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 Des paroles, des poutres et des actes.

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Oscario d'Anoszia
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Oscario d'Anoszia


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Date d'inscription : 07/03/2016

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MessageSujet: Des paroles, des poutres et des actes.    Des paroles, des poutres et des actes.  I_icon_minitimeDim 10 Avr 2016 - 7:54

« Benvolio ; toi et tes hommes, prenez position et préparez-vous à forcer par l’arrière. Pendant ce temps, l’essentiel de la charge reposera sur les hommes de Mercutio » confia le puîné de la maison des Anoszia en guise de premières instructions.

« L’essentiel de la réussite de notre entremise réside dans la poussée initiale ; j’ai donc besoin que ton attelage pousse plus fort que ce que leurs mères ont produit comme effort au moment de les mettre au monde. Qu’ils nous prouvent qu’ils ont retenu quelque chose du courage de leurs mères » grinça Oscario à ses cousins rassemblés. Autour de lui, certains poussèrent quelques gloussements de vétérans alors que d’autres, certainement pris par l’enjeu et le risque, restaient silencieux. Tant qu’ils ne faisaient pas défauts lors de l’engagement, on leur pardonnerait de ne point se montrer aussi volubiles que leurs aînés.

« Quelqu’un a quelque chose à dire, si possible de constructif ? » osa Oscario, en sachant que c’était généralement à ce moment-là que les choses tournaient généralement au plus mal.

Quelques haussements de sourcils s’échangèrent et c’est avec une humilité toute feinte que Benvolio fit la moue. Il dodelina de la tête plusieurs fois avant de se livrer avec une désinvolture telle que son capitaine n’en avait pas vue depuis des mois.

« Ça fait tout de même une sacrée putain de poutre » commenta Benvolio en auscultant la faîtière de la main.

Et il n’avait pas tort sur le fond. Tirée de l’un des mâts principaux des navires en train d’être désarmés, le longiligne trait de bois affichait une longueur de trente pas et un poids qu’il serait inconséquent de vouloir quantifier avant que des hommes de bonne éducation ne s’accordent pour le projeter cul par-dessus tête pour espérer le positionner en tant que poutre maîtresse d’une ancienne demeure bourgeoise aux toits effondrés. Si les incendies avaient eu raison de la toiture, les murs et fondations étaient restés certaines. Les charpentiers, trop peu nombreux, s’étaient accordés pour la placer en tant que ligne principale de soutènement ; ce qui ferait gagner de nombreuses journées de travaux afin de réhabiliter la bâtisse. A condition bien entendu que les hommes se trouvent assez énergiques pour la placer là où la gravité ne souhaitait pas la voir se hisser.

Mercutio lissa sa moustache durant quelques instants, pensif.

« A peine quelques centimètres de plus que la poutre de ton cousin Ernesto, au jugé » annota-t-il avec le sérieux d’un curé récitant son évangile. Son comparse lui flanqua une grande claque sur l’épaule en s’esclaffant et les hommes s’éraillèrent quelques instants la voix en rires gras et en anecdotes machistes.

« Et pourtant il arrive à la dresser seul » éructa l’un des neveux du dit Ernesto.

« Parce que c’est un bouc, et que les boucs se lèvent du matin au soir au moindre frétillement du vent » considéra, moqueur, un autre intervenant.

Le neveu, outré, répondit du tac-au-tac.

« Frétillement ? C’est bien digne d’un « court en gueule » comme toi d’utiliser un tel terme : mon oncle ne frétille pas lui, il provoque des tremblements, et pas que de terre. C’est une éruption lorsqu’il … » plaça-t-il fermement pour finalement être interrompu par Oscario avant que la bonne humeur ne finisse par s’aigrir en agacement.

« Nous avons compris, nous avons compris, nous connaissons tous la réputation d’Ernesto, le « serpent de l’Ydril » qu’aucun animaliste n’a jamais vu » conclut-il.

« Mettez vos gants maintenant  et placez-vous, nous n’avons pas toute la journée et j’ai rendez-vous avant ce soir » considéra-t-il en enfilant lui-même ses protections et en prenant un large cordage entre ses doigts.

« Une galante ? » le questionna un autre de ses hommes.

Il aurait pu mentir mais cela ne l’aurait pas bien introduit auprès des faveurs de la déesse.

« Le rendez-vous a lieu à Notre Dame de Deina » dit-il en tirant plusieurs fois sur le cordage pour en tester les fixations.

« Condoléances » conjurèrent plusieurs de ses camarades.

Ce fut en quelques sortes le mot de la fin. La suite fut une succession de raclements de gorge, de souffles rauques et de remarques injurieuses que le bon sens ou la morale interdisent de rapporter ici. La poutre finit par s’élever dans les airs. D’abord, par l’usage de leviers idéalement placés puis, lorsque la hauteur devint trop élevée pour bénéficier de bons points de levage, par un système de cales. A ce stade le travail de force consistait à soulever de quelques centimètres pour que l’on surélève d’un côté en attendant que l’on ajuste de l’autre. L’épreuve finale ne fut prononcée qu’au moment de positionner la poutre en travers de ses appuis mais par chance – ou peut-être parce que la DameDieu ne souhaitait pas estourbir Oscario avant qu’il ne se rende au temple – on ne déplora que quelques mains écorchées par les cordages.

« La poutre est fixée, messire. Nous allons pouvoir installer la charpente et couvrir au plus vite. Cette demeure a les dimensions d’une halle de campagne, nous pourrons y longer pas mal de monde » conclut un charpentier auprès de l’amiral d’Ydril.

« C’est une bonne chose » consacra Oscario en bandant l’une de ses mains, meurtrie durant les dernières phases de l’opération.

X X X

Lavé de toutes crasses à défaut de ses péchés, Oscario se présenta aux abords de Notre Dame de Deina.

« Es-tu certain de ne pas vouloir prendre avec toi une protectrice ? » lui demanda Benvolio en soulevant l’épée de duel de son camarade.

« Pour infliger des trous dans la couenne de prêtres ? Tu délires, l’ami. L’usage de la violence est interdit en terres saintes. En cas de dangers, ma main droite suffira à estourbir la moitié de l’effectif laïque et sacré du temple » le rassura Oscario.

« Ah, parce que cela … ce n’est pas de la violence ? » préféra se faire confirmer Mercutio.

« Pas de la violence, de la flagellation messieurs. Si j’en venais aux mains là-dedans, j’arriverai probablement à me faire sanctifier » plaisanta Oscario en gravissant les marches conduisant à la porte principale.

Fanfaronnade passée, quelque chose le gratta en son cou. Probablement le souvenir des chemises amidonnées que sa mère lui mettait pour l’office lors de sa prime enfance. Ou le poids du regard de la Déesse, potentiellement.

« Mon nom est Oscario d’Anoszia ; en mon nom et en celui des pénitents de Diantra, je demande une audience » insista le jeune homme.

Faudrait pas quelqu’un croit qu’il venait pour confesse.  
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