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| L'heure du serment [Arnoul] | |
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Walther Hohenburg
Humain
Nombre de messages : 139 Âge : 110 Date d'inscription : 09/01/2015
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| Sujet: L'heure du serment [Arnoul] Dim 21 Fév 2016 - 19:47 | |
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Hilda Hohenburg |
Le castel de Sternburg et sa bourgade se dressèrent devant eux. Jonchés sur leur dernier cheval de trait valide, Hilda et le petit Onfroi avançaient sur le petit chemin sinueux qui menait jusqu'aux premières habitations. La châtellenie de Sternburg abritait leur seigneur suzerain, où du moins, celui que son père avait juré de servir jusqu'à sa mort. Son défunt père étant mort durant la campagne de sgardie, le domaine d'Ernal n'était plus sous serment et tôt ou tard, le vieil Arnoul de Stern aurait probablement jugé bon de leur faire rappeler à coup d'avertissements.
Son neveu Onfroi, qui tenait les rênes devant elle, n'était âgé que d'une dizaine d'années. Il était le premier fils de son frère Wilelhem et était devenu à la mort de ce dernier le seigneur d'Ernal. Ainsi donc, ce petit homme à l'allure crasseuse et aux guenilles trouées s'agenouillerait devant son suzerain et embrasserait la bague du vieil homme pour renouveler le serment de son grand père. Le moment n'était pourtant pas le plus propice pour une telle affaire et Hilda accusait déjà le coup. Seule à devoir entretenir la ferme avec les dernières femmes du village. La responsabilité de gérer les champs et la bonne tenue du domaine lui incombait depuis le départ de son plus jeune frère Walther, partie pour guerroyer de nouveau afin de leur assurer un revenu.
Mais les faibles recettes provenant du front n'avait pas suffit et la ferme avait sombré au fil des ennéades dans un état plus que lamentable. Son oncle n'était resté que pour saisir les dernières richesses ayant autrefois appartenu à son père et sa mère avait plongé dans un profond mutisme mêlant la dépression à la démence.
Elle qui était enceinte, elle appréhendait déjà le jour où elle mettrait au monde son enfant et regrettait déjà la vie qu'il aurait. La guerre avait saigné sa famille et pour cette raison, elle maudissait ces grands seigneurs faisant passer leurs intérêts personnels avant la gestion de leurs sujets.
Affublée de sa dernière robe encore en état, Hilda n'en gardait pas moins les traces poussiéreuses et boueuses dignes d'une paysanne. De toute évidence, rien dans leur apparence n'aurait pu présager qu'ils aient pu faire partie de la noblesse. Ce pourquoi, les gardes stationnés au guet leur fit signe de s'arrêter, de laisser leur cheval dans une écurie à l'extérieur et de poursuivre à pied. N'ayant pu trouver le courage et la force nécessaire pour prouver leur identité, elle se résigna à obtempérer et les deux Hohenburg finirent ainsi leur périple jusqu'au donjon, les pieds dans la boue.
Le petit Onfroi n'avait rien dit jusque-là, trop préoccupé par sa future entrevue. Hilda lui tenu la main pendant toute la traversée de la grande cour, ressassant sans cesse les formules de politesse que lui avait appris sa mère durant son enfance. Maladroitement, elle vint faire une courte révérence devant l'homme en arme qui gardait l'entrée et finit par se présenter timidement.
-Je suis Hilda Hohenburg et voici mon neveu Onfroi Hohenburg, seigneur d'Ernal, venu pour prêter serment devant sire Arnoul de Stern.
Sous les yeux amusés de quelque badauds qui attendaient non loin d'eux, le garde finit par les laisser entrer dans la demeure du vieux seigneur. Une fois à l'abri, ils purent tous deux profiter d'une douce chaleur qui vint les réconforter un bref instant avant de débuter l'interminable procession dans les couloirs du castel. A ce moment précis, elle ne put que maudire son frère de ne pas être à sa place pour mener leur neveu. Elle, au fond, n'était qu'une paysanne au sang assez bleu pour se prévaloir d'un titre, mais aucunement une dame de château... « Sois maudit Walther ! » |
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| | | Arnoul de Stern
Humain
Nombre de messages : 105 Âge : 28 Date d'inscription : 19/02/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 84 ans Taille : Niveau Magique :
| Sujet: Re: L'heure du serment [Arnoul] Jeu 25 Fév 2016 - 20:35 | |
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« Monseigneur, Onfroi Hohenburg est en nos murs. »
Le vieillard ainsi apostrophé se réveilla de l’une de ses trop nombreuses siestes, alors qu’il était encore enfoncé dans son siège, ses gens tout autour de lui, ou vaquant à leurs occupations dans la Grande Salle. Il avait écouté les doléances, en ce jour. Un esclandre avait éclaté entre deux fermiers de Sanglon, une roturière avait plaidé la libération de son maraudeur de mari, et le chevalier Frank Losir avait encore une fois raconté ses problèmes avec le chevalier Albert du Ruy-Selan. Exaspéré par tout cela, il était bien normal qu’un sénile dans son genre puisse s’accorder un moment de repos, en oubliant même toute notion du temps. Temps qui lui fut douloureusement rappelé par la voix forte de Wilfred, son plus fidèle homme d’armes, qui claironnait l’entrée en scène du jeune Onfroi.
Un poil hébété, Arnoul mit quelques secondes avant de retrouver ses esprits. Dès lors, il fronça les sourcils, et agita une main, avant de prononcer avec une voix enrouée.
« He bien, faites-les entrer ! »
Les battants de la grande porte s’ouvrirent en grinçant des gonds, laissant pénétrer au sein de la Grande Salle un jeune garçon, et une jeune femme. Malgré sa vue basse, Arnoul n’eut aucune peine à reconnaître Hilda, la fille de son défunt vassal Einhard, Tyra veille sur lui. Le gamin à ses côtés, en revanche, il ne l’avait jamais vu. Onfroi était le premier-né de Wilhelm, lui-même aîné du vaillant Einhard. Néanmoins, Arnoul n’avait pas eu le plaisir d’être introduit auprès de la dernière génération de la famille Hohenburg, si ce n’est qu’il connaissait leurs noms et leurs liens de filiation. Avec la mort du patriarche, cependant, un lien avait justement été rompu. Le paternel avait emporté dans sa tombe le serment vassalique qu’il avait à son égard. Depuis la Guerre d’Oësgard, donc, le domaine d’Ernal n’était plus réellement sous l’aile des Stern… Du moins, officiellement. Il avait un peu oublié cet état de fait, et bien heureusement, la descendance d’Einhard avait proposé de prêter à nouveau serment avant que leur ancien suzerain ne daigne leur demander. Quelle délicate attention.
« Hilda, mon enfant… Tu as bien changée depuis la dernière fois que je t’ai vue. Tu n’étais pas plus haute que ton neveu qui se tient devant moi… »
Il s’arrêta un instant, se rendant compte tout à coup de l’état et de la condition vestimentaire de ses invités. Presque des guenilles. Tout dans ces vêtements reflétait la pauvreté, la crasse et l’usure. Arnoul soulignait de son regard critique les coutures qui lâchaient, les taches indélébiles, et la boue incrustée sur les oripeaux de Dame Hilda. Qu’était-il advenu des robes portées par les dames et les rosières ? Où était le beau vêtement des pages, ici remplacé par quelques vieilles loques sur Onfroi. Le vieux seigneur de Stern fronça les sourcils. Il tapota son accoudoir.
« Je ne me rappelais pas en revanche qu’Einhard ait été dans une misère si grande que sa fille fusse obligée de se vêtir de cette façon… »
Les gens autour d’eux commencèrent à murmurer entre eux. Arnoul ne voulait surtout pas tourner en ridicule ses invités, aussi frappa-t-il son accoudoir de son poing vieilli, et beugla en laissant s’échapper quelques postillons :
« Silence, serpents ! »
Une quinte de toux sèche remonta sa gorge, et vint l’étrangler un instant, alors qu’il expulsait des sons rauques en dehors de son larynx. Il se tapota un instant le torse, Wilfred se rapprochant de lui pour voir si tout allait bien. Arnoul lui fit signe de reculer, puis se racla la gorge, se retournant à nouveau vers Hilda et son neveu.
« Avant que tout hommage ne soit rendu, j’aimerais savoir comment il peut être possible que d’anciens vassaux, si bons et si honorables que le sont les Hohenburg, peuvent se retrouver à comparaître devant moi vêtus de la sorte. »
Aucun murmure, cette fois. Le vieux Stern avait été bien clair. En général, on évitait d’ennuyer le vieil aigri, car il était d’un naturel fort acariâtre avec ceux qui ne lui convenaient pas…
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| | | Walther Hohenburg
Humain
Nombre de messages : 139 Âge : 110 Date d'inscription : 09/01/2015
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| Sujet: Re: L'heure du serment [Arnoul] Ven 4 Mar 2016 - 21:27 | |
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Hilda Hohenburg |
Malgré son âge avancé, le vieux seigneur de Stern dégageait encore une forte aura et imposait le respect à ceux qui l'entouraient. Son père, Einhard, avait toujours eut grande estime pour cet homme qui avait la réputation d'être juste et fier. Pas comme les vipères qui faisaient parti de sa cour et qui les regardaient avec dédain de la tête au pied comme s'ils avaient été des mendiants. Voilà pourquoi elle n'avait jamais apprécié les grands châteaux et les ambiances hypocrites. Qu'y avait-il de plus sincère que des paysans travaillant leur terre des premières lueurs du jour jusqu'au couché du soleil ?
Toujours est-il qu'ils faisaient encore face au seigneur des lieux et que celui-ci ne tarda pas à les interroger sur leur piteux état.
-Seigneur, pardonnez notre apparence et l'état de nos habits, mais nous n'avons guère eu le temps de les raccomoder, ni l'argent pour nous en acheter de nouveaux. L'héritage de notre père a disparu en même temps que notre oncle, dilapidé dans les jeux et les dettes. Nous survivons à présent grâce à nos quelques ventes et à l'argent que nous envoi mon frère, Walther.
Puisque le vieux leur demandait des raisons, autant tout dire d'un seul trait, sans pour autant paraître encore plus pitoyable. S'il y avait une chose qui tenait encore la maison Hohenburg, c'était bien la fierté et l'honneur.
-Nous ne sommes pas plus à plaindre que d'autres familles. Comme elles, nous avons perdu nos époux, nos frères et nos pères. Mais comme des Arétans, nous survivons et nous faisons face.
Elle parlait avec toute la prestance typique des Hohenburg. Si pauvre d'apparence, mais si riche dans leurs liens.
-veuillez pardonner l'absence de ma belle sœur, restée au chevet de notre mère. Si vous l'acceptez, Onfroi va à présent vous prêter serment, reprit-elle tout en enjoignant le petit bout d'homme à s'avancer pour mettre un genou sur le sol.
Tout impressionné qu'il était, Onfroi s'exécuta sans rechigner. Maladroitement, il vint s'installer devant le vieil homme et garda les yeux rivés sur le sol par peur d'être foudroyé par le seigneur.
-Moi, Onfroi...Hohenburg, fils de Wilhelm Hohenburg et petit fils d'Einhard Hohenburg...vi..vi
-Viens devant vous, chuchota Hilda.
-Viens devant vous pour prêter serment et...
-renouveler.
-Renouveler les liens qui unissent Ernal à...à votre seigneurie, monsieur...heu...seigneur Arnoul.
Ainsi, le jeune garçon vint s'installer devant le vieillard et attendit que ce dernier lève sa main pour embrasser la bague, symbole du renouvellement de la vassalité liant le domaine d'Ernal à la seigneurie de Stern. |
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| | | Arnoul de Stern
Humain
Nombre de messages : 105 Âge : 28 Date d'inscription : 19/02/2016
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| Sujet: Re: L'heure du serment [Arnoul] Sam 12 Mar 2016 - 21:21 | |
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En écoutant la jeune Hilda parler des coups durs de sa famille, Arnoul jouait avec l’une de ses chevalières, moitié irrité, moitié honteux. Ils ne lui avaient rien dit. Pour quel genre de seigneur passait-il, si même la famille de l’un de ses chevaliers vivait dans la crasse et la misère ? N’était-ce point le rôle d’un seigneur d’entretenir ses vassaux ? C’était presque de la fureur qui coulait dans les veines d’Arnoul. Ils n’avaient rien dit. Ha, la fierté d’Einhard, il pouvait s’en souvenir maintenant… Trop fier, trop digne. Et ses enfants étaient pareils. A croire que c’était dans son sang avant tout, que résidait tout son caractère. L’air austère, il étudia Hilda un instant. Il voulait lui répondre, mais elle enchaînait ses paroles à un rythme effréné. Ce qu’elle disait ne semblait pas lui plaire. Et pour cause. Elle devait les prononcer devant tout le monde.
Vint le moment tant attendu, où le jeune Onfroi allait prêter serment, comme son grand-père avant lui. Il écouta le garçon prêter serment, et se radoucit en l’entendant cafouiller. Il était si frais, si jeune… Et voir un vieux seigneur aigri et froid ne devait pas tant le rassurer que ça. Il l’entendit prononcer ses vœux, jusqu’à ce qu’il vienne se poster devant lui, attendant visiblement la suite. Arnoul finit par sourire, et prit les mains du garçon dans les siennes, ridées et sèches. Là, d’une voix claire et audible, malgré son grand âge, il dit :
« Le serment qui nous lie, jeune sir Onfroi, n’est point seulement contrainte et devoir, mais aussi récompense. En te liant à mon nom, en prêtant serment à ton suzerain et à sa famille, il t’est donné autre chose en retour. Moi, Arnoul, fils de Manfred, seigneur de Stern et de tous ses gens, je renouvelle les liens que j’entretenais avec Einhard Hohenburg et le domaine d’Ernal. Je jure protection et assistance à mon vassal, ainsi qu’à son sang. »
Souhaitant retrouver au plus vite la quiétude de son siège, le vieillard scella l’hommage, ainsi renouvelé, par un baiser de paix, qui ne manqua pas de dégoûter Onfroi. C’est compréhensible, d’ailleurs… Après cela, Arnoul prit une branche de derrière lui, et la présenta au jeune garçon, un peu dubitatif. Le seigneur lui mit dans la main.
« C’est un symbole, Onfroi. Puisse cette branche te rappeler qu’à partir de ce jour, Ernal est ton fief. »
Il se rassit enfin, posant son corps vieilli sur le trône seigneurial. Inspirant un grand coup, il regarda autour de lui, alors que le jeune garçon rejoignait à présent sa tante. Arnoul finit par croiser le regard de l’homme qu’il cherchait. Il lui fit signe de faire un pas, ce que le gentilhomme fit.
« Voici le chevalier Edwin Rühge, le pupille de mon défunt fils Tancred. C’est un homme brave, dont la hardiesse lui a valu que je lui concède des terres près de Sanglon. Onfroi de Hohenburg sera son escuyer, et apprendra aussi bien le code de l’honneur que les manières des nobles gens. »
Il porta ensuite son regard sur Hilda.
« Qui plus est, le jeune Edwin n’est pas encore marié, et m’a fait part de son envie de combler ce vide. Hilda Hohenburg, pour le bien d’Ernal, ne croyez-vous pas qu’une union avec si fringant chevalier soit de bon aloi ? »
Il sourit, et toussota. Il parlait trop, sans pouvoir délier sa gorge avec du vin ou de l’eau. Il frappa des mains.
« Vous avez caché votre situation bien trop longtemps. Il est normal qu’en tant que suzerain, j’agisse en conséquence. »
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