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| [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Un phénix ne renait pas sans feu {F} | |
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+3Halyalindë Mélnaica Telenwë Neraën 7 participants | |
Auteur | Message |
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Telenwë Neraën
Elfe
Nombre de messages : 571 Âge : 32 Date d'inscription : 04/07/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 816 ans Taille : 2m05 Niveau Magique : Apprenti.
| Sujet: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Un phénix ne renait pas sans feu {F} Sam 24 Déc 2016 - 17:47 | |
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Julas de la première ennéade du mois de Barkios, an IX du XI° Cycle. Cité d'Eteniril.
C'était la nuit, peu avant vingt-trois heures. Calme, comme toujours. Dans les rues noires d'une nuit sans lune, les quelques passants rentrant chez eux après une longue journée de travail portaient tous de longues capes afin de s'abriter autant de la pluie que du froid qui commençait doucement à se faire ressentir. Pour ceux qui étaient en droit de porter une arme, celle-ci était comme d'habitude scellée à son fourreau.
Le calme... un calme apparent qui cache ce que bien peu d'elfes auraient pu imaginer de personnes de leur propre peuple. Des tensions étouffées pendant plusieurs mois, une révolte visible dans seulement certains regards, des discordes que les mots n'ont su apaiser, au malheur de ceux qui en faisaient les frais depuis quelques ennéades déjà. De ce que les citadins pouvaient savoir, l'un des hauts-conseillers n'était pas revenu d'un voyage en Actellys, un autre avait disparu, et un troisième avait été victime d'une négociation avec les noss qui s'était mal terminée... Trois en moins d'un mois, une hécatombe qui ne présageait rien de bon aux yeux du commandant en chef des armées, qui lui-même était un haut-conseiller. Le simple fait qu'il y ait deux disparitions avait paru suspicieux à Falaedhel. L'idée que ce soit Telleran, qui justement gérait la cité en l'absence du protecteur, qui meure d'une flèche noss était gros. Trop gros. Et puisqu'il était bien celui qui connaissait le mieux Telleran ainsi que Neraën, il n'imaginait pas que les noss aient pu si facilement décider de créer une guerre entre elfes de pierre et elfes de la forêt ; surtout que tous savaient qu'une trève avait été donnée et qu'elle était jusqu'alors respectée par les citadins comme les noss. Mais les faits étaient là : désormais, la pensée anti-noss se répendait telle un feu de forêt, les deux peuples étaient proches de la guerre, et pour couronner le tout leur protecteur n'était toujours pas revenu d'Alëandir. Et cela, il l'avait fait sentir lors du dernier conseil, peut-être à tort.
Le hasard, ou peut-être Kÿria et Calimenthar en voulaient-ils ainsi, avait fait que ce soir-là Falaedhel s'était retrouvé avec l'un de ses enfants, Severan, à l'académie militaire. Ce dernier, à l'âge de faire son Choix, s'était tout comme son père orienté vers les armes. Le fait qu'en ces temps troublés les deux elfes puissent prendre un temps pour se parler était rare, d'autant plus que les différentes épreuves que l'on infligeait à Severan avant qu'il ne passe à l'âge adulte n'étaient pas terminées. Et c'était cela qui sauva le commandant : Severan remarqua dans le reflet du miroir quelque chose qui n'était pas normal et le fit immédiatement remarquer à son père, qui arrêta tout mouvement. Un empoisonnement râté ; une obligation pour celui qui jouait le rôle d'assassin d'en venir aux lames ; un mort, un blessé, et l'obligation pour les deux rescapés de fuir. Ils prirent au passage des militaires que Falaedhel savait être loyaux et ne pas être tombés dans la folie des conseillers belliqueux et anti-noss de la cité et disparurent.
Pas la place pour un temps de questionnement, ils étaient suivis. Pas la chance de protéger leurs propres familles, cela ne les aurait que mises en danger. Pas le temps de prendre seulement de quoi s'équiper pour cette saison peu appréciable, il en allait de leur survie.
Sans que les Elfes en aient pleinement conscience... Eteniril était en guerre civile.
Dernière édition par Neraën Yeldoreï le Lun 4 Déc 2017 - 22:22, édité 1 fois |
| | | Mélnaica
Elfe
Nombre de messages : 68 Âge : 27 Date d'inscription : 13/12/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 207 ans Taille : 1m78 Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Un phénix ne renait pas sans feu {F} Lun 26 Déc 2016 - 12:40 | |
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Calimehtarus de la première ennéade de Bàrkios. Neuvième année du Onzième cycle. Anxiété et crainte, émotions traîtresses. Elles prennent au corps la proie tentant vainement de se dissimuler, avant de parfumer l'air de leur odeur de mort. Elles se laissent voguer au gré des vents, attirent à leur source d'autres êtres compatissants, elles se communiquent dans la petite communauté qu'ainsi elles auront formé et par la même occasion se renforcent et prospèrent. Elles se laissent voguer au gré des vents, jusqu'à chatouiller les narines d'un prédateur affamé, qui sait que là d'où elles viennent se terrent de délicieuses bouchées. Le Wyvern au réveil a humé une senteur affriolante, une que bien que repus il ne saurait ignorer. C'est vers ce qui lui plaît qu'il t'a emmené. Conscience prisonnière de ses sens tu n'as fait qu'acquiescer. Morceau d'elfe recroqueviller dans les profondeurs de l'esprit d'un reptile, en cette sombre époque tu t'es volontiers laissé supplanter. Il est bon de n'être qu'animal. Il est bon de ne plus se blesser dans de tristes spéculations. Dans ces limbes abstraites tout n'est plus que raisonnements primaires, naïve curiosité et Symphonie inaltérée. Dans cette prison paradisiaque il n'y a plus besoin de se justifier. Le Wyvern peut ne traversre l'Anaëh que pour exercer son droit de planer. Le Wyvern n'est pas en place de se demander qui est son ennemi ou qui est son allié. Ensembles vous êtes créature solitaire glissant au dessus de la canopée et bercée de messages qui vous influencent plus que vous ne le croyez. Les chants de la Mère plus forts que l'instinct, les appels des frères plus puissants que votre propre émotionnel, une complainte qui navigue au gré des odeurs... c'est elle qui en réalité s'est faite discret guide de votre périple. Ce sont les yeux et les oreilles de ceux qui n'en ont pas qui donnent au pélerinage des Druides un goût de destinée. Ils comprennent ce que les autres âmes ne voient pas, ils savent lire à sa vibration l'essence de leurs protégés. La Symphonie des arbres lie les essences et guide leurs porteurs pour que l'équilibre de la forêt soit au mieux restauré, et quel meilleur moyen de se faire que de noyer disharmonie avant qu'elle ne dissonne ? Malheureusement l'oreille des elfes, qu'ils soient de pierre ou d'esprit n'a pas la sensibilité de celle des porteurs de racines. Parce qu'ils ne peuvent pas transhumer les verts et les ligneux, à eux il fut accordé l'ouïe parfaite. Ils entendent la vibration avant que le son ne soit propagé, tandis que vous ne comprenez qu'à condition qu'ils aient déjà maintes fois hurlé. Tu accuses un dangereux retard dans l'entreprise qu'ils t'ont confié, et faute de ton empressement le sang fut déjà versé. Maintenant il te faut jouer les vautours, tourner en rond dans le ciel de la cité jusqu'à ce que tes yeux comprennent ce que le coeur sait déjà. Eteniril ment, mais seulement en quoi ?
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| | | Halyalindë
Ancien
Nombre de messages : 1722 Âge : 97 Date d'inscription : 17/12/2014
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 480ans (né en 531) Taille : 1m96 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Un phénix ne renait pas sans feu {F} Jeu 29 Déc 2016 - 2:41 | |
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Cela faisait des jours qu'Halya avait quitté Malereg par la mer... enfin qu'elle avait essayé. Pour la première fois, elle avait mis le pied sur un navire... Et elle n'avait pas vraiment aimé ça... Aussi avait-elle finalement renoué avec une monture plus conventionnelle, décidant de passer sur l'extrême bord de la côte au lieu de reprendre le chemin de l'intérieur des terres pour gagner au moins un peu de temps.
Longeant les côtes nord d'Anaëh avec une pensée émue pour tous ceux qu'elle quittait par une telle manœuvre, il n'en restait pas moins que l'ombre encore farouche de Randil planait près d'elle, lui mettant un sourire à la fois ému et nostalgique aux lèvres. Ils leur faudrait du temps à tous les deux pour trouver une nouvelle façon de fonctionner mais ils auraient le temps pour cela.
L'aube pointait à peine lorsqu'elle s'était rendu au sanctuaire du chêne d'or pour la dernière fois avant de franchir les murs de la Cité. Elle détestait les au revoir... Et a force de faire des bonds, son cœur ne semblait plus savoir si elle devait être soulagée de retrouver l'Anaëh sans être devenue folle, troublée par l'accueil qu'on leur avait fait à Malereg, effondrée de quitter Fenris pour quelques temps, coupable de ne pas laisser le choix de l'accompagner, extatique d'avoir retrouver Randil dans ces conditions, triste de voir a quel point les marques resteraient profondes, sereine à la simple évocation des sentiments qui l'animaient pour le jeune Aigle. Ce voyage vers les Wandres, le fait même de quitter Ardamir dans un temps si troublé, elle l'avait fait pour comprendre ce qui lui arrivait. Alors malgré cette pelote d'émotion, il était tant de considérer la chose sérieusement... Et de se diriger une bonne fois pour toute vers l'Île Voilée d'Holimion.
Elle pensait pouvoir l'atteindre en profitant de l'espace peu dense entre la forêt et la côte... mais le voyage s'annonçait moins simple que ce qu'elle avait imaginé. Le terrain inégal était sauvage et des bêtes rodaient a bien des endroits. Les pluies et les vents d'automne rendaient la mer nordique... impressionnante. Un matin, avant de repartir après quelques heures de repos contre le ventre de Randil, elle s'était retrouvée seule sur un les hauteurs de falaises abruptes. Le Loup blanc s'était de nouveau éloigné sous le couvert des arbres pour remplir ses propres obligations. Et c'était là, le visage fouetté par la brise marine et cette étrange odeur que dégageait l'eau salée la prenant à la gorge, qu'elle s'était arrêté devant le spectacle pour la première fois. La couleur gris perlé de l'eau à perte de vue se confondait avec l'immensité du ciel nuageux sans qu'une quelconque ligne d'horizon puisse être distinguée. Une impression de vertige l'avait pris au ventre alors que le son régulier des coups de tonnerre du ressac baignait l'horizon.
Heureusement, il n'y eu pas d’incident majeur à part quelques rencontre de bêtes sauvages. Les Noss se montraient peu, et lorsqu'ils constatait qu'elle ne voulait que passer, au mieux ils l'escortaient sur un bout de chemin de façon à ce qu'elle ne pénètre pas sur des terres sacrées par mégarde... et au pire, la présence farouche de crocs et de griffes les rendait circonspect envers cette qui avait toute la panoplie des elfes des Cités.
Se reposant peu et par courtes périodes, l'étrange état de stase qu'était devenu son sommeil la rassurait dans cette situation autant que le fond l'inquiétait. Certaines fois, au moment de se rouler dans ses couverture, elle voyait apparaitre une silhouette blanche. Même les yeux clos, elle avait l'impression diffuse de continuer à surveiller les alentours, planant au-dessus de son propre corps. Plus d'une fois, elle dut courir, grimper, se rapprocher de la Meute ou couvrir son épée de sang pour protéger sa vie, mais l'un dans l'autre, elle avançait à bonne allure.
Son état, s'il était stable, de donnait pas non plus de signe d'amélioration. Passant aux abords de Carrobrelian, elle failli perdre connaissance dans une étrange crique à l’ambiance sombre. La rencontre pas plus improbable qu'elle fit fut cependant aux alentours d'Actellys. Le temps s'était réellement gâté, rendant la progression difficile et l'obligeant à se rapprocher de la meute sous les frondaisons... Ce qui mettait sa monture dans un état de nerf absolument intenable, interdisant à toute personne ne désirant pas finir avec la nuque brisée de monter sur son dos. Mais le vent, la pluie et l'orage n’empêchèrent pas le curieux équipage de lever le nez au son d'une corne. Quelques minutes plus tard, elle découvrait une barge échouée sur le flanc dans les galets du rivage. Quelques blessés. Pas de mort. Mais le navire était trop endommagé pour faire le reste du trajet.
Ne voulant pas risquer d'escorter elle-même les naufragés dans une portion de la forêt dont elle ne connaissait rien et avec des blessés en plus, elle les avait juste aidé rapidement à se mettre à l'abri autant que possible et était reparti chercher de l'aide à la Cité la plus proche... qui n'était pas si proche que ça.
"Les environs sont dangereux! -Ne vous en faites pas, je vais suivre la côte. Vous avez bien dit qu'il y avait un ponton proche d'Actellys, il devrait donc y avoir des sentes qui mènent de la côte à la Cité."
C'est donc la promesse d'aide pour ces gens perdu et leurs regards emplis de bénédiction de Kÿria qui décidèrent la voyageuse à rejoindre une piste plus balisée que celle qu'elle avait emprunté jusque là. Il fallu une journée à vive allure pour trouver son chemin et remonter jusqu'à la Cité... Et vu l'état de la sente, elle pouvait parier que le chemin qu'elle avait trouvé n'était pas le plus directe...
Les Actellysiens, quoi qu'un peu surpris de voir une étrangère, seule, émergée des anciennes sentes côtières en plein milieu de la nuit, envoyèrent de suite des hommes sur le lieu du naufrage. Elle ne resta qu'une journée le temps de profiter d'un bain, d'un vrai lit et du temps nécessaire à l'entretient de l'intégralité de son matériel avant de repartir au matin suivant. avec le concours d'un jeune étalon gris pommelé répondant au nom d'Idris, qu'elle devait laisser à Eteniril. Le voyage ne devrait plus durer que deux jours pour atteindre Eteniril et encore 8 jours pour atteindre Holimion par la côte Est. Mieux valait ça que de rebrousser le chemin.
Après les deux derniers mois qu'Halya venait de vivre, marcher sur les sentes, même faiblement balisées et non gardées ressemblait à une promenade. Une promenade d'autant plus sublime que la Symphonie l'entourait avec force. Sous les pas de sa frêle monture, l’œuvre criait sa vigueur sous les éclats de la pluie et sa mélancolie devant la morsure du froid. Quelques paroles troublantes concernant le sang et les combats glissaient de ci de là, mais semblait si peu importante en comparaison du Chœur des dix-milles voix alanguies et cru craquement des brindilles sous les sabots d'un cheval au pas. Halya elle-même baillait à s'en décrocher la mâchoire, bercée par les complaintes de l'Automne.
L'odeur de l'humus se mêlait à la sève. Même quand il ne pleuvait pas, l'humidité alourdissait ses cheveux qui n'étaient plus si courts. Cela ferait bientôt un an qu'elle ne les avait pas coupés. Glissant désormais sur ses épaules, elle avait du se résoudre à la tresser toute une moitié de sa crinière rousse en de fines nattes collées à son crâne pour éviter de les avoir dans les yeux en cas de mouvement rapide. Lorsqu'elle s'était regarder dans un miroir à Malereg, elle avait été choquer de voir si visage si semblable à celui de sa mère... Mais plus le temps passait, plus elle se demandait si elle n'allait pas les laisser pousser finalement... juste histoire de prendre un peu soin d'elle... pour les yeux d'une certaine personne aussi peut-être...
Enfin la question n'était pas là.
Au matin du deuxième jour, elle n'avait toujours pas revu la point d'une oreille lupine depuis son entrée dans la Cité. Après deux heures de poses pour prendre un peu de repos et prendre un minimum soin de son équipement, sa monture se fit plus frileuse, plus tendu. Halya gardait obstinément le même rythme et le même air dégagé. De temps à autre, elle fredonnait... de façon particulièrement fausse, des airs entendus à Ardamir. Ce voyage, durant les périodes ou sa concentration n'était pas principalement occupée maintenir un périmètre de sécurité autour d'elle, lui avait permis de beaucoup réfléchir. C'était la première fois qu'elle en prenait réellement le temps depuis... Depuis sa rencontre avec Kaelan. Et cela avait quelque chose d'aussi apaisant qu'effrayant. Cette introspection était même plus terrifiante encore que les attaques, que les drows ou que les étranges phénomènes qui la secouaient depuis Eraison. Alors ce n'était certainement pas les yeux qui suivaient son avancée à travers les futaies qui allaient la décontenancer.
Dépourvue d'intensions hostiles et restant soigneusement sur la piste, elle avait l'audace de penser que les Noss la laisserait passer sans encombre jusqu'à la Cité... Mais pour une fois elle avait tord.
Une flèche se ficha à un souffle des sabots avants de sa jeune monture. la jument, folle de peur, se cabra avec une violence inouïe avant de ruer, projetant sa cavalière avant de filer droit devant.
Halya roula sur l'humus humide avec un hoquet douloureux, sa confortable armure prévue pour lui laisser une liberté de mouvement totale n'était pas étudiée pour adoucir les chocs contondants. Si elle parvint à se redresser, un genou en terre ce ne fut que grâce au réflexe le plus instinctif.
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Calimehtarus de la 2e ennéade de Barkios Neuvième année du Onzième cycle Sente menant à Actellys Un souffle régulier et des pas comptés, masqués par la bruine. Voilà tout ce qui aurait put trahir la présence du grand homme dont les phalanges blanchies tenaient avec véhémence la hampe d'une lance sculptée à la pointe d'ivoire autour de laquelle étaient fixées plusieurs dizaines de médailles étranges dont les cliquetis infimes se confondaient avec l'eau sur les feuilles. Il porta ses mains à ses lèvres. Le chant d'un merle s'éleva dans les air. La cavalière valsa au sol. L'animal terrorisé fuit droit devant lui. Il ne s'en préoccupa pas. L'un de ses chasseurs l'intercepterait un peu plus loin pour le défaire du joue de cuir qui lui pesait sur le dos et le calmer avant de le laisser aller ou bon lui semblerait.
Non, l'être qu'il ne quittait pas des yeux était, à n'en point douter aussi retors et cruel qu'un Phish'Oura. Il avait essayé d'y voir autre chose qu'une bête perverse. Bien plus qu'il n'aurait du. Et depuis des jours, sa bouche ne désemplissait pas d'un goût amer. A sa grande honte, il avait même douté des Fondatrices... Mais l'heure n'était pas aux doutes.
Trois chasseurs s'étaient avancés sur le chemin, tenant la cavalière en respect de la pointe de leurs longues lances. Si jadis il leur était arrivé de sous-estimer des citadins, ce n'était plus le cas. Ils bougeaient de façon parfaitement coordonnées, montrant sans pour autant attaquer qu'ils étaient maître de la situation. De l'ombre de la canopée, Maghden observait la scène avec une concentration extrême, non pour vérifier qu'il ne risquait rien ou pour admirer la puissance de ses hommes, mais pour jauger une première fois la femme qu'ils venaient d'intercepter sur la route Nord.
Leste, elle était parvenue à se redresser souplement malgré la violence de sa chute. Elle l'avait même fait avec une facilité déconcertante étant donner le poids que devait représenter la carapace de métal qu'elle portait sur elle, habilement mélangée à du cuir fin et de la soie sombre. A vrai dire, il n'avait jamais vu une armure pareille dans les environs. La combinaison aux couleurs naturelles, érodée pour ne pas accrocher la lumière, la couvrait des pieds au menton mais ne portait ni couleur ni armoiries particulières. L'étrange cor blanc qu'elle portait en bandoulière n'était pas plus significatif. De ce qu'il voyait, elle portait deux épées du même côté de sa ceinture ainsi qu'un long couteau de chasse. Eux non plus ne portaient pas de signe distinctif qu'il aurait put identifier. La garde de l'une prenait l'apparence d'un aigle aux ailes déployées. L'autre était ouvragée avec une minutie presque mystique et son métal avait des reflets verts. A n'en pas douter l'une comme l'autre étaient des marques de prestiges qui ne devaient pas être confiées à n'importe qui...
La façon qu'elle avait eu de poser sa main gauche sur le pommeau de l'arme finement ouvragé lui avait appris deux choses on ne pouvait plus importantes. Elle était gauchère. Et elle était une combattante aguerrit. Son expression avait changé du tout au tout au moment ou les choses avaient dégénérées pour elle. Ses mouvements, mêmes minces, avait quelque chose de farouche qui appuyait le regard posé qu'elle laissait courir de visage en visage. Un regard qui donnait au guerrier une impression étrange de méfiance presque sauvage. Ses cheveux roux et ses yeux d'un vert soutenu étaient très loin de ceux des habitants d'Eteniril. Elle restait attentive, basse sur ses appuis, sans prononcer un mot. Sans questionner un instant ses agresseurs.
Mais cela ne suffirait plus pour obtenir une once de respect de sa part.
La voix du chef s'éleva, haute et claire, alors que son visage androgyne apparaissait entre les feuillages, un talisman en forme de croc - si ce n'en était pas un vrai - tressautant sur son torse nu à chaque inspiration. Ses yeux sombres croisèrent ceux de l'étrangère.
Ils frémirent tout deux.
"La Cité de Pierre a perdu tout honneur et tout respect pour l'Oeuvre. Que viens-tu faire ici, étrangère?"
Toisant la taledhel, regardé de haut par cette dernière, il ne voyait pas en elle une once de peur. Un voile d'inquiétude passa dans le regard de cette femme. Mais pas le genre d'inquiétude que quelqu'un éprouve pour sa propre vie. Le seule geste qu'elle eut fut de dégrafer la cape de voyage qui alourdissait ses épaules. Et l’aplomb de sa réponse désarçonna quelque peu le chef de clan qui retint cependant ses chasseurs de mettre à genoux l'effrontée.
"La Mère nous a répandu dans son Oeuvre pour que nous allions à notre guise. Pourquoi avoir besoin de plus de la part d'une soeur? -Tu n'es pas ma soeur, fille dévoyée." siffla-t-il, tendu comme un arc "Toi et les tien on arrêté de l'être lorsqu'ils se sont livré à la destruction, au meurtre, au mensonge. -... Comment? -Dépose les armes. Obéit à nos ordres. Conduit toi en elfe. Et aucun mal ne te sera fait." laissa-t-il tomber sans plus d'explication, la lance toujours prête à partir d'un mouvement fulgurant.
Il n'avait de toute façon pas d'autre solution. Aucun citadin ne devait atteindre la Cité. Aucune alerte ne devait être données dans les cités voisines... Elle aurait certainement put insister pour reprendre la route, mais elle même avait parfaitement compris qu'elle n'irait pas bien loin. La symphonie bruissait de mille tensions désagréables. Des voix jeunes et curieuses.
"Vous me faites prisonnière. constata-t-elle simplement sur un ton neutre. -Cesse de faire durer les choses. obéit. -Parlez franchement au lieu d'accuser les Cités de tous les mots de ce monde. Dites moi au moins pourquoi exactement."
Ce comportement commençait à agacer l'homme au plus haut point. Une expression de pur mépris se peignit sur ses traits si doux. Cette mascarade avait assez durée. Il n'était pas la pour parler. Sa langue claqua deux fois, sèche.
Les trois lancier se mirent en mouvement. L'étrangère également. Fluide, elle évita le coup de l'homme placé juste derrière elle aussi facilement que s'il avait été devant elle. Le mouvement était aussi rapide que complexe. Elle ne dégaina pas, s'appuyant sur les armes de ses adversaires pour les déséquilibrer. En une fraction de seconde, elle était sortie sur le côté cercle des trois gardes qui la menaçaient. Une roulage. Un saut. Elle changea brusquement de trajectoire, dégainant tout en se lançant vers le chef de ses attaquants. Maghden cru voir l'ombre d'un sourire étrange sur ses lèvres mais l'instant n'avait pas laissé une place à la contemplation. En position parfaite pour recevoir l'assaut de la rouquine il la tint à distance avec une apparente facilité, ses trois hommes essayant sans cesse de la coincer. Deux fois elle parvint de feinter sa garde pour devoir reculé au risque de se prendre une autre lance dans le flanc. Elle était obligée de rester en mouvement même lorsqu'elle réfléchissait pour ne pas laisser les trois gardes s'organiser mais ne pouvant s'éloigner de la mêlée au risque de se prendre une flèche.
Durant quelques minutes, les passe des quatre Noss la mirent à rude épreuve sans qu'elle ne trouve l'occasion de les toucher. Les mouvements amples et gracieux donnaient à ce balai guerrier des allures de danses, chacun anticipant les coups des autres et les esquivant de manière à ce que rythme ne soit pas cassé une seule fois par l'éclat d'un coup porté. Puis enfin, elle eut une ouverture. Lâchant son épée, Halya roula au Sol, la lance de l'un des chasseur ayant touché de plein fouet son épaule sans toute fois s'enfoncer dans sa chaire grâce à sa protection. Cette lance, elle l'emporta avec elle, finissant se course d'un mouvement souple qui lui permis de faucher les jambe d'un second ennemi grâce à l'allonge de sa nouvelle arme. Son talon s'écrasa dans l'estomac du dernier avant qu'elle ne passe derrière lui pour barrer sa gorge de la hampe de sa lance, le gardant ainsi conte elle sans qu'il ne puisse bouger. L'impacte d'une flèche qui ripe sur sa cuisse la fit frisonner mais elle parvint à ne pas bouger, sa concentration accaparée par un tout autre spectacle.
La pointe de la lance d'ivoire du chef Noss s'était arrêté à un souffle de l’œil vert de la guerrière.
Les deux elfes se jaugèrent une nouvelle fois en silence.
La pointe s'approcha jusqu'à presque toucher le globe vitreux. Le chasseur glapit lorsque la hampe lui broya la gorge à deux doigts de ce qui était irrémédiable.
Le mépris sur le visage de l'homme se changea en une rage froide et contenue. A cette distance, il pouvait maintenant voir que malgré son calme apparent l'étrange impression que lui avait fait le regard de cette femme était loin d'être usurper. Une flamme sauvage, presque avide brulait dans ses iris. Une flamme bien différente de celle de la colère ou de l'animosité.
Elle le tuerait. Sans hésiter.
Il serait mort avant qu'elle ne perde son œil ou sa vie.
Maghden recula d'un pas.
"La Cité de pierre fondée par la Noss Eten'Ril a sombré dans le chaos, revenant sur un accord entre leur protecteur et nos clans. L'un de leurs chef a été tué et ils nous ont accusé. Bientôt, les vôtres nous donneront la chasse et nous les égorgerons comme les êtres dévoyés qu'ils sont."
Un discret frisson passa sur l'échine de l'étrangère. Elle se redressa, lâchant brusquement la hampe, les mains bien en évidences, sans crainte apparente ni geste brusque. Toujours sans un mot, elle commença à desserrer d'une main sûre son ceinturon d'arme... ainsi que les attache d'un long couteau qu'il n'avait pas encore remarqué, attaché sur la face intérieur de son bras gauche. Puis se fut au tour des lanières qui ajustaient avec précisions l'armure qui suivait son corps comme une seconde peau. En moins d'une minute, pieds nus, elle n'était plus vêtu que d'un fin pantalon de lin brun et d'une chemise grise tout aussi fine.
La seule chose qu'elle demanda une fois que les trois Noss se furent emparé de ses affaires, fut le nom du citadin qui avait été assassiné.
- Armure Halya (haut):
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Elfe
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 207 ans Taille : 1m78 Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Un phénix ne renait pas sans feu {F} Ven 30 Déc 2016 - 16:06 | |
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Panahos de la première ennéade de Bàrkios Neuvième année du Onzième cycle. Le jour est en cette heure étrange, siège de la bataille entre les jumelles nocturnes et l'Astre du midi. Il fait froid. Aussi froid qu'à la montagne. Ou est-ce l'appréhension qui aura finalement pris le meilleur sur ta moitié ? Le Wyvern est lent à quitter le creux de l'arbre dans lequel il s'est endormi, lent à trouver satisfaisante chaleur dans les rayons réfractés par les Lunes. Le Wyvern est lent à se jeter dans les airs et à s'élancer de son premier battement d'ailes. Il fait froid. Froid comme la pierre de nuit. Eteniril est encore endormie ; d'une seule oreille tu l'imagines, car elle ne peut plus se poser sur celle que les mensonges ont brûlé. Eteniril entière ne te voit pas encore, mais elle te sent, elle te craint et dans un accès d'espoir elle attend. Le Wyvern s'en va. Il y plus à donner qu'à prendre dans cette Cité léthargique. Rien à glaner tant que l'activité n'aura pas repris. C'est loin des yeux des pierres pour l'instant qu'il y a le plus à glaner. C'est loin des yeux des pierres que sont dissimulés les pions tombés de l'échiquier. Tu peux les entendre, tu peux les sentir, tu veux les voir. Tu veux savoir qui sont les êtres empestant autant l'hypocrisie de leurs propres frères. Alors il tourne encore le vautour. Pas au dessus de l'arène de pierre non, mais au dessus des terres des Ornedhels. Au dessus d'un lieu sans nom, mais qui ne resterait plus longtemps sans histoire. Des hommes armés. Des meurtriers en recherche d'une victime, c'est ce que tu aurais aimé pensé. Et pourtant les troncs te hurlent leur innocence. Le lézard tombé des cieux rampe comme un serpent, se glisse à portée des voix rauques des éveillés. Des paroles d'insensés, des questions d'ignorants, c'est ce qu'il entend. Des morts, un mensonge, une dégoûtante trahison, c'est ce que tu comprends. Dissonance cognitive entre l'elfe et la bête, et la confusion s'empare de son être. Il y a danger, il y danger dans ces hommes ; et ce qui apporte le danger il faut l'éliminer. Le lézard quitte le calme dans lequel la Symphonie l'avait placé pour la rage qui est sienne en tant que gardien d'Anaëh. Il glisse vers les armures car il lui faut tuer, ceux qui menacent son corps, son esprit et son monde, il veut les détruire. La furieuse folie que vous partagez, elle est sa faiblesse. À ces moments il t'oublie, laisse votre corps à ta merci. Dans ces moments, ton corps domine sur son eprit. Les écailles et le cuir ne sont plus qu'armure factice. C'est l'elfe souffle coupé, qui reprend les rennes. Il hurle intérieurement, il te crache sa haine, mais le Wyvern en secret sait que de la mort tu l'as sauvé, lui, et plusieurs innocents. Le jour viendrait où ces hommes seraient tes cibles, mais tant que l'Anaëh les murmure tes alliés, tu n'as pas le droit de t'autoriser à l'ignorer. À tes frères d'ambre tu demandes simplement de souffler à tes frères de sang un message et de les guider ; cinq dizaines d'elfes armés sont entrés dans la forêt, et s'ils ne sont pas venus avec pour but de l'écorcher, ils ne sauront sûrement pas faire autrement que de la blesser. Le soleil est haut dans le ciel, mais il fait toujours froid. Froid à t'en faire frissonner, tout elfe que tu es. Ton coeur bat la chamade, tes instincts les plus primaires pleurent de te voir t'éloigner des murs de la cité d'Eteniril, et pourtant tu avances. Ta respiration accélèrent, les prismes de ton monde parfois tremblent, et pourtant tu avances. Il n'y a plus que la Symphonie pour te porter, la Symphonie de plus en plus difforme au fur et à mesure que la pierre se rapproche. Tu es à la fois si loin et tellement proche. Un grondement retentit. Te voilà paralysé. L'averse s'érige en mur d'eau entre toi et la demeure des Taledhels. L'orage rugit comme le monstre minéral qu'est le foyer des Sylvains de Pierre, et tu reconsidères les raisons de ta venue. Pourquoi ? Pour quoi faire ? Ta présence aurait-elle le moindre impact ? Tes mots seraient-ils entendus par ceux qui sont déjà sourds aux complaintes de leur propre Mère ? Tu doutes, petit être recroquevillé sur lui-même, se demandant maintenant qu'elle est une nouvelle fois menacée de sa vie et de son devoir lequel a le plus de valeur. Démuni de ta cuirasse, sans ailier, sans certitude de pouvoir inoculer ton venin, comme le serpent tu te loves dans l'ombre. Comme le serpent tu rampes tête basse vers ton trou, et t'y laisse bercer par le sifflement de ta propre langue fourchue. Arkuisa de la première ennéade de Bàrkios Neuvième année du Onzième cycle L'oeil d'ambre s'ouvre sur la nuit mourante. Toi tu dors. Le lézard volant brave la pluie battante. Tu dors. En son sein il te tient au chaud, le temps que ton esprit s'apaise. Il part prendre les risques seul, pour ne pas que tu le freines. Il part seul chercher les indices dans la cité endormie ; ta mémoire n'en prendra conscience que lorsqu'à son éveil elle embrassera la sienne. Le faux dragon observe avec une confiance tout aussi factice le peu de mouvements qui anime les lieux sous les eaux du ciel. Sauf que cette fois... cette fois le peu d'yeux ouverts sont tournés vers lui. Le rapace d'un matin fut attendu au lendemain. La cité déjà à sa propre merci ne peut se permettre de laisser planer un autre danger. Ce matin-là les flèches ont fusé. Ce matin-là le lézard dû donner le plus agile de ses ballets aériens pour que ses ailes ne soient pas transpercées. Sauf que ce matin-là, le ciel son allié l'a trahi. L'air s'est retiré de sous son corps, et il est tombé. Il est tombé comme au premier jour ; et de terreur et de honte il a fui. Qui aura levé la tête durant la chute aura vu la bête affronter l'invisible avant de devenir elfe. Tu t'es réveillé au son d'une Symphonie tordue par l'écho des pierres, à la voix écrasée par l'orchestre de cliquetis d'armures et engloutie par les sommations des grands hommes. Tu t'es réveillé le défi dans les yeux et la gorge muette. Le corps endolori, incapable de lutter contre ceux qui t'ont pris. Tu t'es réveillé en terre ennemie, aux mains de Taledhels armés. Triste constatation que d'entendre depuis les cachots où pieds et poings te furent liés, que ceux qui aux Drows ont autrefois offert leur amitié ne te laissent la vie que par respect pour une infime poignée aspirant à une paix hypocrite. - Pourquoi ? tu murmures.Pourquoi ont-ils brisé l'entente ? - Pourquoi ?! tu hurles.Pourquoi plonger dans une guerre à ce point fratricide ? Toi le premier à vouloir voir les cités s'effondrer tu le sais. Mais pourquoi le faire alors que l'Anaëh pleure encore et que le peuple Anedhel peine à panser ses blessures ? Avant les Taledhels te paraissaient fous, maintenant tu sais qu'ils sont malades.
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| | | Telenwë Neraën
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Un phénix ne renait pas sans feu {F} Mar 3 Jan 2017 - 22:10 | |
| Musique
Arkuisa de la première ennéade de Bàrkios, neuvième année du onzième Cycle. Cachots d'Eteniril.
"Pourquoi ? Son murmure ne pouvait être entendu d'où il était. Pourquoi ?!"Le cri empli de confusion, de colère et de tristesse se répercuta sur les murs de pierre humides du fait de la saison, créant un écho gênant pour qui se trouvait en cet endroit. Personne ne répondit au druide ; aucun son n'amena même celui-ci à deviner si quelqu'un se trouvait dans les sous-sols. Pieds et mains liés, ennemi chez ceux qui auraient dû être ses propres frères, voilà tout ce qu'il était. C'était ainsi qu'il devait se considérer et ainsi qu'on le voyait. Du moins, qu'il le voyait. Un elfe à la forte carrure le toisait. Un elfe aux muscles développés par un métier demandant beaucoup d'effort physique, à la balafre traversant son visage du milieu du front à la lèvre supérieur en longeant le nez et à la cape recouvrant autant ses cheveux qu'une partie de ses habits. Le citadin porta une pipe à sa bouche, inspira longuement, rabaissa la main tenant l'instrument puis expira posément. Il réfléchissait, sans rien dire. Et sans quitter le noss de ses yeux chargés de haine. Le même manège dura de très longues minutes, durant lesquelles celui qui pouvait se transformer en wyvern ne pouvait échapper au regard inquisiteur de celui qui était souverainement assis sur une chaise, à fumer sa pipe. Puis l'elfe se leva, n'émettant pour seul bruit celui de sa cape tombant au sol, et s'avança. Un regard hautain pour le prisonnier, une phrase... puis il se retourna vers la sortie, sans autre forme de procès, laissant là son ennemi seul face à la froideur des pierres. "Inutile d'essayer de sortir... la geôle est protégée magiquement."~~~~~~~~ Calimehtarus de la deuxième ennéade de Bàrkios, neuvième année du onzième Cycle. Protectorat d'Eteniril. "Telleran."La froideur glissée dans le prénom de celui qui avait été pendant deux mois le régent d'Eteniril cachait le respect naissant qui s'était installé entre les deux êtres. Voire même entre le mage et la plupart des noss du protectorat. Il était resté un citadin mais avait osé ouvrir les yeux vers la Mère et ceux qui avaient fait le choix de rester au plus près de son oeuvre, comme chaque elfe aurait dû le faire. Mais le goût amer qu'avait laissé le reste des citadins effaçait en toute impunité les quelques liens qui avaient réussi à se créer. Ils n'étaient plus que des fous qui ne respectaient plus les préceptes de la Mère et qui, en plus de commettre les pires crimes qui soient, accusaient les noss de ne pas respecter leur propre parole. Gardant sa rancoeur en lui, Maghden ne s'occupa plus de l'elfe rousse qui avait fini par se laisser faire. Il marcha dans la forêt dense et porteuse de paroles lourdes de sens. S'arrêtant régulièrement pour vérifier qu'un danger ne s'approchait pas de trop près, s'éloignant de tout chemin tracé par les Elfes, les noss et leur prisonnière marchèrent longuement et rapidement vers une destination bien précise. Un loup les suivit, mais ceux qui s'en apercevèrent ne semblèrent pas s'en formaliser plus que de raison. Pour une raison qui lui était propre, il n'attaquait pas. Avaient-ils fait connaissance avant qu'ils n'attaquent la cavalière ? Randil sentait-il qu'il n'y avait pour l'instant aucune volonté de s'en prendre à la protectrice ? Des questions qui ne trouveraient réponse qu'une fois la nuit tombée. Le campement était sommaire... très sommaire. En fait, cela n'avait rien d'un véritable campement où l'on s'attendrait à des tentes ou autres. Non. Une tension constante émanait de chaque individu s'y trouvant, l'arrivée des éclaireurs envoyés tout comme celle d'elfes de la forêt pouvant être en tout instant une source d'inquiétude. On pouvait deviner quels étaient les différents espaces utilisés et à quels buts. Une chose était sûre au sujet de ce campement : les citadins qui s'étaient établis ici n'avaient pas reçu la bénédiction des noss et si cela durait jusqu'en hiver ils risquaient de ne pas en ressortir en très bon état. Certes les Elfes supportaient assez bien les différentes saisons, mais l'hiver dans cette partie de l'Anaëh était connu pour ne pas être des plus cléments, même pour ceux qui y étaient habitués. Au bout d'un moment, Maghden fit signe aux siens de s'arrêter et alla voir un elfe assis aux côtés d'un jeune lui ressemblant. Entre les deux elfes d'une forte différence d'âge se trouvait être une carte. Le plus âgé, qui semblait être millénaire, se leva difficilement tout en réprimant une grimace. Le chef noss lui montra la nouvelle de la main puis partit. Falaedhel inclina respectueusement la tête en reconnaissant la protectrice d'Ardamir, fit signe à Severan de partir puis invita d'un signe de main la dame tout en se rassayant. Une nouvelle fois le commandant retint une grimace de douleur. "Dame-Protectrice... Je suis surpris de vous voir ici. J'espère que cela n'est aucunement en lien avec votre peuple ? Il la laissa répondre, puis reprit. Désormais, soyez la bienvenue parmi nous. Je suppose que Maghden ne vous a pas dit grand chose par rapport à ce qui se trame ici ?"Il lui raconta alors ce qui avait pu se produire depuis la bataille d'Eraïson, la trop grande confiance en l'Elfe que pouvait avoir Telleran - et c'était bien cela son seul défaut dans cette histoire, qui l'aura mené à la mort -, la fatigue et la terreur des soldats ayant vu des atrocités qu'ils auraient préféré ne jamais voir, une cité stagnante lors du premier mois... Malheureusement des membres du Conseil d'Eteniril avaient profité de cette apathie générale pour remettre en cause les décisions de leur protecteur depuis qu'il était arrivé au pouvoir, notamment concernant la trève avec les noss. Falaedhel avait compris la machination assez tardivement, n'imaginant tout d'abord pas une traîtrise venant d'elfes. Le fait qu'il ait été le seul à se rendre compte de l'importance de petits actes apparemment anodins n'avait en rien aidé la situation à se redresser. Quoi qu'il en soit, ils avaient fini par essayer de le tuer et n'y avaient pas réussi, ce qui faisait qu'ils se retrouvaient là aujourd'hui. Sa jambe s'était tout de même retrouvée transpercée par une lance, l'handicapant, mais ils étaient pour la majeure partie de ceux qui avaient quitté la cité il y a de cela une ennéade en vie. Avec beaucoup de mal ils avaient réussi à ne pas se retrouver embrochés par des noss et Falaedhel avait même pu parler avec certains de leurs chefs, mettant les choses au clair avec eux. Au final, ils avaient obtenu de pouvoir s'installer dans un lieu que les citadins ne trouveraient que difficilement, sans pour autant que ce soit un lieu sacré ou qu'ils aient une quelconque autre aide des noss. C'était déjà énorme. Et ils avaient jusqu'à la première bataille pour régler cette histoire, entre citadins, sans quoi le sang coulerait à flot au sein de la Première Oeuvre. Et, au passage, la ville serait rasée de la carte. "Il ne nous reste donc plus que quelques jours, tout au plus. Dans la cité la haine monte, les armes sont de plus en plus tenues et les contrôles renforcés ne sont qu'une protection en plus. J'espère pour Neraën que son état fait qu'il doit encore rester en Alëandir, sinon il sera le premier à être ciblé. J'ai envoyé des elfes au-delà de la frontière pour l'intercepter au cas où. Mais vous... sachez que vous ne jouez pas cette guerre pour ceux d'Eteniril, mais pour vous-même. Si nous échouons, vous y passerez tout comme ceux qui nous entourent."~~~~~~~~ Panahos de la deuxième ennéade de Bàrkios, neuvième année du onzième Cycle. Sous-sol du palais d'Eteniril. Debout face à la seule fenêtre de la pièce, l'elfe attendait. Il attendait que son invité arrive, ligoté aux poignets. Une rencontre particulière pour un jour particulier, diraient certains, mais le forgeron n'en était pas à penser de la sorte. Quoique... Il relut un instant la missive qui était arrivée il y a de cela plusieurs jours d'Alëandir et sourit. Bientôt il arriverait, très bientôt si tout s'était bien passé pour lui. Et enfin ils pourraient en terminer avec ces traîtres, enfin ils pourraient reprendre en main le protectorat loin de la folie d'un dégénéré comme ce protecteur qui n'aurait jamais dû monter à ce poste. Il n'aurait jamais dû devenir haut-conseiller vu les pensées et le non-respect des traditions qu'il a. Tout ce qu'il avait fait jusque là était de forcer chaque jour un peu plus un rapprochement avec ces êtres bizarres qui se disent être de vrais elfes et de détruire tout ce que son propre peuple avait construit en plusieurs cycles. Désormais tous les Elfes de la cité savaient. Certains hésitaient quant au camp à rejoindre, d'autres avaient très rapidement entendu raison, et les derniers avaient refusé. Cela avait déclenché une guerre civile dont le peuple n'était pas au courant, du moins pas tout à fait. Le meurtre raté du commandant Nedelh'em avait malheureusement fait quelque bruit chez les soldats... bien heureusement pour toute la cité, plusieurs de ses lieutenants avaient suffisamment terni l'image du haut-conseiller pour s'assurer que des idiots n'essairaient pas de le retrouver et se mettre de son côté. Il ne manquerait plus que les choses se sachent... trop tôt. "Monsieur ? - Faites-le entrer."La porte s'ouvrit en grand pour laisser apparaître un noss mal en point, n'ayant visiblement pas beaucoup mangé lors de cette dernière ennéade et, peut-être, ayant mal dormi. Le pauvre Mélcaina avait jusque là eu la chance de ne pas avoir à subir les horreurs que l'on peut entendre concernant les prisons drows, mais il était tout de même passé par quelques interrogatoires. Par respect ancestral pour les druides, aucun mal ne lui avait vraiment été fait. On était plutôt passés par la magie de l'esprit - où l'on n'avait rien trouvé d'extrêmement important d'ailleurs, hormis une direction à suivre - et l'affaiblissement physique et moral sur la durée. "J'ai entendu dire que vous étiez un dur d'esprit, Mélnaica. C'est tout à votre honneur. Je vous prie, assayez-vous. J'espère que votre séjour dans la cité se passe comme vous l'espériez ?" |
| | | Mélnaica
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Un phénix ne renait pas sans feu {F} Mer 4 Jan 2017 - 1:18 | |
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Arcamenel de la première ennéade de Bàrkios Neuvième année du Onzième Cycle Ton second coeur pour seul compagnon. Ta seconde peau comme seule défense. Ta vie tu ne la dois qu'au maladif infant de ce qui reste de leur compassion et d'une peur plus profonde qu'ils ne se l'avouent à eux-mêmes ; et encore moins devant toi. Vous véritables enfants de l'Anaëh vous les effrayez. Tu les terrifie. Quelques jours ne sont rien dans la longue vie d'un elfe, qu'il fusse petit enfant ou ancien ; néanmoins quelques jours suffisent à réfléchir, en particulier chez celui qui trouve son dernier refuge dans ses pensées. Parmi tous les enfants de l'Anaëh tu fus sacré l'un de ses favoris. Sur tes épaules repose une lourde tâche, mais sous tes pieds se trouve le soutien de la Prime Forêt. Kÿria aime ses enfants, et Kÿria est vengeresse. Si loin que tu sois de ta Symphonie, la Mère entendrait ton râle d'agonie. La Mère viendrait à la rencontre de ton âme pour l'accompagner auprès de sa soeur. Mais la Mère ne serait pas un passeur silencieux. Une mort de la main de tes frères est un blasphème envers la Mère, un blasphème que cette fois elle ne pourrait pas pardonner. Une part dans le coeur des orphelinés craint encore la punition de leur Mère, et celle qui ne la craint pas tremble silencieusement devant le Wyvernque tu portes en tes entrailles. Ils craignent la colère du faux-dragon, c'est la seule raison pour laquelle ils ne t'ont pas arraché sa peau. Ton second coeur pour seul compagnon. Ta seconde peau comme seule défense. Les ténèbres pour foyer. Ici la Symphonie n'est plus que le confus babillage des fonges rampant dans les failles de la pierre. Dans ta prison il n'y a pas de magie et sans magie ton monde n'est plus le même. Sans magie les vitraux sont brisés, le monde n'est plus qu'un immense flou sans le moindre sens. Sans la magie il n'y a plus d'image. Alors depuis le premier jour tes yeux sont fermés. Dès la première heure tu t'es refermé sur la seule chose qui t'était familière. Ton corps, son corps, votre imparfaite symbiose. Dès la première heure tu t'es réfugié auprès de lui, pour lui confier tes peurs et tes doutes, tes espoirs et tes déceptions. Dès la première heure pour se faire pardonner la honte qu'il vous a infligé ton gardien t'a accueilli. Pour la première fois il t'a sincèrement écouté, et loin de la sorcellerie de tes tortionnaires il a scellé tes plus fragiles pensées. Pour la première fois il t'a imploré avant de se dévoiler. Pour la première fois tu n'as pas cédé à la facilité. C'est ton épreuve et pas la sienne Ton visage leur inspire moins d'inimitié Des deux vôtres c'est ta voix qui peut les raisonner Autant de raisons pour lesquelles il est resté terré. ~~~~~~~~~~~~~~~~ Tariho de la première ennéade de Bàrkios Neuvième année du Onzième Cycle Seul repère face au temps qui passe, l'odeur de la mort s'est installée sur ta langue. La douleur eut raison de ta fierté. Misérable têtard que tu es, tu as cédé. C'est l'eau et le pain crasseux des Taledhels qui t'ont sustentés. Le jour des eaux est le seul qui t'a vu pleurer, non pas que de soulager ton estomac des crampes qui le tiraillaient t'ait apporté la moindre satisfaction, mais parce que le seul goût que tes papilles catatoniques aient pu trouver à la mie fut celui de la trahison. Mais pour vivre, tu as dû boire, tu as dû salir tes mâchoires d'au moins une bouchée et t'empêcher de vomir ce que tu as avalé, parce qu'à cause d'un esprit mis à mal par leur magie, dormir ne t'étais pas autorisé. ~~~~~~~~~~~~ Panahos de la deuxième ennéade de Bàrkios Neuvième année du Onzième cycle Tu te laisses traîner par la garde, te faisant aussi encombrant que ta frêle carrure, encore légèrement amaigrie par ces quelques jours de jeûne, te l'autorise. Tu mesures au frottement de tes orteils contre le sol poussiéreux la distance sur laquelle ils t'ont porté. Tu te tentes à deviner combien de pas ont été creusés entre la porte et toi, mais malheureusement tu t'es trouvé bien trop vite forcé d'arrêter de compter. Aussi ganaches que sont les Taledhels, tu espérais qu'ils t'aient menés assez loin pour t'autoriser une tentative d'échappée, mais le trône sur lequel tu étais invité à prendre place ne serait finalement qu'une seconde prison. Ils t'y ont jeté, en pâture à la même grosse brute qui t'a fait enfermer. Pour quelles raisons ? Tu ne saurais l'expliquer. Maigre consolation, en dehors de ta geôle tes perles d'onyx peuvent retrouver la lumière... ou le peu que laisse filtrer l'immondice qui les a accrochées. Il n'est pas un miroir de ton monde sur lequel son reflet est agréable, encore moins un éclat qui le rende moins détestable, et tu le lui fais comprendre, du langage que parlent les yeux. Aigreur, mépris, amertume et ressentiment ; voilà tes anciennes amies qui te reprennent aux tripes. Voilà des camarades qui l'espace d'un instant, malgré ta jeunesse, malgré ton actuelle faiblesse, t'ont convaincu d'être puissant. Aussi pathétique que puisse être ton état, dans tes yeux ce n'est jamais que la fierté du faux-dragon qu'il lira. - L'espoir n'est jamais bien grand quand ils s'agit de votre race.
Tu te lèves, il se lève, tu lèves les yeux. Tu es faible, il est fort. Tu es petit, il est titanesque. Tu as raison, il a tort, alors de vous deux, tu seras toujours le plus grand. - J'aurais aimé que vous vous regardiez en face. tu avales une gorgée de salive poisseuse J'aurais aimé que vous vous écoutiez... mais vous n'êtes qu'une race d'aveugles et de sourds. Vous détruisez sous prétexte de construire, vous exterminez sous prétexte de protéger. Notre Mère nous a donné, et vous race égoïste vous prenez sans jamais rendre.Sur la pointe des pieds, tu rapproches ton visage du sien, mêle vous deux souffles en une chaleur désagréablement provocante. - Le jour où la première pierre est devenue un mur, vous vous êtes condamnés, vous et la forêt sur laquel vous êtes assis. J'ai été envoyé par la Mère pour vous conduire au pardon, d'autres, puisque vous ne vouliez pas être raisonnés sont venus cueillir une pincée de vos vies pour en sauver mille autres et vous... tu respires profondément avant de reprendre à pleine voix Vous préférez verser votre propre sang plutôt que de vire !Tu craches au visage du colosse, puisque c'est tout ce qu'il mérite. Tu lui craches à la figure les rebuts de leur nourriture sale encore embourbés dans les creux de tes dents. Tu accueilles avec un sourire le battoir qui s'abat sur ta tempe. Le poing du Taledhel t'a peut-être envoyé au sol, mais jamais il ne s'élévera au dessus de toi.
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| | | Halyalindë
Ancien
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 480ans (né en 531) Taille : 1m96 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Un phénix ne renait pas sans feu {F} Mer 4 Jan 2017 - 22:27 | |
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Calimehtarus de la deuxième ennéade de Bàrkios, neuvième année du onzième Cycle. Camp des Citadins En entendant le nom de la victime, Halya avait hésité entre le soulagement et la colère. Pour une raison qui lui échappait un peu, l'idée que Neraën ait été tué la touchait profondément. Pourtant elle ne l'avait pas plus connu que Telleran et l'estimait même moins. Telleran et elle s'étaient très bien entendu durant les derniers mois. Sans pouvoir parlé d'amitié, son dévouement, son sérieux et son bon sens avaient été des atouts de choix pendant les longues heures de planifications qu'elle avait du endurée sur le Front... Et les réactions étranges de Neraën leur avait sûrement plus coûté qu'elles ne leur avait épargné de problèmes. Alors pourquoi se sentir aussi disproportionnellement impliquée... ?
Mais l'heure n'était pas aux questions... Du moins pas à ce genres de questions. C'est sans desserrer les dents et la rage au cœur qu'elle avait suivit les Noss, sans arriver à savoir si cette colère, elle la destinait davantage aux Noss, aux Etenirili ou à ce Protecteur absent qui ne lui rappelait que trop durement la situation complexe dans laquelle elle avait abandonné sa propre cité...
Pas de nouvelle de Maëghan. La jument devait s'en être allée bien trop loin pour qu'ils la recroisent. Les murmures aux limites de sa conscience restaient bouillons et lointains. Mais la Symphonie, elle, était agitée. Agitée par cette tension diffuse qu'elle avait ressentie un peu plus tôt. Les combats ne faisaient pas encore rage, mais ils ne tarderaient pas. Un murmure sourd, à la fois curieux et méfiant se propageait de plus en plus autour d'eux, faisant légèrement sourire l'Ardamirienne. Le passage de loups géants restait rarement sans conséquence dans une terre qui n'avait pas l'habitude d'en accueillir. Le fait même que les Noss ne s'en soient pas soucier était un miracle. Un miracle d'autant plus grand que, même en la voyant désarmée et entourée de piques et de lames, Randil n'avait pas bondit. Et elle en remerciait intérieurement la mère et tous ses Ëalas.
Et ils débouchèrent enfin sur un simulacre de camp... Des prisonniers auraient presque été mieux lotis. Le chef de clan qui l'escortait fit un signe pour que ses affaires soient remise à un vieille homme assis près d'une carte. Un citadin qu'elle se souvenait avoir déjà croiser sans arriver à retrouver son nom. Elle allait s'adresser à celui-ci lorsqu'elle remarqua que la seule chose qu'on ne lui rendait pas était son cor d'appel. Elle ne demanda même pas pourquoi, se contentant une fois de plus d'échanger une question sur la façon de récupérer son bien contre un borborygme inintelligible avant que les Noss ne s'écartent tout simplement.
Au moins elle pourrait de nouveau s'armer... et les plus importants de ses trésors étaient sains et saufs.
Elle vint s'asseoir auprès de celui qui avait tout les airs d'un chef dans ce camp de fortune.
« Mon peuple... » grinça-t-elle avec un froncement de sourcil qui présageait de son énervement grandissant. « Je suis ici parce que j'ai eu le malheur de vouloir me rendre à l'Est en passant par votre Cité. Je me retrouve au milieu d'une histoire d'assassinat. L'assassinat d'un homme de bien, dévoué à sa cité. Ni plus. Ni moins. » Elle allait ajouter quelque chose mais se retint. Qu'il parle des Noss ou d'Ardamir, elle lui aurait volontiers fait ravaler ces paroles malheureuses... mais ce n'était pas le moment de se laisser emporter. Ici, les elfes avaient l'air suffisamment sur les dents pour ne pas en rajouter, et c'est sûrement la tension électrique qui faisait grésiller l'air qui lui permit de prendre sur elle. Elle le laissa donc poursuivre et appris enfin la raison de toutes ces simagrées... avec une amertume de plus en plus forte.
La guerre avait donc si profondément touché les siens qu'ils en venaient à perpétrer des meurtres ? Le clergé de Kÿria était-il si démuni dans cette région qu'il n'avait rien vu ? Rien entendu ? Face à ce genre de comportement, si elle n'en avait pas vu autant de la part de la Noss Baar'Ane, elle aurait sans hésiter tourné casaque et envoyer aux pelotes les Citadins qui avaient osé commettre un tel crime contre la Mère.
Mais les derniers mots du soldat la firent définitivement sortir de ses gonds.
Elle ne prononça pas un mot plus haut que l'autre mais ses poings se serrèrent à s'en faire blanchir les phalanges. Ses yeux émeraude se vrillèrent intensément dans ceux du vieil homme sans se soucier de la différence d'âge qu'il pouvait y avoir entre eux deux ni de son grade effectif. Pour une elfe n'ayant pas atteint le demi Cycle, le visage de la Protectrice témoignait de toute façon de son existence difficile, lui donnant une présence que peu avaient à son âge.
« Je ne Joue pas. Mais je me battrai. Je vous aiderai parce qu'il s'agit de Mon Peuple et qu'il est au bord de la guerre civile. »
Sa voix était sombre et rauque. Plusieurs grondements sourds lui répondirent entre les arbres, mettant les citadins les plus proche sur le qui-vive. Des lames furent dégainées. Les grondements augmentèrent. Halya se leva, posant la main sur le bras de Severan qui s'était retrouvé le plus proche à cette étrange alerte. Elle glissa vers les frondaisons, levant la voix, clair et d'apparence détendue, prononçant quelques mots disparates, tendant la main. Les grondements se turent. Des brindilles qui cassent. Des buissons qui s'agitent. Des yeux luisant dans la pénombre. Le silence.
Elle se retourna vers Falaedhel, le visage de nouveau fermé.
« Avez-vous un plan ? »
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| | | Voronwë
Ancien
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Un phénix ne renait pas sans feu {F} Lun 9 Jan 2017 - 18:50 | |
| Deux mois s'étaient écoulés.
Au retour de Voronwë et des guerriers de la Noss Baar'Ane, de grandes célébrations avaient été faites. On applaudissait ceux qui ramenaient les trophées, on guérissait les blessés, on embrassait les survivants dans leur ensemble. Les célébrations battirent tant leur plein à l'annonce de la victoire du chef de guerre que durant une semaine on dévora le gibier de trois. Autour de l'hydre gigantesque, pétrifiée pour l'éternité, disait-on, on dansait, on chantait, on s'accouplait même entre les couples amoureux. tout semblait radieux.
Puis était venu le temps des cérémonies, des hommages à la Mère et des offrandes au Baar'Ane pour radoucir son humeur et calmer sa fureur. Voronwë, au milieu de ses trois cents sujets, s'étaient agenouillés. Un regard vertical l'informa que la créature n'avait pas bougé d'un pouce en son absence. La figure cauchemardesque était toujours là, les dix têtes sortant du sol comme autant de provocation à ce qui fût jamais bien et bon. Un ouragan de colère échappait par tous les pores de la pierre et on eût juré que les crocs de granit hacheraient le premier impudent osant y poser la main.
Le rituel de la victoire était digne des pratiques de la Noss Baar'Ane: sanglant, barbare et répugnant à tous les autres elfes. Une biche paniquée était égorgée-vive au dessus d'une large amphore. On recueillait le sang et on le déversait ensuite sur le corps du plus haut-gradé à avoir bu le sang de l'hydre. Lorsque le liquide chaud et visqueux coula sur sa figure, Voronwë chanta un appel au pardon et à la clémence. C'était très traditionnel, seulement cette fois une voix sifflante, désagréable et moqueuse répondit...
-"Cette saveur salée et âcre... Un régal pour ma vieille langue... A travers toi, je sens la peur de cette créature quand la lame de silex a ôté sa vie... N'aimes-tu pas ça toi aussi, Voronwë, la saveur de la mort? Cette sensation douce de retirer la vie..."
Le chef constata qu'en effet sa langue récoltait autant de liquide qu'elle pouvait, s'en satisfaisant avec une joie féroce. L'elfe s'y était presque habitué, à cette tranquillité. Depuis le Front, le calme de la forêt avait rendu au Baar'Ane sa faiblesse originelle, mais là, dans son repaire où tous et toutes lui rendaient hommage, des elfes aux végétaux, ses pouvoirs augmentaient à nouveau...
Mais cette fois, Voronwë n'était pas disposé à se laisser manipuler. Avec mépris, il chassa de ses pensées le reptile et se concentra sur ce que son peuple attendait de lui: le respect des traditions.
Les jours passèrent.
Dans leur retraite perdue au fond des bois, les guerriers de la Noss n'entendaient que peu les nouvelles extérieures. Leur autarcie agressive fonctionnait à merveille: seuls quelques uns, triés sur le volet, pouvaient passer aux abords de la tombe du Grand Dévoreur. Les autres... Ils étaient chassés ou tués, selon leur impudence. Mais pourtant, pourtant... Des rumeurs couraient, charriées par les arbres et le vent, des rumeurs de conflits, de colère, de revanche. Voronwë prépara ses hommes à se remettre en route. Si ce que disaient les marchands était vrai... Bientôt, un nouveau trouble s'étalerait sur Eteniril, qui n'était pas loin. Il fallait y aller et vérifier que la volonté de la Mère y soit respectée. C'était peut-être là l'opportunité pour le chef guerrier d'exorciser ses démons en servant la forêt. |
| | | Telenwë Neraën
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Un phénix ne renait pas sans feu {F} Ven 13 Jan 2017 - 12:51 | |
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Calimehtarus de la deuxième ennéade de Bàrkios, neuvième année du onzième Cycle. Protectorat d'Eteniril.
Ses paroles furent acerbes, jouant sur les mots que lui-même avait employés. Elle ne jouait pas. Elle se battrait, parce que c'était son peuple. Son peuple... Ils faisaient partie de la même race, en effet, mais les Elfes d'Eteniril et d'Ardamir pouvaient se montrer si différents que l'on pouvait en quelque sorte parler de deux peuples distincts. Quelles que soient ses propres pensées, Falaedhel ne répondit rien. Que l'une des peronnes amenées ici dérape et la force morale de ses soldats vacillerait. Même si les Eteniriliens apprenaient à avoir une volonté de fer, le capitaine savait pertinemment qu'il pouvait suffir de peu pour qu'une bataille soit gagnée ou perdue ; aussi faisait-il tout pour mettre le maximum de chances de son côté. C'est alors que les grondements retentirent au sein de la forêt, faisant immédiatement réagir les quelques elfes qui l'entendirent. Seul l'elfe à qui beaucoup des siens auraient donné mille ans ne bougea pas, se contentant d'observer son interlocutrice. Celle-ci s'approcha de l'adolescent intrigué qui se trouvait à une dizaine de mètres d'eux, posa sa main sur le bras armé du jeune et s'adressa à l'invisible. Un sourire se dessina sur le visage de Falaedhel. Il laissa un instant son regard sur la dame avant d'embrasser de ce même regard les autres elfes. Un ordre de sa part et toutes les lames sorties furent rengainées. La tension était toujours palpable mais au moins personne ne ferait de geste inconsidéré ; il ne manquerait plus que quelqu'un se fasse tuer pour une bêtise... ils avaient déjà bien assez de morts comme ça et trop peu d'espoir. Le silence revint, la dame-protectrice aussi. Son visage fermé laissait présager au capitaine que la suite de la conversation n'allait pas être une pure joie. Si sa femme le savait... il pariait qu'elle lui tannerait toute la journée les oreilles à ce sujet ! Enfin elle n'était pas là, et bien qu'il était inquiet pour elle et leurs enfants - pour l'une encore enfant - il remerciait sincèrement Calimenthar et Kÿria qu'elle ne soit pas auprès de lui. "Avez-vous un plan ? - Votre mémoire vous ferait-elle défaut, Dame-Protectrice ? Il leva des yeux taquins vers Halyalindë, puis reprit avant qu'elle ne s'énerve pour de bon. Il me semble que Neraën s'était amusé à faire ma réputation auprès de certains les jours où nous étions à Alëandir pour l'élection du régent, et que vous faisiez partie de ces personnes... J'ai la capacité de toujours avoir un plan en tête, même quand il n'y en a pas besoin. Enfin... vous m'aviez reconnu au moins ?"Falaedhel attendit, quelque peu perplexe, la réponse de l'ardamirienne. Non elle ne l'avait pas reconnu... mince... il avait tellement été étonné de la revoir ici qu'il ne s'était naturellement présenté, d'autant plus qu'il n'avait eu aucun mal à la reconnaître. Enfin... bon... hum ! C'était sa mémoire ou bien son fils n'avait pas exagéré en lui faisant comprendre qu'il avait pris un "coup de vieux" et que cela l'inquiétait ?! Ah, si sa femme était là... "Bon, ce n'est pas le plus important. Falaedhel Nedelh'em, commandant en chef des armées d'Eteniril. Vous m'avez demandé si j'avais un plan, bien sûr que oui. Assayez-vous je vous prie, ce sera plus pratique pour vous avec une carte."Lorsque les deux elfes furent installés et que Falaedhel ressentit moins d'énervement chez sa consoeur, il lui expliqua qu'ils attaqueraient dans deux jours, une fois la nuit tombée, si tout se passait bien. Des pions étaient déjà placés et les derniers préparatifs se terminaient, même s'il restait encore du travail. Tout en continuant à parler, il dessinait sur le sol la cité avec une très grande précision. Ainsi elle serait au courant, contrairement à d'autres qui pour le bien de tous ne devraient l'être qu'au dernier moment. ~~~~~~~~ Panahos de la deuxième ennéade de Bàrkios, neuvième année du onzième Cycle. Sous-sol du palais d'Eteniril. Un sourire. Voir ce prétentieux arriéré des bois rouler sur le sol lui plaisait. Sans même enlever la salive que l'autre avait craché à son visage, il s'appuya contre la table tout en prenant l'un des fruits qui trônaient dans un panier. Tout en la lançant nonchalamment la nourriture dans sa main à intervalles réguliers, il s'adressa au petit elfe. "Vous devriez vous voir et vous écouter, Mélnaica. Vous faites peine à voir comme à entendre... Bien, quoi qu'il en soit, vous avez raison sur une chose : nous ne faisons pas partie de la même race. Il y a des êtres qui restent figés dans le temps, d'autres qui évoluent. Et jusque là rien ne nous prédestinait à passer à l'acte de faire couler le sang de l'autre, n'est-ce pas ?"Il mordit dans le fruit, recommença une fois tout en regardant patiemment le druide se relever. Puis il posa sur la table ce qui était dans sa main. "Vous avez commencé pourtant... soit-disant pour nous ramener à la raison et sauver des milliers de vies ? Il essuya le cracha sur sa joue. Tuer quelques elfes ne vous a pas suffit, il a fallu que vous vous en preniez au régent ? Et pourquoi pas au seigneur-protecteur lui-même, lorsqu'il reviendra ?"Il s'approcha de Mélnaica, le dominant de toute sa hauteur. Il prit fermemant le menton du druide dans sa main et planta son regard dans le sien. "Maintenant nous allons arrêter cette mascarade. La vie de milliers de personnes est en jeu, que ce soit de citadins ou de noss. Dites-moi où sont ceux qui ont tué le régent et où sont partis les fils de Tinuviel, et nous pourrons régler cette histoire sans que cela ne se termine par un bain de sang. A moins que la haine des elfes que vous dites des "pierres" ne soit trop puissante en votre coeur ?"~~~~~~~~ Elenwënas de la deuxième ennéade de Bàrkios, neuvième année du onzième Cycle. Près du protectorat d'Eteniril. Le convoit, en cette fin de matinée, n'allait plus tarder à passer les frontières invisibles de son protectorat natal. Enfin, après plus d'une ennéade de voyage, ils arriveraient à destination. Même si peu de monde ne le montrait, l'envie de retrouver la sécurité d'une cité en ce temps pluvieux trottait dans la tête de la majeure partie des elfes présents. En effet, au moins l'un d'eux n'avait pas la tête à la cité dont il était pourtant le protecteur. Depuis qu'ils avaient quitté la cité d'Alëandir, Neraën semblait s'être de plus en plus renfermé dans son monde, partageant de moins en moins avec ses pairs au fil des jours. Il écoutait, ressentait, désirait de plus en plus profondément comprendre et rester auprès de la Symphonie. Sans s'en rendre compte, il n'était plus tout à fait lui-même. Du moins était-ce ainsi que le ressentaient ceux qui l'accompagnaient, s'inquiétant pour certains de la solitude dans laquelle il se lovait. Le moment où il s'était vraiment rouvert aux autres fut lorsqu'ils entrèrent dans la cité de la Quatrième Saison, faite dans la pierre et protégée par deux immenses ours que l'on disait être des eälas. Le choc avait été violent pour le protecteur, qui avait découvert un manque pendant les deux jours passés dans la cité, et qui donc avait eu par moments du mal à trouver comment se comporter au vu de ses ressentis nouveaux. La seule chose qui avait un minimum réussi à le tranquiliser fut d'être auprès d'autres, de parler, d'écouter parler, de ressentir grâce à la magie les émotions des autres. Magie qu'il acceptait pleinement désormais. Magie qui prenait de plus en plus de place dans sa vie. Neraën fit doucement arrêter sa monture et leva sa tête encapuchonnée vers les arbres, posant ses yeux d'un bleu profond sur des endroits particuliers de la forêt. Les autres s'arrêtèrent, se demandant ce qu'il pouvait bien se passer. Ils attendirent un bon moment sous la pluie, en silence, jusqu'à ce qu'une silouhette ne s'avance sur le chemin, tenant un arc ainsi qu'une flèche encochée dans ses mains. Neraën se tourna vers ses compagnons de voyage, s'arrêtant un bref instant sur la jeune protégée de Tethien qui profitait du voyage pour aller rencontrer un mage de l'ombre en Actellys. Sans montrer le moindre signe d'empathie ou de crainte, il descendit de cheval et s'avança de quelques pas, rejoignant l'archer. Ce dernier s'inclina respectueusement lorsque Neraën se présenta, puis tint ce discours. "Seigneur-Protecteur... Veuillez m'excuser d'avoir interrompu votre voyage, mais j'ai été envoyé par le Commandant Nedelh'em afin de vous emmener hors des sentiers avant que vous ne passiez la frontière. - Une preuve que cet ordre vient bien de lui ? L'éclaireur prit une pierre gravée dans sa besace et la lui tendit. - Il m'a également demandé de vous dire que Laheed'Fal rejoignait Calimenthar. Le protecteur ne prit pas la pierre, mais il sembla comprendre le message adressé par son ami puisque son visage devint soudainement aussi froid que de la pierre. - Que s'est-il passé ? - Des membres du Conseil ont pris le pouvoir il y a de cela deux ennéades, grâce à la... disparition... de plusieurs hauts-conseillers. - Lesquels ? - Les hauts-conseillers Telperion, Nephilim et le régent Siraen. - Telleran... ?"Nul besoin d'autres mots. Tout de suite, il sut. Il vit. Il entendit. Les souvenirs de son interlocuteur touchèrent son esprit, le bloquant dans un premier temps dans la stupeur et le chagrin. Une larme coula depuis son oeil droit. D'un geste lent, Neraën ôta la capuche qui préservait sa tête de la pluie battante, mélangeant la larme à l'eau salée. Ses yeux virent que l'elfe avait repris la parole, son sens du toucher l'allerta qu'une main s'était posée sur son épaule... mais il ne ressentit rien, n'entendit rien. Sa peine était immense, sa colère l'était plus encore. D'autres larmes rejoignirent le gouttes de pluie. Tout n'était plus qu'émotions et sensations ; son esprit n'avait plus aucune conscience de son corps et quelque chose dans la forêt l'appelait. Ceux qui se trouvaient non loin de lui reculèrent des plusieurs mètres, obéissant à un ordre sourd, laissant ainsi le seigneur-protecteur d'Eteniril seul. Seigneur-protecteur qui sortit du sentier des Elfes, marchant en direction du nord, disparaissant dans la forêt sans plus se retourner. Après un moment de stuppeur général, l'archer deux coups longs puis fit signe à ceux qui venaient d'Alëandir de le suivre, quitte à perdre les chevaux. Ils ne devaient surtout pas perdre le mage. ~~~~~~~~ Elenwënas de la deuxième ennéade de Bàrkios, neuvième année du onzième Cycle. Protectorat d'Eteniril. Une journée comme une autre, à travailler pour fignoler un plan suicidaire ou encore tout simplement pour survivre et éviter que les ennemis ne découvrent le camp. La fatigue était au rendez-vous, les tensions aussi, et ce que ce soit entre citadins et noss ou bien entre citadins eux-mêmes. Halyalindë avait pu remarquer au cours des deux jours passés avec Falaedhel et les autres quel était le fonctionnement des Eteniriliens ainsi que leur mentalité. Le commandant ne ménageait aucune personne appartenant volontairement ou non au camp, se faisant naturellement respecter malgré sa jambe en mauvais état qui l'empêchait de se déplacer comme il l'aurait voulu, mais il prenait en compte toutes les capacités de ces elfes. Il calculait tout machinalement dans sa tête, allant même jusqu'à prévoir quand est-ce qu'il devrait arrêter l'un des siens et l'obliger à se poser avant que celui-ci ne craque. Si bien qu'ils avaient beau être à flux tendus, moralement chacun semblait tenir le coup. Une autre chose que put remarquer la protectrice fut la présence régulière d'une femme, noss, généralement assise sur une branche à regarder les citadins s'affairer. Sur son corps peu habillé se trouvaient de nombreuses peintures guerrières et, pendant aussi bien aux cheveux, aux oreilles, à l'arc ou encore sur certains vêtements, de nombreux objets dont la signification pouvait échapper à l'elfe rousse. La noss aux longs cheveux bruns et bouclés ainsi qu'au corps sculpté par de nombreux entraînements ne faisait rien de spécifique, ne parlait jamais... elle observait. Et lorsque les regards des deux femmes se croisaient, un fin sourire venait orner le visage de celle qui ne parlait pas. Puis elle disparaissait. Vers le milieu d'après-midi, un éclaireur rentra au camp par un chemin inhabituel. Cela se vit sur sa tenue qui était poisseuse au possible, couverte de boue, et les cheveux blonds de l'elfe étaient parsemés de brindilles et de feuilles pourries. On aurait pu en rire, s'il n'avait pas silencieusement fait signe à chacun de prendre les armes, se dépêchant au passage de réveiller les deux elfes qui étaient en repos plus ou moins forcé par Falaedhel. Le commandant avait dû malgré lui partir quelques dizaines de minutes auparavant, appelé par les noss pour une affaire qui devait visiblement rester entre lui et eux. Halyalindë faisait donc partie de ceux en charge du camp, raison pour laquelle ce fut elle que l'éclaireur vint voir. "Ils ont trouvé où nous sommes grâce à de la magie. Ils sont environ quarante et avancent sur nous. Près des deux tiers sont des éclaireurs, les autres des guerriers plus habituels. Et les noss ne sont pas là, si jamais vous souhaitez le savoir."Et eux n'étaient qu'une vingtaine dans le camp à cette heure-ci...
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| | | Mélnaica
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Un phénix ne renait pas sans feu {F} Ven 13 Jan 2017 - 15:51 | |
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Panahos de la deuxième ennéade de Bàrkios, neuvième année du onzième Cycle. Sous-sol du palais d'Eteniril.
Face contre terre, enfin libre d'exprimer la peur qui te tord les tripes à l'abri du regard de ton monstre de geölier. Avec une morbide fascination, tu observes au sol les dessins ourlés par les tâches de sang échappé d'entre tes lèvres. Ici et maintenant, s'il te laissait seul, tu t'effondrerais, mais il te regarde encore, alors tu n'en as pas le droit. Tant que ses yeux seront sur toi tu nieras de tout ton être le pouvoir qu'il a sur ta personne, et tant qu'il te parle tu démentiras chacune des syllabes crachées d'entre ses lèvres de blasphémateur. - Il y a des êtres ayant choisi de rester auprès de Kÿria, et d'autres aspirant à singer la bêtise des humains. Tu reprends péniblement pied, forçant par la même occasion ta face à se figer dans une expression d'intense colère. Sous l'émotion, tes jambes peinent à te tenir et l'effort qu'il te faut pour les empêcher de trembler te paraît plus pénible encore que celui qu'il t'aura fallu pour te redresser. Sa nonchalence est la pire des insultes, et au plus profond de ton être, tu te promets de la lui faire payer lorsque le jour viendra. Tu lui fera tout payer, de ton enfermement à ton injuste mise en accusation. Tu plonges tes yeux dans les siens, opposant profonde noirceur à froide clarté. Tu creuses ton chemin dans son regard, à la recherche de la vérité. De sa vérité. Essayer d'en percer l'orgueilleuse confiance, la violente hypocrisie et la sadique folie... en vain. Non pas que tu aies soudainement perdu toutes traces d'empathie, mais parce que tu ne trouvas rien de cela en lui. Lorsque ses doigts calleux se cramponnent à ta mâchoire et que vos prunelles se retrouvent définitivement enchaînées, alors tu finis par l'entrevoir, la haine. La haine que nourrissent les elfes désabusés, la haine que tu nourris ; et tu en frissonnes, tu en trembles parce que ces paroles qui t'offusquent autant, il les prononce en y croyant aussi fermement qu'il frappe l'enclume. Si ta dernière phrase avait été scandée, cette fois tu hurles, purement et simplement. La voix rendue rauque par la hargne, poussé à bout par le flot d'ineptie qu'il déclarait avec toute la sincérité du monde tu t'apprêtais à rétablir la vérité. - Nous n'avons rien fait ! les larmes commencent finalement à couler, te forçant à murmurer une seconde fois Nous n'avons rien fait... mais le ton remonte aussi vite qu'il est descendu Si les vôtres sont morts, c'est aux mains de vôtre propre race ! Mais bien sûr vous ne pouvez pas distinguer la vérité du mensonge puisque vous n'entendez pas un traître mot des messages de la forêt. Chaque fleur de vos jardins, chaque arbre survivant encore dans votre Cité dégoûtante est un témoin, et si seulement vous pouviez les entendre, vous sauriez que le peuple Ornedhel est le seul à avoir respecté la trêve. Tu trembles, de rage et de douleur alors que sa poigne se resserre avec une force dont tu n'aurais jamais imaginé un elfe capable, déformant les mots que tu prononces avec toutes les peines du monde. P athétique créature, pas besoin d'être plus logique qu'un ver de ponge pour voir que les Noss n'ont rien à y gagner. À quoi bon tuer les seuls d'entre vous possédant encore un peu de jugeote ? Pourquoi est-ce que les vôtres fuiraient la ville si le danger était à l'extérieur ? Un instant de doute, un infime instant de relâchement, et d'un coup sec tu arraches ton menton à sa poigne. - Cette histoire se terminera par un bain de sang, mais lorsque votre cité sera rasée de la carte, rappelez-vous bien que vous l'avez provoqué. Le son de vitraux et de bois brisé, et pourtant la fenêtre est encore intacte aux yeux du forgeron. Aux yeux du forgeron tu te tiens encore devant lui, mais que les ailes du Wyvern battent une fois de plus, et les miroirs se réaligneront sur la vérité. Peut-être voir comme tu t'es joué de lui lui fera comprendre comme il a été manipulé, ou alors ne sera-t-il que plus exaspéré. - HRP:
Le dernier sortilège de Mél l'a vraiment épuisé pour le coup, donc jusqu'à Elenwënas il est pas parti bien loin. Je vous laisse la liberté de le croiser ou pas, sous forme Wyvern ou elfe selon votre bon vouloir.
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| | | Halyalindë
Ancien
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Un phénix ne renait pas sans feu {F} Mar 17 Jan 2017 - 13:35 | |
| Non... Elle n'avait absolument pas reconnu le vieil homme qui se disait être le Commandant d'Eteniril... Et elle fut si surprise d'apprendre son identité que sa colère en retomba quelque peu. Cette situation laissait bien des marques... Et au final, elle en venait presque à se dire que le temps que son corps avait accusé en quelques mois lors de la mort de son premier amour étaient un moindre mal. Pendant deux siècles on l'avait crue plus âgée que ses propres parents, mais au moins, bien peu de choses la touchaient au point de lui faire prendre violemment de l'âge désormais. Même Eraison n'avait réussit qu'à lui donner une mèche blanche et une ou deux rides aux coins des yeux.
Elle s'assit à la table et écouta avec la plus grande attention chacun des mots, chacune des phases et chacun des points d’achoppement qu'on lui confia, posant à l'occasion une ou deux questions ou point une alternative pour demandé si elle avait déjà été envisagée. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le Commandant d'Eteniril était au moins aussi fin tacticien que Kelendil... Cela promettait d'être intéressant... Même si cet homme buté ne semblait laisser aucune place aux tactiques qui auraient demander un peu plus de finesse... Ces Eteniriliens...
Durant la première journée, l'Ardamirienne avait surtout observé l'organisation et les visages. Obéissant au doigt et à l'oeil au chef du camp et proposant même son aide lorsqu'elle se sentait les épaules, pour aider le vieil homme à prendre la mesure de ses forces et de ses faiblesse. Bien qu'elle ne parle pas de son voyage hors d'Anaëh, elle ne lui cacha pas la raison de sa venue ni le mal inexplicable qui la rongeait, bien qu'elle soit resté très sobre dans l'explication : Presque indétectable par les mages de l'esprit, très sensible aux manipulations par la magie de la vie qu'elle soient d'ordre curative ou offensives et un léger risque de malaise. Tout le reste avait été passé sous silence. Heureusement, le fait qu'elle ai survécu seule depuis Malereg sembla un peu apaiser les craintes du Commandant... Un peu.
La meute, avait rapidement pris ses aises dans la dense forêt au nord de leur position. Les loups pouvaient disparaître totalement, allant loin pour chasser une pitance suffisante. Leur présence furtive, Halya était sûrement la seule à réellement la sentir... Et la seule à qui elle faisait défaut. Mais elle avait tout de même cru bon de prévenir les elfes du camp d'une simple phrase :
« Si vous croisez une meute de Maldenir Lauron, ne les menacez pas et passez votre chemin. Ils ne vous attaqueront pas. »
En tout cas, cela faisait bien des années qu'elle ne s'était pas retrouvé dans une telle posture, mais elle savait d'expérience que pour survivre, un groupe aussi étendu ne devait se fédérer qu'autour d'un seul chef et elle n'avait absolument pas intention de faire concurrence au Commandant en titre.
Mais ce qui l'avait le plus choqué était l'état moral de ces gens. Falaedhel connaissait bien ses hommes et les utilisaient sûrement au mieux de leurs capacités étant donné la situation actuelle. Mais il leur laissait si peu de liberté... Le camp s'organisait à la fois de façon naturelle et extrêmement strict. Chacun connaissait son rôle. Pas de pas de travers, pas de regard déplacer... ou la réprimande était si immédiate et cinglante que l'histoire était close en quelques secondes. Et pourtant chacun de ses hommes avait l'habitude de travailler et même de vivres avec les frères et les sœurs d'arme composant ce camp de fortune.
Cette organisation à la fois très hiérarchisée et bien huilée était loin de celle des Aigles, loin de celle des Limiers et même assez loin des troupes régulières d'Ardamir. Mais il y avait un détail qu'elle trouvait follement amusant et qui l'avait déjà fait sourire plus d'une fois : sans sûrement en avoir conscience, ces elfes se comportaient exactement comme les membres d'une meute de loups... Et elle avait presque l'impression de comprendre ce que Randil avait put vivre en arrivant de nulle part dans une formation déjà bien rodée.
Au matin, elle avait aperçue pour la première fois la silhouette d'une Noss, perchée sur une branche. Elle observait le camp en silence... Ou elle l'observait, elle, elle avait parfois du mal à le dire tant le regard de cette femme pesait sur sa nuque. Mais pas une fois elle ne desserra les lèvres. Qu'importe la Noss dont venait cette surveillante improvisée, Halya espérait sincèrement qu'ils n'avaient aucune intention belliqueuse...
Tandis que les heures passaient, Halya se faisait de plus en plus affable. Au moment de prendre du repos le premier soir, elle s'était éclipsée de longues heures mais depuis, elle n'avait plus quitté le camp. Contrairement aux Eteniriliens dont les nerfs étaient déjà mis à rude épreuve, la Protectrice était intérieurement paisible. Bien sûr, son mal l'inquiétait. Bien sûr qu'elle avait peur de perdre la vie dans ce sac de nœud, ou pire, de voir une des Sept Cités sombrée dans une guerre qui ne tarderait pas à enflammer l'Anaëh toute entière. Mais l'angoisse et la peur ne sont pas ce qui empêchent de vivre. Après tant de temps sur les champs de batailles, elles finissaient, dans une certaine mesure, par vous rappeler que vous étiez en vie. Par vous donner l’endurance suffisante pour rester en vie. Alors après tant de jours passés seule, en tête à tête avec des souvenirs enfouies avec lesquels elle tentait de se réconcilier, la présence d'autres elfes, même tendus à l'extrême, avait certains côtés agréables. Sans sembler insouciante, par respect pour l'inquiétude de ces hommes et de ces femmes, la sérénité et la certitude qu'elle dégageait en apaisait certains.
Mais ce furent sûrement les provisions qu'elle avait récupérées à Actellys qui lui gagnèrent le plus d'avis favorables entre deux remarques amusés sur le fait qu'une Ardamirienne, même en voyage seule à l'autre bout de la forêt avait pensé à choisir avec soin le goût et la qualité de ses rations alimentaires... Même si ce n'était qu'à moitié vrai. Arcamenel savait que des plaisirs aussi simple que ceux là pouvaient faire beaucoup en situation de crise. De l'hibiscus, des baies d'été séchée au soleil et des violettes confites, un de ses rares péchés mignons sucrés... Quelques légumes frais et des pains de routes à la farine de Leoras dont l'intérieur était bourré de légumes et d'herbes aromatiques. Ne sachant pas si elle aurait le temps de passer un jour complet à Eteniril, elle avait pris ce qu'elle pouvait transporter sans trop d'encombre grâce à sa monture... Kÿria puisse veiller sur elle ou qu'elle se trouve.
« Protectrice ! »
Halya soupira avec un sourire. Pour une raison qui lui échappait encore, les membres de ce camps semblaient attaché à l'excès à l'utilisation des titres, bien qu'elle leur ai fait savoir qu'elle préférait qu'on l'appelle par son nom.... Encore un exemple de respect scrupuleux de la hiérarchie à bien y penser... Mais pour ce que cela changeait au final, elle était loin de se braquer.
Enfin elle pensait que cela ne changerait pas grand chose... Mais il semblait que même à des centaines de kilomètres d'Ardamir, on continuerait à lui demander des choses impossibles et a lui mettre la charge d'autres vies sur les épaules... La sensation de ce devoir ne lui avait pas manqué durant les derniers mois...
Les elfes se rassemblèrent rapidement autour de l'éclaireur.
Tout en ajustant les sangles sur ses bras et ses jambes, elle commença à poser les questions évidentes qui lui avaient taroder l'esprit au moment même pour les premiers mots de l'éclaireur avait ouvert les lèvres. Elle ne pensa même pas à laisser les autres responsables du camps en placer une.
« Qu'est-ce que tu entends par guerrier habituel ? Quel type d'arme ? - Des soldats en armure de cuir, armés d'épées. - Pas d'armure lourde. Rapide. Les éclaireurs sont difficile à décelés, combien auraient put t'échapper au maximum ? - Difficiles à déceler, oui. J'ai compté par rapport à ce dont j'ai l'habitude avec eux, s'il y en a cinq de plus c'est le maximum. « Entre 26 et 31 éclaireurs. 14 épéistes. Nous sommes 22... »
Potentiellement plus de deux fois leur nombre actuel... Eteniril était bien meilleur en défense rangée ou en guérilla urbaine que dans les futaies d'Anaëh... Elle allait se réjouir lorsqu'elle se rappela que les elfes de ce camp étaient eux aussi issus de cette éducation militaire... Au moins la discrétion n'était pas leur principale marque de fabrique.
Sans plus d'explication, elle ramassa son gorgerin en poussant un soupire agacé. En deux enjambé, elle avait traîner l'éclaireur au centre approximatif du camp. Attachant avec dextérité cette dernière protection, elle balaya l'humus d'un large mouvement de pied.
« Quelle est la tactique habituelle ? De quels côtés arrivent-ils ? - S'ils le peuvent ils n'utiliseront que les éclaireurs à distance et les disposeront en plusieurs points stratégiques pour ne pas avoir d'angle mort, afin de minimiser les pertes. Les soldats au sol interviendront dans le cas où nous présentons une résistance. La forêt est très difficilement praticable d'où je viens, même pour un éclaireur. Le nord ainsi que le nord-nord-ouest tout particulièrement, ce qui explique pourquoi il ont fait le tour alors que la Cité est au Nord-Ouest de notre position justement. et les autres craignent trop les noss pour oser s'aventurer par là où nous-mêmes ne pouvons aller. Ils devraient privilégier l'ouest et le sud. - Et ils seront là dans combien de temps ? - Trop peu. Une fois qu'ils auront vu le camp ils ne mettront que quelques minutes pour se mettre en position. Ils peuvent arriver d'ici quinze minutes, peut-être moins.»
Alors qu'il parlait, du bout du pied, elle dessina un patatoïde vaguement rond dans l'humus, jeta un coup d’œil au ciel pour repérer l'ouest et ajouta un trait dans chaque direction énoncée. Même en comptant large le déploiement des forces ennemies, cela leur laissait une sacré porte de sortie... Que les citadins n'allaient pas aimer.
« Tu es sûr que ce ne sont pas des transfuges, comme vous ? Demanda-t-elle encore sans lever les yeux. - Ce ne sont plus nos frères pour la plupart d'entre eux, Dame Yassairava. Même le capitaine Nedelh'em ne pourrait les raisonner à temps à cause de la réputation qu'ils lui ont forgée en ville. »
Elle jeta un regard froid à l'éclaireur puis, sans même y penser, vérifia que ses deux épées et la longue dague elfique qu'elle portait au bras gauche coulissaient correctement dans leurs fourreaux.
« Et tu es sûr qu'ils ne t'ont pas vu ? - Oui. Je ne serais pas là s'il en avait été autrement. »
Double d'effectif. Positionné dès le départ sur la moitié du périmètre à défendre. Des hommes aux nerfs à vif. L'absence de l'homme sensé les galvanisé. Les ennemis étaient des hommes et des femmes qu'ils connaissaient de longue date. Auxquels ils devaient probablement la vie.
Et problème supplémentaire... Il avait un besoin impératif que tous les elfes soient en bonne santé et opérationnels pour l'attaque de la soirée. Risquer une opération déjà périlleuse pour mettre hors d'état de nuire 40 personne sur plusieurs centaines ne rimait à rien. Si leur nombre et leur organisation restait flou ce serait encore mieux... Alors pour toutes ces raison, tenter d'abattre leurs attaquant à un contre deux étaient hors de question.
« Réunissez les armes, les armures et tout matériel précieux que vous pourrez transporter. Laissez le reste vous avez 5 minutes. - Mais... - Nous devons quitter le camp. Les Noss nous retrouverons sans problème et nous leur expliquerons notre mouvement à ce moment là. Tant que Faeledhel est avec eux, il ne craint rien... Ou en tout cas bien moins que nous. Pour l'instant ce sont des citadins qui approchent dont nous devons nous préoccuper. Si nous voulons pouvoir mettre le plan à exécution, nous devons préserver nos forces... et je doute qu'un seul d'entre vous ai envie de se rougir les mains du sang de frères d'armes... même si certains d'entre vous semblent vouloir se convaincre qu'il n'y a plus rien de fraternel entre vous... »
Les plus gradés du camps s'entrere-gardèrent, dubitatifs, mais finir par acquiescer, lançant les elfes du camp dans leur tâche rapide et efficace. Halya se mis elle aussi au travail, rassemblant les seules choses qui avaient de la valeur pour elle dans son sac afin de les glisser dans quelques interstices infimes de l'armure qui suivait son corps avec exactitude. Puis elle s'approcha d'un elfe pour lui parler à voix basse. Un homme à la stature épaisse pour un elfe dont le regard profond indiquait qu'il était plus âgé que les infimes rides au coin de ses yeux ne le laissait présager. Linendor si elle se souvenait bien. Une fines lames du camps mais surtout un homme qu'elle avait remarqué pour son sang froid et sa stabilité d'esprit malgré la dureté de la situation.
Moins de 4 minutes s'étaient écoutées depuis l'annonce de l'attaque lorsqu'elle lança à la cantonade :
« Tellenis, Linendor, avec moi. Ne gardez rien d'important ou de confidentiel sur vous. Les autres, vous vous répartissez en quatre groupes. Au moins un éclaireur par groupe. Vous choisissez un responsable même si vous êtes tous de même grade. Si vous n'y arrivez pas, je choisirai arbitrairement. »
Malgré les bras qui continuaient à ramasser ou accrocher de l'équipement, une sorte de flottement diffus s'empara de l'atmosphère. Ils se rassemblèrent rapidement, la division et le choix des responsables se faisaient avec la fluidité et la précision d'une horlogerie bien huilée. Disciplinés, ils l'étaient, ça ne faisait aucun doute...
Le regard de l'elfe rousse passa rapidement sur ces visage alignés.
« Vous irez au Nord-Est. Vous pourrez les perdre plus facilement si vous êtes pris en chasse. - Mais il vous a dit... voulu intervenir quelqu'un. - Que la forêt était difficilement praticable. Nous sommes en plus petit nombre. Vous pourrez les perdre et les disperser plus facilement si vous êtes pris en chasse. Quant aux Noss... »
Le regard de cette elfe qui les observait depuis au moins son arrivé lui revint en tête.
« … S'ils sont moitié aussi sage qu'ils prétendent l'être, ils ne vous tueront pas tant que vous ne les menacerez pas. Quoi qu'il en soit, quel quel soit le camp de l'adversaire, ne tuez personne. Rendez vous s'il le faut. -Nous rendre mais... ! - Une fois que vous serez sûr de ne plus être suivit, vous rejoindrez le point de ralliement convenu avec Faeledhel... - Mais s'ils nous attaque que... - Défendez-vous s'ils en veulent à votre vie. Jetez les armes s'ils vous le demandent. C'est tout. Que vous me fascisez confiance ou non, votre capitaine a placer ce camp sous ma responsabilité partiel. J'ai un plan. Nous n'avons pas le temps d'en inventer mille de plus. »
Tout en parlant, elle était allé ramassé un arc court qui traînait non loin. Mais lorsqu'elle s'immobilisa pour les jauger sur les derniers mots qu'elle prononçait, sa main tomba sur le pommeau de la lame que lui avait offerte Halandarin. Sa peau pâle lui donnait un air maladif mais ses yeux verts se faisaient plus sentencieux et calmes que jamais.
« Suivez-le ou non. Vous êtes les seuls responsable de ce choix. »
Elle avait une boule au ventre et son cœur battait a grands coup réguliers, transmettant cet échos jusque dans ses doigts avec la régularité d'un tambour de guerre. Cette attaque ne lui disait vraiment rien qui vaille et ce qu'elle s'apprêtait à tenter était un risque non négligeable. Mais sa posture ne souffrait aucune faiblesse. Elle ne discutait pas. Elle ordonnait.
« Mon groupe vous donnera de l'avance. » continua-t-elle presque immédiatement en lançant l'arc à Tellenis avant de rouler la dernière carte qui n'avait pas été encore prise pour la tendre à son tour à un elfe au hasard de ceux qui partiraient à travers bois.
Attaquer un frère d'arme, voilà le genre d'ordre qu'elle se refusait à donner dans de telles circonstances. Les Eteniriliens semblaient assez prompt à oublier le lien qui les attachaient à leurs compatriotes qu'ils le veuillent ou non... Moins il y aurait de morts de chaque côté, plus la résistance paraîtrait sensé. Et plus la réconciliation serait envisageable...
« Il faut que vous gardiez en tête que même manipulés, même agressifs, ce sont vos frères d'armes et vos compatriotes. Ce ne sont pas eux qu'il faut abattre pour arrêter cette folie. Faeledhel l'a bien compris et c'est en faisant le moins de victime possible qu'il restera une chance d'aboutir et d'éviter la perte de milliers de vies. Celles de vos familles et de vos amis. Alors faites preuve de pitié et d'inventivité pour les mettre hors d'état de nuire ou les éviter. Faites les prisonnier si vous le pouvez. Mais ne vous mettez pas en danger pour ça. Et surtout : Ne les tuez pas. » un bref silence et un nouveau regard appuya cette déclaration. « Nous pourrons vous faire gagner du temps, mais pas les arrêter. Alors partez. »
Quelques visage acquiescèrent, les autres n'agissaient que parce qu'ils ne voyaient pas d'autres issues ou qu'ils n'avaient pas le temps de s'opposer en querelles intestines. Juste avant que le dernier groupe ne tourne les talons, il lui restait une dernière chose à faire...
« Severan. - Oui, Protectrice ? »
Le jeune homme se retourna sans grande conviction. Il ne l'appréciait pas, elle pouvait en être sûre rien qu'à le regarder. Et pourtant elle fut près de lui en une fraction de seconde pour s'emparer de sa main et y glisser une broche en or végétal finement travaillée.
« Si jamais votre groupe se fait attaqué par les loups géants que vous avez aperçu autour du camp, lève la tête et présente ça au loup blanc. Tu m'as comprise ? -Lever la tête... -Tu lèves la tête comme si tu voulais regarder ce qu'il y a derrière le ciel et tu laisses le loup blanc flairer ça sans bouger jusqu'à ce que ce soit lui qui recule. Puis vous passez votre chemin. C'est très important. Ils sont cinq en tout. S'ils vous attaquent, vous n'aurez aucune autre chance. »
Il hocha la tête, l'air plus troublé encore.
« Dit a ton père ou aux Noss qui m'ont amené ici que la corne que je portais sur moi permet de rassembler la meute mais que personne ne peut la contrôler. Leur alpha est entraîné à combattre et à tuer des elfes et des drows alors ne les menacez pas. Jamais... et dit lui que j'attendrai l'heure dite. »
Les trois elfes qui l'attendaient quittèrent ensemble le camp à petites foulées.
Restés au milieu du campement vide, seulement accompagnée de Tellenis, éclaireuse d'une grande agilité, et de Linendor, vétéran de toutes les guerres qu'avaient connues Anaëh durant les cinq dernier siècle, Halyalindë se fendit de quelques explications à voix basse. Tellenis blêmit légèrement mais acquiesça lorsque la main paternelle de son frère d'arme se posa sur son épaule avec bienveillance.
« J'espère que vous savez ce que vous faites, Protectrice... - Dire non maintenant serait trop cliché, n'est-ce pas? »
L'assurance et le léger sourire de la Protectrice alors qu'elle répondait arracha en retour un sourire au vétéran. Puis Telleris s'esquiva, glissant dans les futaies.
Il ne restait plus qu'à attendre.
Immobile, Halya tendait l'oreille. Un dernier coup d’œil au cercle toujours dessiné au sol. Lorsque les derniers frémissement de végétation causé par la retraite qu'elle avait organisé s’éteignirent, elle brouilla le schéma.
Lentement, elle dégaina sa lame d'Aigle. Un sourire se dessina sur son visage. Elle avait si souvent combattu avec cette arme qu'elle était comme un prolongement de son propre bras. La poignée bandé d'un cuir rappé par l'usage s'ajusta à sa poigne sans un son.
Et dans le même mouvement fluide, elle abattit son épée sur celle de Linendor.
Le vétéran avait tout juste eu le temps de parer. S'engagea un duel violent. D'abord poussé dans ses retranchements par des touches vives et précises, l'Etenirilien réussit progressivement à reprendre contenance. Son visage se durcit. Ses coups se firent plus pesant. Il était plus que bon et si elle évitait les coupures grâce à son armure, les ecchymoses seraient nombreuses. Une touche. Une cote lui lança douloureusement, coupant son souffle. Une pointe d'acier glissa sur sa joue. Elle recula juste a temps pour qu'elle ne passe pas sous son gorgerin.
Autour du camp, des silhouettes apparurent peu à peu. Sans interrompre l'échange, elles se mirent en position. Mais les deux combattants ne semblaient pas près à arrêter... Ils continuèrent ainsi, guettant la rupture de la corde sur laquelle ils tiraient. Soudain, le vétéran passa sous la garde de son adversaire, s'approchant d'un coup pour la saisir aux épaules comme s'il voulait s'en faire un bouclier... ou un otage. Brusquement beaucoup plus basse sur ses appuis, elle abattit le pommeau de son arme sur la rotule de Linendor avant de le projeter en avant. Il cria, déséquilibré. Son épée tenta de labourer la hanche de la femme mais ripa contre son armure et ne fit que tracer une longe estafilade de plus sur le dos de sa main. Elle réduit prestement la distance entre eux et réussit à écraser le pommeau de son arme sur le crâne du vétéran qui s'effondra sans un cri.
« Ne tirez pas ! »
L'épée s'écrasa au sol. L'elfe, toujours debout, respirait à grandes goulées difficiles et gardait les mains bien en évidence. Elle sembla faire un effort démesuré pour se redresser, ses yeux parcourant les ombres apparues entre les troncs.
« Nous sommes les seuls elfes qu'il reste dans ce campement. Nous et l'éclaireuse dissimulé par là. »
Une flèche se planta aux pieds des citadins les plus proche de la lisière. Une silhouette apparut furtivement et s'éclipsa à travers les branchages.
« SUIVEZ LA ET RATTRAPEZ LES AUTRES ! -INUTILE ! » Le regard de l'homme qi avait donné l'ordre se reposa sur la femme debout dans le camp. Elle n'était pas d'ici...
« Elle n'est là que pour faire diversion. Les autres ne sont pas partie dans cette direction. »
L'homme échangea un regard suspicieux avec ce qui avait toutes les chances d'être un second. Quatre éclaireurs partirent sur les traces de la fuyarde tout de même... Mais le gros de la troupe resta sur les lieux.
« Emparez vous d'eux. »
Aussitôt, une pluie de bras s'abattit sur la Protectrice pour l'empêcher de bouger et la propulser à genoux pendant que d'autres retournaient le corps de l'homme inconscient.
« Linendor Ethaïm ! - Faites en ce que vous voulez. Je saurai à quoi m'en tenir au sujet de l'honneur des Eteniriliens. »
Cette étrangère venait de piquer son humeur une fois de trop... Le haut personnage en charge de la traque s'approcha à grands pas de la seule personne consciente en mesure de lui donner les informations qu'il voulait.
« Ou sont parti les autres ? - Vers le Nord. » Répondit-elle sans la moindre hésitation.
Les ordres furent lancés. Les éclaireurs se déversèrent dans le camp, retournant chaque paillasse, chaque tissus, cherchant méthodiquement la moindre trace. Et le verdict tomba rapidement. Les traces étaient brouillonnes et nombreuses. Difficile de dire combien ils étaient exactement ni s'ils allaient tous exactement dans la même direction, mais le Nord était grosso-modo la bonne exacte... Ce qui ne sembla enchanté personne.
Sans ordonné qu'on la relève, le capitaine de l'expédition continua.
« Qui êtes-vous ? - Je suis Halyalindë Yasairava. Protectrice d'Ardamir en voyage vers Holimion. Les Noss m'ont arrêté sur la route venant d'Acellys et confiée à ces hommes. Il prétendent que plusieurs notables de la cité ont été assassinés sur les ordre d'un citadin d'Eteniril. Mais des innocents n'enlèvent pas de simples voyageurs sur la route... - Dame protectrice... répéta-t-il, toujours incertain. - Écoutez, j'ai profité de votre arrivé pour trouver un moyen de me sortir de là. Je ne sais pas ce qui se passe et j'aimerai dire que tout cela ne me concerne en rien, mais en tant que Membre du Haut Conseil, mon devoir est de demander à parler au Régent ou à toute personne en charge de la Cité avant de quitter la ville. L'affaire est grave et... »
Elle hésita un moment avant de reprendre, son ton bien plus sombre qu'auparavant.
« Et si les Noss commencent à pratiquer l'assassinat. La neutralité n'est plus permis, que ce soit ici ou ailleurs en Anaëh... »
Le Capitaine échangea un regard avec son second, s'éloigna de quelques mètre pour lui parler à voix basse.
« Vous ne pouvez pas me laisser là ! Ramenez moi en ville ! »
Un regard à peine jeté vers elle. Cela ne dura pas longtemps. Le second se tourna vers les soldats qui immobilisaient la prétendue Protectrice. La prise des hommes d'armes se desserra. Elle arracha vigoureusement l'un de ses bras de leurs mains crochues en se remettant sur pied...
… Et s'effondra dans les bras de son autre geôlier lorsqu'un coup des plus violent s'abattit sur son crâne.
Toute son histoire serait bien plus convaincante une fois que quelqu'un qui l'avait côtoyé lors de la Cérémonie de l'Aube l'aurait identifiée. Avant, le capitaine ne prendrait aucun risque. Les deux poids morts furent ligotés. Après quelques minutes, les éclaireurs revinrent bredouille. D'un geste il intima à une bonne moitié de la troupe de rebrousser chemin avec les deux comateux. Il perdait beaucoup d'homme pour la traque, mais il était hors de question que ses soldats tombent sur des Noss sans pouvoir se défendre.
Severan courait à travers bois, accompagné de ses comparses. Dix-neuf citadins armés et armurés qui après quelques mètres s'étaient séparés en plusieurs groupes et avançaient aussi vite que leur permettaient leurs jambes en espérant semer définitivement leurs poursuivants. C'est donc avec une certaine surprise... Et une certaine circonspection, que les quatre frères d'arme pilèrent en apercevant un elfe à la peau mate couverte de points et de traits formant des symboles étranges, le visage détendu par le sommeil.
Dernière édition par Halyalindë Yasairava le Lun 17 Juil 2017 - 1:30, édité 1 fois |
| | | Cilastiel
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Un phénix ne renait pas sans feu {F} Mar 17 Jan 2017 - 19:45 | |
| Que de changements. Que de choses en mouvements depuis plusieurs ennéades. Certains parleraient même de mois mais la petite elfe à l'expression figée qui accompagnait le cortège n'avait pas les mêmes préoccupations. Si elle avait entendu parlé de la guerre, elle n'y avait que peu prêté attention. Le conflit se déroulait bien loin des terres de Tethien et elle ne se sentait en aucun cas affectée par le sort de la forêt ou les valeurs que défendaient les elfes d'Anaëh. Cela serait probablement incompréhensible, voire impensable pour tout Taledhel ou Noss qui se respecte. Certes, elle n'avait pas été élevée comme eux ou n'en avait aucun souvenir mais elle vivait parmi eux désormais. Depuis dix ans, elle recevait une éducation comparable à celle d'une noble mage, bien que dans un format plus allégé. Et au-delà de l'enseignement, cela ne devrait-il pas être dans son sang ? A moins que les drows n'aient perverti cela aussi ?! Il n'y avait pourtant pas besoin d'aller chercher si loin... La réponse était toute simple : Macabre ne se sentait chez elle nulle part. Pas même à Tethien qui l'hébergeait pourtant depuis une décennie. Le jour où elle saurait s'établir quelque part, elle accorderait sans doute bien plus d'importance à la protection de "sa" terre. Mais pour l'heure, elle laissait cela à ceux que cela concernaient pleinement, s'attachant à démêler d'autres sujets bien plus personnels. En effet, les pas qui l'avaient conduite à Alëandir où elle avait pu recroiser et se réconcilier avec le Protecteur d'Eteniril l'avaient emmenée jusqu'à Ardamir. Cette cité verdoyante et mêlée à la nature abritait des informations qui la touchaient de très près. Suivant une liste de noms, Hiradrilion et elle y avaient rencontré tous les contacts indiqués par le Toer Tamindal afin de retrouver les origines de la pierre de lune qui pendait au cou de la petite elfe. Et ainsi, peut-être enfin découvrir l'identité de celle que tous ne connaissaient aujourd'hui que sous le pseudonyme de Macabre. Malgré leurs déboires, ils y avaient trouvé une piste sérieuse... Très sérieuse même. Mais il leur fallait encore une confirmation. Une lettre avait donc été envoyée à qui de droit. Puis les deux elfes avaient repris la route pour Alëandir.
De nouveau, la Capitale ne devait être qu'une étape qui les conduirait cette fois à Tethien. Macabre n'avait pas manqué de retourner voir Neraën durant son séjour. Les deux elfes avaient pris le temps de se connaître encore davantage, appréciant le temps passé ensemble. Au cours de leurs discussions, le Protecteur lui avait parlé d'un mage de l'ombre vivant à Actellys. Les personnes pratiquant cet art étaient extrêmement rares en Anaëh et il lui proposa de jouer de ses relations pour introduire la petite elfe auprès de lui. Evidemment, elle avait d'accepté, se rendant compte de sa chance, et Hira fit aussitôt prévenir Fineldor. Toutefois, ils n'eurent pas le temps de recevoir une réponse de sa part car ils furent sur la Trace dans les jours qui suivirent.
La petite Macabre ne manqua pas d'interloquer les compagnons de voyage du Protecteur, contrairement à ses propres compagnons qui n'étaient autres que des gardes du Palais de Tethien. Seregon, comme Hiradrilion, l'avait vue arriver dans les geôles le jour de sa capture par Fineldor. Au fil des ennéades, tous deux avaient été touchés par la petite elfe et étaient devenus ses amis avec le temps. Olorin, quant à lui, était sorti récemment de l'académie militaire et faisait ses preuves avec Seregon, le doyen du groupe. Il éprouvait beaucoup de difficulté à accepter la protégée de Tethien, ne cachant pas son incompréhension que ce soit concernant les traitements de faveur qu'elle recevait ou son comportement anormal. Il ne faisait preuve ni d'empathie ni de patience et ses deux aînés devaient régulièrement le remettre à sa place.
Désormais gênée par les regards qui se posaient sur elle, Macabre s'isolait beaucoup, à l'image de Neraën bien que ce soit pour de toutes autres raisons. Lors des pauses quotidiennes, elle ne se mêlait aux autres que lorsque Seregon ou Hira se trouvaient avec eux. Autrement, elle se cachait dans une ombre ou se perchait dans un arbre à proximité. De là où elle était, elle observait sans bouger les allées et venues dans le camp, son regard se portant parfois sur le Protecteur dont l'attitude lui semblait plus incompréhensible encore. Elle comprenait le besoin d'être seul mais n'entendait rien à ce qu'il faisait. Elle ignorait tout de la Symphonie, et quand bien même elle en saurait davantage, pourrait-elle seulement comprendre ce besoin de l'entendre ?
Sur la route entre Mera et Eteniril, il pleuvait. La pluie était dense mais les capes parvenaient encore à jouer leur rôle. Toutefois, Macabre n'était pas sur son cheval. Afin de mieux la protéger de la pluie mais aussi du froid elle montait à tour de rôle avec Hira et Seregon. Installée devant eux, elle était couverte à la fois de sa cape et de la leur, la chaleur du corps du cavalier la préservant de la morsure de l'hiver qui descendait lentement sur Anaëh. Lorsque le convoi s'arrêta, Mac ne comprit pas. Elle regarda brièvement autour d'elle et vit tous les visages tournés vers Neraën. A leur tour, ses yeux s'orientèrent dans sa direction. Il semblait aux aguets, comme s'il avait entendu quelque chose que personne d'autre ne pouvait percevoir. Par réflexe, la petite elfe se concentra et quelques pépites noires vinrent voleter autour de ses mains... Elle était prête à faire disparaître tout le groupe dans un nuage noir ou à aveugler leurs assaillants. Tout dépendait de leur nombre...
Puis le regard de Neraën croisa le sien. Macabre se redressa soudain et toute trace de sa magie s'évapora. Il n'avait rien dit, rien montré, mais c'était comme si elle avait compris...
Le Protecteur descendit de monture et alla à la rencontre de l'archer. Ils échangèrent brièvement puis la capuche du mage tomba et il s'enfonça en forêt sans même se soucier de ses compagnons de route. Toujours en selle, la petite elfe se tourna pour apercevoir le visage de Seregon juste au dessus d'elle, quelques gouttes de pluie venant se déposer sur son visage d'albâtre.
-Qu'est-ce qu'il se passe ?
-Il vient d'apprendre la perte d'un proche...
Macabre se remit en place. Elle comprenait le sens des mots mais il s'agissait une fois encore d'un sentiment dont elle ignorait tout. Elle ne pouvait donc pas comprendre et la réaction du Protecteur la laissait interdite. Seregon ne chercha pas à lui expliquer le reste pour l'instant. Il lui faudrait plus de temps pour cela... Et le moment était mal choisi. Finalement, le groupe prit la direction empruntée par le Protecteur. Et tous disparurent entre les arbres, s'enfonçant dans l'épaisse forêt.
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| | | Mélnaica
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Un phénix ne renait pas sans feu {F} Mar 17 Jan 2017 - 20:29 | |
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Elenwënas de la deuxième ennéade de Bàrkios Neuvième année du onzième Cycle. Que les cascades lumineuses traversant la canopée te brûlent la peau ou que le ciel te larmoie son chagrin glacé sur le dos et ton échine ne se serait pas parée du moindre frisson. Le sommeil que tu as pendant de longues journées chassées, la douce étreinte de l'Anaëh t'autorisait à en retrouver le goût, et il était délicieux. Ta famille et tes amis de la petite enfance, Fëaruine durant ton enseignement, puis la fillette qui inspira ta fuite ; tu te souviens distinctement de tous ceux qui avaient eu l'inexprimable chance de voir ton visage s'illuminer d'un véritable sourire. Second outrage infligé par l'immonde Eteniril, la perte à l'instant de ce précieux savoir. Fort de ton absolue confiance en la rugeuse paume dans laquelle tu t'es logé, c'est d'une à la fois profonde et paisible léthargie que tu es pris. Pourtant tu sais les drames se jouant non loin de toi, tu entends l'excitation de l'Oeuvre face au spectacle qui se prépare, et malgré tout c'est la berceuse de ton arbre-couche qui prévaudra. Après tout ce que l'Anaëh vous prend durant les épreuves, ne le rend-elle pas au centuple ? Si le métal des épées en approche avait faim de ton sang, Liltalaima ne te l'aurait-elle pas dit ? Ce n'est pas le désorde dans l'Oeuvre qui t'as arraché au repos, mais le désordre dans l'air. Tiers outrage infligé par l'immonde Eteniril, ses enfants t'ont arraché d'entre les bras de Maurquimellë. Point de surprise donc, quand comme l'ours tiré de son hibernation alors que sa tanière est encore battue par les vents d'hivers, c'est d'une humeur massacrante que tu ouvres l'oeil. Rappelé à la mer de cristaux et à son univers empirique, rappelé à des urgences plus palpables que les désirs éthérés du monde des rêves, tu te trouves à te languir de puissance mensongère que t'avais offert l'adrénaline. Et puisqu'ils étaient les seuls êtres doués de parole à portée d'écoute, ce seraient eux qui paieraient ; pour tout ce que tu as souffert aux mains de leurs frères. Tu glisses nonchalamment le long du tronc, avance d'un pas lourd vers les quatre citadins interdits, plonge tes billes d'ébène encore alourdies par la fatigue dans leurs prunelles sélénites, visiblement vibrantes d'anxiété. Tu les juges activement, ignorant tout bonnement les signaux qu'ils tentent désespérément de te communiquer. - Alors finalement la surdité a pris le meilleur sur votre r... Coupé dans ton élan par un destin qui te sait capable de prononcer les mots qui t'attireront leur courroux, et ultimement la potentielle fin de tes jours, tu t'accroches à ton estomac rongé par la bile. Au départ trop épuisé pour même penser à t'alimenter, te voilà trop affamé pour continuer de mettre un pied devant l'autre. Inexorablement, tes pupilles recommencent à cligner dangereusement, gravant dans la pierre ton entière dépendance à la bonté des âmes que tu t'apprêtais à souiller d'injures. Honte à toi qui dois ta vie à l'intervention des Taledhels. Honte à toi qui repose mollement contre le dos de l'un des exilés de la Cité qui t'a fait captif. Tu préférerais encore mourir plutôt que de leur devoir la moindre reconnaissance. Tu voudrais qu'ils te laissent là en proie au hasard. Tu veux qu'ils te libèrent et tu le leur fais savoir... ou du moins tu essaies. Tes poings et tes pieds ne sont au naturel pas la plus mortelle des armes, mais dans ta condition ce que tu perçois comme des coups ne sont jamais plus que les derniers signaux de ton état de conscience. - Qu's vous... Et bercé par le pas du militaire, tu regagnas ton fort de sommeil. Espérer que l'adversaire te laisse le temps de récupérer, espérer que Falaedhel ait bien choisi son point de chute, c'est tout ce que tu pouvais faire, à condition que ton inconscient continue de s'accrocher à ce que l'on appelle réalité.
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| | | Telenwë Neraën
Elfe
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 816 ans Taille : 2m05 Niveau Magique : Apprenti.
| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Un phénix ne renait pas sans feu {F} Jeu 19 Jan 2017 - 22:07 | |
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Panahos de la deuxième ennéade de Bàrkios, neuvième année du onzième Cycle. Sous-sol du palais d'Eteniril.
La vérité était cruelle. Le mensonge, en l'occurrence, encore plus. Les druides étaient respectés, plus par crainte qu'autre chose ; alors que les conseillers l'étaient par toutes les qualités que l'on pouvait attendre d'eteniriliens. L'illusion fit son effet, permettant à la wyverne de sortir en brisant la vitre, mais ses accusations disparurent en même temps que venait la réalité. Qui pourrait croire l'un de ses ennemis ? Qui pourrait seulement imaginer que ses propres frères assassinaient les leurs dans le but de faire un coup d'état ? Personne. Et pourtant... et pourtant, c'était bien le cas. Et pourtant, dans le regard du forgeron, il était possible de lire qu'il savait. Qu'il savait ce qui se tramait réellement.
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Elenwënas de la deuxième ennéade de Bàrkios, neuvième année du onzième Cycle. Forêt d'Anaëh, protectorat d'Eteniril.
"Qu'est-ce qu'il a celui-là ? Chuchota l'un des plus jeunes, visiblement énervé par ce qu'il venait de voir. - Ne cherche pas à comprendre. On l'emmène avant qu'il ne se fasse tuer. - Il va être un boulet... - C'est un ordre, Telvan. Et comme tu sembles adorer cet énergumène, c'est toi qui le porteras. - C... - On y va !"
Pas le temps de tergiverser. Le simple fait de s'être arrêtés pouvait avoir laissé le temps à leurs poursuivants de les rattraper. Alors sans plus chercher à comprendre, Telvan prit le druide sur son dos et ils se dépêchèrent de reprendre la route. Severan, qui fermait la marche, jeta un coup d'oeil en arrière. Dans les arbres, sur le sol... aucun endroit n'était propice à la survie, tout pouvait devenir une cache pour l'ennemi et occasionner la mort. Puis il y avait les loups. Cinq loups, avait dit la protectrice ; cinq loup qu'un simple cor pouvait appeler sans pour autant permettre de les contrôler. Cinq loups qui pourraient tous les tuer. Il regarda rapidement l'objet qu'Halyalindë lui avait passé. Il espérait ne pas en avoir besoin... Sur ces pensées, il partit rejoindre les autres, en faisant le moins de bruit possible.
Quelques heures plus tard...
"Que regardes-tu ? - Les loups. - Hum ? - J'ai ressenti leur présence tout à l'heure, je suis sûr qu'ils nous ont suivis. Par contre j'ignore pourquoi ils n'ont pas essayé de nous attaquer. - Fais attention à toi. Vérifie qu'ils ne s'attaquent pas aux nôtres ou si les autres de la cité n'ont pas réussi à aller jusqu'ici. - Sephie est déjà sur le coup, aucun signal n'a été donné. - Très bien. Je vais m'occuper du noss que nous avons ramassé tout à l'heure."
L'elfe se retira souplement de la cache, sans faire de bruit, et se recula entre les buissons. Après quelques pas il se laissa aller dans un trou à même la terre, remit en place des feuillages pour le recouvrir puis escalada la roche sur trois mètres. Quelques rayons de lumière arrivant à passer au travers des branchages, il ne fallut pas longtemps à l'elfe pour s'habituer à la pénombre. Après avoir fait signe de la tête à Telvan, qui dormait d'un seul oeil, il s'approcha de l'étrange gars qui avait voulu leur faire des remontrances tout à fait injustifiées. En fait même, qu'avait-il voulu dire ? Syrden n'en avait aucune idée. En tout cas il était mal en point et avait besoin de sommeil. Il attendit donc que le temps passe, aux aguets, veillant sur ses frères tout en priant pour que les choses se passent bien à la surface. Au bout d'un moment un second groupe de citadins arriva, au nombre de cinq. Plusieurs étaient blessés et plus encore étaient ceux qui avaient du sang sur eux. Devant les sourcils froncés de Syrden, le chef d'équipe le prit à part et lui expliqua ce qui était arrivé.
"Nous avons été obligés de faire un détour par le sud-est et mon groupe ainsi que ceux de Delyrie et Manarianel se sont recontrés. Nous avons rapidement essuyé une attaque et on a eu quelques soucis de ce côté. Visiblement nous étions déjà partis trop tard. - Trois groupes et cinq survivants ? - Non, encore heureux. Il y a trois éclaireurs en haut encore. Mais ça nous fait tout de même cinq morts. Il y en aurait eu plus si nous n'étions pas proches les uns des autres. - C'est déjà de trop. Je suppose que vous avez dû tuer les autres ? - Pas le choix..."
Ils ne dirent plus rien. Aucun des deux n'était à l'aise dans cette situation et celui qui avait dû prendre la vie de frères d'arme encore moins. Celui-ci, d'ailleurs, avait posé ses yeux sur ses mains tremblantes et ensanglantées. Syrden le prit dans ses bras, imaginant sans problèmes la douleur qu'il devait ressentir. Etre un traître, en Eteniril, revenait à ne plus être considéré comme frère... voire même comme un elfe. Et c'était certainement ce qu'il y avait de plus dur pour chacun d'entre eux.
"Tu devrais t'asseoir et te reposer. Je vais voir si le noss est réveillé puis je partirai avec Severan chercher Falaedhel. Normalement il doit repasser par là au cas où il y aurait un problème à chaque fois qu'il quitte le camp pour aller chez les noss. - Ton gars est réveillé, tu devrais lui demander s'il ne pourrait pas vous mener là-bas. - Tu te chargeras de la garde de la grotte après ? - Ouais... t'inquiète."
Syrden lâcha son camarde, lui serra amicalement l'épaule et se retourna pour aller à la rencontre de l'étrange gars à demi allongé sur le sol. Il se baissa pour être à la même hauteur que lui et, même si le noss n'avait pas l'air de vouloir ouvrir grand les yeux, le guerrier prit sa gourde, la déboucha et la tendit à l'autre.
"Vous pouvez boire, c'est de l'eau. Je m'appelle Syrden, je fais partie de ceux qui vous ont trouvé dans la forêt, assez mal en point. Et vous, qui êtes-vous ?"
~~~~~~~~
L'honneur... Qu'en était-il, de l'honneur ? Aucune confrontation directe ; des gars qui ont fui. Des traîtres aussi. Avaient-ils seulement une once d'honneur en eux ? Le capitaine soupira silencieusement alors que les deux elfes étaient attachés. Il savait pertinemment que les ordres étaient des ordres, mais il ne pouvait se permettre d'exécuter une personne arrivée là parce que les noss en avaient décidé, d'autant plus une protectrice. Au pire, il savait d'avance ce qui lui arriverait si elle avait menti. Quant à l'autre, Linendor Ethaïm... un collègue qu'Effradim aurait préféré ne pas savoir être devenu ce qu'il est maintenant.
"Que fait-on du capitaine ? - On l'emmène. Il doit certainement faire partie de ceux qui en savent le plus."
Il y aurait déjà beaucoup de morts, le fait qu'une partie des éclaireurs soient visiblement arrivés assez tôt et n'aient pas attendu de quelconques ordres assurant les morts à venir. S'il devait y en avoir un de plus, il préférait que ce ne soit pas de sa propre main. Une bonne moitié de ses soldats étant partis à la chasse aux elfes, il fit signe de partir. Valait mieux pas que des noss arrivent.
- Spoiler:
Suite de cette partie dans un autre rp.
~~~~~~~~
Il avait arrêté de pleuvoir. Les nuages étaient passés et un rayon de soleil commençait en certains endroits à venir réchauffer la terre. Mais de cela, Neraën n'en avait aucunement conscience. Sa cape était tombée, ou bien il l'avait volontairement défaite peut-être afin de pouvoir mieux se mouvoir. Il connaissait cette forêt et plus il avançait, plus il se déplaçait avec aisance là où un citadin normal aurait eu de grandes difficultés. Et, au bout d'un moment, il s'était mis à courir. A courir comme un être mu uniquement par l'instinct, sans savoir où il allait ni pourquoi. Certains avaient essayé de le rappeler ; ils s'étaient alors confrontés à l'évidence : Neraën n'était plus lui-même. Il ne se reconnaissait pas.
Elle courait entre les arbres. C'était désormais sa seule chance de survie : disparaître aux yeux de tous. Elle avait déjà réussi à planter d'une flèche l'un de ses poursuivants à un arbre, mais à ce moment-même elle n'avait pas la possibilité de réitérer une telle prouesse. Puis elle finit par ne plus avoir assez de souffle pour continuer sa course effrénée. Alors elle s'arrêta derrière un arbre, planta des flèches sur le sol, en encocha une à son arc et attendit. Le silence, pesant, s'abattit immédiatement sur l'elfe et la nature qui l'entourait. Les oiseaux avaient arrêté leur chant de peur de ce qui allait se passer si près de leurs nids.
Un mouvement. Sa réaction fut la plus rapide : elle tira sur l'elfe qui dans son champ de vision et dont elle était à portée de tir. Elle n'eut pas le temps de voir si sa flèche avait touché qu'elle cria de douleur, l'une l'ayant transpercé dans le dos. Le goût du sang lui monta à la bouche, sa vue se brouilla... elle sentit un deuxième choc, différent, qui la fit tomber sur le sol boueux. La douleur la brûlait. Elle attendit qu'on l'achève, l'empêcher de mourir à petit feu comme c'était le cas... mais rien de tel ne vint. A la place un grand elfe habillé d'habits de voyage couverts de boue, de mousse et trempé jusqu'aux os s'avança, seul entre les arbres, et vint jusqu'à elle. Elle ne le reconnut pas au départ. Il s'agenouilla auprès d'elle, de sorte à ce qu'elle puisse voir son visage, et tendit doucement la main pour caresser le sien. Ce geste paternel, cette façon de se comporter, ce visage, ces cheveux... seuls les yeux étaient différents de ce dont elle se souvenait.
"Pr... Protecteur ?"
Alors il était revenu... Revenu avant que l'heure n'arrive. Il était leur protecteur, il allait être celui qui pourrait mettre fin à cette macabre histoire, faire en sorte que les vies arrêtent d'être prises par les Elfes eux-mêmes. C'était ce qu'elle espérait ; c'était ce qu'elle pensait sincèrement. C'est pour cela que des larmes coulèrent sur ses joues, larmes que Neraën sécha d'un mouvement du pouce.
"Ils disaient que vous ne reviendriez pas..."
La main de l'elfe trembla. Il venait de faire cesser une bataille entre quatre archers, sans véritablement comprendre pourquoi, juste en ressentant le besoin d'empêcher que le sang coule à nouveau ; qu'un innocent, si cela pouvait être le terme, ne quitte ce monde. Innocente qui se trouvait allongée à côté de lui, transmettant une foule d'émotions toutes plus profondes les unes que les autres. Ses paroles furent alors comme le résonnement d'une cloche au beau milieu de la nuit, le rappelant avec tristesse et douleur à ce qu'il était : un elfe. Quelqu'un qui avait promis de protéger les siens. Des larmes coulèrent sur ses joues. Il releva la tête, faisant face aux trois elfes qui avaient réussi à se relever, prêts à s'occuper de celui qu'ils reconnurent avec stupeur comme étant leur protecteur.
"Qu'avez-vous fait... ? Ce n'était qu'un murmure... - Qu'avez-vous fait ?! Aucune réponse. - QU'AVEZ-VOUS FAIT ?!"
Son cri mourut dans l'immensité de la forêt. Un cri chargé de peine et de colère. Un cri qui fit vaciller la certitude des soldats. Plus ou moins touchés par la magie, l'un souhaita répondre. Mais il fut coupé par le geste de l'un de ses frères qui plia genou sans rien dire. Ils étaient devant leur seigneur-protecteur, qui paraissait-il ne reviendrait pas avant de nombreuses années. La vérité parlait d'elle-même : elle n'était pas là où ils pensaient et l'elfe affaibli devant eux, visiblement incapable de faire désormais le moindre mouvement, n'était que ce qui le leur avait montré.
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| | | Mélnaica
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Un phénix ne renait pas sans feu {F} Ven 20 Jan 2017 - 23:27 | |
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Fierté scandalisée de la plus basse des manières, tu n'as point pipé mot depuis que tu as rouvert l'oeil auprès des Taledhels. À peine plus reposé que tu ne l'étais lorsqu'il t'ont récupéré, les paupières pesant comme dix fois Turmambal, tu t'appliques tout de même à ne pas perdre ce qu'il te reste de dignité devant ceux que ni toi ni les leurs ne considèrent encore comme des êtres dignes de respect. Peut-être te prouveront-ils le contraire par le futur, ta présence ici te le fait espérer, mais souvent l'espoir et on te l'a mainte fois prouvé, n'est qu'une pierre d'achoppement vers un précipice plus profond. Alors tu te contentes d'épier, en silence, confiant ton futur aux envies de la forêt et ultimement... aux leurs.
- Affamé, pas assoiffé.
Voilà qui tu es, un jeune elfe désabusé au point d'en être devenu antipathique. Un Ornedhel en quête de la moindre erreur venant de la part de ses cousins de pierre. À toi chaque pas de travers paraîtrait la moitié d'un monde, chaque mot manquant ou de trop deviendrait le plus grand des mensonges, et chaque acte trop peu réfléchi serait préjudice prémédité. Ta malhonnêteté est à ce point grande, nourrie par la fatigue, la fin, et l'amertume.
- Juste un peu de sucre, par l'Oeuvre...
Juste de quoi provoquer un sursaut d'énergie pour que tu tiennes jusqu'à ton prochain véritable repas. Ils étaient des soldats pourtant, ils devaient le connaître le mal d'appétit qui trouble la vue, celui qui suit les efforts trop intenses forcés à travers la faim et la fatigue ; ou alors ces Eteniriliens étaient-ils plus incapables encore que tu ne l'imaginais.
- Donne-lui ça, qu'il se la ferme un peu.
Il faut bien peu de temps à celui qui refusa hautainement les prétendues écoeurantes miches qui lui furent jetées dans les Douves du Palais d'Eteniril pour arracher le pain de Meroca d'entres les mains d'un autre Citadin. Toujours apathique, mais revigoré par l'odeur pourtant insignifiante de la farine de racine, tu te lèves, t'agrippant comme un petit enfant à la moindre aspérité à portée de main. Parfois une branche, parfois un bras, parfois un bour d'armure, mais grognant chaque fois qu'une main vint t'offrir un véritable soutien. Quelques baies traînant autour du camp, hautement sucrées, celles que tu espérais être leur premier réflexe pour te remettre sur pieds, ces imbéciles, tu as finalement dû les cueillir de ta main. Mollement écrasées en une purée rougeâtre, elles se marieraient bien à l'amertume du pain, et combleraient tes besoins immédiats le temps que ton organisme assimile l'énergie plus difficile à extraire des racines.
Après ton repas tu retrouvas le sol, te posant d'instinct sous l'oeil de Syrden comme s'il fut le seul à seul à être capable de t'offrir la moindre protection et tu te rendormis sans laisser le temps à Telvan d'émettre la moindre protestation. Quelques heures passèrent durant lesquelles tu te laissas aller au plus léger des repos. Seul ton corps le nécessitait, ton esprit étant déjà bien assez vaillant, et ainsi tu pus entendre chaque pas marqué par tes deux gardiens, et chaque mot qui sortit de leur bouche. Ô quel bonheur parfois leur paroles t'insufflèrent un moindre réconfort, mais jamais la liesse ne dura, car en bon sourds qu'ils étaient, leur bêtise était assez profonde pour noyer tout trait de génie égaré.
- Mélnaica. Mon nom.
Tu hausses les yeux vers Syrden avec l'impassibilité la plus totale, si ce n'est avec dédain. Il aurait pu être absent, tu aurais pu regarder le vide, que ton regard n'aurait pas changé... ou du moins, c'est ce qu'il doit imaginer.
- Je sais où il faut aller. Je t'emmène. - ... - Il n'y a aucune question qui tienne, espérons juste que ta coquille de fer servent réellement à quelque chose. Huru'Locë, s'il te plaît.
Tu sens la frustration du faux-dragon, tu sens sa colère, son envie... son besoin de prouver au reste de la forêt qu'il pourrait tout faire disparaître d'un coup de griffe. Son envie de se prouver le plus puissant aurait pu depuis longtemps vous coûter la paix, la vie, et leurs vies... mais cela il l'a bien compris, et c'est pour cela qu'il se montre pour l'heure aussi coopératif. Peut-être votre symbiose s'en trouvera-t-elle grandie après cette épreuve. Sûrement même. Vous vous battez encore tous les deux à l'heure actuelle, mais vous faites violence à votre propre personne plutôt que de vous attaquer à votre moitié. Priez la mère que vos tares puissent être chassées, et que ce soit dans une inédite eurythmie que vous vous réveilliez.
L'os craque se déforme, les chairs se raidissent et les membres s'allongent. Le Wyvern prend à la fois ta place et son envol, refermant ses serres sur Syrden avant de percer la canopée. Il observait, tu cherchais, vous écoutiez, alors que l'elfe que vous souleviez avec peine paniquait. Tu cherches ce son tout particulier, celui dont les échos dans ton sommeil t'avaient chatouillés. Est-ce bien ce qu'eux aussi cherchent ? Leurs requêtes tu ne les as pas écoutées, mais s'ils ont un brin de logiques, ils seront heureux d'avoir trouvé. Le Wyvern regargne perce à nouveau les feuillages pour regagner la terre, offrant fracassant soulagement à votre invité marcheur. Et il prend les devants, il rampe vers ce qu'il ne peut décrire ni comme étant apaisant ou menaçant. Voici un être auquel le faux-dragon sait pouvoir parler, et par la même occasion, un être face auquel il se sent le devoir de te protéger.
- Sois le responsable de la folie de ton peuple. Ne fais pas plus injure à ce que tu es. Fais-la taire ou tente et meurs.
Ou alors ne mérite tu plus que quiconque t'appelle Protecteur.
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| | | Cilastiel
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Un phénix ne renait pas sans feu {F} Lun 23 Jan 2017 - 12:43 | |
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-Nérèn ?...
Macabre était là. A quelques pas derrière lui. Elle avait vu toute la scène. Elle aurait même pu arriver avant lui si elle avait su où aller. Alors que leur groupe s'enfonçait dans la forêt, ils avaient dû descendre de monture. Mais, tandis que le sol devenait de plus en plus impraticable, le Protecteur avançait de plus en plus vite, accélérant le pas jusqu'à se mettre à courir. Tous essayèrent de le suivre, tant bien que mal mais progresser dans un tel environnement n'était pas chose aisée. La petite elfe, quant à elle, entra dans une ombre. Hira voulut l'empêcher de suivre seule le mage de l'esprit, lui demandant de revenir auprès d'eux, mais Seregon le fit changer d'avis. Bien plus âgé que son frère d'arme, il n'avait pas manqué de remarquer le comportement du Protecteur et d'en comprendre le sens. Entre la magie de Mac et la Symphonie de Neraën... Ils ne craindraient tant qu'ils seraient ensemble. La Protégée de Tethien, qui s'était arrêtée entre les arbres à plusieurs dizaines de mètres de là pour attendre le verdict, disparut de nouveau parmi les ombres. Elle n'en sortit qu'en entendant la voix de son ami qui criait après trois archers, une quatrième étant grièvement blessée à ses pieds. Pour n'importe qui d'autres, cela aurait pu passer pour une histoire de fou. Des elfes se prenant en chasse, prêts à s'entre-tuer. Mais, pour Macabre qui n'avait connu que la vie parmi les drows, c'était presque normal. Ce qui ne l'était pas, c'était la réaction des assaillants qui découvraient leur Protecteur et dont l'un mettait déjà genou à terre, un second ne tardant pas à le suivre. Apparaissant aux yeux de tous et attirant l'attention sur elle, elle espérait une explication. Les archers, qui ne savaient déjà plus où se mettre en constatant le retour de Neraën, furent déstabilisés par l'apparition de la jeune fille. Se jetant des regards interrogateurs, tous comprirent qu'aucun d'eux ne se souvenait l'avoir déjà vue. Elle semblait sortir de nulle part, la pluie semblait presque l'avoir épargnée et elle n'était absolument pas essoufflée par la course qu'elle avait dû faire pour suivre cet homme. Homme dont elle ne parvenait pas à prononcer correctement le nom... Lentement, Mac se rapprocha de son ami. Une fois à ses côtés, elle lui tendit sa cape qu'elle avait ramassé sur le chemin. Elle était trempée mais elle la lui rendait malgré tout. Tandis qu'elle attendait qu'il s'en saisisse, son oreille fut attirée par un bruit et son regard impassible se posa sur l'archère blessée. Semblant reprendre leurs esprits, ses trois collègues se mirent précipitamment en mouvement pour la rejoindre, deux d'entre eux posant genou à terre. Le troisième, celui qui ne s'était pas incliné devant son Protecteur, resta debout. Du sang peignait les lèvres de l'archère mais pas au point d'en cracher. L'un de ses soigneurs improvisés proposa que l'on retire la flèche.
-Non.
Tous les regards se tournèrent sur la petite elfe.
-Sinon elle ne noiera avec son sang.
La franchise brute de l'enfant en perturba plus d'un. Mais, étudiant d'un peu plus près l'emplacement du projectile, ils s'aperçurent bien vite qu'elle avait raison. La pointe avait dû toucher un poumon, ce qui expliquait qu'elle ait un peu de sang dans la bouche. S'ils retiraient la flèche, le saignement serait beaucoup plus important, le liquide envahirait ses poumons en quelques minutes et ce serait fini. En laissant tout en l'état, ils gagneraient au moins assez de temps pour tenter de trouver un soigneur qui saurait comment cautériser la plaie efficacement. Quant au sang qui parvenait malgré tout à s'écouler, elle pouvait encore l'évacuer en toussant. Mais comment une enfant pouvait-elle savoir cela ?! L'attention de Mac ne se portait déjà plus sur eux... Toujours impassible, elle n'avait pas quitté le côté de Neraën qu'elle regardait fixement. A l'expression de son visage et son silence, mais aussi parce que la cape du Protecteur n'avait pas quitter ses mains, elle savait que quelque chose clochait mais elle aurait été incapable de dire de quel ordre était le problème. Presque imperceptiblement, il avait commencé à trembler. Puis de plus en plus fort. Etant donné la rapidité à laquelle cela évoluait, Macabre se remémora certaines de ses propres expériences. Combien de fois avait-elle était contrainte de repousser ses limites ? Combien de fois avait-elle réussi ? Et combien de fois avait-elle échoué ?... Elle se rappelait sans mal des tremblements, proches des convulsions, qui avaient secouées son corps. Du froid intense qui l'avait frappée alors qu'elle se trouvait dans les terres les plus chaudes de Miradelphia. Et la fatigue... Comme si même un battement de cil était devenu la tâche la plus harassante qui soit. Si elle voyait juste, Neraën avait atteint ses propres limites... Et cela se vérifia lorsque, quelques instants plus tard, les jambes du Protecteur cédèrent, laissant l'elfe tomber à terre. D'un geste de la main, Macabre étendit une ombre sous lui. Celle-ci l'accueillit avec douceur, la masse de son corps s'enfonçant lentement dans le noir avant de s'arrêter et de remonter jusqu'à la surface du sol. Puis elle détacha sa cape et la posa sur son ami. Elle n'était pas complètement sèche mais elle serait plus efficace que celle de Neraën...
-Il a besoin d'un feu.
Puisqu'aucun des deux mages n'avaient rien dit, les archers ne s'étaient même pas aperçu de ce qu'il se passait juste derrière eux, trop occupés qu'ils étaient à essayer de bander leur camarade par dessus sa cuirasse pour empêcher que le sang de s'écoule de trop. Lorsqu'ils découvrirent Neraën à terre, celui qui n'avait eu presque aucune réaction jusque là se précipita vers le Protecteur pour l'examiner.
-On dirait qu'il a froid.
-Il a utilisé toute sa magie.
Ces termes n'étaient pas très explicitent pour un non mage mais d'aucun savait que l'on ne pouvait user de magie éternellement. Il n'était guère difficile pour l'archer de comprendre qu'il avait besoin de repos et, apparemment, de chaleur. Mais il ne s'agissait pas seulement d'allumer un feu. Il leur fallait également un abri contre le vent et la pluie. L'attention de porta alors sur l'archère qui connaissait mieux les environs et qui savait même où trouver le camp des "rebelles". Mais c'était bien trop loin étant donné l'état de leur groupe. En revanche, une petite grotte non loin pourrait faire l'affaire. Elle leur indiquerait le chemin mais il faudrait l'aider à marcher et porter le Protecteur... La jeune fille inconnue ne saurait leur être d'une grande aide étant donné sa taille et sa carrure... Macabre écoutait sans dire un mot. Elle ne répondit pas à cette observation et continua de les regarder les uns après les autres, conservant toujours son ami dans son champ de vision. Ces gens portaient les couleurs d'Eteniril, pourtant ils avaient adopté une conduite qui rendait la petite elfe toujours méfiante. Elle ne leur faisait pas confiance... Pas même en ce qui concernait Neraën. Alors elle ne les quitterait pas des yeux.
Mais alors que tous achevaient de s'organiser pour prendre le chemin de ladite grotte, un bruit se fit entendre... Les regards se tournèrent les uns après les autres vers sa source et chacun se figea en se retrouvant nez à nez avec ce qui ressemblait fort à un dragon. Son envergure cachait presque l'elfe qu'il avait transporté avec lui depuis... on ne savait où. Même si elle avait pu l'entendre, ses propos n'auraient eu aucun sens pour la petite elfe, si ce n'était que la "folie" semblait bien avoir saisit toute la région... Elle fut d'ailleurs la première à réagir.
Un nuage noir enveloppa le petit groupe en seulement quelques instants, prenant sans doute plus d'ampleur que nécessaire. Les archers prirent peur mais restèrent immobiles. Et, un instant plus tard, ils ne faisaient plus face à la créature. Ils se trouvaient dans un lieu sombre, dépourvu de toute couleur... Seul un rai de lumière jaillissant d'une fente au dessus de leur tête les éclairait mais elle était si faible qu'il leur fallu attendre un peu pour s'y habituer.
-Où est-ce qu'on est ?! Cria l'un des archers paniqués.
Sa voix fut presque aussitôt étouffée par le néant qui les entourait. Le néant des ombres...
-Dans l'ombre d'un arbre qui se projetait sur le sol.
Les regards se levèrent alors vers la source de la lumière. Il ne virent tout d'abord que des rayons grisonnant traverser la fente. Puis ils commencèrent à distinguer de longues masses, plus ou moins larges. Après quelques instants, il comprirent qu'il s'agissait des branches des arbres qui s'étendaient toujours au dessus d'eux... L'ombre du tronc dans laquelle ils avaient pénétrée formait un long couloir invisible à ceux qui n'étaient pas mages de l'ombre qui, à cette heure avançant, rejoignait d'autres couloirs. Ainsi, la petite elfe pourrait les faire avancer pendant un moment sans être vus et sans avoir à sortir de leur cachette. Toutefois, ils ne devraient pas s'éterniser et sortir dès qu'ils ne seraient plus en vue de la wyvern sans quoi Macabre deviendrait un poids mort de plus pour leur groupe déjà mal en point. - HRP:
En attente de validation de la part de Nera. Je laisse la possibilité soit d'avancer dans les ombres, soit qu'on nous fasse savoir que le wyvern ne veut pas nous manger. :p J'ai "gérer" comme j'ai pu tous les évènements survenus en même temps.
Dernière édition par Macabre le Lun 23 Jan 2017 - 17:50, édité 1 fois |
| | | Voronwë
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Un phénix ne renait pas sans feu {F} Lun 23 Jan 2017 - 13:36 | |
| Panahos de la deuxième ennéade de Bàrkios, neuvième année du onzième Cycle. Sous-sol du palais d'Eteniril.
Les sons se multipliaient dans la forêt, les murmures de la Symphonie et des nomades emplissaient toutes les têtes.
Ils avançaient, la boule au ventre, plus inquiets encore que lors de la marche vers le Front. Car après tout, quand la Noss Baar'Ane était entrée en guerre, elle savait, dès le début, qui serait à affronter: l'ennemi héréditaire, les Sombres, les Maudits. Mais là, alors que Voronwë et sa garde rapprochée se dirigeaient vers Eteniril, c'était l'inconnu. Qui serait l'ennemi? Les citoyens dans leurs maisons de pierre? Des frères des Noss? Le doute persistait, la rumeur enflait à propos d'un danger sans être clair sur son origine et cette incertitude pesait lourd sur les consciences, bien plus lourd qu'une mort probable.
Les guerriers de la Noss n'avaient jamais été particulièrement attentifs au bien-être des autres elfes. Animés de sombres instincts, avec une mission de protection territoriale qui touchait au fanatisme meurtrier, ils ne s'étaient jamais vraiment souciés du reste de leur race. En vérité, même, le sang des intrus servait souvent à alimenter des incantations perverties et tomber entre leurs mains était un sort souvent peu enviable. Pourtant, cette fois c'était différent. Ils ne s'attaquaient plus à des comparses isolés perdus dans des terres interdites, ils allaient les chercher, loin de la sécurité de leurs coutumes et de la présence aussi terrifiante et rassurante du Traître de Pierre. En d'autres termes, ils avaient peur d'avancer comme cela, sans savoir s'ils allaient combattre, qui ils allaient affronter et s'ils avaient le droit de tuer des elfes qui n'avaient pas blasphémé par leurs actes ou leur présence en un lieu saint.
Même pour Voronwë, au mental si agressif, le doute s'était installé. Pire encore: dans une partie de l'Anaëh calme et paisible, la voix du Baar'Ane n'était plus qu'un faible murmure sans pouvoir. Ses sifflements persistants ne l'accompagneraient plus dans ses voyages et ses combats et, il devait lui dire, leur étreinte rassurante lui manquait quelque peu.-"La Noss Maghden contrôle toujours les environs d'Eteniril?"Un Traqueur se positionna à côté de lui. Agé de neuf cent ans, il était peut-être le membre le plus âgé du groupe. Mais sa véritable utilité était son passé aventurier, qui l'avait amené à découvrir la Grande Œuvre dans une perspective beaucoup plus large que les autres membres de son clan.-"Normalement, c'est le cas. Ils n'aiment pas vraiment les étrangers, eux non plus. La prudence sera de mise, chef de clan..."La végétation dense cachait leur avancée, mais Voronwë savait pertinemment que rien n'échappait longtemps à une Noss sur son propre territoire...-"Alors mêlons-nous aux ombres... Quand ils nous trouveront, nous aviseront. Mais gardez vos armes dans leurs fourreaux, nous ne voulons pas nous battre, pas maintenant."- Spoiler:
Alors, Voronwë est en train d'arriver du côté d'Eteniril. Vu que Gli voulait m'introduire, j'ai préféré ne pas trop pousser. De même, je ne suis pas certains pour la date, n'hésitez pas à me contacter s'il y a un problème! ^^
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| | | Mélnaica
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Un phénix ne renait pas sans feu {F} Lun 23 Jan 2017 - 14:08 | |
| Un ordre laissé en suspens, un désagréable flottement, et tu hésites entre te considérer avoir été ignoré ou défié. Le Wyvern souffle d'impatience. Les citadins clignent des yeux mouillés. Le protecteur à genoux est pris d'une quasi bienvenue catalepsie. Dans le fort intérieur de la bête, témoin impuissant des tragédies du monde physique, tu fulmines. Tu l'as pensé, tu l'as dit et tu le rediras souvent encore, leur surdité t'agace, t'enrage même, parce que s'ils n'étaient pas sourds ils auraient au moins compris à défaut de qui tu es, ce que tu es. Mais puisqu'ils en sont incapables ils s'en voient réduits à la stratégie qu'ils connaissent le mieux : ils se laissent aller à la plus pure expression de leur lâcheté. - Attendez ! Vous n'êtes pas en danger ! Ce n'est pas qu'un... Syrden tenta de leur faire entendre raison, Syrden tenta de se joindre à eux, mais il ne fit que perdre son temps à chasser une ombre. Le militaire connaît un peu de la magie, car en elfe respectable il en a lu bien assez pour en savoir la portée. Reconnaître la magie ne veut cependant pas dire savoir comment y réagir, et lorsqu'il s'agissait d'arcanes aussi peu répandues dans votre peuple que celles des ombres, il ne pouvait que se tenir là, estomaqué devant la disparition du petit groupe d'alliés, de traîtres et d'inconnus. Ce n'est pas un spectacle commun à la vue que celui d'un soldat partant l'oeil morose chercher abri sous l'oeil d'un reptile, et pourtant c'est vers toi que Syrden revenait, résilié à regagner sa place entre les serres du faux-dragon pour un retour vers vos camps. L'histoire de la nuit prochaine serait celle de son échec. Le Wyvern baisse la tête, fronce autant les yeux que lui permettent ses paupières archaïques et campé sur ses appuis il rugit. Si l'homme d'arme ne connaît pas les secrets de l'immatériel, ton monde à toi n'est que leur construction. Et aujourd'hui que le Wyvern partage ta sensibilité, il le voit de la même façon. Les sortilèges de l'enfant maussade ne te trompent pas. Tu es le maître des miroirs, et tu vois ce qu'aucun autre oeil ne sait déceler. Les rayons de lumière, ils suivent la course que tu choisis. Toute image est à ta portée, et aucune illusion ne saurait te berner. La part d'univers que la petite a plongé dans les ténèbres, tu lui rends sa brillance. Bris après bris son sortilège s'effrite, et devant la face du lézard ailé ils se retrouve à nouveau pleinement exposés. Ils ne l'entendent pas, alors tu le leur montreras. Puisqu'il te faut adopter un langage qu'ils comprennent, tu reprends les rênes de votre existence, et dans un craquement de tous les diables, te contracte en une figure bien moins imposante. Le regard du petit elfe que tu es est pourtant plus lourd de sentence encore que celui du dragon. Ton souffle est long et profonds, ton irritation est palpable, tes poings serrés à la limite de la crampe ne se desserrent que lorsque tu clames assez fort pour en faire trembler l'Anaëh entière. - Lâches ! Soldats peureux ! Vous créez la tourmente, vous semez la confusion et lorsque sonne l'heure de payer vous fuyez ? Race d'humains aux longues oreilles! ta voix habituellement claire jusque dans tes plus virulents accès de colère se fait rauque Assez de votre égoïsme et de votre malhonnête fierté ! Pour une fois dans vos misérables vies, posez un oeil sur les grâces que vous devez à la Prime Forêt ! Profond questionnement, doute, incompréhension.
Jalousie. - Si Kÿria vous a infligé d'un tel don, ce n'est pas pour que vous asseyez votre sale croupe dessus ! Tu entends comme la Symphonie change autour de lui. Tu ressens comme ta pensée est fragile en sa présence. Tu t'effraies de ce qu'un être comme lui pourrait trouver derrière une carapace qu'il ne pourrait que trop facilement briser. Pourquoi ? Pourquoi l'Anaëh a-t-elle choisi d'offrir pareil pouvoir à l'un d'entre eux ?
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| | | Telenwë Neraën
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Un phénix ne renait pas sans feu {F} Mar 24 Jan 2017 - 10:47 | |
| Qui était l'ennemi, qui était l'ami ? En cette région, qui que l'on soit, où que l'on soit, la question pouvait en chaque instant se poser. Comment être sûr des intentions de l'autre, alors que la guerre civile avait commencé et qu'elle ne tarderait plus à faire rage ? La folie était présente. La folie était partout. Et pourtant, la Symphonie clamait l'innocence de certains ; innocence qui pouvait, en un sens, encore se trouver dans le coeur des quelques elfes qui s'avançaient dans un territoire qui n'était pas le leur. De son regard acéré, imperturbable, Alegna suivait la marche des inconnus. Elle avait sans problème compris qui était le chef, qui connaissait le chemin, qui suivait... cependant elle n'avait pas réussi à reconnaître de quelle noss ils appartenaient. Ce dont elle était sûre était qu'ils n'étaient pas de ce pan de la forêt et qu'ils se dirigeaient vers la cité. Dans quel but ? Elle pouvait ressentir la tension qui émanait d'eux... A cause de quoi exactement ? Ils avaient beau être des frères, elle craignait la fourberie de ceux qui étaient sourds au Chant. Aussi il allait falloir qu'elle le sache avant qu'ils n'atteignent une quelconque destination. La mort ne s'abattrait pas directement sur un chef de clan, à moins qu'il ne se montre être un ennemi. Elle fit donc un signe de tête rapide envers ses comparses, signalant ainsi qu'ils allaient stopper le groupe en mouvement. Ses frères de sang ne devraient pas être perçus par les autres tant ils savaient faire corps avec l'Anaëh et donc passer inaperçus pour qui n'avait pas l'oeil prévenu. Puis elle s'avança pour sauter d'un arbre, se retrouvant ainsi face à Voronwë. Alegna était petite, même pour une noss, mais son port droit, sa tête relevée et son regard hautain démontraient toute l'assurance et la fierté propres à sa noss. Le chef de clan se retrouva donc face à une fille aux courts cheveux noirs et aux yeux noisette, vêtue de peaux et tenant une lance en main. "Pour quelle raison un chef de clan vient-il à traverser le territoire de la noss Dhriwian'Du ?"~~~~~~~~ Froid, faiblesse, exténuation, douleur, peur, tristesse, colère... Il tremblait de tous ses membres mais ne pouvait faire aucun mouvement pour ne serait-ce que tenter de se réchauffer. Ses muscles ne lui répondaient plus, comme si son corps lui criait qu'il avait dépassé toutes ses capacités. Sa conscience de ce qui l'entourait était presque réduite à néant, aussi ne se rendit-il que trop peu compte de ce qui l'entourait. Le wyvern, si imposant fut-il, fut tout juste une ombre dans son champ de vision. Les archers étaient des êtres lointains qui bougeaient. La seule personne à être véritablement présente à son esprit était celle qui partageait un lien métaphysique avec lui ; il la ressentait plus qu'il ne la voyait et cette présence le réchauffait déjà un peu. Mais ce qui vint le plus percuter son esprit endolori fut les paroles du faux-dragon qui vibrèrent pleinement en lui. "Sois le responsable de la folie de ton peuple. Ne fais pas plus injure à ce que tu es. Fais-la taire ou tente et meurs."Ces mots, cette force avec laquelle ils avaient été prononcés réussirent à faire se relever le regard de Neraën. Sa bouche s'entrouvrit difficilement, ne réussit à laisser échapper le moindre son, puis se referma. Autour de lui le noir s'était soudainement fait, habit d'ombre étrangement réconfortante. Tout y était noir et blanc, les sons y étaient étouffés. Il n'y pense pas plus : ces phrases qui l'habitaient attiraient toute son attention, lui redonnant le peu de forces que son corps exténué pouvait encore lui offrir. C'est alors que retentit le rugissement du faux-dragon, renversant les ombres pour rendre à la lumière toute sa majesté. Alors les six individus se retrouvèret à nouveau dans la forêt, sous le regard courroucé de l'animal. Animal qui se transforma en un elfe de la forêt, montrant ainsi que l'être était en fait un druide. Quelle importance cela pouvait-il avoir ? Aucune. Seul le ressenti était ce qui comptait aux yeux de Neraën. Et les premiers mots du druide l'avaient suffisamment frappé pour qu'il puisse trouver la volonté de répondre. Ses lèvres se séparèrent, mais aucun son ne réussit à naître. Pire même, lorsqu'il essayait de parler sa respiration se coupait, le faisant encore plus tressaillir. Et il savait qu'il ne pourrait trouver la force d'aller jusqu'à l'esprit du noss... aussi prit-il la seule solution qu'il lui restait afin de faire entendre sa voix. Sa main tremblante vint se serrer fébrilement sur la jambe de la jeune femme debout auprès de lui, celle qu'il voyait sans même poser son regard sur elle. Puis, sans arriver à quitter des yeux Mélnaica, il utilisa ce don qui lui avait été infligé, touchant doucement l'esprit de Macabre. *Pardonne-moi... de... de passer par toi. Transmets-lui mes... mes pensées... je t'en prie.*Leur lien avait beau faciliter plus que de raison cette capacité magique, il lui était difficile de l'utiliser. Les tremblements se firent plus importants, le froid l'envahit, gelant l'être qu'il était. *Si... si elle me trouve digne de... de la charge de Seigneur-Protecteur, alors je jure... je jure solennellement de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour... pour guider et protéger mes frères, de... de veiller sur l'Oeuvre de la Mère et... et de suivre le Trône Blanc. Choisir et guider, vivre et risquer, avancer et préserver. Je... je l'ai promis. Je le ferai... même... même si cela me... me mène au roy... royaume de... de Tari.*Neraën s'effondra alors sur le sol, inconscient. Son corps avait soudainement arrêté tout tremblement, la main enserrant fébrilement la jambe de la jeune elfe s'était relâchée et tout ce qui pouvait être relié à la vie semblait avoir soudainement quitté le seigneur-protecteur. Les elfes, qui n'avaient aucunement apprécié l'arrogance du druide et qui n'étaient pas loin de vouloir le lui faire payer, se retournèrent. L'un d'eux se précipita sur Neraën, vérifiant s'il respirait encore puis le mettant sur le côté pour qu'il ne puisse pas s'étouffer. Syrden calma immédiatement les autres et arriva à leur faire ranger leurs armes, mais une question restait dans l'esprit de tous, raison pour laquelle de nombreux regards étaient posés sur l'étrange enfant : que s'était-il passé ?
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| | | Cilastiel
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Un phénix ne renait pas sans feu {F} Mer 25 Jan 2017 - 20:15 | |
| Si le monde des couleurs ne pouvait pas percevoir leur voix, celui des ombres le pouvait parfaitement. Le groupe vit le citadin passer dans le nuage noir, battant des bras pour les trouver, avant de repartir avec une expression de dépit et de résignation. Le wyvern, quant à lui, ne se laissa pas abuser. Il hurla, faisant vibrer le long couloir qui commença à se briser. Un par un, les morceaux s'en détachèrent dans un éclat lumineux. Mac regarda son univers s'illuminer à mesure qu'il était détruit. Elle savait pertinemment ce qu'il se passait mais était impuissante... Et elle détestait ça. Elle détestait qu'on la sorte de son cocon noir, qu'on la force à venir au grand jour lorsqu'elle se sentait mieux à l'abri des regards. Son malheur était qu'il y avait bien plus de mages de la lumière en Anaëh qu'au Puy...
Une fois qu'ils furent revenus à la surface, la créature se mua lentement pour prendre l'apparence d'un homme. Un druide... Mac en avait déjà rencontré. L'un avait tenté de lui sauver la vie. L'autre l'avait plongée dans des souvenirs oubliés. Enfin, s'il avait bien existé... Elle se souvenait de la chouette et croyait l'avoir vu prendre forme humaine mais elle n'en était plus sûre... Mais celui-ci... Celui-ci n'avait rien à voir avec ceux qu'elle avait croisé. Il leur hurla dessus. Les injuriant presque. Ses mots n'atteignirent pas la petite elfe. Elle se moquait qu'on la traite de lâche et son ton ne la touchait pas. En revanche, elle le craignait. Comme elle craignait tous ceux qui pouvaient mettre à mal sa magie et qui en faisaient la démonstration. Alors, si elle le fixait du regard avec une expression de peur et de colère mêlée, ce n'était pas pour la même raison que ses "camarades"...
Quelque chose vint toucher la protégée de Tethien. Une main saisit le bas de sa jambe. Elle baissa les yeux et découvrit que c'était Neraën. Avant qu'elle eut le temps d'avoir la moindre réaction, elle entendit sa voix mais vit qu'il n'avait pas ouvert la bouche... Elle l'entendait dans sa tête... Il lui disait de répéter ce qu'il lui disait. Alors elle le fit, sans vraiment réfléchir. La monotonie de son organe rendait tout son sens et sa force aux des mots employés par le Protecteur. Lorsque son ami céda sous le poids de la fatigue, elle le regarda. Alors de l'un des archers s'était précipité pour prendre son pouls, elle, n'avait même pas bougé. Elle le fixait sans comprendre. Il n'aurait pas dû avoir la possibilité de lancer un tel sort. Comment y était-il parvenu ? Il avait choisi de parler à travers elle et elle avait l'intuition que cela n'était pas un hasard... Et cela expliquerait la facilité avec laquelle il avait pu lui parler malgré son état. Il devait y avoir un lien entre eux... Mais de quelle nature ? Certes, elle s'était facilement sentie à l'aise avec lui, le considérant comme un de ses pairs dès leur première rencontre. Néanmoins, cela pouvait-il être suffisant ?... Elle en doutait. Et l'idée la perturbait de plus en plus à mesure que les secondes s'écoulaient. L'esprit ailleurs, elle ne voyait même plus les regards interrogateurs qui s'étaient posés sur elle. Elle n'entendit pas le premier archer à s'être agenouillé s'approcher d'elle. Elle ne vit pas sa main venir essayer de se poser sur son épaule... Tout du moins, c'est ce que cru l'elfe jusqu'à ce que Macabre ne se retourne brusquement vers lui, écartant sa main d'un geste vif.
-NE ME TOUCHEZ PAS !
Surpris, l'archer recula d'un pas. Si la petite elfe s'était montrée parfaitement impassible jusque là, ce n'était plus du tout le cas désormais. Entre le wyvern mage de la lumière, Neraën qui entrait dans sa tête comme il le voulait et maintenant le fait qu'elle se retrouve seule avec tous ces inconnus... Elle aurait voulu partir... S'enfuir... Mais pour aller où ? Elle était perdue sans le Protecteur et leur groupe était bien trop loin pour qu'elle parvienne à le retrouver seule. Sans compter que, malgré sa crainte nouvelle pour ce que son ami lui avait fait, elle ne pouvait pas le laisser là avec ces fous qui s’entre-tuaient.
-Calme-toi fille des ombres.
Macabre se retourna vers la voix qui venait presque de derrière elle. Un homme se tenait là, parmi les arbres. Un Noss au vu de sa tenue, et, étant donné ses ornements, quelqu'un de respecté. Voilà qui n'était pas pour rassurer la petite elfe qui n'aimait pas être surprise... Elle le fixa... Puis, se sentant observée, elle leva les yeux, bien vite imitée par tous les autres Taledhels. Entre les larges branches, on pouvait distinguer quelques têtes se détacher les unes après les autres des feuillages rougeoyants. Il semblait y en avoir partout, tout autour d'eux... Le Noss n'était pas venu seul.
- Couleur Noss:
#66cc66
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| | | Mélnaica
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Un phénix ne renait pas sans feu {F} Jeu 26 Jan 2017 - 22:58 | |
| Le temps passe et ne fait que te confirmer cette triste pensée : la vie en ville affaiblit le peuple Anedhel. Il suffit de le regarder, cet imbécile, ce grand blond qui tu y mettrais ta main à couper, doit aimer se donner de grands airs auprès de ses pairs. Et tu ne lui en veut pas non, parce qu'auprès des siens oui, il doit avoir l'air bien vaillant ; mais une fois confronté à la réalité de la forêt, voilà que son genou ployait avant l'heure. Six ou sept siècles, peut-être même plus, passés entre le marteau et l'enclume de la vie, et c'était là les limites de l'ouvrage. Pathétique. Pathétique et décevant.
Il aurait fallu être aveugle pour ne pas au moins entrevoir les puissances en jeu. Il faudrait être plus que sourd pour ne pas percevoir le potentiel que la forêt a offert à l'être ridiculement étalé au sol face à toi. Et de tout ce potentiel, il ne te semble avoir absolument rien fait. Au contraire, il semblait lutter, lutter pour user de cette étrange magie, lutter ne serait-ce que pour prononcer quelque balbutiements à travers la bouche d'une enfant ; et des paroles bien vides de sens pour courroner le tout.
- Il n'y a pas plus de dignité à être Seigneur-Protecteur qu'à faire partie des processions de Noiraudes d'Ellyrion. L'Oeuvre sur laquelle tu veux soi-disant veiller n'a que faire du Trône Blanc, et j'irai même jusqu'à dire que votre dévotion à un Roi sourd est une injure à la Souveraineté de la Création de notre Mère.
Tu t'avances, observant avec un dédain à t'en valoir les menaces silencieuses de ses comparses vers l'elfe au sol, moitié convaincu que sa malentendance le ferme à toi autant qu'aux chants de vos frères. Tu t'approches, te penche cependant près de sa dépouille, chasse les apprentis soigneurs paniqués de la faiblesse de son pouls, et vas jusqu'à prendre sa main dans les tiennes, tentant pour une fois de faire passer un message avec douceur, espérant que les odes qui le suivent le lui rappellent un jour, tant bien et pourvu qu'il les comprenne.
- Guide toi toi-même avant de vouloir guider un peuple. Ou alors est-ce que tu penses vraiment que marcher droit vers l'abîme est une bonne idée ?
Tu te tourne ensuite vers la petite, sourire hautain te barrant le visage. Elle était restée impassible jusque-là, comme un bon soldat, mais voilà que la situation sortait de son contrôle et qu'elle montrait enfin son véritable visage.
- Quoique mener un peuple dont les membres ne peuvent même pas se faire confiance à l'abîme n'est pas une si mauvaise idée. Au moins la forêt respirerait un peu mieux.
Et les clans n'auraient plus comme divisions que celles de leurs rituels et de leurs territoires. Plus de batailles entre les Noss ayant offert leur pardon aux Taledhels et celles dont le jugement n'est pas encore assez voilé par l'utopie d'une réunification pour voire les obscénités citadines pour ce qu'elles sont. Plus de heurts inutiles entre Linwë et Dhriwian'Du, plus de querelles entre Pan'Mera et Sin'Dalvir, seule l'application des règles de la nature, des règles auxquelles vous autant que toutes les autres créatures de la forêt devez vous soumettre. Ces mêmes règles auxquelles ceux des Pierres tentent vainement d'échapper.
- Et toi, ne perds pas patience jeune Druide. Je vois ta colère et ta déception, mais n'oublie pas, même les plus sourds des enfants de la Mère portent encore une part de sa volonté. N'est plus elfe celui qui a perdu le respect pour Kÿria. - Alors dites-moi quelle preuve de respect implique l'autodestruction et la malhonnêteté ? - Est-ce là ce que tu penses être la raison de leur présence en dehors des murs ? - Le sang à coulé là-bas dans la cité, et les pierres tiennent ceux des Noss pour coupable, mais j'en prends la forêt à témoin, ce sont eux les sauvages ! - Mais sont-ils tous si malhonnêtes ? À toi qui possède un don d'écoute plus fort que quiconque cela devrait couler de source. Nous poursuivons tous le savoir, nous aimons les histoires, les légendes et les sciences qui dévoilent le monde, mais la vérité n'est jamais l'apanage que d'une minorité. Aux autres il ne reste que le choix d'offrir ou non leur confiance.
Et c'est vrai. Si le secret de la mise à mort était gardé par un seul groupe de peaux d'ivoire, alors dans l'ignorance le reste des sourds écouteraient la seule voix qu'ils entendent. Celle de leurs pairs. Leur loyauté et leur confiance ira à leur famille traîtresse plutôt qu'à l'étranger généreux ; et ça te dégoûtes de te l'avouer, ton geôlier, aussi abject qu'il ait pu te paraître pouvait tout aussi bien être le plus innocent des elfes selon la loi d'entre les murs. La loi d'entre les murs... tsh.
Tu tournes les talons, gagne les branchages et trouve confort dans la présence de ceux qui portent colliers au cou. Ils savent mieux que toi les torts de ceux d'Eteniril, alors tu les laisses faire maintenant, et tu observes. Les dents grinçantes, l'agacement palpable et la jalousie puante. Mais tu observes attentivement.
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| | | Telenwë Neraën
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Un phénix ne renait pas sans feu {F} Mar 31 Jan 2017 - 13:57 | |
| L'elfe s'avança alors que le druide tournait les talons pour se réfugier dans les arbres. Il y avait bien plus en son coeur que de la simple colère... mais il n'était pour l'instant pas à lui de faire prendre conscience à son frère de ses propres pensées. Sa simple assurance ainsi que la façon dont il se comportait imposaient déjà un respect, respect à laquelle on pouvait ajouter crainte et incertitude pour les enfants des pierres. L'elfe fit attention à chacun d'entre eux, y compris les deux qui étaient allongés sur le sol. Il siffla et plusieurs de ses frères descendirent des arbres. Sans montrer ni animosité ni complicité, comme détaché de la situation, il expliqua aux citadins ce qui allait suivre.
"Vous allez nous suivre après avoir donné vos armes. Vous serez tous amenés devant le conseil des sages, dès que vous serez en état. Pour le reste de votre groupe, dit-il en se tournant vers l'enfant, ils nous rejoindront. Je vous déconseille d'essayer de partir ou de vous cacher dans les ombres... cela ne vous aidera pas, ni les vôtres. Puis, levant la tête vers Mélnaica. - Libre à toi de venir, mon frère."
Sur ce, toutes les personnes furent démises de leurs armes, pour celle qui en possédaient où étaient en état de les utiliser. Puis la marche commença, l'elfe ayant parlé ne prenant pas la tête de la marche. Au contraire il resta sur place, regardant avec bienveillance la jeune fille qui se trouvait à côté de lui et qui semblait aussi perdue que paniquée.
"N'aie crainte, fille de l'ombre. Aucun mal ne te sera fait."
Il lui tendit une main pour l'inviter à suivre la marche, et voyant qu'elle refusait d'établir un lien physique, il entreprit donc d'avancer sans elle. Pour autant, il gardait un oeil sur elle, s'assurant qu'elle le suivait. Lorsqu'il fut certain qu'elle ne chercherait pas à s'enfuir - de toute façon à peine essayerait-elle qu'elle serait immédiatement arrêtée - il rattrapa les autres et prit les devants, en silence.
La marche avait été longue pour les citadins, les heures s'enchaînant ainsi que l'impression de ne pas reconnaître les endroits par lesquels ils passaient. Puis, au bout d'un moment, ils firent halte et celui qui représentait l'autorité du groupe fit séparer les différentes personnes, les citadins valides d'un côté et ceux qui semblaient avoir à bénéficier de soins de l'autre. Concernant l'enfant, il put lire son attachement et la peur d'être séparée de la seule personne qu'elle connaissait. Il la regarda donc longuement, semblant vouloir lire en elle, avant d'accepter qu'elle accompagne l'elfe aux cheveux blancs à la condition qu'elle accepte d'avoir les yeux bandés. Le druide fut enjoint à suivre ce dernier groupe, tout naturellement.
Au bout d'un moment, ils arrivèrent dans un campement prévu pour durer quelques ennéades. Femmes, hommes, enfants... la noss semblait complète, si ce n'était qu'il manquait la chef de clan ainsi que le druide. Mélnaica put immédiatement remarquer que seuls les enfants n'étaient pas pourvus de tatouages mais que pour les plus grands quelques peintures ornaient bras, épaules et visage. Tous, sans exception, portaient de nombreux colifichets pour la plupart gravés, qu'ils soient portés en bijoux ou directement cousus sur les vêtements. Sans qu'un mot ne fut prononcé, Tellenis et Neraën furent emmenés à un groupe de femmes qui pourraient s'occuper d'eux, dans un abris relatif. Quant à la fille aux cheveux de jais...
"Sylv'dren ! - Qu'y a-t-il, ma soeur ? - L'enfant n'était pas prévue. Elle n'a pas à être là !"
Sans se départir de son assurance, l'elfe aux yeux marron et aux longs cheveux châtain clair posa les yeux sur celle qui l'avait appelé. Une femme aux cheveux bruns et aux yeux noirs, à la musculature sèche et aux nombreuses peintures ornant sa peau, notamment au niveau du cou et du visage. Instinctivement cette femme montrait les dents par mécontentement, ce à quoi son frère semblait être habitué et ne plus craindre - ce qui n'était pas réellement le cas.
"Elle était cachée dans l'ombre. Nous ne pouvions pas la deviner. - Tu mets en danger notre clan alors que les leurs veulent la guerre, frère, et ce sans que Solaris ne soit au courant. - Aurais-tu don de clairvoyance, Linyara ? Es-tu capable de prédire ce que cette fille fera ? - Nous n'en avons pas le pouvoir et tu le sais très bien. - Alors ne juge pas trop vite. Ceux qui s'éveillent auront besoin de son don ce soir, ainsi que de leur chef. C'est la dernière chance avant que notre Mère ne pleure la perte de nombre de ses enfants et que le sang ne soit une rivière coulant à travers l'Anaëh. Est-ce cela que tu veux, ma soeur ? Est-ce là notre esprit, ce vers quoi nous voulons aller ? Linyara siffla de mécontentement et se recula, vaincue par le raisonnement de Sylv'dren. - Emmène le druide avec toi, il a besoin de se reposer et de manger avant que le conseil ne débute. Vous vous entendrez bien tous les deux. Pendant ce temps je vais les prévenir que nous sommes rentrés."
Un fin sourire orna son visage, s'effaçant quelque peu lorsqu'il se retourna vers Mélnaica pour laisser place à un salut respectueux, Sylv'dren inclinant légèrement la tête tout en posant ses mains au niveau de ses deux clavicules. Puis il se retourna, prit la main de celle qui avait encore les yeux bandés et la fit doucement avancer, la rassurant en même temps. Il chantait plus qu'il ne parlait, utilisant la mélodie pour calmer l'esprit de Macabre. Puis il termina ses propos tout en défaisant le bandeau qui empêchait la jeune elfe de voir, la laissant constater qu'elle était auprès d'un Neraën endormi, allongé sur un épais tissu.
"Tu peux rester auprès de lui. Il se réveillera lorsque son corps pourra à nouveau suivre son esprit. Demande si tu as besoin de quelque chose. Elles savent, tu peux leur demander de t'aider à comprendre. Assis-toi, je dois m'absenter."
Puis il partit, s'enfonçant dans la forêt et disparaissant aux yeux de tout le monde.
Du côté de Mélnaica, Linyara l'emmena dans une tente qui devait être la sienne. Elle invita le druide à s'asseoir puis lui tendit une gourde, des baies et de la viande séchée. Enfin elle s'assit non loin de lui et le regarda simplement, avant de reprendre la parole.
"Ce n'est pas si souvent que nous croisons un druide, surtout en ces lieux troublés. Comment t'appelles-tu ?"
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| | | Voronwë
Ancien
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Un phénix ne renait pas sans feu {F} Mar 31 Jan 2017 - 19:03 | |
| Les traqueurs, les visages cachés sous leurs casques en forme de tête d'hydre, grognèrent en voyant une étrangère oser s'approcher ainsi de leur chef. Il était vrai que dans la Noss Baar'Ane, le dirigeant guerrier, que l'on nommait aussi "Le Gardien" ou "Le Geôlier" possédait une aura particulière dû à son statut. Selon la tradition, il lui revenait la charge de veiller sur le monstre endormi au sein de la clairière maudite et de grands malheurs arriveraient si jamais il venait à mourir loin de chez lui. De là, ses elfes répugnaient à le laisser en situation de trop grand danger, même lorsqu'ils y étaient, comme lors du Front, forcés.
Toujours était-il que cette petite lionne se dressait, fière et brave, devant un guerrier qui avait bu le sang de bien des adversaires. Littéralement. Son courage, peut-être un brin insensé, arracha un sourire à Voronwë, qui croisa les bras et la toisa de toute sa hauteur. La seule chose dérangeante était son arme sortie au clair... Evidemment, une façon simple de régler le problème aurait été de l'impressionner, voire de la menacer... Le chef fût d'ailleurs tenté, quelques instants, de se saisir de la gorge délicate de son opposante et de la presser. La presser jusqu'à ce que la peau bleuisse, que les râles d'agonie s'échappent de sa gorge délicate, qu'elle laisse son esprit s'envoler loin, très loin...
La réalité le rappela. Le Baar'Ane n'était pas là, cette fois. Il devait résister, sous peine de tomber dans des ténèbres qui avaient déjà causés la perte de tout le Linoïn.
-"Se présenter avec une arme en main n'est pas dans les coutumes que nous apprécions, par chez moi. Mais je viens sur vos territoires de chasse afin de les traverser. Je souhaite me rendre à Etiniril où la Symphonie comme la rumeur des elfes nous décris un chaos qui menace d'éclore. Je venais comprendre ce qu'il se passe." |
| | | Mélnaica
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Un phénix ne renait pas sans feu {F} Mer 1 Fév 2017 - 1:54 | |
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Depuis les branches, tu fais ce que tu n'avoueras jamais à personne avoir jamais fait avec autre elfe que Fëaruinë. Malgré l'anxiété accumulée au cours de ces derniers jours, malgré la somme d'émotions négatives que t'inspirent les citadins que tu as croisé durant ces derniers événements, tu prends le temps et la peine d'observer et d'apprendre. Celui des Noss s'approche des Taledhels avec une assurance que tu n'as pas, une fermeté que tu ne connaîtras pas avant de t'être entièrement dompté et une impériosité que seuls plusieurs siècles à apprendre l'équilibre entre confiance et défiance ont pu lui donner. Tu vois avec quel facilité il s'est placé dominant sur le groupe dont tu as originellement coupé la route sans oser plus les approcher que de raison. Tu aimerais, pour ne pas trop jeter discrédit sur ta propre personne, entièrement attribuer telle témérité et telle poigne à l'aise que lui offrait la présence de son clan dans son dos, mais tu sais très bien qu'il n'y a pas que cela. Il y a l'expérience, l'expérience dont tu manques. Il y a l'empathie, l'empathie dont tu n'es plus capable, toi à qui l'on a appris à attribuer tant de tares à tes cousins des cités. Il y a l'espoir, l'espoir de ce que tu n'arrives pas à te convaincre être réalisable, toi qui n'a jamais connu les temps de paix.
Quelle dignité as-tu, héraut de l'Anaëh, quand de ton autorité ou de celle d'un quelconque autre Ornedhel la tienne est la plus facilement contestable ? Et bien tu as celle que tes frères et soeurs eux au moins, daignent t'accorder. Si sévère, si irrascible que tu puisses être même avec ceux dont les valeurs sont les mêmes que les tiennes, le respect avec lequel ceux des Noss te regardent malgré ta sagesse toute naissante t'est d'un grand réconfort. La première invitation te signifia bien plus que son emetteur ne pouvait l'imaginer. La seconde quant à elle termina de porter Sylv'dren aussi haut que peut être autre elfe que ton enseignante dans ton estime... pour l'instant. Tu avais besoin de t'entretenir avec celui-à-la-mélodie-particulière au moment de son réveil, et cela tu penses que les Linwë l'avaient compris, s'ils ne l'avaient pas clairement entendu.
Ils étaient nombreux, plus nombreux que tu ne l'aurais pensé. Vous sur les Terres Ancestrales de la Quatrième Saison ne vous approchiez que rarement si près des portes des Cités. Les Ornedhels osant s'approcher à moins d'une demi-journée de marche des conglomérats de pierre, lorsqu'ils pouvaient se compter sur les doigts de plus d'une main étaient mauvais signe. Les tensions étaient forte entre ceux de terre et ceux de pierre là bas. Bien plus qu'en Eteniril en réalité. Assez forte pour que règne une paix hypocrite. Aux Sylvains blasphémateurs vous attendiez qu'ils soit infligé le jugement de la Déesse, et à vous les sauvages ils attendaient que la vie parmi les bêtes soit fatale. Les heurts étaient rares, mais ils étaient violents. Les moines de Calimentar étaient les Gardiens de leur Cité Première, et ils étaient plus féroces encore que les soldats sourds, presque aussi féroces que vous les soldats de Kÿria. Sur tes terres natales leur mention faisait monter les larmes aux yeux et grogner les gorges, comme probablement vos noms devaient le faire parmi eux. Eteniril n'est pas comme ça. Pas encore. Eteniril n'est pas Tad'Sereg ou Ardamir, mais Eteniril peut encore être sauvée. Peut-être.
Tu rends les honneurs à Sylv'dren, t'inclines comme il vient juste de t'en apprendre la convenance, avant de te laisser diriger vers celle que tu comprends être à partir de maintenant ton hôte. Rien qui ne t'empêche par la suite de le regarder s'éloigner avec un amer pincement au coeur, creusant la distance entre toi et ta source première d'interrogations et de frustrations. Heureusement de l'être affamé que tu es l'odeur de la viande séchée et l'eau fraîche sauraient faire taire tous les maux ; et cela, Linyara semble l'avoir bien compris.
- Mélnaica. tu mâches bruyamment de Pan'Mera. Je comptais au départ simplement rentrer auprès des miens en Quatrième Saison, mais la forêt en a décidé autrement. Les chants m'ont appelé à prendre un autre chemin, et c'est ce qui me mène aujourd'hui à vous.
Ton visage, au départ ayant presque retrouvé son enfantine innocence devant une nourriture que tu pouvais te permettre d'avaler venait de reprendre la sombre expression que beaucoup te pensent incapable de quitter. C'est sur un ton bien plus solennel que tu lui adresses la suite de ton message, de leur messages, celui de la forêt bavarde.
- Les frères d'entre leurs murs murmurent comme le sang des Pierres a coulé, et ceux d'en dehors clament l'innocence des Ornedhels. tu avales ta salive J'en suis sûr, les sourds sont tombés dans la folie au point de sacrifier les leurs pour gagner le droit de nous détruire. Le mensonge à empoisonné Eteniril et lorsqu'il aura pris assez de gorges, elles hurleront à la guerre. Je pense que ceux que vous guérissez ont déjà vu les premières batailles.
Tu t'autorises un sourire désabusé avant de continuer.
- À vrai dire, je ne comprends pas réellement pourquoi l'Oeuvre m'a guidé jusqu'ici. Je ne suis ni un chef de guerre, ni un fin parleur. Je ne peux ni assurer la victoire des justes, ni rendre sa conscience à une Cité de fous. Je ne vois des âmes que ce que la forêt m'en dit, je ne peux ni les voir ni les changer moi.
Une oeillade futile vers un pan de la tente, celui qui tu le sais te sépare de la direction dans laquelle a été pris Neraën. Une mise en accusation qui n'aura pas échappé à ton hôte.
Suite en aparté avec Ceux qui se disent nos frères
Dernière édition par Mélnaica le Lun 6 Fév 2017 - 14:55, édité 1 fois |
| | | Cilastiel
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Un phénix ne renait pas sans feu {F} Mer 1 Fév 2017 - 20:54 | |
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Macabre regarda les elfes valides remettre leurs armes aux Noss sans comprendre comment ils pouvaient accepter de se laisser désarmer de la sorte. Il n'y avait eu aucune violence, aucune menace d'aucune sorte. Pas du point de vue de la petite elfe en tout cas. Mais elle n'entendait rien au langage des autochtones qui était employé depuis le début. Elle n'avait empêché le retrait de la flèche du dos de l'archère que grâce à un geste qui lui avait fait comprendre ce que les trois gardes projetaient. Alors les longues phrases du Noss ne lui firent ni chaud ni froid. L'un des archers dut reformuler les parties qui la concernaient en oliyan, la seule langue qu'elle ait utilisée jusque là, pour obtenir une réaction de sa part. Réaction assez sommaire puisqu'elle n'eut qu'un froncement de sourcils méfiant à l'égard du Noss accompagné d'un léger mouvement de recul.
Tandis que tous s'éloignaient, elle ne leur emboîta pas le pas. Pas tout de suite. La phrase du Noss, même après traduction, n'eut pas non plus l'effet escompté. Il fallait bien plus de quelques mots pour mettre l'esclave d'un drow en confiance. Toutefois, elle n'avait guère d'autres choix que de les suivre. Et tandis qu'il avançait sans plus se préoccuper d'elle, Sylv'dren vit la petite elfe passer en courant, sortant d'une ombre non loin devant lui, pour rejoindre Neraën. Ou tout du moins ceux qui le portaient. Non pas qu'elle veuille déroger aux recommandations du Noss. Tenter de défier quelqu'un ne faisait pas partie de son caractère, si tant est qu'on parvienne à lui en définir un. Non. Elle avait agi le plus naturellement du monde, choisissant la manière la plus rapide de rattraper le groupe, oubliant au passage les paroles qui lui avaient été adressées.
Il leur fallut plusieurs heures pour rejoindre leur destination. Enfin, si on pouvait appeler cela comme ainsi... Mais alors que la majeure partie du groupe semblait arrivée, il n'en était pas de même pour les deux blessés. Mac, qui n'avait pas quitté le côté de son ami, avait le droit de les suivre. A une condition... Une condition qui ne lui plaisait pas du tout... Émotionnellement fragilisée par ce qu'il s'était passé plus tôt dans la journée, fatiguée par les longues heures de marche, elle se retrouvait devant un choix des plus difficiles... Malgré ce qu'elle avait constaté de la magie de Neraën, elle restait très attachée à lui. Elle était perdue dans les bois, entourée d'inconnus. Il était donc son seul repère dans un univers étranger où elle se sentait instable. Alors elle accepta cette unique condition, mais dire qu'elle le fit à contre-cœur serait un euphémisme. A peine on s'approcha d'elle avait le bandeau que son visage commença à se muer en une expression de méfiance et de peur mêlées. Le tissu n'était pas encore sur ses yeux qu'une larme avait perlé sur sa joue. Un sanglot lui échappa alors que l'ombre envahissait son regard. Une ombre qu'elle ne pouvait pas contrôler. Lorsqu'on la toucha pour la conduire, son premier réflexe fut de retirer son bras de la main de l'inconnu. Ce dernier réitéra son geste et elle fit de même mais, cette fois, il eut le temps de fermer sa prise sur elle. Elle se débattit sans vraiment le vouloir, réponse instinctive à une situation absolument pas maîtrisée... Elle plaça devant elle ses mains comme si elle cherchait à protéger le haut de son corps, non pas d'une collision mais d'un coup.
Ni son agitation ni ses larmes ne firent arrêter le petit groupe qui avança pendant ce qui sembla être une éternité à la petite elfe. Cela aurait pu durer quelques minutes comme quelques heures, elle n'aurait pas vu la différence. On s'arrêta. On parla, toujours dans cette langue qu'elle ne comprenait pas. On lui prit la main mais celle-ci se déroba aussitôt. Finalement, elle se "laissa" mener encore quelques pas avant de sentir le bandeau se desserrer enfin. Mac recula d'un pas pour s'éloigner de Sylv'dren puis regarda autour d'elle. Elle repéra bien vite Neraën et s'assit par terre à côté de lui tout en continuant d'observer les alentours tel un animal sauvage en proie à la peur. Malgré ses derniers sanglots, les larmes sur ses joues avaient séchées, les rayant de sel. Elle ne répondit rien aux dernières paroles incompréhensibles du Noss. Et même si elle avait su maîtriser cette langue, c'était à peine si elle l'avait entendu.
Macabre resta là. Des femmes vinrent. Elles allumèrent de l'encens et chantèrent ce que la petite elfe pensa être des prières. Elle s'écarta pour leur laisser la place autour du Protecteur et, surtout, conserver une distance entre elle et tous ces étrangers. Isolée dans un recoin où on ne pourrait l'atteindre sans la surprendre, serrant ses jambes pliées contre elle, son attention se porta bien vite sur Neraën pour ne plus le quitter des yeux. Elle veillait sur lui et attendait son réveil. Désespérément...
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