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 Lucidité | Libre

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Halyalindë
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MessageSujet: Lucidité | Libre   Lucidité | Libre I_icon_minitimeDim 1 Mai 2016 - 22:35


Début 8e ennéade, Verimios, été
Cycle 11, 8e année



"Là non oui ici tu n'aurais pas vu viens maman et ma sœur tu n'aurais pasattendons... "

Halya souffla doucement pour ne pas trop tirer sur ses cotes encore fragiles, la main posée sur son flanc gauche. Grâce aux rouleaux de bandes avec lesquelles elle s'était réveillé, elle avait l'impression d'être raide comme un piquet, mais au moins elle ne portait pas d'armure. Elle regrettait juste l'absence de ses armes…

De nouveau prise de lassitude, elle s'assit précautionneusement en tailleurs au pied de l'arbre qu'elle était venue voir. De ses racines à près de trois mètres au-dessus du sol, quelque chose semblait s'être acharné dessus. Le végétal avait été attaqué à coup de griffe jusqu'à se voir amputé d'un bon quart de sa largeur. Au milieu des copeaux et des échardes qui couvraient le sol, et sur la cicatrice de l'attaque : des traces de sang. Plus timides, un traqueur doué pouvait aussi remarqué des marques d'écrasement un peu plus bas, comme si quelque chose de très dur avait fait le tour de l'arbre et l'avait serré au point de le broyer légèrement.

Des morceaux de bois déchiquetés piquaient légèrement le dos de la chasseuse mais aucune douleur ne remontait le long de de sa colonne vertébrale. Elle sera un peu plus le poing sur la preuve qu'elle avait arrachée à l'écorce pour s'assurer qu'elle était réelle. Elle n'avait pas rêvé… Ou plutôt elle ne l'avait pas imaginé…

"Et alors je t'aime Jamais! non c'est une promesse plus loin..."

Elle prie une profonde inspiration, grimaça sous la protestation de ses cotes et souffla avec un peu plus de précaution, essayant d'arrêter le tremblement de ses mains. Tout était… confus. Ses souvenirs s'entremêlait. Veille ? Sommeil ? Elle n'arrivait plus à en avoir la certitude. Tout ce qu'elle savait c'est qu'elle était déjà venu ici… Et que Randil y était également. La griffe qu'elle serrait dans son poing en était la preuve… Et c'était aussi la preuve qu'il avait été attaché ici avant d'être libéré par Halandarin. Elle sentait monter une rage sourde à la simple évocation de cette possibilité… Et inspira de plus belle.

Sa tête était douloureuse. Elle était fatiguée… Exténuée même. Même si les murmures restaient sourds, elle ne pouvait s'empêcher de les entende et elle les sentaient revenir lentement à la charge. Désemparée, seule, coupable… Elle en finissait par détester ces période de lucidité. Les premières fois qu'elle avait pris conscience d'être dans une tente de soigneur, les murmures se faisaient cris. Elle ne comprenait rien. Ils l'assourdissaient au point qu'elle n'arrivait même plus a savoir qui était près d'elle. La seule qu'elle arrivait à sentir, c'était son crâne en train d'exploser et le froid qui lui perçait les os. Tout cela entrecoupé de rêves si clairs qu'ils réels et de petits moments de lucidité si fugace qu'elle se demandait si elle ne les rêvaient pas. Heureusement que Marniel était là. Halya ne s'attendait pas à ce que la Baar'Ane respecte un serment qu'elle avait prêté sous la contrainte avec autant d'application mais sa connaissance des plantes autant que ses croyances avaient fait leurs preuves.

Pendant deux jours, Halya avait cru que cela s'améliorait… Mais non. Chaque jour n'était qu'une lutte de plus. Les quelques instants où elle avait toute sa tête, on refusait de la laisser sortir. Personne ne savait ou était Randil. Personne n'acceptait de lui dire si l'homme qu'elle avait attaqué était encore en vie. Le matin même, lorsqu'elle avait ouvert les yeux et que les murmures s'étaient fait moins pressant que d'habitude, elle s'était esquivée. C'était la seconde fois… Mais la première elle s'était étalée de tout son long à quelques mètres de la tente alors ça ne comptait pas vraiment. Elle avait besoin de savoir… Et ce qu'elle trouvait ici ne la rassurait pas du tout.

"Je t'en prie attendre me tue moi"

« Qu'est-ce que je dois faire pour que vous vous taisiez... » soupira-t-elle dans le vide. Elle avait déjà trop crié, elle n'en avait plus la force.

Elle leva sa main libre pour se masser la tempe… et tourna brusquement la tête. Un loup géant au dos noir de gaie et au ventre blanc se tenait à deux pas. Ses yeux dorés ne lâchaient pas l'elfe. Un sourire mélancolique se dessina sur le visage d'Halya.

« Merci de m'avoir aidé à retrouver le chemin. »

L'animal baissa la tête, silencieux, et claudiqua de quelques pas vers elle. Aussi grand que Randil, il était pourtant beaucoup plus imposant. Il avançait en ne s'appuyant que sur trois pattes, la troisième, rachitique, lui servant à peine à ne pas perdre l'équilibre. Sa grosse tête vint se positionner à un souffle de la bipède, son regard intense plongé dans ses yeux verts. Elle ne fit pas un pas pour le toucher. Un frisson lui parcourut le dos lorsqu'il posa son museau humide sur son front.

Elle se retrouva a nouveau seule avec les murmures.

Et en périphérie de sa vision, toujours cette porte entrouverte.


Il ne fallait pas qu'elle s'attarde. Elle voulait encore faire quelque chose avant de perdre à nouveau la raison et elle ne savait pas combien de temps elle pourrait encore tenir.

Dès qu'elle eut suffisamment récupéré, elle se releva pour repartir sur ses pas. Lorsqu'un doute la prenait, une forme lutine se retrouvait à marcher quelques pas devant elle. Son pas était lent, ses gestes peu précis, sa peau glaciale et son pouls étrangement lent. Elle ne s'en était pas aperçu mais la griffe qu'elle serrait avait depuis longtemps entamé sa paume et le sang dégouttait en filet sur ses doigts aussi bien que son son poignet. Les remèdes que les guérisseurs trouvaient pour son esprit semblaient affaiblir peu à peu son corps… Enfin c'est ce qu'elle préférait se dire lorsqu'elle arrivait a avoir les idées assez claires pour y penser. Car les autres possibilités étaient bien moins réjouissantes.

Lorsqu'elle reconnu les alentours du camp du côté des infirmeries, elle tenta de se glisser discrètement entre les tentes pour gagner celle d'une personne bien précise… Elle détestait cet endroit. Les murmures étaient bien plus nombreux. Parfois, elle voyait le Voile se refermer lentement sur les personne dont elle croisaient le regard… Une impression de froid intense, plus intense que nulle part ailleurs… Mais c'était aussi le chemin le plus court pour atteindre son objectif.

Mais c'était sans compter sur la paire d'yeux dorés que son capuchon n'avait pas suffit à berner.



Dernière édition par Halyalindë Yasairava le Sam 7 Mai 2016 - 0:11, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Lucidité | Libre   Lucidité | Libre I_icon_minitimeLun 2 Mai 2016 - 12:28


Beaucoup diraient qu’être levé bien avant l’aube est une mauvaise idée lorsque l’on est censé récupérer de blessures profondes, mais à cela tu leur répondrais que tu t’es aussi endormi à peine tombant le crépuscule. Une grande partie de ton temps était déjà allouée au repos, subir ne serait-ce qu’une minute de plus d’inactivité forcée te serait tout bonnement insupportable. Alors le reste du temps tu t’exerces malgré la douleur, force tes muscles affaiblis à se reconstituer plus forts puisqu’ils ne sont pas morts. Velicënor t’as appris à surpasser tes limites, à te forcer à chaque jour redoubler de courage. Il t’as appris à souffrir, parce que c’est ce que dois savoir faire un guerrier. Il t’a appris à chaque jour redoubler l’intensité de tes entraînements, parce que ce que tu as fait la veille, tu te dois de faire mieux, car c’est ainsi que l’on se déconstruit pour finalement progresser… dans ton état, les exhortations du Chef-Guerrier tiennent toujours, seulement, tu es capable de bien peu de choses.

Au moins dans ta détermination tu te rends utile. Si peu en soit-il, au fil des jours qui passent tu regagnes de tes capacités, volontiers utilisées au service de ceux qui ont eu moins de chance que toi. Tous n’ont pas eu l’opportunité d’être guéris par l’un des mages de Vie les plus talentueux de tout l’Anaëh, et nombreux sont ceux, arrivés encore comme après toi, qui gisent encore vivants, mais incapables de se mouvoir dans les mouroirs. Les guérisseurs sont épuisés, fatigués d’avoir à soigner, déplacer, nourrir et calmer les blessés. Tu n’as pas la prétention de pouvoir efficacement t’occuper de leurs patients, alors au moins t’es-tu proposé de leur servir de bras. Et dans cet accord tous vous y gagniez. Ils étaient plus tranquilles, tu étais utile et à loisir tu pouvais observer à l’action la magie qui se joue des organismes pour tenter de comprendre exactement, qu’a-t-il pu bien se passer durant le face à face entre Anorn et Tari.

Plus important encore, rester proche des guérisseurs, c’était avoir légitimement vent de leurs affaires et droit de questionnement sur le déroulement des choses. L’état de deux personnes parmi la multitude te préoccupait tout particulièrement. Les soigneurs et mages d’esprit ne tarissent pas d’hypothèses quant aux absences de Neraën et d’Halyalindë. La seconde en particulier voyait son nom énoncé non pas avec le ton respectueux habituel, mais avec une crainte non dissimulée. Fidèle à son passé de Mère Louve, Halya en animal acculé devenait dangereuse. Tu en doutes fortement, mais peut-être aurais-tu pu la raisonner encore cette fois, peut-être aurait-elle eu dans ses moments de lucidité la capacité de s’accrocher à ta voix plutôt qu’à une autre… mais qu’en sais-tu ? Après l’épisode du soigneur blessé, l’accès à la Protectrice s’est trouvé bien trop réglementé pour que tu ne puisses l’approcher. Neraën lui, bien que plus accessible, ne t’aura pas inspiré assez de confiance pour te donner l’envie de lui faire visite. Si le Protecteur d’Eteniril te menaçait déjà de mort avant de perdre la raison, tu préfères ne pas prendre le risque que ce soit cette part de sa psychée qui fut exacerbée par la folie. Tu te contentes de t’enquérir, avec sincère préoccupation, de son état auprès de ceux que tu as l’occasion de voir traverser sa tente durant tes allées et venues à travers les camps.

Tu t’arrêtes pour un temps, essoufflé par la tâche à tes yeux titanesque que tu es en train d’accomplir. Si un jour on t’avait dit qu’apporter des seaux d’eaux à quelques-unes des tentes d’un campement elfe t’aurait à ce point épuisé, tu en aurais probablement ri. Tu ne peux par contre pas rire au nez de la réalité. Sourire aux lèvres devant ta propre pathétique performance, tu respires lourdement, attendant de reprendre contenance avant de terminer le reste de la tâche Herculéenne qui t’attend. Tes yeux se perdent entre les rares passants de ce début de matinée, se demandant sans conviction ce qui pouvait bien leur occuper l’esprit. Tu imagines l’un pressé de faire l’inventaire, l’autre en direction de ce qui vous servait de cuisines, un autre s’attelant à rassembler des pièces métalliques dans l’armurerie et une qui avait décidé de ne pas suivre les recommandations qu’on lui avait faite. Si Halyalindë pensait qu’il suffisait d’avancer le dos penché vers l’avant pour être discrète, c’est qu’elle ne devait pas encore avoir entièrement repris pleinement conscience de la réalité. Heureusement tout le monde était trop pressé, trop occupé pour faire attention aux courtes mèches rousses tombant de la capuche. L’infirmerie devait être probablement plongée dans la panique à l’heure qu’il est.

Quittant un instant tes seaux, tu viens te poster face à l’évadée, feignant le temps d’une confrontation une santé de fer. Debout de toute ta hauteur, les bras croisés sous ta poitrine, tu lui adresses un regard sévère. Celui qu’adresserait un parent devant un enfant pris dans le sac en plein milieu d’une bêtise. Que la Mère en soit témoin, tu le connais bien ce regard, puisque Lòmion et Uìnen te l’auront fait partager bien assez de fois pour qu’il se soit imprimé sur ton propre visage. Tu la comprends cependant. Voilà des jours durant qu’elle est emprisonnée après tout. Tu prendras au moins la peine de lui parler à voix basse, pour ne pas la signaler auprès de vos quelques camarades déjà éveillés.

- Tu ne devrais pas être ici Olöriel. Les guérisseurs doivent être morts de panique à l’heure qu’il est. J’imagine à quel point tu peux en avoir assez d’être enfermée, et je sais que tu veux voir Randil, mais il faut absolument que tu te concentres sur ta guérison. Tu souris, poses tes mains sur ses épaules, y portant une caresse se voulant rassurante de tes pouces. Randil est plein de ressources, je suis sûr qu’il va bien. Maintenant, il faut juste s’assurer que toi tu ailles bien quand il reviendra, d’accord ?

Toi qu’il faut marteler de recommandations pour que tu n’en écoutes qu’une, te voilà à faire la morale à une autre. Et en plus, tu penses sincèrement chaque mot. À ton tour maintenant, de te sentir responsable de quelqu’un.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Lucidité | Libre   Lucidité | Libre I_icon_minitimeMar 3 Mai 2016 - 0:53

Ses jambes la portaient difficilement. Elle prenait soin de ne poser le regard sur personne et avançait doucement, s'appliquant à garder sa concentration fixé sur les murmures pour ne pas les laisser l'envahir... lorsqu'une voix basse la fit sursauté.

« Estiam... »
, sourit-elle

Son regard vert se focalisa sur les yeux d'or de celui qui parlait. Concentration et volonté… Concentration et volonté. Elle tenta d'écouter et de détacher du reste chaque syllabe qu'il prononçait. Elle était contente de le voir. Mais le petit sourire lointain qui flottait sur son visage engourdit était… étrange. Ses expression paraissaient sûrement étranges et pouvaient mettre mal à l'aise ses interlocuteurs, mais prise par les remèdes autant que par l'agitation de son esprit, elle n'en avait pas la moindre conscience.

Elle l'écouta parler des infirmiers affolés… Même si elle avait tout d'un coup du mal à comprendre pourquoi ils devraient être paniqués. Mais Randil…

« Il était attaché et il me crois toujours morte ! »


Son visage c'était tout d'un coup renfrogné en une expression de rage et de dégoût viscéral. Elle n'avait pas beaucoup haussée la voix. Par contre elle avait haussé le poing qui contenait sa preuve pour la montrer à son ami… Sans prendre le moins du monde en compte le fait que sa main était couverte de sang.

« Non je n'irai pas le chercher tout de suite. Je ne suis pas stupide, sans soin, je serais sans doute morte avant de le retrouver. Mais protège le toi. » ajouta-t-elle en détournant la tête pour parler à … rien.
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Lœthwil
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MessageSujet: Re: Lucidité | Libre   Lucidité | Libre I_icon_minitimeMar 3 Mai 2016 - 11:20



Pour ne pas que tu oublies dans quelle faiblesse elle se trouvait, elle te montre à défaut de te dire que tenir une conversation lui est un gros effort… mais elle n’en est pas moins heureuse. Heureuse de te parler ? Ou simplement heureuse de pouvoir parler ? Elle a perdu la raison qu’ils disaient, elle est dangereuse qu’ils chuchotaient, mais avaient-ils seulement tenté de lui parler durant ses quelques moments de lucidité ? Une elfe traumatisée, au bord de la mort, enfermée avec des congénères refusant de lui adresser le moindre mot, s’attendaient-ils véritablement à ce que son état s’améliore ? Paniqués et inconscients. Ils étaient paniqués, épuisés, et seulement à peine conscients de ce qu’ils faisaient, c’est la conclusion que tu en tirais lorsqu’elle te confiait ce qu’ils avaient fait de Randil. Ce que tu savais déjà.

- Je suis désolé, je … Halyalindë, ta main.

La dernière fois que tu as aperçu Randil, il était furieux, pris d’une rage sanguinaire à l’idée de la mort de sa mère adoptive. Et puis plus rien. Son nom était tabou. Plus rien jusqu'au forgeron, mais il était déjà trop tard. Le loup géant avait déjà été relâché quand tu t'es réveillé, et pour cette raison tu l’imaginais s’être écarté du camp avant ton réveil pour hurler sa peine. Lui aussi s’était retrouvé emprisonné. Et dire que tu n’en comprends pas le pourquoi serait mentir. Les citadins, et même beaucoup de Noss, n’ont aucune idée de comment gérer une telle créature, et lui infliger la quarantaine pour limiter les dommages qu’elle pourrait infliger peut sembler une stratégie efficace ; Halandarin s'est retrouvé forcé de faire ce que les autres pensaient être bon ; mais espérer contenir Randil était futile, et il le savait. Ils auraient dû ramener le loup à sa mère, et alors là peut-être se seraient-ils trouvés rassurés tous les deux. Pensant bien faire, pensant faire ce qu'aurait voulu sa mère, le Toer Tamindal n'aura finalement fait que relâcher un monstre de colère dans la nature.

Pour l’instant cependant, ta priorité restait à la protectrice d’Ardamir. L’une de tes mains quitte son épaule pour venir se lier à sa paume ensanglantée, et tes doigts s’emmêlent dans les siens pour la forcer à les desserrer. Tu ne cherches pas à lui faire lâcher sa prise, seulement à l’empêcher d’être plus blessée de la disparition de son enfant qu’elle ne l’est déjà. Son cœur palpite déjà, il faut maintenant qu’elle ménage sa chair. Tu poses ta main libre, épargnée par les effluves de sang contre la joue de l’Elfe-Louve, ramenant son visage face au tien, plongeant un regard d’une infinie tendresse dans le sien, espérant silencieusement qu’il suffirait à faire passer tes mots.

- Olöriel, tu parles à des fantômes. Je doute sincèrement que quiconque ait le pouvoir de protéger Randil en cette heure. Tu es la seule qui puisse lui faire entendre raison, mais toi et moi savons que tu n’es pas encore prête à partir à sa recherche. Tu la laisses resserrer à nouveau son poing contre la griffe, faisant attention à ce qu’elle ne se blesse tout de même pas plus. Pour l’instant, on ne peut qu’espérer.

Ta main glisse à nouveau de sa joue à son épaule, et tu poses une bise sur son front.

- Accroche-toi, d’accord. Tout va s’arranger, je te le promets.

Et si rien ne se passe comme prévu, si le destin est contre vous alors tu prendras le problème à bras le corps, et tu le combattras, à mains nues s’il le faut.


Dernière édition par Estiam Faerin le Lun 20 Juin 2016 - 16:24, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Lucidité | Libre   Lucidité | Libre I_icon_minitimeMer 4 Mai 2016 - 0:13

Sa main… A oui… en effet…
Sans résistance, elle laissa Estiam desserrer ses doigts. Elle regardait le sang coulé de sa paume avec surprise… et un peu de rancœur… Elle sentait la griffe dans sa main et la gène qu'elle occasionnait lorsqu'elle essayait de bouger les doigts… mais aucune douleur.

« Je ne voulais pas… Je ne me suis pas rendu compte. » murmura-t-elle avec un peu de peur dans la voix. Comment aurait-il put en être autrement ?

La main du mage toucha sa joue. Elle frissonna. Ce contacte était… tendre. Elle porta de nouveau son attention sur lui, reconnaissante. Elle était fatiguée… de tout. De toutes ses voix. Tout ce que tous lui répétaient sans arrêt et qu'elle ne comprenait pas. Mais lui savait s'exprimer au-delà des mots. Et même si son regard était douloureux, si elle prenait conscience malgré elle de son état dans le reflet de ces iris dorées, elle voulait au moins faire ce qu'elle avait prévu avant de retourner au pays des rêves… Sinon la peur ne partirait pas. Jamais…

Elle ne lui en voulait pas de ne pas voir ce qu'elle voyait. C'était plus simple. Elle ne lui en voulait pas non plus de ne pas savoir que bien trop d'yeux étaient fixés sur elle. Jamais seule… Elle n'était plus jamais seule… Elle s'était battue au début. Elle avait hurler pour que sa propre voix surpasse les autres mais on l'avait bâillonné. Elle avait compris que ce n'était pas normal. Si des soigneurs ou des mages l'avaient examinée, elle n'en avait aucun souvenir distinct. Seulement la peur dans les rares regards qu'elle pouvait voir.  

Lorsqu'il posa un baiser sur son front, elle referma ses bras sur lui, enfouissant son visage dans son cou et plaquant son poing ensanglanté sur le dos de ses vêtements sans aucune vergogne. Elle ne voulait pas lui dire. Elle ne pouvait pas. Sinon il ne la laisserait pas finir. Alors juste le nécessaire ? Non. Juste ce qu'il devait savoir.

« ça suffira pas. Il est parti tu sais ? Il est seul maintenant. Seul et blessé. Ils ne se rendent pas compte de ce qu'il est maintenant… Regarde nous. Tu crois que ce monstre l'a épargné ? Tu crois que ce qui s'est passé là-bas n'a rien changé ? Qu'il n'a pas sa propre porte ? Tu étais là. Tu le sens, n'est-ce pas...? »

Après. Après elle lui dirait. Mais d'abord elle devait finir. Elle serra les paupière. Elle devait avancer. Sinon elle n'arriverait jamais avant que les murmures ne recouvrent le reste.

« ça ne se ferme pas. Mais ce n'est pas grave. Il ne sont pas méchants… C'est juste... fatigant. Mais tu dois me laisser passer. »

Elle s'écarta juste assez pour pouvoir le regarder, inquiète et mortellement sérieuse.

« Il faut que tu me laisses. Je promet de rentrer juste après. Dans une heure. Moins peut-être. Mais si je ne termine pas ce que j'ai commencé, des gens mourront. Je sais que… La situation n'est pas en ma faveur… Mais il le faut… fait moi confiance… »
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MessageSujet: Re: Lucidité | Libre   Lucidité | Libre I_icon_minitimeJeu 5 Mai 2016 - 21:00



Ce qu’elle peut manquer de tes mots, tes gestes le disent plus que clairement. Les murmures qu’elle tente désespérément de faire taire, les hurlements qui la séparent du monde empirique, ils pourraient redoubler d’intensité qu’elle serait toujours dans tes bras, que ton étreinte n’en serait pas moins tendre, et que, tu l’espères, elle ne s’en sentirait pas moins soutenue. C’est finalement dans l’autre sens que la compréhension est plus difficile. Tu ressens son désarroi, tu comprends l’essence de ses paroles, mais tu ne saurais pointer du doigt l’exact but des déclarations de son âme en panique. Oui, l’expérience que vous avez vécue sur les champs de bataille restera à jamais gravée dans vos mémoires en tant que l’une des plus pénibles péripéties de vos longues existences. Oui vous en êtes ressortis changés, à la fois plus forts et plus vulnérables. Non, Randil ne fait pas exception, mais tu ne connais pas assez le loup géant pour t’avancer à imaginer son vécu. Elle est la seule à en être capable et tu ne peux que lui faire confiance.

- Randil est ton fils Halya. Toi seule sais, je ne peux que me mettre à sa place et imaginer.  

L’une de tes mains quitte son dos pour plonger dans sa courte chevelure, lui offrant un semblant du massage crânien dont elle avait très certainement besoin.

- Et tant que la Symphonie chantera, jamais il ne sera seul.

Un jour ou l’autre, il s’en rendra compte. Quand la colère sera passée, quand le deuil se fera plus léger, il l’entendra sonner, la mélodie de sa mère, quelque part dans l’Anaëh. Ce jour-là le loup sera libéré des pensées noires, et retrouvera l’éclat de sa blancheur. Un jour ou l’autre… mais le plus tôt serait le mieux.

~  ~  ~  ~  ~  ~  ~  ~  ~  ~  ~  ~  ~  ~  ~  ~  ~

- Je m’en vais papa.
- Et où vas-tu donc?
- Apprendre.
- Ne trouves-tu pas déjà apprentissage à ta mesure entre les murs du Chapitre Blanc ? Je sais que tu as beaucoup progressé dernièrement, mais nous sommes toujours en mesure de t’aider.
- Si c’était le cas je ne partirais pas.
- Et quelle est donc la mystérieuse entité sur laquelle tu comptes te reposer par le futur ?
- Avec la bénédiction de Kÿria, je n’aurai je l’espère pas besoin de plus que mes propres mains… De mes propres mains, de ma magie et de mon savoir.

C’est à ce jeu d’imbéciles que ton père et toi jouiez avant que tu ne partes. Quelque part, si tu le lui as annoncé, c’est qu’un morceau de ton âme voulait qu’il te retienne, ou alors ne cherchais-tu qu’à créer un inutile conflit qui terminerait de justifier ton départ. Malgré les apparences, il savait pertinemment le but de tes voyages à venir. Il savait aussi face à quels dangers ils pourraient te mener. Et pourtant tout  ce qu’il a rétorqué fut

- Dans ce cas, va, mais promets-moi de revenir pour m’annoncer ce que tu auras appris.

~  ~  ~  ~  ~  ~  ~  ~  ~  ~  ~  ~  ~  ~  ~

Ton père l’a fait avant toi, à ton tour de faire confiance, et de laisser aller. Tu t’écartes, laisse tomber tes bras sur tes flancs, et souris. Le cœur bat, mais c’est avec conviction que tu prononces ces mots.

- Alors va. Mais si dans deux heures tu n’es pas revenue, fais-moi confiance pour venir te chercher.

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MessageSujet: Re: Lucidité | Libre   Lucidité | Libre I_icon_minitimeJeu 5 Mai 2016 - 22:48

Elle sourit.

Pour la première fois depuis son retour, la première fois de sa vie lui semblait-il, elle sourit de tout son cœur. Les larmes aux yeux, elle chercha ses mots pour faire comprendre à son ami à quel point ce qu'il venait de faire la soulageait. Elle enfouit une seconde encore son visage dans son cou, profitant de son odeur, d'un contact ami. Mais même après un long instant de réflexion, elle ne trouva pas mieux que :

« Merci. »

Puis elle recula d'un pas. Peut-être aurait-il compris après tout… Elle chercha son regard. Et s'empara de ses mains, la griffe reposant entre sa paume et la sienne durant un instant.

« ça ira. Ne soit pas triste. »

Elle s'essuya les yeux d'un revers de manche avant de faire volte face pour disparaître entre deux tente aussi vite que ses jambes le lui permettait. Le capuchon toujours rabattu, la facilité avec laquelle Estiam semblait l'avoir repérer la poussait à être encore plus aux aguets.

Elle jetait des regards inquiets entre les pans de toile qui obstruaient certaines tente. L'heure tournait mais le temps était une notion qu'elle n'avait plus. Sa recherche dura une éternité. Une éternité durant laquelle les mots et le regard d'Estiam tournaient dans son esprit, déformés, altérés mais bien présents. Il lui faisait presque regretter… presque.

Lorsqu'enfin elle approcha du but, elle n'eut plus une hésitation. Elle ne passa pas devant la tente. Elle n'avait pas de doute. Ce qu'elle cherchait était là. Tout son être le criait. Tout son être lui criait de s'enfuir. Elle avait peur. Elle avait encore mal, les murmures se faisaient inquiets, insistants. Dans cette tente reposait le Danger.

Dans cette tente reposait sa mort.

Ses jambes lui faisaient mal, ses cotes sensibles protestèrent aussi quand elle se plia en deux pour s'approcher discrètement du seul garde laissé à l'arrière. Comme une ombre, elle se glissa derrière lui. Le poings toujours fermé sur la griffe, elle passa son bras autour de sa gorge, étouffant ses cris et sa respiration du même coup. Sa main libre vint saisir le bras d'arme du soldat en une clef dont il ne pouvait se défaire. Il lui envoya un coup de coude dans le ventre et un coup de pied dans le tibia, mais elle ne chancela même pas, comme si elle n'avait même pas conscience de l'agression.

Un coup de genoux fit plié ceux de sa proie. Inconscient, il s'agenouilla sans un bruit, le dos appuyé sont le poteau de la tente. La dague qu'il portait à la ceinture était Etenirilii. Bonne facture. Bien équilibrée. Halya s'en empara d'un geste fluide et la coinça dans sa ceinture, derrière son dos. La porte grinça légèrement, attirant un rapide regard de la part de l'elfe. Derrière, elle ne voyait toujours rien… rien que l'ombre opaque de l'embrasure et deux yeux jaunes.

Alors qu'elle se relevait, une faible lumière allongea son ombre sur la toile. Difforme… Ses doigts terminés de griffe, ses épaules déformées par les muscles d'une encolure monstrueuse. Elle serra un instant les paupières, inspira, dégluti… et s'insinua à l'intérieur.

« Bonjour Neraën. N'essaie pas de jouer les inconscients, je sais que tu es réveillé. »
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MessageSujet: Re: Lucidité | Libre   Lucidité | Libre I_icon_minitimeSam 7 Mai 2016 - 22:20

Une humidité froide collait à son front, lui faisant froncer les sourcils. Elle tenta d'articuler quelque chose mais sa gorge sèche ne laissa passé qu'un faible gargouillis. Instinctivement, elle plaqua ses mains sur ses oreilles et se roula en boule sur le côté mais rien ne semblait pouvoir étouffer le le brouhaha de tous ces gens qui parlaient en même temps.

-Tout va bien, Protectrice. Tu es en sécurité.

Comme a chaque fois que l'elfe rousse reprenait conscience, la guérisseuse Noss s'était levé de la natte sur laquelle elle passait la plus grande parti de ses journées en tailleurs à écraser des herbes, minéraux et autres écorces rapportés par un volontaire pour confectionner toutes sortes de remèdes sans avoir a quitter le chevet de sa protégée. Comme chaque fois que cette dernière reprenait conscience, elle avait poser la main sur son épaule en attendant de voir si elle avait conscience, même un peu, du lieu dans lequel elle se trouvait… Et comme a chaque éveil, les mêmes questions exactes se répéteraient.

-Estiam ?

La guérisseuse leva un sourcil. C'était la première fois qu'elle dérogeait au schémas. Peut-être le nouveau dosages…

-Il va bien. Il est dans le campement.

Peut importe qui était l'être ou la personne a laquelle la rousse faisait référence, l'important étant surtout d'éviter de la mettre hors d'elle. Alors les questions pouvaient varier, ce n'était pas bien grave.

-Tu te souviens où tu es ? Attaqua-t-elle, il lui semblait pour la millième fois.
-…
-Tu as été blessée par la magie d'un elfe noir. Tu te souviens ?

Halyalindë ne bougeait pas, toujours recroquevillée.

-Nous t'avons ramener au campement. Je te soigne depuis plusieurs jours.
-…
-Tu es encore faible. Il faut que tu te repose. Regarde moi.

Marniel s'assit précautionneusement sur la couchette de l'elfe, caressant son épaule, l'incitant lentement à se tourner vers elle. La guerrière tremblait…

-Regarde moi. Il faut que tu boives. Ça t'aidera a te calmer. Ça fera taire les voix.
-Les voix… ?
-Les vois que tu entends ne sont pas réelles. Elles ne s'en iront pas si facilement. Bois.

Comme si elle avait été une poupée, Halya se laissa manipuler, ingurgitant une gorgée, puis deux puis trois, puis dix. Ce qu'elle pouvait avoir soif…

-Randil… où est…
-Nous ne savons pas. Il a survécu à la bataille mais s'est enfuit.

La version officielle pour éviter les coups de sangs. Comme a chaque fois, Halya eut un moment de panique, très vite endigué par les mots réconfortants de la jeune femme qui veillait sur elle. Peu à Peu, les brumes de l'inconscience se dissipaient. Plus Marniel racontait ce qu'il s'était passé les derniers jours, plus Halya semblait reprendre conscience des événements… dans une certaine mesure. Tout cela lui paraissait un peu plus clair.

-Et Neraën ? Je me souviens… Je suis allé le voir…

-Pourquoi es-tu allé le voir ?

Après tout la guerrière avait plusieurs fois filé entre les doigts de ses gardiens, ce n'était pas la première fois et Marniel n'avait pas passé la nuit dans la tente. Quelques gardes étaient retrouvés assommés et Halya, inconsciente ou délirante, un peu plus loin.

-Je… je ne sais plus.
-Tu as du rêver.
-Comment faire la différence ?

Comme a chaque fois, les yeux de l'elfe des Citées tournaient à la terreur en arrivant à cette question.

-Tu ne peux pas toujours le faire seule. C'est normal. Ne t'en inquiète pas.
-J'ai attaqué quelqu'un?
-ce n'est pas important. Il faut que tu te repose.
-J'ai attaqué quelqu'un, oui ou non ?
-Oui.
-Il est mort ?
-Non.

Seulement dans le coma depuis dix jours a cause d'un manque de sang énorme et d'une privation de sang au niveau du cerveau pendant plusieurs minutes… Ce n'était pas un mensonge à strictement parlé. Halya se figea subitement et fixa un point précis sur sa gauche comme cela lui arrivait parfois. Elle eut un mouvement de recule. Une succession de paroles incohérentes et une crise de larme obligèrent la guérisseuse à la ceinturer le temps qu'elle se calme un peu.

-Il faut que tu dormes, Protectrice.
-J'ai mal…
-Dort. C'est le seul moyen de récupérer pour l'instant. Nous travaillons à comprendre ce qui t'arrive.

Marniel apporta a sa patiente une décoction bien plus forte avant de la remettre au lit. Sa mission en attendant que les infirmeries se désemplisses et que tous aient plus de temps à consacré aux problèmes les plus épineux, étant de faire en sorte que le cas de la protectrice se stabilise après tout…






Hiel tournait comme un lion en cage devant la tente qu'il était sensé garder.

-Calme toi, l'herbe ne t'a rien fait tu sais ?
-ça va ! C'est pas cette bouillasse qui va m'en vouloir… Je ne comprend pas c'est tout !
-Quoi ? Tu ne comprends pas qu'elle soit devenue cinglée ? C'est triste mais ça arrive. Regarde le Capitaine Aranos. On finira tous comme ça si cette sale guerre continue de toute façon.

Le Limier fusilla son frère d'arme du regard. Non. Ce qu'il ne comprenait pas c'était le balais de guérisseur qui défilaient depuis une ennéade sans rien trouver. A part cette étrangère qui semblait capable de la calmer, il ne voyait sortir de là que des mines sombres et des regards inquiets. Après avoir cuisiner pendant plusieurs heures un prêtre de Tari, le Voilé avait fini par avoué que même armé de toute sa magie, il n'avait pas réussit à aider la Protectrice à retrouver sa raison. La seule explication que le guerrier avait retenue était bien loin de toute théorie arcanique. “ Elle est… absente. ” lui avait-on dit. OUI ! Certes ! Ca il avait pu le remarquer tout seul ! Et soudain, ils avaient cessé de venir.

Plus les jours avançaient, plus ils s'établissaient de nouveau dans Eraison pour en surveiller les voies d'accès souterraine et finir de sécuriser la zone, plus les cas de la Protectrice d'Ardamir et du Protecteur d'Eteniril paraissaient inquiétant. Avec les pièges, de nombreux soldats avaient été magiquement blessés… mais là il y avait quelque chose de plus. C'était à n'en pas douter.

Prit dans le sac de nœud de ses pensées, Hiel du se remettre au garde-à-vous pour l'arrivé d'un duo pour le moins atypique… Encore un. Un soigneur au tablier taché et un Voilé à la tenue impeccable demandaient l'accès. Son frère de galère demanda leurs noms et les laissa passer. Mais le premier avait à peine mis un pied à l'intérieur qu'il se retourna les yeux exorbités.

-Il n'y a personne !
-Hiel. Va trouver la Noss, je commence à fouiller. Elle ne doit pas être loin. Elle s'est déjà enfuit, on l'a retrouvée allongé à côté d'un blessé à deux pas. Elle brayait qu'il devait pas mourir seul. Ajouta le garde avec un rire sans joie dans la voix.

Toute cette histoire les mettaient sur les dents… Il y avait bien trop de coïncidences. Une demie heure après qu'on ait réussit à mettre de nouveau la Protectrice sous sédatif, le soldat avait rejoint Tari.




Disparue. En une heure ils n'avaient pas trouvé une seule trace de la Protectrice ou de la guérisseuse Noss. Parmi ceux qui étaient au courant, on murmurait déjà qu'elle s'était sauvée dans les bois, l'esprit définitivement brisé.

Et même Hiel commençait à se demander si les rumeurs n'avaient pas raison.

Estiam:

Nera:

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MessageSujet: Re: Lucidité | Libre   Lucidité | Libre I_icon_minitimeDim 15 Mai 2016 - 19:41


Quelques temps après la disparition de Halya
Quelque part en retrait de la ligne de front.

« Gardien ! »

Apparaissant à peine entre les broussailles, Marniel posa un genoux en terre devant l'arbre qui dans les branches duquel elle avait aperçu Voronwë.  Enfin … Elle le trouvait enfin. Suivre la trace des combats avait été facile… Et les troncs calcinés avaient plantés une lame de plus dans le cœur de la jeune femme… Mais elle était enfin arrivé à bon port, auprès des siens. Ceux pour qui elle avait accepter d'être prise en otage par une elfe de pierre…

Tête baissée, elle attendit que le Gardien arrive a sa hauteur.

« Je viens d'arriver d'Eraison. La ville des Citadins a été reprise, de nombreux clans ont participé. »

D'un geste fluide, elle dégaina un couteau et le planta dans la terre devant elle avant de se relever. Ses yeux d'or se plantèrent sans retenu dans les siens. Un frisson lui parcouru l'échine mais elle refusa de se détourner.

«  Cabrodir est mort. »

Il était mort en respectant son serment. Mort en sauvant un citadin qui n'était même pas celle qu'il était sensé protéger… Mort en résistant à une armée d'ombres immondes crées par les drows. Mort en combattant un sorcier puissant. Mais mort tout de même. Et elle n'avait rien put rapporter d'autre que son couteau… Une soif de vengeance lui retournait l'estomac… et elle allait enfin être assouvie !

Elle jeta plusieurs coups d'oeil alentours, peu assurée. Pour la première fois de sa vie, son sang la poussait à prendre les armes au lieu de rester en arrière pour éviter la mort aux guerriers de son clan. Elle voulait faire couler le sang de leurs agresseurs… et n'avait aucune confiance envers les elfes de pierres… contrairement à ce fou de Cabrodir.

« Je vous en prie, Gardien, il faut que vous me suiviez. Maintenant. »


Elle semblait à cran et sa voix était pressante. S'il y avait un elfe alentour, qu'il soit des leurs ou l'un de ces citadins, elle ne voulait pas en parler ici. Elle voulait que le Gardien puisse voir de ses yeux et jauger lui-même de sa loyauté et de son courage. S'étant assuré qu'il la suivrait et refusant catégoriquement de parler tout en s'excusant à mainte reprises, elle s'enfonça rapidement dans la forêt dense.

Au bout de leur course, elle s'immobilisa et  se glissa vers un arbre énorme dont out un côté était bordé de houx. De l'autre, une plante basse aux feuilles larges et denses bordait son pied, cachait ses épaisses racines et faisait comme un rempare entre lui et son voisin le plus proche. Avec précaution, elle se glissa derrière la barrière naturelle et en écarta une bonne partie pour  inviter le Gardien a voir de ses yeux ce qui se trouvait derrière.

Au pied du géant de bois, une femme gisait. Le teint blanchâtre, totalement immobile, même déceler une respiration était impossible. Elle ne portait ni chaussure ni armure. Sa tunique longue avait du être blanche dans un lointain passé et ses braises ne semblaient pas spécialement à sa taille, comme si elle avait perdu rapidement du poids. Ses mains marbrées de cicatrices et d'entailles fraîches étaient entravées par une épaisse tresse de lierre et un bâillon du même acabit distendaient ses lèvres asséchées au point de les craqueler. Ses pieds étaient sérieusement abîmés mais pas autant qu'ils auraient du l'être si elle avait marché plusieurs jours pied nus.

La figure de cette femme était pâle comme la mort, presque marbrée de bleue, ses yeux cernés de noir et les traces de terre et de poussière qui maculaient ses joues n'amélioraient rien. Tranchant sur le roux flamboyant des cheveux qui lui flattaient les épaules, la Protectrice d'Ardamir semblait plus morte que vive.

« Elle est sous l'influence d'une drogue de ma composition mais elle entend tout ce qui se passe autour d'elle. Elle est a vous, Gardien. »
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MessageSujet: Re: Lucidité | Libre   Lucidité | Libre I_icon_minitimeDim 15 Mai 2016 - 20:36

ATTENTION:

La main du Gardien caressa la joue de sa vassale guérisseuse. Ce visage, si familier, lui paraissait si irréel dans les brumes dont il peinait à émerger depuis quelques jours. Une brume rouge vermeille, avec un goût qui collait au palais, envahissait les narines, emplissait l'esprit. La douce mélopée de la femme lui rappelait des souvenirs lointains, des mémoires où il n'était pas encore une bête dans un corps d'elfe, où son clan ne s'était pas profané en buvant la rosée des cadavres qui naissaient à travers les arbres comme d'innombrables coquelicots sauvages.

Cabrodir... Ce nom lui disait quelque chose. Autrefois il avait dû être un combattant, un guerrier à son service. Un être admirable et dévoué, sans le moindre doute. A présent, il n'était qu'un mot parmi tant d'autres, si distant, si loin. Il n'avait pas pu être des Prédateurs, des Elfes Rouges. De ceux que Voronwë était devenu, avec les siens, dans le vacarme des combats et la haine du Baar'Ane. Il n'avait pas entendu la Symphonie Révélée. Le Chant du Carnage.


-"J'entends et je comprends. Il sera honoré et regretté par la Noss. Puisse ses louanges être chantées cent cycles durant."

Après quoi il se dirigea à travers l'épais brouillard dans une direction quelconque, mené par la voix et la main de la guérisseuse, vers une cachette sylvaine que nul n'aurait pu voir si l'on ne l'avait indiqué. Cette forme adossée à l'arbre ne lui parut rien, ne révéla en lui aucun sentiment particulier. Puis des tâches couleur feu se dégagèrent de la cécité partielle, puis peu à peu un corps, un rappel, un souvenir, une douleur, une colère.

-"Tu as bien agis, membre de ma Noss. Viens à présent, ta récompense t'attend."

Il se pencha à son oreille et laissa une étrange voix susurrer des mots, des lettres et des noms impensables pour un esprit elfe, humain, ou nain. Une succession de syllabes si imprononçables, qu'on en doutait même qu'une gorge ait pu les produire et chaque son se gravait dans l'âme de celui qui l'entendait, ouvrant grand les portes de sa déchéance et de ses plus basses cruautés.

-"Snagiss varthagh! Knwoaeals slavsisnon."

Et il regarda la guérisseuse partir, les mains tremblantes, des larmes aux yeux, se mordant les lèvres de fureur.
Lui se retourna vers la Protectrice.


-"Dame Yasairava... Vous m'avez tant manqué. Nos chemins étaient destinés à se recroiser dans des circonstances... Favorables."

-"Elle en sait trop, elle ne doit pas survivre."

Il se dirigea vers elle et s'agenouilla à sa hauteur, prenant le visage fin entre ses mains.

-"Enfin, vous m'appartenez, nous pouvons être ensemble pour toute l'éternité..."

Voronwë rapprocha ensuite son visage et attrapa les lèvres bleutées de la Protectrice, dont le visage cadavérique n'offrait plus aucune émotion. Longuement, il prolongea l'instant, goûtant tous les recoins de la bouche de sa bien aimée avec ses papilles. Finalement, il chercha du bout des dents la langue de la jeune elfe et en coupa un bout de ses incisives. Le sang coula dans leurs bouches. Quand il s'en retira, il pencha la tête de sa victime vers l'avant pour éviter qu'elle ne s'étouffe avec le terrible liquide et afficha le sourire de l'amant satisfait.

-"Ce baiser était le meilleur fruit que la Déesse m'ait jamais permis de prendre. C'est un véritable blasphème que de laisser des inférieurs en profiter."

Doucement il remonta sa main tout au long des vêtements légers de la Dame, cherchant un point sensible. Au niveau de l'estomac, il y avait une faiblesse. Il devait se souvenir... Là était le foie, là était l'estomac... Ce ne devait pas être trop rapide.
Sa dague transperça la chair sensible alors que Voronwë maintenait les yeux vides de la Protectrice dans une fixation de son regard où brillait une colère folle.


-"Nous serons ensemble, je vous l'ai promis. La Prophétie doit se réaliser. Si nous ne pouvons abattre le Baar'Ane... Nous devons embrasser sa cause. Nous châtierons les citoyens..."

La lame de Cabrodir fora plus profondément entre les organes et les os, finissant par faire réagir la blessée. Ses hoquets de surprise et de douleurs étaient pratiquement inaudibles tant la dose de drogue avalée était forte. La suite n'en serait que plus amusante.

-"Ensemble... Ensemble... A deux, à trois... Oui, à trois... Le Masculin, le Féminin et l'Esprit Bestial..."

-"Amène-la moi. Achève ce que tu as commencé."

L'arme fût retirée des entrailles de la pauvre enfant. Les mains du guerrier, rouge de sang, se dirigèrent vers sa gorge et son cœur.

-"Je vous avais dit, nous devons nous unir..."

-"Le rituel, Voronwë, le rituel. Du cœur pour le Grand Dévoreur."

Le couteau ouvrit lentement la chair de la demoiselle, dont les derniers gargouillis, sortes de sons gluants, peinaient à échapper à une gorge trop petite pour toute la douleur qu'elle avait à hurler. Le métal de l'arme épousait la chair qu'il découpait avec une sensualité quasi-artistique, entre deux jets d'un sang de gourmet, le Gardien se demanda s'il ne le faisait pas trop vite.
Alors, avec une infinie douceur, il attrapa les parois du torse tranchée et les écarta dans un mouvement théatral, arrachant la dernière once de vie du semblant d'être qu'il maltraitait. Pris d'une ferveur démoniaque, il s'écria:


-"Je suis Anaëh! La forêt est à moi!"

Alors, inspiré par une fureur bestiale insufflée par une créature qui n'avait que dégoût pour tout ce qui était bon et bien sur cette terre, il dégagea la chair et les os bloquant l'accès à l'organe sacré.

-"A moi! A moi! A moi! A moi! A moi! A MOI! A MOI! A MOI!"

Comme une hyène devant un cadavre putréfié, il se jeta sur le cœur encore battant et mordit dedans à grande bouchée, se relevant pour terminer son œuvre macabre à mesure qu'il engloutissait la chair en souillant le sol sacré de la forêt.

Ensuite ses yeux contemplèrent la carcasse défigurée de celle qu'il avait un jour aimé. Il eut alors une exclamation fière.


-"Comme la Prophétie l'annonçait... Nous ne sommes plus qu'un!"

Alors il leva le poing vers le ciel, laissant se déchaîner tout le pouvoir du Baar'Ane sur la Symphonie, toute la puissance d'un monstre plurimillénaire destiné à anéantir le monde comme chacun l'avait connu.

-"A la Symphonie, aux Ëalas, aux elfes. A partir de cet instant je suis votre seigneur et maître. Que vous me satisfassiez par votre servitude ou par votre mort ne représente que peu de différence à mes yeux."


Dernière édition par Voronwë le Mar 17 Mai 2016 - 21:59, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Lucidité | Libre   Lucidité | Libre I_icon_minitimeMar 17 Mai 2016 - 21:12

Un hurlement de terreur et de souffrance déchira la nuit.

Halya tomba a genoux, les bras collés au corps, sans arriver a cesser de crier. Sa poitrine déchirée. Son cœur dévoré. Sa langue tranchée. Le regard fou d'un prédateur. La vie quittant lentement son corps sans qu'un seul son ne puisse passé ses lèvres. Elle ne pensait pas qu'une telle douleur pouvait exister en ce monde.

Recroquevillée sur le sol de la forêt, les images, les sons, les sensations s'estompaient. Elle avait encore le goût du sang dans la bouche, la voix du chef des Baar'Ane dans l'oreille.

Une fois de plus, son esprit lui avait jouer des tours. Il n'y avait pas d'autre explication… Mais… Non. Sinon elle ne serait pas encore en vie… Un rêve. Rien de plus…

Ses nerfs mirent plusieurs minutes pour arrêter de hurler.

« K… ÿria…  »

Cela n'était pas un rêve. Cela ne pouvait pas être un rêve. Pas SEULEMENT un rêve !

« Mère ! Maurquimellë ! Pitié ! Pitié… Si tu veux m'envoyer un message fait le MAIS ARRETE DE ME TORTURER ! PITIE… pitié……   »

Elle frappait la terre comme une forcenée jusqu'à ce que les forces lui manquent. Chaque mouvement lui faisait mal mais elle n'avait pas d'autre moyen d'extérioriser.

« Pitié… Ne me laissez pas ainsi… Expliquez moi… Ne serait-ce qu'un signe… »

La voix de Marniel murmurait encore…. « Elle est a vous, Gardien. » Elle ferma les yeux à s'en fendre les paupières, murmurant pour elle des prières à Kÿria que son père affectionnait tant, des odes à la Secrète et à la Paisible que sa mère chantait face au vent.

« Protectrice ! »

Une main se referma sur son épaule. Halya se retourna d'un bloc.

Le visage de Marniel s'imposa à elle.

«  Elle est a vous, Gardien »

Elle dégagea son bras et se traîna en arrière sans quitter la Noss des yeux.

« Toi… »

La douleur se réveilla dans sa poitrine. Derrière la guérisseuse, une ombre noire, énorme. Ses yeux jaunes étaient fixés sur les deux elfes. Ses crocs étaient apparent. Il grogna.  Avança d'un pas dans la direction de l'elfe des Noss.

Les yeux d'or de Marniel étaient plongés dans ceux de la Protectrice. D'un sérieux absolu comme toujours.

« Qu'est-ce que je fais là ?
- Tu t'es enfuie, Protectrice. Tu te rappelles du combat contre les ombres ?
- Oui. »

La réponse assurée de l'elfe des Cités sembla troubler légèrement la guérisseuse. Mais cela ne devait être que parce qu'Halya ne répondait jamais aussi franche…

- Et tu te souviens de l'homme que tu as attaqué ?
- … Oui…

Le souvenir de la peur qui l'avait prise au moment d'apprendre que Randil avait été abandonné, la douleur et la terreur quand son esprit avait été brutalement attaqué, tout cela était encore vivace.

- Depuis, tu as des absences et des moments de folie pure. Tu essaie souvent de te sauver et aujourd'hui tu as réussi. C'est la troisième fois.


Sa tête lui faisait mal. Elle était incapable de mettre un ordre sur ses souvenirs. Ils avaient tous l'air vrai. Elle avait vécu tout cela. Tout…

Sa main serra sa tunique à l'emplacement ou Voronwë l'avait frappé la première fois pendant que ses yeux sondaient les iris glaciales de la guérisseuse.

« Pourquoi est-ce que tu t'occupe de moi ?
-Parce que j'en ai fait le serment.
-Tu as fait le serment de me protéger… Parce que je gardai ton chef prisonnier… Parce qu'il… sa voix se noua.

Parce qu'il avait essayé de l'abattre ? Il avait même réussi. A cause de cette femme… Non il n'avait pas réussit. Elle l'avait… Imaginé… Elle l'avait senti… Elle ferma de nouveau les yeux. Non. Ça n'était pas réel. Si ? Non. Sinon elle serait morte. Sa main se crispa davantage. C'était son esprit qui lui jouait des tours… La Secrète se jouait d'elle… La…

Elle ouvrit grand les yeux.

L'évidence lui apparut enfin.

Elle se souvenait du premier jour. Elle se souvenait de tout… Mais tout était embrouillé. Tout était flou, mélanger. Tout. Depuis que Marniel apparaissait dans chacun de ses souvenir.

Elle se tourna doucement vers la guérisseuse. A son côté, l'outre à laquelle elle faisait boire la Protectrice. A laquelle pas une fois elle n'avait utilisée pour elle même. Halya déglutit. Sa langue pâteuse était toujours emplit du goût acre de son propre sang.

Marniel avança d'un pas.

- Il faut que tu ren…
-N'approche pas !

Halya frappa de toute ses maigres forces la main qui se tendait vers elle. Marniel s'accroupit près d'elle et s'empara de la gourde qu'elle avait en bandoulière. D'un coup de dent, elle en fit sauter le bouchon.

-Bois. Ça te fera du bien.

Les yeux vrillés dans ceux de la Noss, elle accepta l'outre. Doucement, elle l'approcha de ses lèvres… Et la balança soudain sur le côté en se levant d'un bond pour s'enfuir. Du moins elle essaya.

Ses jambes affaiblies se dérobèrent lorsque une poigne de fer se referma sur son poignet. Par pur réflexe, elle réussit à tirer suffisamment fort pour emporter Marniel avec elle. Les deux femmes roulèrent, se heurtant à un paquet de ronce. La Noss voulut crier, Halya lui envoya un coup dans l'estomac. Mais après à peine quelques secondes, la citadine fut trop fatiguée pour se débattre. Même l'adrénaline ne lui donnait pas les forces suffisantes. Ses muscles étaient tous engourdis.

Halya se débattait faiblement, entièrement sous l'emprise de la guérisseuse lorsque trois silhouettes se penchèrent sur elles. Elle était tellement épuisée que des étoiles noires dansaient devant ses yeux.

-Il faut la ramener a votre camp. Elle délire.
-Non ! Lâchez moi !
-Je vais préparer ses remèdes. Faites en sorte qu'elle n'étripe personne…
-Elle veux me tuer !!

Enfin, Halya s'aperçut que les deux hommes qui la soutenaient portaient les couleurs d'Ardamir. Ils avaient l'air tendus… Les regards qu'ils portaient sur elle étaient a la fois empreint d'une grande pitié et d'une certaine… peur… Des visages qu'elle confondaient avec d'autres… Mais celui-ci…

« Hiel… »

Elle se souvenait très clairement de lui… Elle l'avait choisit pour que Cabrodir se sente moins exclus. Ils étaient ensemble à Alëandir… Il était la contre le drow…

Alors que les deux hommes la tenait fermement pour la traîner de force vers le campement, elle se débattit une dernière fois avec l'énergie du désespoir, tournant et retournant pour croiser le regard de Hiel.

« Elle m'empoisonne. L'Outre ! Je t'en prie ! L'Outre ! Crois moi par pitié ! Il faut me croire ! »

Hiel la regarda s'éloigner, traînée vers le camps, sans bouger. Il ferma les yeux une seconde, comme pour chasser cette image de son esprit. Le Protectrice avait perdu l'esprit…

De son côté, Marniel ramassa son outre presque vide avec une moue agacée.

« Il va me falloir du temps. Soyez la pour elle, elle a l'air de vous faire confiance. »




Hiel se laissai tomber sur sa paillasse avec un immense soupire. Ils avaient enfin retrouvé la Protectrice après sa plus longue escapade : 30heures. Depuis, elle refusait tout traitement, tout remède, toute nourriture, et ne buvait que le stricte nécessaire. Elle n'avait plus tenté de se sauver. Elle était de plus en plus faible alors même elle devait se rendre compte qu'elle ne pourrait pas aller bien loin… Elle suivait toutes les autres consignes, obéissait à n'importe quel ordre, se montrait docile comme jamais… Mais parfois, lorsque la fièvre remontait, ils n'avaient d'autre choix que de lui faire prendre des remèdes de force.

Et la seule chose qu'elle s'obstinait à répéter à qui voulait l'entendre, était que la guérisseuse Noss de sa suite voulait la tuer.  Que la Secrète lui avait fait comprendre… Et cela gênait le Limier. La Protectrice n'était pas personne a prendre à la légère les dieux et les Ëalas… Alors son esprit était-il définitivement brisé ou cette femme qui s'était occupée d'elle avait tant d'abnégation voulait-elle réellement lui faire du mal ?

Avec un long soupire, le militaire s'empara de sa couverture et s'enfouit la tête dessous.

Il devait arrêter de se torturer et dormir.


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