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 Que des bonnes intentions [Terminé]

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Maralina Irohivrah
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MessageSujet: Que des bonnes intentions [Terminé]   Que des bonnes intentions [Terminé] I_icon_minitimeDim 4 Nov 2018 - 17:29



Elenwënas, VIe ennéades du mois de Favrius, An XI, Cycle XI
Marquisat de Sainte-Berthilde




Tristan regarda les grandes portes qui se dressaient devant lui. Le voyage fut long et ardu, plus d’une ennéade  pour se rendre de Thaar à Sainte-Berthilde. L’humain était au courant de l’importance de sa mission, mais aussi de la dangerosité de cette dernière. La Princesse marchande l’avait prévenu que son retour serait possible, mais qu’une mort atroce était tout aussi possible. Mais c’est cette énergie dont il avait besoin. Savoir que le défi qui se dressait devant lui serait tout sauf facile à exécuter. Le rouquin aux yeux bleus observa en détail les grandes portes qui se dressaient devant lui. Le groupe de miliciens se fit rapidement arrêter par les gardes Berthildois.  Le jeune humain ne se laissa pas impressionné  et s’éclaira la voix avant d’ajouter; «J’ai un message et un présent pour Son Excellence Louis de Saint-Aimé de la part de son Altesse, Maralina Irohivrah,  Princesse Marchande d’Uldal’Rhiz» Le sourire des deux gardes se décomposèrent et devint suspicieux lorsqu’ils comprirent que l’humain devant eux n’était pas nécessairement un des leurs. Un des gardes tendit la main en lui grognant qu’il ferait le message quand celui le tentera. Tristan se redressa fièrement dans son armure avant de lui répondre d’un ton fort et légèrement autoritaire; «Pardonnez-moi mon Brave, mais je suis les ordres de ma suzeraine, comme vous le faites également. La princesse avait  insisté pour que son message soit donné en main propre. Je vous donnerais volontiers mes armes ainsi que celles des miliciens qui m’accompagnent. Nos intentions sont loin d’être mauvaises.» Et c’était totalement vrai. La princesse marchande avait été étonnamment claire avec ses miliciens. De ne dégainer aucune arme. Ils allaient dans un territoire qui les considérait comme des ennemis. Cette mission était dangereuse, mais aussi extrêmement délicate. Le garde haussa les épaules, sans lâcher son air suspicieux et fit un rapide signe à son confrère qui tourna rapidement les talons pour aller – probablement – avertir de l’arrivée des Thaari.


Tristan retourna vers ses camarades en haussant les épaules. Maralina l’avait prévenu que cela serait très possible que les Thaaris ne réussissent même pas à passer les portes qui menaient à Sainte-Berthilde, mais il se devait d’être persuasif… Un des miliciens descendit doucement de son cheval pour commencer à se dégourdir les jambes. Mieux valait profiter de cette occasion de repos. Surtout que l’option de se faire chasser comme des criminels étaient une autre possibilité qui avaient été penser. Tristan s’accota contre son destrier pour commencer à échanger quelques mots avec ses collègues. Une discussion amicale sur le prochain combat de Gladiateurs qui aurait à tard. On murmurait dans les rues que des combats à mort seraient bientôt disponibles. Ce qui enthousiasmait la population au plus haut point. Les paris commençait déjà à se faire alors que l’annonce pas le conseil de Thaar n’avait même pas été pensé.  Un garde bourru revint vers la porte pour faire signe à son confrère. Les deux gardes ordonnèrent aux miliciens de leur remettre toutes leurs armes. Le rouquin fit un rapide signe de tête à ses miliciens, et ils se débarrassèrent de toutes leurs armes. Rien de camouflé, rien de suspicieux, que suivre les consignes à la lettre.


On guida les Thaaris à l’intérieur de la cour, là ou un grand homme entouré de ce qui semblait, être ses gardes. L’homme était de grande stature, un visage clair et des cheveux noirs ponctués de reflet un peu plus clair. On voyait bien que ce dernier avait été forgé, façonné par la guerre. Ce dernier aurait pu aisément casser des os à mains nues. Il dégageait une certaine prestance, mais aussi une certaine rigidité – disons que l’on était loin de l’aura libertine que la Princesse d’Uldal’Rhiz dégageait. Quoique voir ses deux esprits indépendants se rencontrer pourrait être un spectacle tout à fait hors du commun… Tristan payerait bien cher pour voir comment sa maîtresse réagirait face à la rigidité du Nordien.  Décidément Maralina considérait que ce dernier ne serait pas une chose facile, sinon elle n’aurait pas porté autant attention à cette soi-disant mission.  Un héraut se mit à beugler le nom du Marquis, comme si les présentations étaient nécessaires et Tristan et les autres miliciens descendirent de leurs chevaux afin de s’incliner bien bas. Tristan se redressa au bout de quelques secondes, et replaça discrètement sa cape pour se couvrir un peu plus. Disons que la température fraîche du Nord était aussi accueillante que les gardes de Sainte-Berthilde.  Tristan ouvrit les bras sur le côté avant de relever légèrement la tête vers le Marquis. «Nous vous remercions votre excellence d’accueillir notre noble présence dans votre demeure. » Il prit un moment pour observer l’expression de Louis avant de continuer; « Mon nom est Tristan Lesparma, Capitaine de la Milice de  Son Altesse, Maralina Irohivrah, Princesse Marchande d’Uldal’Rhiz  et Membre du Conseil de Thaar » dit-il d’un air confiant en respectant le soi-disant jargon des péninsulaires.


Tristan déplaça ses mains légèrement vers l’arrière et un autre milicien y déposa les rênes de deux magnifiques pur-sang. Tristan fit un pas vers le Marquis avant d’y tendre les rênes. «Son Altesse a récemment appris votre union avec son excellence Alanya de Saint-Aimé, et elle souhaitait vous envoyer ses meilleurs vœux de bonheur. Comme preuve de bonne volonté, veuillez accepter ces modestes cadeaux. » Un autre milicien approcha de Tristan en ouvra une boîte qui contenait un magnifique collier recouvert de diamant. Une pièce tout à fait exquise, qui avait dû couter une fortune et qui mettrait définitivement en valeur la nouvelle marquise de Sainte-Berthilde. Maralina avait elle-même travaillé avec un des meilleurs joailliers d’Uldal’Rhiz pour s’assurer que la pièce serait à la hauteur de la marquise. Et que dire! Cette pièce aurait été digne pour une reine!


Devant le silence du Marquis, le rouquin continua son discours; «Qui plus est, voici un message de notre Princesse pour vous, Votre Excellence. » Un troisième milicien fit quelques pas vers un garde et lui remit un parchemin scellé du sceau de la princesse. Ce dernier alla le remettre dans les mains du Marquis sans tarder. Tristan reste  droit et fier, cachant habilement la nervosité qui le tenaillait. Après tout, le fait qu’ils aient réussi à passer la porte était un miracle en soi. Restait à voir comment le Marquis réagirait à la missive de la Princesse Marchande. Première étape, qui pourrait ouvrir une mine d’information pour le marquis.
La Lettre


Thaar, Tahiro, IV ennéades de Favrius, An XI, Cycle XI


À Son Excellence, Louis de Saint Aimé, Marquis de Sainte-Berthilde
&  Alanya de Saint-Aimé, Marquise de Sainte-Berthilde



Vos Excellences,


Toutes mes félicitations pour votre récente union.Je ne pourrais vous exprimer ma joie devant deux jeunes gens qui décident d’unir leurs vies malgré tous les troubles qui ont ébranlé votre contrée depuis ces dernières années. Il n’y a rien de plus précieux en ce monde que le sentiment d’exister pour quelqu’un.


Je tenais, au nom d’Uldal’Rhiz, de vous envoyer nos plus sincères félicitations pour votre mariage. J’espère que vous me ferez l’honneur d’accepter mes modestes présents, comme signe de bonne volonté et comme un début d’une paix qui pourrait être bénéfique pour nos deux contrées.


Je  sais pertinemment que nos deux nations ne soient pas nécessairement en bons termes et je tiens personnellement à m’excuser pour l’incompétence de ma prédécesseure. Sachez que mes intentions ne sont en aucun cas de nuire à la péninsule, mais au contraire de la voir grandir, en paix, au côté de l’Ithri’Vaan.  


En espérant un début d’une collaboration fructueuse,



Maralina Irohivrah
Princesse Marchande d’Uldal’Rhiz, Membre du Conseil de Thaar
& Propriétaire de la compagnie Irohivrah


Dernière édition par Maralina Irohivrah le Jeu 29 Nov 2018 - 22:08, édité 1 fois
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Louis de Saint-Aimé
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MessageSujet: Re: Que des bonnes intentions [Terminé]   Que des bonnes intentions [Terminé] I_icon_minitimeLun 5 Nov 2018 - 22:29






C’est qu’aux matines, seules quelques âmes firent acte de présence, lorsque vint le temps de réciter à l’unisson des psaumes en l’honneur de la très pure et sainte Damedieu. Pour cause, une coquine température qui frigorifia quiconque osa pointer le bout du nez au dehors. Un givre discret, issu de la rosée du matin, recouvrait autant la chaussée que les courageuses et tenaces dernières feuilles accrochées aux rameaux des arbres. Pour nombreux, la chaleur de leur femme ou le confort des âtres qui brûlaient d’ores et déjà dans quelques-uns des appartements, furent ce matin-là suffisantes raisons pour tenir la couche et passer outre cet éloge Pentien auquel ils furent habitués. Pourtant, avant que l’aube ne manifeste ses premiers réels rayons, la piété de Louis le tracta hors des pesantes pelisses qui le couvrait lui et sa nouvelle femme, dont il n’hésita guère à déranger la quiétude pour l’embrasser au coin des lèvres, avant de s’en aller en catimini. Le froid lui arracha l’un de ses frissons à en faire trembloter toute sa lourde charpente : c’est qu’il ne s’attendait guère à pareille fraîcheur en cette saison automnale! Ah, le temps était bien connu pour être certes plus frais qu’en période estivale, mais à ce point, c’était un peu précoce. Or, Louis dut ne nipper de vêtements plus adaptés à la température : il n’entendait pas que l’on se raille de lui, lui et tous ses poils dressés par la chair de poule! Il enfila par-dessus son surcot un mantel en poils d’ours noir, de même qu’une cape appesantie par le même matériel douillet. Il chemina ensuite dans la cours, pendant que ronflaient encore la majorité des âmes vivant sous le toit du grand Castel, puis se rendit dans la maison de leur Déesse-mère, afin d’y réserver ses primes pensées et louanges. Bien qu’accompagnés seulement de quelques dévots, le tout se déroula naturellement sans accrocs, puis il quitta sans autres ambages pour son rendez-vous ô combien attendu avec son petit déjeuner.

Sur le chemin du retour, il remarqua que déjà, la vie avait repris son cours et qu’à l’instar de lui-même, ceux qui l’habitaient s’étaient munis de vêtements plus adaptés. À les voir tous ainsi, reniflant à quelques occasions, le nez rougit par ce froid vivifiant, Louis pressentit qu’une angoisse certaine enflait en lui. Et si ce froid à l’avance était un présage annonciateur d’un hiver aussi impitoyable que le dernier ?  Se relevant à peine de la guerre qu’ils avaient menés, auraient-ils les reins assez solide pour passer au travers sans en payer le prix cher ? Ainsi, il salua d’un hochement de la tête et parfois même, d’un sourire avenant à ceux qu’il croisa, jusqu’à ce qu’il arrive près de l’écurie abritant les chevaux du Marquis, de sa femme et ceux de ses généraux. Des jointures, il cogna à la porte afin d’attirer l’attention du palefrenier qui récurait les box des chevaux à l’aide d’une fourche.

« Serviable, le froid, avec les pommes de routes. » Dit-il non sans un demi-sourire envers le palefrenier, dont il connaissait depuis moult années.

« Après, elles se ramassent mieux, ouais. Mais le crottin, ça reste du crottin, même gelé, m’sieur le marquis. » À son tour de lui sourire, tout en abaissant largement le chef et en courbant légèrement le dos.

« Faites préparer mon canasson et celui de ma femme, en après-midi nous sortons. »

« Avec grande joie, m’sieur le marquis. Ce sera fait, m’sieur le marquis. » Répéta-t-il par deux fois, toujours tout sourire aux lèvres. Et à peine Louis eut temps de se retourner pour quitter l’entrée de la sobre bâtisse, qu’il se fit interpellé par un garde, dont la mission fut de prévenir son seigneur de la présence d’un émissaire venu de Thaar. Dubitatif, le cerf fronça le regard en direction de l’entrée de la cours, apercevant au loin un maigre attroupement qui sans doutances, devait découler de leur venue inopinée. Qu’est-ce que l’Ithri’vaan pouvait leur vouloir ? Ainsi, c’est sur un pas décidé et cadencé, que le Marquis conquit la distance entre l’entrée et l’écurie, rameutant à son ombre, sans piper le moindre mot, une poignée de garde.

Arrivé devant l’émissaire, Louis salua ce dernier d’un sobre hochement du chef, mais n’eut envers lui que peu d’envies de lui faire le partage de sa bienveillance et de sa bonhomie naturelle. C’est que ses préjugés envers cette terre du vice, l’empêchait de considérer la présence de l’émissaire comme d’un bon présage. Passé les salutations, le Thaari y alla de l’avant, se présentant tout en faisant de même à propos de celle qui motiva son périple jusqu’au nord. Sans trop de subtilité, Louis se pencha tout doucement vers l’un des gardes à sa dextre, puis remuât les lèvres en une messe basse :


« C’est quoi, Uldal’Rhiz? » Mais nulle réponse ne lui parvint en retour. Plutôt, le rustaud se contenta de soulever les épaules sans trop savoir.

On lui apporta, tout en expliquant le pourquoi de leur présence, les commandes de deux rutilants étalons. Loin d’être indifférent quant à la présence de ces deux remarquables bêtes, Louis se retint d’en faire la démonstration devant Tristan, se contentant d’ordonner d’un coup d’œil à ce que l’un de ses protecteurs délaisse sa pique au profit des rênes. Son mariage méritait certes d’être souligné, mais de la part d’une pure inconnue, dont il n’avait jusqu’à maintenant aucune idée de l’existence ? Mais ce n’était pas tout, un autre membre du groupuscule Thaari s’approcha de Tristan pour lui tendre un boitier, dans lequel, une fois ouvert et tendu vers Louis, découvrait un joyau des plus exquis. Une œuvre d’art parmi les joailliers, tant son éclat en était frappant. À nouveau, aucune réaction, n’eut été de son silence persistant. Ces présents, bien que forts alléchants, dégageaient une odeur qui le rebutait, qui l’empêchait de se montrer cordial comme il l’aurait été en temps normaux. Enfin, on lui donna une lettre, qu’il confiât également à l’un de ses sbires. Il ne la lirait pas, pas toute suite.

« Je prendrai le temps d’épier les mots couchés sur ce vélin en temps venu. Ce n’est certes pas les pieds dans la gadoue et la morve au nez que j’en découvrirai le contenu. C’est, après-tout, le communiqué d’une princesse … » Il avait mis l’accent sur le terme royal, s’en moquant pratiquement. « Veuillez au moins accepter l’hospitalité de mon humble demeure. À n’en point douter, ce temps frais doit vous faire regretter amèrement le confort de votre couche : nous vous en offrirons des douillettes pour le temps d’une nuitée. Quant à votre maîtresse, votre … princesse, j’aurai pour vous la réponse du Berthildois demain à l'aube. » À la fin de son invitation, deux gens d’écurie s’approchèrent d’eux pour se saisir de tous les équidés, officialisant sans trop leur donner le choix, qu’ils allaient tous pouvoir « profiter » de la toute belle et admirable Cantharel.

Il s’en suivit la venue de deux domestiques, après que Louis ait quitté les lieux, pour faire le tour de l’établissement aux messagers. De sobres alcôves, dont les lits manquèrent cruellement de confort, mais dont la literie suffirait à leur faire oublier la fraîcheur de la nuit à venir, furent débloquées en leur honneur. Quant à leur pitance, elle serait conviviale et chaleureuse, sans tomber dans l’abondance ni dans le luxe réservé à la venue du gratin. Ils n’étaient après tout, que les sous-fifres d’une prétentieuse et naïve puterelle, qui crut pouvoir acheter à bas prix le septentrion de la péninsule …


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Henri d'Hardancour
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MessageSujet: Re: Que des bonnes intentions [Terminé]   Que des bonnes intentions [Terminé] I_icon_minitimeMar 6 Nov 2018 - 0:16

L'aube à Cantharel avait cette étonnante capacité de joindre aux premiers rayons de la journée une fine brise appréciable. Il advenait, toutefois, que celle-ci s'avère plus mordante que celle de la veille, et qu'au lieu de la simple laine cousue par quelque tailleur, on revêtait les manteaux plus chauds, ceux confectionnés à l'aide de fourrure dense et soyeuse. Les oiseaux achevaient ce fantastique et vivifiant spectacle, qui convainquaient Henri, à chaque aurore, que la vie était belle.

Il se murmurait cela à lui-même, contemplant au travers des rosaces la ville de Sainte Berthilde, dont les chaumières matinales vomissaient leurs fumées. Henri pouvait deviner l'échoppe de pain, au bas de la petite rue terreuse où il y avait la maison aux fleurs. Il remarqua, plus dense et plus noire, la trombe du maréchal-ferrant et, conjointement à sa demeure, l'une des forges de la ville. Au loin, les fiers remparts de la capitale du marquisat, où se balançaient les étendards céladons poncés d'un grand cerf noir. Derrière le jeune homme plus vraiment jeune, les draps pourpres défaits voilaient le corps dénudé d'une bourgeoise de la ville, dont Henri s'était repaît de la compagnie et des talents inavoués.

Si les atours de la donzelle jonchaient le sol tapissé, ceux d'Henri avaient retrouvés leur propriétaire légitime. En ce jour qui l'inspirait tout particulièrement, il s'était vêtu d'une ample tunique pourpre et blanche, aux boutons faits d'or et à la collerette blanche. Sa culotte partageait les mêmes tons joyeux et clairs. Henri fut tiré de sa torpeur par les cloches matinales de l'église de Sainte Berthilde. A entendre le clocher s'animer, l'esprit du gentilhomme s'égara loin de la ville et de son tumulte naissant, à Hardancour, où son père se trouvait, soudainement prit d'une fièvre vilaine. Les docteurs ne s'inquiétaient guère, mais Henri savait que son géniteur, qui avait déjà abandonné sa jeunesse de nombreuses années auparavant, s'approchait peu à peu de rejoindre ses aïeux.

Henri n'avait guère été pieu sa vie durant. Mais c'était l'un de ces fameux instants, où même le pécheur le plus endurci se réconforte dans la douce inconscience d'une présence transcendante, cherchant dans cette dernière une personne à louer, ou une créature à détester. Chassant cette pensée de son esprit, il quitta ses quartiers, non sans un dernier regard envieux envers sa compagne de la veille, puis s'engagea, tout gai, vers les cuisines afin de se remplir la panse de quelque met savoureux payé par le contribuable. Lorsqu'il ouvrit l'épaisse muraille qui le séparait de la forteresse qu'il s'apprêtait à conquérir, quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il aperçut Louis, un morceau de fromage dans la bouche, s'arrêtant net en le voyant.

« Et bien, mon cher cousin, je loue la Damedieu que ce ne soit que du fromage ! Cette belle matinée vous aura-t-elle ouvert l'appétit ? »

Là où Louis aurait accueillit son cousin avec toute la fraternité dont il avait habitude de lui témoigner, il se contenta d'un hochement de tête légèrement tourmenté.

« C'est que je n'ai plus les idées aussi claires que ce matin à mon réveil. »

« On appelle cela le « mariage », mon bon ami. »

A l'image de Louis, Henri se fendit d'un large sourire, se passant de révérence, préférant remettre sa mèche ondulée droite. Faisant fi d'un quelconque protocole - et s'il en existait un dans les cuisines, Henri l'ignorait - le mignon vint prendre place face à son cousin et marquis, vissant ses coudes sur le bois brut, n'ayant guère à commander aux domestiques afin qu'on lui dépose un plat de fromage, du pain, et une pinte de cervoise. Il entama le premier repas du jour par une grande rasade de cette dernière, ne manquant pas d'essuyer sa divine moustache.

« Cesses-donc de te railler de moi, je suis sérieux. J'ai reçu pour mon mariage des présents, et pas des moindres. Deux purs sangs de chevaux et un bijou capable de t'offrir deux sinon trois des plus beaux harnois sur le marché. »

« Et bien si cela te tracasse tant l'esprit, cousin, permets-moi donc de t'en délester. Je ne suis que ton humble serviteur ! »

Louis se releva, invitant son brave à le suivre d'un geste qui n'acceptait guère le refus. A cet instant, le mignon se rendit compte comment le fils commençait à ressembler au père. Regardant avec grande déception le reste de son petit déjeuner, le visage d'Henri s'illumina. Posant le pain sur le fromage afin de ne porter qu'une assiette, il la glissa dans sa main afin que l'autre s'empare de sa chopine. Ils cheminèrent ainsi jusqu'aux jardins de Cantharel, où ils prirent place à une petite table blanche jonchées de deux chaises où les deux hommes laissèrent échouer leurs fessiers. Le plus âgé des deux dévora la moitié de son crème, et c'est en le mâchant généreusement qu'il écoutait le marquis, et qu'il lui répondait.

« Ces présents, ils viennent de Thaar, Henri. »

« Thaar ? J'ignorais que tu avais des penchants pour cette contrée, où les hommes sont des femmes, et les femmes sont des hommes. Et non, je ne parle pas du Médian. Ni d'Erac. »

« Grand Dieux, non! Celle qui me donna ces présents, je ne la connais ni n'en ai jamais eu l'envie. Je ne sais pas même d'où elle vient.  »

« Ah ! Mais mon ami, tu as donc ta première admiratrice ! Si elle est belle, fais-en ta maîtresse. Si elle ne l'est pas, fais-toi désirer, et pense donc à ton cousin lorsque tu recevras de nouveaux chevaux, veux-tu ? »

L'Hardancour fut prit d'un rire contagieux, dévoilant toutes les miettes de crème répandues sur ses dents, qu'il ne manqua pas de balayer d'un coup de langue bien placé. C'est qu'il avait de l'expérience, après tout. Une fois le tout ingéré, il se retourna à nouveau vers Louis. Lui n'avait guère partagé son hilarité. Henri mit l'humeur du marquis sur son inquiétude. Le cerf n'avait jamais montré beaucoup de résistance à la légèreté du cousin de sa mère...du moins, sur presque tous les sujets.

« Sois donc sérieux, mon cher cousin ! Si on t'envoie des présents ainsi, c'est qu'on veut quelque chose de toi. Et rappelle-toi, dans ce pays-là, les femmes sont des hommes, comme en Er... »

« Je veux bien te le concéder ; cette pure inconnue n'aurait pas témoigné son intérêt pour la joie que me provoqua mon mariage, si elle n'avait pas une idée derrière la tête. Mais dis-moi, est-il seulement possible que ce ne soit pas négatif ? »

« Mon bon cousin. Les affaires, c'est comme les femmes : si je m'en venais avec un somptueux présent, tu n'aurais d'yeux que pour moi, et tu accéderais au moindre de mes désirs, au moindre de mes caprices. Pourquoi ? Et bien parce que sachant que j'ai plus à gagner que toi, je mettrai les moyens nécessaires afin de t'avoir à mes pieds. »

Henri but une rasade conséquente de sa cervoise. Après sa conclusion, il entama son quignon de pain à la mie moelleuse et chaude.

« Je te sommerais, mon cher ami, de retenir ici la leçon : l'important n'est pas qui tu es, mais bien c'est ce que tu es. La valeur du présent est à la hauteur du rang du drôle qui le reçoit. Cela ne veut pas dire que mon intention serait mauvaise ! Non ! Mais si je devais détourner tes jolies mirettes de marquis de mes défauts, je te ferais miroiter mes qualités dans un joyau. »

« Je ne suis pas homme à acheter et tu le sais, Henry. Peu me chaut de la valeur des offrandes, seules les intentions m'intéressent. Tu as très certainement raison quant au fait que le tout apparaît comme un pot-de-vin. De la poudre aux yeux. Mais je ne peux m'empêcher de croire qu'ils peuvent, à la fin, être bien intentionné. Judith ma mère, avant que nous partions en guerre, désirait mettre en place un commerce avec cette terre du péché. Et ma sœur, par après, en eut le mandat. Comme tu te doutes, le projet n'a jamais vu le jour, mais il n'en reste pas moins que ceci pourrait se présenter comme une opportunité à saisir. »

« Et quelle formidable manière de commencer des négociations par des présents outrageusement coûteux - même pour moi - délivrés par un simple intermédiaire ! Mon bon cousin, tu es bien plus intelligent que moi sur ces questions là. Mais sache une chose : aucune cour dûment menée par un gentilhomme ne commence par un présent. Tu me contes là les intentions de mes cousines, mais bon mon ami, je n'en comprends guère les rouages. On dit de Thaar qu'elle est la terre des réfugiés, des vilains et des félons du royaume. Du père Anoszia à l'ancien duc pédéraste suderon, ils se réfugient là-bas. Si je devais avoir affaire avec ces méchants-là, ce serait au fil de l'épée. »

« C'est ton cœur et ta pine qui parlent Henri, pas ta tête. Mais merci, tu m'as fait pensé à une chose et je crois, mon cousin, que je sais ce que je ferai d'eux. »

Louis sourit à son cousin, qui le lui rendit généreusement.

« Et les deux sont braves et conséquents, mon bon cousin ! »



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Louis de Saint-Aimé
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Louis de Saint-Aimé


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MessageSujet: Re: Que des bonnes intentions [Terminé]   Que des bonnes intentions [Terminé] I_icon_minitimeMar 6 Nov 2018 - 17:36






Le restant de sa matinée alla de bon train : il quitta la drôle compagnie de son cousin lointain, puis profita de la compagnie de son mestre d’arme pour s’échauffer et pratiquer quelques nouvelles passes. Ce ne fût guère fruit du hasard, qu’on considéra Louis comme l’un des plus adroits bretteurs du Marquisat. L’assiduité de ses quotidiens entraînements, était seule cause de son succès. Ce ne fût qu’après l’heure du manger du midi, dont il ne partageât sa tablée qu’avec lui-même, qu’il retrouva derechef sa cour. Une poignée de garde appesantis de leurs plus menaçantes armes et harnois, l’attendaient lui et sa femme en gardant les rênes de leurs palefrois.

« N’étiez-vous guère sensé être accompagnée de madame la marquise ? » Demanda l’un des gardes au marquis.

« C’est là mon ami, une part d’elle dont j’ignorais jusqu’à maintenant l’existence. Même dans les plus anodines des occasions, elle s’affaire toujours à se faire désirer. » Assura le Saint-Aimé au rustaud, non sans le début d’un rictus un peu complice. Louis aimait bien à se mêler à eux, se donnant à peu près au même humour qu’iceux, quoi que sans jamais tomber la grossièreté dont les viriles gorilles qui lui servaient de gardes avaient habitude d’user à outrance. Enfin, quelques minutes passèrent, pour que du grand portail menant à l’entrée principale du château, se manifeste sa femme entourée de trois de ses suivantes. Ainsi vêtue de ses vêtements douillets, elle avait fière allure. Le doux souvenir de leur prime rencontre, alors que le froid mordait impitoyablement tous ceux qui s’aventuraient par trop longtemps au dehors, lui revint alors à l’esprit. Ce n’était que les prémices de l’hiver à venir : un automne doux, mais frais. Et il allait pleinement profiter de la compagnie de sa charmante femme avant que la neige n’entrave de trop les chemins passants.

« Ma mie! Vous êtes en tous points à couper le souffle! Je suis fort aise de vous voir si bien portante. » Louis s’approcha de son aimée, s’assurant que la pelisse posée contre ses épaules la couvra correctement de la fraîcheur de ce jour. Une fois fait, il s’approcha et cueillit sa petite menotte qu’il couvrit d’un chaste baisé protocolaire, avant de l’emmener à son destrier pour l’aider à en conquérir la selle. Enfin, à son tour, d’une enjambée de géant, il passa son pied à l’étrier de son palefroi et bondit pour se percher habillement dessus. Il s’en suivit ensuite, de leur cheminement au travers la citée, où les petites gens manifestaient leur joie de voir déambuler dans les artères principales de Cantharel, leurs bien-aimés seigneurs. Ce ne fût qu’une fois qu’ils franchirent les portes menant à l’extérieur de la citée, foulant des fers à chevaux le sentier qui menait aux champs, que Louis initia le début de leur badinage.

« Il a plu de nouveaux compliments et vœux de bonheur pour notre récent mariage … » Le bon air frais rendait sa femme tout à fait heureuse : elle inspira de béatitude, affichant à son adorable bouille l’un de ses plus beaux sourires. Le soleil, haut dans les cieux, devait jouer pour beaucoup, car il la trouva fort rayonnante. Jamais il ne serait douté qu’elle subissait encore quotidiennement les mauvais côtés de la maternité.

« Plus les jours passent, et plus j’ai l’impression que toute cette mascarade s’éternise. » Elle soupira à nouveau, blasée, à peine, puis lui offrit tout de même son air radieux. « Pour la plupart, ce ne sont juste que des ambitieux qui rêvent d'attirer notre attention, et cela me fatigue. De qui s'agit-il cette fois ? »

« Une prétentieuse de Thaar. Un simulacre de princesse, qui tient très certainement à se faire connaître dans le but de voir naître une bonne entente entre nos deux pays ... » Il le dit d'un ton dubitatif, comme si bonne entente voulait à peu près dire qu’elle voulait les enculer. « Elle nous a même offert des présents. » Si le destrier poursuivait sa route paisiblement, la marquise, elle, aurait volontiers freiner des quatre fers, tant l’étonnement à son faciès en était flagrant. Elle laissa un moment le silence se faire avant d'éclater d'un rire clair et sans ambiguïté quant à l'hilarité que lui prodiguait la nouvelle.

« Par tous les Saints ! Une princesse, rien que ça ! » Louis grimaça un peu, lorsqu’elle jura de la sorte.

« J'eus la même réaction quand on m'annonça de qui ces hommes se faisaient les hérauts. J’étais si peu enclin à odir leur laïus, que je leur ai donné congé de moi dans la minute qu'ils sont arrivés, sans même savoir ce qu'ils désiraient réellement. »

« Là mon ami ! Ce n'est point très poli de notre part. La pauvresse doit certainement venir avec les meilleures intentions. Il faut dire que nous avons tant eu à faire pour le Royaume que nos voisins ont dû s'en sentir malaimé. » La malice se lisait sur son visage. Quoiqu'on put dire d'Alanya, elle n'aimait guère les étrangers, d'autant que son souvenir se rappelait le douloureux incident des Sept-Monts, et de la bataille de Ruven encore avant. « Et que nous a envoyé notre bienveillante amie ? » Ajouta la belle d’une touche prononcée d’ironie.

« Deux admirables bêtes de la race équidé que j'ai confié aux bons soins de notre palefrenier, le temps que vous puissiez pleinement faire connaissance de celle qu'elle vous réserva. » Louis avait parlé du présent comme s'il l'avait vraiment apprécié : au nord, ces bêtes servaient autant au transport qu'aux autres contrées, mais ici, leur tâche s'en voyait franchement plus éprouvante. Alors, ce bon lignage était de bon augure sur la qualité de l'animal. « Et un bijou fait de diamants, pour vous, que vous aurez tout le loisir d'admirer aux vêpres. » Ajouta Louis, sans l’ombre d’un sourire, comme s’il se douta bien de la forte réaction de sa mie. Et il eut raison, l’ancienne baronne n’eut guère cœur à rire. Il n’était pas improbable que ces présents onéreux ne présageaient rien de bon s’ils venaient à prendre racine dans le Berthildois.

« Je crains que de les garder ne soit la pire idée. Ce sont des présents forts luxueux et j'ai peur qu'ils ne cachent les vrais desseins de cette mégère... » Elle talonna sa bête doucement afin de se rapprocher de son amant et ainsi, discuter plus aisément sans que leurs protecteurs n’aient les premières loges pour les épier. « Nous pourrions nous sentir redevable de quelque chose, ou pire. Sainte-Berthilde n'est pas à vendre, pas même pour deux palefroi du meilleur sang ! » Derechef, Louis fronça du regard et plissa du nez. Son agacement était certain, mais ne s’octroya jamais le luxe d’hausser le ton envers elle.

« Crois-tu seulement t'être unie à un jean-foutre? S'il existe en ce monde un homme moins à même d'être acheté, c'est bien moi. Peu me chaut de la valeur de ces biens ; si cela lui plait de liquider sa fortune pour de purs inconnus, grand bien lui fasse! Mais avant de nous emporter, de nous recroqueviller sur nous-même sans même savoir ce qu'ils cherchent, n'aurais-je pas intérêt à connaître leurs intentions ? Ses présents furent assez éloquents, que je peine à imaginer qu'elle sache masquer ses réelles ambitions si elles étaient malhonnêtes. » Sa réponse tira de sa femme un lourd soupire.

« Bien ! Invite là et nous verrons bien. Et si, au demeurant, ses ambitions n'étaient pas à notre goût, nous pourrions lui installer une place confortable dans les geôles. Je n'aime guère souper avec des mauvaises gens, mais si cela peut t'aider à te faire une idée de la sale race que sont ces estréventins, bien soit ! J'en profiterais pour lui demander s'ils n'ont point trop mal vécu la défaite des Sombres à Thaar, eux qui les nourrissaient sans un remord quand les miens se battaient pour reprendre l'Oësgardie. » Un silence de mort s’installa entre nos deux tourtereaux. Louis ne désirait pas la confronter, car de toute manière, il partageait avec elle la même aversion pour ce peuple rongé par le péché. Tout de même, il ne l’aurait avec autant de véhémence, mais il la comprenait. Ce ne fût qu'une fois que la poussière eut retombé, qu'il poursuivit.

« Et si elle avait les moyens de nous livrer Franco ? »

« À quel prix voudrait-on voir revenir un traître pédéraste de son genre ? » Elle était bien moins attachée à la droiture que l'était Louis, et bien que la justice lui paraisse primordiale, elle était peut-être plus lucide que lui sur les affres politiques. « M'est avis que la catin ne reluque pas que nous. Peut-être devrions-nous nous renseigner auprès des autres nobles afin de savoir si nous sommes les seuls à avoir été approchés ? »

« À quel prix, dis-tu ? Peut-on réellement mettre un prix sur toutes les vies qu'il a pris au Berthildois ? Je te rappel que nous lui devons la bataille de Valdrant et que toutes les familles qui furent privés de leurs père, pleurent encore leur décès. Obtenir Franco et lui donner la sentence qu'il mérite, c'est de donner le dernier coup de marteau à cette paix que nous avons bâti pendant notre reconquête du Médian. Quand à questionner les autres pairs du Royaume, je ne suis pas contre, bien que l'utilité ne m’apparaisse guère comme limpide. » Sa boutade fit à son tour, froncer les sourcils de son aimée et se pencha pour tirer sur les rênes de son époux, imitant rapidement le geste pour se mettre totalement à l'arrêt. Louis était un sensible, mais un sensible qui avait parfois du mal à passer outre ses œillères d'un monde soit blanc soit noir.

« Crois-tu qu'il en va différemment pour tous les hommes, les frères, les pères, les oncles, les fils que j'ai vu mourir, non pas une fois, non pas deux fois mais trois fois au cours de ma vie ? Je sais que cette campagne a été difficile pour toi Louis, mais il te faut être plus perspicace que cela ! Je peux t'assurer que la Tibéria s'occupera déjà fort bien de la chasse à l'homme : elle a tout à gagner en nous apportant son sodomite. Laisse donc le temps faire plutôt que déjà imaginer t'allier à une salope parvenue d'au-delà de l'Olienne. La justice ne s'achète pas » Elle l'avait sermonné comme un enfant, comme elle avait l’habitude de faire, au final. Il avait encore tant à apprendre qu'elle en perdait parfois patience.

« Et pour l'enquête, et bien cela nous donnera l'avantage puisque tu comptes bien la recevoir ici. Nous saurons si elle est sincère avec nous, ou bien si elle nous sert la même chose qu'aux autres. Bien que j'en sois une, l'on peut reconnaître aux femmes leur propension à semer la discorde. » Louis grinça des dents, contenant son envie de lui faire fermer sa belle et ô combien trop grande gueule pour le reste du voyage. Il avait compris le concept : elle honnissait cette parvenue de figure royale estréventine. Mais d’où avait-elle prit le souffle pour se permettre de comparer ce qu’elle avait vécu avec lui ? Son regard, porté directement vers elle, en disait long sur ses nerfs à vif, inspirant une bonne et unique fois pour ne pas s’emporter.

« Nous verrons bien quand nous en saurons d’avantage. Pour le moment, essayons de profiter. Le ciel est bleu et le temps est bon. » Se contenta Louis d’ajouter, après qu’il ait commandé à son canasson de reprendre le trot.  

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MessageSujet: Re: Que des bonnes intentions [Terminé]   Que des bonnes intentions [Terminé] I_icon_minitimeMar 6 Nov 2018 - 21:06






Qui eut cru que si tôt après leur union, ils en viendraient à se tomber sur les nerfs ? Ah, euh, toute la péninsule. Enfin! Il était désormais bien trop tard pour s’en plaindre : plutôt il travaillerait sur sa manière de consulter sa femme lorsque ce genre d’événement surviendrait. C’est que Charles, son aïeul, n’avait peut-être pas totalement tord … Ce nuage d’amertume, passager et éphémère, espérait-il, perdura toute la journée durant. Leur balade à cheval ne s’éternisa guère, s’achevant légèrement plus tôt que prévu afin qu’ils puissent chacun dans leur coin décanter du tumulte de leur dernière discussion.

Au petit matin, au lendemain, ce fût la même routine. Levé, baisé au coin des lèvres de sa mie, rendez-vous à l’église, puis petit déjeuner. Cette fois précipité, la graille ne perdura point, car Louis avait à faire avec ses curieux invités, qu’il allât d’ailleurs déranger pendant leur repas du matin. Dans une salle réservée pas aux domestiques, mais presque, on avait mis à disposition d’iceux les mêmes victuailles qu’aux gens de sans importance : un pain de la veille, pas trop sec ni trop frais, une cervoise plate et sans goût, mais qui pouvait saouler tout à fait correctement (usuellement, c’est ce que cherchaient les gens de cet acabit) et finalement, quelques morceaux de charcuteries ainsi que certains fromages goûteux. Enfin, Louis pénétra dans la salle avec vélin enroulé sur lui-même, ainsi qu’un bout de pain entre les doigts, probablement la fin de son petit déjeuner qu’il avait écourté. À sa présence, les asservis et autres domestiques qui s’affairaient autant à servir qu’à nettoyer, courbèrent l’échine en direction de leur éminent seigneur.


« Ces messieurs ont eu aisance à pioncer ? Et votre pitance, est-elle à la hauteur de vos attentes ? » Lança-t-il, bien qu’il n’en avait rien à cirer des commentaires, qu’ils fussent positifs ou négatifs. Une fois demandé, il s’assied à la même table qu’eux, tandis que la domesticité retournait à leurs affaires sans se soucier de la conversation à venir entre les hérauts et le Saint-Aimé.

« J’ai pleinement prit conscience des bons vœux de votre maîtresse et je lui en suis gré. » Assura Louis, tandis qu’il déposa la lettre sur la table, sans nécessairement la leur donner de suite. « Et maintenant que nous nous connaissons mieux, il me tarde de savoir dans quel intérêt votre maîtresse fit des pieds et des mains pour me faire parvenir le témoignage de sa bienveillance en notre égard. » Louis remua des épaules pour mieux trouver le confort de son assise, puis secoua sa main contre le tissus de son surcot, de sorte à débarrasser sa patte des miettes de pain qui pouvaient s’y trouver.



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MessageSujet: Re: Que des bonnes intentions [Terminé]   Que des bonnes intentions [Terminé] I_icon_minitimeSam 10 Nov 2018 - 18:25



Tristan fronça légèrement les sourcils lorsqu’il entendit la remarque du Marquis, mais reprit rapidement son air détaché. Son air calme et pacifique ne laissait rien au hasard, il n’était pas venu pour narguer le Marquis, ou pour répondre à quelconque insulte que ce dernier pouvait tenter de lancer. Le Thaari redressa fièrement la tête alors que le Marquis s’exclama; « Je prendrai le temps d’épier les mots couchés sur ce vélin en temps venu. Ce n’est certes pas les pieds dans la gadoue et la morve au nez que j’en découvrirai le contenu. C’est, après tout, le communiqué d’une princesse … » On pouvait sentir le ton de moquerie lorsqu’il avait dit Princesse.  Mais aucune réaction ne vint déranger les expressions de marbres du groupe de fiers miliciens. « Veuillez au moins accepter l’hospitalité de mon humble demeure. À n’en point douter, ce temps frais doit vous faire regretter amèrement le confort de votre couche : nous vous en offrirons des douillettes pour le temps d’une nuitée. Quant à votre maîtresse, votre … princesse, j’aurai pour vous la réponse du Berthildois demain à l'aube. » Tristan s’inclina légèrement avant de répondre d’un ton courtois; «Nous vous remercions de votre hospitalité, Votre Excellence » Le Thaari observa alors le Marquis qui quittait la cour, suivie de quelques-uns de ses gardes. Il se retourna vers ses collègues qui lui répondirent en haussant les épaules. Ils avaient survécu leur première rencontre avec les Nordiens. Ce qui semblait être un miracle en soi. Une jolie jeune femme leur fit signe de les suivre, tandis qu’un palefrenier s’empara rapidement des deux magnifiques pur-sang et  leurs propres montures. Ils se laissèrent conduire dans les couloirs, sans dire un mot et arrivèrent finalement dans leurs appartements de fortune. Rien de vraiment luxueux, mais après tout, ils n’étaient pas des seigneurs, mais des miliciens.


Lorsqu’ils furent finalement seuls, un des soldats laissa échapper un soupir de soulagement en se mettant à parler en elfique, espérant que personne ne pourrait vraiment comprendre leur conversation; «Je n’ai jamais pensé que l’on pourrait passer les portes… » Tristan lui fit rapidement un signe de la main pour le faire taire avant de s’exclamer d’une voix forte et autoritaire, « Tout va très bien. Ne laissez surtout pas transparaitre votre nervosité. » Les soldats acquiescèrent avant de s’installer pour profiter de leurs modestes installations. Même si ceux-ci pouvaient paraître peu accommandant, les Thaaris se réjouirent  d’être à l’abri de la morsure du froid.


Le lendemain matin…



Les Thaaris arrêtèrent leur mouvement rapidement lorsque le Marquis fit son apparition dans la sobre salle à manger, disons que ces derniers ne s’attendaient aucunement à voir une figure si importante débarquer ainsi dans une pièce qui était bien loin d’être luxueuse. Ces derniers courbèrent légèrement la tête en signe de respect pendant que ce dernier prit place à leurs tables, ce qui surprit légèrement Tristan, décidément le groupe de milicien avait réussi à attirer l’attention du Marquis, il ne restait maintenant qu’a piqué sa curiosité assez longtemps pour qu’il entende tout ce qu’ils avaient à dire. « Ces messieurs ont eu aisance à pioncer ? Et votre pitance, est-elle à la hauteur de vos attentes ? »  Tristan eut un léger sourire sincère avant de répondre du tac au tac.  «Tout était parfait votre Excellence, nous ne demandions rien de plus.» Bon d’accord, la nourriture aurait pu être plus gouteuse, le duvet aurait pu être un peu plus garni, mais ils étaient de miliciens, avoir le ventre plein et un endroit où dormir à  l’abri du froid  était beaucoup mieux que rien de ne rien avoir. Mais Louis ne semblait pas se soucier de ce que pouvaient réellement penser les miliciens. Ils semblaient avoir une idée très précise en tête et il commença rapidement son interrogatoire; « J’ai pleinement pris conscience des bons vœux de votre maîtresse et je lui en suis gré. » Il déposa rapidement la lettre sur la table avant de continuer; « Et maintenant que nous nous connaissons mieux, il me tarde de savoir dans quel intérêt votre maîtresse fit des pieds et des mains pour me faire parvenir le témoignage de sa bienveillance en notre égard. » Et voilà, la princesse avait su capter son intérêt malgré l’orgueil réputé des  Nordiens. Tristan se retourna vers les autres miliciens pour leur firent un signe de tête. Ces derniers se levèrent rapidement pour aller dans la cour et laissent le négociateur faire son travail.


Une fois qu’ils furent seuls, Tristan continua; «Ma Maîtresse a une idée très précise en tête et elle se doutait bien  que son nom vous était inconnu donc attirer votre attention semblait être la première chose à faire ». Tristan prit une gorgée de l’exécrable cervoise, le goût était franchement horrible, mais le Thaari avait besoin de s’humidifier la gorge, il devait camoufler a tout prit la nervosité qui l’habitait. La suite de la conversation ne serait pas une partie de plaisir. Le Marquis pourrait très bien le foutre dehors ou le tuer si ces paroles étaient le moindrement mal interprétées. Il avala sa gorgée difficilement et continua; «Je vous rassure, les cadeaux ne sont pas pour vous achetés. La Princesse n’attend rien en retour. Je ne suis pas venu dans l’espoir de négocier un quelconque accord commercial, cela serait au-delà de mes compétences ».  Tristan laissa quelques secondes au marquis pour interpréter les paroles comme il voulait, il espérait sincèrement qu’il entendrait l’honnêteté dans sa voix. Pour une fois la princesse d’Uldal’Rhiz était venue avec de bonnes intentions… Ne restait qu’à savoir si son négociateur réussirait à les faire transparaître. Tristan prit une grande inspiration avant de continuer; «Que diriez-vous votre Excellence si je vous disais les ennemis de mes ennemis sont mes amis? »Tristan planta son regard dans celui du Marquis, le plus sérieusement du monde il continua; «Il semblerait que vous et Maralina Irohivrah en ayez quelques-uns en commun. Des ennemis qui ont tenté de mordre, mais qui ont par erreur révélé  leurs couleurs à la princesse marchande. Et ces ennemis menacent beaucoup plus que les intérêts de ma maîtresse ».  Incertain de ce qui se passait dans la tête du Marquis, le rouquin rétorqua; «Désirez-vous en savoir plus votre Excellence? » Si Louis ne voulait ne pas en savoir plus, mieux valait arrêter à ce moment précis. La princesse pourrait certainement s’occuper de ses ennemis tout de seule, mais il y avait un beaucoup plus grand jeu qui se jouait que la simple haine qui habitait la Princesse d’Uldal’Rhiz et elle aurait besoin d’aide pour la suite.
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MessageSujet: Re: Que des bonnes intentions [Terminé]   Que des bonnes intentions [Terminé] I_icon_minitimeMar 13 Nov 2018 - 20:35






« Eh bien ma foi, avec de pareils présents, seul un homme atteint de cécité n’aurait eu sa curiosité piquée, en effet … » Puis lui aussi avait grand soif ; le salé des charcuteries avait ça pour lui, il asséchait bellement le gosier! Louis se douta bien que la jacqueline de cervoise posée là devant lui, contint en son sein un bien médiocre liquide! Qu’à cela ne tienne, la campagne au médian l’avait habitué à pire : il s’en versa lui-même un godet, tandis que continuèrent à déblatérer ses invités. Considérant sa visite comme des hommes de rien, comme une visite de courtoisie qu’aurait fait quelques pégus pour parler d’endives et d’artichauts, Louis n’allait certes pas s’embarquer dans quelques courtoisies pompeuses, que nenni! Ces hérauts, bien que venus au nom d’une femme qui se targuait comme d’extraction Royale, n’était rien aux yeux de notre marquis : pour l’instant, elle n’avait pour elle qu’une richesse à en faire décrocher la mâchoire des hommes. Et heureusement pour Louis, il n’était guère homme à donner importance à de tel patrimoine …

Sous la couverture de ces somptueux présents, ses invités assumèrent ne rien vouloir en retour ? La considération de Sainte-Berthilde, envers l’une des principautés de Thaar ne constituait-elle guère quelque chose qui se voulait tangible, alors qu’iceux ne s’entretenaient jusqu’alors que de belliqueux rapports ? Ainsi, jusqu’à maintenant, le héraut Estréventin n’avait su pleinement capter l’attention du cervidé. Du moins, jusqu’à ce qu’il en vienne à piquer sa curiosité à propos de ses ennemis. C’est qu’en plus d’avoir le fion bordé d’or, elle avait, de surcroît, une malsaine curiosité à satisfaire! D’une manière ou d’une autre, elle s’était enquise des maux du Nord et allait en user pour arriver à ses fins. Il ne restait plus qu’à aller au fond des choses pour confirmer ses soupçons à propos de la drôlesse …


« Roulez roulez! Je vous en prie, dites-moi de quelles sordides contrées viennent ces animaux, qui tentèrent de prendre en bouche votre maîtresse. » Louis s’envoya une seconde rasade de l’alcool plat, non sans un sourire éclatant, alors qu’il avait lancé le jeu de mot sans se soucier de la réaction de ses partenaires de fortune. Après tout, il était ici le maître, et s’il voulait calomnier une pure inconnue devant ses ouailles, peu lui importait. Et de toute façon, il se douta bien que le tout n’était autre que de la poudre aux yeux … Une femme se complaisant dans autant de richesses n’aurait en aucun cas besoin d’un allié aussi improbable que ceux du septentrion …

« Vous avez messieurs, ma pleine attention. » Louis tira une œillade vers l’un de ses asservis, qui resservit aussitôt un peu de pain à se mettre sous la dent. Étrangement, allez savoir pourquoi, la boulangerie avait tout à coup une odeur forte plus alléchante que celle servie aux hérauts. À l’instar de la conversation à venir, la croûte lui sembla fort croustillante!

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MessageSujet: Re: Que des bonnes intentions [Terminé]   Que des bonnes intentions [Terminé] I_icon_minitimeDim 18 Nov 2018 - 10:40



Tristan ne porta pas attention au jeu du Marquis. Mais il remarqua tous les petits détails que ce dernier laissait paraître, autant l’odeur du pain qui semblait désormais beaucoup plus attrayante que le bout sec que lui et les autres miliciens avaient eu quelques minutes auparavant.  C’était évident quel était l’opinion du Marquis et des autres Nordiens avait sur eux. Ce dernier les avait catalogués d’estreventin, de sous-race des bas-fonds de Thaar, cela se voyait dans sa façon d’agir. Certes, les mœurs étaient différentes dans la principauté, mais aux moins ils n’avaient pas la hargne de péninsulaire.  Non pas que ces menues dérangeaient le Thaari en tant que tel, au contraire, qui pouvait vraiment lui en vouloir? Il devait le voir de leurs yeux pour apprécier les valeurs Thaari. Louis s’envoya une seconde rasade d’alcool avant de finalement confirmer les pensées de Tristan; « Roulez roulez! Je vous en prie, dites-moi de quelles sordides contrées viennent ces animaux, qui tentèrent de prendre en bouche votre maîtresse. » Le milicien avala une gorgée de sa cervoise avant de prendre un air légèrement inquiet. «De Soltariel, Votre Excellence.» Tristan ignorait si ce qu’il venait de dire lui causerait quelconque tort.  Les échos du procès qui s’étaient rendu jusqu’à dans la principauté ne laissait rien au hasard; les Saint-Aimés détestaient les Soltaris. Louis avait lui-même témoigné au procès de la duchesse déchue. Le rouquin soupira et se permit de continuer;  « La Princesse d’Uldal’Rhiz a reçu la visite de Octavia Soltari-Beronti, il y a quelques ennéades » Tristan laissa le temps au Marquis d’encaisser ce qu’il venait de dire et de faire le lien rapide entre Octavia et Tibéria de Soltariel. «Il est inutile de cacher que nous avons eu les échos du procès royal et surtout du verdict qu’a affligé la péninsule. » Tristan prit une grande rasade de son âcre breuvage avant de continuer; «Octavia est une des compétitrices de notre Princesse. Nous sommes bien conscients que les bordels sont une atrocité pour un homme aussi pieux que vous, mais nous ne sommes pas ici pour juger les valeurs de chaque partie. » Il était évident que la princesse marchande et le Marquis avaient des visions complètement différentes, mais ils avaient tout de même quelques points en communs, même si ces derniers étaient plus ou moins évidents.


Un silence imposant sembla envelopper l’atmosphère, et pendant ce court laps de temps le milicien se demanda s’il n’avait pas été trop loin. Il avala difficilement sa salive avant de continuer; « La Soltari-Beronti est à la recherche de vengeance et semble à être prête à aller très loin pour y arriver.» Tristan prit une autre rasade de sa cervoise. Il avait tellement la gorge sèche! Pire que la sensation qu’il avait effleuré le terrible soleil du désert. Il reprit rapidement ses esprits et continua; « Avec quelques menaces bien placées, cette dernière a promis les plans de la flotte royale ainsi que de la flotte Soltariel en cas de conflit. Qui plus est, elle affirmait qu’elle avait de nombreuses informations supplémentaires. À savoir quoi, cela reste à le découvrir. Ce que l’on peut affirmer sans aucun doute c’est qu’elle viendra après vous et après tous les autres qui on fait tomber sa nièce.»  Il prit un moment pour reprendre son souffle; «Nous ignorons si Tibéria est au courant des plans de sa tante, mais soyez avertis que des informations très importantes sont en jeux. Ma maîtresse n’en a absolument rien à faire des informations proposées, ce qui l’intéresse est la prospérité de ses commerces et de la principauté. » Venait le moment de mettre cartes sur table. « Quant à l’information que je vous ai donnée, vous pouvez en faire ce que vous voulez avec, et si vous le demandez; sachez que si vous le demandez; Maralina vous offre son aide dans la mesure du possible. »


Silence.


Est-ce que les paroles du capitaine avaient été trop loin? Après tout, même la princesse avait prévu plusieurs possibilités de conclusion pour cette discussion. C’était un premier contact absolument vital entre Maralina et Louis. Il était clair que cette première discussion serait difficile et personne ne s’attendait vraiment à ce que les deux parties ne s’entendent totalement. Tristan brisa finalement le silence; «Nous sommes au courant de ce que vous pouvez penser sur nous, Votre Excellence.  Si vous le désirez, nous accueillerons vos émissaires à Uldal’Rhiz ou si vous souhaitez vous-même vous déplacez, la Princesse Marchande se fera une joie de vous recevoir. »
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MessageSujet: Re: Que des bonnes intentions [Terminé]   Que des bonnes intentions [Terminé] I_icon_minitimeMer 28 Nov 2018 - 23:07






Secouer terres et mers pour assouvir sa vengeance … Louis reconnut que la guenon du sud en fût très certainement capable. Quoi que, même les animaux les plus primitifs furent capables d’un tel besoin. Et quoi de plus naturel pour la Soltari-Beronti que de chercher à enrayer l’âpreté de sa déchéance en priant le malheur de ses détracteurs ? Mais là, c’est que la guenuche au derme hâlé se sentit pousser des ailes! Séparée de ses titres et de ses supports, comment put elle seulement croire en ses chances, quant au désopilant projet de vengeance auquel elle aspire ?

Louis continua à becqueter dans la miche de boulangerie qu’on lui confiât plus tôt, ne manquant rien des mots prononcés par les hérauts. Certes, à quelques reprises, le marquis hocha le chef d’une poignée d’acquiescements, comme s’il leur témoigna son envie d’en connaître d’avantage. Mais sinon, rien d’avantage. Il mastiqua silencieusement la mie de son pain sagement, ne coupant court la logorrhée du bonhomme. Et tout se déroula dans le calme le plus plat, à l’instar d’une flaque d’huile sur un lac mort, jamais il ne tiqua à la moindre des informations, fussent-elles des plus choquantes! C’est qu’en vérité, Louis se souciât de Tibéria que de la propreté des latrines de la basse-ville. À quoi pouvait-elle seulement aspirer, maintenant qu’icelle était déchue de tout pouvoir ? Elle pourrait bien vendre sa croupe à un richissime Prince marchand, louer son con à quelques fortes têtes Estréventines que cela ne changerait rien à l’équation : elle n’était à ses yeux plus qu’un souvenir avarié, qu’il avait torché d’un revers de la main après que la sentence se soit abattue sur elle.

Silence.

Foutre merde! Comment avait-il osé traiter ces émissaires avec aussi peu de considération, alors qu’iceux étaient porteurs du don de clairvoyance ?  Alors ces messieurs furent au jus de ce que pouvaient penser la populace de leur présence ? Pauvres d’eux : nuls en ce monde ne pouvaient être à même de mettre en mots la piètre réputation qui leur collait au derche. Piétant dans l’une des terres les plus pieuses du Royaume de la Péninsule, ces gens empestaient le péché et le vice : aussi bien comprendre que nuls n’étaient prêts à leur montrer oncques de primes signaux d’amitié.
Nuls sauf notre bon marquis.

« Je loue ma bonne étoile de m’avoir soufflé à l’oreille de vous odir jusqu’à la toute fin! » Tonna Louis avec gaillardise, le poing refermé contre la table. C’est que le cerf semblait plus jouasse que jamais il ne s’était permit de l’être en leurs présences. Quelque chose clochait, assurément.

« À la lumière de ces juteuses informations que vous me confites, je ne peux que me voir dans l’obligation d’acquiescer à votre requête! » Louis se redressa d’un bond, chassant de son séant l’assise sur laquelle il était tantôt calé. Il arc-bouta légèrement l’échine et ramena à lui d’un index la missive cacheté de cire et de l’estampille des Saint-Aimé. Un sourire, derechef, illumina sa bouille généreusement garnie de sa barbe aux poils noirs d’ébènes.

« Si je m'attendais à ceci! Oubliez de suite cette réponse, elle ne saurait convenir à votre maîtresse. Je me vois ainsi dans l'obligation d'éditer ma réponse ; je vous offrirai une seconde réponse sous l'heure prochaine : vous luis donnerez en mon nom et vous vous garderez d’y étancher votre curiosité en y parcourant le contenu. Sous ce sceau se cachera peut-être les prémices d’une prospère entente entre nos deux terres respectives. » Louis secoua ses paluches contre ses propres vêtements afin de se débarrasser des dernières miettes s’y trouvant, puis adressa un regard à l’un des asservis qui patientait, interdit, près des cuisines.

« Faites préparer deux baluchons de victuailles pour nos vaillants hérauts. Ce n’est guère la panse gargouillante qu’iceux sauront conquérir les lieux qui les sépares de leurs pénates! » Là, clairement, c’était plus douteux que jamais. Pourtant, après que Louis ait quitté la salle à dîner, aucuns coups fourrés ne leur furent prodigués. On leur offrit effectivement de généreuses rations de pitances, on les escorta, bien que froidement, jusqu’aux abords de la citée et les gardes s’en retournèrent vaquer à leurs occupations sans plus se soucier d’eux, juste après leur avoir délivrer ladite réponse du marquis.

En ce qui attrait de ce communiqué, le contenu de la lettre allait comme suit :











Maralina Irohivrah,

D’ores et avant tout, soyez mille fois remerciés pour ces présents que vous me fîtes en l’honneur de mes noces. D’aucuns ne sauraient déprécier la beauté de cet inestimable bijou et de ce pure sang ; ils sont je l’imagine, à la hauteur de votre beauté dont on me narra les qualités. Et que dire de l’heureuse venue de vos hérauts en mes terres! C’est qu’en plus d’affronter la distance qui sépare nos deux terres, iceux se montrèrent porteur de bien juteuses informations : comment pouvais-je les recevoir autrement qu’en alliés ? Et voilà que je remercie la Damedieu depuis leur départ de m’être fié à mon instinct et de leur avoir prêté l’entièreté de mon attention.

Ainsi la guenon du sud montre encore les dents même après que nous lui en ayons privé ? Et vous pensiez réellement que cette nouvelle de peu de valeur fut de taille et suffisamment conséquente pour justifier une probable coopération entre nos deux terres ? Cette information m’apparaît comme aussi banale que la neige en hiver ; aussi vous comprendrez que je m’abstiendrai, non, je déclinerai catégoriquement toute possible bonne entente avec vous tant et aussi longtemps que votre immoralité n’aura en ce monde son pareil. Peu me chaut de vos pénates intoxiquée par le vice, le péché et par vos simulacres de Dieux.

Quant à cette aide que vous me proposiez en toute générosité, j’accepte volontiers que vous fassiez pour moi ce petit quelque chose. Penchez-vous, hissez fièrement votre croupe et demandez à l’un de vos esclaves de vous encorner jusqu’à la moelle. Qu’il continue, encore et encore, jusqu’à ce que vous en oubliez de douleur que vous n’avez rien d’une princesse et tout d’une riche putain. Alors oui, lorsque vous me reviendrez avec une once d’humilité, peut-être serais-je en mesure de voir la naissance d’une commune entente. D’ici à cet improbable moment, sachez que je pisserai à la raie à tout autre ambassadeurs venus en votre nom.

Je ne peux vous promettre prier pour votre âme damnée, mais sachez que je vous prends en pitié en vous recommandant à la Damedieu. Seule elle peut encore quelque chose pour votre salut.

PS : Ce bijou que vous me confîtes se montrera fort seyant à l’un de nos chats, qui saura désormais se targuer être le félin le plus à la pointe de la Péninsule.

Louis de Saint-Aimé, Marquis de Sainte-Berthilde, Seigneur de Saint-Aimé, de la Toranne et d’Erignacc.




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