La justesse des mots. [Correspondance]

Correspondance entre le Duc de Soltariel



et la Baronne de Sybrondil

8ème jour de la cinquième ennéade.

A la dame d’Aphel, vicomtesse d’Aphel et légitime baronne de Sybrondil Victoria di Maldi, bonjour.

Nous sommes heureux de voir que Sybrondil a retrouvé la stabilité dont elle avait besoin. Les purges de pouvoir, les querelles intestines n’ont que trop gangrenés notre duché tout entier et nous furent chanceux d’avoir eu un Duc comme votre frère Maciste pour pacifier nos terres et nous hisser au sommet de la péninsule. Je gage que vous saurez être digne de l’héritage qu’il vous a laissé et de continuer sur la voie qu’il a aidé à bâtir.

Nos couronnements respectifs furent à la même date et je suis peiné de n’avoir pu assister au votre tandis que votre absence au notre s’est fait ressentir en nos cœurs. Je vous félicite pour l’accès au trône de la baronnie, nous n’avons pas pu vous offrir notre aide comme l’aurait souhaité feu votre frère car nous fûmes fort occupés par nos propres soucis.  

Toutefois, il a des sujets plus importants que l’échange de félicitations. Notre duché tout entier est resté instable durant huit ennéades. Aujourd’hui notre duché n’a plus qu’une simple responsabilité vis-à-vis de son peuple mais du royaume tout entier, de Marcalm à Krahof. A présent que vos charges se sont alourdies, il est dans notre devoir d’œuvrer ensemble à la prospérité de nos terres. Ainsi ma dame, je vous invite à me rejoindre à Soltariel, sous le haut patronage de Sa Majesté Bohémond, afin de discuter de l’avenir de nos terres.

Que les Dieux guident vos pas.  

Son Altesse Arichis, le Très Illustrissime, par la grâce de Néera, Duc de Soltariel, de la maison Anoszia;
Archonte d'Ydril et Régent de Sa Grandeur Aléandra de Systolie,  Vicomte de Calozi, Seigneur de Velmonè, Seigneur consœur de Beronia, Soleil-Dragon du Soltaar, Patriarche des Anoszia, Seigneur-Dragon de Calozi,  Sénéchal d'Ydril, Grand Chambellan d’Honneur de la Grande Traverse, Érudit de Prestige de la Destinée de l’Aube et Maître des Enfants de la Nébuleuse Écarlate, Grand Voyer du Duché et Grand Argentier de Sa Majesté Bohémond Ier.
 

« Dis-moi Grégorio, Est-ce que ce vieux bouc d’Arichis est en train de se moquer de moi ? »
« Eh bien, je… Hmpfff… je… »
« Parfois je me demande si vous avez vraiment une paire de couilles entre les jambes mon ami. Parlez franchement, lâchez-vous ! »
« Eh bien, ce vieux bouc se gausse de vous ouvertement votre Honneur. »
« Eh bien voilà, je préfères ça. J’ai l’impression qu’il soit devenu sénile ou alors même carrément fou. Se faire couronner ? Duc ? De Soltariel ? A Ydril ? » Victoria eut un rire franc, un rire qui faisait du bien au bide comme on dit. « Et en plus il ose se présenter comme étant le Duc dans une missive qui m’est adressé ? Comment il disait encore ? « « nous n’avons pas pu vous offrir notre aide comme l’aurait souhaité feu votre frère car nous fûmes fort occupés par nos propres soucis » » … Eh bien… Il est vrai que le Dragon a du souci à se faire. Le Duché ne lui revient pas, ni à lui, ni à cette catin d’exilée. »
« Que voulez-vous que je réponde, votre Honneur ? »
« Non… Je vais répondre moi-même, veux-tu bien m’apporter un vélin et de quoi écrire Grégorio. »

Au jour 1
de la 6ème ennéade de Karfias
An 9 du 11ème cycle.

Au seigneur Régent de Sa Grandeur Aléandra de Systolie,  Vicomte de Calozi et Seigneur de Velmonè, Grand Argentier de Sa Majesté Bohémond Ier.

Je vous adresse tous mes vœux quant à votre mariage et regrette amèrement de ne point avoir pu y assister. Mais comme vous le dites si bien, nous-même furent fort occupés par des soucis personnelles et la Baronnie mérite actuellement ma totale attention. Néanmoins lorsque j’aurais terminé d’assoir ma position, assurant ainsi la fidélité de la totalité des vassaux Sybronds, je reviendrais vers vous dans les plus brefs délais pour un entretien qui j’espère se montrera à la hauteur de la réputation que l’on vous donne.

Que les dieux vous gardent.

Victoria di Maldi, Baronne de Sybrondil, Vicomtesse d’Aphel

3ème jour de la sixième ennéade.

A la dame d’Aphel, vicomtesse d’Aphel et légitime baronne de Sybrondil Victoria di Maldi, bonjour.

Ma dame, si je vous ai invité chez moi, à mon palais de Soltariel, c’était pour vous épargner la triste annonce que je devais vous communiquer, je l’espérais en personne.

Il s’agit de votre frère Melkart ma dame. Un ami de la famille, et ce depuis que Maciste nous a honoré de son alliance. Comme vous le savez, il dirigeait les troupes ysaroises à Diantra et a été vilainement blessé durant les insurrections des dernières ennéades. Il a été évacué à Soltariel où il reçoit les meilleurs soins possibles mais il ne cesse, entre deux crises d’angoisse, de crier votre nom et réclamer votre présence.

Votre frère vous réclame Victoria Maldi, il vous réclame et a besoin de votre présence à ses côtés. Nous en avons tous besoin.

Dans l’espoir de vous voir bientôt, mes salutations. Que les Dieux guident vos pas ma baronne.

Son Altesse Arichis, le Très Illustrissime, par la grâce de Néera, Duc de Soltariel, de la maison Anoszia;
Archonte d'Ydril et Régent de Sa Grandeur Aléandra de Systolie, Vicomte de Calozi, Seigneur de Velmonè, Seigneur consœur de Beronia, Soleil-Dragon du Soltaar, Patriarche des Anoszia, Seigneur-Dragon de Calozi, Sénéchal d'Ydril, Grand Chambellan d’Honneur de la Grande Traverse, Érudit de Prestige de la Destinée de l’Aube et Maître des Enfants de la Nébuleuse Écarlate, Grand Voyer du Duché et Grand Argentier de Sa Majesté Bohémond Ier.

« Grégorio !!! GREGORIO !!! »  Cria-t-elle à travers les couloirs du palais Sybrond.

« Mais où êtes-vous ?!!! Grégorio !!!! » Agitée, avec une missive à la main, quelque chose semblait la perturber.

« Votre Honneur…. Je suis là… » Dit une voix familière, quoi qu’un peu haletante après la course qu’il avait engagée.

« Dans mon bureau, vite ! »

Un rien de temps passa avant que les deux Sybronds ne soient à l’abri des regards et des oreilles. Mais Victoria n’attendit point d’être confortablement assise pour reprendre leurs « conversation. »

« Où est Melkhart ? Ne m’aviez –vous pas affirmé qu’il était à Diantra, sous bonne escorte et en bonne santé ? »
« Eh bien oui, ce sont les dernières nouvelles que j’ai obtenues. »
« De quand datent-elles ? »
« De… Hum… de moins d’une ennéade je dirais ma Dame. »
« Alors comment se fait-il que je reçoive une Missive du Dragon qui réclame ma présence à Soltariel auprès de mon frère, je cite : vilainement blessé durant les insurrections des dernières ennéades. Il a été évacué à Soltariel où il reçoit les meilleurs soins possibles. ?? »
« De prime abord je dirais que c’est un mensonge. Mais si Melhart fut blessé juste après avoir envoyé sa missive et directement rapatrier en bateau, il se peut qu’il soit réellement à Soltariel. Ma Dame… Permettez-moi ? » Dit-il en tenant la main vers la missive. Victoria la lui donna, ou plutôt la lui lança tant la nervosité avait pris possession de son corps.

« Ma Dame… Calmez-vous. Je viens de lire les paroles de l’Anoszia. Il ne se peut que Melkhart soit à Soltariel vu qu’il stipule clairement que sa première missive aurait servi à pouvoir vous l’annoncer de vive voix. Or, mes dernières nouvelles de votre frère datent d’une journée à peine avant que vous ne receviez sa première missive. »

Elle jura entre ses dents.

« Décidément, il ne s’arrêtera devant rien. »
« Par contre… Cela ne m’étonnerait guère qu’il ait fait arrêter votre frère soit dit en passant. »
« Je me doute bien, Grégorio. L’Arichis n’est pas aussi bête qu’il en a l’air. Mais il a bien raison de se méfier ainsi de nous, cela prouve que nous pouvons lui causer du tort. »

Elle prit place à son bureau, puis réclama un vélin et une plume.

Au jour 5
de la 6ème ennéade de Karfias
An 9 du 11ème cycle.

Au seigneur Régent de Sa Grandeur Aléandra de Systolie,  Vicomte de Calozi et Seigneur de Velmonè, Grand Argentier de Sa Majesté Bohémond Ier.

Nous sommes peinés d’apprendre qu’il ait été victime de blessures lors de l’exécution de son devoir et prions chaque jour quant à son rétablissement.  Je m’efforcerais de me rendre en Soltariel, auprès de lui, et ce, dès que mes obligations me le permettront. Je maudis actuellement mon emploi du temps car celui-ci me prive de sa compagnie mais j’ai toute confiance en les soins que Soltariel pourra apporter à mon frère et j’espère pouvoir me rendre à son chevet le plus tôt possible.

Je demande grâce auprès des dieux mais également à toutes les personnes qui l’entourent actuellement ; qu’il soit épargné du mal qui le ronge.

Que les dieux vous gardent.

Victoria di Maldi, Baronne de Sybrondil, Vicomtesse d’Aphel