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 Trois roses pour une future épouse [PV Tibéria]

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Franco di Celini
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MessageSujet: Trois roses pour une future épouse [PV Tibéria]   Trois roses pour une future épouse [PV Tibéria] I_icon_minitimeMer 18 Jan 2017 - 23:17


~ L’amour ne loge point sous le toit de l’avarice ~

9ième jour de la troisième ennéade de Barkios
9ième année du 11ième cycle

Trois roses.
L’une rouge, l’autre rose et la dernière blanche.

Franco n’avait jamais été romantique. Il allait bientôt être marié pour la deuxième fois de sa vie. En fait, il n’avait jamais vraiment réfléchit à l’amour. La première fois il s’était marié par « convenance ». Cette fois-ci, les choses étaient plus complexes. Etait-ce de l’ambition ? De la soif de pouvoir ? Une envie de nouveauté ? Ou peut-être même une longue vie avec sa nouvelle épouse qui se préparait. Peu importe, les dés étaient désormais lancés et il était là, parcourant les couloirs du palais de Soltariel armé de trois magnifiques fleurs. Il avait demandé à un jardinier de sa maison de les récolter aux premières lueurs de l’aube. C’était à cette heure-ci que les belles épineuses ouvraient leur cœur afin de profiter du soleil naissant. C’était surtout à ce moment-là qu’elles étaient les plus belles.


Une rose rouge pour la passion. Tibéria était une belle femme. Peut-être un petit peu trop petite et trop jeune pour rentrer dans les critères complexes de sélection de Franco, mais tout de même. De par son rang, elle se voulait toujours bien apprêtée et élégante. Le grand brun ne brûlait pas d’un désir ardent pour elle, mais il saurait l’apprécier à sa juste valeur le moment venu. A vrai dire, le cœur du noble n’avait jamais flanché pour une femme au point qu’il en devienne éperdument amoureux comme dans les pires romans à l’eau de rose. A l’heure actuelle, il ne savait pas s’il connaitrait ce sentiment mystérieux un jour.

Une rose rose pour la douceur. Un peu de douceur. Voilà ce dont tout le monde avait besoin. Ce n’était pas dans la nature de Franco de penser ainsi, mais ce soir était différent. Tibéria avait besoin de douceur, Soltariel avait besoin de calme, la Péninsule toute entière avait besoin de s’apaiser. Même Franco ne rechignait pas à faire une pause de temps en temps. Il avait d’ailleurs pris le temps de bien réfléchir à de nombreuses choses ces derniers jours et à mettre de l’ordre dans ses affaires. Il ne voulait surtout pas endosser le sacerdoce de duc sans y être correctement préparé. Désormais, il avait l’impression de savoir où il allait. Du moins pour le moment.

Une rose blanche pour la paix. Comme Franco l’avait déjà exprimé à Tibéria, en tant que Duc il aspirerait au dialogue et à la paix. Dans un premier temps, il avait vu ce petit bout de femme comme une ennemie, ou même une rivale. Mais maintenant il en était sûr et certain, la duchesse était son alliée. Elle avait sa part de pouvoir et ses raisons d’être sur le trône, lui avait les siennes. Dialogue et compromis sont bien plus vecteurs de réussite que conflit et égoïsme. Si le duc et la duchesse du puissant Duché de Soltariel aspiraient à la paix, leur mission était vouée à la réussite.


Absorbé par ses pensées, Franco avait bien avancé dans le palais et s’approchait dangereusement des appartements de Tibéria. Vu qu’ils ne seraient mariés que le lendemain, Franco n’avait toujours pas partagé la couche de sa promise. Mais il souhaitait lui rendre visite en cette douce soirée d’automne afin de faire un dernier point avec elle avant le mariage. Il avait pensé qu’une petite attention florale ne serait pas de trop pour dissiper les angoisses de la duchesse. Une fois devant la porte qui menait aux quartiers de Tibéria, Franco toqua. Pendant une fraction de seconde, il se demanda s’il n’était pas ridicule avec ses roses et hésita à les cacher. Puis elle surgit, d’un pas alerte, comme si elle s’attendait à le voir.

- Bonsoir Tibéria, je vous ai amené des roses.

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MessageSujet: Re: Trois roses pour une future épouse [PV Tibéria]   Trois roses pour une future épouse [PV Tibéria] I_icon_minitimeVen 20 Jan 2017 - 2:18

Voilà, on y était… Enfin, presque. Le mariage entre Tibéria de Soltariel et Franco di Celini était prévu pour le lendemain. Sans tambours ni trompette, l’union devait être célébrée dans l’intimité à la demande de la jeune duchesse. Seuls les vassaux du duché étaient invités et Tibéria avait sous-entendu qu’il n’était pas nécessaire d’y être et qu’elle ne serait pas vexée par leur absence. Ils allaient y être, bien entendu, car c’était aussi le couronnement de leur nouveau duc et que son ascension n’avait pas à se faire dans le plus grand des secrets. Tibéria ne lui avait pas laissé de chances jusqu’à maintenant. Malgré ses efforts pour être vivable en sa présence, elle ne pouvait pas voir cet homme autrement que comme un opportuniste. Ils se côtoyaient tous les jours et vivaient sous le même toit, mais le gouffre qui les séparait semblait infranchissable. Tibéria se sentait comme un simple objet que l’on marchandait. Ses unions ne se résumaient qu’à une signature de contrat et à des paroles dépouillées de tout leur sens. Jusqu’à présent, Franco n’avait rien fait pour lui prouver le contraire. Comme pour Arichis, à ses yeux ce mariage n’était qu’une formalité, une étape avant quelque chose de plus grand.
 
Tibéria s’était retirée tôt dans ses appartements afin de se préparer pour le lendemain. Son ressentiment envers la cérémonie du lendemain lui dictait de ne rien faire de spécial et de se présenter devant Franco vêtue d’un sac de jute, mais sa conscience l’empêchait de mettre son plan à exécution. Elle fit coudre une nouvelle robe et profita des soins de ses servantes. Un bon bain chaud suivit d’une exfoliation et d’un massage avec des huiles odorantes qui laissèrent sa peau douce et agréablement parfumée.
 
— Pour demain, j’espère que la température sera affreuse. Un temps orageux et déprimant avec du vent et beaucoup de pluie. Un brouillard si épais que l’on ne peut même pas voir le bout de son nez.
 
L’esclave qui massait ses pieds gloussa de rire.
 
— Humidité et vent… Je n’ose imaginer l’état de vos cheveux si cela arrive. Fit remarquer Cassio qui rangeait le désordre engendré par les préparatifs de Tibéria.
 
— Alors il épousera un épouvantail, je m’en moque. Il devra s’y faire de toute façon vu que tous les matins, mes cheveux sont… Elle fit un mouvement ample avec ses bras pour illustrer le côté indomptable de sa chevelure, faisant sourire tout le monde dans la pièce.
 
Tibéria s’enfonça un peu plus dans son fauteuil. Tous les soins qu’on lui avait prodigués n’avaient pas réussi à atténuer l’angoisse qui lui nouait l’estomac. La nuit à venir sera longue. La première fois, elle n’avait pas non plus réussi à dormir. Tout laissait croire que ça sera aussi le cas cette nuit, mais pour des raisons un peu différentes. Cette fois, elle savait ce qui l’attendait, peut-être un peu trop bien même.

— Bon, ça suffit, vous pouvez vous retirer. J’ai envie d’être seule. Cassio, peux-tu me rapporter une tisane? Merci…

En un clin d’œil, la chambre se vida, laissant la duchesse à ses pensées. Elle laissa son fauteuil pour aller ouvrir une fenêtre. Une brise fraîche s’engouffra à l’intérieur, dissipant l’ambiance légèrement enfumée de la pièce. Tibéria n’occupait pas les appartements ducaux. Après la trahison d’Arichis, Tibéria demanda à ce qu’on lui donne une autre chambre, plus petite, mais qui répondait à ses besoins. Toutefois, les appartements ducaux ne pouvaient pas rester vides indéfiniment et Franco s’attendait sûrement à les occuper une fois le mariage prononcé. Ainsi, peu avant son départ pour Merval, elle fit les arrangements nécessaires pour les préparer. Elle fit refaire toute la décoration et installer un nouveau lit. Elle ne pouvait se résoudre à dormir dans l’ancien. Tibéria était passée voir le résultat plus tôt dans la journée. Tout était parfait, mais de voir ainsi les derniers préparatifs se mettre en place lui rappelait que le moment critique s’approchait à grands pas.

Perdue dans ses pensées, Tibéria regardait par la fenêtre lorsqu’elle entendit toquer à la porte. C’était trop tôt pour que ce soit Cassio avec la tisane qu’elle lui a demandé. Elle se dirigea vers la porte et l’ouvrit pour tomber nez à nez avec Franco.

— Oh!

Elle baissa les yeux sur les roses.

— Oh!

Recevoir des roses de la part de Franco était probablement la dernière chose qu’elle espérait de sa part. Quelle mouche l’a piquée? Tibéria n’était pas en état de le recevoir avec ses cheveux défaits et encore humides d’avoir été lavés. Elle ne portait qu’une robe de nuit avec un châle de soie sur ses épaules. Elle était même pieds nus! Sans être indécente, elle présentait une image bien différente de son allure habituellement tirée à quatre épingles. Elle prit les fleurs avec un sourire.

— Elles sont magnifiques, merci. Trois couleurs différentes, est-ce parce que vous ne saviez pas qu’elle était ma préférée? Entrez… Je viens de terminer les derniers préparatifs pour demain. Cassio est parti me chercher une tisane. Je vais lui demander de vous en apporter une aussi, si vous voulez.

Elle se tassa de côté pour le laisser passer. Il n’était jamais entré dans sa chambre et ça faisait un peu bizarre de le voir là. Les roses toujours dans ses mains, elle les porta à son nez pour en humer le parfum.

— Alors… Êtes-vous… prêt?
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Franco di Celini
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MessageSujet: Re: Trois roses pour une future épouse [PV Tibéria]   Trois roses pour une future épouse [PV Tibéria] I_icon_minitimeMer 25 Jan 2017 - 17:47


La réaction de Tibéria fut sans appel. Elle ne s’attendait manifestement pas à voir Franco ici et à cette heure-ci. Après tout, dans moins d’un jour ils seraient unis par les liens du mariage. Il fallait que la jeune duchesse s’attende à voir son nouvel époux un peu plus souvent, y compris dans sa propre chambre. Les roses semblaient lui plaire, c’était le principal. Franco aimait bien les fleurs. Pour lui, cela incarnait la beauté, la perfection mais aussi la fugacité de l’instant présent. Le grand brun apprécia les remerciements adressés par Tibéria ainsi que son compliment concernant la beauté des roses. Il se contenta de répondre simplement avant de la suivre à entrer dans ses appartements.

- Elles viennent du jardin de ma propriété. Trois couleurs expriment trois envies, trois idées. Vous comprendrez bien assez tôt.

Franco suivit sa future femme à l’intérieur de la chambre. Ce n’était pas les appartements ducaux. L’endroit de résidence temporaire choisi par Tibéria en attendant le mariage était modeste mais accueillant. Les richesses inhérentes au trône ducal de Soltariel n’étaient pas forcément apparentes. Mais les effluves qui parvenaient à son nez lui laissait penser que la jeune duchesse n’était pas avare de parfums et divers soins destinées aux personnes les plus fortunées. Avant même de chercher à s’asseoir, Franco accepta la proposition de Tibéria pour une boisson chaude. Il n’avait pas bu depuis plusieurs heures et un peu de de tisane ne pourrait lui faire que du bien.

- J’accepte volontiers une boisson chaude. Il n’y a point d’urgence, vous pourrez prévenir votre domestique lorsqu’il reviendra.

Le grand brun chercha un endroit où s’asseoir. Cet pièce lui était étrangère mais il trouva rapidement un fauteuil dans un coin de la chambre qui lui semblait ne pas avoir été occupé depuis un certain temps. Il se dirigea vers celui-ci avant de faire part à Tibéria de ce qu’il ressentait en l’instant présent à propos du mariage.

- Suis-je prêt ? Sommes-nous jamais prêts face aux épreuves qui nous attendent ? Savez-vous que j’ai déjà été marié Tibéria ? Elle s’appelait Helena di Pasi. Vous connaissez son oncle, Paolo di Pasi. Je n’étais pas prêt à me marier avec elle, comme je n’étais pas prêt à la voir mourir en couche sans pouvoir faire quoique ce soit pour l’aider.

La mine de Franco s’assombrit un instant car l’image de son jeune fils prématurément défunt, Matteo, apparut dans son esprit. Sans se laisser submerger par ses émotions, il reprit.

- Comme nous l’avons convenu, ce mariage sera simple et rapide. Une fois cette étape passée, nous voguerons vers de nouveaux projets.

Une lumière apparut soudainement dans l’esprit du grand brun. Il se souvint qu’il voulait demander des nouvelles à Tibéria concernant son voyage récent à Merval.

- En parlant de nouveaux projets, je crois savoir que vous vous êtes rendue sur les terres de l’Angleroy récemment. Comment se sont passés vos pourparlers avec le Chancelier ? Qu’augure-t-il de nouveau pour le Soltaar ?

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MessageSujet: Re: Trois roses pour une future épouse [PV Tibéria]   Trois roses pour une future épouse [PV Tibéria] I_icon_minitimeJeu 26 Jan 2017 - 23:19


Il y avait donc un sens derrière le geste. Tibéria adorait les fleurs. Peu importe l’intention de Franco, elle était ravie de son initiative. Un grand bouquet décorait déjà la pièce et ces roses seront un charmant ajout à l’ensemble.
 
Franco s’installa dans un fauteuil tandis que Tibéria s’occupait des roses en les ajoutant au bouquet déjà existant. La chambre comportait un coin dédié à la lecture ainsi qu’aux ouvrages de broderie, mais comme la duchesse n’avait plus de temps à consacrer à ce genre d’activité, l’endroit n’était effectivement pas utilisé. D’ailleurs, le même ouvrage de broderie traînait depuis une éternité sur la petite console près des fauteuils; un délicat motif de vigne sur une couverture destinée à son premier enfant à naître. Elle l’avait débuté le lendemain de son mariage avec Arichis. Personne ne s’étonnait qu’elle l’ait laissé de côté depuis. Toutefois, comme elle était sur le point de se remarier, la couverture revenait à l’actualité, mais elle ne disposait pas plus de temps pour la faire.
 
Tibéria ne s’attendait pas à une telle réponse de la part de Franco lorsqu’elle lui demanda s’il était prêt. En fait, elle l’imaginait plutôt lui retourner la question comme si pour lui, il ne pouvait pas en aller autrement. Elle savait pour son précédent mariage. Bien entendu, elle ne l’avait pas questionné sur le sujet, pensant qu’il le fera de lui-même le jour où il aura envie d’en parler.
 
— Oui, je le savais. Je voulais en savoir un peu plus sur l’homme que j’allais épouser et je suis désolée pour votre perte. Il y a malheureusement des choses dans la vie qui arrivent et sur lesquelles nous n’avons aucun contrôle. Mourir en couche est une réalité pour plusieurs femmes. Donner la vie est, ironiquement, quelque chose qui met la nôtre en danger. Je dois avouer que cette pensée m’effleure l’esprit à l’occasion. Je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais je suis petite et ça ne joue pas à ma faveur. D’un autre côté, je rêve du jour où ce palais résonnera de rires d’enfant… On ne sait pas ce que l’avenir nous réserve, mais il ne faut pas être pessimiste. Ainsi, si notre premier enfant est une fille, elle s’appellera Sofia et, si c’est un garçon, Tibérius comme mon père. C’est non négociable.
 
Elle sourit, une lueur de défi brillant dans ses yeux. Elle disait cela surtout pour lui remonter le moral, car elle avait bien vu son expression s’assombrir lorsqu’il évoqua sa femme décédée. Tibéria était prête à faire preuve de souplesse quant aux noms de leurs enfants, mais elle trouvait Sofia très jolie.
 
Évidemment, Franco restait Franco. Malgré sa tentative d’être un peu plus tendre avec Tibéria, ses pensées se tournèrent rapidement sur les affaires du duché, peut-être dans le but de se changer les idées. La jeune femme espérait pouvoir profiter de ce moment pour enfin connaître un peu mieux cet homme, mais non. Toutes leurs conversations, depuis le début, tournaient autour du duché et c’était normal, mais ce soir, à la veille de leur mariage… Il était peut-être temps de faire un petit effort. Tibéria ne cachait pas sa déception et elle n’avait pas envie de le faire, d’ailleurs.
 
— Vous savez, demain, nous serons mariés. Tout le duché, tout le royaume et même les Dieux s’attendent à ce que nous couchions ensemble la nuit prochaine! J’ai pensé que nous pourrions profiter de cette soirée en oubliant brièvement les responsabilités qui nous attendent pour mieux, je ne sais pas, nous connaître! Vous savez, discuter de choses et d’autres à propos de ce que l’on aime ou pas, des histoires de nos enfances… Je sais qu’il s’agit d’un mariage arrangé, un contrat liant deux personnes comme il y en a n’a tant d’autres dans la noblesse de nos jours, mais nous allons peut-être passer le restant de nos jours ensemble. Vous agissez comme si ce n’était qu’une simple formalité et ça me donnent l’impression de n’être qu’un objet. Malgré ma terrible première expérience, je continu de croire que le mariage est bien plus qu’un contrat. Je suis prête à vous donner beaucoup et à vous faire confiance, mais j’ai besoin de sentir que je vous plaise, même si ce n’est qu’un peu. Je suis petite et mes cheveux semblent animés d’une volonté qui leur est propre, surtout au réveil. Je déteste me lever le matin. Je suis incapable de cacher mes émotions malgré qu’on m’ait répété encore et encore que je devais apprendre à masquer mes intentions et que ça démontrait ma faiblesse de ne pas le faire. Je crois en l’honnêteté et si vous agissez en idiot, je vais vous le dire. J’adore les animaux et je suis une excellente cavalière. Les balades en solitaire me manquent, mais je passe aux écuries dès que je peux. Mes parents ont veillé à ce que je reçoive la meilleure éducation possible. Je chante et j’adore danser et je ne me prends pas toujours au sérieux quand je le fais. J’espère que vous êtes un bon danseur, car je serai très déçu sinon. Je veux des enfants depuis que je suis petite. J’en voulais dix, mais je vous rassure, j’ai réduit considérablement le nombre depuis. Si Néera me le permet, j’aimerais en avoir quatre que j’élèverais pour qu’ils soient de bonnes personnes, généreuses, honnêtes et justes envers tout le monde. Je suis initié à la magie élémentaire tout comme mes sœurs. Mon élément est l’eau et c’est terriblement ironique, car je suis incapable de mettre les pieds sur un bateau sans souffrir d’un atroce mal de mer. Toutefois, si vous n’en avez rien à faire de qui je suis et que vous voulez vraiment savoir ce qui s’est passé à Merval, et bien… Félicitation, vous êtes le nouvel amiral de la flotte royale… Ceci est à condition, bien entendu, qu’elle soit digne de ce nom. C’est toute l’information que vous aurez avant les prochaines 36 heures. Oui, je suis plutôt têtue dans mon genre.
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MessageSujet: Re: Trois roses pour une future épouse [PV Tibéria]   Trois roses pour une future épouse [PV Tibéria] I_icon_minitimeLun 30 Jan 2017 - 19:34



Tibéria était jeune. C’était une jeune fille comparée à Franco. Plus de dix ans d’écart les séparaient. Le grand brun avait certainement vécu beaucoup plus de choses qu’elle. Pour autant, cela n’empêchait pas la duchesse de lui parler avec un ton ferme et plein d’assurance. Le thème des enfants était épineux pour Franco. Non seulement car il en avait déjà eu un et qu’il avait échoué dans sa mission de père à le protéger. Mais également car il se voyait vieillir et s’imaginait de moins en moins pouvoir voir ses enfants grandir et murir à ses côtés. « Sofia » et « Tibérius ». Voilà deux prénoms qui identifiaient clairement leurs porteurs comme des personnes du sud de la Péninsule. Le couple ducal aurait bien le temps de réfléchir aux noms de leurs enfants. Aussi, Franco préféra ne pas répliquer sur ce point afin de ne pas contrarier la duchesse et se contenta de rebondir sur son commentaire à propos de sa morphologie.

- En effet, vous êtes plutôt menue et assez petite. Espérons que votre force de caractère vous aidera au cours de cette épreuve qu’est la mise au monde d’un enfant.


Franco se voulait provocateur mais il essayait de rester courtois avec sa future femme. Il prenait un certain plaisir à lui faire des remarques sur son attitude ou ses états d’âme. Elle-même se mettait naturellement en position défensive dès qu’ils échangeaient sur des sujets par lesquels elle se sentait directement concernée.

La jeune duchesse ne répondit pas tout de suite à sa question sur son voyage à Merval. Il fut surpris car il s’agissait tout de même d’un des derniers évènements qu’elle avait vécu qui était susceptible de les intéresser tous les deux. Il écouta sa longue tirade sans dire un mot. Tibéria s’épancha sans se retenir à propos de ses gouts et de ce qu’elle était. Le grand brun voyait bien où elle voulait en venir. Mais en avait-il envie ? Etait-il vraiment là pour discuter de pareilles velléités ? Vint enfin le sujet qui l’intéressait réellement, les nouvelles en provenance des terres de l’Angleroy. Quelle fut la surprise quand Tibéria lui annonça qu’il allait être nommé amiral de la flotte royale. Intérieurement, Franco exultait. Sa bienséance lui dictait de contenir ses émotions et il fit attention de ne rien laisser transparaitre sur son visage. Avide d’en savoir plus, le chef des vrais-soltaris failli se lancer dans une série de questions à destination de sa future femme avant d’entendre l’injonction qu’elle lui adressait.

Les questions allaient bon train dans l’esprit de Franco. « Toute la flotte royale ? Cela comprenait-il aussi la régence du Port Royal ? » « Qu’entendait-elle par "qu’elle soit digne de ce nom" ? ». Mais il fit le choix de s’abstenir. Certes Tibéria n’en faisait qu’à sa tête et cela ne lui plaisait que moyennement. Mais il était à la veille de son mariage avec elle et qu’est-ce que cela lui apporterait de la vexer à un pareil moment ? Ainsi, légèrement renfrogné, il fit le choix de s’adonner du mieux qu’il put au petit jeu de sa future épouse. Déblatérer sur ce que nous avons vécu, quelle perte de temps …

- Nous pouvons en effet discuter. Après tout, je suis venu passer un moment avec vous. Il sera plus agréable si nous avons des choses à nous dire.


« Et puisque tu sembles décidée à choisir le moindre thème que nous allons aborder … » Franco garda ses pensées pour lui mais son ton laissait transparaitre un léger agacement. Il reprit.

- Je ne pense pas non plus que le mariage ne soit qu’un contrat. C’est une union. Une sorte de pacte de solidarité et une promesse à l’entraide. Je vais être franc avec vous Tibéria, je n’ai jamais été amoureux de qui que ce soit. Femmes, hommes, richesses, bateaux, armes … N’ont jamais fait battre mon cœur plus qu’à l’accoutumée. Mais je respecte les gens qui éprouvent ce sentiment.

Franco se rendit compte en s’écoutant parler qu’il donnait un spectacle sombre et déprimant. Après tout, c’était elle qui avait fait le choix de vouloir en savoir plus sur lui. Il s’installa confortablement au fond du fauteuil où il était assis, il croisa ses bras avant de prendre une grande inspiration et de reprendre la parole.

- Je suis né ici, à Soltariel. Ma famille vit ici depuis des générations. J’ai grandi dans le domaine familial avec mon frère aîné, Angelo. Il est parti dès qu’il a atteint l’âge adulte afin de devenir marin, au grand dam de mon père. J’aime l’escrime. Mes armes doivent être rapides, fines, précises et efficaces. Je pense être un excellent bretteur. Je connais beaucoup de monde dans les quartiers marchands de Soltariel. S’il y’a quelque chose que j’affectionne tout particulièrement, c’est de passer une journée entière à voguer entre les étals des marchés et les quais du port. J’aime les affaires et le commerce. Le gain d’argent à son attrait, mais ce n’est pas l’unique élément que je trouve intéressant dans le commerce. Le fait de négocier, passer des accords ou encore spéculer sur la valeur d’une marchandise peut très vite devenir captivant. C’est ce genre d’activité qui m’a permis de connaître beaucoup de monde dans cette ville. J’aime lire. Cela me permet de trouver un peu de calme en mon for intérieur. Je pense que mon principal défaut est de ne pas faire assez confiance aux personnes qui m’entourent. Je déteste être dans l’ignorance et me retrouver dans une conversation où je ne suis pas assez cultivé sur un sujet pour pouvoir y prendre part.

Le grand brun marqua une pause. Il ne voyait pas vraiment ce qu’il pouvait ajouter à tout cela. L’exercice était inédit pour lui. Non pas qu’il se sentait mal à l’aise de se livrer ainsi, mais il n’en voyait pas vraiment l’intérêt. Certes, Tibéria et lui allaient être mariés dans quelques heures. Mais ils allaient avoir de nombreuses années pour discuter. Pourquoi maintenant ? Enfin, Franco avait respecté l’exercice de Tibéria. Il ne savait pas vraiment quoi ajouter de plus ni s’il devait lui retourner une question en échange afin de lui rendre la parole. Il se contenta d’un simple commentaire sur leur nuit à venir qu’elle avait brièvement évoqué.

- Tout le royaume s’attend à ce que nous couchions ensemble, en effet. Avant même de savoir si je suis prêt, je vous avoue que la simple idée de passer après ce monstre d’Arichis me répugne au plus haut point. Heureusement, de l’eau a coulé sous les ponts depuis votre nuit de noce. Je serais presque rassuré si vous m’affirmiez avoir eu une aventure avec un homme plus plaisant que lui depuis votre divorce.

Soudain, un bruit en provenance de la porte d’entrée de la chambre coupa net Franco dans ses paroles. Il s’agissait de Cassio, le serviteur dévoué de Tibéria, qui ramenait à la duchesse la boisson chaude qu’elle lui avait commandé un peu plus tôt. Le chef de la famille di Celini aimait entretenir de bonnes relations avec les domestiques. Dans sa propre demeure, il appréciait de discuter avec son domestique dévoué à lui, du nom de Cléandre. Vivant toujours dans l’ombre, il arrivait que ces personnes soient de bon conseil car toujours au fait des moindres nouvelles dans la maison qui était la leur. Franco prit la parole afin de saluer le domestique.

- Bonjour Cassio.

Le serviteur se contenta de hocher la tête en sa direction afin de lui retourner ses salutations. Sans attendre que Tibéria ne lui ordonne d’amener une boisson chaude à son futur mari, le noble prit la parole afin de modifier la commande qu’il avait passé quelques minutes plus tôt auprès d’elle.

- J’aimerais savoir si vous pourriez avoir la bonté, mon cher Cassio, de me trouver quelque chose de sucré et alcoolisé. Une crème de fruits, peut-être ? Ou une liqueur … Tibéria veut me faire parler et je vais avoir besoin de ça pour réussir cette épreuve avec brio.

Franco adressa un regard provocateur à sa future femme. Il souhaitait voir si elle allait entrer dans son jeu. Voire même peut-être le suivre afin de rendre cette conversation un peu moins formelle. L’alcool avait le don de délier les langues et de rendre les conversations bien plus intéressantes.

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Tibéria de Soltariel
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MessageSujet: Re: Trois roses pour une future épouse [PV Tibéria]   Trois roses pour une future épouse [PV Tibéria] I_icon_minitimeSam 4 Fév 2017 - 14:32


— En fait, si je devais mourir, mais que l’enfant survivait, ça ferait de vous le régent. Croyez-moi, je vais tout faire en mon pouvoir pour ne pas vous donner ce plaisir.
 
Franco ne détenait pas le monopole des répliques acerbes. Tibéria pouvait mordre, elle aussi. Elle était même outragée par la remarque de Franco dont la première femme trouva la mort dans ces circonstances. La duchesse pouvait aussi bien mourir de cette façon. Comme il venait de si bien le faire remarquer, Tibéria était menue. Son rêve d’avoir une famille s’assombrissait face à la perspective de terribles complications à l’accouchement. Au moins, elle fit mouche lorsqu’elle parla vaguement de l’honneur que lui faisait le chancelier en le nommant amiral de la flotte royale. Elle lâcha tout juste assez d’informations pour attiser sa curiosité sans entrer dans les détails. Elle vit son regard s’emplir de fierté pendant un instant, suivit par une multitude de questions silencieuses. Il voulait en savoir plus, mais Tibéria garda ses lèvres scellées. Elle n’allait parler que si Franco se pliait à ses exigences pour la soirée. Ils avaient amplement le temps de se connaître après le mariage, mais la duchesse ne voulait pas mettre un inconnu dans son lit.
 
— Merveilleux! Je vous écoute!
 
Si Franco voyait plus chez le mariage qu’un simple contrat, sa vision n’était cependant pas beaucoup plus rassurante. Son pragmatisme primait sur le reste. Il se mariait, car ça l’avantageait, mais il s’attendait à une totale collaboration de la part de l’autre. Il était prêt à donner lui aussi bien que les sentiments ne tenaient aucun rôle dans cette union. Il n’aimait rien. «En fait, il aime tellement sa propre personne que rien dans ce monde n’est assez digne de lui. Et la terre qu’il s’apprête à diriger?»
 
— Qu’en est-il de Soltariel? Aimez-vous le Soltaar? Vous dites que rien ne fait battre votre cœur hormis l’énergie inhérente à la vie elle-même, mais vous vous apprêtez à prendre le titre de duc de Soltariel. Est-ce par amour pour Soltariel que vous acceptez cette union? Si c’est le cas, alors il est faux de dire que vous n’aimez rien. Dans le cas contraire, comment espérer être un bon dirigeant si cette terre vous laisse indifférent?
 
Aux yeux de Tibéria, il mentait et si une chose l’attirait, c’était le pouvoir. Il n’avait pas encore le titre qu’il mettait déjà son nez dans les affaires du duché. Elle était pratiquement certaine qu’il oeuvrait dans son dos en plus. L’idée de se faire écarter une nouvelle fois l’effrayait tellement qu’il lui était impossible de voir Franco autrement que comme une menace. Un jour, il ferait quelque chose qui nuirait gravement à Soltariel et pour Tibéria, ça serait un retour à la case départ. Ce n’était plus de savoir si ça arriverait, mais quand ça se produirait.
 
Tibéria l’écouta raconter sa vie dans les grandes lignes et rien de ce qu’elle entendit ne la surprit vraiment. Un détail l’amusa cependant. Dans sa façon de parler de lui, Franco ressemblait beaucoup plus à l’un de ces princes marchands de Thaar qu’à un noble péninsulaire. Ses intérêts portaient beaucoup plus sur les affaires que sur les valeurs de la vieille noblesse.
 
— J’ai l’impression d’entendre un prince marchand de Thaar plutôt qu’un noble de la Péninsule. Elle sourit. La noblesse péninsulaire accorde beaucoup plus d’importance à glorifier ses titres qu’à remplir ses coffres. Croyez-moi, j’ai vécu à Thaar suffisamment longtemps pour savoir ce quoi je parle. Vous admettez avoir un certain penchant pour les affaires, l’argent et les choses qui brillent. Voyons cela comme un avantage. L’économie de Soltariel va bien, mais elle ira peut-être mieux encore grâce à vous.
 
L’ironie dans son ton était perceptible. Malgré ses efforts pour être agréable, quelque chose chez Franco l’horripilait. Lui-même ne mettait que très peu d’énergie à se montrer courtois. Au moins, il répondit à Tibéria même s’il resta très vague sur ce qu’il aimait. Hormis son penchant pour les affaires, Franco ressemblait à n’importe quel homme. Rien dans ce qu’il dit ne surprit vraiment la jeune duchesse.
 
— Vous êtes un homme efficace, à l’image du type d’arme que vous affectionnez. Je vous connais à peine, mais rien qu’en me basant sur la façon dont les choses ont été menées jusqu’à présent, vous ne vous embarrassez pas de détails inutiles. Je suis certaine que cette conversation vous ennuie, mais vous avez quand même pris la peine de me répondre. Je vous en remercie.
 
La conversation aurait pu continuer sur cette note agréable, mais Franco fit une remarque si outrageuse aux yeux de Tibéria qu’elle eut envie de le gifler.
 
— Vous… vous n’êtes qu’un mufle, un goujat de la pire espèce! Comment osez-vous vous adresser à moi de cette façon? Vous me prenez pour l’une de ces filles qui ouvrent ses cuisses au premier venu? Non, je ne collectionne pas les amants! Il n’y a eu personne depuis Arichis. Si cela vous dégoûte à ce point, sachez que j’ai fait changer le lit de la chambre ducale, comme ça vous ne dormirez sur le même matelas que lui!
 
Sur ces tendres paroles, on cogna à la porte. Cassio apportait la tisane de Tibéria, mais vu son état, il faudra bien plus que quelques herbes infusées pour calmer ses nerfs. La duchesse écumait de rage dans son coin alors que Franco affichait ce calme imperturbable qu’on lui connaissait. Il salua le serviteur le plus naturellement du monde qui lui répondit en inclinant machinalement la tête. Cassio prit cet air détaché commun à tous les serviteurs et esclaves de ce monde afin de cacher sa surprise de, non seulement voir Franco dans la chambre de sa maîtresse, mais que cette dernière semblait sur le point de lui lancer à la figure le premier objet passant à sa portée. Du coup, il hésita à lui mettre entre les mains une théière bouillante. Il posa sa charge sur un petit guéridon à mi-chemin entre Tibéria et Franco. La jeune femme n’était pas totalement étrangère aux soubresauts d’humeur, mais pour se mettre dans un tel état, Franco devait avoir dit quelque chose de particulièrement horrible. En solidarité à Tibéria, il ne vouait pas beaucoup d’affection à Franco, mais en tant que serviteur, il devait, avant tout, obéir.
 
— Très bien.
 
Il se tourna vers Tibéria dont les yeux lançaient toujours des éclairs.
 
— Oui, pour moi aussi.
 
Cassio s’inclina avant de sortir d’un pas rapide de la chambre. La porte à peine refermée, il entendit la voix de Tibéria tonner.
 
— J’exige des excuses immédiatement!
 
+++++++++
 
Le dilemme de Cassio
 
Le serviteur quitta la chambre et fila au petit trot dans les couloirs du palais.
 
— Merde, merde, merde…
 
Cassio éprouvait beaucoup d’affection pour Tibéria et, depuis plusieurs années, il vouait entièrement sa vie à la jeune femme. Elle ne jugeait jamais hâtivement les gens. Sa gentillesse et son sourire suffisaient à illuminer les journées les plus grises. Elle ne traitait personne misérablement et veillait au bien-être de tous ceux à son service. N’avait-elle pas fait étendre une jeune esclave malade dans son propre lit avant de la faire transporter ailleurs? Tibéria était même allée la voir le lendemain pour s’assurer qu’elle allait mieux. Qui d’autres qu’elle ferait ça? On traitait souvent les esclaves comme du bétail, une main d’œuvre facilement remplaçable, mais pas Tibéria. Avec ces petits gestes parfois insignifiants, elle rendait leur humanité. Demain, lorsqu’ils iront au lit, ils trouveront une petite table couverte de gâteaux et autres douceurs pour qu’ils puissent aussi célébrer le mariage de Tibéria et Franco. Toutefois, Cassio savait que tout n’était pas parfait. La jeune duchesse n’était pas heureuse. Elle ne voulait pas de ce mariage, elle le répétait sans cesse, presque tous les jours. Elle l’avait accepté par devoir en sacrifiant du même coup la possibilité d’être heureuse avec un homme. D’un autre côté, tout n’était pas totalement noir. Tibéria aimait profondément ce qu’elle faisait. Malgré l’incertitude qui la freinait parfois, elle s’entourait maintenant de gens compétents pour la soutenir dans ses tâches. Il était encore trop tôt pour le dire avec certitude, mais Tibéria sera probablement l’une des plus grandes duchesses de Soltariel et lui, Cassio, la servira jusqu’à son dernier souffle.
 
La cuisine se trouvait très loin des appartements actuels de Tibéria et encore plus loin des appartements ducaux. Pour être un bon serviteur, non seulement il fallait un excellent sens de l’orientation, mais également jouir d’une bonne santé physique. Après moult escaliers et portes dérobés, il arriva enfin à destination. L’odeur délicieuse de viande rôtie et de pain frais attisa l’appétit du serviteur. Avec les préparatifs du mariage, il avait sauté le repas du soir et son estomac vide protestait bruyamment. Franco et Tibéria attendaient après lui, il ne pouvait pas prendre deux minutes pour grignoter un morceau de pain avec du beurre. De toute façon, avec la responsable des cuisines, il risquait d’y perdre la main si elle le surprenait à chaparder quelque chose. Perdita faisait peur à tout le monde. Elle régnait sur cette cuisine tel un dictateur en usant de ses nombreux accessoires de cuisine inspirés d’appareils de tortures et de son gigantesque tour de taille pour imposer le respect. On racontait qu’elle pouvait rompre la nuque d’un porc à main nue. Gare à celui ou celle qui oserait la contrarier. Elle supportait les allées et venues des serviteurs et des esclaves à condition qu’ils ne trainent pas trop longtemps. Cassio l’avait croisé une fois en venant prendre le thé pour Tibéria, il ne tenait pas particulièrement à la revoir. Il regarda donc prudemment dans l’embrasure de la porte, mais il ne la vit pas. Les cuisines débordaient encore d’activité, mettant la touche finale aux préparatifs du mariage de demain. Cassio longea le mur jusqu’au bout de la salle et disparu dans l’escalier menant à la réserve.

Les voûtes sous les cuisines abritaient les alcools parmi les plus fins de tout le duché. Visiblement, les ducs et duchesses ayant gouverné successivement ne s’étaient jamais privés de rien et même Tibéria avait ses petits plaisirs. Cassio saisit une bouteille de la boisson préférée de sa maîtresse, puis il hésita. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Tibéria affectionnait les vins un peu plus robustes. Franco demandait une boisson légère et sucrée. La soirée était mal choisie pour déplaire à Tibéria, mais il ne voulait pas non plus désobéir à Franco. Donc, soit il amenait le vin de Tibéria en ignorant la demande de Franco — la duchesse allait le défendre de toute façon — soit il prenait deux bouteilles en prenant le risque de les envoyer rouler tous les deux sous le lit à cause de l’alcool. Il aura déjà du mal à tirer la duchesse de son lit demain, si elle devait être en plus sous l’influence d’alcool, la tâche deviendrait impossible. «Voyons, ce n’est pas à moi de décider si elle peut ou non s’enivrer la veille d’un mariage qu’elle ne désire pas! Je vais prendre le vin qu’elle aime ainsi que la boisson demandée par Franco. Ce sont des adultes, ils peuvent bien faire ce qu’ils veulent. S’ils ne sont pas capables de tenir debout devant le haut prêtre, c’est eux que ça regarde!» Pour Franco, il choisit une liqueur de fruits dont le goût sucré masquait une forte teneur en alcool. Cassio n’était pas inquiet pour le futur duc. Sa stature laissait entendre qu’il pouvait tenir l’alcool, mais pour Tibéria… Normalement, les bonnes convenances l’empêchaient de tomber dans les abus, mais ce qu’il vit en allant lui apporter sa tisane lui faisait craindre qu’elle vide plutôt d’un trait la bouteille avant de l’enfoncer dans la gorge de son futur époux. Qu’a-t-il bien pu lui dire pour la mettre aussi en colère?

Armé de ses deux bouteilles, il remonta à la cuisine où il tomba sur un spectacle bien particulier. Installés au coin d’une table, deux membres de la garde ducale s’empiffraient des restants du repas du soir. Perdita interdisait férocement que l’on mange dans sa cuisine et voilà qu’ils bravaient l’interdit sous le nez même de la matrone. Elle ne devait pas les avoir vus encore. Il était trop tôt pour qu’elle soit déjà au lit. Elle devait être occupée à décapiter des poulets avec ses dents…

— Qu’est-ce que vous faites là?

Cassio connaissait ces hommes. Paris et Gildo faisaient souvent partie de l’escorte de Tibéria lorsqu’elle se rendait à l’extérieur. Paris avait la barbe et les cheveux grisonnants, témoignant de son âge un peu plus avancé alors que Gildo, bien plus jeune, arborait une longue cicatrice au visage.

— On mange, déclara Paris d’un ton laconique.

— Mais… par où êtes-vous passé?


— Par la porte, répondit Gildo la bouche pleine.

Ils continuèrent à manger en silence sans plus se soucier de Cassio. Ce dernier jetait des coups d’œil paniqués autour de lui, sachant très bien que Perdita risquait de surgir d’un instant à l’autre. Quelque chose lui disait que deux hommes armés ne lui feraient pas peur.

— Vous avez le droit d’être ici?

— Autant que toi, je suppose. Paris vit les bouteilles dans les mains de Cassio. Hey, c’est pour nous?

— Non, c’est pour la duchesse et Celini…

— Ah! Je te l’avais bien dit Paris que j’avais vu Celini avec des roses juste avant de descendre! Il allait voir la duchesse.

— Il veut sans doute tester la marchandise avant demain.

— Ouais, il veut se tremper le biscuit.

— Il a bien le droit. Ce n’est pas comme si la duchesse était pucelle.

— Non, l’Anoszia lui est passé dessus avant, la pauvre.

— Tu crois qu’il a ce qu’il faut dans le pantalon, Franco je veux dire.

— Bha, vu sa taille… En même temps, ça ne veut rien dire. Prend Dario, ce n’est pas sans raison qu’on l’appelle la crevette lorsqu’il a le dos tourné. Il doit faire pratiquement deux mètres et il a les mains aussi larges que des soucoupes, mais sa zigounette est recroquevillée comme une crevette. Même les putes se moquent de lui lorsqu’il baisse son pantalon.

— Souhaitons que ce ne soit pas le cas de Franco. Ça ne fera pas des enfants forts sinon.

— Bha, elle se prendra des amants et lui fera des bâtards en disant qu’ils viennent de lui. Elles font toutes ça.

Cassio n’en croyait pas ses oreilles.

— Mais vous parlez de la duchesse et du futur duc de Soltariel!

— Et alors? Ils ne sont pas là pour entendre. Puis, je l’aime beaucoup Tibéria. Depuis le début je la supporte. Tu vois cette cicatrice? Je ne l’ai pas eu en cueillant des fleurs, mais en la protégeant lors de l’arrestation d’Arichis d’Anoszia.


— Je m’en bats les couilles! Vous pourriez être arrêté pour tenir ce genre de propos!

Paris et Gildo échangèrent un regard.

— Premièrement, c’est nous qui arrêtons les gens normalement et nous ne sommes pas disposés à nous arrêter nous-même. Deuxièmement, peux-tu me dire comment tu peux t’en battre les couilles quand tu n’en as pas?

Gildo s’étrangla avec une bouchée de pain.

— C’est vrai, crossa-t-il entre deux quintes de toux, on lui a enlevé les baloches. Ça fait quelle sensation? Dit, on peut voir?

Cassio vira au rouge vif, mais avant qu’il ait pu répliquer, l’ombre monstrueuse de Perdita apparu derrière les yeux soldat toujours saisit d’un fou rire incontrôlable.

— Allons, mes louveteaux, la sauce est chaude. Voilà pour toi Paris et pour toi, mon p’tit Gigi.


Elle versa une louche généreuse d’une sauce fumante et délicieusement odorante dans chaque assisté, avant de retourner à ses tâches en ignorant totalement la présence de Cassio.

— Mais comment?


— Quand ils ont incendié les cuisines, nous avons aidé Perdita à sortir son énorme marmite. Elle était prête à brûler vive pour ça. Depuis, nous avons le droit de manger deux soirs par ennéade dans sa cuisine. Faut bien que ça serve à quelque chose d’être des héros, expliqua Gildo.

— Eh bien… ce que je retiens surtout est que Perdita t’appelle son p’tit Gigi. Sur ce, bonne soirée!

— Hey!

Il saisit deux coupes et fila hors de la cuisine ses bouteilles sous le bras. Gigi, il allait s'en souvenir de celle-là!
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MessageSujet: Re: Trois roses pour une future épouse [PV Tibéria]   Trois roses pour une future épouse [PV Tibéria] I_icon_minitimeLun 13 Fév 2017 - 22:12




Ah, Tibéria. Une jeune duchesse se laissant aller au gré de ses humeurs et de ses considérations les plus personnelles. Peut-être personne ne lui avait jamais appris à agir avec réserve d’où elle venait, en estrévent. Franco appréciait plus ou moins ce côté de sa personnalité. Cela lui donnait du fil à retordre afin de maintenir une relation convenable entre elle et lui et il aimait la difficulté. Cependant, sur le long terme ses sautes d’humeurs pourraient vite le lasser et le rendre aigri face à elle. Toujours avec calme et assurance, le chef des Vrais Soltaris fit le choix de piquer un peu plus au vif la jeune femme et de ne pas se laisser désarçonner par elle.

- Devenir le régent ? Mais enfin, Tibéria, vous savez pertinemment que si je désirais ne serait-ce qu’un instant votre place nous n’aurions pas cette conversation actuellement. Soyons lucide, le renversement politique d’il y a quelques mois était l’opportunité parfaite pour moi de prendre le pouvoir. L’ai-je fait pour autant ? Vous devriez y songer Tibéria …

Il laissa sa phrase en suspens. Bien évidemment, il se voulait provocateur vis-à-vis de sa future épouse mais pas uniquement. Ce qu’il disait était loin d’être dénué de sens. La petite brune qu’elle était aurait pu être évincée facilement. Ses appuis ici, dans la capitale, étaient loin d’être aussi forts que ceux des Vrais-Soltaris. Les paroles de la duchesse durant l’arrestation de l’Anoszia auraient pu être décriées ou même discréditées. Si Franco revenait sur le sujet, c’était pour la faire réfléchir plus que pour l’énerver. Après tout, elle était la duchesse d’un des plus grands, si ce n’est le plus grand, duché du royaume. Elle devait apprendre à déchiffrer les sens cachés de la rhétorique utilisée par ses semblables.

La remarque que fit la jeune duchesse sur les sentiments de Franco le mit en mauvaise posture. La question posée par Tibéria était pertinente. Le grand brun n’attendit pas pour lui répondre de manière à ne pas laisser le temps à la jeune femme de s’inventer des scénarios fantasques dans son esprit.

- Vous savez, on dit dans le langage courant « un bon roi doit aimer ses sujets ». Croyez-vous vraiment qu’un dirigeant peut s’offrir le luxe d’être « bon » ? Je vais vous paraître dur mais je n’ai pas le temps pour aimer tout ce qu’est et tout ce que comporte le Soltaar. Après tout, je ne suis qu’un serviteur de Nééra comme un autre. Alors je fais ce que je pense être le mieux à mon niveau. Cela s’applique à ma propre personne, mais également à ma famille et par extension à mes sujets. Vous pouvez demander aux domestiques qui me servent en ma demeure. Ils ne font pas partie de ma famille, ce sont mes sujets. Pourtant, je pense que peu de domestiques de cette ville sont aussi bien protégés et assurés de leur pérennité que ceux qui servent ma famille. Franco prit un instant de pause afin de réfléchir à la façon dont il allait tourner sa phrase suivante pour ne pas trop faire enrager sa future femme. Pour répondre à votre question, j’accepte cette union car je pense que c’est quelque chose de bien pour la stabilité du duché. Si je ne m’en sentais pas capable, je n’accepterais pas ce sacerdoce. Vous savez, on ne défend pas forcément les choses car nous les aimons. Un soldat se bat pour son roi car c’est son rôle. Un serviteur vous apporte du thé parce que c’est son rôle. Je défends le Soltaar car c’est mon rôle.

Les phrases de Franco telle qu’elles étaient énoncées faisaient presque penser à un grand discours oratoire. Cela lui rappelait le plaidoyer qu’il avait tenu devant l’assemblée des vassaux du Soltaar quelques ennéades plus tôt.

Franco prit pour un compliment la comparaison que fit Tibéria de lui avec un prince marchand thaari. Il savait pertinemment que Thaar était une ville marchande riche et puissante. De plus, comme le présentait le petite brune, ses dirigeants y régnaient pour leurs faits accomplis et non pas pour leur sang bleu. Ce concept lui plaisait beaucoup. La méritocratie était une idée tellement lointaine pour la plupart des notables de la Péninsule. D’ailleurs, il trouva étrange la critique dissimulée que formula la jeune duchesse à l’égard des nobles de la Péninsule. Elle ne s’en rendait peut-être pas compte depuis sa position, mais ce n’était vraiment pas grâce à son travail qu’elle avait gravit les marches jusqu’au trône ducal sur lequel elle était assise aujourd’hui. Il se contenta de hocher la tête afin de montrer qu’il était d’accord avec ses paroles.

Franco fut presque surpris de l’emportement soudain de la jeune femme suite à la plaisanterie qu’il avait faite sur ses mœurs. Il n’aurait pas imaginé que Tibéria se formaliserait pour si peu et pensait qu’une boutade aurait eu le bénéfice de détendre légèrement l’atmosphère.  Il se contenta d’une phrase banale pour temporiser l’énervement de la duchesse.

- Vous savez, il est normal que je n’ai pas envie d’utiliser les mêmes draps qu’un homme qui a plus de deux fois votre âge et presque deux fois le mien.

A la demande de Franco, Cassio était reparti aussi vite qu’il était arrivé afin de trouver une boisson forte pour le futur couple ducal. Pour le plus grand plaisir du grand brun, sa future femme avait accepté de partager un peu de boisson alcoolisée avec lui. Il espérait que l’alcool que ramènerait le serviteur serait assez fort pour apaiser les épisodes furieux de sa future femme. Et puis, comme il l’avait précisé, si Tibéria voulait en savoir plus sur lui, il faudrait le désinhiber.


Une fois le serviteur reparti, Tibéria exigea des excuses de la part de son futur mari suite à ses paroles sur elle et ses potentiels amants. Il n’en ferait rien. Non seulement parce que son instinct masculin lui interdisait de se rabaisser aux excuses. Mais aussi parce qu’il n’était pas forcément choqué par ses propres paroles.

- Tibéria, enfin … Cela fait plusieurs ennéades que vous êtes divorcée. Vous auriez pu profiter de cette occasion. Vous savez, j’ai été marié pendant plusieurs années. Au début, tout ce que nous offre notre moitié est suffisant. Mais par la suite … Les années passent et l’envie trépasse.

Son jeu de mot fit sourire Franco. Il se trouvait presque cynique et savait pertinemment que ses paroles feraient bondir Tibéria. Heureusement, l’alcool n’allait pas tarder pour l’apaiser. Il reprit.

- Certains qui sont mariés depuis des décennies vous traiteraient d’inconsciente de ne pas avoir profité de votre période de liberté. Maintenant, c’est trop tard. Nous sommes à la veille de votre mariage et vous êtes déjà coincée à discuter avec votre futur mari.

Ce qui se passait était assez rare. Franco avait envie de rire. En fait, il ne pensait même pas un quart des paroles qu’il prononçait. En effet, pour lui les plaisirs de la chair n’étaient que vains et futiles. Il voyait la situation actuelle comme dérisoire et il aurait aimé que la jeune duchesse en fasse autant que lui. Après tout, c’était elle qui souhaitait discutailler avec lui, alors quel intérêt avait-elle à s’enrager et rompre ainsi toute forme de dialogue construit ? A défaut de vouloir s'embarquer dans des discussions trop sérieuses, elle pouvait tout au moins accepter un minimum de plaisanterie sur l'aspect cocasse de la situation.
   
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MessageSujet: Re: Trois roses pour une future épouse [PV Tibéria]   Trois roses pour une future épouse [PV Tibéria] I_icon_minitimeVen 17 Fév 2017 - 23:16

Franco répondait à toutes les remarques et les pointes de Tibéria avec tant d’habileté qu’il la faisait sentir de plus en plus comme une idiote. Elle perdait son calme, s’emportait et disait n’importe quoi alors que Franco, en restant de marbre, contrecarrait la moindre de ses attaques verbales avec un flegme horripilant. Évidemment qu’il aurait pu saisir l’occasion de prendre le pouvoir seul lors du renversement, mais il ne l’avait pas fait. Il n’était peut-être pas le goujat que Tibéria espérait très fort qu’il soit, mais elle était encore très loin du jour où elle admettra ses torts. Elle pensait le déstabiliser par sa question, mais c’est plutôt Tibéria qui fut surprise par la réponse Franco. Sans surprise, elle ne partageait pas son avis. Il faut aimer son peuple pour prendre les bonnes décisions, même si elles sont difficiles. Le dirigeant qui se moque de son peuple aura plutôt tendance à se montrer négligent et à privilégier ses propres intérêts. Même ses exemples ne faisaient aucun sens. À l’exception des esclaves, un serviteur qui n’était pas heureux pouvait toujours tenter de se faire engager dans une autre maison. Un soldat se battait pour sa terre et son seigneur et en retirait ainsi tous les honneurs. Par principe, les mercenaires inspiraient toujours plus de méfiance chez leurs employeurs, car ces guerriers accordaient beaucoup plus d’importance à l’argent qu’à la terre qu’ils devaient défendre. Il ne comprenait pas le point de Tibéria, mais le contraire aurait été surprenant.

— À quel point faut-il avoir l’égo démesuré pour s’attribuer le rôle du défenseur du Soltaar?

Tibéria grimaça autant par dégoût que pour lui indiquer qu’il n’était pas forcé de répondre à sa question. Elle savait que la politique était un monde de requins et que Franco possédait toutes les caractéristiques pour en être un, mais elle se demandait maintenant si elle avait les reins assez solides pour empêcher cet homme d’en faire qu’à sa tête. Elle avait le titre. Elle ne devait pas l’oublier.

Le futur duc de Soltariel voulait détendre l’atmosphère, mais il avait une drôle de façon de s’y prendre. Tibéria s’attendait à des excuses, mais elles ne vinrent pas. Au contraire, il continua sur sa lancée ce qui aurait certainement énervé plus encore la jeune femme si ça n’avait pas, en fait, remué quelque chose d’autre en elle. La colère fit place à autre chose et Tibéria s’affaissa. Silencieuse, elle alla se servir une tasse de la tisane que venait d’apporter Cassio. Il avait eu la bonne idée de la placer loin d’elle. Quelques secondes plus tôt, elle aurait certainement saisi la théière pour la lancer à la tête de Franco.

Avec sa tasse fumante, elle se dirigea vers la fenêtre pour l’ouvrir à nouveau. L’air était frais et une brise soufflait, s’engouffrant par l’ouverture et faisant gonfler sa robe de nuit.

— C’est ma tante Octavia qui a négocié le contrat… Arichis est venu la trouver et elle a accepté. Je ne sais pas si vous avez eu l’occasion de lui parler, à ma tante je veux dire. Elle sait reconnaître une bonne affaire quand elle en voit une. J’étais déjà promise à quelqu’un d’autre, un jeune homme lui aussi sous le coup d’un bannissement. Je ne l’ai jamais rencontré. J’étais en balade avec mes sœurs quand, à mon retour, j’ai vu ma tante dans ma chambre en train d’ordonner aux esclaves de faire mes bagages. Elle m’annonça triomphante que je retournais sur la Péninsule. Je pensais que la sentence avait été levée, mais non. Je n’ai eu droit qu’aux détails de l’entente que bien plus tard. Au départ, la perspective de me retrouver marié à un homme aussi vieux ne m’enchantait pas vraiment. Toutefois, je savais que si je refusais, les chances que je retourne un jour à Soltariel étaient très minces. Je craignais de passer ma vie dans l’Ithri’Vaan et de finir marié à un Prince marchand qui partagerait son temps entre son armée de concubines et moi. Cette idée m’horrifiait plus encore que d’épouser Arichis et je ne voulais pas que mes sœurs subissent également le même sort. Mon idée était donc déjà faite à mon arrivée à Ydril où j’ai attendu trois ennéades avant de le voir. Ma première rencontre avec le patriarche a été, disons, peu concluante. Voyez-vous, je pratiquais ma magie dans les jardins de Velmonè quand j’ai été distraite, perdant ainsi ma concentration. Résultat, Arichis et moi avons été éclaboussés. Je suis certaine qu’il me voyait comme une jeune idiote et son opinion n’a certainement pas changé depuis. Quoi qu’il en soit, j’ai accepté cette union par devoir. Notre monde est régi par un complexe jeu d’alliances. Chaque union est minutieusement planifiée afin d’en retirer le plus de bénéfices possible. Un jour, vous et moi ferons la même chose pour nos enfants et il en sera ainsi pour nos petits enfants aussi.

Elle se tourna vers Franco.

— Je trouve cruel que vous vous moquiez de mon mariage avec l’Anoszia. Je ne veux pas prendre sa défense et je continue de désapprouver ce qu’il a fait, mais ne m’avez-vous pas approché de la même façon qu’il s’est présenté à ma tante? Vous êtes venu me voir avec une idée précise de ce que vous vouliez. Vous avez proposé ce mariage en le présentant comme une condition non négociable pour que je reste duchesse et j’ai accepté encore une fois par devoir. Aujourd’hui, mes sœurs vivent à Béronia, le domaine de ma famille. Elles sont heureuses et à l’abri du besoin et je compte bien tout faire pour que ça reste ainsi même si ça a impliqué de marier un homme de deux fois mon âge. Au moins, il était présentable. Il y a des hommes de son âge nettement moins bien conservés et vigoureux que lui, soyons honnêtes.

Tibéria se mordit la lèvre, le regard toujours posé sur Franco comme si elle l’examinait.

— Vous êtes un bel homme, vraiment. Vous avez ce côté ténébreux rempli de mystère qui intrigue. C’est juste dommage que vous soyez aussi chaleureux qu’un bloc de pierre. Si nous devons parler de nos préférences, j’aime bien les hommes charmants et charismatiques. Vous savez, ceux qui nous attirent par leur façon d’être et l’énergie qu’ils dégagent. Vous êtes intelligent, cultivé et particulièrement soucieux de l’image que vous projetez. Justement, vous êtes tellement composé que c’est énervant. Les hommes du sud sont généralement plus exubérants et passionnés. Ce ne sont peut-être pas de bonnes qualités pour un duc et, à côté de vous, je donne l’impression d’être particulièrement caractériel alors que ce n’est pas le cas. Mais peut-être que vous n’êtes pas totalement froid et indifférent… Les roses, je ne m’y attendais pas… Je ne m’attends pas non plus à ce que vous soyez un étalon sous les draps, mais… Elle soupira. Peut-être avez-vous raison. Peut-être que j’aurais dû me trouver un amant… J’ai été bête. Hum, techniquement, nous ne sommes pas encore mariés. Ça me laisse jusqu’à demain. Bon, voyons qui traine dans les couloirs à cette heure…

Sans attendre la réaction de Franco, elle posa sa tasse et quitta la chambre en coup de vent. Dans le couloir, non loin de la porte, un garde faisait le pied de grue. Un autre se trouvait un peu plus loin.

— Vous deux, venez avec moi.

— Il y a un problème?

— Rien de plus qu’un futur époux avec un sens de l’humour douteux. Dit-elle à mi-voix. Peu importe ce qui se passera dans les prochaines minutes, jouez le jeu.

Évidemment, ils ne comprenaient rien à ce qui se passait. Tibéria les poussa à l’intérieur de la chambre avant de refermer derrière elle. Elle les amena jusqu’au centre de la pièce et se plaça entre eux. Naturellement, l’incompréhension se lisait encore sur leur visage en plus d’un certain malaise d’être dans la chambre de la duchesse, elle-même vêtue d’une simple robe de nuit. Ils donnaient l’impression de ne pas savoir où se mettre.

— Alors, lequel de ces deux prétendants serait assez bien, selon vous, pour remplir cette délicate tâche? Hum… Ils sont tous les deux grands et forts. Visiblement, ils savent manier l’épée. L’un d’eux est plus jeune. Quel âge avez-vous? dit-elle en s’adressant au garde avec un visage de chérubin.

— 23 ans, madame la duchesse.


— Ah, le même âge que moi. C’est bien. Il doit être bien vigoureux.

Sur ce, une forte odeur de sueur et de crasse lui monta au nez.

— Dites-moi, à quand remonte votre dernier bain?

— Je sais plus… Il y a une ennéade peut-être.

— Je te l’ai dit qu’on peut te pister à l’odeur.

— C’n’est même pas vrai!

— Allons, allons un peu de retenu messieurs. Je crains, malheureusement, que votre candidature ne soit pas retenue pour ce soir. Jeune homme, vous pouvez disposer. Vous, attendez un peu.

Le jeune garde quitta la chambre, un peu déçu de ne pas avoir été retenu même s’il n’avait pas la moindre idée du pourquoi il était là.

— Je suppose que vous êtes l’heureux élu.

— Si je puis me permettre… l’heureux élu pour quoi?

— Ah oui, suis-je bête. Mon cher futur époux m’a reproché de ne pas avoir su profiter de ma période de célibat en collectionnant les amants et qu’il était maintenant trop tard pour faire disparaître la souillure d’Arichis Anoszia. Je lui ai dit qu’il avait tort et que, techniquement, j’ai encore ce soir pour m’amuser un peu. Donc, voilà pourquoi vous êtes ici.

Le visage du garde devint si rouge qu’il en était comique à voir. Il ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit. Au même moment, la porte s’ouvrit sur Cassio qui ramenait l’alcool demandé ainsi que les coupes.

— Cassio, tu arrives juste au bon moment!

— J’ai raté quelque chose?
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Franco di Celini
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MessageSujet: Re: Trois roses pour une future épouse [PV Tibéria]   Trois roses pour une future épouse [PV Tibéria] I_icon_minitimeDim 26 Fév 2017 - 16:29


Tibéria vivait dans son propre paradigme. Elle avait un avis bien tranché sur beaucoup de choses et n’aimait pas vraiment que les éléments soient présentés sous un angle qu’elle n’appréciait ou ne comprenait pas. « Défenseur du Soltaar » avait-elle dit. Franco s’était-il un seul instant revendiqué comme tel ? Il avait présenté sa mission actuelle qui consistait à défendre le duché. Il ne s’était cependant jamais attribué les mérites d’en être l’unique défenseur. Peu importe. Le grand brun écoutait sa future femme parler et préférait ne pas rebondir sur de pareils détails. Les velléités étaient loin d’être sa spécialité et il ne voyait pas quel serait l’aboutissement de ce sujet. Où était donc l’importance de savoir quel était le niveau de prétention d’un homme ou d’un autre ?

Les détails livrés ensuite par la jeune femme concernant son mariage passé avec l’Anoszia intéressèrent beaucoup plus Franco. Non pas qu’il ne savait pas d’où venait la jeune femme ni pourquoi elle s’était mariée avec le dragon déchu. Mais plutôt parce que cela démontrait le fonctionnement intrinsèque à la famille Soltarii-Berontii. Franco se doutait bien que des doyens comme la tante de Tibéria étaient toujours aux commandes des affaires les plus importantes. Il était logique que les membres les plus expérimentés soient amenés à prendre des décisions pour les plus jeunes. Et dans le cas présent, Tibéria était vraiment très jeune et avait besoin d’être aiguillée pour ne pas commettre d’erreur. Tout en sachant que cette femme du nom d’Octavia avait orchestré le mariage de la jeune femme avec l’Anoszia, Franco devrait se méfier d’elle. En toute logique, le chef des Vrais-Soltaris avait fait échouer les plans de la doyenne et elle n’avait dû que moyennement apprécier ce retournement de situation. Il se contenta d’une réponse semble pour notifier à Tibéria l’intérêt qu’il portait à ses paroles.

- Je n’ai pas rencontré votre tante à ce jour. Enfin, j’ai certainement dû croiser son regard ça ou là dans les couloirs du palais. D’après ce que vous dites, elle me paraît être une femme forte et bienfaisante pour sa famille. C’est bien qu’elle soit à vos côtés.

Il écouta ensuite sa future femme déblatérer sur leur mariage à venir et ses similitudes avec son mariage précédent. Même si le grand brun n’appréciait pas d’être comparé à l’Anoszia déchu, force était de constater que les paroles de la jeune femme étaient empreintes de vérité. Tiébria parvint même à faire sourire Franco lorsqu’elle se mit à parler du domaine de Béronia et de ses sœurs. Quel comble pour une duchesse qui se prétendait amoureuse de son peuple de posséder un pareil domaine et de ne point en faire profiter la population. Il ne préféra pas faire de commentaire de peur de lancer un énième débat qui s’éterniserait en étalage de sentiments personnels.

Franco fut amusé de voir qu’il avait mis la jeune femme mal à l’aise avec son discours insistant à propos des relations amoureuses qu’elle aurait pu entretenir. Il fut presque surpris lorsqu’elle le gratifia de plusieurs compliments sur son physique et sa stature. Puis vint le moment où la jeune duchesse entra enfin dans le jeu de son futur mari. Pour le coup, elle surprit réellement Franco. Le petit bout de femme qu’elle était prétendait ne pas être caractérielle mais … Ses sautes d’humeurs étaient pour le moins imprévisibles et assez surprenantes. En fait, son changement d’attitude afin de provoquer à son tour le futur duc était la meilleure réaction qu’elle pouvait avoir de son point de vue. Il ne dit pas un seul mot et laissa la jeune femme se lancer dans le jeu qu’elle venait elle-même d’amorcer. Il la regarda faire sa petite animation avec les gardes et faillit rire quand elle fut dégoutée de l’hygiène de l’un d’eux. Lorsque ce dernier quitta la pièce à la demande de la duchesse, Franco ne put se retenir plus longtemps de faire une remarque.

- Je vous croyais un brin plus futée que cela Tibéria. En effet, les gardes sont souvent de beaux hommes dans la force de l’âge mais … Vous êtes tout de même la duchesse de Soltariel.
Franco se tourna vers le garde qui était resté dans la pièce et lui adressa un large sourire. Ne prenez pas pour vous ce que je vais dire, mon ami. Mais les gardes sont souvent colporteurs de toutes sortes de ragots et je pense qu’une relation intime avec l’un d’eux sera vite ébruitée à travers tout le continent. Enfin, ce n’est qu’un conseil Tibéria, après tout c’est de votre réputation de duchesse dont il s’agit.

Franco lança un regard de défi à sa future femme. Il ne savait pas vraiment jusqu’à où elle était prête à aller mais il était curieux de le savoir. En fait, ce qu’il voulait c’était juste démontrer à la jeune femme qu’elle ne pouvait pas toujours gagner et surtout pas toujours avoir raison. Il ne savait pas vraiment si elle saisissait le sens caché derrière ce petit jeu. En politique, la remise en question est un élément important pour ne pas se laisser dépasser par les évènements et ce, en toutes circonstances.

Le serviteur de Tibéria, Cassio entra dans la chambre afin de ramener l’alcool commandé par le futur couple ducal. Son visage dissimula difficilement sa surprise lorsqu’il vit que Tibéria était toujours aussi énervée et qu’un garde se retrouvait au beau milieu de la chambre de la duchesse. Franco n’attendit pas que la jeune femme lui explique la situation et entrepris de le faire lui aussi entrer dans son petit jeu.

- Venez mon bon Cassio, vous arrivez à point nommé. Votre maîtresse était tout juste en train de me présenter l’amant avec lequel elle va passer la nuit en la personne de ce bon grand garde. Franco désigna subtilement d’un geste de la main le garde qui se tenait au milieu de la pièce. Il reprit. Tibéria souhaite essayer une nouvelle manière de voir les choses, ce soir. Après tout, c’est son dernier soir avant le mariage … Qu’en pensez-vous mon cher Cassio ? Expliquez donc à Tibéria quelles pourraient être les conséquences de son écart des bonnes mœurs.

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MessageSujet: Re: Trois roses pour une future épouse [PV Tibéria]   Trois roses pour une future épouse [PV Tibéria] I_icon_minitimeMer 1 Mar 2017 - 1:12


Étonnant que sa tante n’ait pas encore rencontré Franco en tête à tête. Cette femme n’était pourtant pas du genre à passer par quatre chemins lorsqu’elle désirait quelque chose, mais si Franco n’avait pas encore gouté à sa médecine, ce n’était pas plus mal non plus. Qui sait ce qu’elle pourrait lui dire alors? Dans l’immédiat, il était sans doute préférable que Franco reste dans l’ignorant quant aux activités de sa tante. Comment réagirait-il en sachant que la matrone des Soltari-Beronti contrôlait tout un réseau de maisons closes, d’espions et peut-être même d’assassins et que ses tentacules s’étiraient probablement dans presque toute la Péninsule et même l’Ithri’Vaan? Elle et ses sœurs furent recueillies et protégées par des gens sous ses ordres et le palais en accueillait également un certain nombre bien qu’elle-même ne savait pas exactement combien ils étaient. Tibéria connaissait suffisamment bien sa tante pour savoir qu’elle faisait ça pour la protéger, mais que le geste n’était pas complètement désintéressé. Une information offerte à la bonne personne pouvait valoir son pesant d’or. Il était peut-être temps qu’elle ait une conversation avec sa tante question de savoir où se situaient ses allégeances et si elle ne pouvait pas elle aussi tirer profit de ses réseaux clandestins.

Le pauvre garde n’arrivait toujours pas à articuler le moindre mot. Il se souvenait des paroles de Tibéria juste avant qu’elle les invite à entrer dans la chambre, il savait donc qu’elle ne pouvait pas être sérieuse. Un tel comportement serait totalement inconvenable, bien qu’il ait lui-même assisté à bien pire. Les nobles s’interdisaient rarement des amusements du genre, mais à sa connaissance, les gardes n’étaient jamais impliqués. En fait, Franco avait totalement raison en disant que les soldats sont d’ordinaire de vraies pipelettes, en particulier entre eux. Leurs fonctions les obligeaient à être toujours là pour assurer la sécurité de ceux pour qui ils travaillaient. Du coup, ils voyaient et entendaient beaucoup de choses. Évidemment, ils étaient tenus au secret, mais dans le cas des histoires bien croustillantes, c’était un peu plus difficile à respecter. Si un garde réussissait à passer dans le lit de la duchesse, il serait élevé au rang de légende parmi ses pairs, mais là, ça n’arrivera pas. Tibéria ne voulait qu’énerver Franco et ce dernier jouait le jeu pour l’énerver elle. Restait à savoir qui allait hurler le premier et son pari allait pour la duchesse. Tout le monde sait que les Soltari-Beronti ont un caractère de feu et que sous ses apparences de gentille jeune fille se cachait une vraie tigresse…

— À vrai dire… commença-t-il dans une tentative de défendre son honneur, mais Tibéria lui coupa la parole.

— C’est tout de même ironique de savoir que si cet homme passait dans mon lit ce soir, il serait certainement adulé par ses pairs alors que je verrais sans doute ma réputation en prendre un sale coup. Je devrais peut-être demander à ma tante de trouver quelqu’un. C’est sa spécialité et sa discrétion serait garantie. De plus, il ne ferait aucun doute qu’il serait parfaitement capable de satisfaire toutes mes exigences.


Elle termina sa phrase en regardant Franco dans les yeux, un sourire énigmatique sur les lèvres. Évidemment, l’arrivée de Cassio détourna aussitôt l’attention de Tibéria. Franco en profita pour demander l’avis du serviteur de sa future épouse. Cette dernière l’observait en silence, mais son regard parlait suffisamment pour que l’ancien esclave comprenne que peu importe ce qui allait arriver, il devait prendre son parti à elle. Pourquoi ça n’arrivait qu’à lui ce genre de chose?

— Je ne suis pas sûr que je sois…

Il ne termina pas sa phrase et traversa plutôt la pièce d’un pas rapide et déposa son butin sur une console. Il déboucha d’un geste expert les deux bouteilles puis en versa de généreuses quantités. Finalement, ce n’était peut-être pas une si mauvaise idée que de les saouler tous les deux.

— Je te donne la permission de parler librement si c’est cela qui t’inquiète.

L’ancien esclave inspira profondément. Il en aurait long à dire, mais il savait que Tibéria n’allait pas apprécier. Elle paraissait calme, mais ce n’était qu’une façade. Visiblement, elle s’était mise en tête de faire rager Franco, mais ce dernier contrôlait la situation nettement mieux que la duchesse. Il ne voulait pas être celui qui la contrariait encore plus. Tibéria n’avait jamais élevé la voix avec lui et ça n’arriverait pas aujourd’hui.

— Honnêtement, je ne crois pas que mon opinion ait vraiment de l’importance, mais si vous tenez vraiment à avoir mon avis… Il y a souvent des prostitués qui vont et viennent autour des baraques. Il parait que c’est bon pour le moral, mais je doute que ce soit bon pour la santé. Sur ce, je vous souhaite une excellente soirée.

Il s’inclina devant le couple et quitta la chambre. L’argument fit mouche. Tibéria regarda du coin de l’œil le soldat qui avait recommencé à rougir, visiblement coupable de quelque chose.

— Est-ce qu’il dit vrai?

— Il y a bien une fille ou deux qui traînent à l’occasion, mais pas plus…

— Hum… Je crains que ce soit tout pour ce soir. Vous pouvez sortir.


Elle fit un signe vers la sortie et le soldat obtempéra visiblement déçu que les choses se terminent aussi brusquement.

— Vous êtes satisfait? demanda-t-elle en se tourna vers Franco. Elle alla vers la console pour prendre sa coupe et donna la seconde à Franco. Je crois bien que ça n’arrivera pas ce soir. Je me sens bête de ne pas avoir profité de ma liberté, mais d’un autre côté… Je n’aurais pas supporté l’idée de mettre au monde un enfant sans avoir la certitude de l’identité du père… Vous… un autre? Comment réagiriez-vous si, en grandissant, votre aîné ne partageait aucune ressemblance avec vous? Je ne vous porte peut-être pas dans mon cœur, mais je vous respecte encore assez pour vous éviter de vivre une telle situation. Je sais que pour beaucoup de femmes, ça n’a pas d’importance, mais j’ose affirmer que je ne suis pas comme elles. Elle leva sa coupe. Que notre mariage, à défaut d’être le plus heureux, soit au moins basé sur l’honnêteté.
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MessageSujet: Re: Trois roses pour une future épouse [PV Tibéria]   Trois roses pour une future épouse [PV Tibéria] I_icon_minitimeLun 13 Mar 2017 - 10:14


Tibéria était lucide quand elle le voulait. Mais Franco la trouvait tout de même assez innocente. Elle disait régulièrement pouvoir s’arroger tous les pouvoirs inhérents à sa couronne de duchesse. Cependant, elle agissait toujours avec parcimonie. Si Tibéria avait grandi dans un environnement sécurisé où elle était écoutée et protégée, elle ne devait pas oublier qu’aujourd’hui c’était à son tour de prendre les décisions et de protéger son entourage. Franco avait conscience que sa future femme était jeune, bien plus jeune que lui. Mais tout de même, elle avait une des couronnes les plus influentes de la péninsule sur la tête. Elle se devait d’être un meneur en conséquence de son rang. Une seule chose était sure, elle avait peur pour sa réputation si elle avait eu à coucher avec ce garde. Certains de ses prédécesseurs s’étaient permis des écarts du protocole bien plus graves pour leurs plaisirs personnels. Ils étaient simplement moins inquiets des dires des uns et des autres.

Le futur duc regarda le petit manège qu’il avait lui-même orchestré par ses paroles se dérouler sous ses yeux. Tibéria n’assuma pas ses paroles et laissa disposer le garde. Le serviteur de Tibéria, Cassio n’osa pas prendre de parti et se libéra à son tour du service des deux époux. Certes, la jeune femme allouait beaucoup d’importance au fait d’être appréciée par ses sujets. Mais elle devait faire attention à ne pas trop les rendre désobéissants en leur laissant autant de latitude. La duchesse questionna son futur époux pour savoir s’il était satisfait. Forcément, un sourire fendit le visage du grand brun. Il adorait jouer avec les nerfs des gens. Il écouta avec attention le discours de capitulation de sa future femme avant de prendre la parole, toujours un brin d’ironie dans la voix.

- Bien, l’honnêteté. C’est une qualité importante car elle permet de créer un lien de confiance avec les autres. Je ne voudrais pas vous énerver un peu plus mais … Pourquoi n’avez-vous pas cherché à tourner la conversation sur mes mœurs à moi ? Je vous ai accusée d’avoir des mœurs légères mais vous n’avez jamais retourné la conversation contre moi, je suis presque déçu.

Provocation et enseignement. D’un côté, Franco continuait à provoquer sa future femme. Mais il souhaitait aussi la voir monter en compétence. Une duchesse se devait d’être habile avec les mots et ne surtout pas se laisser toucher par des attaques personnelles. Mais peu importe, les boissons alcoolisées étaient arrivées, la soirée s’annonçait légèrement plus réjouissante qu’auparavant.

- J’accepte vos vœux d’honnêteté et je tâcherai de l’être au moins autant que vous. Pour ma part, je me contenterai de lever mon verre à la gloire de Soltariel. Puisse notre belle ville s’épanouir et notre règne voir ses terres s’enrichir.

Il but son verre d’un trait. L’alcool amené par Cassio était doux et agréable. Une liqueur parfaite pour ne pas se souvenir de la soirée une fois le lendemain arrivé. Sans attendre l’invitation de sa future femme, Franco se resservit.

- Alors Tibéria, vous n’avez pas encore fini votre verre ? Je vais finir par vous attendre.

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MessageSujet: Re: Trois roses pour une future épouse [PV Tibéria]   Trois roses pour une future épouse [PV Tibéria] I_icon_minitimeSam 18 Mar 2017 - 12:56


Tibéria croyait la partie terminée, mais Franco s’amusait encore à la provoquer et en mettre en lumière ce qu’elle aurait dû faire. Pourquoi le relancer sur ses propres mœurs. Franco ne donnait pas l’impression d’être un homme particulièrement porté sur la chose. Il avait un certain charisme, mais pas du même genre de ceux qui aiment courtiser à outrance. Elle ne l’imaginait même pas lui être infidèle! En même temps, Tibéria pouvait se tromper. Elle ne le connaissait pas et c’est pour cela qu’elle voulait profiter de cette soirée avant le mariage. S’ils avaient techniquement toute la vie devant eux, Tibéria acceptait mal l’idée de mettre un homme qu’elle ne connaissait pas dans son lit. Elle voulait percer l’aura de mystère qui entourait Franco de Celini. Avait-il conscience de l’image qu’il projetait? Sans doute. Un homme comme lui savait parfaitement ce qu’il faisait. Franco était un fin calculateur sur le point de remporter l’une des plus grandes victoires de son existence… À moins qu’il ait d’autres ambitions secrètes plus importantes encore.

— Il y a des hommes qu’il suffit de regarder pour comprendre qu’ils couchent à droit et à gauche sans grande considération pour leur femme. Puis il y a vous qui donnez l’impression que vous ne toucherez une femme que si l’avantage que vous en retirerez en vaut suffisamment la peine. Honnêtement, je ne m’inquiète pas trop pour d’éventuelles amantes. Je crois même que si je venais qu’à apprendre une faute de votre part, j’irai féliciter la jeune femme… avant de la faire embarquer sur le premier navire en direction du bout du monde.

Un sourire sournois étira les lèvres de la duchesse. Elle n’aimait pas l’idée de devoir partager même si elle savait que d’avoir des maîtresses était une pratique courante dans la noblesse. Quelque chose de fréquent ne signifiait pas pour autant que c’était une bonne chose.

— À Soltariel!

Tibéria but une gorgée de sa coupe. La boisson était délicieuse, mais très alcoolisée. Elle n’en prenait que quelques gorgées normalement, mais à la remarque de Franco, elle vida d’un trait son verre…

¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤
Plus tard…

La duchesse jeta un coup d’œil au fond de son verre désespérément vide.

— Zut…

Elle tendit la main pour prendre la bouteille, mais ses gestes engourdis par l’alcool la rendaient maladroite et au lieu de la saisir, elle la renversa sur le sol. Elle était aussi vide que sa coupe.

— Merde…

Tibéria voulut se redresser dans son fauteuil, mais elle ne réussit qu’à s’affaler un peu plus. Visiblement, elle trouvait ça très drôle, car elle éclata de rire, probablement pour la quinzième fois depuis que Cassio avait ramené les bouteilles dans la chambre.

— Franco… Franco… v’sêtes un… un cas-SE-pied… vraiMENT… mais un casse-pied sexy. Ça compense...

Puis elle semblait soudainement avoir conscience de quelque chose.

— Mais… j’suis saoul… j’nai… jamais été saoul… Par Néera! Oh… C’est ça qu’sa fait? Oh! Oh…


Elle se redressa tant bien que mal dans son fauteuil. Elle avait les joues rouges, le regard brillant et les cheveux dans un désordre épouvantable. Elle affichait le même sourire que quelqu’un avec une idée derrière la tête. Ils avaient beaucoup parlé, mais Tibéria était rendue à un point où elle ne portait plus attention à ce que l’autre disait.

— Vous s’êtes dans ma chambre.
Fit-elle remarquer, toujours avec ce sourire. On est seul… hum…

Seulement quelques pas la séparaient de Franco, mais elle était dans un tel état d’ivresse qu’il aurait pu être à l’autre bout du palais sans que ça fasse de différence. Le regard fixé sur son futur époux, Tibéria s’appuya sur les bras de son fauteuil et réussis à se mettre sur les pieds. Aussitôt, la pièce tangua dangereusement. En fait, c’était plutôt Tibéria qui s’affaissait sur elle-même. Elle fit un pas en avant et s’écrasa dans les bras de Franco dans un gloussement.

— Vous avez de bons réflexes…

Il n’avait probablement pas bougé de son fauteuil. Tibéria parvint à s’installer sur les genoux de son futur époux, passa ses bras autour de son cou et lui flatta la tête de la même manière que l’on caresse un chien.

— Vous sentez bon… Tout le contraire de Tibéria qui sentait le vieux fond de tonneau et le bouquet de fleurs.

Elle entreprit de déposer des baisers au creux de son cou afin d’allumer un peu la flamme. Tibéria lui mordit même l’oreille… peut-être un peu trop fort.

— Franco…


Tibéria se pressa un peu plus contre lui et ferma les yeux. Soudainement, elle devint très molle… La duchesse s’était endormie.
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