Intentions et déclarations | Oschide & Irys

Irys éperonna son cheval blanc comme neige et remonta la colonne d'hommes qui serpentait sur les routes menant vers l'Ouest. Elle était accompagné d'un prêtre de Sainte Deina qui se faisait discret à plusieurs pas derrière elle. Sa robe bleue foncé volait au vent. Les traits tiré par une détermination rare chez elle, elle se répétait inlassablement les mots qu'elle répèterait à Oschide. Les rumeurs s'étaient vite répandues à travers la ville. La rencontre du Cerf et du Dragon s'était, au dires de tous, mal passée. Information confirmée par le départ précipités des deux concernés, venus expressément à la demande la future Grande-Prêtresse. Un affront que beaucoup avaient constaté avec un haussement de sourcil peu flatteur. Le Duc ne serait pas présent à la nomination d'une Grande Prêtresse originaire des familles noble de son propre duché. Un affront qu'Irys avait accueilli avec colère et surprise. Elle connaissait Oschide pour ses années passées à ses côtés. Et si il était homme à prendre des décisions brusques, il n'en était pas un pour qui la fierté de ses terre passait au second plan.

Elle dépassa les porte-étendards qui clamaient haut et fort les couleurs du Langecin. Irys avait porté longtemps ces bannières dans son coeur, pour rien au monde elle ne laisserai leur détenteur les déchirer d'une guerre inutile provoqué par l'égo de deux hommes. Des milliers de vie gâchées pour des paroles échangées de travers, elle ne pouvait le cautionner.

La Grande-Prêtresse arriva à hauteur du duc. Elle réajusta son châle et le salua d'un signe de tête accompagné d'un sourire pincé.

«– Votre Altesse... »

Irys jeta un coup d'oeil aux hommes d'Oschide et prit le parti de ne pas parler de sujets sensibles devant eux. Elle ne pouvait se laisser aller à ce genre de jugement public, autant pour elle que pour lui. Elle l'invita à s'écarter de la colonne et partit au pas.

«– Inutile de vous dire que vous faîte une erreur si vous déclarez la guerre. Vous savez mon point de vue sans que j'ai à vous le dire, je ne vous ferais pas l'affront de vous le rappeler. Oschide, vous connaissez la considération que j'ai pour vous. Vos querelles politiques ne regardent que vous, mais ne partez pas au devant de milliers de vies volées à la Damedieu. Peut importe le roi que vous voulez soutenir, il ne sera roi que de ruines si vous vous lancer dans cette entreprise. Il est encore temps de renoncer. »

La veuve posa une main sur l'épaule de son suzerain. Elle avait parlé avec une voix douce, comme au temps où conseiller le jeune duc était l'une de ses missions. Irys avait ravalé sa colère : elle ne servirai à rien pour persuader le jeune homme.

«– Je connais votre grandeur d'esprit et votre aptitude à commander. Montrez-vous en digne. »

Elle releva le menton et planta ses yeux dans ceux d'Oschide et attendit sa réponse qui donnerait le ton de leur conversation.

Sans se démonter, la Haute Prêtresse écouter la version du langecin. Assurément les Berthildois en aurait une autre, et elle savait par expérience qu'aucune guerre n'était déclenchée par la faute d'un seul homme à elle seule. Toute fois elle savait Oschide honnête dans ses actes, elle le lisait dans ses yeux. C'était un savoir que l'âge lui avait apporté et elle s'en contenterait. L'intuition est souvent plus importante que l'on ne peut le croire. Avoir la certitude des bonnes intentions du duc la rassura quelque peu, bien que savoir que des vies et parmi-elles celle de son fils, serait inévitablement confrontées à la mort ne puisse totalement la laisser de marbre. Au duc elle adressa un sourire plus sincère qui plissèrent les rides de son visage et lui répondit, le regard toujours plongé dans le sien.

«– Vous me voyez rassurée de vos intentions, Altesse. Vous me savez gré de sauver les milliers de Souffles que vous prétendez, et si vos positions restent purement défensives face aux attaques berthildoises, alors vous avez ma bénédiction. ne prenez pas de décisions hâtives et rappelez vous qu'il n'y a point d'honneur à verser le sang de cette façon. Mais vous êtes un homme d'honneur, Oschide d'Anoszia, je n'ai donc rien à vous apprendre. »

L'honneur d'arracher des vies à cette Terre n'avait rien de glorieux, peu le comprenaient dans leur existence. Ce sont des valeurs que chaque jour elle essayait d'inculquer à de pauvres âmes blessées par la guerre, la famine et les autres maux de ce monde. Elle qui cotoyait roturiers autant que grands seigneurs et de petits bourgeois, elle connaissait par coeur cette avidité morbide des hommes pour le sang. Et si faire coulant du sang de drow pour défendre sa patrie est juste, tuer des innocents ayant pour crime d'être nés sur les terres d'un despote ayant droit de vie ou de mort sur eux ne l'est pas.

«– Mon élévation n'a d'importance que pour ceux qui accorde trop de crédit aux apparences. Lucilia d'Erac n'est plus Haute-Prêtresse depuis que la moitié des Seigneurs de Péninsule ont jeté sur elle et sur le Culte leur dérision et leur mépris. Ce n'est pas un tel avenir que je me réserve, la DameDieu m'en soit témoin. Votre absence ne causera de tort qu'à vous Oschide, je ne vous retiendrez pas de force. Prévenez vos vassaux et votre famille et protégez vos terres. »

Elle entendais déjà les bruits de couloir des petites-gens murmurer que les Seigneur n'ont plus Foi dans leur Mère. Elle se désolait que cela reflète une bien triste réalité. Peu d'Hommes ont encore confiance dans la déesse qui, chaque année leur apporte misère et maladie. Pourtant le problème n'est pas d'ordre divin. C'est une vérité qu'elle essayerait de faire accepter jusqu'à ce que la mort la délivre de son serment.

«– Dans vos yeux je lis un doute profond. Vous ne croyez plus en la Déesse comme autrefois, vous m'en voyez navrée. Votre importance et la mienne sont dérisoires par rapport à l'hisoire de la Péninsule, le royaume que Néera a donné à ses enfants. Elle nous a donné le Choix et je respecte le votre. Mais n'oubliez pas qui vous a insufflé la Vie et qui maintient le Souffle en vous. Tout le monde a un rôle à jouer sur cette terre, une trace à laisser dans l'hisoire. Faites en sorte qu'elle soit bénéfique. »

Sentir un tel manque de confiance dans la Déesse que chaque jour Irys s’évertuait à prôner et à qui elle avait dévoué sa vie chez celui qu'elle avait accompagné de ses plus jeunes années en tant que duc jusqu'à présent la désolait beaucoup. Consciente que ce n'était ni le moment ni l'endroit pour lui livrer un sermon sur Néera, elle se retint de lui dire ce qu'elle pensait, elle. Elle se contenta d'une phrase, qui résumait sans doute ce qu'Oschide avait besoin d'entendre.

«– Nous vivons parce que la Déesse l'a voulu. Elle nous a donné le Choix. Elle veille sur notre existence et a pris vie grâce à sa Gardienne. N'oubliez pas cela, Oschide d'Anoszia. Le Calice et la Plume font parfois de bien meilleures armes que l'épée et l'arc. »

Elle sourit au duc. De bien meilleures armes que la diplomatie et la religion face aux guerres. Des armes capable de galvaniser des hommes et leur donner une raison d'exister. Peu le comprennent mais peu réussissent vraiment. Encore un enseignement qu'elle ferait en sorte de partager avant de rejoindre le Royaume de Tyra.

La Haute-Prêtresse allait prononcer ses paroles d'adieu quand elle se souvenu qu'Oschide tenait encore la Capitale dans le creu de sa main.

«– Altesse, laissez moi vou faire une dernière demande. Vous ne pourrez être présent en personne à la Cérémonie d'élévation. Cependant, permettez à tous le monde d'y participer. Alliés ou ennemis, laissez les entrer et sortir de la Cité. Ce sera ma dernière requête. »

Une demande plus rhétorique que sincère mais qui avait son importance compte tenu des rivalités effectives en Péninsule. C'est à l'hôte de laisser ses invités passer sa porte. Aller à l'encontre de ces traditions était une erreur.

Irys le fixa dans les yeux. Puis elle le remercia de son attention et le libéra. Elle talonna sa monture et partit dans le sens opposé de la petite colonne. La ville était déjà loin et elle mit un moment pour la rejoindre. Des portes elle observa la petite communauté langecine disparaitre à l'horizon en souriant. Elle était rassurée et confiante quant à Oschide. Godfroy serait sans doute plus réticent à l'écouter.