[Domaine de Velmonè] Une Fleur dans les jardins - Amaury

Le banquet battait son plein sous l’immense tente dressé dans le jardin. Les bruits des conversations, des couverts et de la musique étaient revigorants mais à la fois étourdissants. A mesure que le vin coulait et que les conversations s’animaient joyeusement, l’atmosphère s’était réchauffée, colorant les joues de la jeune Cécyllia. Elle qui avait été contrainte à garder le lit les jours précédant ce banquet et qui avait rêvé de voir du monde, voilà qu’elle en était arrivée à regretter quelque peu son isolement. Il y avait tant de gens à saluer, tant de personne avec qui elle souhaitait s’entretenir…
On avait fini par lui expliquer la raison de ce banquet, il s’agissait évidemment d’annoncer le mariage de son cher frère mais également, et cela surpris la jeune fille, celui de son père. Elle qui ne l’avait pratiquement pas quitté durant les dernières ennéades, elle était surprise qu’il ne lui ait pas parlé de cet évènement. Peut-être avait-il craint qu’elle ne prenne pas la nouvelle avec le sourire, après tout, il lui avait déjà appris durant leur voyage qu’elle avait une demi-sœur… et il lui avait déjà fallu prendre sur elle pour accepter en souriant cette situation. Peut-être parce qu’elle était un brin jalouse de ne plus être la petite dernière…  
Mais tout cela semblait tellement loin à présent. Cécyllia était tellement heureuse de revoir toute sa famille. Cornélia était là et Oschide également. Elle avait pu passer un peu de temps avec Azénor avant qu’elle s’éloigne faire profiter les invités de son charme et de toutes ses qualités. Non sans lui avoir promis de la retrouver plus tard.

Une quinte de toux la secoua quelques secondes, lui rappelant qu’elle était tout juste remise d’une maladie qui l’avait affaibli deux longues ennéades. L’endroit lui paraissait surchauffé aussi s’excusa-t-elle auprès des siens pour aller prendre l’air dans les jardins.

« - Laisse-moi t’accompagner Cécy. »
« - Allons c’est inutile, profite plutôt de la présence de nos frères et sœurs qui t’ont autant manqué qu’à moi Lucrezia. Ne t’en fait pas je vais juste faire quelques pas dehors, je reviens très vite. »

Après lui avoir adressé un fin sourire, Cécyllia quitta la table et s’éclipsa discrètement en dehors de la tente.
La nuit était claire et le ciel d’été était couvert d’étoiles. Le spectacle était magnifique, mais ce que la jeune Anoszia appréciait le plus c’était l’air frais qui l’enveloppait à présent. Un régal après la chaleur presque étouffante qu’elle avait ressenti sous la toile de tente dressée.
D’autres convives avaient eu la même idée qu’elle et quelques petits groupes s’étaient éparpillés à l’extérieur de la tente pour poursuivre leurs conversations. Cécyllia adressa des sourires au regard qui se tournaient vers elle, et elle s’éloigna lentement, rejoignant la partie du jardin qu’elle préférait. Le grand saule pleureur.
Elle n’avait pu que le regarder depuis la fenêtre de sa chambre, mais maintenant qu’elle avait un petit moment de liberté, elle comptait bien en profiter pour s’y rendre quelques minutes.
Une nouvelle quinte de toux lui brûla les poumons. Le pire était passé mais c’était toujours une sensation désagréable. Alors qu’elle écartait les branches basses de Son arbre, elle sentit immédiatement qu’elle n’était pas seule.

Surprise elle observa la silhouette qui se trouvait là, adossé à l’arbre. A mesure que ses yeux s’accoutumaient à l’obscurité et grandement aidée par l’éclat de la lune et de la fête qui traversait le feuillage, Cécyllia crut reconnaître l’un des hommes qu’elle avait croisé plus tôt sous la tente. Elle croisait à présent son regard et le silence qui les entourait, était à présent un brin gênant.

« - Oh…Excusez-moi … Je ne savais pas…. Enfin je ne pensais pas qu’il y aurait quelqu’un ici… Je ne voulais pas vous déranger. » finit-elle par dire pour éviter que le silence ne se prolonge davantage. « - Je … euh… je… vais vous laisser. »

Heureusement qu’il ne faisait pas grand jour, sans quoi le jeune homme n’aurait pas manqué de remarquer le rouge qui recouvrait à présent ses joues. La situation était … étonnante venant d’elle : en compagnie d’un inconnu, sous le couvert d’un arbre, au beau milieu de la nuit. C’était sûrement parce qu’elle avait associé toutes ses idées qu’elle se retrouvait à présent encore plus timide que d’habitude.

Le repas ne manquait de rien, au contraire, c'était l'opulence du sud dans toute sa splendeur. Loin de se plaindre, Amaury s'était servit comme il le fallait et il était reput. Toute la soirée, il avait observé les gens qui l'entouraient, il n'en connaissait pas beaucoup si ce n'était par leurs armoiries mais comme ils ne les portaient pas, il demandait souvent à son conseiller, Enzo, de qui il s'agissait en désignant subrepticement les personnes sur lesquels il voulait des renseignements. Rompu pour tout ce qu'il s'agissait en Sybrondil, il l'était moins dès que cela sortait de sa baronnie. Les voyages sur son bateau lui avaient fait découvrir énormément de choses mais les nobles n'étaient pas ceux qui commerçaient le plus, Amaury avait donc une meilleure connaissance des riches marchands et de Thaar que de la noblesse d'Ydril dont il connaissait plus les capitaines qu'il rencontrait lors des escales. Au bout d'un moment, désireux de s'éloigner un peu, il sortit et s'éloigna un peu. Il avisa un saule pleureur magnifique qui ferait son office. Il poussa les longues branches fines et tombantes et il alla s'adosser au tronc de l'arbre. Toute la soirée, il avait bien compris qu'il devait impérativement trouver un moyen, quel qu’il soit, afin de se rapprocher de l'Anoszia et d'avoir son soutien. Renseigné tout de même comme il le fallait, Amaury connaissait la situation à Soltariel et il pensait que le Dragon avait de bonnes chances de parvenir à ses fins, bien que ce ne soit pas forcément gagné non plus. Il pensa à son jumeau qui se trouvait à Euphémion, son Vicomté et qui veillait à ses intérêts alors qu'il festoyait. Une certaine amertume pointa, jamais ils n'avaient été séparé avant et depuis quelques ennéades, ils ne se voyaient plus ou ne faisaient que se croiser. Vivement que tout cela ne change. Il DEVAIT impérativement assoir son autorité et rallier tous les vassaux du Vicomté à sa cause et les lier à lui. Alors il pourrait sans doute reprendre le rythme de sa vie même si rien ne serait plus pareil maintenant qu'il était seigneur et Vicomte, ce qui changeait d'héritier et de capitaine de navire.

Alors qu'il ruminait tout cela, il fut ramené sur terre par une toux, suivit par le feuillage qui s'écartait pour laisser passer quelqu'un. Celle-ci, non accompagnée, s'immobilisa, sans doute encore plus surprise qu'Amaury. Jaugeant la nouvelle venue, le Vicomte finit par reconnaitre une des filles Anoszia sans savoir de laquelle il s'agissait. La noirceur de la couverture devait le rendre énigmatique alors que la lune, pleine et claire faisait un halo autour de celle-ci. elle était blonde, ça c'était certain mais puisque la lumière venait de derrière, il ne voyait pas son visage, ni le fait qu'elle avait rougit. Amaury n'avait pas fait attention qu'un silence s'était installé et qu'il devenait gênant, il fut brisé par la voix de la demoiselle qui s'excusait et disait repartir. Aussitôt, le côté séducteur d'Amaury prit le dessus, surtout qu'il se souvenait de son visage au cours du banquet. Elle était très loin d'être mal faite, au contraire même. Reprenant constance, Amaury passa une main dans ses cheveux

"Non, restez, vous ne me dérangez pas."

Il s'avança et il prit la main de la demoiselle qu'il baisa comme il fallait, ses cheveux libres repassant devant lui.

"Et puis je pense qu'il y a assez de place pour deux, à moins que ce soit l'isolement que vous recherchiez ? je me présente, Aumaury Di Castelli, Vicomte d'Euphémion et seigneur d'Aquila en Sybrondil, c'est un plaisir que de faire votre connaissance, demoiselle ?"

Il savait que c'était une Anoszia mais jouer le jeu était amusant, et puis il ne savait pas de laquelle il s'agissait alors un peu plus de renseignements ne serait pas du luxe. Il adorait aussi jouer.

Un vicomte… Et bien au moins il ne pouvait s’agir que d’un gentilhomme duquel elle ne devait rien avoir à craindre. Non ? Encore qu’elle ignore s’il avait trop abusé de la boisson, Rosa, sa servante, lui avait assez rabâché qu’elle devait toujours se tenir loin d’hommes ivres. Mais celui-ci semblait être en pleine possession de son esprit. Le sourire qu’il lui avait adressé alors qu’il s’approchait d’elle l’avait figé un peu plus. Et elle n’avait pas osé faire le moindre mouvement lorsqu’il s’était saisi de sa main pour l’embrasser galamment. Avec un léger temps de retard, la jeune Anoszia lui répondit d’un sourire et d’une révérence, comme elle avait si bien appris à les faire. « Allons ne soit pas sotte… Tu ne peux plus te cacher derrière Lucrezia ou Azénor. Mais par Néera,  tu es une Anoszia alors un peu de courage ! » Après tout elle était venue là pour prendre l’air et c’est ce qu’elle comptait bien faire. Et puis si sa présence ne gênait pas le Seigneur en face d’elle alors qu’elle resterait sous son arbre quelques minutes.

– Cécyllia d’Anoszia, je suis enchantée de faire votre connaissance  Messire Di Castelli. Si ma présence ne gêne nullement votre tranquillité alors je ne vois pas d’inconvénient à profiter de cet endroit en votre compagnie.

Elle était quelque peu surprise de l’audace de ses propres paroles. Mais elle avait si souvent vu sa sœur faire ainsi qu’elle n’y voyait aucun mal. Après tout, il avait totalement raison, il y avait bien assez de place pour deux sous ce saule. Même pour dix probablement. Inutile donc de le chasser, d’autant que ce n’était pas un désir de solitude qui l’avait guidé hors de la tente, mais seulement le besoin de prendre l’air.

Faisant quelques pas sous l’arbre, la jeune fille se retrouva bien vite près de l’épaisse racine qui jaillissait du sol et sur laquelle elle avait coutume de s’asseoir. Osant un regard vers le seigneur du sud, elle se surprit à lui adresser un nouveau sourire. Peut-être avait-elle bu trop de vin… Une coupe s’était peut-être déjà trop pour elle qui ne buvait jamais… Elle se sentait bien moins gênée qu’elle aurait dû l’être. Peut-être aussi parce que la nuit masquait ses yeux vairons qui habituellement la complexaient plus qu’elle n’aurait pu l’avouer aux siens.

– Je ne m’attendais pas à trouver quelqu’un ici, habituellement je suis la seule à y venir… Mais il est vrai qu’il y a beaucoup de monde ce soir dans les jardins de Velmonè. Appréciez-vous la fête ?

Voilà qui était encore plus surprenant venant d’elle. Voilà qu’elle engageait la conversation avec un inconnu ! Décidemment, Lucrezia aurait été fière de sa jeune sœur si elle l’avait vu en cet instant (et elle lui aurait probablement glissée une nouvelle coupe de vin pour s’amuser un peu plus !).
Une nouvelle quinte de toux la secoua quelques secondes tandis qu’un frisson la parcourait. Elle n’avait pas froid, du moins, pas assez pour retourner étouffer dans l’atmosphère surchauffée de la tente. Au contraire, la légère brise qui secouait les fines branches en même temps que  les quelques mèches de cheveux qui s’échappait de sa coiffure, lui faisait un bien fou.

– A moins que ce soit justement parce que vous ne l’appréciez pas que vous vous cachez ici ! Un petit  rire amusé ponctua ses paroles tandis qu’elle croisait une nouvelle fois le regard du vicomte.

Amaury avait bu mais avec modération, il savait allait jusqu'à l'ivresse mais lorsqu'il était certain des gens qui l'entouraient et qu'il n'avait pas besoin de réfléchir. Ici, dans un endroit inconnu, entouré d'étrangers, il n'allait certainement pas s'exposer. Et même si la jeune dame ne lui amenait pas d'appréhension, l'on pouvait être surpris et surtout, elle n'était pas seule au banquet. Elle se reprit et après lui avoir rendu un sourire et fait une révérence des plus classique, elle se présenta avant d'accepter sa compagnie. Amaury savait qu'elle était une Anoszia mais jouer la comédie faisait partie du jeu

"Une fille du régent, le plaisir est pour moi, vous me voyez ravis que vous acceptiez ma compagnie."

Il s'inclina de nouveau mais de manière un peu burlesque, non pour se moquer, loin de la, mais pour faire un peu d'humour, espérant que cela fonctionne

"L'on m'avait vanté la beauté des filles du dragon mais les descriptions étaient loin de la vérité, permettez moi de vous dire que vous êtes ravissante"

Le jeu avait débuté, Amaury adorait cela même s'il était loin de parvenir à chaque fois à ses fins.

"Mais je m'en voudrais de vous faire fuir, pardonnez mon audace, je ne comprends pas ce qui m'a poussé à vous dire cela"

Encore une ruse afin d'avancer que sa beauté l'avait perturbé. Amaury passa ses mains dans ses cheveux afin de les ramener en arrière, une habitude, presque un tic. Le sourire de la belle était charmeur même si ce n'était pas l'effet souhaité, elle ressemblait à un ange mais l'était elle vraiment ou était ce un démon déguisé.

"La fête est parfaite, mais je suppose que venant de votre père, c'est la norme. Il nous a réservé une sacré surprise avec son annonce, cela a étonné plus d'un invité, j'espère qu'il parviendra à ses fins. Aussi je ne me cachais pas, je voulais réfléchir tranquillement et l'endroit s'y porte particulièrement. Je suis toutefois content d'être venu jusqu'ici puisque cela m'a permit de vous rencontrer."

Lorsqu'elle toussa, Amaury poussa l'audace, la prenant par les épaules comme pour la soutenir. Puis lorsqu'il sembla que c'était passé, il mit sa main dans le dos de la demoiselle, comme pour la soutenir

"Vous allez bien ? voulez vous que je vous raccompagne ?"

Intentionnellement, il n'avait pas retiré sa main, faisant comme s'il avait oublié ce contact inadéquat. Mais il l'aidait, ce n'était rien d'autre, au moins ce serait son cheval de bataille en cas de problème. Elle continua, preuve qu'elle ne souhaitait pas partir, Amaury se surprit à regarder la légère brise jouer dans ses cheveux, nul doute qu'il en était de même dans la sienne.

"J'ai entendu dire que votre père ferait tout pour ses enfants, est ce vrai ?"

Il aurait bien posé d'autres questions, mais une fois encore, il ne souhaitait pas la faire fuir. Il préféra donc la laisser prendre son temps pour répondre et continuer cette conversation.

Si la dernière fille du Dragon s’était déjà entendue vanter ses charmes, elle n’en avait pas encore pris l’habitude et les paroles du jeune homme la firent donc rougir un peu plus. Mais pourquoi diable se sentait elle toujours aussi intimidée lorsqu’on lui adressait un compliment. Elle s’était tant habituée à se tenir toujours en retrait, laissant le devant de la scène à ses soeurs, qu’elle ne savait toujours pas comment réagir. Détournant pudiquement le regard alors qu’elle sentait un sourire étirer ses lèvres, Cécyllia chercha vainement contrôler les battements de son coeur. Parce que ce dernier s’était subitement emballé… Son jeune âge la rendait naïve et il fallait avouer qu’elle était totalement ignorante de ses jeux de séduction qui pouvaient avoir cour entre un homme et une femme. Pour elle, les choses étaient simple : elle épouserait à la fin du mois un illustre inconnu - c’était d’ailleurs surprenant que son père ne l’ait pas convié, ou s’il se trouvait là, qu’il ne le lui ait pas présenté - et elle apprendrait à l’aimer avec les années.
Bien sur elle avait déjà vu ses soeurs flirter légèrement, Azénor étant la plus rayonnante des Fleur de Velmonè, elle était habituée à avoir autour d’elle une cour de prétendant, tous prêt à se plier en quatre pour combler ses moindres désirs. Cécyllia l’avait toujours regardé faire, amusée par son aisance à papillonner comme elle le faisait.

Cette pensée l’amusa. Après tout, elle était à Velmonè, entourée de toute sa famille, il ne pouvait rien lui arriver de mal et puis… pourquoi ne pas essayer de s’amuser un peu, comme Lucrezia le lui aurait suggéré.
Il poursuivit alors, parlant de la fête et de l’annonce de son père. Elle avait raté ce passage mais ses soeurs s’étaient chargées de la mettre au courant dès son arrivée.

- Mon père aime effectivement cultiver les mystères. Et pour être honnête avec vous, je fais partie de ces gens qui ont été surpris par cette annonce, mais je m’en réjouis, cela fera un mariage de plus à célébrer durant ce mois. .

Il n’y avait aucune marque d’aigreur dans sa voix, bien au contraire. Cécyllia ne savait pas bien comment réagir à cette nouvelle, l’image qu’elle se faisait de son père avait déjà été quelque peu écorné à Alonna lorsqu’elle avait fait la connaissance de sa demie soeur âgée de quelques ennéades à peine… et à présent apprendre qu’il comptait se remarier… C’était beaucoup de changement et il lui faudrait un peu de temps pour accepter la situation.

Alors qu’elle toussait à nouveau, le Seigneur Di Castelli s’approcha prestement d’elle pour la soutenir, visiblement inquiet pour elle. D’abord surprise, la jeune fille se crispa légèrement devant ce contact quelque peu déplacé.

- Oui… pardonnez-moi de vous inquiéter ainsi. Ce n’est rien. Relevant les yeux vers le visage du jeune homme, Cécyllia lui adressa un fin sourire, sans pour autant remettre entre eux cette distance qui aurait du y avoir. - Je suis revenue souffrante de mon voyage dans le Nord et je n’ai eu l’autorisation de quitter mon lit que cet après midi. Mais je vais bien mieux, ne vous en faites pas.

Son contact était plaisant, agréable même. Si quelqu’un l’avait trouvé ainsi, nul doute qu’elle aurait du essuyer les foudres des hommes de la famille… mais les félicitations de ses soeurs !
Elle avait observé tant de fois les hommes cajolaient ainsi Azénor, et à présent que ce genre d’attention lui était réservée, elle comprenait que celui puisse être aussi plaisant.
Il tenta alors d’engager à nouveau la conversation, et un petit rire amusé lui échappa alors qu’il s’interrogeait sur le côté protecteur d’Arichis d’Anoszia. Tout ? C’était peu dire en effet, son père aurait été capable de défier les dieux eux-mêmes pour chacun de ses enfants.

- En effet, ce que l’on dit est vrai. Mon père est très protecteur avec nous, parfois un peu trop.

Une nouvelle fois elle croisa son regard, l’obscurité lui faisait regretter de ne pas pouvoir deviner de quelques couleurs ils étaient… marrons peut-être… mais dans des teintes claires probablement. Le sourire qu’il lui adressait, rajeunissait les traits de son visage et cet air charmeur qu’ili se donnait devait assurément faire fondre plus d’une demoiselle. Elle devait reconnaître qu’il était plutôt bel homme, qu’il savait user de son sourire et de ses paroles...mais qu’il était probablement déjà marié, hélas !
Hélas ?! Pourquoi avait-elle pensé cela ? Quand bien même il ne l’aurait pas été, elle, elle était promise à un homme … et de toute manière elle savait pertinemment qu’elle n’aurait pas voix au chapitre concernant le choix de son mari.

- Etes-vous marié Messire Di Castelli ? s’entendit-elle demander. Surprise par sa propre impertinence, Cécyllia ajouta rapidement. - Votre épouse vous a peut-être accompagnée, mais j’avoue ne pas avoir fait assez attention à tous les invités présents…

Mais qu’est-ce qu’il lui prenait de demander une chose pareille. A nouveau elle sentait le rouge lui picoter les joues... Ce genre de jeu était très déroutant, surtout pour elle qui n’avait pas l’habitude. Déroutant certes, mais amusant !

Son père ne lui avait pas dit ce qu'il allait annoncé, voila qui n'était pas une bonne nouvelle pour Amaury qui commençait à se demander s'il pouvait profiter des enfants pour connaitre la pensée du père. Cela ne devait pas être facile lorsque quelqu'un de votre famille vous faisais des cachotteries. Lui même avec son jumeau ne se cachaient absolument rien et en tant qu'héritier, son père n'avait pas voulu non plus lui dissimuler des choses, préférant le préparer à ce qui l'attendait lorsqu'il prendrait la suite. Il désespérait d'ailleurs de voir ses fils ne se préoccuper que de la navigation et ne pas s’intéresser à la politique. Il ne pensait sans doute pas non plus qu'il décéderait si vite.

"Et pas n'importe quel mariage, une alliance forte qui ouvre de grandes possibilités pour votre père et votre famille."

Ainsi elle avait été malade, voila qui expliquait ses toux mais elle se voulait rassurante, les médecins l'ayant autorisé à sortir de son lit.

"Je ne doute pas un seul instant de la qualité des soins qui vous ont été prodigué, les médecins de votre famille doivent être fameux."

Le sourire qu'elle lui adressa était un signe qu'Amaury était sur la bonne voie, elle ne s'était pas enfuie et elle semblait répondre à ses stimuli, même sans s'en rendre compte. Il ne la lâcha pas non plus du regard, relevant ce défi et n'étant pas timide pour deux sous. L'obscurité ne lui permettait pas de voir la couleur des yeux de Cécyllia, encore moins qu'ils étaient vairons. Elle avoua ensuite que les dires n'étaient pas infondé sur la protection du patriarche à l'encontre de ses enfants, voila qui était intéressant. Amaury faisait tout pour séduite la demoiselle et en apprendre le plus possible tout en n'étant pas trop entreprenant, chose difficile, encore plus alors qu'il était difficile pour lui de se contrôler par moment. Ce n'était pas qu'il allait lui sauter dessus, mais le jeu de la séduction était parfois prenant. Inconsciemment, il approcha son visage de Cécyllia, doucement, sans faire penser à mal mais comme s'il voulait lui parler plus proche, plus doucement et qu'il ne souhaitait pas être entendu.

"Vous avez de la chance d'avoir un père aussi attentif à sa progéniture, profitez en autant que possible, les années passent très vite. Non je ne suis pas marié, je n'ai emmené avec moi qu'une poignée de gardes pour ma protection et un conseiller plus avisé que moi et plus érudit afin de m'éclairer sur les choses que je ne comprends pas ou me renseigner sur les personnes que je ne connais pas."

Voila une question qui n'était pas prévue et qui amenait un questionnement sur la personne qui lui faisait face. Etait elle aussi jeune et prude qu'elle le semblait de prime abord ou alors était elle plus directe et moins pure qu'Amaury l'avait cru ?

"Si vous permettez encore une fois mon audace, et vous ? êtes vous mariée ? il me serait désagréable de voir votre époux ou un prétendant venir et me défier en duel parce que je suis seul avec vous"

Il rit à sa question et à ce qu'il venait de dire afin de marquer l'ironie même si elle était posée.

"Je me demandais aussi quelle était votre place au sein de la famille d'Anoszia ?"

Il voulait savoir si elle était l'ainée ou pas

Sa propre audace l’avait surprise. Comment pouvait-elle se permettre de parler ainsi à un Vicomte. Fort heureusement il ne lui en tint pas rigueur et lui répondit même comme si la question était tout à fait banale et qu’elle avait parfaitement sa place dans la conversation. Malgré sa gêne, Cécyllia continua de sourire au jeune homme près d’elle. Il semblait s’être légèrement rapproché, peut-être parlait elle trop doucement qu’il lui fallait se pencher pour mieux l’attendre. C’était sûrement ça. Elle aurait dû se reculer, remettre une distance convenable entre eux, mais elle aimait bien cette façon qu’il avait de s’adresser à elle. Et pour une fois que ce genre d’attention n’était pas destinée à l’une de ses soeurs elle voulait en profiter un peu. Juste un peu et ensuite elle redeviendrait la Sage Cécyllia qu’elle avait toujours été.

La jeune fille ne s’était pas attendue à ce qu’il lui retourne sa question, c’était légitime après tout, mais elle ne put s’empêcher de rougir à nouveau et de baisser les yeux quelques secondes sur ses mains croisées. Mariée ? Non elle ne l’était pas. Mais fiancée oui… Et si son père n’en avait pas fait l’annonce ce soir c’était sûrement pour la préserver un peu. Elle lui avait confié ne pas être très à l’aise avec cette idée malgré le fait qu’elle respecterait sa volonté.

Non, je ne le suis pas. Mon père a quelques arrangements me concernant. Je dois me marier à la fin du mois.

Oui, c’était exactement ça. Il s’agissait de son devoir, rien de plus. Pour l’honneur et l’amour de sa famille. Bien qu’elle n’ait jamais rencontré son futur, elle ferait ce que lui dicterait son père, comme toujours.

Ce n’est pas de mes hypothétiques prétendants que vous devriez vous méfier, mais plutôt de mes frères. Je doute qu’ils apprécieraient de me voir ici, ils sont très … protecteurs me concernant. Mais ne vous en faites pas, je me ferai un plaisir de vous sauver de leurs griffes.

Un petit rire amusé détendit la jeune fille. En même temps, elle préférait ne pas imaginer l’arrivée d’Oscario ou d’Oschide. Encore que le doux Sysiphe aurait probablement privilégié la discussion, elle n’était pas certaine que ses deux frères aînés n’aient pas frappé d’abord !

Je suis la dernière fille d’Hélène et Arichis d’Anoszia. Mais je vous pardonne de ne pas l’avoir deviné en entendant mon prénom, ,nous sommes nombreux ! Et vous avez-vous des frères et soeurs, Seigneur Di Castelli ?

C’était étonnant qu’elle se montre aussi bavarde avec un inconnu. Peut-être était-ce parce qu’elle avait été enfermé une longue ennéade et qu’elle avait cruellement manqué de compagnie. Se rendant compte qu’elle monopolisait le temps du Vicomte avec ses questions futiles, la jeune fille se leva et fit quelques pas sous le saule.

Je vous embête sûrement avec mes questions et vous avez probablement mieux à faire que me tenir compagnie Messire.

Spoiler:

Amaury ne manqua pas le baissement des yeux et de la tête de son interlocutrice, preuve qu'elle n'était pas si à son aise que cela. Un sourire entendu sur les lèvres, il approcha encore un peu sa tête, prêt à tenter de lui voler un baiser, oubliant les convenances et complètement investit dans son jeu de séduction. Une douche froide déversa soudainement sur lui lorsqu'elle lui annonça qu'elle était fiancée et devait se marier à la fin du mois. Cela le stoppa net, même s'il ne recula pas pour autant. Il se reprit fort vite, jouer un peu n'était pas forcément une mauvaise chose non plus, un baiser et quelques caresses ne défloraient pas une demoiselle et il n'était jamais le dernier à ce jeu, surtout qu'elle ne semblait pas plus emballée que cela lorsqu'elle parla de son futur mariage. Il parla plus bas, chuchotant presque, pour l'obliger à son tour à s'approcher ou du moins, ne pas partir

"Vos frères, oui certes, il me serait désagréable de les blesser ou de me faire haïr d'un membre de votre famille"

Rien n'était fait mais Amaury n'était pas la pour le plaisir, même s'il savait le chercher en même temps que son devoir réclamer du temps. Amaury était un très bon bretteur, surtout au sabre, arme de prédilection sur un bateau.

"Mais je profiterais volontiers de votre protection si vous me l'accordez et je vous serais alors redevable, vous accordant un souhait sur ma personne."

Voila une offre qui en disait long sur ses intentions pour quelqu'un qui s'y connaissait, ce n'était peut être pas le cas de Cécyllia. Le rire qu'elle eut était un baume a cœur et d'une pureté enfantine. Le Vicomte ne connaissait après tout pas son âge, peut être était elle encore plus jeune qu'il ne le pensait. Cela attisa encore son envie

"En tout cas, nul doute que votre promis doit être comblé de s'unir prochainement avec vous, une telle beauté est un don de Néera en personne"

Un compliment direct, une allusion à faire pâlir et à la limite de la décence. Amaury était pleinement dans son jeu et il venait d'oublier à qui il s'adressait.

"Ainsi vous êtes la benjamine, êtes vous aussi la préférée comme la coutume le dit ?"

Toujours bas afin de la maintenir proche de lui, il cherchait à en savoir le plus possible. L'allusion à sa propre famille le ramena un peu sur terre. L'éloignement de son frère était douloureux, surtout que cela semblait devenir une norme alors qu'ils n'avaient jamais été séparé depuis leur naissance ou dans un laps de temps assez court.

"J'ai un jumeau, il est resté à Euphémion pour veiller sur mes terres durant mon absence."

Amaury avait soudainement le regard lointain mais cela ne dura pas, sa proie était en face de lui et il ne voulait pas la laisser s'échapper. Il se leva à son tour et la suivit, comblant rapidement l'écart qui s'était fait

"Vous ne m'ennuyez pas voyons. Une si charmante compagnie, c'est plutôt moi qui vous monopolise à un banquet ou vous devez peut être vous montrer ? Pour ma part, j'ai de la chance de vous avoir rencontré, un rayon soleil malgré la nuit sombre"

Etre sous l'arbre ne rendait pas la visibilité très bonne, c'était certain, l'on aurait même pu croire qu'il s'agissait de deux amoureux ayant justement cherché un coin tranquille pour flirter

"Si vous permettez que j'abuse encore de votre présence, cela m'empêchera d'avoir de sombres pensées en me souvenant de mon frère et de mes terres."

Amaury prit la main de Cécyllia dans la sienne et il l'amena doucement à ses lèvres pour y déposer un baiser équivoque

Le jeu qui se déroulait à présent entre le Vicomte et la Fleur de Velmonè n’échappait plus à cette dernière. Elle appréciait les sourires et les regards du jeune homme. Il était charmant c’était indéniable et bien fait de sa personne, ce qui ne gâchait rien et il semblait apprécier autant qu’elle le moment qu’ils passaient ensemble. Si elle s’amusait de le voir ainsi la complimenter, elle était trop inexpérimentée pour savoir lui rendre la pareille, mais elle ne cessait de lui sourire. Elle eut même un rire amusé lorsqu’il lui déclara qu’il lui serait redevable. A combien de femmes avait-il tenu pareil discours ? La jeune Anoszia ne doutait pas un seul instant du fait qu’Amaury Di Castelli ait fait chavirer plus d’un coeur, mais cette pensée ne l’empêchait pas de sentir le sien battre plus fort du plaisir de sa compagnie.

- Par les Cinq, un souhait sur votre personne ?! Mais je ne saurai jamais quoi souhaiter de vous Messire.

A nouveau son petit rire amusé s’éleva dans l’obscurité. Les bruits de la fête s’élevaient encore non loin d’eux et pour l’heure elle n’entendait personne l’appeler. Elle avait donc encore un peu de répit… Elle fut surprise de se rendre compte qu’elle ne voulait pas voir débarquer l’une de ses soeurs ou l’un de ses frères. Elle voulait voir ce moment se prolonger encore un peu, profiter des égards et des attentions du Vicomte, goûter à ce plaisir qu’elle n’avait que si rarement connu. Par sa faute elle en avait parfaitement conscience, c’était elle qui s’était toujours tenue à l’écart, dans l’ombre d’une Azénor resplendissante ou d’une Lucrezia rayonnante. Mais depuis son dernier voyage avec son père, elle souhaitait s’ouvrir au monde, déployer ses ailes comme le lui avait demandé le Patriarche.
Le jeune homme avait changé de sujet et elle glissa son regard vers lui, cherchant à connaître plus de détail de son visage malgré l’ombre des branches du saule.

- La préférée ? Non, vous faites erreur Messire Di Castelli. Mon père n’a jamais montré une quelconque préférence. Je suis peut-être celle que l’on dorlote le plus, mais nous nous entendons tous très bien et nous nous aimons tous.

Elle se doutait bien que ses dernières paroles pouvaient la faire passer pour trop naïve. Aucune famille ne pouvait paraître aussi parfaite et elle savait qu’il y avait quelques tensions au sein même de la fratrie. Entre Oschide et elle pour commencer, peut-être qu’un jour elle aurait le courage de parler à son aîné. Et puis Cornélia qui semblait plus déprimée que jamais….
Le Vicomte lui parla alors de sa propre famille, de son frère jumeau et aussitôt Cécyllia lui sourit. Pour avoir toujours connu la complicité évidente qui liée Lucrezia et Sysiphe, elle se doutait bien que le jeune homme devait avoir le même genre de rapport avec son frère.  Il la rejoignit alors et à nouveau le jeu reprit entre eux, jeu auquel elle était de moins en moins insensible.

- Quel remarquable flatteur vous faites, et bien que vos paroles me touchent sachez que je n’accepte de rester avec vous quelques instants de plus que pour vous éviter la tristesse de penser à votre famille et non pour vous entendre à nouveau me comparer à un rayon de soleil. Cette fois elle avait souri un peu plus, et n’avait nullement reculé lorsqu’il avait pris sa main pour déposer un baiser dessus.
Ce simple contact l’avait électrisé et malgré la rougeur de ses joues elle avait soutenu son regard, amusée. - Voulez-vous faire quelques pas avec moi ? Il y a un chemin par ici qui mène au plus près des hauteurs. La vue sur la mer est magnifique...surtout par une nuit claire.

Écartant les branches du saule, Cécyllia fut presque surprise par la lumière du clair de lune. Elle se tourna alors pour observer son compagnon de promenade sortir de leur cachette et cette fois elle put admirer un peu plus la finesse de ses traits. Il avait une vraie allure de marin, il était exactement comme ces hommes de mer qu’elle s’imaginait lorsqu’elle lisait quelques récits d’aventures qu’elle trouvait dans la bibliothèque du palais.

Lorsqu’il l’eut rejoint, elle fit quelques pas sur le chemin avant de tourner son regard vairon vers lui. Elle avait bien conscience qu’elle n’aurait jamais dû se retrouver seule en sa compagnie, que cela n’avait rien de convenable et que son père aurait probablement été furieux, mais pour l’heure elle s’en fichait et cette seule pensée lui donnait l’impression de voler vers une liberté toute nouvelle.
Ils arrivèrent rapidement au bout du jardin et devant eux l’Olienne s’étendait comme un voile sombre sur lequel se reflétait les étoiles et la lune.

- Comme j’aimerai me trouver à bord de l’un de ces bateaux que l’on voit d’ici. C’est probablement ce que j’ai préféré lors de mon voyage vers le nord le mois dernier. Les soirées passées sur le pont à regarder le ciel et l’horizon. Si je le pouvais je passerai ma vie à bord de l’un de ces navires !

Amaury jouait avec la demoiselle, certain que ses talents de séducteur faisait leur effet. Il tentait de la piéger dans son jeu, de l'obliger à lui répondre et lui rendre la pareil

"Vous ne sauriez que souhaiter ? voyons, laissez votre imagination faire, je suis certain qu'il trouvera"

Il parlait toujours doucement, un murmure, une douce mélodie qu'il voulait envoyer à Cécyllia afin de la faire succomber. Très près, il lâcha un clin d’œil enjôleur. Le rire qui lui répondit ne manqua pas de le stimuler encore plus. elle nia être la préférée mais l'on ne dorlotait pas celle qu'on aimait le moins et bien s'entendre entre toute la fratrie n'empêchait pas d'avoir une préférence pour le paternel.

"Avoir une fratrie soudée est une très bonne chose, votre père doit y être pour quelque chose. Il réunit sa famille sous son aile."

Il savait que Arichis essayait de faire grimper à sa famille les échelons de la noblesse. Les offres de mariage et les pressions ne manquaient pas et ses fils n'étaient pas un reste avec un Duc et un Baron, rien de moins. Et les filles n'étaient pas encore mariée, il se demandait d'ailleurs à qui était promise Cécyllia et ce que cela apporterait aux Anoszia. Et voila qu'elle commençait à répondre à ses avances, tout comme elle ne recula pas lorsqu'il lui avait déposé un baiser sur la main. Enhardit par cela, Amaury était en train de chercher comment pousser son avantage. il amena alors la main de Cécyllia qu'il avait dans la sienne sur son cœur

"Mon frère vous sera reconnaissant de votre gentillesse à mon égard, votre sollicitude me touche beaucoup, voyez comme votre compagnie m'est agréable, vous réchauffez mon coeur que la solitude attristée"

Il la lâcha ensuite, encore conscient qu'elle pourrait mal le prendre et s'enfuir. Elle lui proposa alors de marcher

"Je vous suis belle demoiselle"

La clarté était presque éblouissante après être sortit de sous l'arbre. L'ombre qu'il avait projeté était d'ailleurs étonnante. Il put à son tour mieux distinguer Cécyllia, ses cheveux brillaient au clair de lune et lorsqu'elle se retourna, pour la première fois, il pu voir qu'elle n'avait pas les yeux de la même couleur, sans pour autant savoir la couleur. Il fut surprit, même s'il n'en montra absolument rien et il continua de suivre sa proie avec un sourire des plus charmeur aux lèvres. Amaury ne répondit pas à Cécyllia,, ce qui pouvait être étonnant de sa part, peut être qu'elle le regarderait surprise. Il avait le regard perdu sur la mer, complètement submergé par cette vision. Il finit par se ressaisir, ayant tout de même entendu ce qu'elle lui avait dit

"Mon bateau doit être avec ceux-la, je n'arrive malheureusement pas à le distinguer de cette hauteur mais il devrait se trouver par ici"

Il montrait du doigt le côté droit du port ou le navire qui l'avait amené jusqu'ici mouillait

"Le ciel et l'horizon, lorsque l'on est en pleine mer est magnifique. Je vous comprends parfaitement lorsque vous dites que vous pourriez passer votre vie dessus, c'est pareil pour moi. La mer m'attire inexorablement et mes meilleurs moments sont sur un bateau. L'embrun qui frappe mon visage est un régal dont je ne me lasse jamais."

Son regard était intense mais il n'y avait plus le charme ou la flatterie. Il était passionné et cela se voyait nettement. il avait oublié l'instant présent et son jeu pour la première fois

"L'excitation lors d'une attaque de pirate ou l'attente de la découverte d'un nouveau lieu est grisant. Et le calme qui règne en mer, surtout la nuit lorsque l'équipage dort..."

Il laissa sa phrase en suspend, preuve qu'il revivait ces instants qu'il chérissait. Il revint alors au moment présent et, envoyant un nouveau sourire enjôleur à Cécyllia, il reprit

"Nous avons donc déjà un point commun." il rit "ainsi, vous avez voyagé vers le nord, ou êtes vous donc allé si ce n'est pas indiscret ? et par ou êtes vous passé ? vous n'avez pas rencontré de pirates ? vous me direz, connaissant votre père, nul doute que votre convoi ne donnait pas envie d'être attaqué."