Me pardonnerez-vous ? [Ange]

Un émissaire trouva la dame de Solaria dans ses jardins. Une douce brise d'été venait rafraîchir les lieux. A en juger par ce somptueux décor, un sentiment de plénitude aurait pu plonger le plus rongé des hommes dans une impression de paradis.

A Angelina de Solaria, diamant du sud, mon amie.  

Un jour viendra où vous comprendrez mon acte et où votre colère s'estompera à mon égard. Je sais pourtant qu'aucuns mots, ni aucuns arguments ne réussiront à trouver une once de crédibilité à vos yeux. Je ne sais pas si vous réussirez à me pardonner, néanmoins je vous implore de le faire en guise de dernière volonté.
Ne voyez pas en moi de la lâcheté, mais bien de l'amour. L'amour que j'avais pour mes enfants que j'ai tué en abandonnant mon épouse alors que j'aurai dû me trouver à ses côtés. Je pars dès lors avec l'espoir de les retrouver dans cet autre monde. Je paye le prix de mes erreurs et assume pleinement ma part de responsabilité dans la mort de ces deux êtres innocents.

Il est temps pour moi de vous faire part des sentiments que j'ai toujours eu pour vous. J'ose croire que nous aurions pu nous aimer et vivre heureux comme mari et femme. Le destin en a voulu autrement et c'est votre amitié que j'ai reçu durant toutes ces années. Pour cela, je tiens à vous remercier, car il n'a pas été de plus grand honneur pour moi que d'avoir été votre ami, et ce, même malgré les événements qui nous ont tenu éloigné. Je m'aperçois aujourd'hui que je ne pourrais jamais m'acquitter de mes dettes que je vous dois. Vous m'avez sauvé la vie à plusieurs reprises et je ne saurai comment vous témoigner toute ma plus profonde gratitude pour cela. Peut-être me gifleriez-vous une nouvelle fois pour cette impolitesse ?

Je me délivre dorénavant du mal et de la culpabilité qui me rongent et me tuent à petit feu. Seul dans la chambre qui me sert de cellule, je ferme les yeux et nous imagine de nouveau durant notre jeunesse lorsque nous dansions l'un contre l'autre à ce bal. C'est alors un sentiment de bonheur qui m'envahit et atténue mes peurs.

J'avance maintenant l'esprit tranquille et apaisé et je pars rejoindre mes enfants.

Adieu Angelina.

Votre ami, Oschide.

Domaine de Solaria Favriüs, Enneade 1. 9 ème année du 11ème cycle.

La jeune Ines, nouvellement servante sur le domaine depuis quelques Enneades, profitait des jardins entre deux taches quand un messager lui remit un vélin. La damoiselle toute flattée d'avoir était prise pour la Soltariel, ne lui révéla pas qu'il s'était trompé de personne. La dame de Solaria était absente depuis plusieurs Enneades deja, si bien que le vélin alla en rejoindre bon nombres d'autres sur le secrétaire qui se trouvait dans, ce qui avait été jadis, le bureau ducal. Les mots de l'Anoszia devraient encore patientés pour etre lus et faire un autre long voyage.

Domaine de Solaria Favriüs, Enneade 2. 9 ème année du 11ème cycle.

Si les vélins et les messagers n'étaient pas rares a Solaria, il était rare qu'ils viennent pour l'intendant, si bien qu'il fut tout surpris quand ce jour arriva. D'autant plus que les mots étaient ceux de dame Angelina. Elle lui demandait de veiller sur le domaine et de lui faire suivre son courrier, entre autres choses, car malheureusement de récents événements la tiendrait encore éloignée plusieurs Enneades de son domaine. L'intendant fut comme a son habitude d'une extrême efficacité, si bien que les mots d'Oschide d'Anoszia s'en allèrent vers Langehack le jour meme. Ironiquement ils y parviendraient après le duc lui meme .. Du moins ce qu'il en restait.

Duché de Langehack Favriüs, Enneade 3. 9 ème année du 11ème cycle.

Un messager était arrivé au matin a Langehack, le pauvre bougre croulait sous un sac énorme, si bien qu'il n'avait pas été mécontent que son voyage soit enfin fini. Mais cela en valut la peine, puisqu'en plus de rencontrer une belle dame et de visiter le palais ducal du Langecin, il fut gracieusement récompensé de par quelques pièces supplémentaires. La dame de Solaria ne fut pas étonnée du nombres de Vélins qu'il contenait et elle fut soulagée d'y découvrir également un petit écrin avec un mot de la main de son intendant. Ce que contenait l'écrin, elle l'avait commandée a Diantra avant son départ de Nanie. La dame tardant a revenir le chercher, le joaillier avait finir par le lui faire livrer, après tout la dame y avait mit bon prix. Angelina parcourue d'abord les nouvelles venant de son intendant, qui l'informait que le domaine se portait bien et que tout avait été fait selon ses désirs. Un soulagement en ces temps troubles, c'était appréciable. Elle alla ensuite s'installée sur le grand lit, trônant dans l'une des pièces, des appartements que Méliane avait mit a leur disposition, pour faire la lecture des nombreux autres vélins. Elle les déroula pour les étalait autour d'elle.

La première missive était du seigneur Giovanelli qui la remerciait encore de l'avoir reçue sur ses terres et qui l'informait de la bonne marche de leurs affaires. Il y'avait quelques missives diverses concernant ses terres, d'autres de certains seigneurs familiers a sa famille. Poniti a qui elle était liée de par son arrière grand père le duc Alexandre de Soltariel qui avait épousé Julia de Poniti ou encore Corelli a qui elle était liée de par son arrière arrière grand père le duc Quintus de Soltariel qui avait épousée Tullia de Corelli. Elle écarta leurs missives, elle aurait tout le temps de les parcourir plus tard, puis ne savait t'elle pas ce qu'elles contiendraient a l'image de toutes celles qu'il y'avait eu avant ? Les deux Soltari n'avaient jamais cachés leur soutien a la dame, ils ne s'étaient tournés vers l'Anoszia qu'après que celui ci les ait richement influencé. La main d'Angelina se mit a trembler quand elle posa les yeux sur l'écriture du vélin dont elle venait de s'emparer. Une écriture reconnaissable entre tous. " Oschide ... " Ce simple nom réveille en elle une douleur intolérable qu'elle s’efforce de chasser pour lire ses mots.

Tristesse, incompréhension, colère. Telles sont les émotions qui se succèdent en elle tandis que ses doigts se crispent sur le vélin et que des larmes s'en viennent inondées ses joues. Son autre main se portant a sa bouche pour étouffer un sanglot, elle murmure: " Par les dieux Oschide pourquoi .. Comment avez vous osé ? " La petite Faustina dormait paisiblement a quelques mètres d'elle, si bien que cette fois il ne lui était guère possible de contrer ses douleurs émotionnelles par une douleur bien plus physique. Alors toutes les émotions qu'elle refoulait depuis une Enneade déjà la submergèrent de pleins fouets, accompagnaient de nouvelles toutes aussi violentes. Non content de lui avouer des sentiments dont elle avait toujours tout ignorée, il lui annonçait avoir choisie la mort de son plein gré et osait lui demander, telle une dernière volonté, son pardon. Elle en était encore a se demander comment elle pourrait se remettre de sa perte et elle apprenait que toute cette douleur qui menaçait de la faire sombrer, elle la lui devait a lui. " Non, non non. " Le vélin fut rageusement envoyé au sol, tandis que paumes serrées, ses ongles s'enfonçant dans sa chaire lui arrachant une grimace, Angelina laissa ses larmes coulées.

Il lui fallut un petit moment pour reprendre ses esprits et se rendre compte qu'elle n'était pas seule et que le vélin avait atterrie aux pieds d'Oscario. Elle se leva prestement, faisant tombé par la meme bon nombres des missives qui reposaient sur le lit. " Oscario .. " Souffla t'elle hésitante en se maudissant. Elle ne voulait pas qu'il apprenne ainsi les circonstances de la mort de son frère alors que deja trop de colère et de chagrin lui obscurcissaient l'esprit. Comment allait t'il réagir ? Mais elle ne pouvait pas non plus lui en interdire la lecture. Au vu des mots contenus cela ne ferait que raviver des doutes qu'il avait eu avant leur union. Et en cette période douloureuse ou il était tout ce qui lui permettait de tenir bon, elle ne voulait surtout pas le voir a nouveau s'éloigner. Elle reste dont debout, arrêtée entre lui et le lit, le fixant de son regard encore brillant de larmes et attendant un geste ou un mot de sa part.

L'anoszia ne leva même pas les yeux vers Angelina lorsque celle-ci se leva hâtivement. Ses yeux parcouraient de long et en large la missive qui avait roulé a ses pieds. Il serra la mâchoire aux mots qu’il lisait, le fait qu’Oschide ait été amoureux d’elle ne l’étonnait pas, il en avait toujours était persuadé, cela se voyer à des kilomètres à la ronde. Ce qui le choquer était la faiblesse dont il avait fait preuve en se suicidant. A son tour, il laissa le vélin choir à ses pieds et se rapprocha de son épouse en lui attrapant la main pour qu’elle s’asseye à ses côtés sur le lit. « C’était mon frère. » Dit-il simplement en jetant un regard au berceau de sa fille. La dame de Solaria se laissa entraînée sans résistances, elle meme encore aux prises des mots qu'elle avait lue. Une fois qu'ils furent assis sur le lit, elle noua ses doigts au siens tandis que son autre paume venait recouvrir l'étreinte de leurs mains. " Il t'aimait, il vous aimait tous ... " Elle soupira lourdement. Prendre sa défense, alors que chaque fibre de son etre lui en voulait du choix qu'il avait fait, n'était pas chose aisée mais elle le devait, tant pour lui que pour son frère. " Il a eu un moment d'égarement sur la fin, il était seul, il avait appris la mort de ses enfants. Il a laissé ses émotions l'engloutir et il a perdu la bataille. ". Elle libéra une de ses mains pour la poser sur la joue de son époux afin de l'amener a accrocher son regard au sien. " On ne juge pas un homme par ses défaites, mais par ses victoires. Cette lettre n'est pas l'image que tu dois gardé de ton frère. " Un conseil qui valait aussi pour elle se rendit t'elle compte.

Quelles victoires… Toute sa vie fût un échec. Pensa Oscario ne sachant pas s’il était plus énervé que triste ou l’inverse. Il leva les yeux vers sa femme et posa son front contre le sien tout en fermant les yeux. « Pauvre Méliane, elle l’aimait vraiment alors que lui te préférait… » Chuchota-t-il en se laissant aller tout contre elle. « Jamais je ne t’abandonnerais de cette manière… Quoi qu’il puisse se passer Angelina. Tu le sais, je l’espère. » Elle frissonna tout contre lui, tandis que son cœur battait la chamade sous la douceur de ses mots. Plus que lui apportait le bonheur, cela la réconfortait a un point qu'il n'imaginait pas, voila plus d'une enneade que tout ensevelis sous leurs douleurs, ils n'avaient guère eu le temps d'échanger pareils mots. " Je ne t'abandonnerais pas moi non plus ... " Murmure t'elle contre son oreille. " Jamais. " Il était sa lumière dans toutes ces ténèbres qui l'entouraient et elle rendait grâce aux dieux de l'avoir mit sur son chemin. Se détachant a regret, elle ajouta, son regard accrochait au sien. " Quand aux mots de ton frère, je te l'ai dis il était égaré, seul. Il aimait sa femme, si il m'a aimé c'est comme une sœur, comme une amie ... Seule la solitude lui a inspiré cette lettre. " Oschide n'avait pas pu l'aimer, sans quoi elle l'aurait sue, du moins parvenait t'elle a s'en convaincre tant bien que mal.

Oscario sourit faiblement en lui caressant la joue. « Il t’a aimé en tant que femme Angelina, comment n’aurait-il pas pu… » Même si elle n’était pas l’idéal de belle-fille pour leur père, la dame de Solaria était tout ce qu’un homme pouvait désirer. Elle appuya sa joue contre sa paume, son corps réagissant, comme toujours, agréablement a son contact. " Te voila a nouveau un peu trop flatteur mon époux. " Elle posa ses lèvres sur sa peau. " Il l'a pu, comme tout un tas d'autres hommes le peuvent, il n'y'a que sur toi que mes charmes opèrent ... " Elle glisse sa bouche sur la sienne pour la cueillir en un baiser délicat. " Et c'est heureux, car il n'y'a que sur toi que j'aille envie de les exercer. " Un vélin craquant sous leurs poids, elle avisa du joyeux désordre qui régnait sur le lit et son regard se fit a nouveau mélancolique. " Il m'avait presque supplié d'aller avec lui a Langehack, si je l'y avais suivie .. " Un sanglot se logeant dans sa gorge, elle fut bien incapable de poursuivre. En plus de la douleur liée a la mort d'Oschide, la crainte de perdre Oscario, ce qui la rongeait depuis une enneade déjà c'était la culpabilité. Les mots d'outre tombe de son meilleur ami n'ayant fait qu'accentuer d'avantage ce sentiment qui menaçait maintenant de la submerger.

L’Anoszia l’embrassa délicatement avant de la serrer dans ses bras lorsqu’un autre sanglot la saisit. Sa main caressa son épaule avant de remonter vers son cuir chevelu pour maintenir sa tête contre lui. « Ne te blâmes pas pour sa mort, je te l’interdis formellement. Le seul responsable est Oschide, et ne me contredis pas là-dessus Angelina. » S'accrochant a lui, elle glissa ses bras dans son dos, ses mains se posant sur ses épaules. " Oscario je .. " Elle inspire profondément pour chasser la douleur qui lui comprime le cœur. " Je n'aurais peut etre pas pu l’empêcher d'aller a ce rendez vous avec le Berthildois, mais il n'aurait pas pu m’empêcher de l'accompagner, il n'aurait pas été seul la bas et aujourd'hui il serait encore vivant ... " Elle ne pouvait en jurer et toutes ses suppositions étaient de la pure folie, mais la culpabilité était un sentiment traître sans foi ni raisons. « Arrêtes ça. Il serait quand même mort. J’espère juste qu’à la lecture de cette lettre, tu n’as pas de regret … celui d’avoir épousé le mauvais frère. » C’était peut-être égoïste, mais il ne pouvait s’empêcher de penser à cela. Sa main descendit dans le dos de sa belle pour la réconforter en des petites caresses. « Nous appellerons notre premier fils en son honneur, et là nous terminerons notre deuil. »

Le visage tout contre lui, elle glissa ses doigts par dessus les épaules d'Oscario pour essuyée ses propres larmes avant de murmurer: " Je suis désolée .. " Pendant toute cette dernière Enneade, elle s'était focalisé uniquement sur la douleur de son époux, de ses sœurs, de leur clan. Si bien qu'elle n'avait pas pris un instant pour tenter de se guérir de la sienne. Mais les choses devaient êtres ainsi, elle ne voulait pas lui infliger de supporter sa peine alors que d'eux deux, c'était lui qui souffrait le plus. Elle se sentait toujours coupable, probable que jamais rien ne lui ôterait ce sentiment, mais elle saurait le taire. Elle s’écarta un peu pour que ses yeux croisent les siens. " Si il y'a bien une chose que je ne regrette pas dans ma vie Oscario, c'est de t'avoir épouser. Tu es a chaque instant ce qui me donne l'envie de respirer. " Il était meme bien plus que cela, mais guère n'était besoin de gonfler d'avantage son orgueil. Oschide était également le prénom auquel elle avait pensé pour leur premier fils et il était heureux que cette pensée soit partagée. D'une certaine manière, il avait raison c'est ainsi que leur deuil se terminerait, avec le plus bel hommage qu'ils pussent lui faire. « Bien, bien. » Dit-il simplement en lui embrassant la main. Les yeux encore brillants, Angelina lui adressa un sourire, émue de la tendresse de son geste. " Nous allons surmontés tout cela n'est ce pas ? " Murmure t'elle en se remémorant son arrivée a Langehack, cette nuit ou elle avait craint l'avoir perdue.

« Evidemment. » Sourit-il à son tour en se levant, l’attirant vers le berceau de Faustina sur lequel ils se penchèrent. « Nous aurons une grande famille, nous retrouverons notre palais. Mon fils est auprès de sa fiancée, nous ne sommes pas morts avec Oschide et Azénor. Nous honorerons leurs noms, et nous vivrons. » Sa femme laissa son regard glissé un instant sur la forme endormie de la fillette, les promesses d'avenir, que chantait la voix de son époux a son oreille, gonflant son cœur d'espoir. Il avait raison, ils se devaient de vivre, ils le devaient tant aux morts qu'aux vivants. " Faisons mieux que cela .. Soyons heureux. " Murmure t'elle en se tournant vers lui pour glisser ses bras autour de sa taille. " D'ailleurs j'ai une idée a te soumettre, c'est celle de Méliane a dire vrai. Elle pense que cela ferait du bien a tout le monde, notamment a tes sœurs. " Oscario caressa ses avant bras qui le ceinturaient de ses deux mains. « Mon père n’est pas mort, c’est toujours lui le patriarche. Mais je t’écoute. » Les mots de l'Anoszia lui firent pensés qu'il savait de quoi elle voulait lui parler. Elle se mordilla doucement la lèvre avant d'oser enfin poursuivre. Elle n'avait pourtant que trop tarder a lui en parler, craignait sa réaction et surtout un refus. " Irys d'Arosque sera la dans moins d'une enneade sur la demande de Méliane, elle m'a fait savoir que si nous le désirions, la haute prêtresse pourrait nous unir .. " Incertaine, elle ajouta encore. " Officiellement. "

« Je pensais que c’était déjà officiel… entre nous. » Répondit-il en détournant les yeux. « Rien n’a changé, la décision ne me revient pas Angelina. » Ses mots lui firent mal et si elle s’efforça de le cacher, il dut malgré tout sentir son corps se crisper. " Je vois. " Murmura t'elle simplement en laissant retomber ses bras. A dira vrai c'était tout le contraire. Ils ne faisaient plus mystères de leur union, ils partageaient les mêmes appartements et tout avait changé. Tout ces morts, tout ces malheurs, n'avaient ils dont pas étés suffisant a ce qu'il se rende compte de ce qui importait vraiment. « Ne fais pas cette tête. Tu sais ce dont il s’agit… Même si mon père approuve notre union cela ne sera pas parce ce que nous le voulons, mais parce ce qu’un jour tu pourrais devenir la duchesse de Soltariel… » Il se rapprocha d’elle pour lui prendre ses deux mains, nouant ses doigts aux siens. « Si tu y tiens vraiment, si cela compte autant à tes yeux alors je lui parlerais. » Elle secoua tristement la tete. " Qu'importe ton père Oscario, qu'importe ses motivations, tout ce qui compte a mes yeux c'est ce que toi tu veux. " Ses mains restaient molles entre celle de l'Anoszia, en ce moment il la faisait si souvent passé du bonheur au malheur, que son cœur avait grand mal a ne pas s'égarer. " J'aurais voulue que ça compte a tes yeux .. " Lâche t'elle dans un souffle, son regard fuyant le sien.

Il lui lâcha une main pour lever son menton afin qu’elle le regarde. « Cela comptera à mes yeux si ça compte aux tiens. Mais quant à moi Angelina, je m’en contre fiche qu’un stupide prêtre nous déclare mari et femme devant une assemblée d’ingrats nobles. Qu’importe ce que pensent les autres, car à mes yeux tu es ma femme et je suis ton époux. » De la main qui l’attrapait encore il l’attira soudainement à lui pour qu’elle se retrouve tout contre son torse. « Mais si tu le veux, alors je le veux. » Le cœur de la dame cognait durement contre son époux. Les enenades avaient eut beau passées, quand il s'était si prés, il parvenait toujours a lui faire perdre la faculté de penser correctement. " Notre mariage est officiel a mes yeux et jamais aucun autre ne sera plus beau que ce qu'il fut. Mais aux yeux du monde je ne suis pas ta femme. Qu'adviendrait il si par une pirouette dont il a le secret ton père parvenait a t'obtenir une union visant a rendre prestige et pouvoir a votre famille ? " Elle savait a quel point il était investi dans ses devoirs envers les siens et si elle ne doutait pas de ses mots quand a son désir de ne jamais l'abandonner, cette hypothèse la elle la redoutait plus que toute autre chose. " Que ferais tu ? " Murmure t'elle en levant son visage vers lui. " Un mariage officiel nous préserverait de cette crainte qui ne me quitte jamais .. " Avoue t'elle finalement.

Il soupira et baissa la tête pour embrasser son épouse, tendrement, avant de sourire faiblement. « Très bien, remarions-nous alors. Je lui parlerais. » Angelina n'eut guère le temps de dire quoi que ce soit, en réponse a cette acceptation peu enthousiaste, que l'on frappa a la porte ce qui réveilla Faustina dans un concert de petites plaintes. " Cela doit etre Lucrezia, elle m'avait dit vouloir passée un moment avec ta fille aujourd'hui. " « Entrez ! » Dit-il en direction de la porte sans s’écarter pour autant d’Angelina. Cette dernière ne put empêcher ses joues de se colorer quand la jumelle de Sysiphe entra en laissant glissée ses yeux sur eux. La dame de Solaria s'écarta tant bien que mal avec pour excuse le fait d'aller cueillir l'enfant dans son lit. " Bonjour Lucrezia, Faustina se réveille a peine, je crains qu'elle ne soit un peu grognon. " Murmure t'elle contre le front de la fillette sur lequel elle dépose un baiser. Elle ne s'était jamais sentie très a l'aise en présence de la sœur d'Oscario, pour la simple et bonne raison qu'il était difficile de dire ce qu'elle pensait de leur union. Elle ne prononça d'ailleurs pas un mot, se contentant d'aller se blottir dans les bras de son frère pour lui dire bonjour.

Oscario la serra fort contre lui et embrassa son front en regardant Angelina avec Faustina. Méliane avait mit à leurs dispositions plusieurs nourrices pour s’occuper de sa fille, mais Oscario se contentait de se servir d’elles pour alimenter Faustina uniquement. Il n’avait pas confiance en les gens qu’il ne connaissait pas, si loin de sa terre. Lucrezia se libérant de l'étreinte de son frère avec un sourire, malgré la peine présente en son regard, se tourna vers Faustina et celle qui la retenait loin d'elle. " Elle ne sera pas grognon avec moi, elle sait ce qui est bon pour elle. " Angelina se retint de lever les yeux au ciel ou quoi que ce soit témoignant de son agacement, après tout elle ne savait guère si les humeurs de l'Anoszia étaient dues a sa peine ou a son tempérament habituel. Elle lui tendit donc la fillette a regrets. Quelques plaintes s’élevèrent, mais elle finie par se blottir contre la poitrine aimante et familière de sa tante. Lui caressant délicatement les cheveux la sœur d'Oscario se tourna vers lui. " Quand souhaites tu que je te la ramène ? " Cette fois a l'abri du regard de la damoiselle, Angelina leva les yeux au ciel, témoignant de ce qu'elle pensait du fait qu'elle l'ignore superbement.

Oscario sourit et lança un clin d’œil à sa femme. « Ramènes la moi dès que tu en as marre, tu as ta journée. » La dame de Solaria secoua la tete, un sourire étirant malgré tout ses traits. " Veillez tout de meme a ne point la ramener trop tard, elle a besoin de sa sieste de l'après midi pour dormir correctement la nuit. " Lucrezia leva une main en l'air, visiblement peu réceptive a ses paroles. " Loin de moi l'idée de perturber vos nuits. " Sur ces quelques mots sarcastiques, elle quitta les appartements en compagnie de la fillette. Laissant Angelina contemplait la porte, faisant ainsi dos a son époux, le regard un brin anxieux. Elle s'était énormément attachée a l'enfant, en un peu plus d'une Enneade, du fait qu'elle était celle qui s'en occupait le plus. Elle avait dont quelques difficultés a la laisser quitter sa vue, meme en compagnie de personnes de confiance. C'était une peur idiote liée aux nombres de personnes qu'elle avait perdue dans sa vie et qu'elle refrénait autant qu'elle le pouvait. De nouveau Oscario se rapprocha à petits pas d’elle pour la ceinturer de ses mains. « Plus que nous deux… » Susurra-t-il en embrassant son cou lentement. « As-tu une idée de ce que tu souhaites faire aujourd’hui ? » Demanda-t-il entre deux baisers en oubliant Oschide et ses deuils.

Angelina sursauta légérement a son approche, guère plus habituée a ce qu'il se montre aussi démonstratif. Son souffle contre son cou, fit courir quelques frissons sur sa peau. " Des idées je pense que tu en as suffisamment pour nous deux. " Murmure t'elle le souffle court en savourant la chaleur que lui procure le corps de son époux contre le sien. Elle se retourne, mettant fin a regret a ses baisers, glissant une main sur son torse pour le repousser faiblement, le regard brillant. " J'ai quelque chose pour toi ... " Il grogna légèrement en redressant la tête vers elle. « Ah oui ? » Elle due se mordre la lèvre et faire appel a toute sa volonté pour ne pas l'embrasser et lui offrir un tout autre genre de cadeau que celui auquel elle pensait présentement. Elle le repoussa cette fois fermement et alla quérir, sur le secrétaire, une petite boite, reçue avec les nombreux vélins au matin. Elle fit rapidement a nouveau face a Oscario et lui tendis l'écrin. " J'ai commandée cela lors de mon passage a Diantra, avant mon départ pour la Nanie." Sur un lit de velours reposait une chevalière d'or sur laquelle était montée 3 pierres. En son centre un rubis rouge étincelant, entouré de deux petites pierres d'un noir sans fond. D'elles partait d'un coté la gravure d'une tete de dragon et de l'autre sa queue. Si l'on faisait tourné le bijoux, l'on voyait l'entièreté de l'animal. Le travail du joaillier témoignait d'un grand art.  Le regard de la Soltariel se plongeant dans celui de de l'Anoszia, elle murmura: " Je voulais la faire graver, mais je m'en suis abstenue, de crainte que tu ne puisses alors pas la porter. " Oscario était un passionné qui agissait impulsivement, Angelina elle, était réfléchi et prenait le temps de méditer chaque décisions, du moins quand il n'était pas la pour lui faire perdre toute raison. Mais depuis cette décision, les choses avaient bien changées.

« C’est magnifique. » Il laissa tomber la boite en prenant la chevalière, la faisant tourner entre ses doigts avant de la mettre à son annulaire. Cette fois-ci, sans prévenir, il souleva Angelina par les cuisses comme ce premier soir à la bibliothèque pour la déposer sur un bureau un petit peu plus loin. La dame lâcha un hoquet de surprise quand il la souleva dans ses bras, faisant menacé que son cœur n'explose tant le rythme de ses battements s'accéléra. Elle avait presque faillie oublier le genre d'emprise qu'il pouvait avoir sur elle quand il s'en donnait la peine. En chemin, il ne se gêna pas pour l’embrasser, témoignant de toute la retenue dont il avait fait preuve ces dernières ennéades par respect envers les morts. « Merci ma belle… » Les bras étaient glissés sur sa nuque, son corps pressait contre le sien et en cela elle témoignait de tout le manque qu'elle avait ressentie de par leur éloignement, résultat de leur tristesse mutuelle. Accrochant ses mains sur le col de sa chemise, elle posa son front contre le sien et murmura la voix rauque. " Je t'aime. " Puis ses lèvres cherchèrent a nouveau les siennes avec passion tandis que ses mains s'égaraient sur ses épaules et le haut de son dos en de lentes caresses. « Je sais bien. » Susurra-t-il en souriant avant de l’embrasser encore et encore. Les heures qui suivirent ne furent que baisers, étreintes et caresses. Leurs deux corps renouant avec le plaisir qu'ils éprouvaient avant que le deuil ne viennent obscurcir leurs cœurs. Ce jour la ils ne virent rien d'autre que les murs de leurs appartements. Ils venaient de se tourner a nouveau doucement avec le bonheur ...

Fin du rp.