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| [Où le coeur et l'esprit peuvent mener] Ceux qui se disent nos frères | |
| | Auteur | Message |
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Mélnaica
Elfe
Nombre de messages : 68 Âge : 27 Date d'inscription : 13/12/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 207 ans Taille : 1m78 Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener] Ceux qui se disent nos frères Lun 6 Fév 2017 - 14:54 | |
| en continuité avec : Un phoenix ne renaît pas sans feu
Depuis les branches, tu fais ce que tu n'avoueras jamais à personne avoir jamais fait avec autre elfe que Fëaruinë. Malgré l'anxiété accumulée au cours de ces derniers jours, malgré la somme d'émotions négatives que t'inspirent les citadins que tu as croisé durant ces derniers événements, tu prends le temps et la peine d'observer et d'apprendre. Celui des Noss s'approche des Taledhels avec une assurance que tu n'as pas, une fermeté que tu ne connaîtras pas avant de t'être entièrement dompté et une impériosité que seuls plusieurs siècles à apprendre l'équilibre entre confiance et défiance ont pu lui donner. Tu vois avec quel facilité il s'est placé dominant sur le groupe dont tu as originellement coupé la route sans oser plus les approcher que de raison. Tu aimerais, pour ne pas trop jeter discrédit sur ta propre personne, entièrement attribuer telle témérité et telle poigne à l'aise que lui offrait la présence de son clan dans son dos, mais tu sais très bien qu'il n'y a pas que cela. Il y a l'expérience, l'expérience dont tu manques. Il y a l'empathie, l'empathie dont tu n'es plus capable, toi à qui l'on a appris à attribuer tant de tares à tes cousins des cités. Il y a l'espoir, l'espoir de ce que tu n'arrives pas à te convaincre être réalisable, toi qui n'a jamais connu les temps de paix.
Quelle dignité as-tu, héraut de l'Anaëh, quand de ton autorité ou de celle d'un quelconque autre Ornedhel la tienne est la plus facilement contestable ? Et bien tu as celle que tes frères et soeurs eux au moins, daignent t'accorder. Si sévère, si irrascible que tu puisses être même avec ceux dont les valeurs sont les mêmes que les tiennes, le respect avec lequel ceux des Noss te regardent malgré ta sagesse toute naissante t'est d'un grand réconfort. La première invitation te signifia bien plus que son emetteur ne pouvait l'imaginer. La seconde quant à elle termina de porter Sylv'dren aussi haut que peut être autre elfe que ton enseignante dans ton estime... pour l'instant. Tu avais besoin de t'entretenir avec celui-à-la-mélodie-particulière au moment de son réveil, et cela tu penses que les Linwë l'avaient compris, s'ils ne l'avaient pas clairement entendu.
Ils étaient nombreux, plus nombreux que tu ne l'aurais pensé. Vous sur les Terres Ancestrales de la Quatrième Saison ne vous approchiez que rarement si près des portes des Cités. Les Ornedhels osant s'approcher à moins d'une demi-journée de marche des conglomérats de pierre, lorsqu'ils pouvaient se compter sur les doigts de plus d'une main étaient mauvais signe. Les tensions étaient forte entre ceux de terre et ceux de pierre là bas. Bien plus qu'en Eteniril en réalité. Assez forte pour que règne une paix hypocrite. Aux Sylvains blasphémateurs vous attendiez qu'ils soit infligé le jugement de la Déesse, et à vous les sauvages ils attendaient que la vie parmi les bêtes soit fatale. Les heurts étaient rares, mais ils étaient violents. Les moines de Calimentar étaient les Gardiens de leur Cité Première, et ils étaient plus féroces encore que les soldats sourds, presque aussi féroces que vous les soldats de Kÿria. Sur tes terres natales leur mention faisait monter les larmes aux yeux et grogner les gorges, comme probablement vos noms devaient le faire parmi eux. Eteniril n'est pas comme ça. Pas encore. Eteniril n'est pas Tad'Sereg ou Ardamir, mais Eteniril peut encore être sauvée. Peut-être.
Tu rends les honneurs à Sylv'dren, t'inclines comme il vient juste de t'en apprendre la convenance, avant de te laisser diriger vers celle que tu comprends être à partir de maintenant ton hôte. Rien qui ne t'empêche par la suite de le regarder s'éloigner avec un amer pincement au coeur, creusant la distance entre toi et ta source première d'interrogations et de frustrations. Heureusement de l'être affamé que tu es l'odeur de la viande séchée et l'eau fraîche sauraient faire taire tous les maux ; et cela, Linyara semble l'avoir bien compris.
- Mélnaica. tu mâches bruyamment de Pan'Mera. Je comptais au départ simplement rentrer auprès des miens en Quatrième Saison, mais la forêt en a décidé autrement. Les chants m'ont appelé à prendre un autre chemin, et c'est ce qui me mène aujourd'hui à vous.
Ton visage, au départ ayant presque retrouvé son enfantine innocence devant une nourriture que tu pouvais te permettre d'avaler venait de reprendre la sombre expression que beaucoup te pensent incapable de quitter. C'est sur un ton bien plus solennel que tu lui adresses la suite de ton message, de leur messages, celui de la forêt bavarde.
- Les frères d'entre leurs murs murmurent comme le sang des Pierres a coulé, et ceux d'en dehors clament l'innocence des Ornedhels. tu avales ta salive J'en suis sûr, les sourds sont tombés dans la folie au point de sacrifier les leurs pour gagner le droit de nous détruire. Le mensonge à empoisonné Eteniril et lorsqu'il aura pris assez de gorges, elles hurleront à la guerre. Je pense que ceux que vous guérissez ont déjà vu les premières batailles.
Tu t'autorises un sourire désabusé avant de continuer.
- À vrai dire, je ne comprends pas réellement pourquoi l'Oeuvre m'a guidé jusqu'ici. Je ne suis ni un chef de guerre, ni un fin parleur. Je ne peux ni assurer la victoire des justes, ni rendre sa conscience à une Cité de fous. Je ne vois des âmes que ce que la forêt m'en dit, je ne peux ni les voir ni les changer moi.
Une oeillade futile vers un pan de la tente, celui qui tu le sais te sépare de la direction dans laquelle a été pris Neraën. Une mise en accusation qui n'aura pas échappé à ton hôte.
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| | | Telenwë Neraën
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener] Ceux qui se disent nos frères Mar 7 Fév 2017 - 21:12 | |
| Linyara sourit en voyant avec quel engoûment Mélnaica prit la viande tendue, puis écouta les dires du druide. Sans un mot elle se pencha pour prendre un bol, le remplit d'eau et plongea sa main dans un tas de poussière rouge, à l'apparence douce. Après avoir détaillé du regard ce produit venant de la nature elle se tourna vers le dénommé Mélnaica et ne manqua pas de remarquer le regard accusateur qu'il dirigea vers là où devait se trouver le citadin.
"Personne ne sait quelle est la volonté de la Mère ni ce qui nous amène à faire certains choix. Pas même nous, ni ceux qui savent si bien écouter. Nous entendons, ressentons... mais Kÿria seule sait placer sur nos chemins ce que notre instinct prendra pour sien et provoquera les réactions qu'elle désire.
Ceux qui se sont depuis longtemps enfermés dans des murs de pierre sont bien frappés de folie, une qu'eux-mêmes ne peuvent imaginer. Ils ont eux-mêmes tué les leurs et reprochent aux nôtres de ne pas avoir respecté la trêve conclue entre leur chef et les Dhriwian'Du. Folie qui ne pouvait qu'être, depuis qu'ils ont oublié qui ils étaient."
Elle approcha sa main de son nez, paume ouverte tournée vers le ciel, et renifla avec un bonheur apparent la poussière rouge. Son visage reprit de son sérieux et alors qu'elle faisait lentement tomber la poussière dans l'eau, elle continua.
"Les autres noss croient qu'il est aux loups qui savent de régler eux-mêmes ce conflit. Sylv'dren ainsi que nos guides pensent qu'ils devront avoir besoin d'aide pour empêcher que la folie ne se propage. Peut-être est-ce pour cela que l'Anaëh t'a amené ici... Quoi qu'il en soit, bien qu'ils soient fous et qu'ils sont devenus un danger pour les nôtres, il semblerait qu'Elle l'ait deviné. Celui que tu jalouses a été changé il y a de cela plusieurs siècles et suit l'enseignement de Maghden. Les loups sont perdus sans alpha, c'est bien connu... Peut-être est-il le seul à pouvoir arrêter cela avant que les Enfants ne rejoignent la rivière éternelle."
Après avoir remué du doigt le mélange rougeâtre, elle souffla sur sur l'eau, ce qui créa des vapeurs à l'odeur de sel. Puis elle fit attention aux nombreux os et autres qui ornaient ses vêtements, en choisit un, le détacha, le détailla sous tous les angles puis le trempa dans l'eau rouge.
"Qu'as-tu vu, là-bas ?"
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| | | Mélnaica
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener] Ceux qui se disent nos frères Sam 11 Fév 2017 - 12:46 | |
| Aussi attentivement que te le permettent la faim, la soif et la myriade de sons qui accompagne un repas, tu écoutes ce qu'a à te confier ton hôte, ou du moins tu l'entends. Et si tu mets tant de l'énergie que tu dois rebâtir à analyser le discours de Linyàra, c'est parce que première impression t'aura mis en tête que d'une certaine manière elle te ressemble. Délicate position pour un Druide, mais tu espérais qu'elle gomme tes doutes, qu'elle te confirme la voie que tu as déjà choisi comme étant la bonne. Tu avais besoin d'entendre une autre voix que la tienne te justifier, une autre voix qui ne soit pas celle des arbres, puisque tes frères ne te croient pas capables de les comprendre assez distinctement pour éviter de te perdre en interprétations. Vous réaliseriez tous votre erreur, toi, lorsque l'Ornedhelle t'offrirait des mots ne résonnant pas parfaitement avec ta pensée, et eux lorsque l'Anaëh leur prouverait par les actes que les messages que tu avais jusque-là portés à des oreilles sceptiques n'étaient que pure vérité.
- Au contraire, la volonté ultime de la Mère est ce qu'il y a de plus facile à comprendre. L'Anaëh est en perpétuelle recherche de l'équilibre, de l'harmonie et de la force d'autrefois. Kÿria veut rendre leur gloire à ses enfants pour que la sienne rayonne à nouveau, et elle le clame haut et fort à travers les frères chaque seconde qui passe. tu baisses la tête Ce qui nous est inconnu, c'est la manière, le cheminement, et la place que chacun occupe dans son plan. Notre Mère peut nous guider tant qu'elle veut, mais tant que nous posséderons le Souffle, alors nous devrons faire des écarts, parce que l'une des pièces se sera écarté des Voies, et qu'aucun ne pourra avancer tant que cette pièce n'aura pas repris sa place.
La férocité des enfants du Linoïn, l'avidité des enfants d'Elënwë, l'horreur de la guerre contre les sombres... chaque fois la forêt avait guidé les Sylvains, certains vers un futur où leurs questions trouvaient résolution une à une, d'autres, en réponse aux questions des premiers, vers une mort atroce. Rien qui ne touche les enfants de la Forêt Chantante n'est un total hasard, tout est touché par la Mère, chaque destinée d'être pensant est un duel entre elle et Elenwë. Vous qui avez choisi de donner victoire à votre Mère plutôt qu'à la folle, vous vous dressez à vos places sur l'échiquier verdoyant, avec le Roi ennemi en vue, mais sans savoir quel serait exactement votre prochain coup. Toi en particulier, toi à qui la forêt semble vouloir jouer comme un cavalier alors que tu ne te sens pas plus qu'un pion.
Au sein du camp adverse ils se partagent et se tue, mais en réaction votre face de la bataille se morcèle elle aussi. Un même but, une vision différente du chemin. Certains veulent voir tomber le châtiment que méritent les fratricides, d'autres veulent soigner la folie pour qu'elle ne gagne plus aucune autre âme. On pourrait les penser plus fous encore que les fous ceux-là, mais tu comprends aujourd'hui sur quoi, sur qui ils se reposent. Ils attendent que le citadin se réveille. Le citadin que tu jalouses. Alors étais-ce si facile à déceler ? Ton masque de mépris et d'impassibilité s'était-il à ce point affaibli ? Linyàra est-elle elle aussi capable de plonger dans les pensées ? Tes doigts s'enfoncent dans la terre à ces mots, raclant dangereusement la glaise pour faire passer l'énervement. Tu refuses la jalousie être l'explication du dégoût que tu entretiens pour ce pathétique être blond. Tu refuses être jaloux d'une âme gâchant complètement la bénédiction qu'a généreusement versé la Mère sur elle.
- Je... continuer ta phrase ne ferait qu'encore plus te confondre non, ce n'est pas important.
Tu respires profondément maintenant que ton ventre est plein, cherchant péniblement à trouver un instant de détente dans la rocambolesque situation qui se tisse autour de vous. Les vapeurs d'iode t'aident, si faire se peut, et tu te surprends à te relâcher alors que ta soeur parachève sa préparation ; mais elle ne semble pas vouloir te laisser en profiter elle, puisqu'à peine un semblant de répit trouvé, elle te renvoie à de sombres mémoires, celles d'une pièce sans lumière ni chant et de longues journées sans pitance ni sommeil.
- Il n'y a rien à voir chez les Eteniriliens pour l'oeil non averti. J'ai essayé d'observer ce que la Mère m'avait décrit, mais je ne suis arrivé que pour voir des elfes fuir devant les leurs et pour me faire capturer par leurs agresseurs. tu te recroquevilles sur toi-même, prenant tes jambes dans tes bras Je me souviens d'un immonde golem de chair se faisant appeler elfe le forgeron et du dongeon dans lequel ils m'ont tenu captif, ni plus ni moins. Si ce n'est qu'Eteniril n'est plus qu'un abominable amas de tensions.
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| | | Telenwë Neraën
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener] Ceux qui se disent nos frères Lun 13 Fév 2017 - 8:55 | |
| La volonté ultime de la Mère... oui, en effet. Mais en ayant certainement mal compris là où elle voulait en venir, il lui montra être d'accord avec elle : personne ne sait ce que la Créatrice a choisi pour chacun d'entre eux par rapport à son plan d'ensemble. Alors elle ne répondit d'aucune manière, se contentant de tremper dans l'eau rouge des objets bien particuliers, prêtant à attention à la façon de faire, à l'ordre, et murmurant de temps à autres quelques mots.
"Il n'y a rien à voir chez les Eteniriliens pour l'oeil non averti. J'ai essayé d'observer ce que la Mère m'avait décrit, mais je ne suis arrivé que pour voir des elfes fuir devant les leurs et pour me faire capturer par leurs agresseurs. Je me souviens d'un immonde golem de chair se faisant appeler elfe et du dongeon dans lequel ils m'ont tenu captif, ni plus ni moins. Si ce n'est qu'Eteniril n'est plus qu'un abominable amas de tensions."
Que pouvait-elle répondre à cela ? Rien. Rien qui n'en valait la peine, rien qui ne relèverait d'autre chose que de l'hypocrisie et d'incompréhension. Linyara était curieuse mais savait s'arrêter, surtout lorsqu'il s'agissait d'un druide. Elle termina rapidement de tremper une côte de renard, la remit à sa place puis jeta un oeil sur celui qui avait arrêté de parler. Elle pencha la tête de côté en remarquant qu'il s'était recroquevillé sur lui-même, montrant ainsi le malaise que la question de la noss avait engendré en lui. Elle abandonna donc un instant son rituel et vint se placer juste devant le druide, accroupie pour rester à sa hauteur, son visage très près du sien. Doucement elle posa ses index au milieu du front de Mélnaica, puis les fit glisser symétriquement le long de son visage en passant par les tempes, le début des oreilles, le cou, les épaules...
"Ne repense pas à cela si les souvenirs que tu en as ne sont que souffrance. Détends-toi, la tension qui enserre tes muscles ne te sera auncunement bénéfique. Il se passera plusieurs heures avant que le conseil des sages n'ait lieu, tu as donc tout le temps que tu souhaites devant toi. Peut-être pourrais-je faire quelque chose en ce sens ?"
Un fin sourire orna le visage de Linyara. Sylv'dren lui avait demandé d'être l'hôte de ce druide, aussi ferait ce qu'il faut pour que l'elfe soit prêt pour plus tard... ce qui ne la dérangeait ni ne lui déplaisait.
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| | | Mélnaica
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener] Ceux qui se disent nos frères Ven 17 Fév 2017 - 11:52 | |
| Eteniril n'était plus qu'un amas de tensions, tout comme tu l'étais toi-même. Dangereux perfectionnisme et dévotion sans bornes ont vite fait de te plonger dans une permanente sensation d'anxiété. Ce désir d'appartenir à la forêt plus qu'aux elfes, ce désir de répondre avec la plus grande possible précision aux demandes de l'Anaëh, cette envie de t'engager dans des actes plus grands que toi, d'accomplir des choses hors de ta portée, d'ouvrir les yeux d'aveugles et de rendre la couleur à leurs iris. Ces innombrables échecs, tant vis-à-vis des autres que de toi-même, ils t'ont plongé dans une permanente sensation de glaciale anxiété. Pour renouer avec les tiens Mélnaica, il faut d'abord que tu te dénoues toi-même, que tu te relâches, et que tu laisses au moins l'un de tes fils au vent, là où les autres pourraient s'y broder.
Tu as besoin de repos, ne serait-ce que pour quelques heures. Tout héraut de l'Anaëh que tu es, il te faut ton temps de méditation. Il te faut penser à toi en tant que personne, à toi sous tes deux faces, à toi et à lui, puisque vous étiez destinés à devenir un même être. Tu as besoin du sujet sans le contexte, de t'arracher à la douce emprise de ton foyer, pour être capable au réveil d'en revoir toute la beauté. Tu as besoin de te détendre, et cela, tu n'as pas eu besoin de le verbaliser.
Dès lors que les tentaculaires extensions de tes angoisses se sont emparées de ses doigts, Linyara comprit qu'il n'y avait pas de mots qui puisse retranscrire ce dont tu avais besoin ni de phrase nécessaire pour la guider sur le bon chemin. Avec une chirurgicale précision, l'Ornedhelle s'est appliquée à défaire ces noeuds, un à un. Elle prenait son temps, tirant doucement sur les lacets plutôt que de les séparer par la force. Au départ tu voulus l'arrêter, la repousser, lui faire comprendre que ce n'était pas là son rôle ni en tant que soeur ni en tant qu'hôte, que ce n'allait pas de ton éthique que d'ainsi te livrer aux mains d'une elfe dont tu ne connaissais que le peu que la Sylve avait bien voulu te dire à l'instant de ton arrivée. Mais aucun de ces mensonges ne sut traverser tes lèvres. Tu fus obligé d'apprécier en silence chacun de ses gestes. Tu te pris à te séparer de ton armure d'écailles de Vouivre, derme de ta moitié et conducteur de ta magie, pour livrer à l'elfe de Linwë l'épaule qui la portait. L'épaule à la tête de dragon, celle qui porte la plus importante des marques de la vérité de ton état de Druide, et par la même occasion la plus lourde des charges. Un langoureux gémissement t'échappa lorsque les doigts de la masseuse s'y enfoncèrent, une bienfaitrice douleur te pris quand fut attaquée la plus dense des ligatures et c'est avec un souffle aussi sonore que libérateur que tu accueillis finalement ses paumes contre tes dorsaux.
Les yeux fermés, tu souris d'un sourire sincère. Tu souris comme un imbécile heureux, d'un rictus que tes deux siècles n'ont que trop rarement vu s'afficher sur ton visage. Ton corps n'est plus le même, ton corps est libéré. À vrai dire, tu as la conviction que ton corps n'est simplement plus, toi qui depuis si longtemps définis ton être physique aux maladroites attaches qui le maintenaient un.
Les yeux fermés, tu dors d'un sommeil lourd, qui dans les quelques heures qu'il durera, sera certainement à lui seul plus réparateur que plusieurs saisons de nuitées.
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| | | Telenwë Neraën
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener] Ceux qui se disent nos frères Jeu 2 Mar 2017 - 13:24 | |
| Les mains habiles de l'elfe dansèrent sur le corps bazané du druide, caressant tantôt, appuyant doucement mais fermement d'autres fois. Il n'avait pas suffit d'un mot pour que ces petites mains, fines mais portant les marques de la vie des êtres sylvestres, ne se mettent en marche. Il n'avait pas fallu une seule hésitation pour que les lèvres de la femme se mettent à se mouvoir, laissant échapper un chant que Mélnaica aurait été bien en peine de pouvoir comprendre... du moins consciemment. Que ce soit bercé par les sons ou détendu par le massage, les yeux de celui qui pouvait prendre la forme d'une wyverne se fermèrent et le sommeil l'accueillit dans ses doux bras protecteurs.
La fille de la noss Linwë se leva alors, continuant à voix basse son chant, accompagnant dans le doute son hôte. Elle prit quelques objets pour la plupart gravés, sur ses vêtements, et les trempa avec tact dans l'eau rouge. Puis elle les remis précautionneusement à leur place. Enfin, son chant se modifia, prenant un air qui rappelait le mysticisme que certains elfes reliaient à l'Oeuvre de la Mère. D'une main elle tenait le bol, de l'autre elle plongea une partie d'elle dans cette eau odorante puis apposa sa main mouillée sur le protège-bras fait du cuir de la wyverne. Son chant se termina alors, laissant le druide en paix. Linyara fixa un long moment Mélnaica du regard, immobile, puis sourit. Alors elle sortit de la tente et s'en alla rejoindre l'un des siens, le bol toujours en main.
"Tu as pris le temps de te préparer pour le rituel ? - Oui... si tant est qu'on le fasse. - Il y a des chances. Tu sais très bien que nos guides sont persuadés que si les noss restent totalement en retrait ce soir la guerre éclatera comme jamais. Ils sont la voix de notre clan et les porteurs de toute sa sagesse ; ils sont de ceux qui sont les plus écoutés au Conseil des Sages et déjà ils avaient réussi à raisonner d'autres noss. Maintenant que le "protecteur" d'Eten'ril est arrivé, peut-être que sa présence apportera du bon. - C'est sur la forêt que nous devrions nous reposer, pas sur un simple elfe des murs de pierre... même si Elle l'a changé. - Aurais-tu oublié une partie des chansons du passé, ma fille ? Aurais-tu oublié quelle importance peut avoir chacun des Fils de la Mère, quel bouleversement peut apporter chaque choix que nous faisons ? - Non, père. Bien sûr que non. Ceux qui oublient les chants du passé finissent par oublier qui ils sont, comme c'est le cas d'Eten'ril. Si ceux de mon âge commençaient à oublier, nous ne pourrions plus nous dire de Linwë... et qui, dans ce cas, serait capable de rappeler l'Histoire ?"
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