distances puis un faucon d’Anaëh et un corbeau qui venaient rejoindre leurs frères et sœurs au pied de la colline. D’entre les arbres, un ours apparût, plutôt jeune, avec sur sur son dos, un furet. Un pipumia volait au-dessus d’eux. Voilà qu’ils étaient trois de plus. Yriaë gardait toujours le sourire.

Un tigre, accompagné d’un serpent. Et les voilà rejoint par deux confrères de plus. Et d’autres approchaient encore. Elle les sentait. Tout ce groupe, de la plus féroce des créatures à une simple libellule se rejoignaient et avait un but commun ; la guerre. Un petit trou dans la terre se forma et on put apercevoir un nez rose en forme d’étoile pointer vers le ciel. Une petite taupe avait rejoint la partie. Au même moment, un loup géant fit également son apparition. Celui-ci se transforma bien vite et salua respectueusement l’ancien maître d’Yriaë.

Du haut de sa colline, elle admirait le rassemblement. Ô, elle en avait fait des rencontres, connus des rassemblements, mais jamais elle n’avait ressentie toute cette hargne. Ils étaient tous prêt, ils avaient tous promis à la Déesse de partir combattre en son nom, pour protéger son œuvre.

On pouvait alors entendre les branches doucement craquer sur le poids d’un certains animal qui s’en balançaient de part en part. Dans un cri imitant le rire, un myynark fit alors apparition à son tour, n’hésitant pas à défier le tigre en lui claquant les fesses. Yriaë en ria, contente de retrouver son acolyte qui l’avait suivi un certain temps. Détalant à toute vitesse, un drolgolf rejoint la joyeuse bande. Un aspect de chien à la base mais composé uniquement de végétaux venus d’Anaëh, il serait un atout majeur. Trois confrères les rejoignirent, un sanglier, un blaireau et un glouton s’ajoutaient ainsi au groupe.

Ils étaient dorénavant tous là, une vingtaine de druides avaient répondu présents. Ils venaient sans doute de toute l’Anaëh. Et alors que chacun prirent leur forme d’enfant de la Mère, Yriaë leva son bâton au ciel.

« As imni ninya otoro arë onóne!! » Cria-t-elle. « As imni ninya otoro arë onóne!! » Répéta-t-elle une seconde fois avec plus de convictions. Les druides réagirent, répétant ces mots. Yriaë de son côté le cria une dernière fois, sa voix s’était remplit de rage et de volonté, elle savait où elle partait, elle savait ce qu’elle défendait et elle le paierait de sa vie s’il le fallait. C’est cette force qui fit vibrer une dernière fois sa voix.

« AVEC MOI, FRÈRES ET SŒURS !! »

Son bâton pointa vers le sol, et au contact de la terre, celle-ci trembla. Les Frères et Sœurs alentours les acclamaient, les encourageaient. Et alors que les druides exprimaient une dernière fois leurs volontés, ils reprirent leurs forme animal et partit plus loin, au sud, vers la guerre.

Ils étaient là, l'armée d'Anaëh.

Mille deux cent guerriers de nombreuses Noss avaient répondus à l'appel, on supposait que d'autres étaient en chemin mais arriveraient bien plus tard, après la bataille sans doute. Les différents chefs de clans, au nombre d'une quinzaine, incluant Voronwë qui les rejoignait, tenaient conseil parmi les arbres anciens, dans la cachette arboricole qu'avait confectionnés les elfes sylvains.
La Symphonie chantonnait gaiement autour d'eux, laissant la plupart des elfes des Noss dans une béatitude contemplative, brisée parfois par les plaintes de lointains arbres brûlés par les Sombres.

Au milieu de ce calme précédant une tempête de fureur, les guerriers sanguinaires du Baar'Ane commençaient les préparatifs rituels de leur tribus. Certains se peignaient déjà le corps de sang d'animaux et se recouvraient avec de la boue, des feuilles et des branchages légers. Le moment venu, ils frapperaient depuis les arbres, laissant les drows désemparés et impuissants devant la mort.
Chez les chefs guerriers, la discussion battait son plein sur l'approche à choisir. Certains préféraient un combat direct, d'autres un affrontement plus furtif, en marge du combat.

Evidemment, Voronwë était pour la première option, il tenta de chercher appui auprès du Baar'Ane, mais depuis quelques jours celui-ci n'avait plus donné signe de vie, comme perdu dans une réflexion à la limite de la transe. Des pensées sur lui-même, peut-être? Après les paroles d'Yraë?...

Quoiqu'il en était, les dirigeants finirent par s'accorder sur la démarche à suivre: les Noss soutiendraient les colonnes des elfes des Cités, que tout le monde savait en route, et perceraient les points faibles des lignes drows quand ça serait possible. Ces monstres ne verraient pas leur fin venir, il n'y aurait pas de survivants. Ils connaîtraient enfin le vrai sens de la peur.

-"Des proies pour nos chasseurs."

La grande armée se mit en route, la victoire viendrait vite.

Ainsi, comme il en avait été le cas jadis, les sombres voulaient défaire Anaëh et l'envahir. Comme autrefois, la première attaque n'avait été que diversion. Et pourtant, il semblait que la lecon n'avait guère était retenue. Ou l'avait-elle était? Etait ce là un nouvel Uraal que se profilait?

Les étendards claquaient et battaient, annonciateurs de la tragédie sanglante qui allait bientôt se jouer. Le campement, si calme il y a peu, fourmillait d'activité. Tous les soldats s'affairaient à leur tâche. Enfilant armures, ceignant ceinturons et baurdiers, arcnahant leurs montures. Chacun savait ce qu'il avait à faire. Et chacun agissait avec méthode et calme. Ils savaient ce qui les attendait. N'étaient-il pas l'élite parmi les elfes? L'armée royale du Trône Blanc, protecteurs de l'Anaëh et de ses frontières.

Au milieu de tout cela, il en était un qui observait. Revêtut d'une armure usée par le temps et les maintes batailles, il portait un long arc aux gravures telles des branches. Son épée ceinte battait son côté. Il observait, de ses yeux percant la préparation de celles et ceux qu'il devrait mener. Car il savait qu'il perdrait certains des siens. La guerre prélevait à chaque fois son tribut. Ainsi en était-il, et il se savait. Lui qui n'était pas si âgé pour ceux de son peuple, et qui pourtant avait déjà vécu tant de choses dans cette armée dont il avait rejoint le corps.

A ses côtés, certaines et certains se préparaient. Revêtus d'armures qui avaient elles aussi vécues, ils étaient reconnaissables à leurs bandeaux verts et gris ceignants leur taille. C'était là ceux que le capitaine savaient au dessus de tout soupcons. Il savait qu'il pouvait avoir pleine confiance en eux. Mais il avait confiance en chacun de ceux qu'il menait de toute manière. C'était à lui de faire ses preuves encore aujourd'hui. Surtout aujourd'hui.

L'ordre de marche fut enfin donné. Les archers de l'armée royale étaient prêts. Ils étaient visiblement moins nombreux que les autres divisions. Ce qui s'expliquait par l'extrême rigueur qu'avait imposé leur capitaine. Si le commandant avait insisté pour augmenter le nombre de recrues, le capitaine Delnwë Iridwen n'avait guère entendu cela. Il avait maintenu son niveau d'exigence, renvoyant maintes recrues vers les armées des protectorats. Chaque femme et homme qu'il mènerait serait parmi les meilleurs, les plus disicplinés, les plus fervents et talentueux défenseurs de l'Anaeh. Les timorés, les sceptiques, ceux ayant un peu moins de talent, ou un peu moins aguerris, ils devraient se former ou aller chercher ailleurs. Ainsi en allait-il désormais.

Entourés de ses lieutenants et autres soldats de confiance, Delnwë entendit l'ordre de marche se répandre. Il se tourna vers les siens et se dit qu'il vallait mieux leur adresser une dernière parole en cet instant.

« Enfants et défenseurs de l'Anaêh. En ce jour, il nous incombe d'arrêter la marée sombre qui se profile à l'horizon et inonde le ciel de nos frondaisons. Nul ne sait si demain le jour se lèvera. Nul ne sait si demain la mère nous bercera en son sein. Mais une chose est sûre: c'est aujourd'hui qu'il nous faut bâtir. Chacune et chacun d'entre vous s'est engagé en sachant ce pourquoi il le faisait. Il nous appartient désormais de respecter ce serment. Serment envers le Trône Blanc, envers l'Anaëh, envers notre mère Kÿria. Puisse-t-elle guider votre bras et apaiser votre coeur en cette heure sombre.»

Nulle cri, nulle clameur ne s'éleva. Simplement les regards qui saluèrent le simple discours. Il leva le bras, paume ouverte, et tous ses officiers se rangèrent en ordre de marche. Descendant le campement, il salua l'ensemble des soldats qu'il croisa. Son regard grave en disait long. Il savait comme eux que l'heure était arrivée.

D'un claquement, il leva son poing. Et tous se mirent en marchent. Moins de huit cent archers, tous équipés et prêts pour la bataille. A leur tête, leur capitaine, plus résolu que jamais. Il savait que la bataille les attendaient. Il espérait qu'ils ne seraient pas seuls face à cette tempête. Les protectorats répondraient peut être. Les Noss seraient sans doute présents.

Mais surtout, l'Anaëh serait à leur côté. Nul ne pouvait rêver d'une meilleure alliée.

La révolte des Golems et le réveil de la forêt

Les gardiens étaient en marche. Ils avaient répondu à l’appel. Mais ils n’étaient pas les seuls à se soucier de la protection de l’œuvre. Anaëh était une forêt, mais une forêt habitée par bon nombre de créatures qu’on pouvait aisément qualifier de magique. Ces forêts, bois et jungles cachaient bon nombres de trésors souvent enviés, souvent contés en légendes en dehors de ses frontières et même en dedans.

Les Eälas s’étaient réveillés, ils avaient repris vie en nombre grâce à la main tendue de notre Mère il y a de cela huit ans, la Déesse Kÿria. Ceux-ci ne vivaient que pour la servir mais surtout pour protéger son œuvre, ses enfants, ses créations. Des murmures se firent entendre, certains de ses esprits invoquèrent alors des êtres doués d’une force surhumaine. Constituée de pierres solides imbriquées les unes dans les autres, d’une hauteur pouvant atteindre plusieurs mètres. Nommés Golems par les Anëdhels et les Daedhels, ils étaient respectés et souvent même craint. La terre tremblait sous leurs pieds. Plusieurs tonnes de roches venaient d’être animées par le souffle même de la Déesse. Le temps manquait fortement, mais même si ces êtres pouvaient être comptés sur les doigts d’une main, leur force qu’offrait la magie qui les habitait faisait d’eux des adversaires redoutables.

Ils n’étaient pas les seuls à se réveiller et à partir au combat, une tension était palpable. N’importe quel elfe sensible à la symphonie pouvait sentir la révolte de la forêt. Habituée à sentir leur souffrance, Yriaë ne put que sourire lorsqu’elle sentit celle-ci se transformer en rage. Ils avaient enfin comprit qu’ils étaient fort, et qu’ils pouvaient aisément se défendre. L’œuvre s’était réveillée. La guerre, sa nouvelle priorité.

Les nouvelles étaient tombées, les drows du front avançaient contre la ligne des elfes. cela supposait, pour Kelendil, que l'attaque d'Eraison avait été coordonnée et qu'ils avaient des informations indiquant la contra-attaque, à moins que ce ne soit leurs Dieux ou une chance énorme qui fait que la décision d'attaquer arrive en même temps que le départ de troupes pour reprendre la ville. Dans tous les cas, c'était le branle bas de combat, il fallait réunit les troupes et se déployer pour contenir l'avancée des sombres. Malheureusement il n'y avait eu que peu d'informations sur le composition de l'ost drow. Les éclaireurs envoyés n'avaient pas pu trop s'approcher ou ils n'étaient tout simplement pas revenus. L'inverse était vrai également, beaucoup d'éclaireurs sombres avaient été intercepté mais cela ne voulait pas dire que certains n'étaient pas passé.

Kelendil avait demandé à ses officiers de se réunir et en attendant leur arrivée, il regardait les deux armures qui se trouvaient devant lui. La première était celle qu'il utilisait tous les jours, elle avait bien vécu et elle n'était plus très reluisante, l'autre, il l'avait gardé pour les moments importants. Il se décida pour celle-ci pour la simple et bonne raison qu'il était commandant et qu'il devait se démarquer des autres. Ainsi il attirerait le regard, à lui de faire de ses actions un exemple à suivre. Il sortit et se présenta devant ses capitaines bien droit et fièrement. Ce n'était pas l'habitude pour le commandant des armées royales de participer aux combats mais cela faisait trop longtemps justement et l'instant était d'importance. La revanche d'Ellyrion avait sonné et ils devaient être irréprochable.

La symbiose avec les armées des protectorats ne s'étaient pas bien passée et même si c'était cordial entre militaire, chacun restait de son côté alors que d'habitude, l'on se mélangeait. Les chefs ne semblaient pas faire une confiance aveugle envers le nouveau et jeune commandant, il faudrait que cela chance mais pour cela il fallait faire ses preuves. Kelendil se souvint de sa rencontre avec le seigneur protecteur d'Eterinil et de sa défaite qui lui coûtait encore. La leçon était passée et il savait maintenant les lacunes qui étaient les siennes. Il regarda Elrendil, qui commandait à l'infanterie, puis Delnwë pour l'archerie et Dellyndil pour la cavalerie. Tous étaient présents et c'était à lui de les diriger. Le briefing avait eu lieu et il n'était pas question de leur redire encore une fois ce qu'ils devaient faire. Ils étaient compétents dans leur domaine, sinon ils n'auraient pas atteint ce rang. Kelendil les regardait avec fierté, leur communiquant son envie et sa confiance en chacun

"Mes amis, le temps est arrivée de prendre notre revanche. Ellyrion est sur toutes les lèvres et nous avons l'opportunité de rendre aux sombres ce qu'ils nous ont fait. Toutefois, gardez l'esprit clair et ne vous laissez pas submergé par l'esprit de vengeance, tenez vos elfes fermement même si je connais leur discipline et faites ce qui a été décidé et tout se passera bien. Je vous fais confiance, je sais que l'infanterie tiendra sa position pendant que les archers les cueillerons et les harcèleront. La cavalerie trouvera bien l'ouverture dont elle a besoin pour les piétiner."

Pas besoin de harangue fiévreuse, ici ce n'était pas les hommes mais des elfes, il n'avait pas haussé le ton mais il savait que son message était passé. Intérieurement il ressentait la symphonie et il savait en son fort intérieur, sans savoir expliquer comment, que la foret s'était soulevée. Encore plus avec les feux qui commençaient à se voir, encore une fois les sombres utilisaient leur tactique préférée qui consistait à brûler les arbres.

"Les armées alliées sont en préparation également, il nous faut les appuyer le plus possible, leur nombre est plu conséquent que nous et je sais que des noss sont dans les parages. Notre mère à tous nous protège, les sombres font l'erreur de venir dans la foret, sur le terrain que nous maîtrisons à la perfection, la foret sera à nos côtés, je le pressens. comme prévu, je me tiendrais avec les aigles et nous irons aider la ou il y a besoin. Soyez fort, à vos postes !"

Kelendil regarda les capitaines partir vers leurs troupes, lui même s'avança avec les aigles à sa suite afin que chacun de son armée le voit et sache qu'il était avec eux. Puis il les laissa avancer déployant les éperviers qui auront la tâche de l'informer de tout ce qu'il se passait et qu'il ne pourrait pas voir. Il en envoya aussi vers les officiers des armes des protectorats.

"Au loin brille les flammes des envahisseurs. Qu'ils entrent, nous les anéantirons. Qu'ils tirent leurs flèches, nous leur renverront. Qu'ils pose le pied sur notre herbe, et nous les piétineront."

Au loin, très loin au nord, dans les terres du Protectorat d'Eteniril, une Soeur s'éveillait d'une longue méditation. Les yeux fermés d'abord, elle étira ses muscles fin, apaisant des douloureuses courbatures ses bras et ses jambes restées immobiles pendant de longues heures. Ses yeux s'ouvrirent, laissant apparaitre deux prunelles vertes dans la timide pénombre de la fin de journée. Ses doigts effleurèrent l'écorce et ressentirent la détresse des Fils. Au loin, la foret était attaquée. Dans son esprit, des volutes de fumée s'élevaient dans le ciel, des Arbres en proie à l'agonie hurlait leur douleur dans la Symphonie. Les drows, armés jusqu'aux dents, formaient des colonnes de peaux Sombre, brûlant la Foret de ceux qui furent leurs Frères plusieurs Cycles auparavant.

La Chouette se leva. Elle se saisit de son bâton et se mit en route. Elle suivit la Symphonie. Elle avait la grâce de Döril et la protection de Kÿria. Ses pensée s'en allèrent vers Ëninríl, son ancien apprenti. L'Aigle était téméraire et aventureux, bien loin de ce qu'elle était elle. Lui avait osé partir au devant du danger, là où elle avait préféré la sage méditation. Mais à présent, elle ne pouvait fermer les yeux. La violence la rebutait, mais si le Bien ne combattait pas le Mal, l'Equilibre de la Mère ne serait pas préservé et Anaëh sombrerait dans la déchéance.

L'Aigle s'éleva dans le ciel pourpre. L'astre se couchait à l'Ouest, et déversait sur Anaëh sa douce lumière crépusculaire propre aux dernières lueurs de l'aube. Derrière eux s'élevaient les Monts surplombant les terres de Daranovar. Le Tinno courait en dessous d'eux, permettant à la Chasse Sauvage de s'abreuver. Aucun obstacle, aucune route, fut-ce-t-elle aussi escarpées que les montagnes des nains ou aussi rocailleuse qu'une mer de lames, ne retenaient les Bêtes. Anaëh était réveillée, elle réclamait rédemption.

Un cri retentit. La Horde obliqua comme d'un seul homme vers l'Est. Quelques heures et les sabots piétineraient, les griffes lacèreraient, les crocs déchiquetteraient les corps des Sombres. Quelques heures et la Forêt aurait sa vengeance. La Mère sera satisfaite.

L'Appel l'enjoint à avance plus rapidement. Une pair utilisait l'héritage du Sage pour rassembler Ses serviteurs. La Chouette huma l'air et tendit l'oreille, la prêtant à la Symphonie. Ses Frères la guidait à travers la Sylve. Une feuille bruissait, bientôt suivie de ses Soeurs. Elles lui indiquaient le chemin. Changeant ses bras pour des ailes blanches mouchetées de noirs et ses pieds d'elfes pour des serres acérées, Idril rejoint la Nature qu'elle avait trop longtemps oublié.

Le rassemblement lui fit chaud au coeur. Tous ses frères avaient répondu présent à l'appel de la Soeur millénaire. Tous... sauf lui. Son ancien apprenti ne faisait pas parti de ceux-là. Mais il n'était pas mort, et n'avait pas abandonné sa tâche. A travers le Chant elle l'entendait, lui, avec qui elle était liée par un lien bien plus puissant que toute magie en ce monde.

"– « As imni ninya otoro arë onóne ! »"

Son bâton, à nouveau entre ses doigts bien elfiques, frappa le sol, et elle reprit sans fin cette douce litanie qui s'élevait des rangs des dizaines de druides rassemblés. Puis, à la suite de sa Soeur, elle reprit l'avancée. La Chouette partait à la guerre.

A la lisière de l'immense clairière la Horde s'était arrêtée. L'Aigle s'était posé, avec lui une chouette d'Ousömos et un faucon d'Anaëh. La tête osseuse du grand Cerf les surplombaient de toute sa hauteur. Dans ses yeux brillaient la Colère, la Vengeance. Et tous sentirent que la guerre était là, et qu'ils mourraient, ou triompheraient.

Début huitième ennéade

Malag'eyl embrassait du regard l'armée assemblée. Il s'était laissé convaincre par ses généraux de tenter une nouvelle attaque en force, pendant que, supposaient-ils, les elfes étaient occupés à Eraïson. Percer jusqu'à Malereg était pure folie, il en était convaincu. Mais s'il retenait ses hommes plus longtemps, il serait le lâche qui refusait le combat, d'autant plus que sa stratégie de grignotage ne donnait que peu de résultats probants. En revanche, s'il laissait ses plus proches officiers mener un assaut téméraire et hors de portée et que lui, par sa prévoyance, permettait d'éviter que la prévisible défaite ne se transforme en débâcle, alors il reprendrait l'ascendant. Un ascendant qu'il ne pouvait se permettre de perdre avec les récents événements : d'abord Eraïson et maintenant ces rumeurs sur un Héraut d'Uriz. Il devait reprendre l'avantage.

Juché sur son morgal qui claquait ses mâchoires d'impatience, il empoigna son arc, banda une flèche à laquelle un de ses hommes mit le feu et tira, laissant le projectile incandescent filer en l'air en direction de la forêt à quelques kilomètres de là, traînée clairement visible dans le ciel. Alors les cors de guerre retentirent, les tambours commencèrent à entonner leur sinistre rythmes et le bruit de quinze milles drows qui se mettent en marche avec la soif de sang propre à leur peuple envahit les lieux.
L'essentiel des troupes venaient du premier et du troisième ost, ce qui convenait très bien à Malag'eyl qui ne voyait là-dedans qu'une défaite inévitable : des pertes parmi ces osts rehausserait l'importance du deuxième, qui lui était le plus fidèlement acquis. Deuxième ost qui, pendant toute la durée de l'attaque, se contenterait de tenir le Front et de surveiller les arrières de leur armé, aidé en cela par les troupes du cinquième encore à Yutar.

Ils progressaient essentiellement en deux blocs soudés : les généraux savaient que, dans la forêt, les elfes sauraient trop bien profiter de la moindre faiblesses dans leur organisation aussi avaient-ils veillé à ce que les troupes progressent en bon ordre et que chacun ait correctement compris les ordres. Mais il leur fallait également élargir un maximum le champ de bataille pour que leur objectif secondaire -à savoir détruire un maximum de choses en chemin- soit atteint. Il avait donc été décidé que les deux blocs progresseraient côte à côte mais éloigné l'un de l'autre. Idéalement, sans trop s'éloigner de façon à s'assurer que tout corps d'armée qui passerait entre les deux blocs se retrouverait pris en tenaille et exterminés en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire. Bien entendu, avec le relief traître de l'Anaëh, de telles manœuvres étaient plus faciles à dire qu'à faire, c'est pourquoi si jamais les deux groupes perdaient le contact entre eux, ils étaient censés se replier l'un sur l'autre avant de reprendre l'avancée.
Chacun des groupes avaient adoptés une formation assez classique, les troupes les plus solides formant l'avant tandis que les troupes légères constituaient plutôt les flancs. Les mages que l'on avait pu mobiliser occupaient essentiellement le centre de la formation, prêt à intervenir où il le faudrait.
Et derrière les groupes venait la petite touche de Malag'Eyl, ceux qui essaieraient de faire de cette débauche de moyen quelque chose de vaguement utile. Plusieurs païms, des bêtes de sommes colossales relativement communes en Ithri'Vaan et que les drows avaient pu se procurer par l'intermédiaire de Sol'Dorn -ils servaient d'ailleurs régulièrement d'exemple au Karliik Glenn de l'utilité d'une ville franche peuplée essentiellement de drows-, étaient harnachés par groupes de deux ou trois, d'épaisses chaînes tendues entre eux et avançaient au rythme pesant de leurs pas lourds. Les arbres les moins costauds étaient balayés, les plus vieux résistaient quelques minutes avant de céder. Des esclaves surveillés par quelques groupes de soldats s'affairaient à mettre le feu aux débris tombés à terre, avec un succès mitigé, et les cavaliers des deux osts surveillaient l'ensemble. Si des milliers de soldats devaient mourir -une chose qu'il estimait probable, à défaut d'être réjouissante- au moins il essaierait de faire en sorte que l'Anaëh se souvienne de cette bataille pour des années.

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Ombre fugace
Maître de ton destin

-Crédits de l'avatar: ETERNAL RETURN - Art of pierre / Alain D.
Site de l'artiste: http://www.3mmi.org/v9/

De nombreux sentiments avaient envahi le coeur du cadet des Nöldorion.

L'inquiétude en premier lieu. Pour son sort ? Pas vraiment. Il n'était pas de ceux à s'angoisser pour l'inévitable. Il partait au combat pour la meilleure cause qui soit. Les drows ravageaient Anaëh. Non, il s'inquiétait davantage pour celle qui hantait désormais son esprit et qui était au combat à des lieues de lui. Il était sans nouvelles mais il parvenait tant bien que mal à mettre ses tracas de côté. Il devait avant tout se préoccuper du moment présent et de la bataille il allait bientôt faire rage.

Comme tous les elfes d'Anaëh, il était en colère également. Quoi de plus lâche que l'action des sombres... Faire des dégâts, non pas dans les rangs de l'ennemi mais à ce qui lui tenait le plus à coeur. Fenris avait d'autant plus de mal à contenir la rage de son frère. Lui qui vouait déjà une haine viscérale aux drows, il n'avait pas besoin de cela pour les maudire davantage. Il devait à tout prix éviter que cette colère ne l'emporte définitivement sur sa raison.

Mais, comme si cela ne suffisait pas, un évènement aussi surprenant qu'inattendu survint.
Tandis que Delyndil recevait les dernières instructions du Commandant, Fenris se tenait à quelques dizaines de mètres avec leurs deux montures. Il réarnachait sa jument lorsqu'il entendit une voix derrière lui.

-Fenris ?

Il ne fut pas surpris d'être appelé par son prénom. Les deux frères Nöldorion étant toujours ensemble sur le champ de bataille et Delyndil ayant le privilège de l'ancienneté et du grade, il était tout naturel que ce soit lui que l'on appelle autrement. Ce qui n'était pas pour lui déplaire d'ailleurs...
L'interpelé se retourna pour voir qui le hélait ainsi. L'homme lui était inconnu mais il reconnut sans mal l'insigne des Aigles sur son uniforme. A la vue de ses yeux bicolores, l'elfe sourit, satisfait d'avoir su le reconnaître.

-C'est bien toi. Je m'étais fait à l'idée de ne pas pouvoir te voir avant la bataille. On entend beaucoup parler de toi depuis le mois dernier. Tu es récemment revenu je crois ?

-En effet. J'ai passé ma convalescence à Ardamir.

-C'est ce que j'ai cru comprendre oui. Si ce qu'on dit est vrai, tu as fait preuve de beaucoup de courage et de détermination dans cette histoire de course-poursuite avec les drows. J'aimerais beaucoup en savoir plus, malheureusement le temps nous manque aujourd'hui. Peut-être après les combats ?

-Bien sûr. Vous savez où me trouver.

-Effectivement.

L'Aigle lui adressa un sourire avant de lui donner une tape amicale sur l'épaule et de lui souhaiter bonne chance. Fenris lui retourna la politesse puis le regarda s'éloigner.
Être ainsi abordé par un Aigle ne pouvait signifier qu'une chose... Et cela était d'autant plus certain dans le cas de Fenris que celui-ci prévoyait déjà de le revoir. Devenir Aigle était déjà un honneur en soi alors après seulement 20 ans de carrière... Mais le jeune cavalier fut interrompu dans ses réflexions par le retour de son frère. Ils se mirent en selle et partirent en direction de leur troupe. Inutile pour l'instant d'aborder le sujet avec Delyndil. Il n'avait pour l'instant aucune certitude sur les intentions de l'Aigle. Il lui demanda plutôt qu'elles étaient les dernières instructions du Commandant.

Une fois arrivés, les deux Nöldorion refirent une dernière fois le point avec les officiers sur la stratégie à suivre. Puis, tous repartirent auprès de leurs hommes pour achever les derniers préparatifs sous le regard attentif de Delyndil et de ses Lieutenants. Bien vite, tous furent en formation et partirent vers la bataille. Ils devaient prendre rapidement position suivant les ordres qu'ils avaient reçu. Boucliers et arc dans le dos, épées au fourreau, ils avançaient aussi vite qu'il leur était possible.

Enfin...

Le clairon de la guerre avait finit par embrasé l'Anaeh, beaucoup avaient répondu à l'appel de la guerre, à l'appel du sang, car le sang ne peut etre lavé que par le sang. Même les Noss, ceux envers qui notre elfe ne portait pas une grande estime depuis le massacre a Eldarinwa, depuis ce jour son animosité envers eux était grande et profonde. Le Nôldorion avait les mains et le cœur taché du sang de nombreux Noss, se souvenant de ceux à qui il avait enlevé la vie pour défendre les siens..les taledhels de Malereg, une perdio de qui restera à jamais gravé dans l'esprit de beaucoup de ceux qui étaient présent. Et pourtant "ils" avaient répondu...nous verrons jusqu’où ira leur Foi et leur volonté, mais si toutes les tribus noss devaient périr dans cette guerre, il est certain que le capitaine n'en n'aurait aucun regret, trop des leurs avaient fait coulé le sang de nombreux taledhels...trop beaucoup trop...et cependant contre toute attente le Capitaine avait choisit de soutenir la Protectrice d'Ardamir dans ses...ambitions.

Tarion : Ils ont tous répondu à l'appel, la Dame-louve à réussit"

"Il semblerait en effet..."

Accompagné de ses deux lieutenant notre Capitaine arriva vers ses autres frères d'armes, Delnwë le nouveau capitaine de l'Archerie semblait avoir su redonné force et courage a ses troupes, il n'en avait pas douté, et c'est d'un signe de la tête qu'il le salua. Il attendit au côté des autres l'arrivé de leur Commandant Kelendil. Bien que fort jeune, le Nöldorion avait combattu à ses côté a Ellyrion et il avait toute confiance en ses capacité de leader. Il l'avait vu mené les Aigles après la mort de son Capitaine a Ellyrion, il ne faillirait pas.

"Mes amis, le temps est arrivée de prendre notre revanche. Ellyrion est sur toutes les lèvres et nous avons l'opportunité de rendre aux sombres ce qu'ils nous ont fait. Toutefois, gardez l'esprit clair et ne vous laissez pas submergé par l'esprit de vengeance, tenez vos elfes fermement même si je connais leur discipline et faites ce qui a été décidé et tout se passera bien. Je vous fais confiance, je sais que l'infanterie tiendra sa position pendant que les archers les cueillerons et les harcèleront. La cavalerie trouvera bien l'ouverture dont elle a besoin pour les piétiner."

Oui notre Capitaine connaissait l'enjeu et le poids que pouvait donné sa cavalerie pour soutenir les troupes, il trouverai l’ouverture et le moment idéal pour passer à l'action.

"Les armées alliées sont en préparation également, il nous faut les appuyer le plus possible, leur nombre est plu conséquent que nous et je sais que des noss sont dans les parages. Notre mère à tous nous protège, les sombres font l'erreur de venir dans la foret, sur le terrain que nous maîtrisons à la perfection, la foret sera à nos côtés, je le pressens. comme prévu, je me tiendrais avec les aigles et nous irons aider la ou il y a besoin. Soyez fort, à vos postes !"

Tous se saluèrent, tous savaient ce qu'ils avaient à faire, tous avait un rôle, si l’infanterie serait au milieu des combats, elle était le cœur de l'Armée, aussi il savait qu'Elrendil tiendrait ses troupes jusqu'à la toute fin. En repartant, il observa une dernière fois les troupes de l'infanterie.

Tarion: "Puisse t'il tenir"

"Il Tiendront Tarion....même si il ne doit rester plus qu'un seul soldat debout, il tiendra..."

"As-tu communiqué les ordres que je t'ai donné..?"

Tarion: " Oui la cavalerie se scindera en trois, comme prévu..."

"Parfait...Que Tari les gardent "

Rejoignant ses cavaliers, tous terminait de se préparé pour se mettre en route, et devant Turambar son fidèle destrier, il y accrocha celle qui depuis longtemps n'avait plus été brandit...enroulé dans du tissus, le Capitaine la dévoila au yeux de ses cavaliers...

Tarion: "Elle ne t'as jamais quitté..."

"Non...son souvenir est encore vivace..."

*Bientôt mon frère..bientôt Enéon...je te rejoindrais...mais pas encore*

Tarion: " Cette Epée m'a toujours donné fait quelque chose...c'est comme si elle était.."

"Vivante...oui j'ai aussi cette impression..."

"Burthanders" Elle se nommait en langue naine, cette épée était le dernier héritage de son vieil ami, Enéon Nar'phéliar, sa lame noire forgé en métal d'ébonite avait parcourur le temps et les âges depuis les premiers Hommes. Notre elfe la brandirait pour cette bataille, son nom allait à nouveau sortir de l'ombre ou elle avait été enterré et denouveau, homme, elfe, nain, drow, femme ou enfants la craindrons.

__________________

Delyndil prit la tête de ses cavaliers et partit lui aussi vers le front , mais ils ne suivraient pas le gros des troupes, puisque le rôle était tout autre, aussi avant la longue marche vers le Front, notre capitaine se retourna vers ses troupes.

" Cavaliers...Vous me connaissez, certains d'entres-vous ont combattu à mes côtés à Ellyrion...aussi je ne vous demanderait pas de vous battre pour L'Anaeh...ou pour notre Déesse mère..."

"Dans quelque temps nous irons devant l'une des plus grande bataille que nous ayons mené depuis Ellyrion..et tout se réduira à ce moment, cet instant...unique ou les quelques mètres que vous franchirez vous mettrons devant un choix.."

Le capitaine parlait d'un ton calme et neutre, et pourtant le moindre de ses mots semblait évoqué un vécu lourd et sanglant.

"Nous sommes dans les ténèbres, notre peuple à sombré....croyez-moi..."

"ET ou nous restons ici en les laissant piétiné et massacré notre terre, nos frères notre peuple...ou nous décidons de lutter pour retourné à la lumière, nous pouvons sortir de ce maelstrom, mètres par mètres...."

"Je regarde devant moi et je voix tous ses visages et je pense...que la vie en réalité n'est qu'une question de pas et de mètre...parce-que dans chaque bataille, chaque combat, c'est une lutte constante pour vivre..la moindre erreur, le moindre pas de trop ou de peu, quelques secondes avant ou après..et vous ne passez pas la nuit..."

Au plus son discours avançait au plus chaque cavaliers pouvait sentir la force et la volonté de leur capitaine.

"Ces pas..se trouvent dans chaque actions que vous allez entreprendre...à chaque secondes, chaque minutes....Vous cavaliers du Trône Blanc vous luttez pour ces mètres, pour ses pas...à franchir parceque lorsqu'on les places les uns après les autres....parce que nous savons que si nous franchissons ces pas...c'est ce qui marquera la différence en sortir victorieux ou perdre.....entre Vivre ou mourir"

Ses derniers mots furent lâché avec plus de hargne...et que déjà la détermination de ses cavaliers semblait monté en crescendo.

"Je vous dirais une chose...dans chaque lutte celui qui ira jusqu'au bout est..celui qui gagnera ces pas...car Vivre en fin de compte ce n'est que cela..."

"je ne peux pas vous convaincre de faire ces pas...vous devez regarder celui qui se tient à vos cotés...regardé le dans les yeux, et je crois que vous allez trouver un frère prêt à se battre jusqu'à la mort, prêt à franchir ses pas avec vous...vous allez voir a un frère d'arme prêt à se sacrifié pour cette cause, pour ses frères d'armes..."

"Parcequ'il sait que si vient l’occasion, vous autres ferez la même chose pour lui..."

"Alors soldats...qu'allez-vous faire?"

Un cris unanime et puissant sortit alors des rangs de la cavalerie, armée de volonté et de détermination, ils étaient prêt...ils iront jusqu'au bout.

Espoir. Déception. Ensemble, nous vaincrons.

Marchant, s’aidant de son bâton la druidesse écouta les plaintes de ses Frères et Sœurs. C’est là qu’elle le sentit ou plutôt qu’elle le vit. Cette chouette qui avait répondu à son appel mais qui ne s’était jamais approché du groupe. Survolant le ciel avec une forte impression de déjà vu, puis soudain, elle était là, devant elle, sur une branche, paisiblement alors que son image s'efface lentement des cieux. Yriaë s’approcha doucement, baissant la tête, lentement, d’un signe, par respect.

« Il est rare de gagner un si grand respect de la part de l’œuvre de la Mère pour qu’elle décide de mettre un Ousomös Oiseïla sur votre route. Je suis ainsi honorée de vous rencontrer enfin, mon Frère. »

Il ne répond pas, il penche légèrement la tête sur le côté, alors qu'une Hermine blanche se balade à vos pieds, elle glisse, se faufile, vous inspecterait presque. Alors qu'il roule légèrement de ses ailes, votre esprit se brouille un instant, votre vision se trouble, puis vous pouvez... Observer le chant d'Anaëh, comme il se le perçoit, chaque arbre, chaque plante, chaque micro-organisme bats d'un cœur tantôt lent, tantôt rapide. Il étant ses ailes pour se décrocher de sa branche, prenant la forme d'un elfe, rongé par l'âge à un tel point qu'il ne semble n'être qu'à quelques années d'une mort certaine... Un visage centenaire, marqué de griffures, ou d'autres traces.. Les cornes de l'Ousömos existent toujours sur sa tête, il vous regarde avec intrigue, agitant une main veinée et vieillie vers vos jambes. L'Hermine, grimpe sur son bras et vient se loger dans son cou.

Deux flashes vous assaillent, l'un n'est que le vent soufflant sur des montagnes, celles-ci s'érodant lentement... Puis l'éclosion d'une fleur, vous, il vous observe depuis un moment semblerait-il... Mais pourquoi ?

Les yeux fermés, elle esquissa un sourire lorsque l’hermine vint chatouiller son cou. Sentant le vent la toucher, la frôler, comme une douce caresse pourtant si puissant qu’il peut combattre la roche alors que la fleur éclot et finit par posséder la terre. La druidesse observa alors le chant, un sourire aux lèvres, émerveillée. Elle avait entendu parler de cette magie mais n’a encore jamais pu y assister. Yriaë ne pouvait plus qu’attendre qu’il cesse de contrôler ses sens.

Il glisse sa main sur vos yeux, avant de reculer, posant ses fesses vieillies sur une racine. Qui es-tu... ? Sa voix était enrouée, grognante, presque inhumaine.

Troublante sensation celle qu’offrit cette main dans ses cheveux. Pourtant, elle répondit sans rien laisser paraitre. « Je suis Yriaë, Fille de la Mère, gardienne de l’œuvre. Et vous, mon Frère, qui êtes-vous ? »

Il rit, sans raison apparente, l'hermine glisse dans son dos, avant de se lover dans son cou. Mon... Nom s'est... Effacé depuis bien longtemps. Il cherche ses mots, avec bien des difficultés... Il approche sa main de vous, avec une tendresse presque paternelle, posant celle-ci sur votre épaule... Des flash de ce qu'il était, son passé, sa tendre jeunesse, des voix lointaines, un langage qui vous semblerait presque loin du votre, pourtant venant d'un être bel et bien elfique.

Une image vaut mille mots alors imaginez lorsqu’on vous en offre des centaines. Il avait recommencé, jouant avec son esprit et ses sens. Pourtant Yriaë semblait en redemander. Soif de savoir depuis sa plus tendre enfance, elle était des plus comblée. Elle avait compris d’où il venait et qui il était mais une question subsistait. « Pourquoi avoir choisi de nous rejoindre, mon Frère ? »

Il soupire, fermant les yeux un instant, avant d'attirer votre regard, sur sa gauche, son bras s'étendant en vous découvrant un paysage de mort, la forêt, brûlée, les terres écorchées, le sang de vos frères, la peur, la douleur... Vous ressentez tout cela, comme vous ne l'avez jamais ressentis... Les images valent milles mots, celles-ci valent milles vies... Elle.... ressent. Dit-il, alors qu'il se léve, marchant dans cette terre désolée, s'emparant d'une main de poussière alors qu'il s'agenouille, se tournant vers vous... Vous l'avez suivie, sans même vous en rendre compte. La guerre... Mauvaise.

Cette vision était bien moins agréable que les précédentes car tout simplement réaliste et prédicateur. Oui, la forêt souffrait, l’œuvre le leurs faisait savoir. En tant que gardiens, c’était de leurs devoirs de lui venir en aide. « L’Anaëh souffre, grandement. Vous avez raison, si nous n’agissons pas, qu’adviendra-t-il ? Vous aviez la réponse, et celle-ci me glace le sang. » Elle se tût un instant avant de reprendre. « L’œuvre nous a permis de localiser les troupes ennemies. Ils… tuent nos Frères et Sœur avant de les brûler. Ils sont nombreux, très nombreux. Je réfléchis… je pense… Ils attendent que je décide… que je leurs conseille… Mais l’ennemi est si nombreux. J’ai pensé à des pièges en nombre, une révolte de nos Frères et Sœur, mais serait-ce suffisant ? » Elle soupira. « Les Fils et Filles de la mère, vivant dans ces cités en pierres… ils pourront nous aider, non ? Qu’en pensez-vous ? »

Il étendit son bras sur sa droite montrant un temps si lointain que ses mémoires s'assombrissent presque... Un linceul noir recouvre un passé qui n'est pas le sien Unis.. Nous étions... Il regarde la Fille de nouveau, agitant sa main gauche pour qu'elle le suive.. Ils s’avancent vers une racine, enroulé autour d'une pierre... Il semble lui faire remonter le temps... La racine embrasse la pierre, elle ne la détruit pas, elle fusionne avec et ne fait plus qu'un.. Ils tiennent l'un à l'autre. Ils aideront... Confiance... Pas de haine. Pas de déni... Il relève son visage, montrant un lieu entre deux arbres, une lointaine vision s'affichant, une ruée de tout les diables, la forêt... Elle même. Elle aidera, ils aideront. Maitrise... Maitrise les envies sanguinaires... Apaise les esprits. Empêches.... Empêches-les de partir à la dérive... Dit-il, tout en montrant la décadence des Drow's... Actif... Plus passif. Il souffle... légèrement fatigué de cet enchaînement qui lui demande tout de même force de maîtrise, puisqu'il n'utilise pas de focalisateur à cet instant.

Silencieuse, soucieuse, elle écouta chacun de ses mots, regarda chacune de ses visions. Jusqu’à ce qu’il arrêta. « J’ai compris mon Frère, gardez donc votre énergie, je pense qu’elle nous sera d’une grande utilité durant la bataille. »

Il opina, avant de respirer calmement, il inspire la puissance pure, et pourtant... Il semble s'être fatigué si vite. Na'äldo... Doel'an... Soo'lnaard... Il pose sa main sur l'Hermine qui se love dans son cou, l'air attristée

Intriguée, voilà ce qu’elle était. Ancienne apprentie de celle-qui-guide, elle pût apprendre certains mots de ce qu’on appelait aujourd’hui le « vieil elfique ». Lorsqu’il prononça ce lieu, Yriaë se sentit comme abandonnée dans ses pensées. Pourtant, cette fois-ci, ce n’était pas son Frère qui en était la cause.

A peine s’était-il envolé, parcourant les cieux qu’un autre druide s’approcha. Celui ne vint pas du ciel mais de sous-verre. La taupe creusa son trou, revint à la lumière puis se transforma. « Sœur, ils sont des milliers… ils ont pénétré l’œuvre, dévaste et brûle tout sur le passage… le chant… Je pensais ne jamais revenir, ils souffrent tellement… je ressentais tout. Nous devons agir et vite. »

« Faites parvenir ces informations à tout enfant de la Mère souhaitant combattre qu’ils viennent d’Anaëh ou des cités de pierres, nous auront besoin de toute l’aide nécessaire. Ces abominations se permettent de bruler l’œuvre. Ils vont lourdement en payer le prix. » La taupe revêtit sa fourrure puis partit délivrer le message. Yriaë quant à elle, d’un air déterminé partit en direction de l’ennemi.

On avait aménagé une petite loge parmi les arbres. Un pied-à-terre improvisé pour laisser les elfes des Noss se reposer avant de continuer la longue marche vers le combat. Les chefs se réunissaient déjà, préparant des tactiques, vantant les mérites de leurs soldats, tentant de rassurer ceux qui pouvaient l'être.

Voronwë s'était isolé des autres, dans sa cachette de branche et de feuilles. Il attendait, méditant sur la Symphonie, la Mère et la Bête.
Il ne l'entendait plus depuis quelques temps mais des profondeurs de son être un écho lui parvenait. Une plainte, longue et sinistre, d'une tristesse telle qu'elle aurait fait pleurer le ciel comme dans une chute d'étoiles filantes. En comparaison, la paresseuse chanson nocturne des arbres semblait bien faible et bien piètre.

L'esprit domine.

Il avait envoyé trois de ses Traqueurs en mission spéciale, une mission dangereuse. Les elfes des bois, portant des armures en écailles d'hydre, des casques du bois renforcé le plus dur et taillé en forme de têtes draconiques et armés des meilleures lances et dagues dérobées aux Cités, étaient partis sur le Front. Au plus près des drows ou du moins de leur position supposée.
Bientôt ils seraient de retour.

Les griffes détruisent.

Cela ne manquât pas. Dans le silence le plus total, outrepassant la vigilance des sentinelles, dont une bonne part faisait parties de la Noss Baar'Ane, Ils se présentèrent sur le seuil du refuge, un lourd paquet dans les bras.

Ils le déposèrent. Le clair de lune révéla un drow molesté et attaché des mains et des pieds, un lourd bâillon coincé entre les lèvres.

-"Ils étaient deux à s'être égarés, Gardien. Nous avons suivi les ordres: tuer l'un, ramener l'autre."

Sortant de sa contemplation méditative, l'elfe sauvage qui se trouvait être leur chef les congédia d'un signe de la main.

-"Bien. Partez à présent. Je dois être seul avec lui."

La tête.

Voronwë passa longuement la main sur le torse peu protégé du guerrier ennemi, cherchant du bout des doigts un emplacement exact.
Une idée avait germée dans son conscient. Cette dépendance que l'on a envers ceux avec lesquels nous avons tout traversé. Une envie débordante de Le revoir, Lui, de Le réentendre.

Le cœur.

L'être noir lui adressa un regard où brillait la plus profonde haine. Ils le détestaient, de tout son être, de toutes ses forces. Il faisait bien, mais pour les mauvaises raisons.
Les doigts du chef s'arrêtèrent.

-"Tu connais la peur, ou es-tu trop idiot pour cela?"

Les battements.

L'endroit était parfait. Tout était là, à sa place, comme prévu. Tout se passerait bien. Avec la fébrilité de l'amant tournant la poignée de la porte de son aimée, il saisit un couteau de silex.

-"Tu vas accomplir ton destin, offrande."

Les battements de son cœur.

La lame trouva la chair et glissa, ouvrant la peau et le muscle sans toucher les organes. Un travail d'orfèvre. Le drow hurla mais son agonie fût étouffée par le tissu couvrant ses lèvres.
Quand les doigts agiles écartèrent sa chair pour révéler les os et l'organe vital, le monstre s'évanouit.

On les entendait si bien, dans la clairière entourant la statue. Oui, si bien.

Les os cédèrent sous la lame et, avec une infinie précaution, pire qu'un parent portant un nouveau-né, Voronwë tira de sa cache l'objet de ses convoitises.

Les battements de son cœur.

Le soupesant et souriant à chaque pulsion qui animait l'objet sanguinolent, l'elfe sourit. D'un geste vif, il croqua un morceau bien chaud et entrepris de faire suivre le reste, malgré le goût infâme. Oui, il les entendait à nouveau, comme autrefois.

Les battements de Son horrible cœur!

Kalendrilh sentait l’excitation de la guerre l’envahir, mais il devait rester concentré. L’issu de cette guerre allait déterminer l’avenir du royaume. Ils ne devaient pas perdre et Kalen était déterminé à faire tout en son pouvoir pour que les elfes sortent victorieux de ce combat même si pour cela, il devait y laisser la vie. Il n’avait pas peur de mourir. Il était dans ce monde depuis longtemps. Il l’avait vu évolué, modelé par les grands bouleversements qui ont touché la population. Les rois étaient tombés, d’autres s’étaient levés. Il avait vu de terribles trahisons et des alliances inespérées. Des ennemies se sont tendu la main, des amis se sont entredéchirés, laissant croire que tout était possible. Pourtant, l’espoir n’avait pas failli. En ce jour décisif, les elfes des cités et ceux de la forêt marchaient enfin, unis contre un ennemi commun dans une guerre qui allait faire couler beaucoup de sang. Mera était présente! Elle n’allait pas faillir! Les colonnes de soldats avançaient d’un pas régulier. Ils avaient le visage grave. Peut-être qu’ils avaient peur, mais ils ne le montraient pas. Devant, Kalendrilh menait ses troupes dans son armure scintillante. L’arc de son père était accroché à son dos, prêt à servir. À sa ceinture, une épée meurtrière qui avait vu maints combats déjà et versé le sang des drows. Elle s’appelait Tûr, signifiant victoire dans la langue des elfes. Il savait qu’un bon nombre de ses frères risquait de trouver la mort dans ces combats, mais ça ne serait pas en vain. Les elfes allaient vaincre. Kalendrilh y croyait fermement et cette foi allumait en lui une vigueur qu’il n’avait pas cru possible. Il y avait une chose, cependant qui jetait une ombre : son fils.

Oromë y était. Malgré ses efforts pour lui éviter les combats, il ne pouvait pas l’empêcher de vouloir remplir son devoir. L’elfe était jeune, mais pas sans expérience. Il ne serait pas avec le gros de l’armée, mais avec les éclaireurs. Son rôle était essentiel : il allait transmettre l’information sur la disposition des troupes ennemies, mais également leur nombre et leur stratégie. Chaque information recueillie pouvait faire la différence entre la victoire et la défaite, mais ce n’était pas sans risque. Il pouvait être découvert et il savait que si ça arrivait, son fils n’aurait aucune chance aussi douée qu’il puisse être. Kalen espérait pouvoir le voir avant les combats. Le père et le fils étaient en froid depuis la mort de l’épouse du protecteur. Oromë reprochait à son père d’en être le responsable et il n’avait pas tort. S’il avait été plus présent, peut-être qu’elle serait encore en vie. Toutefois, il était temps de faire la paix. Si Kalendrilh devait mourir, il ne voulait pas partir le cœur lourd de ne pas avoir pu serrer son fils dans ses bras une dernière fois. La perte d’Oromë lui serait insupportable, évidemment. C’est pour cela qu’il n’osait pas l’envisager, mais il voulait au moins lui dire qu’il était fier de lui et qu’il était désolé pour tout. Il aurait voulu être un meilleur père, mais il devait se faire une raison : il n’était pas parfait.

Les troupes s’organisaient, prêtes à l’assaut. Kalen regardait autour de lui, espérant apercevoir Oromë avant qu’il ne disparaisse parmi les arbres. Il le vit enfin, discutant avec son supérieur. Malgré son jeune âge, il affichait un air confiant et concentré. Il n’avait pas peur. Kalen pressa le pas pour le rattraper.

— Oromë!

L’elfe lui avait tourné le dos, mais s’arrêta en entendant son nom. Nul doute, il avait reconnu son père. Il pivota pour le regarder. Son regard était dur et ne manifestait aucune joie de le voir. Kalen décida d’en faire abstraction. C’était le moment ou jamais, peut-être même la dernière occasion qu’il avait de se parler en ce monde. Il ne pouvait pas la laisser tomber.

— Oromë… Je sais que tu es encore fâché. Commença-t-il en essayant de trouver les mots justes. Je veux que tu saches que je suis extrêmement fier de toi. Cette guerre… Il est possible que l’un de nous deux n’en revienne pas et je ne pourrais pas supporter l’idée de te perdre sans t’avoir dit à quel point je t’aime et que je suis désolé pour ta mère… Il y a beaucoup de choses que j’aimerais faire différemment, mais on ne peut pas revenir sur le passé. Nous pouvons soit le laisser nous dévorer, soit apprendre de lui et grandir. Tu es mon fils et rien ne changera ce fait. Tu es ma plus belle réussite et j’espère te voir heureux…

Le visage toujours aussi impassible, Oromë s’approcha de son père. Il ne s’arrêta que lorsqu’ils furent qu’à quelques centimètres l’un de l’autre. Le cœur de Kalen cognait fort dans sa poitrine. Il avait peur de la réaction de son garçon, reconnu pour être particulièrement obstiné. Toutefois, il ne dit pas un mot, prenant plutôt l’ancien dans ses bras. Il resta ainsi pendant un moment avant de lui souffler à l’oreille.

— Je t’interdis de mourir pendant cette bataille…

— Cette interdiction vaut aussi pour toi, répondit Kalen le cœur soudainement plus léger. Il était ému et avait envie de pleurer, mais il chassa aussitôt les larmes.

— Soit prudent… ne prends aucun risque inutile…

— Ces recommandations valent aussi pour toi…

Les deux elfes éclatèrent franchement de rire. Ils auraient voulu se parler plus longtemps, mais il était temps de se séparer.

— Va, mon fils… Nous nous retrouverons après la bataille…

L’elfe regarda son fils s’éloigner et rejoindre ses compagnons. Bien vite, il disparut du champ de vision de Kalen. Il ressentit un petit pincement au cœur, mais il savait que les choses iraient bien. Peu importe ce qui allait arriver maintenant, il était prêt à tout. L’elfe balafré se retourna vers ses compagnons.

— Aux armes, mes frères! Pour l’Anaëh!

Une grande clameur s’éleva de ses troupes, tel un rugissement. L’heure était venue…

Ainsi, tous semblaient avoir répondu à l'appel. Les différents protectorats étaient là. Les rares absents étaient ceux retenus en Eraïson. Mais la majorité avaient envoyé des troupes. Il ne serait pas dit que ceux des cités ne tombèrent pas pour l'Anaëh. Pas en ce jour. Les Noss eux aussi s'étaient déplacés. On en apercevait parfois cà et là, quoiqu'ils furent plus discrets et difficilement discernables. Mais Delnwë les savaient présents. Ainsi, ils avaient compris qu'au delà des luttes entres elfes, c'était toute l'Anaëh qui était menacée. Et c'est l'ensemble de l'Anaëh et de ses enfants qui devaient lutter, côte à côte, comme des frères et soeurs de sang. Face à l'ombre et les ténèbres.

Plusieurs capitaine des protectorats vinrent croiser la route du capitaine, désirant mettre leur troupes en commun avec les siennes. Il accepta cette aide d'un hochement de tête. Toutefois, il leur expliqua que si lesdits archers restaient sous les ordres de leurs meneurs respectifs, chacun d'eux auraient deux représentants de l'armée royale, chargé de relayer les ordres de batailles et les formations. Aucun ne réchigna ni n'osa contester cela. Car de la cohésion dépendait le succès, la victoire... ou l'échec et la mort. Ce furent ainsi plus de mille cinq cents archers qui prirent position. Le capitaine Delnwë Iridwen fit alors faire halte à l'ensemble de la ligne. Puis, par des ordres brefs, il dispersa une dizaine de ses meilleurs soldats, qu'il chargea de diviser la ligne en plusieurs groupes presque égaux, et de les éloigner, de sorte à étirer le front d'archerie. Cela créerait d'immenses brèches, qui serviraient probablement aux éclaireurs sombres. Mais cela importait peu.

Les groupes se mirent en place, les différentes troupes adoptant des formations bien préparées. Ceux des protectorats étaient les plus longs et les moins bien organisés, tant une telle tactique leur était inhabituelle. Mais qu'importait. Le capitaine avait son idée, et il entendait l'appliquer. Il vit la fumée s'élever, et la rougeur de l'horizon. Les sombres brulaient l'oeuvre de la Mère. De nombreux soldats des protectorats émirent des grognements, manifestant leur envie d'en découdre. Mais ceux de l'armée royale ne bougèrent pas. Discipline et confiance.

D'un geste, trois elfes ceints des bandeaux de vert et de gris soufflèrent dans de petits cors, qui envoyèrent rouler des notes claires. Lesquelles recurent une réponse qui fit écho, encore et encore. D'un geste impeccable, tous les archers royaux saisirent une flèche dans leur carquois, bandèrent leurs arcs et attendirent. Une seconde note retentit. Et les traits furent décochés. Un bref instant on entendit comme un long sifflement, comme si le ciel était parcourut de multitudes d'oiseaux. Ce bref instant fut suivi de la retombée fracassante des premiers traits. S'ils avaient été tirés de volée, ils n'en restaient pas moins meurtriers. Les drows purent être surpris tant par la portée des arcs elfiques que par la redoutable précisions de ceux qui les maniaient. Les traits s'étaient envolés loin, dépassant la ligne d'infanterie, pour aller s'abattre parmi leurs ennemis. Ils semblaient venir de partout. La forêt entière semblait lancer des flèches sans discontinuer. Il en venait, encore et encore. Ce fut comme si des centaines de milliers d'archers vidaient leurs carquois. Chaque groupe décochait ses flèches, avant que le second ne prenne le relais, d'un point proche, puis le troisième juste avant le premier et le quatrième, et ainsi desuite. La pluie ne semblait pas cesser de s'abattre. Telle les feuilles en automne, elles tombaient de tous les arbres.

La bataille continua ainsi. La pluie de flèche dut ralentir, car malgré la grande adresse des archers de l'Anaëh, ils pouvaient risquer de toucher les leurs, maintenant que la mélée était engagée. Aussi durent-ils allonger leurs tirs, pour toucher les lignes arrières des sombres. Bien évidemment, plusieurs escadrons de sombres s'infiltrèrent parmi les lignes, pour venir s'en prendre directement aux archers. Les formations éloignées subirent plusieurs pertes, surpris par les arbalètes ou les magiciens drows leur tendant embuscade.

L'un des commandos se présenta sur le côté du groupe principal mené par le capitaine lui même. Composé essentiellement d'éclaireurs et de combattants légers, ils décochèrent quelques carreaux, tuant trois archers, avant de charger avec l'effet de surprise. Mais loin de paniquer, les archers ne bougèrent pas. Enhardis, les sombres chargèrent directement le capitaine, situé en première ligne, et qui n'avait toujours pas utilisé son arc. Ils approchèrent, encore. Pourtant les archers n'esquissèrent pas le moindre mouvement. Les drows purent s'avancer jusqu'à vingt mètre environ du capitaine, dont le visage ne trahissait aucune émotion.

D'un mouvement sec, vingt deux arcs furent bandés. Les soldats ceints de vert et de gris décochèrent ensembles leurs flèches avec une précision mortelle. Les sombres s'effondrèrent, une flèche fichée dans l'oeil, le crâne ou la gorge. Quelques uns agonisaient encore. Seul leur meneur, plus lourdement protégé, était encore valide. Il avait une flèche dans la jambe et une autre dans l'épaule, et ne put que constater la destruction pure et simple de ses soldats. De rage, il leva sa lame à double tranchant et chargea le capitaine. Mais au premier pas, la pointe de la flèche barbelée émit un bruit métallique. Quatre tige transpercèrent chair et os, broyant la jambe et le faisant tomber au sol, hurlant de rage. Le capitaine de l'armée royale s'avanca de quelques pas, et d'un mouvement fluide et rapide, il dégaina son épée, et décapita le sombre.

« Que périssent ainsi tous les ennemis de la Mère.»

Il regagna les rangs, feignant l'indifférence total. Mais malgré la discipline de fer et l'efficacité indiscutable de l'archerie, Delnwë ne put s'empêcher de se maudire de celles et ceux qu'il voyait tombé. Chaque frère et soeur qu'il perdait était de trop. Il priait, intérieurement, pour que la Mère les accueillent en son sein, et daigne les bénir, pour le sacrifice qu'ils ont offert, au nom de son Oeuvre.

Bien cachés dans les branches des arbres et par une fumée épaisse issue de la combustion de végétaux, les elfes des clans attendaient. Plus que chez leurs confrères des Cités, on sentait la colère qui montait en eux, leur fureur face à la dévastation grandissait avec les flammes. Certains devaient même être retenus pour ne pas se précipiter sur les Sombres. Le moment venu, ce serait un massacre.

Pour autant, Voronwë ne percevait chez aucun d'entre eux autant de sentiments que chez ses propres sujets. Non pas qu'ils aient plus de raisons que les autres d'en vouloir à leurs cousins mais il restait cette... Sensation étrange... Comme si la volonté de plénitude, d'harmonie, qui unissait habituellement les elfes à l'Anaëh et à Kÿria avait été rompu, remplacée par une sourde envie de tuer.
Un autre être s'en serait étonné, mais lui avait depuis bien longtemps maintenant compris qu'il n'avait pas été la seule victime du Baar'Ane. Vue de l'intérieur, la façon d'être de sa Noss était normale et nécessaire, ce n'était que vu de l'extérieur qu'ils étaient des monstres. La révélation lui était venue après qu'Yraë ait chassé l'hydre de son esprit. Cela n'avait duré que quelques jours. Pendant ce laps de temps il avait observé un sentiment de paix, de sérénité et une incompréhension des coutumes de ses pairs, qui pourtant ne faisaient que les rituels et préparations habituels.

Pendant un temps, sa colère intérieure s'était tue.

Alors il avait vécu comme un spectre parmi les siens. Jusqu'à la désillusion. Où il avait, pour la première fois, senti la peur de la bataille qui approchait, senti la crainte. Mais ces émotions ne devaient pas faire partie du cœur d'un chef.
Tout cela l'avait amené à prendre sa décision, son ultime décision. Il ne serait pas un paria pour son peuple, pas un lâche pour ses guerriers. Il avait pris le cœur du drow, l'avait dévoré, s'était peint avec son sang pour créer des marques tribales.

Cela avait fonctionné. Les sifflements avaient recommencés. Les battements ovidiens étaient revenus. La fureur avait réintégrée son âme comme l'exécration de toute chose.
Il avait délibérément choisi sa voie. Jeté cette nouvelle malédiction sur lui-même.

-"Vaut-il mieux se maudire et sauver son peuple, que conserver son esprit et laisser des innocents mourir?"

Ces mots s'échappèrent de ses lèvres quasiment fermées alors qu'il se tenait en équilibre sur une planche de chêne. En bas, la bataille commençait et la première ligne des Sombres percutait celle des citoyens.
Les lignes bien organisées résistèrent un moment à l'assaut, mais certains points commençaient à faiblir, malgré quelques renforts. Il était temps d'appliquer le plan prévu par les chefs des Noss: soutenir l'armée régulière, briser l'élan des drows là où ils en avaient, permettre aux citoyens de souffler, en somme.

Lui-même possédait une centaine de guerriers de sa Noss et parmi eux sa quinzaine de Traqueurs, ses soldats d'élites, chasseurs émérites et tueurs-nés. Il faudrait les utiliser avec sagesse.
Voyant un pan du "mur" de boucliers elfes sur le point de céder, car les elfes de cités avaient choisis ici une formation plus défensive, il y envoya une trentaine d'archers, puis le reste de la Noss, sauf ses traqueurs, vers un autre point. Heureusement les arbres étaient encore intacts ici, le feu ne prenant place que devant. Une forêt humide en cette période de l'année brûlerait mal, mais il ne faudrait pas laisser le feu traîner trop longtemps.

Voronwë continuait à scruter la bataille dont l'issue était encore incertaine. Ses elfes faisaient du bon travail, mais les drows survivants commençaient à comprendre que les archers ne se situaient pas derrière les lignes ennemies, mais au-dessus d'elles!

Puis Voronwë entendit un cri dont l'intensité dépassa la cohue générale. Elle venait d'un arbre non-loin, là où se trouvait ses guerriers.

-"La douleur... Oui... Je la sens bien. Elle n'est pas naturelle."

Et en effet, non-loin, quelques mètres derrière la mêlée, du côté calciné, une drow à la poitrine avantageuse et à la tenue de cuir légère faisait d'étrange mouvements en direction des arbres abritant les elfes. Un second archer ne tarda d'ailleurs pas à hurler de douleur et tomba de sa branche.
Le sang de Voronwë bouillit et ses tempes s'agitèrent alors que l'adrénaline commandait ses muscles et qu'il saisissait son arc et tirait une flèche vers la sorcière qui la reçut à l'épaule, interrompant son sortilège.

Avant que le chef de clan ne puisse bander son arme à nouveau, un drow munit d'un bouclier et qui se tenait jusque là près de ce qui devait être son officier, se plaça devant elle, bientôt suivi de trois autres.

-"Elle va bientôt incanter à nouveau. Traqueurs, avec moi! Tuons-la! Tuons-les tous!"

Il sauta sur un arbre proche, rapidement suivi par ses élites coiffées de casques de bois en forme de tête de dragons. Leurs armures, faites d'écailles du Baar'Ane, ne les ralentirent pas et bien vite Voronwë surgit des feuillages, une lance elfique dans les mains. Il planta le premier garde du corps en tombant dessus et manqua d'être frappé dans le dos par un fourbe assaillant, si un des Traqueurs ne l'avait pas pris en embuscade à son tour.

L'attaque surprise se transforma en défense personnelle. Ils étaient tous les trois en plein sur la ligne d'arrivée des Sombres. La colère de Voronwë l'avait trahie, quelque part. Il fallait pourtant achever cette sorcière avant qu'elle ne fasse plus de ravages.

Puis une douleur sourde envahit l'esprit du guerrier alors que ses oreilles entendaient des sons stridents et que ses yeux offraient un affichage de couleurs quasi-hypnotique. L'elfe s'effondra au sol tant le déferlement était intenable.

-""Je vois ce que tu vois, sens ce que tu sens, entends ce que tu entends, goûte ce que tu manges. Je vois ta douleur. Utilise-la, Gardien. Utilise ta colère. Utilise ta haine."

Le chef-guerrier releva les yeux et discerna sous le déluge d'images brouillées le sourire de la magicienne. Ce sourire triomphant, insupportable, écœurant. Ses dents se serrèrent et son poing se referma sur un gros caillou. Avec un effort énorme il leva son bras et l'envoya sur la sorcière qui avait un peu reculé par rapport à lui. Ses membres semblaient peser une tonne mais son désir de faire taire ce sourire était tel qu'il surpassait cela.

Le galet vola jusqu'au front de la drow qui bascula en arrière. Voronwë s'éveilla de sa douleur magique comme d'un songe et constata que ses fidèles Traqueurs le défendaient de leur mieux contre un adversaire de plus en plus nombreux, même si ses archers les appuyaient.
Alors, il saisit à sa ceinture sa dague en acier elfe et se précipita sur la drow toujours à terre. Il lui planta le couteau dans la poitrine, ignorant l'armure.

-"Ta haine me rend... Plus fort!"

Il entreprit alors dans un mouvement aussi vif que violent de lui ouvrir le corps jusqu'au bas ventre. Du sang gicla sur ses bras, son armure et son visage. Il lécha celui qui était proche de ses lèvres.

-"Son cœur Voronwë, son cœur! Je veux boire le sang dans son cœur!"

L'elfe plongea une main brusque et brutale dans la cage thoracique, arrachant les quelques os qui lui bloquaient l'accès au précieux organe avec une prise animale. Un de ses Traqueurs exécuta un drow qui s'apprêtait à l'attaquer mais avait hésité au dernier moment, aussi surpris qu'effrayé par ce qu'il voyait.

-"Retraite, repassez derrière la ligne!"

Il y laissait quelques hommes mais la grande majorité avait survécu. Quand il se fût frayé un chemin parmi les soldats alliés. Il resta un moment seul, loin de l'agitation, pour se reposer. Il contempla le cœur qu'il tenait encore dans la main et bu le sang qu'il contenait, provoquant le cri d'effroi d'une guérisseuse elfe qui passait par-là pour l'aider.

Il se releva, la bouche entourée de rouge. Il se passa une main pour la nettoyer. Sa peau semblait avoir pris une teinte verte écailleuse et ses griffes paraître au bout de ses ongles.

-"La bataille n'est pas finir, Voronwë. Il reste du sang à boire. Beaucoup, beaucoup, de sang."

La bataille faisait désormais rage entre les deux armées qui se faisaient face, l'une d'elle étant soutenue par quelques anges gardiens perchés dans les arbres. Mais, tout cela, Fenris ne le voyait pas. Depuis un moment déjà, il avait perçu les changements dans la Symphonie et, s'il n'avait su faire la différence entre ses émotions et celles transmises par la forêt, il aurait depuis longtemps cédé à la colère, la peur et la tristesse. Toutefois, le cadet Nöldorion semblait aussi calme que ses compagnons d'arme. Cette douleur n'était pas la sienne. Ou tout du moins prendrait-il le temps de souffrir lorsque tout serait terminé.
Pourtant, autour de lui tout n'était que désolation. Se trouvant à l'arrière, dans les sillons laissés par les drows, il ne pouvait que contempler le désastre... Les flammes ne les avaient pas atteint mais tout était détruit. Comment était-il possible de faire tant de dégâts en un seul passage ? Fenris avait du ma à le comprendre mais fit un gros effort pour prendre sur lui et remettre sa peine à plus tard. Il fallut en faire de même pour le reste de la cavalerie. Tous avaient conscience que l'heure n'était pas aux larmes car le combat ferait rage bientôt. S'ils éprouvaient de la colère, ils devaient l'utiliser telle une arme à abattre sur les responsables de ce carnage.

De leur position, les cavaliers entendaient les lointains bruits des combats. Lointains, parce qu'ils avaient fait en sorte de ne pas être visibles depuis la position des drows. Lointain, parce que les combats faisaient rage sur les premières lignes... donc à bonne distance de leur position.
Une fois que les armées sombres furent passées, la cavalerie n'avait pris position qu'au moment où leur ennemi s'était suffisamment éloigné. Ils s'étaient scindés en deux groupes pour faire écho à la stratégie utilisée par les drows. Ils s'étaient mit en ligne et avaient commencé à attendre. A présent, les chevaux, comme les hommes, s'impatientaient. La forêt souffrait autant que leurs frères à plusieurs centaines de mètres de là. Tous le ressentaient tout autant qu'ils comprenaient la nécessité de ne pas faire preuve de précipitation. Leur meilleur atout était l'effet de surprise, aussi ne pouvaient-ils lancer leur assaut que lorsque les combats seraient suffisamment engagés pour que tous leurs ennemis n'aient plus que leur regard tournés vers l'avant.

Après un moment qui sembla interminable, Delyndil donna enfin l'ordre. Contrairement à l'archerie, le sien fut silencieux et simplement transmis au second groupe -commandé par son Lieutenant Tarion- par un cavalier.
Les lignes se mirent en marche. Au pas dans un premier temps, puis au trot avant de finir au galop. Ils se firent aussi discret qu'il leur était possible et, le vacarme des combats aidant, ils purent s'approcher suffisamment près pour que les dernières lignes drows se retrouvent à portée de leurs flèches. Plusieurs volées vinrent perturber les sombres qui n'eurent pas le temps de se réorganiser dans la panique. Dans les dernières dizaines de mètres, les archers ralentirent tandis que les guerriers, bouclier en avant, accélérèrent pour fondre sur leurs ennemis, détruisant au passage les maigres défenses qui avaient réussi à se former.
Les drows devaient maintenant se battre sur plusieurs fronts. L'infanterie et l'archerie à l'avant, la cavalerie à l'arrière et les Noss dans le ciel.

Promenons nous dans les bois, tant que ceux-ci nous tuent pas.

« Mes frères, mes sœurs. L’heure est venue pour nous de nous battre. L’heure est venue pour nous de prouver à ces monstres que l’ANAËH, NOTRE TERRE, l’œuvre de NOTRE MERE ne se laissera pas affaiblir aussi FACILEMENT. »

Des cris résonnèrent.

« MES FRERES ! MES SŒURS ! Notre mère est à nos côtés ! Je la sens, je la vois… La sentez-vous-vous aussi ? »

Les cris s’amplifièrent.

« ENSEMBLE, NOUS TOUS, NOUS VAINCRONT AU PERIL DE NOTRE VIE ! »

Le bâton fait de corne s’abattit sur le sol ce qui eut pour effet de faire trembler la terre. Les racines des nombreux arbres, des nombreux compagnons se rebellèrent, vibrant sous l’excitation. Non… Il n’y avait pas que les elfes qui souhaitaient à tout prix se battre… détrompez-vous. Tout un pan de la forêt s’emplissait de haine et de colère envers l’envahisseur.

« TROP LONGTEMPS ! PENDANT TROP LONGTEMPS, NOS ENNEMIS ONT SOUS-ESTIME LA FORÊT ! MONTRONS LEURS DE QUOI NOUS SOMMES CAPABLES ! »

Une horde de Noss, plusieurs centaines, même si le nombre exact était difficile à chiffrer vu que les arbres eux-mêmes semblaient bouger, tous ces elfes partirent au combat.

Yriaë quant à elle, resta sur place.

Les druides usèrent de leur magie pour contrer des attaques, pour aider les Noss dans les arbres ou pour renforcer les rangs de leurs frères des cités.

Un grondement se fit entendre. La terre trembla, trembla, encore et encore, toujours plus fort. Cela déstabilisa certains drows, qui cherchaient un quelconque mage qui soit à la source de ces tremblements. Mais au lieu de ça, une charge de cinq golems déferla en plein milieu d’une clairière. Ce fut un véritable massacre. Certains ennemis avaient été attrapés par leurs pieds pour servir d’arme. D’autres étaient littéralement arrachés. Les drows ripostèrent, s’attaquant à plusieurs sur chaque golem mais cela ne suffirait sans doute pas.

De son côté, Yriaë s’était assise, optant une position du lotus, se concentrant malgré la haine, la colère, la douleur et la tristesse qu’elle recevait de toute part. Elle chuchota, murmurant dans un semblant de vieil elfique.

« Háno, Onónë. Amorta lye. Háno, Onónë. Amorta lye. Háno, Onónë. Amorta lye. Háno, Onónë. Amorta lye…. »

Elle se releva, alors que son regard était devenu blanchâtre. Son corps était entré en transe.

« Háno, Onónë. Amorta lye. Háno, Onónë. Amorta lye. Háno, Onónë. Amorta lye. Háno, Onónë. Amorta lye…. »

Des tremblements apparurent au niveau de ses mains et de ses pieds. Sa transe s’accentuait de plus en plus.

« Háno, Onónë. Amorta lye. Háno, Onónë. Amorta lye. Háno, Onónë. Amorta lye.»

Ses mains se levèrent puis elle sauta, en retombant elle enfonça son bâton dans le sol puis cria.

« HANO, ONONE. AMORTA LYEEEEEEE »

Un énorme tremblement de terre se produisit. Les arbres bougèrent dans tous les sens.

« SACRIFIEZ-VOUS POUR VOS FRERES ET POUR VOS SŒURS, AU NOM DE LA MERE, COMBATTEZ, ECRASEZ LES ! »

Un grondement sourd retentit. C’était l’heure, ils se levèrent, ils marchèrent vers la guerre.

Un mage invoquait à grand peine des jets d'eau de son bâton pour éteindre les dernières flammes qui n'avaient pas encore été étouffées sous les poings géants d'un golem ayant rejoins la ligne de combat. Le dernier acte de cruauté de quelques fanatiques ne voulant pas partir seuls.
Les pertes avaient été terribles chez les elfes, tant d'enfants de la Mère tombés au combat était un cataclysme. Un druide et un prêtre chantaient de concerts des mots réparateurs en hommages à ceux qui avaient donné leur force pour l'Anaëh.
Alors les drows avaient payés. Leurs blessés étaient achevés, leurs morts oubliés. Tout reviendrait à la terre, aux arbres, à la nature. De leurs corps naîtraient des bourgeons qui perpétueraient la vie de la forêt. L'ordre naturel des choses.

Voronwë, lui, était parti à la poursuite des retardataires, des fuyards, des déserteurs. Leur campement n'était pas loin, mais certains étaient tout de même trop lents, ou se perdaient, satisfaisant les bas-instincts de la Noss du Baar'Ane, dans leur vengeance éternelle.
Le chef guerrier trancha la gorge d'un combattant ennemi inanimé, sans doute d'avoir perdu trop de sang suite à une blessure. Alors qu'il levait à la cime des feuillages son couteau gorgé de rouge, un Traqueur annonça qu'il avait aperçut un petit groupe adverse s'enfuyant par un sentier perdu.

-"Poursuivez-les et achevez-les, mais rebroussez chemin si vous apercevez des renforts. Nous ne devons pas nous risquer en des morts inutiles."

Les elfes partirent les uns après les autres, laissant le tueur seul avec un cadavre à ses pieds. Il regarda son couteau. Le liquide carmin faisait flamboyer la lame d'une lueur sinistre et pourtant elle semblait si belle, si parfaite...
Un soupir s'échappa de ses lèvres et il remonta sur un arbre non-loin, décidé à rejoindre ses troupes. Dans un geste habile il rejoignit une branche adjacente, suffisamment solide pour son poids et continua sa route, d'arbre en arbre, sentant les feuilles caresser son visage maculé de sang séché.

Pourtant, son pas, pourtant si sûr, le trahit et un bois se brisa alors que sa semelle l'effleurait. Le guerrier tenta de se rattraper mais chuta lourdement au sol, sur un parterre de fleurs jaunes. Avec un mal de tête certains, il se releva et contempla les alentours. Ce genre de choses ne lui arrivaient jamais, d'habitude. Peut-être que son âge le rattrapait. Il n'avait plus trois cent ans...

-"Fais silence, elfe, il y a quelque chose d'étrange ici..."

Le guerrier tendit l'oreille et laissa la Symphonie percer à travers la barrière qu'était l'hydre. Il était rare, très rare, qu'il puisse entendre aussi clairement le chant des arbres. Ce lieu devait renfermer un potentiel magique, quelque chose d'exceptionnel, au point que même l'influence néfaste du reptile ne pouvait la bloquer...

-"Mä laï. Cinùa saldoleï..."

Les mots, prononcés avec une infinie douceur, surgirent de derrière lui. Il ne put se retourner sur l'instant, son cœur prit d'un chagrin infini. La sensation lui fût indescriptible, une tristesse incroyable perçant son âme. Des larmes perlèrent de ses joues, s'échouant sur la croûte rouge autour de ses lèvres.
Sa tête tourna, bientôt suivie du reste de son corps. Il resta pétrifié.

Une créature à l'apparence vaguement elfique se tenait devant lui. Son corps semblant fait d'un bois si clair qu'il rayonnait et sur lequel vivaient champignons et bourgeons. Sur ce qui semblait être sa tête, des trous de pivert semblaient faire un œil et une bouche, mais affreusement déformés, créant un sentiment de malaise chez l'observateur.
Ses mains se composaient de trois griffes dans un bois de rose couvert d'épines, de véritables armes naturelles. D'ailleurs, la créature tenait dans une de ses extrémités la branche d'arbre sur laquelle Voronwë venait de chuter. Elle la consolait comme un enfant, frottant son visage contre elle pendant que l'autre main caressait l'arbre blessé tout en lui parlant.

Finalement, l'être reposa la branche sur son parent et se tourna vers l'elfe médusé. Les paroles chantées par la créature le brisait intérieurement, comme si elles touchaient directement l'esprit sans passer par l'oreille.

-"Êtes... Êtes-vous un..."

La dryade s'approcha de lui dans un mouvement splendide. Ses jambes, interminables, s'achevaient par des racines puissantes.
Elle posa sa main sur sa joue, si doucement qu'elle ne le piqua pas malgré la présence des épines.

-"Tu ne me connais pas, Voronwë, Gardien du Glorhinfarth, mais je sais qui tu es. Tu me nommeras Handassë."

Elle passa ses tiges sur l'armure d'écailles du chef, semblant les analyser et se remémorer d'intenses souvenirs.

-"Ton serment ne valait-il donc rien, Gardien du Glorhinfarth? Les elfes ont-ils la mémoire si courte qu'ils oublient ce qu'ils ont promis?"

Le concerné alla répliquer quand, aussi mû par la peur de la créature qu'il reconnaissait pour ce qu'elle était que pour le rappel qui lui était, il s'arrêta.

-"Les animaux oublient. Mais les Aînés de la Mère ne le peuvent pas. Je me souviens de ton ancêtre, Voronwë du Glorhinfarth, qui jurait de ne jamais laisser la créature frapper à nouveau la forêt.

Et maintenant, je ressens la marque du monstre en toi. Tu as trahis tout ce que ta Noss a jamais juré. Tu as offert sacrifices et offrandes à l'Ennemi. Tu lui as donné force et courage."

Voronwë resserra les lèvres et se pinça la joue pour ne pas hurler. Sans sommation, il repoussa l'étreinte de l'Ëala et se retourna, furieux.

-"Foutaises! J'ai fait ce qui me semblait juste pour sauver mon peuple, j'ai bien agi!"

Les mains végétales caressèrent à nouveau son visage, passant autour de sa bouche et recueillant le fluide sec qui s'y trouvait.

-"Etait-ce ton devoir de boire le sang de tes ennemis? De les faire périr dans des souffrances atroces? Ce n'est pas la voie de la Mère, Voronwë du Glorhinfarth.

-"Assez!"

Et se jeta vers l'avant, se griffant les joues en de nombreux points au passage. La douceur incroyable des paroles d'Handassë le rendait fou de rage. Si elle devait le réprimander, pourquoi ne pas le faire avec le ton approprié?

-"Si vous ne vouliez plus du Baar'Ane, il fallait le tuer!"

Les mains se posèrent alors sur son épaule, la créature cherchant constamment le contact le plus rapproché possible.

-"Il ne me revient pas d'expliquer les décisions de la Mère. Voronwë du Glorhinfarth. Mais..."

-"Alors, pourquoi être venue?"

Elle le retourna lentement vers lui, laissant se croiser leurs regards et le touchant presque de visage à visage.

-"Car tu dois apprendre à te souvenir de ton rôle, Voronwë du Glorhinfarth.

Parcours Anaëh, cherche des réponses. Rappelle-toi ceux qui t'ont précédés et fais un choix."

-"Un choix? Quel choix?!"

Mais c'était trop tard. Déjà l'Ëala s'enfuyait. Le guerrier tenta bien de la rattraper, mais il trébucha dans une branche, puis une seconde, puis des racines le tinrent au sol jusqu'à ce que la suivante de Kÿria ait disparue de son champ de vision.

Ses sens étaient engourdis, comme à la sortie d'un songe. Il ne lui restait plus qu'un profond sentiment d'abattement, de chagrin et de colère.
Si ses hommes n'avaient pas été en danger, il serait retourné à travers le pays jusqu'à la statue. Peut-être pour la vénérer avec plus de ferveur, peut-être pour la détruire.

Un choix. Un seul. Il devait se souvenir.

"l fut un temps où ils furent elfes. La perfidie des mortels les avaient corrompus. Leur peau et leur cœur avaient noircie et leur âme s'était pervertie. A présent appelés drows, créatures sans pitié ni amour, qui vénéraient leurs idoles plus cruelles et sanguines les unes que les autres, ils se rebellaient contre leurs cousins des forêts. Mais la Forêt avait oublié leurs oreilles pointues et leur immortalité que le sang des elfes leur avait apporté. Anaëh les écrasera."

Ia douleur les réveilla. Une douleur lancinante, insoutenable. La douleur de leurs Frères, massacrés par les armées Sombres qui, au Sud Est, pensaient être capable de brûler la Création de la Mère sans subir son courroux. Les Golems s'étaient éveillés et d'autres fils de la Prime Mère se levaient pour défendre et reconquérir Ses terres. Ses Hérauts s'étaient rassemblés et chantaient leurs dévouements à la Créatrice. Les Ëalas avaient interrompu leur sommeil. Tous partaient en guerre. Elfes et animaux, Noss et Citadins, hommes et femmes, ensemble pour un combat qui repoussera les hérétiques hors d'Anaëh.

La Horde parcoura les dernières lieues la séparant du Front en quelques heures. La Douleur les poussait vers l'avant, leur donnait les ailes qu'il leur manquait. Un son sourd, crescendo qui résonnaient dans les tympans de l'Aigle. Le goût du sang, l'appel de la chair.

Le Grand Cerf beugla. Son cri résonna dans toute la Symphonie avec la puissance du marteau sur le gong. Ceux qui avaient douté de la Mère ravalaient leur salive. Ceux qui avaient franchi l'ultime limite de l'Anaëh en payait le prix. Une Horde d'animaux sauvages déferla sur les Peaux Sombres. Ils étaient des centaines, contre plusieurs milliers. Mais que pouvaient des êtres sur deux pattes uniquement protégés de leurs ridicules armures de métal, face à la Colère de la forêt ?

LAigle avait saisi un Corrompu par le cou. D'un mouvement de la tête, celui-ci vola derrière les rangs encore debout des soldats du Puy. A sa gauche, un renard tomba sur des coups d'épée acharnés. Il fut vengé dans la seconde. L'Aigle pleura en silence la mort de son Frère. D'un coup de patte, l'Oiseau s'envola pour redescendre en piquet sur un cavalier et sa monture. Écrasés l'un contre l'autre, les deux ne formèrent plus qu'un lorsqu'il les lança sur un de ses pairs. Non loin, les drows profitaient du chaos pour encercler des elfes, qui peinaient à rétablir l'équilibre. Un coup de bec arrêta les Daedhels dans leur élan meurtrier.

Peu à peu, les poches sombres se font plus disparates. Des Noss chargent sur leurs cousins du Volcan et les écrasent. Leur moral se trouve remonté, après avoir vu les Esprits de la Forêt se mettre à les soutenir dans leur combats. Beaucoup sont morts, des elfes comme des arbres. Tous des Frères, enfants de la même Mère, morts pour que son œuvre se perpétue dans les Cycles à venir.

La Horde se rassemble. Le Grand Cerf beugle sa victoire, l'Ours la crie, l'Aigle la siffle. Puis ils se fondent dans les ombres de la Forêt et continuent leur chemin. Les chants des Druides sont encore loin, écho à la bataille qui se joue encore des lieux plus loin. La Horde avance, la Mort marche à grand pas pour les Peaux-Noirs.

"Une étincelle peut mettre le feu à la plaine... Les flammes ravageront leurs maisons et écourteront leur vie."

Xyrlon'Strea était un jeune mage du C'nros. A 300 ans, il s'était déjà imposé comme l'un des nécromanciens les plus talentueux de son espèce. Seul l'âge lui faisait défaut désormais. Il était de petite stature, plus petit d'une tête que bien de ses subalternes. Pourtant, alors que la bataille fasait rage, il rayonnait. Lui et ses mages avaient pris place derrières les bataillons drows. Leur nombre était très inférieur à ce qui aurait dû être mobilisé pour une bataille de cette ampleur. Et quelle ampleur ! Les elfes que l'on avait estimé à 3000 têtes déployaient une force de frappe bien supérieure à celle des Sombres. Des créatures issues des plus vieux contes pour enfants s'étaient réveillées et ravageaient les Eldéens. Les troupes au sol subissaient des pertes immenses, là où leurs propres cavaliers et les mages s'en sortaient mieux.

Malag'eyl, toujours perché sur son morgals aux crocs acérés, observait le déroulement de la bataille. Son visage n'exprimait rien. Certes son peuple subissait une défaite cuisante, mais il ne comptait pas s'avouer vaincu. Et puis, une personne avec la moindre notion de politique savait que, dans l'ensemble, cette bataille ne ferait que le renforcer. Si les Premier et Troisième Ost étaient décimés, le Deuxième n'en serait que plus important. Et le Cinquième, qui était aussi celui dans lequel le C'nros était le mieux implanté. Khernal serait satisfait.

Sur les hauteurs, les archers noirs avaient pris position et décochaient leurs traits. Pas aussi précis que ceux des elfes, mais néanmoins tout aussi mortels. Ils s'abattaient dans les rangs et faisait des dégats considérables. Eux aussi s'en sortaient bien.

Xyrlon'Strea encourageait ses troupes. Une horde de créatures ni mortes ni vivantes gonflait peu à peu leur rang, et à son commandement, elle déferlerai sur leurs ennemis séculaires. Le mage grimpa sur le morgal qu'on lui avait accordé. C'était une belle bête, féroce et agile. Il l'éperonna et rejoignit un promontoire assez discret du camp elfe et assez visible pour que les nécromants et autres élémentalistes puissent le voir. L'assaut faiblissait chez les drows. Il était temps de lâcher une surprise pour les Peaux Claires. Le Phord'ur leva un bras. Quatre Cent morts vivants attendaient et seraient libéré de l'emprise des nécromanciens quand il donerai le signal.

"– 3... 2... 1... Maintenant. "

Il abaissa le bras. Un grondement uniforme se leva des bataillons. Les macchabées se dirigeaient vers les elfes pour les écraser. Xyrlon'Strea observa plus loin sur le champ de bataille les païms affronter un golem. Le monstre de pierre tomba, en emportant avec lui plusieurs bêtes drows. Il sourit. D'un coup de talons, rejoignit les mages qui attendaient ses nouveaux ordres. Il leur donna :

"– Elementalistes ! Dirigez vos sorts vers la forêt ! Elle doit brûler ! Qu'il ne reste que des cendres des arbres que les elfes chérissent tant ! BRULEZ-LA ! BRULEZ-LA !
"

A son injonctions, des torrents de flammes s'élevèrent au dessus de leur tête pour aller abattre dans la sylve.

Le sourire du Phord'ur s'élargit. Il avait déballé sa surprise. Que diront les elfes quand ils verront se reproduire un second Linoïn ?

“La vie a comme un feu, flamme, fumée et cendre. ”

thème musical

Le feu, élément le plus chaud sur terre, destructeur mais promesse de renaissance. Les élémentaristes elfes essayèrent tant bien que mal de contrer les attaques drows, feu, eau, terre, tout était bon à prendre. Les druides quant à eux étaient cloués au sol, tous empreint à une douleur sans précédent. Chaque cellule de leurs corps semblait brûler eux-aussi. Les cris de la symphonie, entendre leurs Frères et leurs Sœurs souffrir autant devenait à chaque seconde de plus en plus mortelle.

Certains arrivaient à se déplacer, surtout les plus jeunes, moins attaché, moins connecté à la vie qui les entouraient, ce n’était pas le cas d’Yriaë.

Ses mains vinrent agripper la terre, murmurant formule sur formule mais rien ne se produisit. Elle était mage de la vie, et la vie se mourait, comment pouvait-on encore la contrôler dans ce cas-là ?

Poussant un cri, mêlant la souffrance à la rage, l’envie à la peur, le désespoir à l’espoir, elle leva la tête, transpirante. Le feu se rapprochait, le feu l’entourait, paralysée, elle ne put bouger.

Au loin, son nom fut scandé plusieurs fois. Sirrir la cherchait, lui qui la chérissait. Avait-il à peine le temps de l’apercevoir qu’elle fut engouffrée par les flammes. Yriaë quant à elle, lui adressa un dernier regard, empreint aux larmes. Il se mit à courir, de toutes ses forces, lui qui souffrait autant que ses Frères et Sœurs, mais le cœur et l’amour étaient plus forts. Son visage se crispa devant ce mur de flammes qui le séparait de sa bien-aimée.

YRIAEEEE !!!!

Aucune réponse.

La forêt flambait.

L'Anaëh hurlait.

Pris dans un océan de haine et de terreur, chacune de Nos consciences se tordaient. Cent milliers de voix criaient leur douleur. La terre fouillait Nos entrailles, animée d'une volonté qui n'était pas la Notre. Elle se levait, créant murs et tranchées comme on fait un garrot, tuant, massacrant, écrasant pour ne pas risquer de voir l'infection se propager. L'eau Nous étouffait. Jadis source de vie tentant de nous sauver, Nous ne pouvions qu'espérer qu'elle ne Nous asphyxierait pas. L'air Nous tire. L'air Nous pousse. Nos racines y goûtent pour mieux se faire dévorer. Car le Feu avale tout. Nous souffrons. Nous crions. Nous appelons.

Nous ne pouvons que regarder et dire pour l'instant. Alors nous regardons Nos frères combattre une fois de plus leur propre sang. Nous avons honte de la douleur que Nous leur infligeons mais Nous avons trop mal. Nous avons pitié de ceux qui tombe à genoux. Nous désespérons de n'être que Mémoire et Langage, non Puissance et Actes. Nous souffrons la folie qui Nous brûle. Nous tue. Mais Nous parlons. Nous appelons. Nous invoquons.

N'ai crainte ami. N'ai crainte Mère. N'ai crainte frère. Car nous appelons.

L'aîné vainqueurs aux Grands-Bois brame avec Nous. Il brûle. Il a tue. Il apprend. Il ne peut rien pour Nous sauver. Mais comme Nous il parle. Comme Nous il appelle. Comme Nous il invoque.

La douleur se répand en Nous. La douleur se répand en Eux.

Et il vient.

Et ils viennent.

Les Premiers Nés.

Taillés dans la roche, Il secoue les racines sombres qui s'accroche à nous, nous protège de la haine, de la peur. Le sol se dérobe sous les pieds des Sombres Créatures encore trop proches de leur massacre. Souffle de vent, Elle apaise le cœur des êtres Sensible et retourne les flammes dévorantes contre leurs maîtres. Leur volonté étouffe les flammes de plus en plus rapidement, Son soutient les empêche de se disperser. Forme de terre, de roche, de bois, de feuille, de fourrure et de crocs, Il observe les efforts de ceux qui doivent de Souvenir. Il grave le spectacle dans leur mémoire et renforce leur magie en soufflant des vérités que Nos jeunes frères ne peuvent comprendre. Nous voyons sa forme indescriptible ondoyer entre Nous. Les yeux de Nos frères, sombres créatures oublieuse de leurs origines ou mémoire des temps anciens, se souviendraient peut-être avoir vu créatures et dragons au cœur de la fournaise avant qu'elles ne suivent Nos frères à la charge dans les ombres dansantes telle une marrée de Cauchemars sauvages.

Plus Nos ennemis brûles, plus Nos frères combattent. Mais le feu se répand alors que ces Sombres enfants s'éloignent de Notre Chœur. Ils savent avoir perdu cette fois. Alors ils apposent leur marque sur Nous.

La douleur est lancinante. Elle s'éternise.

Enfin les cris de haine nous quittent. Ils sont partis. Ils sont sortis.

L'Anaëh est libre.

L'Anaëh a mal.

Peu à peu, Nos frères éteignent les flammes. Les Premiers enfants on avalés les Sombres créatures perdues dans la retraite que Nos crocs et Nos griffes n'ont pas dévorer. Ici ou ailleurs. Nous nous purgeons de ceux qui Nous tailladent, Nous tranchent, Nous brûle, Nous tue. Libérer cette Colère bien trop entendue. Ils sont morts en hurlant comme Nous hurlons de douleur.

Il est temps maintenant.

La chaleur du Soleil a disparut, refroidissant les cendre de Notre petite mort.

Il est temps de panser Nos plaies.

Les Premiers enfants se fondent en Nous, retournent à leur état d'origine. Quelques yeux restent ouverts, quelques oreilles attentives à Nos appels.

Ici, Nous chanterons longtemps Notre perte.

Là-bas, elle ne serait bientôt plus qu'un souvenir.

_____________________

L'Epervier marchait à pas pesant. Une odeur de fumée, de bois brûlé, de sang et d'entrailles couvrait les lieux. A chaque fois que son pied s'enfonçait dans la terre brûlé et les résidus végétaux, le cœur du vieil homme se serrait un peu plus. Il n'arrivait pas a relever la tête pour contempler ce massacre. Autour de lui, il savait qu'on cherchait déjà a différencier les corps… Pas facile une fois brûlés. Ou couvert de cendre.

Son pied heurta une caillasse planquée sous un amas de fougère noirâtre. Un nuage de poussière se leva alors qu'il basculait en avant. Une main le saisit au vol, lui évitant de s'écrouler par terre. Un hocha la tête en signe de remerciement et s’apprêtait à repartir quand il distingua la tête d'aigle sur son épaulière.

"Vous faites parti du corps des Aigle ?"
"Lieutenant. Epervier ?"

Il hocha lentement la tête. L'Aigle lança son outre à demie vide à son compère, attendant qu'il se soit rincer le gosier avant de repartir d'un pas traînant côte à côte.. demander des nouvelles.

"Alors, où en est-on ?"
"Pas un drow vivant dans les environs. Ils se sont soient repliés, soient ils sont morts, et pour certains c'est pas beau à voir. Ils se sont repliés au-delà des frontière. ça nous concerne plus."
"Tant mieux."
"Un monceau de mort des deux côtés cette tuerie. Sans parler des Noss. Ils se sont vraiment démenés ces sauvageons."
"Ne parle pas d'eux comme ça."

Les esprits blessés s'échauffaient vite. L'Aigle était parti au quart de tour. Aussi son compagnon leva une main en signe d'apaisement.

"Ça va ça va. Je regrette. J'ai pas la force de me battre pour l'instant en plus. Par contre j'ai une nouvelle qui ne va pas vous plaire. Le Commandant Kelendil est porté disparut."
"… Vous êtes sûr ?"
"Je viens juste de croiser le Capitaine des Auxiliaires, c'est le dernier Capitaine qui n'avait pas répondu à la question. Alors maintenant c'est officiel. On a reçu plusieurs messages. D'Alëandir, d'Eraison, et tien, on en a même reçu un de Mera juste avant la bataille. Comme les pertes du Front ne suffisaient pas, le Protecteur Kalendrilh Fandoreth, de Mera, est en 'incapacité de prendre des décisions'. Il paraît que le Mal de l’éternité l'a rattrapé."
"Foutu époque..."
"Comme vous dites."

L'Epervier rendit sa réserve d'eau à qui de droit et lui tapota l'épaule avant de bifurquer vers sa prochaine destination… Mais se ravisa une dernière fois.

"Une dernière chose… En collant au train des drows quand ils ont sonné la retraite, j'ai cru voir une espèce de… d'arbre dragon. Ou simplement les arbres… bouger ? "

L'Aigle sembla hésiter un long moment avant de se détourner en jetant par dessus son épaule:

"Vous n'êtes pas fou."

HRP

Merci a tous ceux qui ont participé à cet évènement et écrit une page de plus dans la saga d'Anaëh. Pour ne pas prendre trop de retard sur la timeline du forum, nous vous conseillons de au minimum début Karfias. Si vous vous déplacez, faite durer le voyage un peu plus longtemps que prévu, les autres joueurs ne vous en tiendront pas rigueur.

Vous pouvez cependant répondre sur ce sujet pour conclure la bataille de votre côté si vous le souhaitez.

Si certains personnages souhaitent gravir des échelons hiérarchiques dans l'armée suite à cette bataille, ou si vous avez des questions, n'hésitez pas a envoyer un MP à Entité.

Bon jeu à tous!

_________________

Ombre fugace
Maître de ton destin

-Crédits de l'avatar: ETERNAL RETURN - Art of pierre / Alain D.
Site de l'artiste: http://www.3mmi.org/v9/

Fenris se tenait debout au milieu des cendres. Après la fuite des drows et le début de l'incendie, il avait été parmi les premiers (si ce n'était le premier) à quitter la ligne de front. Il était parti en catastrophe sur le dos de sa jument. Pourquoi ? Pour fuir. Mais il ne fuyait pas les combats. Il fuyait pour se préserver. Avec la sécheresse de l'été, toute la forêt alentour allait bientôt se mettre à flamber et il faudrait des jours pour éteindre les flammes. Fenris serait bientôt suivi par d'autres de ses camarades qui devraient fuir pour les mêmes raisons que lui... Ne pas devenir fou. Parce que si Anaëh brûlait, Anaëh criait. La Symphonie avait déjà commencée à se déformer en une cacophonie de hurlement et de pleurs. Le jeune cavalier était parmi ceux qui en serait le plus affecté car il ne faisait pas qu'entendre les arbres... Il ressentait la même chose qu'eux. Alors, en voyant l'incendie prendre forme, l'un des Lieutenants de Delyndil l'avait pris par le bras et l'avait contraint à se mettre en selle afin qu'il s'éloigne aussi vite que possible.

A présent, plus de cris. Seulement de la tristesse... Et le coeur du Cadet Nöldorion saignait devant ce spectacle. Comme tout le monde, il souffrait. Il ne pleurerait pas mais poserait une main sur l'épaule de celui qui le ferait. Car il n'y avait pas de honte à pleurer pour ça... Anaëh n'était pas seulement une forêt. Elle n'était pas simplement un habitat. C'était un être vivant. Une partie d'eux-mêmes. Et un grand morceau était parti en cendres...
Qui n'aurait pas mal ?...

Fenris ne portait pas son uniforme habituel. Il afait certes sa cuirasse mais il ne portait aucune marque de son appartenance à la cavalerie. Une fois que tout fut fini, les drows partis, l'incendie éteint, les blessés en cours de rémission, l'Aigle qu'il avait croisé avant la bataille était revenu le voir. Il lui avait tendu un parchemin portant le sceau de son corps d'armée.

-Tu as sans doute déjà compris pourquoi je t'ai abordé l'autre jour alors je ne vais pas y aller par quatre chemins. Si tu le souhaites, voici ton ordre d'affection. Ton mentor sera averti avant ton arrivée mais si tu as besoin... Prends le temps qu'il te faudra.

Pas de cérémonial. Personne n'était d'humeur. Pas même Fenris, pourtant honoré de la proposition qu'il avait l'intention d'accepter. Mais comment se réjouir après le combat qui avait vu tomber tant d'elfes, d'Eälas et d'arbres ?... Tant de frères et soeurs...

Le geste lourd, l'ex-cavalier posa une main sur l'encolure de sa jument pour lui signaler qu'il était temps de partir. Pourtant, il ne monta pas sur son dos. Pour l'heure, il souhaitant marcher un peu tout en laissant son esprit vagabonder et réfléchir. Il savait quelle direction prendre mais il avait bien envie de faire une étape en chemin... Il ignorait ce qu'il trouverait une fois sur place mais il préférait avoir de réponses plutôt que de demeurer dans le doute.

HRP:

» [Attaque Drow] Bataille pour Ellyrion
» Complot pour la crise cardiaque d'un vieillard (ou la vie de Drow par une Elfe)
» La bataille au front sud.
» Front elfico-drow [Guerre]
» Une drow et une elfe, deux esclaves [Siss]

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