Chevaucher pour mieux se connaître. | Guillaume de Clairssac. [Terminé]

Fin de matinée de la 4ème journée de la 1er ennéade de Karfïas, an 9 du 11ème cycle.

La fin de la matinée approchait et elle aurait bien rejoint son lit, rattrapée par la fatigue qu’elle avait accumulée cette nuit. Mais cela lui était impossible. La révélation de son premier souvenir n’a fait que redoubler l’envie qu’elle ressentait d’approfondir ses recherches.

Elle se rendit donc aux écuries, après avoir fait un tour dans les cuisines du palais. Habillée d’une robe ample et légère, elle pourrait aisément chevaucher. Malheureusement, Kaya ne l’avait pas accompagnée à Serramire pour la simple -et bonne- raison qu’elle était pleine. Ce serait donc sur le dos d’un étalon à la robe brunâtre que Maélyne quitta les écuries. La jeune femme tenait également un deuxième cheval scellé qu’elle comptait bien tenter d’imposer à un certain homme qui lui était promis en épousailles.

Remontant l’une des allées principales, elle tomba bien vite sur celui qu’elle cherchait. Il n’était pas seul mais cela n’empêcherait en rien Maélyne de venir le déranger. « Messires. » Dit-elle dans un premier temps, saluant le petit groupe qui s’était formé autour de Guillaume. « Je suis venu quérir Messire de Clairssac. » Elle fit une légère pause, posant son regard dans celui de l’homme à qui elle s’adressait. « Me feriez-vous l’honneur de chevaucher avec moi ? » Elle attendit patiemment sa réponse, mais ne put s’empêcher d’ajouter : « votre fiancée a besoin de prendre l’air » utilisant un ton taquin tout en affichant un sourire.

Guillaume était venu aux côtés de son frère, Jérôme à ces festivités, invités par le suzerains les deux hommes avaient eu vent de l'avenir de Maélyne de Lourmel, bien des jours de cela, et depuis le triste évènement, Guillaume n'avait cessé de redouter cette rencontre, autant car il ne savait comment elle le prendrait, autant car il craignait qu'elle ne soit plus réellement comme il l'avait rencontrée, la mort de sa fille ayant du la dévaster, et n'ayant pas réellement laissé de marbre son fiancé.

Oui, Guillaume avait appris tout cela par missive. Il avait été sur le cul, littéralement, effaré, retourné. Il avait voulu rendre visite à la dame, bien plus tôt, mais ses devoirs à Etherna l'avait poussés à rester là, s'afférant à prendre des nouvelles de la dame chaque jours par missives.. Autant sa perte aurait été un préjudice pour sa famille, autant il avait bien compris que celle-ci était une proche amie de son frère, et ainsi de LEURS famille. Elle était importante, et il ne pouvait nier qu'il l'appréciait. Finir avec une femme qui aurait pu en être tout l'opposé l'inquiétait. Et puis, il ne lui souhaitait en aucun cas les malheurs qui venaient de lui tomber dessus.

Alors que les festivités avaient débutés, qu'ils se trouvaient tous à Serramire, à boire du vin, discutailler, et compter leurs histoires de batailles pour la plupart, Guillaume discutait avec quelques hommes du Nord, afin de voir à lier des alliances fortuites dans le futur, ou bien même pour améliorer les relations qu'entretenait sa famille avec les différents Nobles de la Péninsule. Jouant aussi bien de son éloquence que de sa lame, la conversation s'était étalée, et il n'avait pas remarqué le temps passer.

-Messires. Cette voix douce et agréable à ses oreilles le fit se retourner quelque peu inquiet, et surpris. Elle était venue ? Certainement une idée de sa cousine, la Dame de Laval, cela lui changerait probablement les idées.

Oh.. Il est bon de signaler quelque chose. La panique l'avait fais complêtement oublier un points crucial de tout ce qui s'était passé : Elle avait TOUT oublié. Il n'avait pas lu ce petit "post scriptum" pourtant souligné une vingtaine de fois, et écris d'une encre rouge extrêmement rare.

-Ma Dame, c'est un plaisir de vous voir. s'accordèrent-ils tous pour la plupart à faire entendre, Guillaume l'observant de haut en bas avec un certain soulagement. Elle allait bien, visiblement, quelque peu perdue mais.. Bien.

-Je suis venu quérir Messire de Clairssac.

Il ne put s'empêcher de sourire, lorsqu'elle plongea son regard dans le sien.

-Me feriez-vous l'honneur de chevaucher avec moi ? Elle sembla patienter, mais ne pu retenir une phrase qui n'eut que pour effet de le faire sourire d'autant plus, et de presser le pas. Elle était sa fiancée, c'était vrai, elle lui était agréable, aimable même, qu'aurait-il pu demander de plus ?

-Messieurs, vous me voyez bien embêté, mais ce que femme veut, les dieux veulent, je ne peux donc que me soustraire à vous, et vous souhaiter d'agréable festivités ! Fit-il, d'un air agréable tout en se retournant vers la Dame de Lourmel, lui affichant un sourire calme et apaisé. Ma Dame, c'est avec un grand plaisir que je m'en irais vous accompagner.

Il vint glisser sa main vers la sienne, la ramenant vers sa hauteur tout en s'inclinant, venant déposer un baiser sur celle-ci. Il lui tendit son bras, qu'elle n'hésita pas à saisir.

-Je suis bien heureux que de vous voir si souriante, toute ces nouvelles m'ont inquiété au delà de toute mesures, et je vous en prie de m'excuser de ne pas m'être mis à votre disposition.. Tout cela.. Etherna avait besoin que je sois présent, et je n'aurais pu me soustraire à mon devoir, pas même pour ma Famille. C'était un fait. Elle serait de sa famille, belle soeur de Jérôme, ainsi que de sa propre Soeur. Ma foi, cette balade ne nous fera que le plus grand bien. Il s'était décidé a la suivre, faisant bien confiance à celle-ci quand à la balade qu'elle semblait avoir prévue dans les moindres détails... Et cela en passant par un canasson, qui n'était pas le sien.

Ses cheveux étaient d’un blond doré et ses traits ciselé lui rappelait ceux de Jérôme. A cela, on pouvait ajouter des yeux d’un bleu saphir dans lesquelles Maélyne se perdit un instant lorsqu’ils croisèrent leurs regard. Ses lèvres étaient d’une douceur appréciable lorsque celles-ci vinrent frôler la paume de sa main. Elle ne put que lui sourire en retour. Il n’hésita pas à aborder le sujet qui fâche directement, après tout, il avait bien raison. Autant ne pas trainer cette histoire en longueur, pour qu’ils puissent, ensemble, passer à autre chose.

« Allons ne vous excusez pas, je comprends tout à fait. Et puis, j’étais tout de même bien entourée, ne vous faites donc plus de mauvais sang. » Lui dit-elle alors qu’il grimpait sur le cheval qu’elle lui avait préparé, non sans tirer une moue ironique. C’était difficile, et sans doute jouait elle un peu la comédie pour atténuer son sentiment par rapport aux derniers évènements. On lui avait raconté des horreurs mais elle n’en avait aucun souvenir, on aurait pu lui lire un conte que cela aurait eu le même effet. Non ce qui blessait surtout la Dame c’était d’avoir perdue toute identité, tout souvenir, d’être née adulte, dans un corps qui avait déjà vécu pas mal de choses. Des réponses elle en voulait, mais ce n’était pas le jour ni le moment pour les avoir. Maélyne voulait juste profiter d’une agréable compagnie.

« Et puis, j’ose escompter qu’une fois nos vœux prononcés, vous accorderez un peu plus de temps à votre épouse. » Elle utilisa toujours le même ton taquin, affichant un sourire à pleine bouche. Mais elle était amer en réalité. Il fallait avouer qu’on s’était empressée de lui rappeler qu’elle était fiancée, mais, voulait elle encore réellement de ce mariage ? Le doute s’était imposé et cette balade serait sans doute le seul moyen en sa possession de prendre enfin une décision.

La jeune femme fit pivoter son cheval, elle qui le chevauchait telle une dame, puis, affichant un sourire en coin, elle lâche : « Lequel de nous deux est le plus rapide d’après-vous ? » Un rire vint franchir la barrière de ses lèvres avant de lancer son étalon au galop.

« Allons ne vous excusez pas, je comprends tout à fait. Et puis, j’étais tout de même bien entourée, ne vous faites donc plus de mauvais sang. » Glissa-t'elle, sous le regard de Guillaume, qui grimpait sur cet étalon qu'elle lui avait trouvé pour l'occasion. Ce n'était pas le sien, ce n'était pas son compagnon. Mais allons bon. Il était suffisamment bon cavalier pour ne pas s'en faire.

« Et puis, j’ose escompter qu’une fois nos vœux prononcés, vous accorderez un peu plus de temps à votre épouse. »Glissa-t'elle, toujours sur ce même ton taquin, qui vint lui arracher un sourire amusé, qui fut bien vite atténué par une vérité qui le frappa au visage. Elle n'était pas heureuse. Pas heureuse d'être là. Pas heureuse car elle avait perdue sa Fille. Perdre un enfant était contre nature, et Guillaume ne l'aurait pas même souhaité à son pire ennemi, aussi c'est avec un certain pincement au coeur, qu'il l'observa, en selle.

-Chaque seconde de libre vous sera accordé, ma Dame.Laissa-t'il échapper alors qu'elle se tournait vers lui.. Puis rajouta, surenchérit même. Et si aucune seconde ne pouvait être libre, je les libérerais.

Elle fit pivoter son animal, se dirigeant déjà vers la route qu'elle avait choisit pour la balade, avant de lui sortir, sans même lui donner le temps de réagir.

-Lequel de nous deux est le plus rapide, d'après-vous ? Elle ria, franchement, ce qui rajouta du baume au coeur de Guillaume. Il se targuait d'être bon cavalier, mais il ne connaissait pas sa bête, alors il apprendrait à la connaître sur le tas. Comme il le ferait avec elle. Elle avait déjà filée, au galop, pressée, son animal renâclait sous l'effort demandé par cette accélération soudaine.

Il ne lui laissa pas plus d'avance, élançant son cheval au galops, dans un "Yah" sonore, l'animal sembla enorgueillit par cet élan soudain, et ne tarda pas à galoper aussi vite que les vents s'écrasant sur les murs de Seram, il était qu'au moins sa monture en ait dans l'coffre, les pieds dans l'étrier, il l'avait élancé à pleine vitesse, rejoignant sa compagne de balade avec une difficulté présente tout de même, elle n'avait pas choisi le chemin le plus aisé, et quelques virages bien serrées durent être pris avec une certaine habileté, manquant par deux fois de l'envoyer dans le décor non sans un certain panache.

A sa hauteur, il se permit une boutade.

-Ma foi, Ma dame ! Il semblerait que ce n'soit pas vous ! La voyant alors redoubler d'efforts auprès de sa monture pour reprendre l'avantage. Ce qu'elle fit avec une certaine prestance qui ne manqua pas de faire rire aux éclats le Seigneur de Seram. Il s'attendait à une femme renfermée, malheureuse. Il la voyait au moins heureuse et dépenser son énergie dans une course folle avec son futur époux. Alors oui.. Il n'était pas si mal tombé. Du tout. Il vint flatter l'encollure de son étalon en pleine course, l'élançant avec plus de vigueur, redoublant d'efforts pour la rejoindre à hauteur.

-Je retire ce que j'ai dis ! Vous êtes très bonne cavalière !

-Ma foi, Ma dame ! Il semblerait que ce n'soit pas vous ! Il n’en fallait pas plus pour que Maélyne décide d’accélérer l’allure et de complexifier le parcours, tout en gardant un vaste sourire aux lèvres, riant parfois de la difficulté qu’elle lui imposait. Pourtant, elle devait se l’avouer, il n’était pas si mauvais que ça, malgré le canasson qu’elle lui avait imposé.

-Je retire ce que j'ai dit ! Vous êtes très bonne cavalière ! Se permet-il une fois qu’il l’ai rejoint. Elle se contenta de sourire, laissant leurs chevaux profiter de la course encore quelques instants. Puis, tirant légèrement sur ses rennes, son étalon se mit rapidement au trot puis au pas. « Je dois avouer que vous êtes également bon cavalier. Et pas des moindres. »

Ils s’étaient engouffrés dans la forêt adjacente au palais, l’air y était plus respirable et le soleil qui traversait les feuillus offrait un décor qui ne pouvait que ravir les yeux de la Dame. Ils suivaient une route de terre battue qui longeait quelque peu le lac Turqois. Restés silencieux un moment pour admirer ce qui s’offrait à eux, Maélyne tourna finalement la tête vers Guillaume. « Il semblerait que cette forêt se nomme le bois au loup, quelque chose me dit que nous ferions mieux de rester sur nos gardes. » Sans doute allait il se demander où elle l’avait emmené et vers quel danger ils se rendaient, mais au fond, elle ne faisait que plaisanter.

Un peu plus loin, une clairière se dessina entre la forêt et le lac, Maélyne s’y arrêta. « Nous pourrions éventuellement s’arrêter ici, je nous ai fait préparer de quoi nous sustenter. » Guillaume n’hésita pas un instant à accepter sa proposition. Etait-il poussé par la faim ou alors aimait il les idées de la Dame ? Qu’importe en réalité tant qu’il appréciait être à ses côtés, c’est tout ce qu’elle espérait.

Le régent était descendu de sa monture puis l’avait attaché à un arbre. Dans un geste de galanterie -caractéristique de chez les Clairssac, il fallait se l’avouer- il l’aida à descendre de sa monture. Ses mains sur sa taille alors que les siennes se tenaient sur ses bras, Maélyne sentit ses joues s’empourprer avant de se reculer légèrement, cachant l’état auquel elle faisait face, ne comprenant même pas pourquoi elle réagissait comme cela.

Attachant sa monture à son tour, elle prit soin d’ouvrir les différents sacs accrochés derrière la selle avant d’encombrer les bras du Seigneur. « Donc il y a ça, ça, ceci, encore ça, cela puis pour terminer ceci… » Elle riait de la situation, surtout lorsqu’elle croisa le regard de Guillaume. Maélyne se dirigea ensuite vers le bord de l’eau, où elle installa une simple couverture puis attendit que la boustifaille pointe le bout de son nez.

Alors qu'elle ralentissait sa bête, Guillaume fit de même, restant à son niveau, son regard posé sur elle, avec un sourire franc et certain.

« Je dois avouer que vous êtes également bon cavalier. Et pas des moindres. »

-Ce compliment ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd, ma Dame. Alors qu'ils s'avançaient dans cette forêt, à l'abris du soleil violent, et aux bordures du lac Turquois, Maélyne se décida à tourner la tête vers lui.

« Il semblerait que cette forêt se nomme le bois au loup, quelque chose me dit que nous ferions mieux de rester sur nos gardes. » Il observa son visage, un sourcil se haussant alors qu'il voyait un sourire taquin se noyer dans un visage des plus sérieux. Elle se fichait de lui, avec une pointe d'humour bien lourmellois, ce qui lui fit lâcher un léger rire.

-Baladons-nous alors, tant que le loup n'y est pas. Laissa-t'il passer entre ses lêvres, se rappelant rapidement une ancienne contine. Alors qu'ils rejoignaient déjà une clairière en bordure du lac, aux atours franchement agréables.

« Nous pourrions éventuellement s’arrêter ici, je nous ai fait préparer de quoi nous sustenter. »

-Ma foi, vous savez trouver les lieux plaisant aux regards, tout comme le sont vos atours. C'est avec plaisir que j'approuve votre décision. ce lieu est tout à fait plaisant. Permettez que je vous aide à descendre de votre monture. Disait-il déjà, alors qu'il la rejoignait à sa hauteur, aprés avoir rapidement attaché son cheval à un arbre. Il était bien heureux d'être aux côtés d'une dame si vivante, malgré tout ce qu'il avait appris. Il y avait quelque chose qui clochait, quelque chose qu'il n'avait pas assimilé... Avait-elle pris un coups sur la tête, quelque choses dans ces eaux-là ?

Mais alors qu'elle attachait sa monture à son tour, et qu'il se trouvait à ses côtés, flattant la bête qui, fallait l'avouer, avait une prestance certaine, elle prit soin d'ouvrir les différents sacs accrochés derrière la selle, avant de venir lui encombrer les bras aux furs et à mesures de ses paroles.
« Donc il y a ça, ça, ceci, encore ça, cela puis pour terminer ceci… »
Je ne vous raconte pas sa tête lorsqu'il compris que l'interminable colonne de mets se trouvait avachis dans ses bras et contre son torse, croisant le regard de la dame, qui se mit à rire, il ne put s'empêcher de la suivre dans un rire franc et agréable.

-Par les dieux, et vous m'avez ainsi devancée avec tant de chargement ? Votre bête est ma foi, forte en ses capacités. Il continua de rire légèrement. Bien, je vous suis, ma Dame.

Alors qu'elle se dirigeait déjà vers le bord de l'eau, Guillaume s'évertua à la suivre, avec tout ce qu'il portait dans ses bras, à la manière d'un pingouin des plus ridicules. Du moins, lui se trouvait-il ridicule. Il parvint miraculeusement à atteindre la couverture étalée au sol sans se casser le nez, et eut même le droit au "rire" de la bête l'ayant portée jusque là.

Pour parler d'un coups a l'honneur, je dois vous avouer qu'il ne put s'empêcher de regarder la bête d'un air vindicatif... avant de croiser le regard de la dame et de rire, alors qu'il étalait la nourriture sur la nappe, sans la faire tomber en quoi que ce soit..

-Ma dame... Je dois avouer que me trouver a vos côtés, m'est fort agréable.. J'espère en tout les cas, que cela est la même chose pour vous. Je sais que ce mariage.. Peut vous paraître... Enfin... Je me rappel ce que je vous avais dis lorsque nous nous sommes rencontrés pour la première fois, et vous m'en voyez encore navrée.. C'était peu agréable de ma part.

Il faisait en sommes toute, référence à cette bourde qu'il avait laisser poindre lors de son "sommeil", légèrement épris par ses propres émotions à l'instant même.

-J'espère tout du moins, que nous nous sommes quitter en bons termes. Je trouves charmant cette attention que vous avez eu. Faire cette balade.. Se libérer des apparences avec les autres Nobles du royaumes.. Je vous en remercie, ce n'est pas réellement ma tasse de thé. Il lui sourit légèrement, avant de sembler un peu pensif. Ma Dame... J'ai tout de même une question.. Avec tout ce que j'ai appris, tout... Ce qui vous est arrivé.. Je... Je ne m'attendais pas à vous retrouver dans une joie pareille. Vous me voyez des plus heureux de vous voir capable de vous redresser ainsi. Mais.. J'ai bien peur d'avoir rater quelque chose dans la missive que j'ai reçu faisant part de votre état.

Il disait cela maladroitement, et s'attendait réellement à ce qu'elle lui fasse claquer quelque chose au visage, et pourtant.. Elle lui fit part de ce qui l'accablait, avec une facilité presque déconcertante, et ce sans l’assommer...

-Par mes aïeux... Vous... Il posa une main sur son front. Mais quel imbécile je fais. J'étais si inquiet de votre état, que je n'ai pas fais attention à ce post-scriptum. J'avais demandé à ce que l'on apprête ma monture, mais ce sont mes conseillers qui m'ont ... Retenus dirons-nous..

Il posa son regard sur elle.

-Donc.. Je suis encore un étranger à vos yeux ? Bon sang.. Et moi qui aurait pu prendre cette occasion pour paraître un peu moins idiots à vos yeux. J'ai encore bien louper cela. Il rit alors, très légèrement, en la regardant, souriant doucement. En tout cas... Je ne peux nier que vous êtes ravissante aujourd'hui, comme la foi où nous nous étions rencontrés pour la première fois. Et pourtant, vous vous étiez évanouie dans le hall . Il sourit légèrement. Vous m'avez fais une de ces peurs bleue... Et pourtant, quelques heures plus tard, après un bon repos, vous vous étiez présentée dans le grand salon, vêtue d'atours des plus mirifique.

Il ne put s'empêcher de détourner un instant le regard, observant le Lac.

- Vous savez en tout cas, préparer des balades bien agréable.. Et surtout offrir une compagnie des plus plaisante.

Figée. Elle était littéralement figée. Venait-elle d’inviter son fiancé à une balade, lui qui ne connaissait même pas l’état dans lequel elle se trouvait ? Elle n’arrivait pas à y croire. Complètement noyée par le flot de paroles qu’il venait de déverser sur elle.

« Quoi ? Attendez… Non… Attendez, je me suis évanouie ? Comment ça ? Et… Non vous n’êtes pas idiot, bien sûr que non ! »

Prononcé sur un débit plutôt rapide, il avait donné tant d’informations qu’elle arrivait à peine à les analyser.

« Bon par contre, vous êtes un Clairssac sans nulle doute ! Vous parlez autant que votre frère. » Un rire taquin vint égayer leurs conversation puis, en reprenant son sérieux après avoir répartit les quelques vivres sur la couverture.

« Reprenons, voulez-vous ? Donc… Nous nous sommes déjà rencontrés. Et je me suis évanouie, c’est bien cela ? Votre sourire aura sans doute eu raison de moi. » Lui dit-elle, affichant un léger sourire en coin. De ses mains, elle agrippa le pain pour en couper plusieurs morceaux, invitant Guillaume à s’occuper de la viande. « Je vous en prie Guillaume, racontez-moi tout ce qui s’est passé. »

Avez-vous déjà vu une personne figée par un basilic ? Hé bien Guillaume peut dorénavant s'en vanter.. Sisi, une véritable statue la Dame de Lourmel, pas déplaisante à regarder, et cet air surpris et choqué donnait un côté presque mignon à la dame.

« Quoi ? Attendez… Non… Attendez, je me suis évanouie ? Comment ça ? Et… Non vous n’êtes pas idiot, bien sûr que non ! »

- Hé bien...Je... Oui, vous vous êtes même évanouie à votre arrivée même au Castel... Le valet était dénue, il vous tenait dans ses bras, l'air déconfit, comprenant pas ce qui s'passait, et lorsque je suis arrivé, légèrement paniqué, je l'ai envoyé chercher les médecins et j-... Il s'arrêta l'observant avant de passer sa main sur sa nuque, encore un peu et il repartait dans un flots de paroles incessantes... Désolé, je m'emportes...

« Bon par contre, vous êtes un Clairssac sans nulle doute ! Vous parlez autant que votre frère. » Le rire taquin qu'elle laissa échapper de sa gorge le fit sourire légèrement, et souffler d'aise... L'anxiété s'était emparée de lui, l'avait tendu.. A vraie dire, il se sentait très... Con, oui c'est le mot, con, de ne pas s'être tenu au courant de l'état de sa promise. L'air légèrement honteux, il redressa la tête, lui souriant légèrement..

« Reprenons, voulez-vous ? Donc… Nous nous sommes déjà rencontrés. Et je me suis évanouie, c’est bien cela ? Votre sourire aura sans doute eu raison de moi. » Elle lui affichait un léger sourire en coin, faisant le miroir, il extirpa le même, amusé par cet instant plus que cocasse, presque irréel... Bon sang... Dans quoi s'était-il fourré à s'être comporté ainsi ? « Je vous en prie Guillaume, racontez-moi tout ce qui s’est passé. »

Il lui sourit, agréable, Amusé aussi... Il vient glisser sa main vers un couteau sur le draps, s'emparant du paté de viande, déposait dans un boc en terre cuite, d'une main habituée il vient trancher la viande, calmement, offrant à la dame de la servir, avant de penser à lui.

Et... Il se met donc à tout lui conter... Chaque instant, avec le plus de précision dont il était lui même capable.. Il lui faisait part de ses bourdes, en honnête homme, s'excusait encore, maintes fois, et glissait quelques compliments.. Sur sa droiture, sa beauté, son intelligence, sa verve, sa réaction.

-J'aurais tellement souhaité que cela puisse être mon sourire... Mais j'en doutes fort, Ma dame...

Ils mangeaient donc tandis qu'il expliquait, une soirée entière en seulement quelques heures de parlotes, car oui... Contrairement à ce qu'il aurait pu croire, le temps s'était... Rapidement écoulés, le ciel avait légèrement déclinés, et l'ombre des arbres alentours venait maintenant frôler son dos.

-Et donc...Nous venions de conclure le mariage... Vous êtes ensuite repartie assez... Rapidement, vous avez demandé à être raccompagnée à votre chambre et nous ne nous sommes plus revus... Mes affaires m'ont occupées, et ... Et vous n'étiez pas réellement disposée à me voir. J'ai premièrement cru... Que vous ne m'appréciez guère plus que cela, il faut dire que je n'avais pas réellement fait bonne impression mais.. Si je peux, avec votre permission bien entendue, tenter d'une quelconque manière de me racheter à vos yeux... Alors faîtes m'en part. J'y tiens réellement.

La Dame resta un instant silencieuse. Tant de détails… tout ça pour quoi ? Un mariage arrangé ? Mais qu’avait-elle donc pensé au fond ? Cela ne pouvait qu’être que ça, après tout. « Et donc… un mariage arrangé… rapprochant ainsi nos deux familles… Forcément… » Chuchota-t-elle pour se parler à elle-même.

Un sourire quelque peu forcé, surtout pour garder une certaine politesse envers son fiancé, vint se dessiner sur son visage devenu moins joyeux. Soudain, elle se laissa s’écrouler sur le dos. Allongée sur la couverture qui couvrait le sol, les nuages et le ciel qui s’assombrissait de plus en plus était la nouvelle chose qu’elle fixait.

« Vous savez… Ce serait vous mentir de vous dire que je ne me questionne pas à propos de ce mariage… » Commença-t-elle doucement. « C’est une décision que je semble avoir prise moi-même, mais je ne m’en souviens pas… Qui me dit que c’est vrai ? Qui me dit que personne ne m’a… forcée ? Et surtout, en ai-je toujours envie ? » Elle tourna alors la tête subitement, regardant le doux visage de l’homme. « Surtout, ne vous vexez pas je vous en prie… »

Un nouveau silence s’installa, quelques temps. « Je m’excuse de vous avoir révélé cela. Mais je suis à la recherche de réponses… et d’une mémoire égarée. »

Dans quel foutoirs l'avaient-ils encore fourrés ? Lorsque cela ne concernait pas ses frères et soeur et leurs "moeurs légère", ou encore de leurs "Traîtrises", il fallait que ce soit lui. Que l'on lui fiche dans les pattes une Dame qui avait tout oublié de leur première rencontre, et bien sûr, maintenant que le mariage était prononcé, hé oui, il allait se la coltiner pour le RESTE de ses jours... Et voilà qu'il se sentait bien mal à l'aise là. Elle se tenait devant lui, indécise, particulièrement mise à mal par la nouvelle, et l'explication de toutes ces choses qu'ils avaient pu dire ou faire lorsqu'ils étaient en sa demeure familiale...

Et pourquoi n'avait-il pas mentie ? Hein ? Après-tout, il aurait pu se faire passer pour son amant, ou bien d'autres choses ? "Trop bon, trop con" Pensa-t'il assez fort pour laisser s'échapper un long soupire, son regard posé vers l'horizon boisée. Il ne sursauta pas réellement lorsqu'il l'entendit s'effondrer sur le dos, il se tourna vivement, certes, comme pour s'assurer qu'elle ne lui faisait pas encore le coups du "Je tombe dans les pommes", mais fut suffisamment rapidement consolé.. Elle ne faisait que s'allonger.

« Vous savez… Ce serait vous mentir de vous dire que je ne me questionne pas à propos de ce mariage… » Commença-t-elle doucement. « C’est une décision que je semble avoir prise moi-même, mais je ne m’en souviens pas… Qui me dit que c’est vrai ? Qui me dit que personne ne m’a… forcée ? Et surtout, en ai-je toujours envie ? » Elle tourna alors la tête subitement, regardant le doux visage de l’homme. « Surtout, ne vous vexez pas je vous en prie… »

-Me vexer... ? Moi ? Allons bon, la seule personne ici qui aurait le droit de se vexer c'est vous-même.. Vous vous trouvez dehors, seule avec l'homme que vous avez épousée, pour je ne sais quelle raison , je vous l'admets, et vous l'écoutez s'égosiller à vous fournir toutes les informations dont il est à même de se souvenir... Il posa son regard sur elle, croisant ainsi le sien, qu'il ne quitta pas pendant quelques secondes. Je ne vous demandes pas de me croire sur parole, ni même de ne pas envisager la possibilité que vous ayez pu être forcée... Peut-être ne vouliez-vous simplement pas de ce mariage en premier lieu, qui suis-je pour prétendre vous connaître ? Après-tout, nous ne nous sommes vu... Qu'aux travers d'entrevue courtes.

Il glissa une main sur la couverture, en sa direction.

-Cependant, ce que je sais, c'est que votre présence m'accorde de sourire franchement, et dans ce monde de politique et d'éloquence c'est là une chose bien rare. Je sais que lorsque je croise votre regard, mes yeux se noie dans les votre. Alors... Que vous soyez à la recherche de réponse, de votre mémoire, je peux le comprendre... Mais ne doutez pas de moi, je vous en prie. Vous êtes une femme magnifique, vous aviez... La prestance d'une reine, et la sévérité de celle-ci. Et pourtant, même au travers de cette froide armure, je pouvais percevoir en vous un amour grandissant. Pour votre famille, votre peuple. Vous êtiez une bonne dame, et je gage que vous le serez encore.

Aucun mot ne sorti d’entre ses lèvres pourtant entrouvertes. Y avait-il ne serait-ce qu’un autre homme avec qui elle souhaitait finir cette journée et peut-être sa vie ? Non, absolument pas, elle en était certaine, sur le moment même mais le doute reviendrait ronger son esprit dès qu’elle aura quitté sa compagnie. Sa main glissa doucement vers la sienne, l’agrippant avec douceur avant de lui offrir un léger sourire. Son regard en disait assez, pas besoin de mots pour lui faire comprendre qu’elle le remerciait d’être à ses côtés, de subir son état et de la réconforter à ce point. Ses paroles l’avaient touchées, voir même séduites et son large sourire était sans doute l’un des principaux signes en plus de la rougeur qui avait envahie ses joues. Un silence s’était installée, trop timide, oui, c’était sans doute cela, la timidité qui bloquait tout d’un coup la conversation. Que pouvait-elle répondre après tout ? Malgré leur légère entretenue, et le fait qu’ils ne semblaient pas du tout se connaître, il avait plus de souvenirs d’elle qu’elle-même en avait de sa propre personne. Maélyne aurait voulu pouvoir réagir, le complimenter comme il le faisait pour elle, mais elle en était incapable.

De longues minutes s’étaient écoulées lorsque son buste se redressa, se retrouvant ainsi à nouveau à sa hauteur, assise à ses côtés.

« E bien… Que diriez-vous d’avoir d’autres… entretenues, mais de faire en sorte que celles-ci soient plus longues ? » Il y eu un blanc avant qu’elle ne reprenne. « Vous savez… se retrouver, comme aujourd’hui, partager un bout de pain, discuter… apprendre à se connaître… Enfin, si vous en avez le temps, bien évidemment. » Maélyne se reprit soudainement, rougissant de plus belle. Il était certes son fiancé mais restait avant tout un homme. D’ordinaire, les hommes ne se font pas invités, et reçoivent encore moins de telles propositions qui peuvent être mal interprétées, pourtant il n’y avait que sincérité qui avait franchi ses lèvres. Elle souhaitait le revoir, tous les jours s’il était possible. Échanger un sourire, un compliment, une anecdote ou que sais-je, tout simplement se revoir et apprendre à s’apprécier. Après tout, s’ils devaient finir par se marier, autant apprendre à l’aimer lui plutôt qu’à détester sa décision.

« Eh bien… Que diriez-vous d’avoir d’autres… entretenues, mais de faire en sorte que celles-ci soient plus longues ? » Il y eut un blanc avant qu’elle ne reprenne. « Vous savez… se retrouver, comme aujourd’hui, partager un bout de pain, discuter… apprendre à se connaître… Enfin, si vous en avez le temps, bien évidemment. »

Il l'observa quelque peu..Surpris de son entrain à l'idée de se revoir, avec plus de ponctualité, ce qui n'eut pas pour effet de le faire reculer cependant, ou se voir outré de la chose, un sourire aimable et quelque peu amusé pris les devant sur son visage, illuminant celui-ci.

-Ma Dame, je ferais un bien piètre époux si je n'étais pas à même d'accorder du temps à la femme qui deviendra peut-être, et je ne cache pas l'espérer, la dame avec qui je partagerais mes années à venir. Ce serait un véritable plaisir que de multiplier ces entretenues, et d'en allonger la durée. Que cela soit des semaines si les dieux nous l'accordent, qu'en ai-je à faire, si je dois réaliser cela pour vous combler. Il lui dédiera alors un sourire, charmeur et pourtant sincère. Cependant, évitons de faire savoir que vous êtes la personne à avoir lancée cette invitation, mon honneur et mon orgueil d'homme prendrait un sacré coups... Il ne put s'empêcher de rire légèrement, en l'observant, un sourire agréable aux lèvres.

Il approcha délicatement sa main du visage de Maélyne, venant glisser son index pour repasser une de ses mèche dans sa coiffure... Reculant ensuite celle-ci avec un peu d'embarras..

-Excusez-moi, ce n'est pas que cela en retirait à votre charme, mais que penseraient les autres nobles s'ils vous voyaient ainsi décoiffée en période de deuil... ? Imbéciles qu'ils sont, leurs langues restent aussi dangereuses qu'une bande de vipères...


Il observa alors un instant le ciel, puis le bord du lac, dans un air un tantinet pensif.

-Je vous avoue ne pas encore... Saisir toute l'ampleur de la charge que m'a confié mon frère... C'est un poids assez lourd à porter, alors tant que ces Nobles pensent que je ne suis encore rien d'autre qu'un pion de celui-ci, autant en profiter pour se voir aussi souvent que notre désir le fera savoir ?

Le contact de ses doigts sur son visage procura à Maélyne une drôle de sensation. C’était agréable, mais pourtant elle était complètement figée, comme si le temps s’était arrêté, légèrement anxieuse. Son regard se posa sur son visage, elle y chercha le moindre signe, la moindre excuse qui lui permettrait de se reculer s’il s’avérait être nécessaire de le faire. Ce fut un certain soulagement lorsqu’il décida de rompre ce contact. Autant lui tendre une main lui était naturelle, autant un si faible rapprochement aura réussi à la troubler. Ses mots étaient touchant, enrobé de miel. Était-il néanmoins sincère ?

« Oui bien-sûr... Nous pourrons dire que cela vient de vous... » Dit-elle simplement, répondant ainsi à sa première demande. Maélyne se doutait bien que les hommes étaient attachés à ce qu’il appelait sans cesse leurs « honneur ». Elle ne put s’empêcher de penser que ceux qui s’étaient permis de l’attaquer et d’assassiner sa fille devaient avoir une tout autre définition que celle qu’utilisait Guillaume.

« Vous pouvez compter sur moi... Si la pression de la tâche vous semble trop forte, je veillerais à vous embarquer loin de tout cela, le temps d’une heure, de plusieurs ou même d’une journée s’il le faut. Et je n’aurais que faire si les gens qui vous entourent s’en vexeront. »

Un sourire vint à nouveau s’accaparer ses lèvres, puis elle se redressa complètement.

« Le jour semble toucher doucement à sa fin. Peut-être devrions-nous rentrer... »

A vrai dire, elle n’avait pas envie de rentrer. Mais parfois, il fallait se montrer raisonnable.

« Vous pouvez compter sur moi... Si la pression de la tâche vous semble trop forte, je veillerais à vous embarquer loin de tout cela, le temps d’une heure, de plusieurs ou même d’une journée s’il le faut. Et je n’aurais que faire si les gens qui vous entourent s’en vexeront. »

Un sourire vint à nouveau s’accaparer les lèvres de la Dame, puis elle se redressa complètement, sous le regard un peu intrigué de l'homme qu'il était, il se redressa à son tour, doucement, sans trop de panache.

« Le jour semble toucher doucement à sa fin. Peut-être devrions-nous rentrer... »

-... Peut-être le devrions-nous, mais je dois avouer que me séparer de vous va m'être difficile, ma chère. Bien plus que je ne le devrais l'avouer. Il soupira doucement en observant le ciel assombris, découvrant quelques couleurs rougies et orangées au loin, brillant par dessus la cime des arbres qui les entourait. C'est un des plus beau ciel qu'il m'ait été donné de voir... Il est triste que cette couleur orangée me rappel les feus d'Amblères. Le Marquis a laissé les hommes s'adonner à la sauvagerie des noirauds... Il les a laissés se souiller l'âme. Il ferma un peu les yeux. Je ne nie pas que c'était là... Un bons moyen de s'assurer qu'ils ne quitteraient jamais son joug, qu'ils ne voudraient pas forcément se battre contre lui par la suite.. C'est un bon coups sur l'échiquier... Mais cela reste sale. Enfin, évitons de parler de ces guerres à rallonge et de toute ces saloperies dont notre monde est parfois couvert. Il se tourna vers elle, l'observant un instant. Ma chère, je ne voudrais pas vous forcer à devoir me supporter plus longtemps, surtout que je n'aime pas aller contre la volonté d'une Dame, encore moins si celle-ci n'est autre que vous... Alors, que souhaitez-vous ? Nous pourrions trouver un surplomb, d'où observer le soleil qui entame sa descente sur l'horizon, ou bien je pourrais vous raccompagner dans une course folle sur nos destriers.

Les récits d’Amblère. Enfin… Enfin quelqu’un osa lui parler franchement de ses évènements sans extrapoler le courage et la victoire des hommes. Même si Maélyne ne connaissait rien à la guerre, elle n’était pas pour autant dupe. Des noirelfes, de véritables guerriers sanguinaires, qui plus est, n’avait rien à perdre. Cette guerre n’a pas pu être une partie de plaisir où les hommes gagnèrent avec une facilité déconcertante comme le disait certains.

« La vôtre l’est-elle ? » Osa-t-elle demander lorsqu’il lui parla d’âme brisée.

Une de ses mains se tendit vers lui, l’invitant ainsi à se relever comme elle l’avait fait précédemment.

« J’opterais pour le coucher de soleil à vos côtés. Cela fait bien trop longtemps que je ne me suis point permise de l’observer. Et je gage qu’en votre compagnie, celui-ci n’en sera que plus radieux.»

La Dame lui offrit un sourire avant d’emboiter le pas à la recherche d’un point de vue intéressant. Bride à la main, les chevaux les accompagnaient et étaient plutôt calme, ce qui était un bon signe. Ces bois pouvaient de temps à autre accueillir des affrontements entre hommes et loups. Si les équidés marchaient sans se soucier de ce qui les entourait, c’est qu’aucune menace n’était présente. En marchant, un silence s’était installé. Un silence gênant et plutôt timide. Maélyne cherchait quoi dire, mais rien n’arrivait à franchir la barrière de ses lèvres malgré ses tentatives.

Après une bonne demi-heure de marche, les fiancés se retrouvèrent sur une petite colline trouvée par hasard. Une partie dégagée, entre deux arbres leurs permettraient de scruter le ciel.

« Peut-être, pouvons-nous nous arrêter ici. Cela me semble être un bon endroit. »

La bride de son étalon vint s’accrocher à une branche avant que la Dame ne décide de s’avancer. Sans doute un peu trop vu l’éboulement qu’elle provoqua sous ses pieds. Heureusement eu-t-elle le réflexe de reculer à temps.

« Il vaudrait mieux qu’on ne s’approche pas de trop. »

-Jamais je ne me serais adonné à de telles actes de barbaries, Noirauds ou humains. Je ne me salie pas de ces choses. L'honneur et ma conscience me l'auraient de toute façon interdit. Lui répondit-il lorsque celle-ci lui demanda pour son âme... Il s'aida imperceptiblement de cette main tendue, plus pour s'intéresser au toucher de soie de la Dame.

« J’opterais pour le coucher de soleil à vos côtés. Cela fait bien trop longtemps que je ne me suis point permise de l’observer. Et je gage qu’en votre compagnie, celui-ci n’en sera que plus radieux.»
Lui répondit-elle alors, ne pouvant que l'amener à sourire gaiement.

-Vous me faîtes là le plus grand des honneurs et des plaisirs, ma Dame. Alors bride à la main il la suivit, se posant à ses côtés d'un pas plus calme et serein qu'il n'en avait eu depuis longtemps. Il avait beau n'avoir pas voulu de ce mariage en premier lieu... Lorsqu'il vit enfin la femme en question, la beauté se joint au savoir qu'il avait eu d'elle. Une femme droite, juste... Et bien d'autres adjectifs qu'il pourrait glisser sur une biographie de la Dame. Après bien une heure de marche, les fiancés se retrouvèrent sur une petite colline gravée de quelques sillons, les ruisseau ponctuels ayant ici et là dessiné des courbes gracieuses, fleurs et herbes s'étant dressées avec autant de grâce peuplant cette colline avec majestée naturelle.

« Peut-être, pouvons-nous nous arrêter ici. Cela me semble être un bon endroit. »

-C'est là une bonne idée, Lui répondit-il doucement, en glissant la bride de son canasson autour d'une branche avoisinante, venant d'un de ces Tilleuls majestueux, unique possesseur de la dite colline qui pourtant ne noyait en rien celle-ci d'une ombre, que ce soit à l'aube ou au midi... Semblant se plier au voeux du soleil. Alors Guillaume vint suivre la Dame, glissant d'un pas décidé à ses côtés, se hissant en haut de cet imposant monticule, cependant, il trouva une naissance de falaise sous ses pieds, voyant la dame manquant de glisser, sa main voulu la rattraper sans nécessité, puisque celle-ci semblait habituée à ces coups de la nature, et se recula avec un reflex inopiné.

« Il vaudrait mieux qu’on ne s’approche pas de trop. »

-En effet... Évitons, il serait malheureux de finir en bas de ce montelets. Il porta son regard vers les couleurs orangées du soleil couchant, celui-ci baignant les deux fiancés de sa chaleur, le ciel se noyait lentement d'une couleur violacée, l'orange venant rencontrer cette couleur dans une mélange rosé qui apportait autant de chaleur que d'once de tristesse, la fin d'un jour, la mort de celui-ci, une bonne fois pour toute celui-ci disparaitrait, jamais demain ne lui ressemblerait réellement, chaque petits détails le changerait, et le soleil qui se coucherait demain pourrait bien être un autre, ou le même, il ne verrait pas le même monde s'activer en deçà de lui. J'ai toujours trouvé les couchers de soleil... Quelque peu agréable, et quelque peu effrayants... Chaque jour qui passe est un jour qui ne reviendra pas. Vous ne trouvez pas cela... Effrayant d'une certaine manière ? Comme les jours d'autrefois, celui-ci s'effacera... Ne restera de lui que les souvenirs marquants de certains. Comme pour nous en vérité. Mais... Ma mère m'a une fois fais part de son ressentis. Tant que le souvenir vit en quelqu'un... Alors le jour perdure .

Un sourire puis une voix douce.

« Le temps qui passe… il s'écoule, parfois lentement, parfois rapidement mais on ne peut inverser sa course. Une journée s'achève, une autre commence, c'est ainsi.»

Sa main vint se glisser dans la sienne avec l'innocence d'un simple réconfort. Le coucher de soleil était magnifique mais pourtant, Maélyne ne décrocha pas son regard de Guillaume qui scrutait toujours l'astre orangé s'enfoncer lentement dans les terres comme pour fusionner avec elle.

« N'ayez point peur de la vie qui s'écoule, Guillaume. Chaque journée mérite d'être vécue mais toutes ne méritent pas qu'on se souvienne d'elles. »

Une tristesse latente vint enrober ses derniers mots puis un silence s'installa le temps que le soleil termine sa course. La nuit prenait place et d'autres astres montraient enfin le bout de leurs nez.

« Je préfères la nuit… le ciel, lorsqu'il est dégagé comme ce soir, offre un spectacle dont je ne me lasserais jamais. »

Tous deux continuèrent de discuter encore une bonne partie de la nuit alors qu'un feu de camp trônait non loin d'eux. Au petit matin, et après une courte sieste contre les arbres, ils remontèrent en selle en trottèrent en direction du palais.