L'éclat écarlate [Solo-terminé]

Tout fut préparé en conséquence. Octavia Soltari Beronti, aussi honni soit son nom maintenant, ne se laisse jamais prendre au dépourvu. Étant la digne propriétaire du manoir de Beronia, tout fut vidé selon ses ordres pour être transporté en Ithri’Vaan bien avant le début du procès. Bien qu’elle aimait ses nièces profondément, elle ne tenait particulièrement que les vautours du sud s’en prennent aux biens de la famille. Donc lorsqu’ils viendront mettre à sac les beaux jardins et la sublime demeure, ils ne trouveront rien à se mettre sous la dent. Même la bibliothèque fut vidée de l’intégralité de son contenu. Les plus grosses œuvres ne purent pas être bougés, mais le portrait de la famille fut soigneusement retiré de son emplacement. Beronia était vide et le resterait… Enfin, jusqu’à ce qu’une autre famille s’y installe et efface les dernières traces de la famille Soltari-Beronti.

À Soltariel même, un message fut envoyé. De la main de l’ancien chef de la garde ducale, il ne contenait que quelques lignes.

À mes frères,

Je ne peux plus vous commander. La soif de pouvoir a une fois de plus gagner. Le mensonge et la trahison sont les pires plaies de notre monde et ils ont eut raison de la duchesse. Vous savez ce qui vous reste à faire.

Que les Dieux vous gardent.

La rumeur à l’intérieur du palais s’enfla. Un murmure, elle devint un rugissement. Dans tous les couloirs, des étoffes de couleurs écarlates gisaient au sol. Les gardes ayant abandonné leur uniforme quittaient le palais par dizaines. Un choix leur avait été donné avant le procès. Tibéria n’avait peut-être pas eu beaucoup d’appuis, mais ceux qui la côtoyaient de près savaient ce pour quoi elle s’était battue. En devenant gardes, ils avaient renoncé à tous leurs biens sur la Péninsule, alors ce n’était pas un si gros pas à faire que de prendre ce bateau qui les amènerait loin là où tout pourrait être possible… Avant de faire de même, Amadéo remplit un sac de documents en tout genre. Peut-être que tout cela leur sera utile… Cette femme aux cheveux blancs avait décidément de la suite dans les idées. Maintenant, il ne restait plus qu’à espérer que la principale intéressée, celle qui n’avait plus rien que le souffle dans sa poitrine, s’accroche à cette vie qui ne tenait qu’à un fil et ne sombre pas dans l’abysse que ces monstres ont ouvert juste à ses pieds.