L'entrevue du dragon et la perle d'Ysari (Arichis d'Anoszia)

5ème jour de la 8ème ennéade de Verimios, an 8.

En une ennéade le paysage soltaar avait changé. Les courtisans avaient pour habitude d’avoir un Maciste malade en toile de fond et une duchesse exaspérante par ses manières mais non moins captivante par son excentricité. Dès le fameux conseil qui a vu ses charges et son pouvoir disparaitre, Kahina avait laissé un vide que beaucoup de nobles espèraient combler. Pas uniquement à Soltariel, mais au sein du duché même. Maciste avait assis son pouvoir sur ce petit bout de péninsule par la conquête, sa mort sans descendance légitime ouvraient la porte à tous les vautours de l’Eris jusqu’à l’Olienne qui prévoient de grappiller les miettes d’un gâteau qu’encore personne n’avait osé découper. Arichis était l’un d’eux. L’Anoszia depuis une ennéade faisait bouger ses pions plus rapidement qu’à l’accoutumé car la situation ne lui laissait pas le choix. Son fils tenait Diantra et sa position était précaire, le régent une nouvelle fois dû s’appuyer sur son ami Valdèse pour qu’il convint la baronne d’Ysari de leur prêter un millier d’hommes. Ce qui ne fût pas tâche ardu pour le conseiller qu’Arichis avait placé à la cour dès le couronnement des deux barons. Dès lors, son frère Ansaldo accompagné de Sysiphe qu’il avait invité à suivre son oncle, allèrent récupérer les hommes pour prendre la route de Diantra. Joindre son fils pour le voyage à Ysari n’était pas sans arrière-pensées, il connaissait de réputation la baronne qui était connu pour être de nature romantique et sensible et d’après la missive du benjamin, ces deux la firent bien connaissance comme espérer. Le jour même de son arrivé, Sarina lui avait envoyé à laquelle il s’était empressé de répondre l’invitant à se rendre à Soltariel et en profiter pour rendre hommage au roi.

L’enfant-roi à peine âgé d’une année et de quelques mois trônait sur son siège coussinet   en regardant hagard sa vassale sans rien comprendre de ce qu’elle disait. Passant ce moment symbolique, une nourrice vint le chercher et la baronne d’Ysari fût conduite à l’Argenterie où reposait l’office d’Arichis.

« Je vous remercie d’avoir accepter de vous déplacer Votre Honneur, mes charges auprès de Sa Majesté m’empêchent de m’en éloigner. Je tiens à vous assurer de l’amitié de notre famille, Ansaldo m’a fait parvenir l’information que vous avez accepté de nous prêter vos hommes pour Diantra. Soyez convaincue par cela de la durabilité de notre amitié ma dame. »    

« Ma dame, rassurez vous je ne cherche pas à vous duper. Vous avez été l’épouse de feu Son Honneur Alvaro d’Arcani et pour vos actions aux côtés de mes osts lors de la Guerre des Deux-Dragons vous valent mon éternelle gratitude. »

Arichis d’Anoszia se voulait être un homme d’honneur, savant traiter respectueusement ses alliés et ses vassaux. Après le banquet d’Ydril, le duché s’était divisé en deux blocs plus tôt étonnant compte tenu des histoires respectives des fiefs celui de Sybrondil et Soltariel et leurs rivaux d’Ysari et Ydril. Un échanson vint servir des coupes de vin que des esclaves avaient apporté dans des carafes de cristal, Sarina en reçu une puis Arichis qui déposa la sienne afin de ne pas commencer à boire dès ce moment de la journée, encore énormément d’audiences l’attendaient et il ne souhaitait pas être ivre à la dernière.

« Tout à fait, vos troupes ne serviront que pour le mandat que nous avons mentionné. Ne vous inquiétez pas à ce propos. »

Les troupes ysaraines venu en renfort n’avaient pas d’autres choses à faire de toute manière. Ansaldo et le Maldi feront ce pourquoi on les avait dépêchait, sécuriser la capitale pour permettre à Oschide de respirer un peu. Arichis inclina la tête en direction de la jeune baronne pour la remercier et répondit.

« Il m’est difficile de l’admettre mais j’ai de la peine à savoir mes filles loin de moi. Mais ceci est un bon mariage pour ma petite Cécyllia, elle accède à un vicomté et une terre malgré son ordre d’héritage. »

Le vicomte se leva de derrière son bureau, le contourna pour se rapprocher de Sarina et s’assoir en face d’elle, accoudé sur celui-ci.

« C’est d’ailleurs à propos de mariage que je souhaitais vous entretenir ma dame. L’alliance entre nos deux terres perdure depuis quelques mois, mais j’aimerais qu’elle prenne une tout autre dimension. Vous le savez peut-être, mais à cause de la position non encore définie d’Alonna par rapport au Sud, j’ai rompu les fiançailles entre mon fils et la sœur de leur baronne. Si vous le permettez Sarina de Feoda, je suis ravi de vous considérer comme ma fille si vous daignez épouser mon fils Sysiphe d’Anoszia. Nos deux familles seront uni par les liens sacrées du mariage et ne deviendront plus qu’une, vos intérêts deviendront dès lors les miens. »

Fixant la jeune baronne dans les yeux, Arichis attendait une réponse qu’il espérait positive.

« Sysiphe est arrivé hier à Soltariel, j’ai pu m’entretenir avec lui à ce sujet et il en semblait ravi. Il m’a confié que vous vous êtes montrée accueillante et charmante lors de son séjour en vos terres, il m’est heureux de savoir que vous consentiez à ce mariage et que vous vous entendez déjà bien. Un mariage solide repose sur une entente mutuelle et une confiance absolue en son partenaire. Votre mariage avec notre ami Alvaro a duré malheureusement peu de temps, mais je gage que vous l’affectionniez. J’espère que cela sera de même avec mon fils, et que les Dieux bénissent votre union d’une multitude d’enfants. »

Sarina mentionna les jumeaux qu’elle avait eus de son premier mariage, Arichis tapota de ses doigts le côté du bureau.

« Bien entendu. Vos enfants étant légitimes, et par ordre d’ainesse ils sont les premiers à devoir hériter. Mais si vous me permettez un conseil, clarifiez dès leur éducation qui des deux héritera d’Ysari car l’Histoire se souvient encore des jumeaux qui une fois adulte ont prétendu au même trône et il n’y rien de plus malheureux que de voir une famille se déchirer pour des querelles d’héritage. »

Quant au lieu du mariage, Arichis avait d’abord pensé à Saint Orso à Soltariel, le temple où se marient les grands du duché mais la proposition de Sarina n’était pas plus mal. Il acquiesça d’un mouvement de tête avant de reprendre.

« Très bonne idée ma dame. J’avais autre chose en tête, mais vous avez raison, cela marquera d’avantage le coup si vous vous mariez sur vos propres terres. Je vous propose de le célébrer vers le milieu du mois prochain, le mariage de Cécyllia aura lieu quelques ennéades plus tôt. »

A présent qu’il avait son accord, Arichis se releva pour prendre trois rouleaux sur l’étagère d’à côté. Il avait préparé le même exemplaire d’un contrat de mariage stipulant en quelques lignes, et ce, en n’oubliant aucun titre, ce que les deux nobles s’étaient accordé dessus, un mariage entre la baronne d’Ysari et le troisième fils du Régent. Celui-ci tendit les papiers vers Sarina afin qu’elle le lise et y appose son sceau après qu’Arichis ai fait de même.

« Scellons nos accords ma dame, et devenez ainsi ma belle-fille. »