Lorsque de forts caractères doivent coopérer {Arne}

Quatrième ennéade de Verimios, an 8 du XI° Cycle,
Dans les rues de Naelis

Cette ennéade était différente de toutes les autres : une bonne partie des rues étaient décorées, des étales inhabituels étaient ouverts le soir, tout le monde pouvait librement danser sur les places... Tous les soldats qui avaient fait partie de la troupe du Centaure se souvenaient encore pourquoi puisqu'ils avaient eux-mêmes participé à la prise de cette cité qui était désormais leur foyer. Et en cette soirée, après les jeux du Colisée, ces soldats n'auraient plus à attendre leur reine. En participant moi-même aux jeux d'archerie j'avais officiellement fait mon retour auprès du peuple en tant que régente qui reprenait en main Naelis. Ce soir, la vie recommencerait. Ce soir, je laisserai enfin mes problèmes de côté pour revenir auprès de ceux qui avaient été mes frères d'arme pendant plusieurs années. Il fallait bien cela, à tous. Reprendre confiance en nous même si Glenn n'était même pas en état d'ouvrir les yeux.

Non loin, des musiciens entonnaient un nouvel air. Un air joyeux et rythmé, mais pas trop ; un air sur lequel j'avais bien envie de danser. Je souris un instant, écoutant toujours l'air... cela me fit penser aux quelques fois où j'avais réussi à faire danser Glenn, qui avait réussi plus ou moins bien l'exploit de bien arriver à danser. Que j'avais hâte qu'il puisse revenir, prendre ses enfants dans ses bras, aimer et monter à nouveau sur le trône ! Cette période ne serait plus qu'un cauchemar terminé. Mais bon... l'espérance avait beau y être, je ne devais pas oublier que l'était critique dans lequel il était plongé laissait surtout à prévoir la mort. Et je devais même me préparer à cette éventualité. Enfin ! C'était à autre chose qu'il me fallait penser, ce que la vue de Trimack me rappela sans soucis. Différents hauts-gradés de l'armée étaient présents, y compris des personnes qui n'étaient pas des Centaures ou bien qui n'étaient pas de la ville elle-même. Ce soir, nous nous mélangions un minimum. Chose appréciable puisque cela me permettrait de mieux connaître des personnes dont je n'avais pu entendre que le nom. Par exemple, je ne me souvenais pas avoir réellement rencontré les personnes de la Dross qui avaient permis à mon mari de prendre cette ville sous son aile.

Ce soir-là, nul besoin d'être chaudement habillé. Pourtant, je m'étais comme à mon habitude vêtue d'un chemisier à manches longues. Afin de cacher mes bras. Je m'étais d'ailleurs bien habillée pour cette soirée, même si relativement simplement. Un oeil attentif pouvait me reconnaître mais il n'y avait pas d'ornementations particulières extrêmement visibles. Forcément accompagnée de chevaliers, je saluais toutes les personnes présentes, n'hésitant pas à échanger un mot avec elles. La soirée commença de la sorte. Je ne fus pas très étonnée de me confronter au bout d'un certain moment à un caractère fort.

Des accolades, des saluts, des paroles adressées à une reine ou à une soeur d'arme, les retrouvailles pour certains n'étaient pas tant assurées que cela. Avec certains, j'étais restée en contact et j'avais malgré ce qu'il s'était passé gardé un fort lien d'amitié. Pour d'autres, on était tombés dans la perte de vue voire l'indifférence. Enfin, certains n'avaient pas compris que Glenn puisse autant s'attacher à moi. En somme, ce n'était pas une situation simple, loin de là. C'était l'une des principales raisons pour lesquelles je me mêlais aux centaures ce soir-là. Il y avait besoin de poser les choses à plat et de faire comprendre qu'il fallait me voir pour celle que j'étais désormais, c'est-à-dire leur reine. Et en plus c'était désormais moi qui était responsable d'eux, plus Glenn - tant qu'il ne se serait pas rétabli.

Au bout d'un moment, je me retrouvais face à un homme de grande stature, fortement musclé, aux cheveux mi-longs et à la barbe noirs. Il ne sembla pas être à l'aise face à moi, comme s'il n'était pas tout à fait décidé... mais décidé à quoi ? J'essayais de me rappeler où j'avais pu voir ce visage aux deux cicatrices perpendiculaires, à quel nom il était associé. Mais pour le coup ma mémoire faillit. Une chose était sûre au moins, je ne l'avais pas réellement rencontré jusque là. Pourtant il faisait partie des hauts-gradés de l'armée, donc il y avait de fortes chances pour qu'il n'ait pas ses fonctions dans la cité-même. Intriguée, je me permis de lui poser cette maudite question qui pendait sur le bout de ma langue, et ce tout en le regardant d'un oeil perçant.

"Veuillez m'excuser, mais il me semble que nous n'ayons pas été réellement présentés jusque là. Puis-je connaître votre nom ?"