tentative de recrutement qui tourne en eau de boudin ( rp annexe:Pv Walth

Trop las de devoir attendre en regardant un tel spectacle, Walther adressa de brèves salutations à son compagnon et laissa derrière lui la terrible scène qui se jouait au loin sur les remparts. A ce rythme, Amblère finirait par se consumer dans son intégralité. A condition bien sûr que les réserves des projectiles incendiaires ne s'épuisent pas en quelques heures seulement. Tournant le dos à la grande cité, le chevalier au calice maintenant bien apparent sur le poitrine, fit marche vers la multitude de tentes qui recouvraient à perte de vue les horizons. Une odeur émanant du campement eut presque réussi à le mettre en appétit, mais il se contenta de la simple pomme que lui avait laissé sir Meinhard.

Après une rapide analyse des emplacements que chaque seigneurs serramirois eurent choisi, il se prit à identifier les bannières. Après plusieurs mois à les côtoyer, ces dernières avaient fini par s'encrer dans sa mémoire, pourtant, certaines résistaient encore et toujours. C'était le cas de ces bannières brandies par les compagnies de mercenaires, qui pullulaient ici et là. Par chance, leur nouveau statut les épargnait dorénavant de devoir partager le terrain avec ces reîtres et bandits en tout genre. Mais pourtant, même si loin de ces gens, on finissait toujours par les entendre gueuler, s'injurier et chanter tout leur saoul.

C'était sur ce dernier point que sa curiosité lui joua des tours. En entendant une vieille cantine paillarde, ses pas le menèrent sans véritable motivations de leur côté. Mais chose incroyable, le son de leur voix nasillarde diminua au moment où le camp alonnais se mit à faire résonner une musique bien plus sophistiquée. Les rustauds n'en démordirent pourtant pas et se mirent au jeu de celui qui gueulerait le plus fort. Walther fut à la fois navré et amusé de voir qu'un tel jeu pouvait encore avoir lieu en un moment si peu propice à la fête.

Une fois découvert le repère des ménestrels aux voix enjouées, Walther resta debout, les poings fixés dans les hanches, se demandant encore ce qu'il pouvait venir faire ici. Peut-être pour la recherche d'un quelconque réconfort musical où peut-être bien aussi parce que la nostalgie de ces hommes lui manquait. Toujours est-il que son moment d'écoute musicale fut progressivement interrompu par la voix grave et gueularde d'un homme dans une tente à deux pas de sa position. Voyant qu'aucuns des reîtres ne semblaient s'en préoccuper, Walther n'hésita pas un instant à entrer lorsqu'il entendit des menaces bien peu réjouissantes. En entrant, le jeune sir découvrit ainsi un homme à la gueule balafrée sur le point de violer un autre...homme ? Non, ce n'était pas un homme, un jeune homme tout au plus...quoique...non, avec cette allure fine, ce visage aux traits fins... Tout lui rappelait sa sœur dans leurs jeunes années, lorsque celle-ci désirait se faire passer pour un garçon. De toute évidence, le subterfuge était très mauvais et l'homme qui s'apprêtait à commettre l'irréparable s'en était bien rendu compte.

Ni une, ni deux, Walther dégaina et pointa sa lame en direction du pauvre hère qui relâcha sa prise aussitôt.

-Quelle sanction encourt un homme pour un viol dans les armées de son altesse le seigneur de Brochant ? Demanda Walther, sur un ton presque glacial. La tête sur une pique pour alimenter les corbeaux, voilà ce qu'il en coûte.

Sans avoir besoin de dire un mot de plus, l'homme céda et ce qui semblait être une jeune femme se détacha de son emprise en faisant quelques pas dans sa direction. Walther remit son épée au fourreau et invita la personne à le suivre en dehors de la tente. Une fois fait, il lui prit le bras sans forcer et la tira - après quelques pas - dans un endroit à l'abri des regards et des oreilles indiscrètes.

-A quoi pensiez-vous en venant ici, franchement ? Il n'y a pas de pire endroit pour une femme qu'en ce lieu-même dans la péninsule ! Soit c'est de l'inconscience, soit de l'ignorance ! Expliquez-vous ? D'où venez-vous et qui vous envoie ici courir un tel risque, par tous les dieux ?

Son ton était toujours aussi cinglant, mais cela valait probablement mieux pour la jeune femme que d'être encore sous la tente.

-Ne jouez pas avec moi, je vous préviens, prévint-il. J'ai tout de suite vu votre subterfuge et je ne serai probablement pas le seul, alors vous avez intérêt à bien parler.

Furieux, il pouvait l'être, même s'il venait d'empêcher un viol. Mais la présence d'une femme en ces lieux relevait tellement de l'inconscience qu'il fallait bien avoir la meilleure raison du monde pour venir. Ce qu'il doutait fortement, malgré les quelques armes et pièces d'armures éparses de la jeune femme. De toute évidence, elle lui rappelait bel et bien sa sœur.

Sa colère s'estompa peu à peu en écoutant les premiers mots de la jeune femme. Elle lui parut à la fois sûre d'elle, courageuse, à l'intrépidité digne des guerriers les plus téméraires. Pourtant, en la regardant, Walther découvrit une fragilité dans son regard qui le marqua pendant un bref instant. Si tout était vrai, alors cette aventurière venait bel et bien de Lourmel – encore une ! - et connaissait déjà le métier des armes. Au moins ça, se rassura le capitaine de l'ordre. Sa volonté de rejoindre le combat pour participer à la reprise de sa ville natale eut finit de le convaincre et il comprit petit à petit les véritables intentions de la personne. Elle voulait défendre sa terre, n'était-ce pas après tout le but de tous ces hommes qui les entouraient. En pensant aux préceptes de Néera, il se demanda dès lors si ce rôle de défenseur ne pouvait incomber qu'exclusivement aux hommes. Les femmes, dans leur juste mesure, pouvaient être présentes aussi dans ces moments-là et il était vrai que les histoires de batailles ne manquaient pas de femmes ayant troqués la robe contre l'armure, jusqu'à se faire passer pour des hommes.

Après quelques secondes de réflexion, Walther laissa la jeune femme finir de parler. Au moment où cette dernière évoqua la possibilité de soigner les hommes où de faire toutes autres activités lui permettant de prendre part à la mêlée, il dut s'incliner devant sa force de conviction. Car il fallait le dire, elle n'en manquait pas.

-Je vois, reprit-il de manière plus posée. Ainsi vous étiez au service de la dame de Lourmel. Sachez que je sers dans l'ost de son cousin, le seigneur Braan d'Outremont. De cette façon, nous sommes comme qui dirait « liés ».

Il reprit la réflexion quelque temps, cherchant à savoir s'il pouvait trouver quoique ce soit pour cette jeune femme dans son ordre.

-Vous avez l'air de connaître le métier des armes, alors j'ai à vous proposer une place au sein de mon ordre pour la durée de cette campagne. Il hésita un certain temps, mais reprit aussitôt. Vous savez vous battre, bien, mais nous ne manquons pas de combattants aguerris et aucune bataille n'est encore à prévoir tant que les grands seigneurs ne se décideront pas à mener l'assaut.

Suivez-moi !

Sans attendre, il tourna les talons et prit la direction de son campement à quelques lieux de là.

-Ce n'est peut-être qu'une question de jours avant que les puysards ne sortent où que la coalition passe à l'action, mais si vous le désirez, vous pourrez vous occuper d’affûter les lames, de rafistoler les mailles et les armures. Ainsi, le jour venu, vous pourrez vous battre à mes côtés comme vous semblez tant le désirer.

Néera avait placé cette jeune femme sur son chemin. Ce n'était pas par pure coïncidence qu'il s'était retrouvé là et l'avait extirpé de l'emprise de ce violeur en devenir. Avant d'arriver au campement où l'on apercevait déjà des hommes en pleine prière, d'autres prenant leur mal en patience, Walther se retourna une dernière fois vers sa future nouvelle recrue avant d'ajouter :

-J'ai quelques conditions à vous soumettre avant que vous n'acceptiez ma proposition, où que vous la refusiez. Si vous venez, je compte sur votre discrétion, votre obéissance et votre respect. Ces hommes ont tous juré de servir la Damedieu, alors ne commettez aucun acte irrévérencieux. Si l'un d'eux venait à vous abuser, c'est à moi seul que vous devrez en parler et non régler la chose au fil de votre épée, est-ce clair ?

La jeune femme accepta de les rejoindre sans trop le faire lésiner. Elle acquiesça pour toutes ses recommandations, mais ne tarda pas à reprendre la parole. Pour ne pas déranger les prieurs, Walther l'emmena dans sa tente et la fit asseoir là où toutes les nouvelles recrues étaient passées en amont. Comme depuis le début de cette campagne, l'intérieur était sobre avec seulement un lit de paillasse sur le sol pour l'isoler de la boue, une petite table encombrée par des dizaines de parchemins et quelques tabourets tout autour, lui permettant à l'occasion d'échanger plusieurs godets avec sir Meinhard.

Cette jeune guerrière intrépide lui avait demandé de ne pas ébruiter les éléments qu'elle lui avait fourni. A savoir, que la jeune femme venait de Lourmel et revenait d'une mission dans les Wandres. Qu'en avait-il vraiment à faire ? Tous ses hommes avaient accomplis des tâches où missions relevant de basses œuvres. Pour certains, telle était la raison de leur entrée dans l'ordre de Néera. A cela donc, Walther hocha du chef et rassura à sa nouvelle « écuyère ».

-Sans aller jusqu'à jurer, je peux vous garantir mon silence quant à votre passé tout comme je l'ai fait pour tous les hommes qui ont rejoint l'ordre. Soyez en assuré.

Celle qui se faisait appeler Lyarra lui proposa de revêtir un prénom masculin et lorsqu'il l'entendit, il dut avouer que la jeune femme ne manquait pas d'originalité. « Loup » était sûrement l'un des prénoms les moins courus par chez eux. Au moins, il ne pourrait pas se tromper, ni l'oublier. Suite aux nouvelles questions de cette Lyarra, Walther comprit qu'il était tombé sur une véritable bavarde, curieuse de tout savoir et marqua une pause de quelques instants avant de lui répondre. Il en profita pour boire quelques gouttelettes de vinasse.

-L'ordre est né lors de la bataille de Nebelheim. Des hommes ayant perdus leurs seigneurs ce jour-là nous ont rejoint par la suite et nous pouvons en compter une trentaine à présent. C'est tout ce que vous avez besoin de savoir pour le moment, vous en apprendrez peut-être plus en écoutant les autres, car je ne suis pas d'humeur à m'étaler sur le sujet.

Pour ce qui était de camoufler sa voix, Walther ajouta :

-Faites comme bon vous semblera Loup. Tant que je ne vous vois pas rêvasser où rechigner à la tâche, vous pourrez jacasser lorsque le travail sera fait.