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| [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] De pierre et de terre {Terminé} | |
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Telenwë Neraën
Elfe
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 816 ans Taille : 2m05 Niveau Magique : Apprenti.
| Sujet: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] De pierre et de terre {Terminé} Mer 22 Mar 2017 - 15:52 | |
| Rp précédent : Un phénix ne renait pas sans feu
Nuit d'Elenwënas à Oglicos de la deuxième ennéade de Bàrkios, neuvième année du onzième Cycle. Forêt d'Anaëh, protectorat d'Eteniril.
Neraën s'ouvrit très rapidement sa magie, constatant ainsi que les chefs noss étaient partis et que personne ne se trouvait dans les environs. Il ne savait pas comment Mélnaica voulait procéder pour aller jusqu'au temple, et vu son caractère des plus trempés, il ne s'était pas formalisé à poser la question. Sa cape de voyage tenant sur ses épaules et la capuche rabattue sur sa tête, il n'avait qu'alors montré le même air déterminé qu'il affichait depuis le conseil des sages. Mais là, avant de partir pour le temple, avant d'arriver à un point où discuter serait des plus dangereux. Il prit donc la parole, à voix basse mais suffisamment fort pour que l'autre elfe l'entende, d'une voix très calme.
"Si cela ne te dérange pas, je te demanderai de veiller sur quelqu'un pendant voire après le rituel. Il entendait déjà l'autre rouspéter. Il s'agit d'une Eäla, une dryade. Elle s'appelle Narïfferãnth, si je n'écorche pas trop son nom. Il attendit que Mélnaica porte son attention à ses mots, qui n'étaient pas rien aux yeux du protecteur. Tu te demandes pourquoi la Mère a placé en moi un grand pouvoir, une force liée à sa création... tu as désormais la réponse. Lors de la bataille du lac Uraal il y a de cela trois cents ans, l'un de tes frères, que je connaissais très bien, décida de vouer ses dernières forces à me protéger. Il appela la nature et la dryade répondit, me protégeant d'une explosion magique qui aurait dû me faire plonger dans les rivères de Tari. Mais elle s'est retrouvée bloquée en moi et ce sans que je ne comprenne ce qui se tramait. C'est ainsi qu'elle m'a ouvert à la magie ainsi qu'à la Symphonie. Et c'est elle que vous ressentez en moi."
N'attendant aucune réponse de la part du druide, Neraën se contenta de le regarder de ses yeux aussi profonds que la mer. Il pouvait tout autant comprendre la surprise que pourrait avoir Mélnaica tout comme le refus d'une telle idée. Lui, un simple elfe, un citadin qui plus est, n'aurait-il pas dû mourir ? N'aurait-il pas dû être détruit par la puissance de l'Eäla ? Si. Et pourtant il se tenait là, toujours vivant malgré l'Eäla et les guerres.
"Les mages ainsi que le dirigeant d'Alëandir ne m'ont bien évidemment pas cru. Je comprendrais qu'il en soit de même pour toi ; mais tu es un druide et si je comprends bien, ce que nous ferons tout à l'heure risquerait de la tuer ou de trop l'affaiblir, déjà qu'elle doit encore l'être. Il a fallu que je me trouve au sein du Premier Sanctuaire de la Mère pour que j'apprenne la vérité sur moi-même et que je sache qu'en fait je la retenai prisonnière depuis trois siècles. Vérifie mes dires avant que nous partions si tu le souhaites... mais sache juste que je préférais te prévenir de ce qu'il en était, éviter que cette histoire ne se termine mal pour elle si cela est possible."
Dernière édition par Neraën Yeldoreï le Ven 5 Mai 2017 - 7:25, édité 1 fois |
| | | Mélnaica
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] De pierre et de terre {Terminé} Jeu 23 Mar 2017 - 14:39 | |
| Tes jambes tremblaient d'impatience, tu étais prêt à partir au pas de course, mais le citadin lui ne l'entendait pas de cette oreille. On raconte que les elfes des Cités sont lents à faire des choix, lents à s'adapter et lents à se reconstruire ; tu constates sans réelle déception qu'ils sont simplement lents. Lent à proprement enfiler une cape, lent à changer de direction, lent dans sa démarche et lent dans quelle que soit la chose qu'il ait décidé d'entreprendre avant de sonner l'heure du départ. Tu n'en pouvais plus, il n'était pas même encore à tes côtés que tu ne le supportais plus. Tu aurais aimé pouvoir lui prendre sa magie et le tuer. Voilà qui aurait été plus efficace. Tu trépignes, agacé rien qu'à la vue de l'encapuchonné qui s'approche, énervé par la perspective de l'échec de ton rituel, mais toujours résolu à l'accomplir, tu te prépares à lancer le pas vers la Cité des Traîtres, te prépares seulement, parce que le Taledhel dans sa grande lenteur avait l'audace de te retenir pour te parler. Te parler de quoi ? Probablement de quelque chose d'inutiles ou que tu savais déjà ; ou alors pour te faire part d'une énième mise en garde devant la dangerosité de ton entreprise. Pourquoi est-ce que tu l'écoutes, tu ne le sais même pas, mais puisque bientôt tu entendras tout, alors autant que tu saches à quoi t'attendre.
- N...
Tu refuses du tac au tac, ou du moins tu essaies, parce que le Citadin enfin se départit de sa lenteur parce que lorsqu'il s'agit de faire taire le jeune Druide il sait le faire pour terminer de remettre en place la situation. Tes yeux s'écarquillent et ta gorge se serre. Horrifié ? Indigné ? Enragé ? Tu ne sais pas trop ce que tu es en ce moment. Tu sais juste que c'est à la fois exactement ce que tu imaginais et trop pour être vrai. Pris dans un feu d'amotions conflictuelles tu hurles gueule béante des cris sourds, le poing s'abattant à plusieurs reprises sur la tempe de Neraën, puis sur son visage, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'une bouillie de cartilage aussi difforme que la mentalité de son peuple. Tu contemples Neraën au sol avec une mitigée satisfaction, parce que tu aurais aimé que cette vision puisse ne pas se limiter à ton monde de miroirs. Tu es resté stoïque tout du long en réalité. Pas le moindre soubresaut n'est venu agiter tes sourcils. L'émotion a bouilli en toi comme elle ne l'a que rarement fait, mais ce n'est qu'une impassible sérénité que tu as offerte à celui qui se pense ton frère.
- Je sais.
Ou du moins c'était l'une de tes hypothèses, la plus farfelue à cela. Tu sais ce que représentent les Ëalas pour le peuple Sylvain, tu sais à quel point cet imbécile veut se faire bien voir des Noss, et cela passait par toi. Il ne gagnerait rien à te mentir, et ses mots de toute façon empestaient de sincérité. L'agitation insufflée par la peur de n'être encore une fois pas cru, le dégoût envers les mages lui ayant imposé les supplices de leur enseignement archaïque et le malaise d'avoir aussi longtemps vécu dans un mensonge par omission. Tout cela était palpable chez Neraën, et lorsque l'on connaît la réputation de ceux des Pierres en ce qui concerne le culte de la bonne figure, sa détresse en disait long.
- Les thaumaturges des Cités tentent d'enseigner alors qu'ils ne comprennent rien et s'il te reste encore des questions, l'Anaëh elle-même y répondra quand nous plongerons dans ses bras. Je te crois, je n'ai pas besoin de preuves.
Et surtout, tu préfères l'infime risque de le voir mentir plutpot que de le laisser te montrer maintenant. Pour qu'il te montre, il vous fallait vous ouvrir l'un à l'autre, et tu n'avais aucune envie de t'ouvrir, surtout pas à lui, pas maintenant. Tu serais déjà assez vulnérable devant sa psyché durant le rituel. Il verrait déjà assez de toi à ce moment-là, et nul doute qu'il te poserait une avalanche de questions dès qu'il en aurait l'occasion. Il était déjà assez lent silencieux, tu n'avais pas besoin que le chemin jusqu'à la Cité se fasse dans des discussions auxquelles tu te trouverais obligé de répondre.
- Je te mets en garde par contre, la sécurité de Narïfferãnth n'est pas de mon ressort, du moins pas en premier lieu. Tu es la personne avec laquelle elle est liée, je ne ferai que servir de pont. Vous partagez vos forces, alors si tu la sens défaillir, tu n'as qu'à lui offrir plus. Tu lèves les yeux vers l'intérieur de la capuche, esquisse un début de sourire Et qui sait, si tu es moins incompétant que tu n'en a l'air, tu pourrais même réussir à la libérer Ton regard s'assombrit à nouveau à moins que ce ne soit pas ce que tu cherches à faire.
Tu en as assez de parler. Il faut agir maintenant, car vous avez peu de temps. La nuit se referme, et le chemin jusqu'aux portes d'Eteniril est plus long qu'il n'y paraît. Tant pis pour le Seigneur des fous s'il n'aimait pas les turbulences, tu le transporterais comme tu l'as fait avec les autres. Tu tombes au sol, enfonce tes doigts dans la terre, et tu implores au Wyvern son aide. Tu implores de ton âme jumelle sa clémence, mais le reptile impatient n'a que faire de tes supplications. Il se dévoile encore douloureusement, une écaille après l'autre, rongeant à travers ta peau, brisant tes os et te tirant les articulations. Au moins jusque-là a-t-il répondu à tes appels. Le Wyvern est autant que toi un élu de la Mère, et avec autant de ferveur que toi il s'attèle à la tâche. La douleur n'est là que pour te rappeler que d'entre vous il est le plus fort, mais aujourd'hui que tes yeux peuvent s'ouvrir, il te laisse voir à travers les siens, et user de magie à travers son corps.
La bête volante se saisit de Neraën avec toute la délicatesse dont elle est capable, ce qui vaudrait tout de même certainement de nombreux bleus à l'elfe, et s'élance vers le ciel. La ville attend patiemment le dragon-faussaire qui lui a échappé une fois. Mais la ville sait très bien qu'elle ne le verra plus. Non pas qu'il ne soit pas là, mais parce qu'elle n'a pas le pouvoir de le révéler. Les miroirs reflètent tous les ténèbres du ciel, les prismes se retournent à l'arrivée de l'elfe et du reptile. Vous êtes invisibles, et bien mieux dissimulés que si la tâche de vous camoufler avait été confiée à la petite elfe louche pour laquelle ton passager s'était pris d'amitié.
C'est en fin d'un fracassant piqué que vous passiez finalement la porte du temple de Kÿria, soulevant la poussière autour de votre imperceptible forme, et brisant à la fois ton apparence draconique et ton sortilège. Quiconque arpenterait le temple de Kÿria devrait faire avec deux nouveaux invités. Mais quiconque tenterait de vous interdire le contact de l'Arbre-Maître, tu n'aurais aucun remors à le lui faire regretter. Le temple de la Mère est un lieu de paix, et à tes yeux, ici seul toi oeuvre pour la véritable paix.
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| | | Telenwë Neraën
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] De pierre et de terre {Terminé} Jeu 23 Mar 2017 - 18:09 | |
| Contrairement à ce qu'il montrait, Mélnaica ressentait beaucoup d'émotions face aux révélations de Neraën, ce qui ne surprit pas ce dernier. Mais déjà qu'il pouvait ressentir tout cela en s'étant ouvert à la magie, il ne désira aucunement pousser l'indélicatesse à vouloir connaître le détail de ces émotions. Il n'avait pas à le faire et de toute façon ne le désirait pas. Le druide lui disait qu'il le croyait, c'était le principal. Neraën nota sa mise en garde, sans relever le manque de confiance flagrant dans ses mots. Le regard comme tout le reste du visage inexpressif, comme à son habitude post-Uraal, il s'était juste contenté d'acquiescer pour signifier qu'il avait compris.
Alors le druide se transforma dans la douleur en wyvern, le protecteur se coupa à la magie. Il s'écarta juste pour laisser tout l'espace dont la créature avait besoin puis se laissa prendre dans ses immenses pattes, un peu bousculé au passage et serré avec force. Cela lui causerait certainement des bleus, mais qu'est-ce que ce pouvait être comparé à la vue envoûtante de la Prime Oeuvre ainsi que de la cité vue de haut ? Que cela pouvait être comparé la morsure froide et humide mais bienfaitrice du vent sur la peau ? Rien. Absolument rien.
La plongée vers le temple fut sèche et rapide, et Neraën dut retenir sa respiration pour ne pas crier. Arrivés au sol, il vascilla tout en mettant sa main devant sa bouche lorsque l'emprise du wyvern fut relâchée. Hé ben... si on lui demandait de recommencer un tel exercice, il demandrait avant d'avoir un entraînement ! En attendant, déjà le druide se relevait... et la tête d'éternel dépité qu'il faisait était le meilleur signe pour lui qu'il allait falloir que son coeur se remette de ses émotions au plus vite. Il se força à inspirer profondément puis expirer, plusieurs fois, avant d'entrer réellement dans le temple.
A l'intérieur, tout était sombre. Les plantes épousaient toujours aussi bien le bâtiment de pierre, l'Arbre Maître en était toujours un pilier... mais toute la chaleur qu'il connaissait à ce lieu, toute cette joie habituelle était absente. Une tristesse qui alerta Neraën, raison pour laquelle il se rouvrit à la magie et à la Symphonie. Bien triste était la chanson qui émanait de la nature... tristesse qui se lut un instant dans les yeux de celui qui essayait de l'écouter.
Neraën s'avança dans la grande salle, apparemment vide. Il s'arrêta au bout d'une dizaine de pas en s'apercevant que quelqu'un les observait, dans l'ombre. Ses yeux se braquèrent sur cette personne, qui en fait s'avéra être un loup... un loup fait de plantes. Se sachant découvert l'animal se leva et vint à eux, flairant les deux individus. Arrivé à Neraën il se frotta juste contre sa jambe, avant de courir comme un dératé jusqu'au druide qu'il couvrit de léchouilles.
"Matha est un gardien de ce temple depuis le Voile, et n'a jamais accepté de gardes. Il a visiblement compris que tu es un druide. Matha ? Il s'agenouilla tout en appelant le loup à trois yeux. Va me chercher l'Arbitre, nous risquons d'avoir besoin de lui... s'il-te-plaît.
Neraën insista en voyant que Matha avait plutôt envie de rester auprès de Mélnaica, puis l'être végétal finit par accepter la demande du protecteur. Ce dernier se releva et s'avança vers le grand chêne.
"Je suppose que tu n'as pas envie d'avoir un vieillard auprès de toi lors du rituel, mais il s'occupe du temple et en plus est mage de la vie. C'est lui qui invoque le loup. Il se pourrait qu'il puisse nous aider, en fonction de ce que tu souhaites réellement entreprendre. Sinon, au moins comme ça cela fera une personne de confiance au courant."
A peine furent-ils arrivés au niveau du chêne qu'une voix se fit entendre, une voix chaleureuse et douce. C'était un très vieil elfe habillé d'une simple robe verte délavée et portant un écureuil sur son épaule droite. Il resta un instant interdit face à ses deux visiteurs puis laissa un immense sourire orner son visage.
"Je n'avais pas mal entendu... mais je n'imaginais pas que vous viendriez ici. Que me vaut un si grand honneur pour qu'un druide entre dans la cité et vienne en cet humble temple ?"
La sincérité se lisait sur le visage comme dans la voix de l'Arbitre qui, malheureusement pour lui, n'avait que trop peu de fois eu la chance de parler à un héraut de la Mère lors de sa longue vie. Neraën préféra laisser Mélnaica répondre à sa question, priant pour qu'il ne se comporte pas avec mépris face à celui qui devait être le plus sage des prêtres de Kÿria d'Eteniril.
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| | | Mélnaica
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] De pierre et de terre {Terminé} Jeu 23 Mar 2017 - 19:58 | |
| L'histoire d'une traîtrise. Le conte de vies perdues à la recherche de ce qu'elles considéraient être un mieux. Les histoires d'incompris contées par la plus grande des Méconnues. Des histoires d'espoirs et de déceptions, des histoires de réconfort et de désilusions. L'histoire d'une joie de vivre qui se meurt avec le souffle d'êtres perdus. L'histoire de murs où l'on célèbre la Vie car on a peur de la mort. Ils sont toujours là, les encouragements de l'arbre maître. Elles sont toujours là, les douces attentions qu'entretiennent les elfes du temple de Kÿria. Mais parce que c'est d'un état de peine que naît le besoin d'exhortation, elle a toujours existé la mélancolie de ce lieu. Tu le sens, tu le sais à l'écouter chanter, s'il est triste aujourd'hui le temple c'est parce que l'encouragement d'aujourd'hui se doit d'être plus dur s'il veut que la leçon soit apprise. Certainement Neraën ne le ressent-il pas ainsi, certainement n'est-il pas assez à l'écoute de la Dryade pour entendre jusque-là, mais toi, des sensations te faisant vibrer l'échine tu dégages presque des mots, des images, des odeurs... des souvenirs. Des sensations te faisant vibrer l'échine tu dégages une volonté de te battre un peu plus, parce qu'il y a dans ce que tu peux ressentir une beauté à laquelle trop peu ont accès, quand elle devrait leur être vitale.
Cette beauté, le loup au trinocle en est le gardien. Il veille, mu par la magie des habitants de ce lieu, à la pureté des âmes qui en foulent le sol. Pourtant la souillure est entrée. A-t-il failli à sa mission, ou n'a-t-il simplement pas été écouté ? Dans le second des cas il ne serait pas le premier. Tu consoles le végétal d'une doucereuse caresse lorsqu'il vient chercher auprès de toi le soutien qu'il mérite. Tu entends de Matha le mélange de joie et d'anxiété devant la venue du Druide que tu es, et silencieusement tu t'excuses de ce que tu pourrais malheureusement râter. Le loup ne t'en veut pas, le végétal te fait confiance, t'offrant rassurante compagnie dans ce monde de chimères ; et tu aurais préféré qu'il en reste ainsi plutôt que de te voir dérober le seul être mouvant auprès de qui tu te sentes en sécurité à la faveur d'un autre boulet de tête blonde.
Tu ne pris pas la peine de répondre au Protecteur autrement qu'à travers un regard lourd de rancoeur avant de t'éloigner à nouveau, te dirigeant vers le Chêne. Vous y étiez finalement. C'est ici que tout commencerait ; ou que tout finirait. C'était le lieu du renouveau, l'endroit où ta vie prenait enfin un sens. Tes doigts se tendent timidement vers l'écorce à la manière de ceux d'un enfant hésitant à se laisser aller à l'étreinte d'un longtemps perdu parent. Tu vois un porte que tu ne sais plus vraiment si tu veux ouvrir ; tu repenses aux nombreux avertissements qui ont pavé ta route et tu entends autour de toi l'ode taciturne de la flore murale. L'Anaëh n'est pas égoïste au point de te réclamer ta vie. L'Anaëh sait les dangers que tu cours pour elle. L'Anaëh ne t'a pas donné naissance pour que tu meures futilement. L'Anaëh elle aussi te fait la leçon. Comme elle l'a fait depuis le début. Voilà pourquoi tu ne supportais plus la réprimande, voilà pourquoi tu ne supportais plus les avertissements, voilà pourquoi tu ne supportais plus la peur dans les yeux de tes pairs. Tu étais le premier à les ressentir, en permanence, partout où tu posais le pied. La Mère à laquelle tu es à chaque instant ouvert à chaque instant se languit de ce que tu pourrais la quitter à la faveur de sa soeur. Chaque seconde de ta vie est déjà une mise en garde, alors aussi grande soit-elle, sa sagesse, l'arbitre pouvait se la garder.
- Fermez-la un p...
Ton crâne est pris d'une douleur fulgurante, tes yeux s'écarquillent et tes mains trouvent le sol pour t'empêcher de tomber. Tu trouves appui de fortune sur tes tibias alors que tes pensées s'embrouillent. Tu essaies de parler, et si tu réussissais, ce ne seraient pas de belles choses qui te traverseraient les lèvres, mais ça Neraën est le seul à précisément le savoir, car c'est lui l'obstacle entre ta réflexion et l'exécution. Il a de la chance que tu aies besoin de lui, parce que si tu ne l'appréciais déjà pas au départ, maintenant tu le hais, du plus profond de tes tripes. Qui était-il pour ainsi s'octroyer le droit de prendre possession de ton esprit ? Qui était-il pour décider de ce que tu as le droit ou pas de faire ou de dire ? Qui était-il pour décider de ce qui est bien ou mal sinon une factice figure d'autorité élevée par des fous à la recherche d'une excuse pour leur maladie mentale ?
Tu renifles, les larmes coulent abondamment. Ton souffle est court. Est-ce que jouer dans ton esprit ne lui suffisait-il pas à comprendre à quel point tu étais terrifié ? Etait-il à ce point focalisé sur la tenue ta conduite qu'il était incapable de réaliser la solitude qui t'étranglait ? Etait-il trop dévoué à cet autoproclamé Arbitre pour comprendre que tu ne voulais de personne auprès de vous durant ce rituel ? Etais-ce un si grand mal que d'avoir un jardin secret ? Un jardin secret que lui verrait, parce que tu n'avais pas le choix.
Etais-ce si compliqué de comprendre que l'idée même de devoir autant te livrer, à un inconnu qui plus est, ait pu te fatiguer de leur éternel jeu de question-réponse ?
Tu ne peux plus parler, alors qu'il en soit ainsi, il devrait comprendre par lui-même comment te rejoindre après que tu aies plongé. Tu te retournes en désespoir de cause, ferme les yeux et t'abandonne à toutes les émotions jusque-là contenues en ton fort intérieur. Tu te laisses vibrer à l'unisson avec la Symphonie, cherchant confort dans les chants s'élevant dans la salle alors que tu tombes dans l'inconscience.
Ta poitrine est toujours mue par l'air ; ton coeur bat toujours la chamade, mais tu es ailleurs, sans pour autant t'être déplacé. Tu es à la fois toi, l'Arbre-Maître et Matha. Tu vois tout et rien à la fois. Là où tu es, tu es, purement et simplement.
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| | | Telenwë Neraën
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] De pierre et de terre {Terminé} Jeu 23 Mar 2017 - 22:02 | |
| Il s'en était douté. Sans même franchement tourner la tête vers lui, juste le regard, il avait porté sa magie à l'esprit du druide pour le bloquer dans sa phrase, embrouillant sans vraiment le vouloir ses pensées. Cela ne dura un instant, juste assez pour que Neraën pense à sa réplique sans avoir le temps de la prononcer : "Un minimum de respect pour notre guide spirituel, Mélnaica". La réaction du druide surprit Neraën lui-même, qui même en concentrant son esprit ailleurs restait disproportionnée. Pourtant, il n'avait pas l'impression que la magie lui échappait... Il regarda l'arbitre qui se tenait debout, béat, et soupira. "Les jeunes druides semblent avoir perdu des valeurs telles que la politesse... voire plus. Et celui-ci en est un beau spécimen ! J'ai juste voulu l'arrêter dans sa phrase, mais là je ne comprends pas pourquoi il réagit ainsi. - Mais... - Oui j'ai usé de magie sur un druide. Mais là n'est pas le problème. Vareon, je n'ai pas le temps pour discuter. Nous allons devoir faire un rituel le druide et moi, auprès de l'Arbre Maître. Je suppose qu'il vaut mieux que personne ne soit près de nous pendant ce temps... est-ce que le temple est sûr, en ce moment-même, pour que nous ne soyons pas dérangés ?"( Musique) L'arbitre voulut parler, mais il fut immédiatement bloqué. Par quoi ? Neraën n'en savait rien, mais il ne semblait pas que l'elfe s'arrête volontairement sur sa lancée. Si cela ne se vit pas sur lui, il s'inquiéta pour le vieux prêtre... prêtre qui se rapprocha du mur le plus proche, tendit la main et commença à incanter à voix basse. La nature constituant le temple commença à se mouvoir et boucha toutes les entrées du temple. Après un signe de tête respectueux et sans attendre que le vieil elfe eut terminé son office, il enleva sa cape, la jeta sur le sol et se rapprocha du chêne. Un regard vers le druide allongé, les yeux fermés ; ce jeune con - certainement pire que lui à son âge - avait dû commencer une transe sans l'en informer et sans lui indiquer comment il pourrait le rejoindre pour le rituel. Un soupir. Une main tremblante à l'index coupé se posant sur le tronc. Des larmes qui coulèrent sur ses joues, la peur... la peur qu'après tout serait à recommencer, comme suite au lac Uraal ou à Eraïson, ou d'une autre manière comme suite aux révélations du sanctuaire de Kÿria. Une crainte profondément ancrée en lui qu'il écouta. Il se souvenait de ces fois où il ne pouvait plus se contrôler, des quelques fois où il arrivait à ressentir pleinement la Symphonie ; lorsqu'il était au plus calme, en pleine forêt, ou bien lorsque les sentiments vibraient assez fortement pour l'ouvrir au Chant. Alors il écouta cette boule d'eau salée qui était au fond de lui, plongea dedans, s'y enfonça, s'y enfonça toujours plus sans plus craindre ce qu'il trouverait au bout. Les bruits extérieurs ? Il ne les entendait plus. Les circonstances de sa présence en ces lieux ? Elles étaient des étoiles au beau milieu de la nuit. Il les suivit. Sentit son coeur battre avec force. Entouré de son élément, de ces émotions par lesquelles il vivait et sans lesquelles il ne serait plus qu'une enveloppe vide capable de penser, il ressentit. Il ressentit le contact de sa main sur l'écorce de l'arbre, ressentit quelque chose vibrer en lui, peut-être Dryade. La peur partit comme elle était arrivée, brusquement. Il ne put que s'arrêter, douter, se demander ce qu'il faisait là. Une main chaude se posa alors dans la sienne, le rassurant... lui disant qu'il n'était pas seul. Le guidant, même ; il en avait besoin et fut heureux qu'elle le fasse... qu'elle comprenne et qu'elle semble accepter qu'il puisse les mettre en danger. Le Chant. Un souvenir, un son cristallin derrière toutes ces voix qui s'accordaient harmonieusement. Viens, laisse-toi faire... ils nous attendent.De l'extérieur, Vareon avait pu voir le protecteur laisser des larmes couler sur ses joues tout en posant sa main droite sur le tronc du chêne ancestral. Il avait fermé les yeux, semblait s'être laissé regarder jusqu'au plus profond de son être, puis avait posé la tête contre l'arbre et avait commencé à murmurer. Cela dura plusieurs minutes ainsi, puis Neraën se laissa tomber sur le sol, se retrouvant assis dos contre le vieil être... et, après un soubresaut, il n'y eut plus rien. Comme endormi. Le vieux prêtre se recula malgré lui, le protecteur lui ayant recommandé de ne pas rester dans cette salle. Il fit donc signe à Matha de veiller sur eux deux et sortit dans la salle d'à côté, où plus tôt dans la journée s'était trouvée allongée la protectrice d'Ardamir.
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| | | Mélnaica
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] De pierre et de terre {Terminé} Jeu 23 Mar 2017 - 23:56 | |
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Voilà bien longtemps que tu n'étais pas revenu en cet endroit béni de la Mère. À quand remonte ton dernier plongeon au sein de ton être ? Une décennie, peut-être deux, voir un demi-siècle entier. Qui sait ? Tu te souviens seulement que la dernière fois que tu as plongé, Fëaruinë était là à tes côtés. Voilà bien longtemps que tu n'étais pas revenu en cet endroit béni de la Mère. Longtemps au point de ne plus en reconnaître l'horizon. Tu t'en souviens pourtant très bien de ton dernier voyage. Tu te souviens de la lumière, tu te souviens d'une plaine de cristal habitée d'entités rayonnantes. Tu te souviens d'à quel point leurs Voix t'avaient touché, comme elles parlaient en des mots plus distincts que ceux d'aucune Voix terrestre. Tu te souviens de leur présence, et de la manière dont elle touchait ton coeur. Oui, c'est ainsi qu'ils te parlaient, ils touchaient ton coeur et illuminaient ton âme. Tu es perdu. Il fait nuit noire. Où es-tu ? Il n'y a personne à qui le demander, mais tu le demandes tout de même. Où es-tu ? On ne te réponds pas, on te le montre. Où vas-tu ? Vers la lumière, toujours vers la lumière. Par ici, il y a de la lumière, tu crois, peut-être. Est-ce un mensonge ? Qu'est-ce qu'un mensonge ? On t'a déjà menti avant, mais tu ne sais plus qui, tu ne sais plus pourquoi et tu ne sais plus comment... Oh, de la lumière. Par ici il y a de la lumière, tu te souviens de la lumière.
Il fait nuit noire. Où es-tu ? Tu n'es pas perdu pourtant. Tu es au bon endroit. Tu le sais. Mais pourquoi ? Parce qu'il le faut. Tu n'aimes pas ce monde, ce n'est pas le tien. C'est le sien. Pourquoi est-ce toujours toi celui qui cherche ? Parce que tu es le plus fort à cache-cache. C'est vrai. Tu gagnes toujours à cache-cache. C'est facile. Il suffit d'ouvrir les yeux pour trouver, d'ouvrir grand les yeux comme ça. Voilà bien longtemps que tu n'étais pas revenu en cet endroit béni de la Mère. Tu te souviens seulement que la dernière fois que tu as plongé, Fëaruinë était là à tes côtés. Fëaruinë. Fëaruinë, était-elle ici ? Tu ne sais pas, alors tu demandes. Tu chantes son nom dans le langage des étoiles. Elle ne répond pas. Tu es venu avec elle pourtant. Elle ou quelqu'un d'autre ? En tout cas tu n'es pas venu seul. Ce n'est pas ton monde après tout. Tu joues à cache-cache. On ne joue pas à cache-cache seul. Il y a toujours quelqu'un. Il suffit d'ouvrir les yeux grands, comme ça.
Là, il y a quelqu'un. Il a suivi les étoiles. Il n'aurait pas dû. Les étoiles font de la lumière, c'est difficile de se cacher à côté. Tu as gagné, mais tu es déçu. C'était trop facile. Jouer tout seul n'est pas très drôle. Mais c'est à son tour maintenant. C'est au tour de Neraën maintenant.
La lumière. La lumière est de retour. Tu vois, tu vois avec ton coeur. Et Neraën alors, est-ce qu'il voit ? Tu ne sais pas. Il est là, à côté de toi. Il est grand Neraën, tu es sûr qu'il voit loin, plus loin que toi. Tu aimerais bien qu'il te montre. S'il te montre, tu pourras lui dire ce que c'est. Parce que toi, tu ne vois pas mais tu sais. Tu sais parce que la lumière te l'a dit. Elle te l'a dit avant que tu plonges d'ailleurs. Tu ne plongerais pas si elle ne te disait plus rien. Il est grand Neraën, tu es jaloux. Tu aimerais bien être grand comme lui un jour, mais Fëaruinë dit que tu resteras sûrement petit. Ton papa et ta maman sont petits aussi, c'est pour ça. Mais Fëaruinë t'a dit de ne pas t'en faire, même si tu es petit et que tu ne vois pas loin à l'horizon, tant que tu sais, tout va bien. Le but est de savoir, pas de voir. Mais tu aimes voir. La lumière est belle. Ils sont beaux tes frères.
- À quoi ça ressemble au loin Neraën, je veux voir. Prends-moi sur tes épaules s'il te plaît.
Tu prends sa main, tires sur ses doigts. Tu veux voir. Tu souries, pour qu'il te laisse voir. Est-ce qu'il te voit ? Est-ce qu'il te ressent ? Tu ne sais pas. Tu es le plus fort à cache-cache. Peut-être qu'il joue toujours. Peut-être qu'il ne t'a pas encore trouvé. Mais vous êtes près de la Grande Lumière. Personne ne peut se cacher près de la Grande Lumière. Elle est trop forte, parce qu'elle sait tout, et qu'elle montre tout. La Grande Lumière est plus grande que Neraën, vous verrez sûrement plus loin de tout en haut.
- Neraën, viens. Viens avec moi, on va voir.
Tu tires sur ses doigts, tu l'emmènes vers la Grande Lumière. La Grande Lumière brille jusqu'à très loin. Elle brille tellement fort qu'elle éclaire les autres lumières. Même celles qui sont loin, très loin en Eteniril. La Grande Lumière demande aux autres de toucher vos coeurs, pour vous emmener partout où vous devez aller. Et tu ris, tu ris aux éclats, parce que tu aimes la lumière. Tu ris aux éclats, parce que la lumière est bienveillante. Mais s'il y a de la lumière, c'est parce qu'elle illumine l'ombre. Il y a des ombres aussi, entre les lumières. Elles te font peur les ombres, parce qu'elles sont froides. Elles sont froides et cruelles. Elles n'ont pas de coeur. La preuve qu'elles n'ont pas de coeur, la lumière ne les touche pas. La Grande Lumière brille de plus en plus loin, mais tu commences à avoir peur, parce que derrière l'horizon, il y a des ombres. Elles vont te transformer en ombre aussi si tu les touches, tu en es sûr. Elles ressemblent à Neraën les ombres. Elles sont grandes comme lui, pas comme les lumières. Ce ne sont pas les ombres des lumières, ce sont juste des ombres.
Est-ce que Neraën est une ombre ? Non. La lumière touche Neraën, et Neraën a une lumière. Est-ce que tu es une ombre ? Tu ne te vois pas. Mais tu vois autour de toi. Autour de toi il n'y a pas d'ombre, alors tu n'es pas une ombre. Peut-être que si vous alliez loin des lumières alors vous deviendriez des ombres ? Tu cours, tu cours, loin de la Grande Lumière, mais pas vers les ombres. Est-ce que tu deviens une ombre ? Non tu n'es pas froid. Mais tu as moins de lumière que près des lumières. Tout est mieux près des lumières, sauf pour les ombres. Pour les ombres rien ne change. Pour les ombres, rien ne change quand les lumières s'éteignent, alors les ombres peuvent éteindre les lumières. Elles sont cruelles et sans coeur les ombres. Elles vont éteindre les lumières. Tu as peur des ombres, tu ne veux pas qu'elles éteignent les lumières.
- J'ai peur.
Il y a trop d'ombres, elles sont trop près. Elles vous ignorent, mais tu sais qu'elles finiront par vous voir. Tu es le plus fort à cache-cache, alors elles prendront du temps... mais tu ne sais pas combien de temps. Tu as peur. Tu as besoin qu'on te protège. Mais les lumières ne peuvent rien. Les ombres les ignorent. Il n'y a que Neraën.
- J'ai peur.
Tu sanglotes, tu vas creuser le bas-ventre de ton accompagnateur de ton visage. Tu le serres fort. Il n'y a que lui ici, c'est lui qui doit te protéger. Il faut donner un coeur aux ombres pour qu'elles reflètent la lumière, mais tu n'as qu'un seul coeur et c'est le tien. Comment est-ce que tu peux donner ton coeur et le garder en même temps. Tu as peur, tu ne veux pas mourir. Tu ne dois pas t'inquièter. Tu ne vas pas mourir. Le Wyvern est là. Il est là depuis le début. Regarde autour de toi, ce sont ses ailes qui t'entourent. Quoi que tu fasses il est là, même s'il te fait mal parfois. C'est difficile d'être plusieurs, mais on est plus fort à plusieurs. Regarde les lumières, elles sont fortes parce qu'elles sont plusieurs, et avec toi elles sont encore plus fortes. Les lumières sont plus nombreuses que les ombres, alors elles sont plus fortes. Il faut juste leur faire confiance.
- Je... j'ai peur des ombres.
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| | | Telenwë Neraën
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] De pierre et de terre {Terminé} Ven 24 Mar 2017 - 11:42 | |
| (Musique)
Entends-tu, jeune enfant ? Entends-tu cette vie qui bat, ces voix qui s'élèvent ? Toi l'empathique, toi qui a appris à voir non pas avec les yeux mais avec le coeur, ou l'esprit dirais-tu, ne ressens-tu pas cette force appeler, grandir autour de toi ? Tu as longtemps vécu dans le mensonge, malgré les enseignements d'un druide. Ton esprit jusque là n'avait droit qu'à une porte entrouverte vers la réalité, vers la vie qui habite ce monde, vers ce qui est extérieur à ce que ceux de vos cités ont forgé. Que vas-tu faire maintenant, jeune enfant ? Te laisseras-tu écouter ce qu'ils disent, aller vers eux ? Te décideras-tu à ouvrir grand cette porte, sans être sûr de ce que tu trouveras derrière ?
Tu es confiant. Tu es confiant parce que je te fais sentir ma présence, d'une manière bien plus douce qu'auparavant. Mais il n'est pas à moi de choisir pour toi, jeune enfant. Il est à toi de faire tes choix, d'aller jusqu'au bout de ta promesse ou non. Je te lâche la main, tu le ressens, tu t'arrêtes même. Et tu me regardes sans vraiment me voir ; tu sais que je suis toujours là et tu n'as pas besoin de tes yeux pour cela. As-tu toujours peur, jeune enfant ? Te poses-tu encore tant de questions ? As-tu seulement compris où nous étions, quelles étaient ces étoiles vers lesquelles tu as décidé d'aller ? Tu commences à te souvenir... tu commences à comprendre que toutes ces étoiles étaient les plantes qui veillaient désormais sur ce que vous appelez un temple. Et tu les regardes, béat, intrigué, heureux. Toi qui vis plus par le ressenti que par ce que t'offrent tes yeux, tu commences à ouvrir cette porte, entammant le choix que mes frères t'ont annoncé au sanctuaire. Sans t'en rendre compte, sans comprendre pourquoi non plus, tu te sens bien, presque entier ; comme si être si proche de la Symphonie t'avait manqué. Te rappelles-tu, ce jour où la magie t'a brisé, où ton corps était très proche de la mort mais que ton esprit, lui, s'était laisser approcher par notre Mère ? Ce son cristallin, est-ce le seul souvenir que tu en gardes ? Ton esprit te dit que oui ; ton coeur t'assure que non. Et c'est dans cette quiétude, Neraën, dans cette vie que tu retrouves, que l'enfant que tu es voit un autre enfant s'approcher de toi. C'est dans cette quiétude que se trouve désormais ta force, c'est avec cette quiétude que tu le rassureras. Mais iras-tu jusqu'au bout, jeune enfant ? Parmi tous les choix qui risqueront de s'ouvrir à toi, que choisiras-tu ? Quelle couleur prendront alors tes yeux, à quel point mes frères auront-ils eu raison de te faire confiance ? Car ce choix, c'est cette nuit que tu le fais.
"À quoi ça ressemble au loin Neraën, je veux voir. Prends-moi sur tes épaules s'il te plaît."
Neraën se tourna vers le druide, comme sorti d'une longue contemplation. Il se sentait bien ici. Il avait l'impression de retrouver une partie de lui perdue, même s'il ressentait qu'il pourrait encore plus ressentir ailleurs. En-dehors du temple, en-dehors de la cité dans laquelle ils étaient... au plus profond de la forêt. Un sourir étonné se dessina sur son visage en remarquant que celui qui lui tirait la main n'était autre qu'un enfant lui arrivant à peine plus qu'à la taille. Cela lui rappela quelque chose... mais il ne réussit pas à mettre d'image dessus. Il se laissa donc entraîner par le jeune elfe, ne sachant que répondre à sa demande, ne sachant en réalité comment mettre en mots ce qui l'habitait. L'enfant, un noss vu son accoutrement, n'attendit pas de réponse et courut vers la lumière la plus imposante, t'entraînant sur son passage. Puis il s'arrêta, sans que Neraën puisse comprendre pourquoi, et repartit dans l'autre sens. A un moment leurs mains se lâchèrent, et l'enfant s'arrêta non loin de lui. Il fut un instant heureux de sa découverte avant de venir se lover contre le protecteur, tremblant de peur.
"J'ai peur. J'ai peur. Je... j'ai peur des ombres."
Les larmes coulaient. Alors que des images provenant d'une autre vie remontaient à sa mémoire, Neraën prit paternellement l'enfant dans ses bras, afin de le rassurer comme le protéger. Son esprit lui rappelait cet enfant orphelin par sa faute, son coeur désirait protéger ce jeune elfe du fait de ne pas pouvoir le faire pour celui dont il avait tué le père... et son être entier vibrait toujours des ressentis que lui offrait cet endroit.
"N'ai pas peur, Mélnaica. Je suis là..."
Sachant qu'il en avait le pouvoir, le protecteur transmis au druide les sensations que lui procuraient les végétaux qui les entouraient, ce bien-être qui lui donnait une force intérieure, qui lui permettrait d'avancer. Plus que des mots, cela éloignerait sa peur.
"Tu m'as demandé ce que je voyais tout à l'heure. Je vois une nuit noire remplie d'étoiles scintillantes, des étoiles qui doivent représenter la vie en ce temple. J'entends un chant, je t'entends toi. J'entends également un son d'une incroyable pureté, que j'ai déjà pu écouter de par le passé. Mais le plus important est ce que je te transmets ; c'est ce que je ressens, la raison pour laquelle je n'ai pas peur. Que devons-nous faire ? Quel chemin devons-nous emprunter pour que l'ombre de la folie disparaisse ?" |
| | | Mélnaica
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] De pierre et de terre {Terminé} Ven 24 Mar 2017 - 12:49 | |
| Il est là. Ils sont là tous les deux. Pour toi. Il te serre dans ses bras. Il vous étreint au creux de ses ailes. Il fait chaud dans le cocon que t'ont tissé tes protecteurs, il fait agréablement chaud. Tu fermes les yeux pour écouter, parce que malgré leur présence ce que tu vois te fait toujours peur, mais écouter c'est voir et voir c'est entendre. Le jeu de lumières et d'ombres perce ton oreille plus profondément encore qu'il ne perce tes yeux. L'ouïe porte plus loin que l'oeil. L'ouïe convie des détails que l'oeil ne sait pas discerner. L'oreille est la passerelle entre les deux mondes. Entre celui des lumières et celui des ombres. Entre celui de la Mère et celui de ses Fils. Tu vois. Tu vois tout. Tu vois trop. Il est là, avec la force de ses souvenirs, avec le poids de son pouvoir, il te maintient contre lui, toi l'enfant qui pleure la menace étrangère. Il te maintient contre lui pour partager avec toi son assurance, il te maintient avec lui pour partager avec toi ses souvenirs, il te maintient avec lui pour partager avec toi sa vision. Tu vois. Tu vois tout. Tu vois trop. Trop de choses pour l'enfant que tu es. Trop de choses pour lesquelles tu n'es pas prêt. Des choses que Fëaruinë t'avait promis de t'expliquer plus tard, des choses sur lesquelles ton enseignante aurait dû te donner le pouvoir, des choses qu'elle a perdu la vie avant de t'apprendre. Mais tu ne dois pas avoir peur Mélnaica. Tu ne peux pas avoir peur. Ils sont là pour te rassurer. Ils sont la puissance à ta sagesse. Ils sont la bille à ton carillon. Ils te souffleront le mouvement, mais c'est à toi d'émettre le son. - Ce sont les lumières. Ce sont elles qui chantent. Tu lèves les yeux vers ceux du plus petit de tes gardiens Mais il n'y a pas de nuit. La nuit sert juste à voir les lumières. Je vois à travers la nuit. Je peux te montrer si tu veux, mais ne me lâche pas Neraën, sinon je ne verrai plus. Le Wyvern ouvre ses ailes et rugit, et la nuit n'est plus. Les lumières se lèvent sur Eteniril, sur ses allées, sur ses bâtisses, sur ses habitants... Vous êtes partout et nulle part à la fois. Vous voyez tout et rien à la fois. Votre oreille est guidée par les tintements des lumières. Et vous voyez presque comme dans votre autre vie, si ce n'est que vous voyez tout à la fois. Vous voyez tout comme dans votre autre vie, si ce n'est que les ombres sont toujours là. Malgré son pouvoir tu continues d'en avoir peur, malgré sa protection, tu continues de t'en méfier. Les ombres ne sont que des elfes pourtant, et si leurs visages ne te sont que ténèbres, Neraën peut les voir distinctement. À toi ils sont masqués par ta peur. À toi ils sont obscurcis par la profondeur de ta méfiance. Elles n'a aucune valeur devant la Symphonie cette noirceur, parce qu'elle touche ceux à l'oreille éteinte indifféremment des éveillés. Elle ne vient pas d'eux, elle vient de toi. Elle est le voile qui te sépare d'eux, la barrière à ton empathie. Elle aurait couvert Neraën lui aussi, si ce n'était pas pour toi, et surtout avec elle, qu'il était venu. Neraën a une lumière en lui, trop forte pour que son ombre puisse la dissimuler. La lumière en Neraën t'a piégé. La lumière en Neraën t'a mené à t'approcher de l'une des ombres qui t'effraient tant. La lumière en Neraën t'a mené à chercher le confort d'une ombre. La lumière en Neraën est Dryade, et la raison pour laquelle tu voulais de lui. Parce qu'il est en ton pouvoir et en ton pouvoir seul d'accomplir le rituel, mais il est en son pouvoir et en son pouvoir seul de t'y amener. - Ne me lâche pas Neraën, les ombres sont toujours là tu trembles, tu voudrais fuir te cacher dans la lumière, mais de tes gardiens la puissance t'oblige à te rendre à l'évidence Il faut que la lumière les touche. Il faut les toucher dans leur coeur. Les toucher est en ton pouvoir. Mais les ombres sont cruelles et froides, tu ne veux pas les toucher. - Je veux pas les toucher Neraën. Je vais mourir si je les touche. Pour que tu les touches, il faut chasser les ténèbres. Pour que tu les touches, il te faut plus qu'entendre. Il te faut comprendre; Il te faut apprendre. Il te faut voir la vérité. Neraën peut te la montrer. Dryade peut te la montrer. Ils n'ont qu'à te révéler leur secret. Mais pour que tu apprennes, pour que tu comprennes, il faut qu'ils t'enseignent bien les choses. Et pour qu'ils t'enseignent bien les choses, il faut qu'ils comprennent ta vérité.
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| | | Entité
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] De pierre et de terre {Terminé} Sam 1 Avr 2017 - 15:34 | |
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Melnaica, Melnaica Prête l'oreille à celle qui te guidera Tu voulais mon appuis, me voilà, Mais aimeras-tu le chemin qui s'offre à toi ?
Murmure, Murmures, La vie en son sein n'est pas sûre. De la pierre est née la rupture Seule, ou nombres dans la nature.
Ombre, Ombres, Courent et crient sans comprendre. Sourds aux bruits dans la cendre, Aveugles que la peur engendre.
Volonté, Volontés, La tienne, la sienne, la nôtre n'est pas liée. Doutes, questions, ambitions ont frappées. Insignifiante voix parmi la canopée.
Happé, Tu l'es. Tu l'as été.
Happés, Avec ou sans aide il s'est engagé.
Dans les ténèbres à sombré Et à sa suite, vous glisserez
... Dans le Silence...
Neraën ne comprend pas. Il demande mais tu ne sais pas toi même. Alors il t'encourage. La seule chose qu'il peut faire c'est t'encourager. Mais te voyant hésiter, c'est sa propre main qu'il a approcher des ombres qu'il te faut accepter. Je me suis tu, le laissant aller à la tache qu'il avait choisi sans comprendre. T'entrainant avec lui dans un état que je ne peux qu'imaginer. A vouloir atteindre les ombres, vous comprenez leur douce torpeur. Confortable est l'inconscience. Confortable et facile. Ton empathie a vue cette limite, mais bien réelle est leur inconscience. Paisible mais difficile est leur inconscience. Je vous regarde, attendant le moment où vous vous rendrez compte de ce qui vous différencie de ces créatures. L'ombre ne vous suffi plus. Vous n'avez fait qu'effleurer l'abyssale puissance des antres de la terre et l'infini vibration les chants de vos aînés. Le simple contact Vrai avec l'un de vos semblable vous semble terrible et profond.Vous ne pourriez supporter la totalité de Son éclat. Mais ce que vous savez suffit. Après vous être plongé dans un silence total, vous en sortez peu à peu. Vous vous extirpez de la masse pour sourire de nouveau à la lueur des étoiles. Attiré par ce peu de conscience que vous pouvez tenter d'attraper. Vous êtes tous Ombres. Vous êtes simples Miroirs. Mais vous ne le savez pas. Car ce chant en nous, vous le reflétez à l'identique sans rien y apporter si ce n'est par nos yeux et nos cœurs qui vous suivent et vous jugent. Car ce qui chante en vous, vous le refusez. Melnaica... Tu es venu ici, Melnaica, voulant prendre en ta main la vie de tant des tiens. Tu es venu ici, croyant que tu pourrais chanter avec nous une fraction de temps. Tu es venu ici, souhaitant pouvoir forcer d'autres que toi à entendre le Chant. Inconscient que tu es. Tu ne supportes pas toi-même la clarté qui t'habite. Regarde toi, Enfant, car c'est ce que tu es. Ton refus de grandir ici est révélé. Apprend ceci : ils peuvent Entendre. Apprend cela : ils ne le veulent pas. Un vase plein ne peut se remplir davantage. Comment entendre lorsque tes oreilles sont déjà pleines du cris et des pleurs que tu refuses en ton propre cœur ? Apprend ceci : vous pouvez Chanter. Apprend cela : vous ne le voulez pas. Et toi moins que tout autre. Tu ne veux laisser sortir des tréfonds de ton être un chant qui te paraitrait bien trop douloureux. Toi moins que tout autre supporterait d'être mêlé à nous, d'inspirer et d'expirer notre présence à tous. D'accepter d'être le Vecteur. De tout ressentir. De tout accepter comme tien. Et de l'offrir en retour. Car tu n'acceptes pas ton propre être. Mon Geôlier et ton Jumeau ne peuvent te protéger de tes propres craintes. Je ne peux être elfe. Tu ne peux être Ëala. Ton sang et le leur ne forment qu'un. Grandir, c'est accepter. Ressentir, c'est accepter. Chanter, c'est accepter. Accepter les émotions. Toutes. Sans condition. Sans retenue. Accepter l'Autre et accepter de Tout. Tu a peur, Enfant, et je ne peux rien pour cela. Tu refuses d'affronter ce qui sommeil en toi. Nous ne pouvons t'imposer ce qui sommeil en nous. Mon Geôlier et ton Jumeau nous ont amener au bon endroit, au bon moment. Le cœur dans la Lumière. Les mains dans l'Obscurité. Tels sont les Druides. Mais tu n'es pas prêt. Seul, cela te détruirait. Mon Geôlier ne comprend pas. Il est la présence chaleureuse qui te manque. Il est l'Adulte qui accepte ce qu'il voit. Tu l'as compris. Il t'as montré. Mais il ne peut ressentir pour toi. Il est Apprenti. Je vous entends tout deux, jeunes, si peu conscients. Si différents. Je vous vois ici dans cet effort commun. Associé mais pas ensemble. Certaines choses ne peuvent être issues de simples volonté. Ces voix que vous comprenez à peine, même depuis ma prison, je les ressens. Elles sont moi. Je suis elles. Nous sommes. Et nous ne pouvons vous dire que ce que vous acceptez d'entendre. Alors tentez d'apprendre: L'un est Apprenti. L'autre est Maître. L'un est Adulte. L'autre est Enfant. Neraën... Tu m'entends. Je le sais. Je le sens. Laissent la culpabilité et la peur fondre comme la glace qui entourait ton cœur. Patience et Tendresse. Voilà tout ce qu'il me reste à t'offrir. Tu m'a accepté, c'est un premier pas dont je te suis grée. Mais ne crains pas la solitude car elle n'est qu'un mirage. Ne crains pas le manque car il n'est que temporaire. Tu es entier, n'en doute pas. Et je serais toujours là, à ton oreille. Je te promet d'attendre jusqu'à ce que mes forces me quittent ou jusqu'à ce que tu renonces à ma présence et à tout ce qu'elle représente pour toi. Pouvoir. Présence. Excuse. J'attendrai. J'ai hâte de voir venir le jour où je pourrai appeler mon Geôlier : Ami. Sur le sol, sous l'arbre Maître, deux silhouettes ouvrent doucement les yeux, épuisées mais repues d'un amour bienveillant. La sensation d'être relié à un grand Tout. Hors du temple, la Cité s'agite dans les ombres nocturnes. Flambeaux et cavalcades résonnent sur les pavés. La Surdité ne se guérit pas si simplement. Et même de ceux qui sont en capacité d'entendre, seule une poignée d'attentifs ou d'oreilles particulièrement perceptives ont put sentir ce léger frémissement. Un soupir harmonieux, un support, un soutien. Cela n'avait durer qu'un instant mais cela avait de quoi porter un sourire apaisé aux lèvres de ces quelques chanceux.
_________________ Ombre fugace Maître de ton destin -Crédits de l'avatar: ETERNAL RETURN - Art of pierre / Alain D. Site de l'artiste: http://www.3mmi.org/v9/ |
| | | Telenwë Neraën
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] De pierre et de terre {Terminé} Mar 11 Avr 2017 - 13:54 | |
| Deux yeux aussi profonds que la mer s'ouvrirent sur la voûte végétale, et celui qui les possédait se perdit un instant dans sa contemplation. Alors qu'elle avait cessé de parler, les mots de Dryade se faisaient encore entendre à ses oreilles et une impression bienheureuse d'immensité vibrait au plus profond de lui. L'impression de faire partie d'un tout... Pour nombre d'elfes, et il en aurait été le premier il y a encore quelques mois, n'être qu'une infime partie d'une immensité était une chose qui faisait peur et qui pouvait amener à un rejet. Pour Neraën, étrangement, cette sensation lui procurait beaucoup de bien, un plaisir indescriptible lié à un manque à ce moment comblé.
Il inspira, puis expira, paisiblement. Ses yeux s'abaissèrent pour observer le druide toujours allongé sur le sol. Lorsque celui-ci se réveilla, aucune remarque ne nacquit sur sa bouche, aucun mot ne fut prononcé ; seul un regard bienveillant l'accueillit, regard cachant discrètement les pensées qui tourbillonnaient dans sa tête. Face à la peur de l'enfant, il s'était laissé porter par ce qu'il supposait être son instinct : des chansons ô combien lointaines lui étaient revenues en mémoire, il les avait fredonnées... puis avait doucement posé sa main sur l'épaule du citadin qui se trouvait auprès d'eux, ressentant alors la douce ignorance de l'individu... douce mais aussi terrible que profonde. Alors sa main s'était écartée de lui.
Que devait-il faire désormais ? Par où aller, et comment ? Et que comprendre ? De quoi était-il un apprenti ? Le protecteur resta un moment contre l'Arbre Maître, ses yeux s'étant maintenant posés sur l'entrée du temple fermée par les plantes. Au-dehors l'agitation de la cité se faisait amplement entendre et les deux elfes pouvaient comprendre que la protection que leur avait fournie l'Arbitre n'était pas passée inaperçue et avait fait naître l'inquiétude au sein de la garde.
Il se leva et marcha, s'éloignant de quelques pas du grand chêne. Toujours sans mot dire, il fixait cette entrée qui serait forcée si les végétaux restaient à leur place. Son corps ressentait la fatigue mais la force qui l'habitait était encore plus grande. Sa main gauche se porta sur l'épée liée à sa fonction qui reposait à son côté, puis il ferma les yeux. Alors seulement sa voix déchira le silence, s'adressant à celui qu'il était venu seconder.
"La ville est déjà en mouvement alors que les noss ne sont pas encore entrés dans la bataille, et il semblerait que nous n'ayons pu faire ce que tu désirais... Il est, comme les sages l'ont si bien dit, aux citadins de régler le problème eux-mêmes. Alors je vais faire selon les lois et traditions de la cité... être une diversion le temps que les autres terminent ce qu'ils ont à faire ne sera pas compliqué. Souhaites-tu venir ?"
Sa décision était déjà prise et il priait tout autant la Mère que sa Première Oeuvre de lui donner la force d'aller jusqu'au bout, de continuer à lui faire ressentir leur présence même en-dehors du temple. Alors que ses yeux étaient encore fermés, alors qu'il écoutait et ressentait, il comprit. Il comprit qu'en s'étant accepté tel qu'il était devenu ainsi que Dryade, il ne pouvait plus se considérer étant de pierre ; tout comme il ne pouvait se considérer comme étant un noss. De passerelle entre deux modes de pensée, il dérivait désormais à un être sans attaches réelles autres que celles du devoir.
De l'ombre à la lumière les enfants vont Mais qu'en est-il de nos vieilles chansons ? Près de nos colères, près de nos haines, Ils en oublient l'Anaëh et sa peine, S'avancent, s'arrêtent aux traditions Mais n'écoutent plus nos vieilles chansons...
Combattez, Elfes, priez et chantez ! Que vos si jeunes âmes aillent d'entrée De l'avant, mais que dans cette tourmente, Dans votre longue marche larmoyante, Vous n'oubliez les chansons du passé.
Des couplets créés il y a de cela plusieurs cycles firent échos dans son esprit, couplets qu'il fredonna sans s'en rendre compte. Souvenirs d'enfance et de personnes incroyables rencontrées. Il était temps, désormais ; temps de rouvrir les yeux sur le monde qui l'entourait.
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| | | Mélnaica
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] De pierre et de terre {Terminé} Mer 12 Avr 2017 - 21:20 | |
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Il t'était tellement bon de dormir. Il t'était tellement bon de laisser vagabonder ton esprit là où rien ne lui pèse à la conscience. Dans ton sommeil les voix te soutiennent. Dans ton sommeil sa voix t'apaise. Tu dors Mélnaica, aussi loin de ton monde empirique que de leur monde d'émotions. Tu dors Mélnaica, protégé du néant, bercé seulement par le souvenir du timbre de Dryade. Ton sommeil est beau mais il ne sera pas éternel, et bientôt ton corps reposé cherchera inexorablement à te ramener là où est ta place. Bientôt tes yeux se rouvriront, ton esprit reprendra constance, et alors à la douceur se substituera une amertume que tes papilles ne sauraient apprécier.
Tu le savais déjà, mais le regard du Seigneur-Protecteur ne fit que te le rappeler. Miroir à l'entier paradoxe de ton être, malgré la quiétude dans laquelle tu fus plongé par celle qui habite en lui, ton souffle te fus prit. Si détendu que soit ton corps, la douleur te rongeait le coeur. Si bienveillant que soit son regard, il ne t'inspirait que du dégoût. Pas pour lui. Pour toi-même. Parce que tu as échoué. Tu as échoué à l'épreuve que tu te devais de réussir. Et tu aimerais pouvoir l'accuser lui. Tu aimerais pouvoir lui dire qu'il n'a pas rempli son rôle, mais quand ton incapacité à remplir le tien est la seule raison pour laquelle il en ait eu un, l'argument même à ton oreille malhonnête ne saurait faire de sens.
Ton refus de grandir est ici révélé. Les Arbres eux-même s'y étaient trompés. Voilà à quel point tu t'étais refermé. Voilà à quel point perfide tu étais. Tu as voulu ouvrir les coeurs alors que le tien est fermé. Tu as voulu leur faire accepter des chants étrangers alors que tu te fais étranger à l'enfant que tu es. Car un enfant, ce n'est pas ce que tu veux être mais bien ce que tu es. Parce que l'on t'a pris tes tuteurs avant que tes ailes ne se soient ouvertes assez grand pour que tu t'envoles. Parce que tu es le fruit d'enseignements incomplets, que l'école de la vie t'a forcé à compléter à l'aveuglette.
Tu as échoué. Tu es responsable de ce fiasco, et par extension responsable du potentiel bain de sang dont l'odeur pointe à l'horizon. Tu te rétractes sur toi-même, assailli par ta culpabilité, incapable de faire le moindre reproche à ton accompagnateur là où tu te serais habituellement fait un plaisir de répandre ton poison. Tu te réfugie dans l'introspection, parce que le mensonge par omission avait quelque chose de plus aisément pardonnable que l'outrage verbalisé. Tu dois accepter de chanter... accepter de chanter ta véritable part de la Symphonie... mais elle n'est que pitoyable détresse et carence affective, quand elle devrait être la voix d'un inébranlable pilier.
À peine les yeux de Neraën furent-ils posés loin de ton visage que les larmes se mirent à couler, et que tu pleuras à sanglot retenus, de peur de te retrouver obligé d'accepter qu'il ait pu constater ta fragilité. Tu pleures plus bas qu'il ne fredonne, mais la sylve autour de vous renvoie en puissant choeur tout ce que tu caches péniblement. Tes frères font d'un discret sanglot un aveu d'une force rare. Tu le leur a demandé. Tu le leur a demandé parce que tu n'aurais pas été capable de l'exprimer par toi-même. Tu t'es confié à eux, ils te présenteront aux autres. L'Anaëh encore en cette heure sera ta seule réelle confidente. Et bientôt les douleurs du coeur devinrent celle du corps. De ta figure recroquevillée au sol il fut fait autre chose. Tes entrailles à vif, ton esprit fragile à nu, l'enfant dévoilé, tout cela était trop pour que tu avances par toi-même. C'est le faux-dragon qui pris ta place auprès de l'elfe de pierre. C'est le faux dragon qui acquiescerait devant Neraën d'un puissant cri. Derrière la carapace d'écailles tu resteras caché tant que tes entrailles sonnent, et lorsque ta chanson sera terminée, et que finalement ta véritable personne tu auras apprivoisé, tu ressurgiras plus fort que tu ne l'as jamais été.
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| | | Telenwë Neraën
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] De pierre et de terre {Terminé} Lun 17 Avr 2017 - 21:16 | |
| "Merci bien de vouloir m'accompagner... Tu devrais te méfier, je commence à bien t'aimer. En attendant, je ne suis pas sûr que ce soit une excellente idée de rameuter tous les soldats ici ; déjà que citadins et noss ne sont pas foutus d'arriver à ne serait-ce que se respecter, alors si en plus ils trouvent leur protecteur avec un druide ? Ils auront de quoi se demander si c'est une blague ou bien si j'ai changé de camp, bien que je n'en ai jamais réellement eu. Bref. Que cela se termine dans le sang ou que les choses se calment, nous voilà sur la fin de ce voyage. Ravi d'avoir fait ta connaissance."
Neraën accorda un regard amical au wyverne. Ce qu'il venait lui-même de prononcer n'avait aucun sens, surtout après cette sensation de non-appartenance qui enserrait son coeur. Non-appartenance qui faisait qu'il n'avait pour l'heure pas idée de comment réagir, ce qui n'était pas dans ses habitudes. Certainement ses mots étaient-ils les derniers résidus de son insouciance... L'elfe se retourna alors, l'air grave voire même sombre. Derrière eux se trouvait l'arbitre du temple, vieux de plusieurs cycles, la mine désolée. Il n'y avait rien à dire, rien à faire ; tout était déjà compris. Jamais le sang n'avait coulé dans le temple de la Mère ni juste devant ses portes et la situation faisait que cela risquait d'être le cas. De ce que pouvait ressentir Neraën, le cri de la wyverne n'avait pas aidé le prêtre à avoir confiance en l'avenir proche. Alors, sans qu'aucun mot ne soit prononcé, le prêtre tendit sa main droite tremblotante et en appela à sa magie. Les plantes barricadant l'entrée se murent, faisant trembler le temple comme la puissance de la voix de la créature aérienne l'avait fait. Le seigneur-protecteur se tourna donc vers la sortie et commença à marcher, lentement et avec toute la prestance qu'on pouvait lui connaître.
Comment était-ce possible ? Comment... que penser ? Etait-ce bien lui ? Son regard... Pour une fois, les soldats ne surent pas comment réagir pendant quelques secondes, s'attendant à tout sauf leur protecteur. Ce dernier, le visage de marbre, continua à s'avancer et descendit les quelques marches de pierre qui relevaient l'entrée du temple. Nombreux étaient les soldats à être venus suite au puissant cri animal ; au moins cela aura permis aux autres d'avoir plus de champ de manoeuvre pour retrouver les parias.
"Laissez-le ! Si vous ne l'offensez pas il ne vous fera aucun mal. Alors rengainez vos armes. Vu le manque de confiance qui régnait devant le wyverne, il ajouta : C'est un ordre, soldats !"
Autour de lui, après plusieurs coups d'oeil aux quelques caporaux se trouvant là, ils finirent par obtempérer. Neraën se tourna vers ces gradés et leur parla, gardant le maintien physique que l'on s'attend de la part d'un chef de guerre. Il était en Eteniril et d'Eteniril... si le chef faiblit, alors il est bon de ne pas le garder. Démontrer ses forces était donc une clef non négligeable en cet instant.
"Veuillez m'excuser de ne pas avoir pu prendre la porte d'entrée de la cité. Envoyez des elfes avertir le Capitaine Falaedhel ainsi que le régent Telleran que je suis revenu ; j'ai à leur parler. Un silence pesant se fit sentir sur les elfes. - Ils ne sont plus là, Seigneur-Protecteur. - C'est-à-dire ? - Le régent est mort il y a de cela quelques semaines et le capitaine Falaedhel a disparu auprès des noss."
Prononcer de quelconques mots ne lui aurait pas ressemblé, au lieu de quoi il utilisa volontairement sa magie pour faire ressentir colère et froideur à ceux qui l'entouraient. Ce fut difficile puisque la Symphonie le faisait se sentir bien, une partition d'un tout, mais il se le devait. Il se le devait pour faire gagner du temps. Et cela sembla correctement fonctionner, puisqu'une dizaine d'elfes eurent une infime réaction.
"Auriez-vous autre chose de désagréable à m'apprendre... tous ? Aucune réponse rapide, comme il s'y attendait. Très bien. Prévenez la personne en charge de la Garde que je suis arrivé ainsi que la personne remplaçant Falaedhel, personne que je veux voir sur le champ. Et que d'autres aillent me chercher les membres du Haut-Conseil ! Sont-ils tous présents, au moins ? - Non, Seigneur-Protecteur... - Qu'est-il arrivé encore, des morts ? - Oui... Seigneur-Protecteur."
Neraën ferma les yeux, accusant faussement le coup, pour aussitôt les rouvrir sur l'un des caporaux, celui qu'il ressentait être le moins fort d'esprit. Il s'imprégna de la force intérieure que lui conférait le Chant et de cette colère qu'il avait réveillée en lui pour donner plus de poids à son esprit, sondant ainsi le jeune elfe. Il n'eut pas toutes les informations qu'il désirait, il se retenait pour les batailles qui allaient suivre... et ce qu'il était des morts, il le savait déjà. Non, tout cela n'était que comédie. Ou tragédie éténirilienne, au choix.
"Que les membres du Conseil encore debouts viennent également... un conseil va avoir lieu là maintenant, sous l'oeil bienveillant de notre Mère."
Froid était son ton. Serré était son coeur. Confiant était son esprit. Mais c'était l'envie de pleurer qui le prenait... envie due à plusieurs raisons. La tristesse de la perte d'un ami... la peur de devoir en venir aux armes et d'être contestaté devant tous... et surtout le sentiment de ne plus être à sa place, que ce soit parce que le Chapitre blanc et Anornedellon en avaient décidé ainsi ou parce que sa nature profonde n'était pas celle qu'il s'était imaginée. Les ordres furent donnés. Se tournant vers le wyverne, il reprit la parole plus calmement.
"Héraut de la Mère, aura-t-on l'honneur de t'avoir comme représentant impartial lors du conseil ? Vu les circonstances, ta présence serait plus qu'appréciée."
Sinon, il pouvait faire ce que bon lui semblait... Au plus profond de son être, Neraën priait pour avoir pris la bonne décision. Que si le sang doit couler, que seul celui des parias soit versé.
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| | | Mélnaica
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] De pierre et de terre {Terminé} Mer 19 Avr 2017 - 12:29 | |
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Huru'Locë souffla de dédain devant les soldats. Attendre et observer n'étaient pas dans la nature du faux dragon. Il était un chasseur, un carnassier, une bête puissante et compétitrice. Huru'Locë voyait en ce peuple contestataire un ennemi, la source du mal-être de celui avec qui il partage corps et esprit, et donc par extension, la source de son propre mal-être. Huru'Locë voyait en ce peuple une nuisance à détruire plus que des personnes qu'il pouvait raisonner, car Huru'Locë était destruction plus qu'il n'était conciliabule. Malgré tout Huru'Locë se tint calme et droit, car c'est en tant que ta moitié qu'il se présentait, et non pas en tant que la bête sauvage qu'il fut autrefois.
Il s'en amusait pour ne pas succomber à la rage, le faux-dragon, car c'était une situation bien ridicule que celle dans laquelle vous vous trouviez tous en cette heure. Le contesté Seigneur-Protecteur réunissait le Conseil qui a mis à mort ceux qui le suivaient, et faute de soutien de sa propre gente, c'est à un animal sauvage qu'il confiait la tâche de représentant impartial. Tu n'étais pas impartial, Huru'Locë l'était encore moins, et depuis le temps, Neraën devait bien le savoir. Vous avez été capturés et torturés par ces gens. L'un d'entre vous se sent faible devant ces gens, alors que l'autre ne voit en eux que de pathétiques petits mammifaires cachés dans leur terrier de pierre blanche. Parce que dans ton isolement tu entends toujours, et que tu comprends, et que lui comprends ce que tu entends, le faux-dragon peut répondre à sa manière aux questions de l'elfe, sa manière ne consistant qu'en des souffles et des oeillades jetant des frissons sur le reste de l'assistance.
Ils prirent leur temps, probablement pour réfléchir ensemble aux mensonges qu'ils pourraient vous servir, ou à la manière dont ils s'y prendraient pour vous tuer si vous voyiez à travers leur jeu. les Conseillers arrivèrent l'un après l'autre, feignant de s'être dépêchés pour certains, d'être heureux de voir leur Protecteur pour d'autre, ou de ne pas comprendre les raisons d'un tel appel pour les moins subtils ou les plus denses d'entre eux. Quelques uns au moins eurent la décence d'afficher visage et mots parlant leur mécontentement.
- Le conseil ne peut tout de même pas avoir lieu sous la supervision d'un animal sauvage ! Qu'est-ce qu'une bête à écailles peut bien avoir à redire devant nos proposit... l'elfe recule sa main dans un sursaut, la sauvant par la même occasion des mâchoires ayant claqué à l'endroit où elle se trouvait une fraction de seconde auparavant Vous voyez bien ! C'est une chance encore qu'il n'essaie pas simplement de nous dévorer. - C'est un puissant animal totem qui se trouve devant toi, une voix tremblante, mais plus calme entonne aie-donc un peu de respect pour le Druide à qui il est lié si ce n'est pas pour lui. - Et où est-il donc ce Druide ? N'est-il pas de son devoir de nous guider ? Non pas que je veuille remettre en cause son statut de Héraut de la Mère, mais ne pensez-vous pas qu'il serait plus pratique pour nous qu'il communique de voix d'elfe ? - Je crains que nous ne soyons la raison pour laquelle il ressent le besoin de la protection de son totem. Si sa voix vous importe le moins du monde, alors gardez votre calme, ou nous sommes certains de ne jamais l'entendre.
Et il avait parfaitement raison. L'horloge compte à rebours. Le temps attend de décider du destin d'Eteniril. Quelque part dans les bois, les Noss se préparent à frapper. Ta tentative a échoué, maintenant si ce Conseil lui faisait plaisants sacrifices, peut-être que la Mère accepterait de rendre à la Cité un semblant de paix.
La Mère lorsque ses enfants se comportent comme il faut est la plus douce des déesses. Mais la Mère lorsqu'on la trahit prend ses traits de vengeresse. Que le sang des coupables coule pour la satisfaire, et il en sera fait un pansement sur les blessures des innocents.
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| | | Telenwë Neraën
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] De pierre et de terre {Terminé} Jeu 4 Mai 2017 - 8:17 | |
| Neraën regarda durement l'elfe qui avait désigné avec dégoût le druide. Si l'érudit ne l'avait pas raisonné, le seigneur-protecteur aurait certainement été moins diplomatique que son confrère.
"Si la nature et les créatures ne sont pas à ton goût, Dimilvan, respecte au moins le druide qui a accepté de venir ici. Mais dis-moi, en attendant que les autres arrivent, de quelles propositions voulais-tu parler ?"
Dimilvan eut l'air un peu décontenancé face à la froideur du seigneur-protecteur de retour en un moment si improbable et sans montrer la moindre humilité quant à ce qui s'était déroulé en son absence. Il serra d'autant plus les dents.
''Peut-être devrions-nous justement attendre nos confrère pour cela. Nous sommes tous concernés. Mais puis-je savoir ce que nous vaut cette réunion hors du Palais ?''
La question était moins anodine qu'elle ne le semblait au vu du regard noir qu'il laissait peser sur la créature soit disant druidique. Si c'était pour ne pas indisposer un noss que le protecteur avait réuni le Conseil si loin de leur habitude, il ne ferait que perdre encore l'approbation des siens...
"Parce qu'il semblerait que ce qui se soit passé en mon absence soit plus grave que je, et peut-être vous-mêmes, ne le pensai. J'avais cru comprendre la mort de plusieurs des nôtres, me voilà attristé d'apprendre que ces rumeurs étaient véridiques. Et si j'ai demandé à ce que ce soit ici c'est parce que nous nous retrouvons dans une situation qui demande à ce que la Mère puisse nous guider ; quoi de mieux que son temple pour cela ? Y a-t-il des objections à cela ?"
"Aucune, Seigneur Protecteur." s'inclina Dimilvan, son regard dur n'en disant pas moins.
Sebryn opina du chef à l'intention de celui qui avait pris la parole pour l'instant, lui assurant son soutien silencieux. Quelques conseillers discutaient entre eux ou saluaient avec surprise le protecteur de retour. Tour à tour, ils s'assuraient qu'on lui avait bien donné les noms et le nombre des traitres et des morts... Et s'étonnaient devant le spectacle qu'offrait la wyverne. Mais les retardatères arrivaient bien plus vite que prévu et il fut de nouveau question d'entrer dans le vif du sujet.
"Seigneur-Protecteur... commença Aneldor - Pardonnez-moi, mais l'Arbitre se joindra-t-il a nous ou non ? s'éleva la voix de Fanwë, celle la même qui avait déjà tenté d'appaiser Dimilvan face à la wyverne. - Il est l'un des hauts-conseillers donc oui. A moins qu'il n'y ait une raison à ce que la présence de l'Arbitre ne soit pas désirée ?"
Comme si lui apprendre qu'il existait des traîtres parmi les etenirilis et lui donner le nombre exact, en plus du nombre de morts aberrant de ces dernières ennéades, ne suffisait pas... La froideur était toujours maîtresse de sa voix, tout comme ses yeux faisaient attention à tout ce qui l'entourait. Mais qu'on lui apprenne qu'il y avait un problème avec l'arbitre... peut-être la colère réussirait-elle à réellement naître en lui. Il attendit. Plusieurs regards entendus furent échangés mais personne ne répondit... personne d'autre qu'un haut-conseiller du moins.
"Pendant votre absence, l'Arbitre Vareon n'a que peu assumé sa tâche. Nous avons tous un grand respect pour ses actes passés et l'abnégation qu'il a montré pour notre Cité, cependant il faut que vous sachiez que certains d'entre nous commencent à douter de sa stabilité mentale."
Un blanc ensuivit la réponse d'Ordan, pendant lequel Neraën le regarda attentivement avant de se tourner vers le concerné qui se tenait debout, les épaules basses et le dos courbé du fait de son grand âge, à l'entrée du temple à les regarder. Nulle trace de folie dans son regard, et la réaction qu'il avait eue lorsqu'il était arrivé en présence du druide était tout à fait celle qu'il avait imaginée. Aussi ne comprenait-il pas... ou avait-il peur de comprendre, au contraire.
"Pardon... ? Il posa son regard sur tous les conseillers présents. Qu'est-ce qui vous fait dire cela ?"
L'accusation du haut-conseiller, si c'en était une, était loin d'être anodine...
"Veuillez m'excuser d'être aussi direct, Arbitre, mais vos discours de plus en plus sybillins et vos abscences lors de conseils des plus importants nous inquiètent au plus haut point. s'excusa Ordan avant de se tourner une nouvelle fois vers le Protecteur. Je n'ai pas d'exemple précis à vous donner. Mais les faits sont là. Cela fait un bon moment que nous ne l'avons pas entendu s'exprimer clairement là où nous aurions justment eu besoin de l'avis d'un clergé unifié."
Ca ce n'était pas dans les habitudes du vieux prêtre, même s'il était de nature calme et qu'il prenait souvent le temps de réfléchir avant de donner une réponse. Mais toujours, absolument toujours, Neraën l'avait connu comme étant une personne de référence qui disait clairement ce qu'il pensait. Alors quoi ? Le temps aurait-il eu raison de l'esprit de l'elfe ? Ou bien y aurait-il autre chose ? Heureusement pour lui, Neraën était au courant que les "anti-noss" cherchaient à prendre le pouvoir... et il comprenait que ceux qui n'étaient plus de ce monde ou qui auraient dû l'être étaient pour la majorité des personnes qui avaient été prêtes à le suivre, à trouver un moyen de ne plus avoir de conflits importants avec les noss. Et Vareon était de ceux qui désiraient qu'aucune guerre n'ait lieu. Le protecteur regarda autour de lui, notamment les conseillers et hauts-conseillers. Pour ceux qui levaient les yeux vers lui, ce qu'il vit ne lui plut pas, pas du tout même. L'impression d'être testé, que la situation était au bord de glisser et qu'il n'en tenait qu'à quelques mots pour que les choses se déroulent correctement. Et ce serait à lui d'avancer les pions tout en mettant de l'eau dans son vin... beaucoup d'eau dans peu de vin.
"Soit. Il reste pour autant un prêtre de Kÿria, il restera donc dans le temple comme chez lui. Et qu'en est-il des autres prêtres ? - Peut importe." lâcha l'un des conseillers qui ne prenait même pas la peine de cacher sa désaprobation.
Dimilvan et Aneldor échangèrent un regard avec le Haut-Conseiller avant que le premier ne reprène.
"Seigneur-Protecteur, lorsque je parlais d'une proposition, il s'agissait de quelque chose de peu commun... A vrai dire, nous sommes plusieurs à penser que ce qu'il reste du Haut-Conseil devrait désigner des membres d'apoint pour que le groupe ainsi recréé se continue de gérer la crise actuelle. - Et comment comptez-vous la gérer ? - Nous devons garantir la sécurité des nôtres, lança l'un des Conseillers les plus tempérés. - Et pour cela, même si certains d'entre nous ne le cautionnent pas, il faut que nous soyons prêt à nous défendre contre nos agresseurs. Cette fois, ce fut le forgeron lui-même qui fit un pas en avant. Il y a déjà eu trop de morts... Et il y en aura bien davantage si nous laissons les clans alentours nous donner la charge. En votre absence, ils se sont réunis. Ils ont pu profiter de la possibilité d'entrer plus facilement dans nos mur pour repérer le terrain. Et a présent, ils forment une réelle menace..."
C'est avec ce discours que beaucoup avaient fini par adérer à l'avis des anti-Noss. Et c'était encore ce discours qui fit baisser la tête aux rares conseillers neutres qui n'avaient pas encore rendu les armes... jusqu'à l'annonce d'une certaine mort.
"Ce soir, un Haut-Conseiller de plus est mort, Seigneur-Protecteur. Tué sur ordre de Falaedhel par une femme que nous ne pouvons qu'espérer être sous influence. Plus personne n'est à l'abri et nous ne pouvons plus tolérer cela."
Oh oui les noss s'étaient rassemblés... mais pas tout à fait pour la raison sous-entendue.
"Si je comprends bien, vous comptez attaquer en premier pour que ce ne soient pas les autres qui prennent l'offensive ? Avez-vous essayé de converser avec un clan pour avoir les détails de ce qui a pu se passer ? Et... de quelle femme s'agit-il ? - Il me semble que vous avez vous-même essayé de converser avec eux, Seigneur-Protecteur..."
Juste avant que tout cela ne commence d'ailleurs. Depuis quand les citadins et les noss n'avaient pas été si proches ? Aneldor regardait Neraën dans les yeux, soutenant son regard... après avoir été quelque peu surpris de voir leur changement de couleur. Quelques murmures secouaient certains. Un silence de mort s'étaient emparé des autres. L'accusation était flagrante.
"Répondez d'abord à mes questions. Ensuite je te répondrai Aneldor."
Neraën soutint sans aucun problème le regard d'Aneldor alors qu'il parlait, son ton n'étant aucunement accusateur. Le temps s'écoulait et déjà il pouvait sentir une pointe d'accusation se porter contre lui, le seigneur-protecteur. Très bien. Vu le nombre de témoins qui étaient présents, peut-être qu'il n'aurait pas à mettre le plan qu'il avait en tête.
"Je ne faisais que vous répondre. La meurtrière n'est autre que la protectrice d'Ardamir."
Les yeux de Neraën restèrent fixés sur le forgeron, soudainement extrêmement froid. Il se passa un instant pendant lequel personne ne réagit et où le protecteur dut s'obliger à freiner sa magie pour ne pas lire immédiatement et de façon brusque les pensées du conseiller. Que s'était-il passé ? Qu'est-ce qu'elle avait bien pu faire ? Il regarda autour de lui, cherchant du regard à voir la vérité dans les paroles de l'elfe. Puis il ferma les yeux afin de se concentrer. Un meurtre, de la part d'une dame-protectrice... comme si cela ne suffisait pas.
"De pire en pire. Quelle que soit la raison pour laquelle la protectrice se trouve ici, il faudra s'en occuper... Quoi qu'il en ce crime ne restera pas impuni. Aucun crime ne le restera..."
Il sentait son coeur battre contre sa poitrine, plus qu'il ne le devrait. Devoir gérer cette situation bien trop complexe mettait, malgré la Symphonie qui l'aidait, ses nerfs à rude épreuve. Mais il fallait qu'il reste stoïque, qu'il se maîtrise totalement. Après un nouveau silence, il reprit.
"Et quant à mes autres questions, quelqu'un pour y répondre ? Sebryn peut-être ? - J'aimerai revenir sur un point, interrompit le capitaine Tenetrian. Halyalindë Yasairava a été rattrapée par une patrouille. Elle en a attaqué plusieurs cette nuit et a envoyé quelques hommes à l'infirmerie avec des blessures assez sérieuses. Le haut-conseiller à été retrouvé chez lui, étouffé probablement à cause de sa nuque démise. Elle a avoué avoir tué le haut-conseiller juste avant que vous nous fassiez mander. Il n'y a aucun doute sur sa culpabilité. Un murmure de plus en plus véhément secoua l'assistance. - De plus elle a clamé que Falaedhel savait pourquoi elle avait agi ainsi, reconnaissant s'être entretenue avec lui. Aussi, pardonnez-moi, Heru Neraën, mais j'aimerai savoir quand vous-même avez vu la protectrice d'Ardamir la dernière fois."
Une voix s'éleva en demandant ce que c'était que cette mascarade. D'autres réclamèrent le silence pour entendre la réponse. Le ton montait.
"Suffit !"
Sa voix avait soudainement retenti dans la nuit, passant au-dessus des mots et heurtant plus ou moins inconsciemment l'esprit de certains. C'était la deuxième fois qu'une personne osait sous-entendre qu'il était lui-même à l'origine d'un meurtre. La froideur était encore présente. La colère ne tarderait plus trop. Le silence se fit.
"Mon absence semble vous avoir fait oublier nos us et coutumes en plus de laisser entrer de nombreux problèmes ici. Je te remercie pour ta précision, capitaine, mais à ce que je sache j'ai précisé que la question de la protectrice serait réglée plus tard à moins qu'elle ne le soit en même temps qu'un autre sujet. Maintenant j'aimerais que vous répondiez, tous, aux deux questions que je vous ai posées précédemment et qui concernent une guerre d'elfes contre d'autres elfes : avez-vous essayé de converser avec les noss afin de connaître leur point de vue sur cette situation et comptez-vous bien enclencher cette guerre vous-mêmes, avant que les noss prennent l'offensive ?"
En Eteniril, il était au chef de s'imposer et de ne pas laisser un autre prendre sa place. Aussi si Neraën avait initialement voulu placer les choses avec une certaine douceur, il réagissait finalement comme n'importe qui en cette région en avait l'habitude : il dirigeait la conversation, se faisait respecter. Et à partir de maintenant, chacun savait ce qu'il coûterait de nonobster une nouvelle fois ses questions.
"Nous n'avons trouvé aucun Noss qui ne fuit pas ou ne nous donne pas la chasse pour pouvoir discuter avec eux depuis la trahison de Falaedhel, s'exécuta Aneldor avec la plus grande froideur. Mais si le Capitaine Tenetrian se montre si insistant, c'est parce que les nouvelles qui nous sont arrivées après Eraison ne nous permette pas de nous reposer aveuglément sur votre retour. Le sud nous a fait savoir que vous et cette ardamirie aviez été atteints de symptomes dangereux après un accident magique lors de la bataille. Si une femme qui a été reconnue au point de faire partie des Aigles, tout comme vous, a été assez affectée pour en arriver à de telles extrêmités, nous ne pouvons que craindre votre propre état... Surtout lorsque les dernières nouvelles que nous avons reçues du Régent faisaient état de votre incapacité à nous guider."
Cette fois, le silence fut lourd... Car tout cela n'était que faits avérés et ne pouvait être contester par qui que ce soit. Un silence lourd mais pour autant de nombreux regards interrogateurs de la part de tous les soldats et autres non-conseillers. Visiblement, le mot comme quoi il ne devrait plus être leur protecteur n'était passé qu'à une oreille restreinte d'une certaine élite. Elite qui devait être le conseil, assurément. Et Anorn avait fait la bêtise de leur envoyer une missive... En même temps, pouvait-il imaginer la situation ? Voilà qui rendait la mission de Neraën d'autant plus difficile. Aussi s'avança-t-il, le regard toujours aussi froid, pour finir par se poster juste en face d'Aneldor. Leurs yeux se croisèrent et le premier à quitter le regard de l'autre fut celui qui avait énoncé un fait des plus navrants. Sans perdre de sa confiance en lui, Neraën reprit pour tous.
"Il est vrai que je suis venu ici faire une passation de pouvoir suite à Eraïson. Passation qui doit se faire dans les meilleures conditions possibles afin qu'Eteniril puisse continuer sur de bonnes bases. Cela n'empêche aucunement le fait que je puisse avoir toute ma tête et que celle-ci me dit qu'en deux mois ces bases solides dont a besoin la cité se sont effritées plus que de raison. Alors à moins que mon nom ne soit plus inscrit dans la salle de l'Aube, il se tourna vers les autres, tous ses sens en alerte, je reste votre protecteur tant que cette histoire ne sera pas réglée et qu'un autre elfe ne sera pas nommé à cette charge et soit accepté par l'Aube. Il se déplaça à nouveau, fixant de ses yeux profonds chaque protagoniste de cette histoire. Maintenant il me semble que vous avez des explications à me fournir, vous qui êtes aux faits de ce qui se passe. Plusieurs hauts-conseillers, dont votre régent, sont morts en deux mois et aucune missive ne m'a été parvenue. Les tensions avec les noss ont repris, allant de pire en pire puisque d'un côté vous dites qu'ils sont la source des meurtres, et que de l'autre côté vous m'avez fait comprendre que vous alliez partir à l'offensive contre eux, provoquant sans retour une guerre qui ne pourra être que sanglante alors que cela ne fait que deux mois que les batailles à Eraïson et au front ont eu lieu. Et de tout cela, je n'ai pas été prévenu alors que vous me connaissez tous assez pour savoir que j'aurais tout fait pour revenir et régler la situation avant qu'on en arrive à de telles extrémités, avant que le sang de nos propres frères qui vivent dans cette cité ne coule dans l'Anaëh ! Alors maintenant arrêtez vos sous-entendus offensants et dites-moi clairement ce qui se trame ici et pourquoi je n'ai à aucun moment été prévenu. Et inutile de jouer la carte de la décision d'Anornedellon parce que cela fait tout au plus deux ennéades qu'il a dû vous envoyer une missive ; et vous avez plus d'un mois à expliquer."
Des murmures, des regards baissés, d'autres emplis de force ou de haine. Les conseillers se posaient des questions quant à la confiance qu'ils pouvaient placer en leur protecteur, et celui-ci avançait clairement des faits qui remettaient en question la bonne gestion de la situation par les conseillers. Les accusations étaient à peines voilées dans les deux camps. Ce fut finalement l'un des derniers Haut-Conseillers qui prit la parole, davantage navré que haineux pour la première fois de l'échange.
"Tout ceux qui auraient pu vous répondre avec le plus d'exactitude sont morts à l'heure qu'il est. Telleran. Sigvald. La première attaque fut soudaine, nous pensions pouvoir traiter le cas comme un acte isolé. Puis nous nous sommes rendu compte de l'ampleur que tout cela prenait mais les Noss et les traitres empéchaient toute communication. Je ne sais pas comment vous avez fait pour passer, mais nos oiseaux ont été abattus et nos messagers ont disparu. Même Scalith n'a pu être mise au courant. Vous dites que vous refusez que le sang des nôtres soit répandu en vain. Alors, Seigneur-Protecteur, combien de temps voulez vous que nous attendions ? Combien d'entre nous devrons mourir pour que nous arrêtions de vivre dans la crainte et que nous nous mettions en marche pour défendre les nôtres ?"
Folie... folie et mensonge. Il était bien triste de constater cela chez l'un des conseillers ayant le plus de prestance, de connaître la vérité et de se dire que si lui-même ne pouvait pas entendre ou du moins ressentir la Symphonie il croirait cet elfe qui venait de prendre la parole. Alors quoi ? Que faire ? Comment montrer... ? Il aurait pu tout simplement dire qu'il irait lui-même parler aux noss le lendemain et que s'il mourrait de leurs mains, alors c'est qu'il n'y avait plus rien à faire. Mais le vol de l'orbe et les "arrestations" qui se déroulaient en cet instant précis faisaient qu'il devait trouver un moyen plus rapide de résoudre cette histoire et cela au sein-même de la cité. Et sans accuser directement ceux qu'il avait envie de remettre à leur place, puisqu'il manquait de preuves.
"Peu de temps et le moins d'elfes possible. Et pour cela il va falloir que nous voyions toutes les données que nous possédons. J'aurai donc besoin des rapports complets de ce qui a été testé au sein de la cité et envers les noss. Cela prendra je le crains du temps, donc autant que nous allions nous asseoir. Nous continuons cette conversation dans le temple."
D'un signe de la main il invita tous les conseillers à aller dans le lieu dédié à la Mère. A regarder son entrée, certains ne semblaient pas spécialement avoir envie de discuter à l'intérieur. La wyverne ne les inspirait guère... et s'ils avaient vraiment choisi de tuer plusieurs des leurs, alors ces conseillers devaient craindre Matha, le gardien du temple. Bon gré, mal gré, les citadins avancèrent pourtant un à un dans le sanctuaire, la plupart commençant à parler à voix basse du fait que s'installer ici alors que tous les rapports écrits étaient au palais était dépourvu du moindre sens. Chaque prise de parole de ceux qui s'opposaient au protecteur avait un peu plus ébranlé la confiance que les conseillers lui portaient encore. Ses arguments d'autorité, sa méfiance envers ses propres pairs, ses objections dépourvues de preuves ou de fondement, tout cela ne faisait que fragiliser une position rendue déjà chancelante par la missive du régent. La suspiscion planait au-dessus de sa tête, le rapprochement avec les actes de cette protectrice étrangère n'arangeant rien. Mais il était leur Protecteur, et il était dans les moeurs d'Eteniril de ne pas remettre en question les décisions d'un chef à moins qu'un chef plus fort ne prenne sa place... Et en cela, de plus en plus portaient en leur coeur un nom qui n'était plus celui de Neraën.
"Une fois à l'intérieur, serons nous enfermés comme vous vous êtes protégé de l'extérieur il y a quelques instants ? La voix s'était élevée, tranquile. Aneldor, une fois de plus. Tête haute et dos droit. Vous en avez assez de cette mascarade. Nous aussi. Vous en avez assez des sous-entendus. Soit. Aucun d'entre nous n'a de temps à perdre et les désordres de cette nuit font craindre le pire dans un laps de temps assez court. Vous dites que vous auriez pu empêcher ce massacre, c'est pourtant avec les savoirs que le rapprochement que vous avez orchestré que les Noss ont pu nous attaquer et faire tant de morts. Et vous n'étiez pas là. Vous vous plaigniez des offences que nous vous faisions mais de quel droit un protecteur absent peut-il regarder de haut ceux qui ont dû agir à sa place ? Nous savons que votre passé d'Aigle vous donne une loyauté extrême envers Anaëh dans son ensemble, mais c'est aujourd'hui votre loyauté envers notre cité qui est remise en question. Une explosion de molle indignation se fit entendre. - Oui ! Oui mes chers confrères, j'ose le dire. Nous ne savons pas si nous pouvons vous faire confiance dans cette affaire, protecteur. Le régent nous met en garde contre vous. La personne qui est le plus proche d'avoir subi les mêmes traumatismes que vous a assassiné l'un de nos derniers haut-conseillers. Un homme de bien et un ami. Vous restez le moins informé d'entre nous et vous agissez, certes avec autorité, mais dans un manque de logique constant. Vous êtes assez aux abois pour nous réunir tous en pleine nuit sur le parvis du temple mais vous prenez assez votre temps pour nous demander une réunion avec foule de rapports loin des archives de notre conseil et des secrétaires qui notent les minutes de nos séances. Vous semblez vous méfier de nous comme si vous nous reprochiez, à nous, l'état de la situation. Cela ne vous ressemble pas. Je me souviens d'un homme fort qui prenait la défense des siens et qui était capable de les fédérer dans un but commun même dans les situations tendues, non de les humilier et de les diviser en portant des jugements hatifs."
Les yeux se partageaient la scène. Les conseillers, opposés ou non, se sentaient touchés par le rappel de ce que représentait leur protecteur, mettant d'autant plus en lumière leur état actuel de suspiscion et d'amertume. Il était clair que plusieurs camps étaient nés... Et hélas, Aneldor venait de faire craquer la fine couche de glace sur laquelle tous marchaient prudemment.
"Je ne participerai pas plus avant à ce petit jeu. Si vous voulez que nous nous entretenions, avec votre amis sauvage ou non, vous me trouverez dans la salle du Conseil, au palais. Et j'invite tous mes frères à en faire autant. Nous n'avons pas le temps pour des jeux de pouvoir stérils, comme nous n'avons pas le temps de vérifier si nous pouvons vous suivre aveuglément ou non, Protecteur. La cité prime. Le forgeron se tourna vers les deux haut-conseillers survivants. Et c'est pour cela que je demande à ce que seuls les haut-conseillers présents lors de tout le développement de cette affaire gardent les pleins pouvoirs. Puis il reprit à l'intention du Protecteur. Dans l'immédiat, nous avons une situation délicate de désorganisation militaire à gérer alors que nous sommes en état de siège et une protectrice étrangère est en plus dans les cachots. A moins que vous me fassiez arrêter, je vais prendre congé et retourner au palais, là où est notre véritable place."
Les yeux durs d'une majorité de Conseillers se posèrent sur Neraën. Certains qui étaient déjà entrés tournèrent les talons, amorçant très clairement le chemin qui les porteraient au côté du forgeron. Les yeux de Neraën se tintèrent d'une colère qui n'annonçait rien de bon ; colère qui aurait éclaté si le druide n'avait pas décidé de prendre la parole.
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| | | Mélnaica
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] De pierre et de terre {Terminé} Jeu 4 Mai 2017 - 10:40 | |
| Une métaphorique porte se ferma. Sans un son, sans une brise, mais assez visible pour interrompre les pas des Hauts-Conseillers. C'est une congrégation de regards peints de frustrations qui se retourne d'abord vers Neraën, puis vers toi. Vers toi, pas vers le faux-dragon. Assez d'entendre battre des mots à travers les tympans d'un corps qui n'est que moins de moitié le tien, assez de devoir supporter le silence imposé par la glotte reptilienne. Tu es une épave oui, le visage marqué par les larmes qui y ont séché par dessus les tatouages, le cheveu défait par la panique, l'oeil rougi de douleur et les sinus encombrés d'émotions conflictuelles. Tu es une épave oui, mais si longtemps que poser ta coque sur le fond marin permettra à ton mât de faire surface, tu continueras de te battre contre la marée montante. - L'un d'entre vous au moins connait la vérité. tu laisses échapper un murmure L'un d'entre vous au moins sait les réponses, tu lances une oeillade meurtrière à Aneldor les véritables réponses aux questions de votre seigneur protecteur.
Tu commences à marcher, lentement, tête basse, décrivant de larges cercles autour d'une assemblée rendue anxieuse par ce qu'ils pouvaient à juste titre interpréter comme une menace. Tu les entoure de tes pas, accompagné d'un cortège de silhouettes nées de jeux d'ombres et de lumière. Parfois l'une se lève, parfois l'autre meurt, transpercée par l'épée que portait la première. Des gerbes de sang fantômatique viennent rappeler à ceux qui savent le souvenir de la mort commanditée par leurs propres esprits dérangers, et alors que tu tournes tel le requin en chasse autour d'eux, ils se rassemblent, banc d'argentés bêtement solidaires qu'ils sont. - Vous qui aimez à prendre pour excuse le diagnostic de l'un de vos faillibles docteurs, sachez tout d'abord que l'état de la Protectrice et celui de Neraën sont incomparables. tu te tournes un instant vers l'elfe désigné Votre Seigneur-Protecteur aujourd'hui plus que jamais a l'oeil tourné vers la vérité. La vérité première, celle que la Mère seule sait distiller. Pardonnez-vous vous-même si vous trouvez son discours dénué de logique, car c'est ici lui l'éclairé et vous ceux nageant dans les ténèbres. tu t'arrêtes Il sait. Je sais. Nous les innocents, nous savons. Nous savons que c'est à cause de certains d'entre vous que le sang a appelé le sang. Nous savons que d'autre parmi vous ont été bernés, et à cause de la faiblesse qu'est leur surdité, portés à croire en ceux qu'ils pensent connaître.
Tu t'approches des conseillers un par un, faisant briller du bout de tes doigts la lumière du jugement au plus proche de leurs visages, faisant mine d'observer son reflet dans leurs yeux. Tu éclaires leurs pupilles pour que puissent mieux s'y accrocher celles de Matha, dont aucune part du temple n'échappe à la surveillance, et tu écoutes les hurlements silencieux de la louve de végétation dont les recollections ne sont pas assez tangibles, même à toi, pour reconstituer la moindre preuve.
- Vous n'êtes pas en état de siège. Vous avez le couteau sous la gorge. Vantez tant que vous voulez les prouesses de vos guerriers, les Noss les égaleront, mais ils sont plus nombreux, et à cause de l'outrage que vous avez fait à la Mère, ils seront plus féroces. Continuez de vous terrer dans le mensonge et la Symphonie chantera la chute de la Cité d'Eteniril pour les cycles à venir. Nous sommes prêts à faire ce sacrifice pour réparer vos torts, mais vous, l'êtes-vous ?
Tu pénètres le banc d'argentés, te fraie un chemin jusqu'aux côtés de celui qui t'as accompagné déjà une fois vers ce qui aurait pu être sa mort. Tu te dresses au centre du cercle, à la gauche de Neraën, effacant de tes mains les traces qu'ont laissé les eaux salées du passé.
- Je mentirais en déclarant ne pas me réjouir de l'idée de voir tomber une Cité de Pierre. Je n'ai que bénéfice à tirer de votre mascarade ; du sang, il en faudra plus à l'Anaëh pour s'assombrir. Mais vous qui vous targuez de vouloir protéger les votre, vous qui racontez ne plus vouloir vivre dans la crainte, pourquoi briser un accord de vie en appelant à la mort ? tu fermes les yeux, et au même moment, la figure de ronces aux épines acérées se love jusqu'au cou des accusés Si vous œuvrez pour la vie, que les coupables confessent devant leur peuple entier et offrent la leur, en échange de milliers.
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| | | Telenwë Neraën
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] De pierre et de terre {Terminé} Jeu 4 Mai 2017 - 13:14 | |
| "Mélnaica... enlève ces ronces, je te prie. Cet avertissement devrait suffir."
Neraën avait adressé ces mots uniquement au druide, une foule de souvenirs et d'émotions cachés derrière son visage de marbre. Souvenirs que celui qui était à nouveau considéré comme un étudiant en magie de l'esprit avait pu partager sans le vouloir, pour qui était assez empathique pour s'en rendre compte. Souvenirs de la bataille d'Eraïson, de discussions au sein de la cité, de personnes désormais disparues ou encore d'un druide qui avait sacrifié sa vie pour en protéger bien d'autres. Alors qu'il parlait, Neraën avait revu en Mélnaica un peu de celui qui fut Tinrael. Le jeune druide n'était pas encore tout à fait adulte, l'enfant qui s'était dévoilé en lui peu de temps auparavant étant la plus grande preuve... mais lui qui méprisait les citadins, lui qui jusque là n'avait pas arrêté de critiquer et d'insulter... voilà que malgré la faiblesse visible physiquement sur lui, il réagissait en druide. Quelques mots auraient voulu sortir de sa bouche, mais il n'en était pas encore temps ; si son coeur battait encore après cette étrange nuit, alors il aurait le temps de les adresser au noss.
À la demande de Neraën, d'épines en fleurs les lianes se sont décorées. En un million de pétales elles ont explosé, et de pétales en ailes comme des papillons elles se sont envolées. Tour de passe passe plein de sarcasme muet, le druide libéra les peureux de leur prison sans consistance. Au légitime chef de ces lieux maintenant de s'exprimer, et à Mélnaica de reprendre l'écoute et de soutenir de son visage et de ses expressions les mots de celui qui est ici son seul allié.. jusqu'à ce qu'ils prennent la perpendiculaire des tiens.
Neraën regarda le druide, attendit qu'il défasse les ronces et s'avança dans le cercle et fixa tour à tour les conseillers de ses yeux profonds. Dans certains regards se lisait la haine, dans d'autres la peur ou encore l'incertitude... Il était à son tour de prendre la parole.
"Tous, vous avez vous-mêmes participé à ce que ce soit moi qui devienne protecteur. Protecteur d'une cité, certes, mais également de tout un protectorat. Et c'est en défendant ce protectorat que je peux encore espérer pouvoir protéger ceux qui m'ont vu naître, grandir, prendre pour la première fois les armes et finalement me mêler à la politique de cette cité ; ceux que je considère comme étant mes frères, ceux de la cité d'Eteniril. Je suis venu de moi-même sans avoir été mis au courant de ce qui se tramait depuis deux mois en ces murs ; j'apprends au passage que le traîté qui avait été convenu avec les noss n'a pas été respecté et que, pire encore, l'assassinat est devenu banal puisque plusieurs haut-conseillers ont péri et que l'un d'entre eux est encore de ce monde pour pouvoir en faire le témoignage, si ce ne sont pas les soldats qui ont dû aujourd'hui même se battre contre leurs frères pour rester en vie.
Vous pouvez vous offusquer de mes paroles ou encore crier que je suis uniquement du côté des noss. Quoi que vous pensiez, regardez bien les faits : depuis que je suis retenu en Alëandir, les tensions avec les noss ont recommencé, se sont même envenimées et le Haut-Conseil n'est plus rien, laissant la cité dans la peur, l'inconfort et l'instabilité. Et par-dessus cela, vous désirez entrer en guerre contre les noss ? Les batailles d'Eraïson et du front ne vous ont-elles pas suffi ? Les guerriers sont-ils prêts à reprendre les armes, à connaître à nouveau l'horreur de la guerre alors que cela ne fait que deux mois qu'une autre s'est terminée ? Etes-vous tous prêts, vous qui êtes ici, conseillers ou soldats, à demander à vos enfants et vos conjoints de se battre dans une guerre qui ne pourra être que meurtrière ? Parce que c'est la voie que vous prenez ; c'est uniquement vers là que vous allez et pour beaucoup d'entre vous sans même vous en rendre réellement compte. Ceux qui se sont battus pendant plusieurs siècles et qui ont vécu plusieurs batailles savent de quoi je parle : vouloir se battre pour ses principes ou les siens est la plus honorable des volontés ; revenir d'un champ de bataille laisse des marques indélébiles et vouloir sauvegarder les siens de cela n'est pas une faiblesse mais un gage de bonté. Etes-vous toujours prêts à continuer en ce sens, maintenant ? Désirez-vous toujours cette guerre lancée par le meurtre de nos frères par la plupart d'entre vous ?"
Sans laisser le temps aux personnes présentes de répondre, il continua, revenant sur les derniers propos de Mélnaica.
"Les noss demandent que le sang soit versé pour l'affront que ceux qui ont commis de tels actes, les insultant en même temps que la Mère elle-même. A ceux qui ont ainsi causé tant de tort à cette cité, la justice d'Eteniril ainsi que de la Mère se posera sur eux."
Par ces mots, Neraën sous-entendait que le sang ne serait pas forcément versé comme les noss le désiraient, ce qui fut compris par la généralité des personnes présentes. Mais ceux qui connaissaient les lois et le tempérament de Neraën savaient très bien quelle pouvait être la peine subie par des traîtres... aux concernés de faire le choix entre la mort ou la vie loin d'Eteniril et le rejet de tout elfe.
"Neraën, que la justice d'Eteniril m'en excuse, mais ce n'est pas à leur sang que j'en veux, mais à leurs vies. - J'en ai bien conscience Mélnaica..."
Neraën ne rajouta aucun mot, mais le regard qu'il adressa au druide en dit long : peut-être bien que ses mots ne prenaient pas réellement la tangeante de ceux de Mélnaica.
"...Tout comme j'imagine que tu as au moins autant que moi peine à trouver espoir en ce qu'il peut leur rester de valeur, mais puisqu'un jour leur peuple leur a confié leur voix, il fut un jour où ils portèrent la moindre dignité. Le druide posa un lourd regard sur l'assemblée. Je ne me targue pas d'être capable de la leur rendre, mais au moins en disposant de leurs vies je pourrais leur forcer à ouvrir les yeux... ou à souffrir un éternel enfer de cécité."
Le dernier repos, le confort de l'abysse de Tari, ils ne le méritaient pas. Ce sont des épreuves qu'il fallait leur infliger pour qu'ils comprennent. C'est au marteau et au burin qu'il fallait exposer leur psyché. Que les tribulations coupent les battements de leur coeur s'ils sont trop faibles, mais qu'ils meurent à l'effort plutôt que relaxés par une sentance qu'ils croiront à tort faire amende à leurs abominations. Etait-ce là ce que pensait Mélnaica et le raisonnement que pouvait comprendre Neraën. La mort était parfois une punition bien trop douce... surtout lorsqu'il s'agissait de traîtrise ou de sacrilège. Certaines barrières étaient désormais tombées et les quelques âmes qui espéraient encore que le noss et le protecteur ne s'entendent pas virent une autre réalité ; réalité qui scellerait une partie du destin d'Eteniril.
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| | | Telenwë Neraën
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] De pierre et de terre {Terminé} Jeu 4 Mai 2017 - 13:31 | |
| Ainsi le Noss avait parlé, cristallisant les peurs les plus primales des Taledhels présents en un diamant indestructible. Ainsi le Protecteur Neraën avait choisi son camp, celui des sauvages tueurs de Conseillers. De ceux qui défendaient les Noss, il n'en restait pas un pour détourner les yeux de la menace directe qui venait de leur être faite. Sous les propos sibyllins du druide au sujet de la culpabilité des Citadins, les conseillers les plus ouverts n'avaient pu apercevoir que le conflit antique qui opposait les Noss et les Cités de pierre. Fous. Sourds. Faibles. Détournés de l'Oeuvre. Tournant le dos à la Vérité la plus pure. Responsable de la moindre goutte de sang versé par leur entêtement à oublier l’OEuvre et ses bienfaits. Combien de fois avaient-ils été accusés de ces maux fantômes que portaient les regards accusateurs des Elfes des bois ? Combien de fois les Noss leur avaient tenu un semblable discours en dénigrant leur mœurs et leur façon de vivre ?
Celui-ci leur faisait démonstration de pouvoir sur démonstration de pouvoir. Menace implicite sur cri de guerre. Rugissement sur attaque directe...
Tenetrian avait dégainé assez rapidement pour trancher la langue végétale avant qu'elle n'atteigne son voisin, mais ce qui pousse une fois peut reprendre de la vigueur. Il s'immobilisa avant de sentir les ronces lui crever la chair. Quelques autres combattants particulièrement rapides avaient eux aussi pu se défendre... avant d'être eux aussi mis à mal.
Puis était venu la honte de s'être fait ridiculisé par une illusion.
Malgré leur libération, les mots de Neraën achevèrent son inexorable chute. Aucun remord. Aucune excuse. Aucun regret. Il ne faisait que se draper dans sa superbe au côté du druide qui les avaient contraints, affichant le même avis que lui. Il les menaçait au côté d'un Noss, les rabrouant comme s'ils étaient responsables eux-mêmes de la mort de leurs pairs. Comme s'il était seul au-dessus de la mêlée, au-delà de tout soupçon. Impensable. Inacceptable.
Ceux qui savaient l'avaient fait pour leurs pairs et ne renonceraient pas. Ceux qui ne savaient pas ne pouvaient croire des paroles proférées comme une accusation personnelle et un jugement envers toute une Cité. Leur Cité.
Il n'y avait plus face à eux un Protecteur et un Témoin, mais un Tyran et un Marionnettiste. Le temps de la parole n'était plus. Aneldor savait que nombre d'entre eux auraient du mal à oublier assez les hauts faits de leur ancien leader pour se passer d'une lutte à arme égale, pourtant le temps pressait...
Pendant que le forgeron réfléchissait, le Haut-Conseiller lâcha d'une voix profondément déçue :
"Assez Neraën. Vous acceptez qu'un Noss menace les vôtres jusque sous votre propre nez. Je n'ai d'autre choix que de vous... - Laissez Ordan, je suis déjà aller trop loin. C'est à moi de le provo... - Prends garde à ce que tu dis !"
Pour la première fois, le Haut-Conseiller avait élevé la voix. Son timbre profond claquant comme un fouet dans l'air nocturne et faisant sursauter plusieurs spectateurs.
"Toi qui voulais retourner à des affaires plus pressantes, ne demande rien que tu pourrais regretter. Provoquer une joute maintenant ne ferait que montrer qu'un ex-Lieutenant des Aigles est plus fort que toi une lame à la main et nous ferait perdre à tous un temps précieux. Regarde autour de toi, Aneldor. Ce duel il l'a déjà perdu."
Le forgeron laissa son regard glisser sur les visages de ses confrères, découvrant avec une douleur mêlée de jubilation que les traits tirés abritaient des regards haineux, rageurs, méprisants. Ceux qui jadis avaient pris fait et cause pour conserver la paix restaient sombres, les yeux baissés. Même Fanwë qui avait défendu le druide à son arrivée sur les lieux se tenait le cou d'une main tremblante.
Pour être suivis, certains s'appuient sur la peur, certains sur la confiance, d'autres encore font miroiter à leurs pions ce qu'ils désirent vraiment. En arrivant la majorité était indécise, mais les mensonges des assassins sonnaient juste à leurs yeux d'elfes de pierre en s'accrochant sur une peur bien plus ancienne que les murailles qui les tenaient à l'abri. Une peur exacerbée par la fatigue et la mort, cristallisée par le danger, le jugement et la menace de celui qui aurait dû arrivé en sauveur, sapé par la ruse des esprits les plus vils. Plus le protecteur s'était montré arrogant, accusateur et froid, plus il s'était montré proche du Noss qui l'accompagnait, plus il avait montré ses doutes envers le Conseil, plus le collet s'était resserré.
Le mal ne pouvait venir d'entre ces murs. Si ça avait été le cas, nombre d'esprits en auraient été brisés.
Seuls trois cœurs restaient sûrs. Celui d'un jeune Lieutenant tout d'abord, resté silencieux pour agir lorsqu'on l'exigerait de lui, glacé de voir avec quel naturel un homme pouvait jouer sur les peurs de ses frères pour obscurcir leur jugement. Ses soupçons se révélaient vrais juste devant ses yeux. Si son épée pouvait ôter la vie, il prenait pour la première fois conscience du véritable pouvoir des mots...
Le second était celui d'un vieillard. Ayant officié à Alëandir bien des années avant de venir siéger au conseil, il se souvenait du visage d'encre d'un certain Conseiller. De cela, il avait appris que la trahison et la mort peuvent naître partout, y compris dans le cœur de ceux que vous pensiez vos plus proches appuis. Mais à quoi bon tenter de raisonner une meute enragée ? S'il avait parlé avant... avant que ce druide ne les menace... avant que Neraën ne les accuse... avant qu'Aneldor ne lance ce jeu étrange. Il ne savait pas à quel point chacun des camps était dans le vrai, mais il savait que la précipitation, la peur et la vengeance étaient les pires conseillères qu'un elfe pouvait écouter... et que c'était celles-la même que Tenetrian, Aneldor et Ordan mettaient sans cesse en avant.
La dernière était encore plus tranchée que les deux autres. Sa ferveur à défendre l'initiative du Protecteur concernant les Noss et sa foi sans faille envers les dieux en faisaient un roc inaltérable. Un roc doté d'une certitude toute politique : se mettre en porte à faux d'un tel groupe lui ferait perdre toute capacité d'action si les choses devaient mal tourner, ce qui avait bien trop de chances de se produire. Chacun portait son fardeau et accomplissait son devoir de la façon la plus efficace possible. Aujourd'hui, elle avait choisi de se taire pour rassembler demain, lorsque les brumes du sang et de la colère seraient retombées.
Fondus dans la masse. Nul n'aurait put les soupçonner.
"Vous avez raison, Haut-Conseiller..." murmura Aneldor.
Les deux hommes échangèrent un regard. Ordan acquiesça avant de prendre la parole d'une voix sûre.
"Rendez-vous tous les deux et aucun mal ne vous sera fait. Nous aurons l'occasion de régler la question de votre implication à tête reposée. Sinon nous devrons vous arrêter de force."
Et même un ancien Aigle devait connaître la crainte face aux tuniques blanches des Etenirilis.
- Hrp :
Un éternel merci à Halya pour son aide quant aux réactions des conseillers.
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| | | Mélnaica
Elfe
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| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] De pierre et de terre {Terminé} Jeu 4 Mai 2017 - 21:42 | |
| Ainsi les mots du Seigneur-Protecteur ne servirent à rien, hormis peut-être à alimenter ceux pourvus de folie des trois elfes qui semblaient être les principaux meneurs de cette mascarade. Et les gens écoutaient plutôt leurs émotions que la logique pouvant se trouver derrière un discours. C'en était navrant, mais de toute façon il était trop tard pour reculer. Les traîtres avaient gagné cette bataille, gagnant certainement par-là même cette guerre. La première réaction de Neraën, surprenante venant de ce personnage, fut de rire. Un rire chargé de stress, un rire chargé de désespoir et d'acceptance. Il avait beau être un ancien Aigle, il connaissait suffisamment bien l'armée d'Eteniril pour savoir qu'il ne tiendrait pas deux minutes contre autant d'elfes, surtout avec une épée de parade au lieu de son épée double.
- Puisse mon corps venir à succomber à la trahison de mes frères de sang, que la Voilée prenne mon souffle d'entre les mains de sa sœur, et que la Mère rende témoignage par delà la Sylve de ce qu'a subi son enfant.
Tu t'avances, non sans frissons, vers les gagnants de cette bataille. Ils t'ont déjà emprisonné une fois. Ils ont tenté de te détruire une fois. Ce n'est pas la seconde tentative qui sera la plus fructueuse. Sans votre intervention à Neraën et toi, sans votre confirmation devant les Ornedhels d'une amélioration de la situation, la Cité Eteniril pouvait se considérer comme se lançant dans une guerre qu'elle était sûre et certaine de perdre. Elle ne sera pas sans prix pour ceux des bois cette bataille, mais lorsqu'ils auront fait tomber les murailles alors le sacrifice en aura valu la chandelle, et ce seront ceux qui se réjouissent maintenant qui seront les grands perdants. Le temps est compté, la Lune Rouge approche, et lorsqu'elle sera pleine, s'ils honorent au moins leur promesse de ne pas vous faire jugement hâtif, tu seras encore vivant pour leur dire que tu les avais prévenu, et pour cracher ta salive acide sur le forgeron avant de te délecter de le voir s'en aller vers une mort certaine.
Un prisme, un autre, un rayon de lumière, une multitude de couleurs, tu t'en sépares comme d'une exuvie, laissant derrière-toi ta carapace animée pour rejoindre un monde à quatre sens. Ta main glisse, lentement contre la paume de Neraën, espérant ne pas le surprendre, espérant ne pas confondre son expression, priant qu'il comprenne. Il n'était pas encore temps pour toi de prendre contrôle de son apparence, tu ne le connaissais pas assez pour en faire impression crédible. L'illusion serait cette fois trop rapidement déjouée. Tu te mures dans un silence que ta respiration elle-même n'a pas le droit de trahir, crispant chaque muscle de ton visage d'anxiété en attendant le premier pas du Seigneur-Protecteur. Il ne voit pas comme toi, lui aussi ne voit que ce que tu lui montres. S'il te suivait, il ne se verrait plus non plus. S'il te suivait, lui aussi deviendrait transparent comme le vide, laissant derrière lui une farce de son miroir ; mais tu espères malgré tout, tu espères qu'il te fasse assez confiance pour te suivre dans le néant. Il l'a déjà fait une fois après tout.
Ce ne fut pas tant le toucher que le l'impression de magie qui surprit Neraën. D'instinct il fit appel à la magie de l'esprit et reconnut à côté de lui ta présence. Les jeux de lumière, l'invitation à te suivre, à fuir, il la comprenait, mais il n'y répondit pas. Le protecteur regarda fixement ceux qui se trouvaient devant lui, les gens d'arme commençant à s'approcher. Fuir, sauver sa vie en une telle situation était une option des plus tentantes. Mais il n'était pas le seul mage de l'esprit à exister et il en avait reconnu un dans la foule. Un qui devait par précaution être concentré sur lui, cible plus tentante à leurs yeux que tu ne l'étais. L'épéiste dut se rendre à l'évidence qu'il serait jugé par les siens pour une traîtrise qu'il n'avait pas commise. Quant à toi, il t'espérait capable d'échapper à ce guet-apens avant d'être conduit une nouvelle fois aux geöles... S'il n'était pas enfermé par ses propres pairs, alors toutes les chances de faire s'effondrer cette folie de l'intérieur serait réduite à néant. Tout en fixant de ses yeux bleu océan Ordan, il murmura.
- Pars. Préviens les autres et va faire état au régent d'Alëandir de ce qui se trame. De la vérité des tiens. Pars et dit à Anornedellon que nous n'aurions jamais dû essayer de voir jusqu'où notre lien pouvait nous mener. Il comprendra.
Alors sa main relâcha la tienne et il s'avança vers les gardes, défaisant de lui-même la ceinture qui retenait l'épée de protecteur à ses côtés.
Ton cœur commence à battre la chamade, le temps t'es compté avant que vos futurs geôliers ne tentent de mettre main sur ton fantôme et ne découvrent ta seconde supercherie. Tu ne peux pas tirer, mouvement ou acte de dissimulation seraient trop peu naturel, Neraën serait dévoilé, et toi avec. Tu ne peux pas lui hurler de te suivre, sans quoi ce serait une autre occasion de chute. Tu ne peux que subir sa décision, et prendre sur toi la culpabilité qui viendrait avec. C'est à la fois pour toi et à cause de toi que Neraën resterait là, et se livrerait à la justice cruelle de son foyer défait. Tu entends son murmure, tu comprends ses raisons, et tu ne peux que valider son choix, mais avant de partir il reste encore une chose qu'il est en ton pouvoir... non... en ton devoir de faire. Une illusion que Neraën pouvait se donner la peine de jouer avec toi. Tu sais quelle est sa décision, tu sais ce qui peindrait et ce qui peindra son visage à l'avancée de vos assaillants, et c'est ce que tu leur montres. C'est tout un autre combat pourtant derrière cette image, un combat qui arrive d'ailleurs à sa fin, et que tu as gagné. Dissimulé dans le néant, ton coeur battant et ton maigre poids pour seul témoin, tu te permets d'enlacer le Seigneur-Protecteur. Une fois, une seule et unique fois pour les siècles à venir, tu te confies avec la vue pour seul masque. - J'irai. Merci, ornanòro. Et puis tu le lâchais pour complètement disparaître à ses sens, et partir, ventre à terre, là où plus personne ne te chercherait. Quand tu reparaîtrais ce serait pour attiser la férocité de ceux qui doivent marcher sur la Cité. Quand tu reparaîtrais ce serait pour que d'autres lèvent les armes, mais quand les armes seraient levées tu ne pourrais même pas lever les tiennes et partir au combat, parce que cette peste de Protecteur t'avait fait promettre. Tu ne peux pas risquer ta vie maintenant, ou son message serait perdu avec toi ; alors tu t'en vas vers Alëandir, espérant, espérant de tout ton cœur que quelqu'un crache de copieuses glaires au visage d'Aneldor le forgeron avant de le mettre à mort.
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| | | Telenwë Neraën
Elfe
Nombre de messages : 571 Âge : 32 Date d'inscription : 04/07/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 816 ans Taille : 2m05 Niveau Magique : Apprenti.
| Sujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] De pierre et de terre {Terminé} Ven 5 Mai 2017 - 7:23 | |
| Il ferma les yeux, juste un court instant, le temps que le druide l'étreigne pour la première et certainement pour la dernière fois. Acte simple mais qui avait tout son sens, d'autant plus aux yeux de Neraën. Puis il rouvrit les yeux, l'elfe l'ayant relâché, et s'avança d'un air résolu vers ceux qui désiraient s'emparer de lui. Lui le pseudo-protecteur ; lui l'elfe qui a osé frayer avec les noss ; lui le traître. Il se défit de sa ceinture et la donna au premier garde qui l'intercepta, se désarmant en même temps et selon l'imagination de certains rendant son tablier de protecteur de la cité. Ils n'avaient rien vu de l'étreinte... tout comme ils se rendirent trop tard de la supercherie du mage de la lumière. La colère prit de nombreux coeurs et le simple sourcil relevé de Neraën n'aida en rien les esprits à se calmer. L'envie de rire n'était pas dans son coeur ni dans la nervosité. Oh non, il était bien loin de cela... et alors qu'il regardait vers le ciel, ses pensées allèrent vers celui en qui il avait décidé de placer sa confiance. *Volez, tous les deux. Prenez les preuves et volez aussi vite que vous le pouvez. Bien plus de vies dépendent de vous que ce que vous croyez.*~~~~~~~~ Le bruit régulier de gouttes d'eau tombant dans une flaque rythmait sans joie le peu de vie au sein des geôles. Parfois quelques mots étaient échangés entre prisonniers, mais les deux protecteurs étaient de toute façon en trop mauvais état pour s'amuser à passer le temps convenablement. Pour tout dire, Neraën restait silencieux depuis qu'on avait refermé la porte de sa cellule derrière lui, du moins au départ. Car maintenant qu'il était sous terre, maintenant qu'il était coupé à la forêt et sa symphonie... il ressentait à nouveau ce manque cruel, manque de vie, manque de ressentis... ce manque qui le poussait à désirer plus que tout à utiliser sa magie pour combler l'énorme vide qui s'était fait en lui. Et le pire était qu'il devait se forcer à ne pas user de ce don qu'il n'avait aucunement désiré. Pas par étique, ni par considération pour l'autre âme pour une fois, mais juste parce qu'il se devait de mettre toutes les maigres chances qu'il pouvait encore récupérer pour pouvoir réussir l'exploit d'affaiblir la haine qui régissait le coeur des conseillers. Et du temps pour y penser, il en avait... énormément même. Alors au départ était-il un prisonnier relativement tranquille ; par la suite on ne le reconnut pas. Ainsi débutait les longues journées précédant le procès d'un protecteur.
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