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| Le Calice écarlate [Aym - Walth] | |
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Meinhard d'Andorf
Humain
Nombre de messages : 41 Âge : 28 Date d'inscription : 04/10/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 29ans à sa mort Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Le Calice écarlate [Aym - Walth] Sam 12 Mar 2016 - 17:38 | |
| La bataille était finie, les prières avaient été entendues. Pourtant, si Amblère avait été libérée des Puysards, et si un sentiment de victoire et de soulagement animait les cœurs de certains, Meinhard avait la sensation que c’était le même scénario qui se répétait en boucle à chaque guerre. Après l’exultation venue avec l’arrêt des combats, la ville oësgardienne était tombée dans le cycle malsain des comportements extrêmes. Les Hommes en étaient retournés à leurs plus antiques instincts, et à leurs plus anciennes passions inavouables, déclenchant un torrent de folie, de feu, et d’exagération. En voyant Amblère brûler, sur sa colline, Meinhard avait le cœur lourd. Debout, son bandage ayant été changé sous son gambison, il lorgnait sur les flammes d’un œil acerbe, et nul sourire ne venait égayer ses traits renfrognés. La sauvagerie avait provoqué l’incendie, et parmi tous les bâtiments qu’il avait vu en proie aux flammes, l’Olysséan avait ressenti de la tristesse en voyant le temple de Néera y passer également.
Une main sur ses côtes cassées, il marcha doucement en direction de sa tente, où il saisit son tabard à présent lavé de tout le sang qui l’avait souillé. Il l’enfila avec l’aide de Miracle, son jeune protégé, et peina à lever les bras sans que cette action ne lui arrache un grondement de douleur. Inspirant doucement, il écarta les pans de la tente et se dirigea d’un pas leste vers celle de Walther. Ce dernier, debout lui aussi, semblait en grande discussion avec l’un des derniers membres de l’équipe de base, à savoir les prisonniers des geôles de Lourmel qu’il avait pu récupérer pour partir au combat. Une fois devant le chevalier arétan, Meinhard lui serra la main.
« Il est temps d’avoir cette entrevue avec le Marquis. Accompagne-moi. »
Walther acquiesça, congédiant le membre de l’Ordre avec lequel il conversait. Ensemble, les deux chevaliers marchèrent en direction du campement serramirois, où beaucoup d’hommes semblaient se livrer à la fête et à la ripaille, tandis qu’à côté flambait la cité, libérée mais condamnée aux cendres. Entre les saoulards et les amateurs de prostituées, les joueurs et les vétérans enorgueillis de nouvelles cicatrices, deux fidèles de Néera s’avançaient, leurs tabards blancs lavé et décorés du calice carmin, insigne choisi pour l’Ordre qu’ils tentaient d’établir. Jusqu’à Nebelheim, ce n’était encore qu’un embryon. Mais à Amblère, tout lui avait été révélé. Meinhard, après que cette poutre eut raison de quelques côtes, avait cru y passer, la fièvre s’emparant de lui. Et là, devant lui, il avait vu une silhouette féminine, encadrée de lumière, reflétant la beauté, la grâce, et la pureté. Elle lui avait souri, et lui avait désigné le temple dans lequel ils se trouvaient alors. Il avait été touché par la grâce divine.
La Damedieu les avait choisis.
Ragaillardi par sa détermination, la montagne olysséane se présenta près de la tente du Marquis, alors gardée par quelques chevaliers dont il devait être proche. Lui aussi devait ripailler à sa manière, se préservant pour ce fameux banquet dont on parlait déjà dans tous les osts. Aymeric de Brochant était au courant de leur venue, aussi, ses hommes laissèrent passer les deux capitaines de l’Ordre, qui pénétrèrent sans encombre dans la grande tente serramiroise. A l’autre bout, un homme aux cheveux sombres, bien habillé, les attendait de pied ferme. Ils reconnurent sans mal celui qui avait mené la coalition du Nord ; le Marquis de Serramire lui-même. Meinhard ne l’avait vu qu’une fois. Cependant, il savait que Walther avait déjà participé à une raison stratégique dans laquelle il avait figuré. En pénétrant la tente, le colosse fit une révérence, grinçant des dents en sentant à nouveau ses côtes le punir.
« Excellence, je suis le chevalier Meinhard. Et voici mon frère d’arme, Walther Hohenburg, que vous connaissez sans doute déjà. »
Il détestait parler, car sa blessure le lançait encore.
« Vous connaissez aussi sans doute la raison pour laquelle nous nous présentons à vous, Excellence. »
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| | | Aymeric de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: Le Calice écarlate [Aym - Walth] Dim 13 Mar 2016 - 10:17 | |
| Amblère, aux mil flammes léchant les débris, A pour moi la doulce odeur d'un poulet frit,
Le marquis bifferait peu après cette triste tentative poétique, emprunt d'une frustration certaine. Était-ce possible que la guerre, et son cortège de mauvaiseté, l'eut dépossédé de cette verve qui l'avait habité durant toute sa jeunesse ? Se souvenant des plus belles odes qu'il avait couché sur le vélin et de ces pamphlets si drolatiques adressés à la personne d'Anselme, le marquis eut un sursaut nostalgique.
Écartant par dégoût la poularde qui lui avait inspiré une si mauvaise rime, Aymeric fut alors interrompu dans ses songes artistiques, par l'irruption de deux hommes d'armes sous sa tente. Atypiques, les deux drôles revêtaient tout deux un tabard blanc comme neige, orné d'un seul calice, et sur le visage du deuxième - un enfant en comparaison de son compagnon - le marquis reconnut les traits de l'expert en siège qui avait élevé la voix quelques jours plus tôt.
À n'en pas douter, ces gens étaient donc de ceux qui vouaient un culte forcené à la Damedieu, et dont les armes avaient emporté le rempart, lors de l'assaut sur Amblère. Depuis leur arrivée dans les armée du marquis, la rumeur à leur sujet avait enflé. Des simples bruits sur la force sourde de leur héraut, le Foudreguerre - vraisemblablement l'homme auquel Aymeric faisait face - jusqu'à d'étranges murmures au sujet de leurs coutumes, on jasait copieusement à propos de cette fraternité néréïte. Ainsi, d'aucuns alléguaient qu'ils ne s'adonnaient en aucune occasion à la beuverie, ni à la fornication ; d'autres leur prêtaient quelque habitude à la teneur moins haute en ascétisme, et plus forte en pédérastie. Qu'importe : leur bravoure seule méritait que le marquis s'intéresse à eux, d'autant plus qu'il ignorait presque tout de cette étrange fraternité.
"En vérité, ser Meinhard, j'ignore la raison de votre venue, tout autant que j'ignore le nom même de votre coterie. Il court nombre de bruit à votre sujet, et j'aurais aimé entendre de votre bouche même la réponse à mes interrogations. Que signifie ce blason, au juste ? Vous êtes vous fait moine, en sus de la chevalerie ?"
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| | | Meinhard d'Andorf
Humain
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| Sujet: Re: Le Calice écarlate [Aym - Walth] Sam 19 Mar 2016 - 20:39 | |
| Apparemment, le noble Marquis de Serramire n’était pas du tout au fait de leur petite fraternité née durant le siège de Nebelheim. Il était vrai qu’au sein des osts nordiens, un nombre incalculable de rumeurs étaient colportées, qui n’étaient ni démenties, ni avérées par les frères jurés dont il était question. Et ce, tout simplement parce qu’ils ne voyaient pas l’utilité de se mêler de ces ragots, qui n’auraient pas cessé d’exister pour autant, et ce même s’ils étaient partis en croisade pour s’insurger des propos parfois vicieux qu’ils véhiculaient. Pour l’heure, face à Meinhard, se trouvait un Marquis qui n’avait aucune idée reçue, du moins, l’espérait-il. Il regarda un instant Walther, qui lui fit un signe de tête. Le colosse décida donc de continuer.
« Moine… Vous n’êtes pas loin du bon terme, en vérité, Excellence. Notre fraternité, assez singulière, s’est donnée pour nom l’Ordre du Calice. Il suffit de mirer les tabards que nous nous sommes confectionnés pour nous reconnaître… C’est l’un des symboles de la Damedieu, celle que nous prions avec ferveur. »
Meinhard s’humecta les lèvres.
« Notre Ordre est né dans l’horreur de Nebelheim, lorsque la vénérée Néera nous a donné la force de vaincre. Nos prières ont été entendues, et nos liens se sont renforcés à chaque épreuve que l’on nous a lancée. J’étais chevalier, monseigneur, et le sir Hohenburg également. A présent, nous sommes bien plus encore ; chevaliers et frères jurés. Tous nos frères ne sont pas chevaliers. Néanmoins, nous les avons élevés en tant que tel, car ils l’avaient mérité, sous le regard bienveillant de la Damedieu. »
Le géant s’appuya sur un meuble, afin de faire passer la gêne qu’il ressentait au niveau des côtes.
« Voilà ce que nous sommes, messire Marquis. Et nous souhaitons plus que tout que notre confrérie serve les desseins de la Déesse de la Vie. Aussi, mon frère Walther et moi-même avons décidé que nous allions dévouer nos premières actions à la remise en état, et au soutien de la triste baronnie dans laquelle nous nous trouvons actuellement. Oësgard. »
Meinhard avait tout d’abord haï cette contrée, qu’il trouvait plus inhospitalière encore que devait l’être Elda. Et pourtant, avec le temps, il l’avait prise en pitié, et s’était juré que cet endroit, abandonné des dieux, allait pouvoir retrouver la grâce divine, si le combat était mené par des hommes de Foi.
« J’ai bon espoir que notre Ordre perdure en ces lieux, votre Excellence. Mais bien évidemment, nous n’y arriverons pas tous seuls. »
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| | | Aymeric de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: Le Calice écarlate [Aym - Walth] Mer 23 Mar 2016 - 18:39 | |
| Jaugeant le colosse devant lui, Aymeric ne put s'empêcher d'aller à la nostalgie. Il se figura comment, nombre d'années auparavant, Monsieur d'Actellys, le semi-elfe, pérorait à la court de son cousin le duc, au temps où ce dernier soutenait avec générosité l'obscure guilde qu'avait été l'armée des divins. Il aurait été inconvenant d'oublier ce pan de l'histoire péninsulaire. La forteresse d'Osto-tel, du reste, témoignait de ses ruines longtemps encore après ces évènements de leur incidence sur le sort du royaume.
À vrai dire, cette coterie de guerriers n'avait-elle pas été à l'origine d'une des dernières, et plus importantes, guerre-civile qu'avait connu le royaume ? La ligue baronniale menée par Baudoin Heinster, et ses séides du médian, si elle s'était constituée dans l'adversité contre Trystan l'aveugle, avait longuement couvé dans la rivalité qui l'avait opposé à l'armée des divins. Et Monsieur d'Actellys, l'obscur cousin séraphin, avait su si habillement coaliser les rancœurs baronniales, que l'on pouvait peut-être lui en imputer les campagnes.
Voila ce à quoi pensait le marquis, au moment où Meinhard lui expliquait qui, que, quoi, comment, et où s'était formée cette singulière coterie. Tout concordait : révélation, frères jurés, saint devoir, sans évidemment manquer l'ineffable adoubement de la gueusaille éprise de bondieuserie. La vérité était telle : une horde de zélotes formait cette guilde, qui ne dépareillait guère, du reste, de sa cousine pentienne, sinon par l'obédience unique. La chose, d'ailleurs, ne manqua pas d'arracher à notre héros, en réponse aux derniers mots du Foudreguerre, une benoite question : "Certes non... Pourquoi ne vous tournez vous pas vers le père des batailles ?"
C'est qu'en vérité, le marquis, s'il ne s'était jamais fort préoccupé des dieux, n'en avait jamais pour autant préféré l'un à l'autre, et voyait d'un drôle d’œil cette curieuse dévotion envers une déesse bienveillante professée par de solides porteglaives.
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| | | Meinhard d'Andorf
Humain
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| Sujet: Re: Le Calice écarlate [Aym - Walth] Dim 27 Mar 2016 - 14:29 | |
| Meinhard s’était attendu à cette question. Trop souvent, les gens confondaient leurs visées religieuses avec un quelconque dogme guerrier, ou une quelconque affiliation à Othar. Aussi, l’immense chevalier pencha la tête en avant, comme une sorte d’acquiescement, et continua.
« Sauf votre respect, Excellence, notre fraternité ne s’identifie pas comme un vulgaire ordre de mercenaires priant le dieu de la guerre. Othar a ses suivants, qui vénèrent la bataille, l’affrontement, et la violence. Néera, elle, est déesse de bonté, de vie, et celle qui nous insuffla le libre-arbitre. A la différence des guerriers vénérant Othar, nous ne nous battons que pour que triomphent les valeurs de la Damedieu. Nous ne vivons que pour voir les hommes prospérer. Si nous sommes des guerriers, nous ne cherchons pas l’affrontement. »
Il désigna le pommeau de son épée en tapotant dessus avec sa main.
« Je ne la sors que pour châtier les ennemis de Néera. Les félons, les brigands, les mort-vivants comme à Nebelheim et Amblère… Nous ne cherchons pas à tuer, car la déesse nous enseigne la valeur du Choix. Néanmoins, si nous y sommes contraints, nous sommes préparés. Voyez-vous les différences avec le Père des Batailles ? »
Il fit un pas en direction du Marquis.
« L’Ordre du Calice s’est donné pour mission d’assurer un retour en grâce des terres d’Oësgard aux yeux de la Damedieu. Cela passe évidemment par un nettoyage des derniers reliquats noirelfiques, et pas une purification des derniers mort-vivants encore cachés dans les endroits sombres, telle que l’obscure forêt d’Überwald. Nous souhaitons également aider la population à reconstruire la région dans la paix, et le calme. »
Walther prit place à côté de son ami, et dit alors au sir Aymeric :
« L’Ordre souhaiterait s’installer sur le territoire d’Oësgard. Mais pour ça, nous avons besoin de votre accord, monseigneur. Nous ne savons pas à qui la baronnie échoira, car cela dépend de vous. »
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| | | Aymeric de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: Le Calice écarlate [Aym - Walth] Mar 29 Mar 2016 - 16:55 | |
| L'énigmatique chevalier Meinhard, dont le surnom de Foudreguerre aurait plus laissé penser à un condottiere qu'à un moineau, se défendait pourtant d'être épris de bataille. À ses yeux, le glaive que lui et les siens brandissaient n'était qu'une extension vertueuse au bras de la justice, et en ce sens, bien différent de celui des porte-épées otharites. Pourtant, si l'on pouvait reprocher aux moines-guerriers quelques penchants bellicistes, il leur fallait tout autant reconnaître leur ascétisme monacal. Voyait-on des aumôniers semer le tumulte dans les campagnes ? Nenni. Ils se tenaient cloitrés dans leurs prieurés entre chaque guerre, n'en sortant que pour porter la parole de leur dieu - et son marteau - aux périodes de conflagration. Tout le contraire, en somme, de ce qu'entendaient faire cette nouvelle espèce que le marquis avait devant lui : une bande de chevaliers prétendant porter l'épée incessamment, avec pour seul gage qu'ils suivraient d'obscurs préceptes.
"Mes bons amis, je ne doute pas de vos intentions, mais avant d'être dévoués à la Damedieu, vous êtes des chevaliers, issus de bonnes maisons. Vous comprendrez aisément que tout seigneur, surtout en Oesgardie, ne désire pas voir ses pénates piétinées par les chevaux d'hommes en armes, fussent-ils au service d'une déesse. Encore moins de monde ne voudrait entendre que l'on adoube la roture à tour de bras, sur seul gage de son zèle."
Ainsi, qu'ils le veuillent ou non, ces messieurs au calice devraient se rendre à l'évidence : leur entreprise, quelles que soient les bonnes intentions qui la chapeautaient, s'apprêtait à semer une pagaille sans nom dans les contrées oesgardiennes. Au temps du baron Baudoin, une guerre avait éclaté pour le seul droit de passage de la tristement célèbre armée des Divins. Que dirait la noblesse, si les membres de cette nouvelle coterie s'installaient tout de bon ?
"Qui plus est, je ne suis pas le baron d'Oesgard, et il ne m'appartient pas de décider à qui seront remis les fiefs de ce pays. C'était là un mensonge éhonté, le marquis ayant l'intention d'ingérer les affaires oesgardiennes lourdement, pourquoi ne pas vous installer quelque part où votre voisinage ne dérangerait pas les affaires des puissants ? La frontière septentrionale et le Landnostre ne demandent qu'à être purgés de leurs occupants païens."
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