Des livres, des chiffres et des dames. [Domaine de Solaria.] ( Pv Alice )

Favriüs, Milieu Enneade 7. 9 ème année du 11ème cycle.

La dame de Solaria était vêtue d'une robe simple, mais faite d'étoffes soyeuses. De couleur noir et rouge, ce qui n'était pas sans rappeler celles de sa maison, bien que présentement le noir domine, signe évident de son deuil. Ses cheveux étaient relevés sur sa nuque en un chignon savamment négligé d'ou s'échappés quelques mèches venant encadrés son visage. Nul traces de fard quelconque ne venait entaché sa mine sérieuse. Elle attendait la venue de son invité au premier étage, dans le bureau jadis témoin de bien des décisions politiques. Une pièce sombre sans fenêtres, ou seul les bougies apportaient un peu de clarté. Elle était assise derrière un beau secrétaire finement ouvragé, devant elle deux fauteuils confortables. Pour parfaire ce décor a la solennité impressionnante, sur chaque mur se dressait le portrait d'un de ces ancêtres, du tout premier Soltariel a avoir était duc jusqu'a sa cousine Ines. Tant de générations témoignant du prestige qu'avait jadis sa famille. Sur la droite, a coté de la porte menant aux archives, une belle vitrine contenant bon nombres d'héritages d'un autre age attirant toujours l’œil des collectionneurs.

La Soltariel était plongée dans un monceaux de papiers, étalés devant elle, plume en main, quand l'intendant vient lui faire part de l'arrivée de sa future interlocutrice. Un sourire satisfait étira ses lèvres tandis qu'elle le pria de la faire entrer. Elle remit ensuite le nez dans les missives accumulées et les livres de comptes. Un instant plus tard, on faisait pénétré la dame du domaine de la Ruche dans la pièce. Elle prit le temps de terminer la ligne qu'elle était en train d'écrire avant de ranger soigneusement sa plume, puis enfin elle se leva pour l’accueillir, contournant le meuble qui les séparait dans un gracieux mouvement de tissu et accrochant son regard au sien tandis qu'elle lui tendait sa main. " Alice , quel plaisir de vous recevoir sur mes terres. J'espère que le trajet vous fut agréable. " D'un geste de la main, elle lui désigna un fauteuil pour qu'elle y prenne place. Elle contourna a nouveau son secrétaire ou elle resta encore un instant debout, le temps que son invitée se soit assise confortablement, avant de finalement prendre place a son tour.

Elle prit soin de regrouper les différents vélins éparpillés sur sa table de travail, les posant dans un coin avant de lui accorder a nouveau toute son attention. " Puissiez vous me pardonner ce désordre, je crains que ce ne soit la ce qui arrive quand on s'éloigne trop longtemps de ses affaires. " Un sourire, avenant, sincère, en rien une moue séductrice, un rictus orgueilleux ou une attitude neutre visant a un jeu de faux semblant. Les Nils Klemens étaient des vassaux fidèles de Solaria depuis plusieurs générations, elle avait dont parfaite confiance en la dame qui lui faisait face. " Désireriez vous boire quelque chose avant que nous nous tournions vers vos livres de comptes et de doléances. " Une tache qui ne devrait guère leur prendre plus de temps que nécessaire, elle savait Alice compétente et méticuleuse. Une formalité donc, mais Angelina tenait a voir un par un tout les vassaux du domaine, du fait de son absence de plusieurs enneades. Une absence bien plus longue que celle prévu initialement. " Un thé ou peut etre un verre de vin ? " Elle n'était elle meme pas amatrice de ce genre de breuvage alcoolisé mais pourtant, en prévision de cette entrevue et des autres, un plateau ou reposait une cruche de vin et deux coupes était posé sur une petite table, non loin des deux femmes. Le tonneau d'ou venait le nectar, était un fin cru de sa famille, rondement renommé.

La dame de la ruche saurait donc l'appréciée, du moins si son palais était sensible a ce genre de boisson. Sans quoi elle ferait mandée a Agnes de leur faire apporter un thé et une légère collation. Au demeurant, la gouvernante devait déjà s'activer a cette tache, l’après midi étant bien entamée et l'heure du goûter de Faustina approchant, signifiant d'ailleurs que l'enfant se réveillerait bientôt. D'ordinaire Angelina ne ratait jamais ce genre de moment avec avec la fillette, mais ce jour ses obligations l'en empêcheraient sans doute. C'était un regret mais en meme temps le travail, ou toute chose visant a lui occuper l'esprit, lui était une distraction des plus bienvenue pour ne pas penser aux épreuves récentes qu'elle avait eu a traverser ... Tout comme cela lui éviter de trop s'attarder sur combien Oscario lui manquait, ça et le fait qu'il n'ait toujours pas daigné prendre la plume pour lui écrire.

Angelina l'avait remerciée d'un sourire en s'emparant délicatement du pot de miel. Elle l'avait ensuite fait tournée entre ses doigts, admirant sa couleur lumineuse, tandis que bons nombres de souvenirs remontés en elle. Certains y mêlant Oschide et la ramenant a sa peine, elle mit rapidement un terme au cheminement de ses pensées, de crainte qu'il ne la conduise a la mélancolie. " Je vous remercie pour ce témoignage de vos bons sentiments Alice, Oschide m'était un ami très cher, pour ne pas dire le meilleur. Malheureusement parfois la vie ne nous laisse d'autre choix que de faire notre deuil et d'avancer. " La dame de Solaria avait toujours eu la peau d'une blancheur d’albâtre, si bien qu'il était difficile d'y voir le témoignage de sa douleur. Mais ses yeux, bien qu'alertes, étaient légérement cerclés de cernes, preuve manifeste de nuits sans sommeil. Les enneades passaient et le temps faisait son oeuvre, du moins concernant la perte de son ami. Il y'avait d'autres situations qui continuaient a lui faire du mal, sans que quelconque signe d'amélioration ne pointe a l'horizon. Mais elle n'était pas le genre de femme a laisser ses petits malheurs la distraire ou entraver le bon fonctionnement de ses terres.

Elle trouva la dame de la Ruche un brin mal a l'aise, voir anxieuse, quand elle prit place dans le fauteuil qu'elle lui avait indiquée. Ses mots n'en laissèrent pourtant rien paraître, coulant avec naturel comme si elle fut amies de longues dates. Ce n'était pas le cas, pas par manque de point communs, mais par manque de temps passé ensembles. Il n'en était pas moins qu'elles semblaient chacune ressentir un profond respect pour l'autre. " Allons Alice, vous n'avez rien d'une femme oisive. Vous gérez d'une main de maître vos terres. Cela et vos activités annexes. " Laisse t'elle échapper, un brin mystérieuse, la voix neutre. Soudain son interlocutrice se leva d'un bond, tel un chat apeuré. Angelina ne comprit d'abord pas sa demande puis a la regarder blanchir a vue d’œil et en voyant la lueur paniquée qui éclairait ses traits elle comprit. Se pouvait t'il qu'elle soit claustrophobe ?

La dame de Solaria se leva prestement, puis sans manière elle alla se poster prés de la Nil Klemens pour lui saisir le bras en l’entraînant vers la porte. " Respirez calmement. Visualisez la Ruche, vos jardins. De grands espaces. " Pourquoi avait il fallut qu'ils soient au premier étage, la bibliothèque, la salle des archives ou la salle d'eau ne contenait pas plus de fenêtres que le bureau. Elle soutenait toujours son invité quand elles sortirent de la pièce, le jour filtrait, leur parvenant du grand hall a l'étage. Mais cela n'aiderait probablement pas, restait donc deux options. La salle d'étude ou la salle de musique. Cette dernière étant la plus proche, c'est la que leurs pas les entraînèrent. D'une main elle poussa grand les portes, elle traîna ensuite sa vassale jusqu'aux imposantes fenêtres de la pièce. Il y'en avait 3, les inondant de la lumière de l'après midi. Angelina s'assura qu'Alice pusse tenir debout et la délaissa un bref instant pour les ouvrir en grand, le vent de l'automne s'engouffrant rapidement dans la pièce.  

La Soltariel reprit ensuite place derrière l'infortunée claustrophobe, puis lui caressant gentiment le dos, elle la poussa jusqu'a cette source bienvenue d'air. " Respirez pleinement Alice ... Est ce mieux ? Reprenez vous un moment et si vous le désirez nous irons ensuite dans les jardins, les comptes sauront bien attendre quelques minutes de plus. " Elle pose des yeux soucieux sur la dame, attentive au moindre malaise qui pusse survenir, puis d'un sourire elle s’essaie a plaisanter. " Vous n'avez pas votre pareil pour faire comprendre a votre interlocuteur que sa conversation est étouffante. " Cette petite marque d'humour laissait clairement entendre a la dame de la Ruche, qu'elle ne lui tenait aucune rigueur de ce petit incident. Néanmoins elle paraissait réellement soucieuse de son état et ne la quittait pas du regard.

La maîtresse des lieux adressa un grand sourire a son invitée, comme pour la rassurer une fois pour toutes sur le fait qu'elle n'est point a s'excuser de son malaise passager. " Il n'y'a rien a pardonner Alice, l'important est que vous vous sentiez mieux. Nous resterons ici le temps qu'il faudra et ensuite nous irons dans un endroit moins oppressant pour vous. " Un sourire de plus, puis une plaisanterie pour alléger la situation. " Moi meme je me sens parfois terriblement a l'étroit a ce grand bureau sans fenêtres, il est si emprunt de solennité que l'on peut vite si sentir minuscule et oppresser. " La dame de Solaria avait néanmoins un avantage, elle y avait passée de longues heures depuis les prémices de sa vie, il n'en était pas moins vrai que parfois penser a qui occupait jadis les lieux n'était pas sans lui alourdir quelque peu le cœur et l'esprit. Ne quittant pas la Nil Klemens des yeux, elle fut bientôt rassurée en la voyant reprendre peu a peu couleurs.

Ce fut sans compter sur le léger incident qui se déroula ensuite. Faisant virevolter les documents de la dame sur le sol. " Alice laissez moi me charger de ramasser tout cela, vous ne devriez pas tant en faire. Vous vous remettez a peine de votre étourdissement ... " La dame de la Ruche ne sembla pas l'entendre et s'évertua a récupérer un a les papiers dont certains virevoltaient encore autour d'elles. Angelina fit un pas pour fermer la fenêtre, pour mettre ainsi fin au manège du vent, quand un bruissement se fit entendre sous son pieds, elle baissa les yeux et avisa du fait qu'un parchemin se trouvait désormais coincée sous une de ses bottes. Elle se baissa pour l'en retirer avec soin, mais alors qu'elle esquivait un geste pour le rendre a sa propriétaire, elle se figea. Ses doigts se crispèrent sur la carte, car c'est d'une carte qu'il s'agissait. Une carte de pas trop reconnaissable.  

Elle inspira profondément, puis s’efforçant de ne rien laisser paraître de son trouble, malgré la dangereuse lueur qui brillait en son regard, elle s'approcha d'Alice et demanda: " Qu'est ce que cela ? " Mieux vaudrait que la dame ne lui réponde pas " Une carte ", elle ne savait que trop bien ce que c'était. A dire vrai la question qu'elle aurait due poser c'était " Ou vous l’êtes vous procurée ? " mais elle avait bien trop peur de la réponse pour laisser pareilles paroles quittaient la barrière de ses lèvres. " C'est une carte bien minutieuse que vous avez la .. L'on pourrait se méprendre sur vos activités en considérant ce document... " Une allusion de plus aux activités de son invitée, la dame de Solaria parlait t'elle vraiment de Miel ou de quelques taches annexes ? La carte toujours en mains, elle commença a parcourir des yeux les divers annotations, s’efforçant de ne s'attarder que sur cela et sur rien d'autres, car cette carte amenait avec elle un flot de souvenirs, qu'il était préférable de ne pas se remémorer.