La fleur et la perle se rencontrent parmi les livres [feat Azenor d'Anoszia]

En bonne descendante d'une fière famille de la noblesse péninsulaire, Azénor avait évidement tout de suite reconnu la délicatement maniérée dame qui venait lui tenir compagnie dans l'une des bibliothèques du palais. Son père, Arichis d'Anozsia avait personnellement et rigoureusement veillé à ce que l'éducation nobiliaire culturelle de ses héritiers puisse être digne d'une grande lignée, si ce n'est d'une royale fratrie. Fastidieux était cet apprentissage, mais riche d'enseignement et d'applications il se révéla. Il était bien entendu impossible de connaître les innombrables arbres généalogiques des hautes sphères des royaumes humains, mais l'art de l’héraldique, la connaissance des sceaux et de la diplomatique lui permirent d'appréhender les origines et les représentants des plus influentes maisons. Les souches Soltariennes lui étaient raisonnablement moins obscure ni éloignées.

Aussi quand la Baronne d'Ysari pénétra dans l'enceinte feutrée de la pièce, la fleur de Velmone ne tarda à guère à poser un patronyme sur ce doux visage pensif. Elle n'avait pourtant jamais côtoyé Sarina de Feoda, ni les siens. Son patriarche probablement au cours de ses nombreuses affaires politiques, peut-être Oschide depuis qu'il s'était élevé plus haut encore. La jeune femme avait eu vent de la beauté saisissante de celle qu'on surnommait « la Perle ». L'opulence de de sa parure n'avait d'égal que l'altière maintient dont elle faisait preuve, la finesse de sa physionomie, la pigmentation sucrée rappelant le miel de sa peau. Si Azénor avait été sujette au vice de l'envie, elle aurait terriblement jalousé cette mignonne qui officiait dans la même cour qu'elle. Son arrivée piqua la curiosité maladive de l'Anozsia, mais dans un soucis de bienséance et de courtoisie, elle resta les yeux rivés dans son ouvrage, attendant que la Dame ne daigne lui adresser la parole.
Des mois au service de la Princesse d'Ys avaient forgé une modestie n'ayant pas lieu d'être quant à son rang, lui apprenant à être sollicitée par les autres nobles et non à agir comme leur égal. Quand Sarina prit place non loin d'elle, sur une autre des assises disponibles, elle ne répondit que par un soupir indifférent, feignant d'être captivée par sa lecture.

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En si bonne compagnie, Azénor ne voulait précipiter la discussion et préférait poliment prendre le temps de réagir aux sollicitations de sa délicieuse comparse. Ses lèvres se tordirent en un sourire lorsqu'elle entendit la voix tendre de Sarina qui se présentait à elle. Le premier pas était derrière elles. L'étiquette voulait qu'elle prenne posément la mesure quant à sa réponse, sans pour autant laisser son interlocutrice dans le sillage de son appel. La belle savait que son honorable voisine était d'un naturel plus qu'agréable, ce qu'elle venait avec plaisir de constater. Refermant prestement son ouvrage dans un « pop » singulier, la duègne lissa sa toilette et se dressa de toute sa hauteur, enchaînant directement avec une révérence mesurée.

« Ma Dame, lui répondit Azénor toujours en s'inclinant. Quel plaisir que de faire votre connaissance. Il eut été discourtois de ne point vous reconnaître bien avant que vous ne daignez me faire l'honneur de vous introduire.Vous me voyez ravie de votre présence. Je suis Azénor, fille de Sire Arichis d'Anozsia, dame de parage de la Princesse Kahina d'Ys. »

Elle savait la pléthore de titres que possédait la baronne, elle qui avait une présentation plus succincte de son rang. La simplicité avec laquelle elle s'adressait à son égard la faisait fantasmer ; une jeune femme si candide, de son âge exactement, avec déjà tant de responsabilités ! Il n'en fallait pas plus à la fleur de Velmone pour s'imaginer le temps d'une brève seconde d'absence au bras d'un noble de plus haut lignage. Un soupir s'échappa de ses lippes rieuses.

« Mon souhait le plus cher est que vous fassiez beau séjour en notre magnifique demeure. J'espère que vous trouverez comme moi, le calme inespéré de cette pièce aussi bénéfique que je ne le conçoit. Certes il me plaît à venir m'évader ici, j'ai toujours trouvé écho à ma soif d'escapade dans la lecture. Activité évidement bien moins périlleuse mais tout aussi intense n'est-il pas ? » Lui demanda la belle en se redressant.

« D'ailleurs, que vous apprêtiez vous donc à lire ? »

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