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 [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Au fond des geôles {Terminé}

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Telenwë Neraën
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MessageSujet: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Au fond des geôles {Terminé}   [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Au fond des geôles {Terminé} I_icon_minitimeJeu 25 Mai 2017 - 10:44

Rp précédent (Halya) : Avoir la foi
Rp précédent (Mac) : De l'autre côté du mur


Les barreaux de la cellule se refermèrent sur le protecteur, qui resta un moment debout avant de s'asseoir et de commencer à réfléchir. Cachée dans les ombres, il n'avait pas fait attention à la femme qui se trouvait dans la geôle juste en face et surtout ne l'avait pas vraiment reconnue. Il ne fit également pas réellement attention à sa voix lorsqu'elle parla pour la première fois, ne se posant même pas la question de si cette personne lui parlait ou à l'un des gardiens. Déjà il ressentait un vide en lui, vide qu'il ne comprenait pas. De même l'envie d'utiliser sa magie le harcelait, magie qu'il se refusait d'utiliser pour avoir des chances d'arriver à briser une partie de la haine et de la folie de ses frères.

Depuis le départ de ses interrogateurs, Halya avait pris quelques minutes pour souffler avant de se lever pour faire des flexions pour que son cœur continue de brasser son sang à bonne allure, gardant son bras contre elle. Étrange ? Pas tant que ça puisqu'elle voulait éviter que son sang n’épaississe trop vite. Pas une perle de sueur, mais une agitation constante.

Puis on avait amener quelqu'un de nouveau. Quelqu'un qu'elle ne s'attendait certainement pas à voir. Neraën... Elle attendit que les soldats referment la grille derrière lui pour s'approcher de ses propres barreaux.

"Neraën. Qu'est-ce que vous faites ici ?
Pas de réponse... Il avait l'air... hagard.  
- Neraën ?"


Au bout d'un moment, le concerné finit par entendre son nom et leva la tête en conséquence. La voix de la rousse lui disait quelque chose mais il eut du mal à la reconnaître. Alors qu'il la regardait, ses doigts tapotaient son genou en cadence. Puis il la reconnut, et ses sourcils se levèrent de surprise bien qu'on lui avait parlé d'une protectrice meurtrière.

"Halyalindë... Qu'est-ce que tu fais ici ?!"
Elle sourit tristement.
- J'ai essayé d'aider Falaedhel et j'ai échoué. Tu n'as pas l'air bien...
- J'ai l'air en meilleur état que toi. Sinon je ressens juste un profond dégoût pour ce qui vient de se passer, la folie qui a pris certains conseillers et la bêtise de tous les autres ! Je me suis retrouvé dans la cité avec un druide, on a essayé de les raisonner, ça n'a pas marché ! En fait je suis même désormais considéré comme un traître et j'attends qu'on s'occupe de mon cas à tête reposée. Joie, non ?"


Il se leva et commença à marcher dans sa cellule, s'arrêtant régulièrement pour s'appuyer contre les barreaux et regarder la pauvre protectrice qui n'avait vraiment pas bonne mine.

"Deux protecteurs dans une même prison... je n'ai jamais entendu parler d'histoire aussi inhabituelle.
- Parce que tu as déjà entendu parler d'un Conseil s'arrangeant pour assassiner l'un des leurs dans le but de prendre le pouvoir ? On dirait une légende drow...
- L'un des leurs ? Parce que tu crois qu'il n'y en a qu'un ? Attends, de tous les haut-conseillers, il n'y en plus que deux en piste et comme par hasard deux qui n'étaient pas vraiment d'accord avec la direction que je leur faisais prendre même si finalement après discussions on finissait par s'entendre. Le troisième est Falaedhel qui a dû s'enfuir avec son fils pour rester en vie et le quatrième est Vareon que tout le monde dit fou ! Merde quand on fait de la magie de l'esprit l'une des choses qu'on apprend de la part de certains maîtres est d'arriver à décripter les émotions d'autrui et à reconnaître une forme de folie, même s'il n'y heureusement pas de cas concrets. Et Vareon était certes triste, mais aucune folie ne se lisait dans son regard. Alors pourquoi parler de façon sybilline ? Et ces lettres jamais reçues ? J'ai du mal à croire que les noss, s'ils entrent en guerre, ne s'occupent que des messagers et des oiseaux. Non, c'est plus complexe que ça et ces connards s'en sortent trop bien.
- Ils ne s'occupent pas que des oiseaux et des messagers. Ils capturent tous les voyageurs. J'en ai moi-même fait les frais. Et pour l'Arbitre, si maintenir un sort ne demandait pas de l'énergie et une concentraion constante, j'aurai juré qu'il était sous contraine...
- A moins qu'ils n'aient trouvé un moyen de garder le sort actif plus longtemps jusqu'à renouvellement. Ca me parrait compliqué mais c'est toujours imaginable... ils n'auraient quand même pas fait ça ?"


Neraën se mordit les lèvres et commença à taper ses doigts en rythme contre les barreaux sans vraiment s'en rendre compte.

"Et pour les noss je sais, j'y ai également eu droit. Je n'ai pas vu un seul messager parmi ceux qui avaient été arrêtés, sachant qu'ils n'ont commencé les captures qu'à peu près au moment où Falaedhel s'est exilé. Donc pas mal de temps après la mort de Telleran. Non Halyalindë, j'ai beau ne pas vouloir croire que des personnes de mon propre peuple puissent faire cela, mais les évènements ne se recoupent pas assez bien pour qu'il y ait de la logique... Et la folie... elle se ressent à travers elle pour qui arrive à écouter. Si les citadins pouvaient l'entendre, ils comprendraient mieux."

Halya secoua doucement la tête, se détournant de son interlocuteur, désolée de le voir à ce point agité par ce qui se déroulait ici. Il perdait totalement pied.

"Vous ! interpella-t-elle plutôt le garde qui restait non loin.
Elle ramassa la cruche posée dans sa cellule et la tendit à travers les barreaux.
- Est-ce que je peux avoir de l'eau ? Hésitez pas à en amener plusieurs d'un coup si vous voulez vous éviter des aller-retours."


Le garde regarda un instant la protectrice, fit signe à son collègue puis vint prendre la cruche du bout des doigts, sans rien dire. Malgré le regard suspicieux du militaire, elle ne tenta rien. Elle se contentait de le regarder avec attention, soutenant son regard, jusqu'à ce qu'il s'en retourne. Malgré son accoutrement léger, elle commençait à sentir une certaine chaleur lui enserrer la gorge. Bien peu de choses en comparaison de l'état de ses muscles en somme.

"Neraën. reprit-elle dans le silence. Calme toi.
- Je suis calme.
- En apparence oui. Mais tu cherches encore à trouver toutes les raisons et les excuses. Rappelle-toi de ce que nous apprenions chez les Aigles." sourit-elle, plus douce.


Parfois, il fallait se contenter des faits pour agir. Et dans ce cas précis, elle doutait qu'il ait agi sans être au courant des plans du groupe de rebelles. Ils avaient encore des gens à eux qui agissaient à l'extérieur. Ils pouvaient encore obtenir une rédition du conseil, des informations pour incriminer les coupables... Et si cela ne suffisait pas, il pourrait même en créer. Ils n'étaient que deux dans les geôles pour l'instant. Une unité devait savoir se faire confiance.

"Mis à part l'homme qui est mort de ma main, personne n'a perdu la vie ce soir."

L'assurance qu'elle mettait en ces mots était faite de certitude pure et dure. Les murmurs étaient lointains, la Symphonie à peine frémissante et les Loups ne hurlaient pas en sentant l'odeur du sang.

"Pour l'instant, pour l'instant seulement. J'espère avoir réussi à suffisamment gagner de temps... Enfin si cela continue comme ça, ces chers conseillers vont réussir à provoquer une guerre fratricide qu'ils sont persuadés de gagner ! Hé bien ils oublient que la forêt risque fort de ne pas être de leur côté et donc que ça va être un véritable massacre, surtout pour les leurs. Allons donc dans la joie et la bonne humeur détruire nos vies alors que la volonté prônée est la sécurité de celles-ci ! Non mais franchement, personne n'a réfléchi au fait qu'il existait peut-être encore un moyen de régler ce problème par la parole ? J'y suis bien arrivé il y a quelques mois ! Alors pourquoi pas eux ?"

Elle le regarda retourner à sa rage et à son agitation et soupira mi-compatissante, mi-attristée de le voir dans un tel état. Il ne se rendait même pas compte qu'il dévoilait à grands traits leurs actions de la nuit aux oreilles des gardes. Elle ne l'avait pas interrompu pour ne pas attirer l'attention de leur geôlier sur ce qu'il venait de dire mais le risque n'en restait pas moins présent. Il se laissait entraîner par un fatalisme exagéré, reliant le destin de toute l'Anaëh à celui d'une seule Cité alors que tant avaient essuyé les combats fratricides jusqu'à la destruction lors du Voile. Il constatait, abattu, presque paniqué, au lieu de penser à ce qui allait suivre et ce qui se jouait encore à l'extérieur. Elle ne reconnaissait plus le militaire d'exception qu'il avait été ni l'homme de tête qu'il promettait d'être lors de son investiture. Aucun sang-froid. Aucune pensée pour le reste de son groupe. Aucune remise en question de ses propres actes. En un mot comme en cent, il était tout sauf calme.  

"Et les gens se rendent-ils compte que s'ils entrent en guerre ouverte avec les noss d'Eteniril, que cet état se répercutera sur tout l'Anaëh et que dans tous les protectorats où les relations sont des plus tendues le sang risquera de couler ? Est-ce ce qu'ils veulent ? Tuer ceux qui veulent une paix relative, est-ce tout ce qui compte ? Si on ne trouve pas un moyen d'arrêter cette idiotie et c'est vraiment mal parti vu que cette histoire va se terminer en un tribunal certainement partial je peux déjà considérer que je ne serais plus partie enfin mais Neraën qu'est-ce que tu racontes, t'es con ou quoi ? Bien sûr que... que..."

Il dut s'arrêter de parler, sentant comme cela ne lui était pas arrivé depuis plusieurs mois son esprit partir. Il s'appuya contre le mur froid de sa cellule et attendit, la tête entre les mains, que ça passe. Au bout d'un long moment il redressa la tête et Halyalindë vit qu'il pleurait sans pour autant avoir l'air de s'en rendre compte.

"Pourquoi est-ce que je parle comme ça ?"
Hrp :


Dernière édition par Neraën Yeldoreï le Dim 28 Mai 2017 - 15:55, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Au fond des geôles {Terminé}   [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Au fond des geôles {Terminé} I_icon_minitimeJeu 25 Mai 2017 - 23:58


Il commençait à se rendre compte... et ne comprenait pas. Halya ne pouvait pas plus comprendre ce qu'il traversait. Absente durant les deux derniers mois, elle n'avait pas la moindre idée de la découverte qu'il avait fait à Alëandir. Elle n'avait que ses yeux perdus, devenus étrangements sombre pour l'aiguiller. Mais un tel état n'était pas étranger à l'ancienne militaire. Elle l'avait même vu trop souvent pour ne pas le reconnaitre. Elle soutint son regard, souriant avec une grande douceur.

"Tu es en état de choc, Neraën. Respire.

-Tu es celui qui guide, celui en qui chaque soldat voit une référence. Tu caches tes peurs, retiens ton envie de te battre. Tu es celui que l'on craint sur le champ de bataille mais également celui en qui l'on a confiance lorsqu'il s'agit de défendre les tiens. Tu es un aigle et c'est pourquoi tu te dois d'avoir une parfaite maîtrise de toi en toute occasion, de rester calme même au coeur de la plus importante des tempêtes."

Tout en parlant, le regard dans le vide, il s'était assis par terre.

"C'est ce que me rappelait mon premier capitaine des Aigles. Un gars bien qui possédait une sagesse comme aucun autre elfe. J'ai changé, depuis... j'ai changé et je ne sais pas jusqu'où. Mais je suis bien calme, Halyalindë, intérieurement du moins. Je ne comprends juste pas pourquoi je n'arrête pas de parler, comme s'il y avait besoin de combler un vide."


Il se tut, fermant les yeux tout en reprenant sa tête de ses mains. Il était soudainement extrêmement calme, se rapprochant bien plus du Neraën que tout le monde connaissait que l'autre inconnu d'il y a quelques secondes. Son pied droit martelait imperceptiblement le sol en cadence, toujours la même, et des larmes coulaient encore sur ses joues... larmes dont il ne se rendait toujours pas compte.

Au moins il s'était un peu recentré, s'accrochant aux paroles d'un ancien supérieur. Peu importe ce qui l'avait mis dans cet état, elle espérait qu'il pourrait se reprendre.

"Tu ne vas sans doute pas aimer ce que je vais dire, mais ce qui arrive maintenant n'est pas ta faute. Tu as fait ce que tu pensais être juste. Personne n'aurait pu en faire plus dans ta situation. Alors prend le temps de souffler.
finit-elle en reprenant ses flexions.
- Je le sais..."

Le calme. Le calme était revenu dans la prison, et lui n'avait qu'une envie : le combler. C'était la première fois que cela lui arrivait, du moins le pensait-il... parce que c'était plutôt la première fois qu'il s'en rendait compte. Contrairement à ce que Halyalindë avait semblé croire, il n'était aucunement en proie à un choc émotionnel lui faisant perdre toute maîtrise de sang froid. Non, il savait très bien ce qu'il faisait, pourquoi il se retrouvait en prison au lieu d'avoir décampé avec Mélnaica, dans quel but, la façon dont il devait se comporter, les quelques chances qu'il avait de réussir quoi que ce soit, ce qui risquait d'arriver... Non, il s'était rendu en sachant exactement ce qu'il faisait et s'était même défait lui-même de son épée. Alors pourquoi avoir réagi ainsi, contre son calme intérieur ? Il y avait quelque chose qui n'allait pas, quelque chose d'anormal... et alors que son esprit pédalait une nouvelle fois à toute vitesse, la désagrable impression de ne pas être correctement cerné le dérangeait. Aussi se releva-t-il et recommença-t-il à faire les cent pas dans sa cellule. Il avait besoin de combler un vide en lui - mais lequel ?! - et devait faire en sorte de ne pas parler sans même penser à ses paroles. Donc l'autre moyen de combler ce manque était d'utiliser la magie, mais il ne le voulait pas... Alors restait l'option de se remettre à parler alors que cela faisait trois siècles qu'il se montrait être une personne froide, distante, et allant généralement directement là où il voulait en venir. Non vraiment quelque chose n'allait pas et pour le coup il ne trouvait pas quoi.

"N'as-tu pas peur d'aggraver tes blessures à faire  des flexions ? Fais attention à toi, autant que possible.

- C'est très exactement ce que je fais. répondit l'ancienne militaire sans arrêter de bouger. J'ai été obligé de me soigner avec les moyens du bord pour désorganiser la garde et éviter de me faire repérer. Ils mettront encore quelques heures avant de différencier la réalité des petits cadeaux que je leur ai laissés."

Certes, il y avait eu de sacré points négatifs mais ce n'était pas spécialement le moment d'y penser de toute façon. Elle avait précisément en tête les évènements de la nuit et ne comptait pas refaire les même erreurs, mais elle n'allait pas non plus les garder comme un boulet aux chevilles en se morfondant.

"En fait c'est plus un problème de contre coup. Le produit que j'utilise en cas d'urgence est très efficace mais il doit être bien dosé et il a des effets secondaires contraignants : entre autre il épaissi le sang pour accélérer la coagulation et éviter les hémorragies internes."

   Sur ces entre-faits, le garde, de retour, approcha avec une cruche pleine. Une seule évidemment. Il s'approcha à pas comptés tout comme pour venir la récupérer et Halya put l'atteindre du bouts des doigts.

"Merci... Mais vous savez que d'ici dix-minutes je vais vous redemander la même chose?"


   Il ne répondit rien, arrachant un soupire à la rouquine qui avala une bonne moitié du litron avant de reporter son attention sur son compagnon de cellule.

"Le seul problème c'est que j'ai surdoser pour pouvoir bouger mon bras sans éveiller les soupsons. Ne t'en fait pas pour moi, j'ai déjà gérer des états pire que celui là.

- Si tu le dis."

Il se passa un bon moment où il resta silencieux, hésitant visiblement à aborder un certain sujet. Puis il finit par poser une question, à voix plus basse que jusque là, mais cependant assez forte pour qu'elle puisse l'entendre. Quand Halyalindë le regarda, elle put remarquer qu'il ne la regardait aucunement, laissant deviner qu'il avait plus posé la question pour lui-même qu'autre chose. Les larmes avaient cessé de couler mais il n'avait toujours aucune réaction les concernant.

"Quelque chose ne va pas ici, un vide s'est créé... mais de quoi ?"

Halya le laissa à ses spéculations, tendant plutôt l'oreille à un lointain et bref hurlement lupin.

"Et à part ton fabuleux voyage en ce magnifique protectorat, que deviens-tu depuis deux mois ?"

Elle se retourna, assez surprise. Décidément, il avait vraimet l'air de vouloir combler le silence, quel que soit le sujet de conversation.

"Comme tu le dis. Je voyage.
éluda-t-elle.
- Tu as bien de la chance. Je peux t'assurer que l'Académie d'Alëandir n'est pas toujours très accueillante.
- Oh moi tu sais, la magie... Mon père a bien essayé de me l'entrer dans le crâne de toutes les façons possibles et inimaginables. C'était juste pas ma voie. Alors passez des siècles entre quatre murs et des milliers de livres très peu pour moi.
- Parce que tu crois que ça me plait ? Enfin... si, dans le fond, je commence à apprécier le fait de pratiquer la magie. Au bout de trois cents ans, il était temps que les choses se révèlent..."
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Telenwë Neraën
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MessageSujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Au fond des geôles {Terminé}   [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Au fond des geôles {Terminé} I_icon_minitimeVen 26 Mai 2017 - 9:52

Au bout du couloir commencèrent à se faire entendre des bruits de pas et de discussions.

"J'ai l'impression que ça va être pour moi.
- On verra bien, la dernière fois c'est toi qui m'a évité des ennuis avec un certain capitaine...
- De quoi un certain capitaine ?"


La porte de la prison s'ouvrit alors et les deux gardes actuellement en faction ne bronchèrent aucunement à l'arrivée du capitaine. Ce dernier, qu'Halyalindë avait déjà pu voir, était accompagné de plusieurs soldats.

"Quand on parle du loup..."

Tous s'arrêtèrent à des endroits bien précis entre les cellules et le haut-gradé s'arrêta directement devant les barreaux du protecteur, ne faisant aucunement attention à l'autre prisonnière.

"Capitaine Tenetrian...
- Où est-elle ?
- De qui ?
- Vous le savez très bien, pauvre idiot !
Neraën regarda froidement l'elfe dans les yeux, s'évertuant en même temps à ne pas soupirer du fait qu'on venait une nouvelle fois de le vouvoyer.
- Je ne vois pas de quoi tu parles.
- L'Aube, où est-elle ?
- Parce qu'elle n'est plus à sa place ? Félicitations... j'espère pour vous que les gens ne l'apprendront pas.
- Faudrait-il que je fasse appel à votre propre magie pour savoir où elle a été envoyée ?
- Ce serait une grave erreur, Tenetrian. Une grave erreur pour toi."


Son regard s'était fait presque meurtrier lorsque Tenetrian avait émis la possibilité d'utiliser la magie sur lui. Pas qu'il ne serait pas capable d'accepter qu'on fouille dans sa mémoire, mais pour le coup il avait de trop mauvais souvenirs de ses décennies passées à l'Académie. Il s'obligea déjà à se maîtriser complètement pour ne pas laisser son esprit s'en prendre malencontreusement à son adversaire.

"Pour moi ou pour vous, Neraën Yeldoreï ? Pour un capitaine ou pour un faux protecteur, traître à son peuple en plus d'être incapable de maîtriser sa magie ?
Un silence ensuivit ses propos.
- Je suppose que vous ne l'avez pas raconté à votre voisine de cellule tout comme vous ne l'avez aucunement raconté à vos sbires d'en-dehors des murs, n'est-ce pas ? Qu'Alëandir a décidé de vous reconnaître inapte à la charge de protecteur et que vous n'êtes ici que pour faire une passation de pouvoir. Et encore, vous auriez dû être accompagné de mages de l'esprit voire même d'autres domaines de l'immatériel. Où sont-ils ? Auriez-vous désobéi au régent lui-même, Neraën ?"


Ne pas le tuer, ni lui faire de mal... ne pas se laisser prendre par l'appel de la magie... c'était compliqué. Très compliqué. Et là Neraën devait bien avouer qu'il était heureux d'avoir un passé militaire, aussi bien en Eteniril que chez les Aigles.

"J'évite autant que possible de mettre en danger les miens. Tu le sais. Et si tu fais référence à la décision du Chapitre Blanc... sache que s'ils avaient raison tu ne serais pas debout à me regarder de haut.
- Raison pour laquelle vous avez pleuré, je suppose... pauvre fou. Alors maintenant, où est-elle ?
- Je n'ai aucune raison de te répondre.
- Tu as toutes les raisons du monde...
- Tu n'es ni le capitaine des armées de la cité, ni le capitaine de la garde. Ici un lieutenant affilié à la garde a bien plus de pouvoirs que toi. Alors si tu veux avoir des réponses à tes questions, envoie-moi un gradé de la garde. Mais je suppose que tu ne le souhaites pas d'une part parce que tu veux être sûr de tout maîtriser, d'autre part parce que contrairement à la quasi-totalité de la population de cette ville tu n'hésiterais pas à utiliser la magie de l'esprit sur quelqu'un, même si cela apporterait des complications politiques. Tu veux savoir ; tu veux gagner ; tu veux faire ce qu'à tes yeux aucun de nos aïeux n'a jamais eu le courage ou la raison de faire. Tu n'as jamais aimé ce qui t'est étranger.
- La ferme !
- Je ne lis même pas en toi, Tenetrian. Je devine juste ce qui te traverse l'esprit. Alors maintenant arrête d'outrepasser tes droits et laisse les autres faire leur boulot."


Le silence... C'était ce silence qui avait permis au protecteur d'aller si loin dans son raisonnement. Les deux êtres se fixèrent dans les yeux avant que le capitaine ne reprenne finalement la parole.

"De toute façon vous serez placé en zone d'anti-magie, comme le disent les mages. Il aurait mieux valu pour vous que vous fuiez avec votre noss.
L'elfe libre se retourna et commença à marcher d'un pas énervé vers la sortie.
- Tenetrian !
Le concerné s'arrêta.
- Tout à l'heure vous avez dit que la folie occupait désormais l'esprit de l'Arbitre. Sache qu'un apprenti mage de l'esprit apprend justement à lire les sentiments et la folie dans le comportement ou les yeux d'une personne. Les yeux de Vareon ne véhiculent aucunement une quelconque folie ; les tiens, par contre, si."


Sans un mot Tenetrian sortit, et seuls les deux mêmes gardes restèrent en compagnie des deux protecteurs. Toute la haine et le mépris qu'avait apportés le capitaine disparurent, allégeant l'atmosphère de la prison. Neraën ferma alors les yeux et se laissa s'asseoir, la glace qu'il s'était rapidement forgée craquelant pour laisser apparaître un visage inquiet. Rien. Il n'avait rien à dire. Juste une colère à maîtriser et autre chose à penser. Il passa une main sur son visage et sentit l'humidité des vieilles larmes sur ses joues. Il fronça un instant les sourcils avant de s'adresser à Halyalindë, restée aussi silencieuse qu'attentive durant tout ce temps.

"J'ai pleuré... Quand ai-je pleuré ?"
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MessageSujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Au fond des geôles {Terminé}   [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Au fond des geôles {Terminé} I_icon_minitimeVen 26 Mai 2017 - 10:12

- Tu as pleuré presque en continue depuis ton arrivé ici, Neraën." répondit-elle avec étonnement.

Cet homme flirtait dangereusement avec le fil du rasoir... Neraën regarda le plafond couvert d'humidité et de toiles d'araignées. Il ne comprenait pas... vraiment pas. Et il s'inquiétait désormais des réactions qu'il avait et du fait qu'elles étaient contradictoires avec ce qu'il ressentait, ce qui aurait dû lui donner un comportement bien plus calme voire apathique. Non, à la place de cela, il versait des larmes tout en parlant en continu et tout cela sans s'en rendre compte. Le fait de s'en rendre compte le força à se remémorer ses vieux cours de psychologie pour en venir à une conclusion : soit Halyalindë avait raison et il était sous le choc de ce qui venait de se passer - mais même sans pouvoir se maîtriser il aurait dû se rendre compte de ses états - soit il était en manque. Mais en manque de quoi bordel ?!

"J'ai de quoi être pris pour un fou, n'est-ce pas ?
- Certainement pas. '' assura la Protectrice sans aucune hésitation. Puis elle fut rattrapé par la situation et ne put retenir un sourire mauvais. Elle pouvait parler l'abomination sans Souffle...

Mais elle secoua rapidement la tête, effaçant bien vite l'expression de mépris qui était apparue sur son visage.

" Tu as mauvaise mine, je ne te mentirai pas. Tu a l'air sous le choc et à fleur de peau. Mais vois le bon côté des choses, par rapport à moi, tu es resplendissant.
- J'ai l'air... C'est encore autre chose, mais bon. Ici il y a une sensation de vide, comme s'il manquait quelque chose de vital... et je n'arrive pas à trouver quoi... j'avais un peu le même ressenti en Quatrième Saison, quand on a dû s'arrêter là-bas. A croire que les profondeurs des pierres m'apprécient de moins en moins. Enfin bon ! C'est vrai que je n'ai rien de cassé. A ce propos ton poignet, j'espère que ça va ?"

Elle baissa les yeux sur le poignet qu'elle avait elle-même bandé et plus ou moins rafistolé. Le bandage n'était pas taché de sang, mais rien d'étonnant avec la dose de coagulant qu'elle s'était administré.

" Oui. Je t'ai dit de ne pas t'en faire pour ça. quelques jours de repos et ça n'y paraitra plus.
- S'il est mal remis ou que les os ne se ressoudent pas bien, tu en auras pour le restant de tes jours. Vaut mieux que tu vois un médecin.
- Tu en a de bonnes. rit-elle. Et je le trouve ou le médecin pour l'instant?
-  Il y a le capitaine de la garde qui doit venir ici, ou un lieutenant, tu es en droit de lui demander. Politiquement parlant il ne serait pas du tout à leur avantage de malmener une protectrice... En attendant, prends soin de ton corps ! Et de ta tête aussi, ne fais pas comme moi. Parce que c'est drôle mais ce vide là... ce vide, ce silence assourdissant détruisant l'esprit. Hé bien, j'y pense, mais as-tu seulement idée de ce qui pourrait manquer à un elfe lorsqu'il se retrouve au coeur des pierres ?
- La Symphonie. " Elle sourit à Neraën avant de continuer " La première fois que je suis entré dans Alëandir après le Voile, j'ai cru que j'allais devenir malade. Mais il suffit de tendre l'oreille. La Symphonie est toujours là. Dans chaque brin d'herbe, chaque racine, chaque feuille de lierre accrochée aux murs. Ce n'est pas parce qu'elle est plus simple qu'elle en est moins belle. Elle se met juste à notre portée d'une certaine façon. Elle nous donne la possibilité de tout entendre, de tout comprendre peut-être aussi. Une fois que j'ai vu les choses sous cet angle, je ne me suis plus sentie mal dans les cités, même si je préfère Ardamir. " Elle ponctua sa déclaration en vidant d'un trait les dernières gouttes de sa carafe.
- La Symphonie... la Symphonie... Il semblerait que tu ais plus de jugeote que moi, Halyalindë. Puis-je me permettre de te demander de quel type de maladie tu pensais que ça allait être ? Parce que je suppose que ce doit être psychique, puisque nous ne tombons normalement pas malades physiquement parlant, mais je préfère te demander."

Elle prit le temps de s'asseoir le dos contre le mur froid, soufflant tout en cherchant dans ses souvenirs puisque ces vieilles histoires avaient l'air d'apaiser un tant soit peu son compagnon de cellule.

- ça n'avait pas grand chose de psychologique pour moi. Au contraire. C'était plutôt... Comme avoir de l'eau dans les oreilles en permanence. Il y avait un espèce de bourdonnement sourd, l'impression de tout entendre légèrement déformé et mon équilibre était aussi assuré que celui d'un faon qui vient de naître. Mais en écoutant plus attentivement c'était plus proche d'un changement de volume. Comme si une foule qui criait s'était soudain mis à chuchoter en articulant distinctement. Maintenant je n'ai plus de soucis en ville. Je préfère Ardamir et les bois, mais c'est une question de goût je pense, pas seulement de Symphonie. Je me suis attachée à ce vieux chêne, c'est comme ça. Au final, j'ai même trouvé les Cités agréable pendant un temps. Jusqu'à l'année dernière peut-être. Elles étaient les seuls endroits dans lesquels je comprenais distinctement la Symphonie. Il fallait juste écouter au lieu de se contenter d'entendre.

Elle posa sa carafe et se releva en remuant les épaules. En plus de maintenir son coeur à bon rythme, le fait de continuer à bouger avait un effet qu'elle n'avait pas prévu : cela empêchait son corps perclus par l'arrestation de se refroidir.

- Même ici. En plus des voix lointaines qui forment le coeur d'Anaëh, il y a une multitude de murmures et de mélodies discrètes qui se répondent les unes aux autres. C'est un peu comme à la frontière. Mais je peux savoir pourquoi tu me demande ça ? Ta perception de la Symphonie te pose problème?
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Telenwë Neraën
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MessageSujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Au fond des geôles {Terminé}   [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Au fond des geôles {Terminé} I_icon_minitimeVen 26 Mai 2017 - 10:25

"Elle ne me pose pas problème, non... elle n'a même jamais été aussi claire."

Ainsi ce pouvait être cela, cette sensation de vide, ce besoin de combler un trou béant. Neraën ferma un instant les yeux et essaya d'écouter ce qui l'entourait, de trouver cette petite voix qui devait se trouver au loin. Mais rien ne vint. En même temps, comment pouvait-il percevoir un si petit fragment symphonique alors qu'encore quelques heures auparavant il était dans la béatitude de se sentir faisant partie d'un tout ? Une unique larme coula sur sa joue, et cette fois-ci il s'en rendit compte ; tout comme il sentit cette soif insatiable de magie venir le brûler à nouveau, lui demander d'exercer son don de quelque manière que ce soit. Juste pour combler un manque... juste pour se sentir vivre pleinement.

Il sécha la larme d'un revers de main et se concentra pour ne pas céder à la tentation. Il se devait de ne pas se laisser aller à la magie, de ne pas faire le moindre faux pas... et déjà c'était dur ; extrêmement dur. Aussi reprit-il, cette fois-ci dans la langue des Hommes pour amoindrir les risques que les soldats puissent le comprendre.

"Il y a un peu plus d'un mois je suis allé au premier sanctuaire de la Mère. Les cauchemars me hantaient comme jamais auparavant, si bien que je suis incapable de savoir comment j'ai fait pour sortir d'Alëandir et me rendre jusqu'à ce lieu. Dans l'un de ces rêves je me souviens avoir vu la forêt en feu... mes jambes en sont ressorties réellement brûlées. Mais ce n'est pas important. Non l'important est que j'y ai enfin appris ce qui s'était déroulé il y a de cela trois cents ans... qu'elle vivait en moi depuis tout ce temps et que c'était elle qui m'avait apporté sans le vouloir le don d'écoute et de magie. Il aura fallu que je comprenne cela et que je l'accepte pour que je m'accepte moi-même. Depuis jamais mon état magique n'a été aussi stable, mais sans étonnement cela ne suffisait pas. J'ai essayé de leur expliquer pourquoi... je crois qu'encore une fois je m'y suis mal pris. Quoi qu'il en soit ils n'ont pas voulu me croire... et si je n'ai aucune crainte concernant mon avenir, j'ai peur pour elle.
Il se reprit, sentant que sa prise de parole n'allait aucunement dans le sens qu'il avait désiré initialement.
- Tout cela pour dire que depuis cet épisode au sanctuaire, je ressens encore mieux la Symphonie. Et notre discussion me fait voir que lorsque je suis loin d'elle je réagis étrangement, et la première volonté qui vient à mon esprit est de faire de la magie... juste pour faire de la magie, comme s'il y avait besoin de combler un vide immense. Et crois-moi, il m'est très difficile de me retenir. Et dire que je ne m'en étais jamais rendu compte jusque là..."

Tout cela n'était que du charabia pour Halya... Si bien que pour la première fois, elle envisagea le fait que le Protecteur ait perdu la raison, au moins en partie. Mais elle ne dit rien, ne voulant pas dénigrer ce qui avait l'air de faire sens pour lui. Elle hocha simplement la tête.

"Tu n'y comprends pas grand chose, c'est cela ?
- Absolument rien serait plus exact...
- Bon... tu vas me prendre pour un fou mais pour faire simple, alors que j'étais dans le sanctuaire de Kÿria, la Symphonie a décidé de me parler par les rêves. Et elle m'a révélé pourquoi cela fait trois cents ans que je suis ouvert à la magie. En fait une eäla s'est carrément retrouvée coincée dans mon corps et là je me retrouve à espérer pouvoir la libérer avant de mourir.
Cette fois, elle ne put s'empêcher de lever un sourcil.
- Une Eäla ?
- Dryade."

Halya ne répondit rien, ne sachant même pas quoi dire. Elle soutenait simplement le regard de son interlocuteur, comme pour essayer de savoir s'il se moquait d'elle ou pire... s'il était sérieux. Et ce regard était des plus sérieux...
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MessageSujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Au fond des geôles {Terminé}   [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Au fond des geôles {Terminé} I_icon_minitimeVen 26 Mai 2017 - 11:46

Dans l'ombre, quelque chose bougeait. Quelque chose d'invisible aux yeux des néophytes. Quelque chose qui se mouvait en silence et à l'abri de tout regard. Quelque chose qui n'avait pas de nom. Par encore. Pourtant, cette chose avec un cœur. Un cœur blessé, fragile comme du verre, prêt à se briser.
Jamais Macabre n'avait eu aussi mal. Cela dépassait tout ce qu'elle avait vécu. Cela dépassait même le rejet de Neraën lorsqu'elle avait pénétré sa chambre pour le tirer de son cauchemar. Elle souffrait et pourtant elle ne s'était pas tournée vers la personne que l'on aurait pensé être la plus proche d'elle. Quelqu'un dans son esprit surpassait Hiradrilion. Quelqu'un qu'elle avait besoin de voir mais qui n'était plus à sa portée. On aurait pu lui dire de ne rien en faire mais cela n'aurait rien changé. Il avait fallu plusieurs années pour lui apprendre à écouter ses envies, elle ne s'arrêterait pas devant quelques paroles alors que son cœur lui hurlait qu'elle avait besoin de le voir...

Alors, elle avait entrepris de se rendre jusqu'à lui. Elle connaissait déjà les lieux pour y avoir pénétré durant les heures précédentes. Malgré les derniers évènements, la garde n'avait pas eu le temps de se réorganiser, y compris au niveau de la prison qui renfermait pourtant des pensionnaires bien précieux. C'était donc un jeu d'enfant pour elle...
Macabre était dans l'ombre depuis qu'elle avait quitté le campement. Elle n'avait pas eu beaucoup de mal à se frayer un chemin ni à trouver sa destination. Elle passa les gardes à l'entrée, profitant d'un moment d'inattention ou d'un bâillement. Elle progressa par étape, se dissimulant dans les ombres laissées par terre par le pommeau des torches. Elle arriva devant une cellule, tâche noire sur le sol comme l'ombre projetée sur les dalles de pierre de quelqu'un se tenant debout. Mais sans personne au dessus.
L'ombre s'arrêta un bref instant avant de passer sous les grilles de l'une des geôles.

Le silence était à nouveau roi dans les geôles depuis quelques heures déjà, Neraën avait eu le temps de se calmer et d'essayer de se centrer sur lui pour ne pas céder au besoin d'utiliser la magie de l'esprit. Alors qu'il était assis en tailleur, les yeux fermés, il sentit qu'une connaissance s'approchait. S'approchait rapidement même, mais il la ressentait de manière ténue ce qui était inhabituel. Il finit par ouvrir les yeux et regarder autour de lui : personne. Quelques secondes se passèrent avant qu'il n'aperçoive du coin de l'oeil une ombre passer fugacement dans le couloir. Il écouta ; se concentra sur la sensation magique qui l'habitait, ce qui lui fit du bien. Cette empreinte, il la reconnaissait... et ce fut dans un murmure qu'il lui donna un nom.

"Macabre ?
- Tu as dit quelque chose?"

Halya, qui avait cessé de bouger depuis quelques minutes à peine, avait relevé la tête au premier murmure de son compagnon de cellule.

"J'appelais juste... Macabre."

L'interpelée avait cessé de bouger. Il était là. Il allait bien. Elle était rassurée mais ne parvenait pas à s'en réjouir, même à sa façon. Mais le voir et l'entendre ne suffisait pas. Il devait la voir également. Constater sa présence de manière bien plus tangible.

-Je suis là. Répondit l'intruse dans un murmure teinté d'un léger écho. Je viens te chercher.

Dans la cellule de l'autre côté du couloir, la Protectrice sursauta, tenant son poignet malmené d'une main ferme en scrutant les coins d'ombre.

-Mais qu'est-ce que...

Neraën baissa la tête.

- Tu peux te montrer, Mac... mais évite d'être trop près des barreaux.

Toujours un murmure... il craignait que les gardes se rendent compte de la présence de la jeune femme.
Alors, de l'ombre commença à émerger lentement une crinière brune. Jetant un bref regard sur Neraën, elle avança vers le fond de la cellule tandis qu'elle sortait toujours un peu plus du sol. Lorsque les pieds de la mage furent sur la dalle de pierre, elle se retourna doucement vers le Protecteur. D'une main, elle se tenait un bras qui pendait vers le sol. Elle n'avait pas mal, elle était mal. Elle avait obéi, sans vraiment savoir pourquoi. Elle n'avait qu'à l'emmener et elle ne voyait pas très bien l'intérêt de se montrer pour cela.

Les yeux d'Halya s'écarquillèrent en dissernant la forme mouvante qui s'extirpait du sol à côté de Neraën, mais étant donné le calme divin de ce dernier, elle ne s'attarda pas sur le spectacle. A la place, elle laissa plutôt sa tête retombée contre le mur de roche, là où elle était quelques secondes auparavant, et ses yeux dérivés dans le vide. Quoi qu'il soit en train de se passer, ils n'avaient certainement pas besoin qu'elle attire l'attention sur eux... Aussi, seule son oreille restait vraiment aux aguets, autant pour percevoir ce qui se disait tout bas à quelques mètres d'elle que pour prévenir les pas lourds d'un éventuel maton.
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MessageSujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Au fond des geôles {Terminé}   [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Au fond des geôles {Terminé} I_icon_minitimeVen 26 Mai 2017 - 12:10

Au bout d'un moment Neraën releva la tête, reconnaissant parfaitement la mage de l'ombre au lien si particulier avec lui. Il ne sourit pas, ne montra aucune émotion. Il laissa juste son esprit réfléchir pendant qu'il profitait pleinement du ressenti de sa présence. Elle était venue le chercher...

"Je ne viendrai pas, Mac. Il me faut rester ici."

Macabre tourna légèrement la tête, regardant le Protecteur de côté. Ses sourcils s'étaient soudainement froncés. Elle venait le tirer de sa prison et elle ne comprenait pas comment on pouvait refuser une telle chose.

"Pourquoi ?
- Parce que je n'abandonnerai pas mon peuple, même si certains croient que c'est le cas. Il y a encore une chance que ma présence ici fasse réfléchir les etenirilis et puisse éviter une guerre ouverte entre citadins et noss de ce protectorat. Même si elle est minime, je me dois de la prendre. Comprends-tu ?"

Le regard de la petite elfe avait légèrement dévié, ne reposant plus sur Neraën lui-même mais sur une partie du mur non loin.

"Non.
- Imagine que tu fasses confiance à une personne, que tu ais décidé de le considérer comme un guide. Si tu te retrouves face à un problème et qu'alors que tu aurais besoin qu'il soit près de toi il s'éloignait, même si c'est pour ton bien, tu risquerais de ne pas le comprendre et tu aurais de gros risques de te sentir trahie. C'est la même chose en Eteniril : je suis le protecteur et énormément de monde ont décidé de m'accorder leur confiance. Si je pars maintenant, alors cette confiance disparaîtra et je ne pourrai plus leur faire comprendre que la guerre n'est pas le meilleur chemin à prendre."

Macabre entendait les mots. Elle les comprenait. Mais ils lui faisaient du mal. Elle aussi elle lui faisait confiance. Elle aussi elle avait besoin de lui maintenant. Mais il décidait de la laisser seule. Il était difficile pour elle de comprendre que le bien collectif passait avant le bien de l'individu. Elle ne savait pas penser de cette manière...
A mesure qu'il parlait, ses yeux étaient embrumés. Des larmes étaient montées mais ne coulaient pas encore. Il ne faudrait sans doute pas grand chose pour qu'elles viennent maculer ses joues.

"Ne fais pas ça...
Neraën ressentit la peine de l'elfe, aussi tendit-il une main vers elle.
- Viens..."

Mac hésita un court instant puis s'avança vers son ami. Lâchant son bras, elle répondit à sa demande en déposant ses frêles doigts dans le creux de sa main. Doucement mais fermement, le protecteur referma ses doigts sur ceux de Macabre et l'incita à se rapprocher de lui, jusqu'à ce qu'il la serre dans ses bras. Aucun des deux n'était habitué à cela, mais sa nature protectrice avait pris le dessus sur plusieurs siècles de prise de distance.

"Je dois le faire, Mac. Et pas pour moi. Nous nous reverrons une fois cette histoire finie, d'accord ? Je ferai de mon mieux pour revenir, pour tenir bon. Je te le promets, je ferai tout ce qui m'est possible de faire. Mais tu dois comprendre que je dois rester ici. Que le devoir dépasse ma simple volonté, mes simples souhaits. Ne pleure pas... nous nous reverrons, un jour ou l'autre."

Peut-être serait-ce des siècles plus tard, dans le Royaume de Tari. Mais Mac savait qu'il ne pouvait pas lui faire ce genre de promesses. Les elfes ici étaient aussi imprévisibles que des drows à ses yeux. Peut-être même pires car elle ne comprenait pas ce qui les poussait à agir de la sorte alors que les motivations des sombres étaient très claires.

"J'ai besoin de toi... Ne m'abandonne pas toi aussi...
- Je ne t'abandonne pas. Je me dois de rester ici, pour le bien de tous. Pour le tien aussi. Jusqu'à ce que la situation soit moins tendue."

Il resserra son étreinte sur Macabre, ressentant de plus en plus la détresse de son amie. Tout en déposant un baiser dans ses cheveux, il ferma les yeux et s'empêcha de pleurer. Pas parce qu'il avait vraiment besoin de verser des larmes... mais parce qu'elle était sur le point d'en verser elle-même. Et bien qu'il ne s'en rendait pas vraiment compte, ou tout du moins ne se l'avouait pas, lui aussi avait besoin d'elle.

Mais la détresse de la petite elfe n'était pas uniquement due à Neraën. Si elle avait tant besoin de lui, c'était parce que quelqu'un d'autre lui manquait. Quelqu'un qu'elle ne pourrait plus jamais revoir. Quelqu'un qui n'ouvrirait plus les yeux sur elle. C'était donc en partie vers le Protecteur que ses pensées se tournaient. Mais pas seulement...

"Que s'est-il passé dehors ?"

Macabre se releva pour s'asseoir sur ses genoux, conservant avec Neraën une proximité qu'elle n'avait jamais eu plus de quelques instants jusque là. Pourtant, elle évitait encore de le regarder dans les yeux.

"On a fait ce que tu nous as demandé.
- Avez-vous réussi à trouver ?"
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MessageSujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Au fond des geôles {Terminé}   [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Au fond des geôles {Terminé} I_icon_minitimeSam 27 Mai 2017 - 15:09



Pour toute réponse, la petite elfe hocha plusieurs fois la tête.

-Je l'ai donné à qui tu voulais. Avec des papiers... Fenris s'est brûlé la main dessus.
- Très bien. Vous en aurez besoin...
- Neraën... interrompit une voix tendue provenant de la cellule voisine. Fenris est ici ? L'Aigle je veux dire.

Macabre se tourna vivement vers la seconde cellule. Elle avait vu à son arrivée qu'elle était occupée mais ne s'en était plus souciée depuis. Elle la regarda, les yeux encore plein de larmes, se demandant visiblement qui elle était et ce qu'elle voulait.
S'ils avaient décidé de faire perdre à Halyalindë toute l'attention qu'elle tentait de garder pour éviter d'aggraver ses blessures, les deux elfes ne s'y seraient pas mieux pris. En entendant le nom du jeune Aigle, la Protectrice avait vivement relevé la tête, retenant son premier mouvement qui l'aurait porter à se lever tout court pour s'approcher des barreaux.

- Fenris ? Si tu parles du jeune aigle de la famille Nöldorion, oui. Mais normalement il a dû rentrer à bon port... là où tu devrais aller, d'ailleurs. Parce que tu le connais ?
- On peut dire ça oui. Mais aux dernières nouvelles il était à Alëandir. Puis elle ajouta un ton en-dessous. J'arrive pas à croire que... bon sang... Il y a d'autres Aigles ici ?
- Anornedellon a jugé bon de me faire escorter plus que je ne l'étais déjà, donc...
Il eut un instant d'arrêt avant de soupirer.
- Mais pourquoi faut-il que tout le monde me prenne pour un cinglé instable ?

Elle eut un léger rire.

- Parce que tu fais partie de la famille très réduite de ceux qui réussissent à se mettre dans les ennuis et à s'en sortir suffisamment de fois pour qu'on en voit les séquelles. D'une certaine façon, c'est plutôt positif...

Elle se tu un instant, tendant l'oreille pour une vérification rapide avant d'ajouter.

- Sinon, ta garde ? Combien d'Aigle ? Combien de mage ?
- Merci de me remonter le moral... Si c'est pour que tout le monde soit persuadé que je sois devenu un malade mental alors que je suis toujours sain d'esprit, il aurait mieux valu mourir libre qu'enfermé dans une cage dorée... ou une prison en pierre. Bref, désolé Macabre, non je ne souhaite pas mourir et je n'en ai pas l'intention, c'est juste une expression. Pour ce qui est des mages, trois maîtres de l'immatériel, dont deux de l'esprit. Pour les aigles, cinq environ. Comme quoi que le Chapitre Blanc et Anorn avaient vraiment peur pour moi.
Un petit rire ironique s'échapa de ses lèvres.

-Qui est-ce ? Intervint finalement Macabre qui n'avait pas quitter l'étrangère des yeux.
- C'est Halyalindë, la protectrice d'Ardamir. Tu peux lui faire confiance. A ce propos, Macabre, accepterais-tu de la faire sortir d'ici, si l'idée lui convient ?

La petite elfe regarda la dame. Elle était blessée, et pas qu'un peu. Elle devrait donc les déplacer elle-même à l'aide de sa magie. Elle ne pourrait même pas lui demander de sortir de l'ombre et faire la transition en cas de rupture. Cela lui demanderait sans doute toute l'énergie qu'il lui restait. Elle tiendrait au moins jusqu'à l'extérieur de la cité. Ensuite, c'était moins sûr.

-Je peux aller en dehors des murailles. Jusqu'aux Noss, je sais pas.

- C'est déjà mieux que rien. Halyalindë ?
- Ce sera parfait. De toute façon, j'aurai une autre escorte en dehors. Mais toi, où est-ce que tu vas ? demanda l'intéressée à la petite mage sans s'approcher des barreaux pour autant.
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MessageSujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Au fond des geôles {Terminé}   [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Au fond des geôles {Terminé} I_icon_minitimeSam 27 Mai 2017 - 18:45

Macabre fronça les sourcils devant la question de la Protectrice. Où elle allait ?... La réponse lui semblait évidente. Puis elle regarda Neraën et en fait elle ne savait plus... Elle devait rentrer auprès de Seregon mais elle ne s'en sentait pas capable. Pas encore. Cela lui faisait peur.

-Je ne peux pas y retourner... Finit-elle par répondre à l'attention de son ami après avoir détourné une nouvelle fois les yeux.
Neraën fixa un instant Macabre de ses yeux profonds avant de reprendre la parole.
- Que s'est-il passé, Macabre ?
Mais elle ne le regarda toujours pas. Ses yeux fixaient un point dans le vide, près des pieds du Protecteur.
-C'était trop tard...

Trop tard... Elle était arrivé trop tard. A quelques secondes près... Elle avait ramené son groupe en urgence, prenant bien moins de précautions qu'à l'aller. Mais ils étaient arrivés trop tard pour le sauver...
Mac ne voulait pas prononcé le mots. Elle les avait dit tant de fois pourtant. Mais cette fois, cela lui semblait trop dur... Ils se nouaient dans sa gorge, embrumaient ses yeux, tiraillaient son ventre. Cela lui semblait être une épreuve insurmontable...
Pour elle seule en tout cas.

Cette fois-ci, elle allait pleurer. Une peine immense lui enserrait le cœur, comme lorsque l'on perd un être cher. Peut-être était-ce le cas... Quoi qu'il en soit, même s'il se devait de refuser d'être ramené près des Noss, s'il se devait de penser à un infime chance de réussite plutôt qu'au besoin d'une jeune elfe et amie, il fit en sorte que ses yeux plongent dans les siens et posa une main contre sa joue.

- Que s'est-il passé, Mac ? Qui t'a abandonnée ?

Le geste de Neraën fit enfin lever les yeux de la jeune fille. Elle plongea son regard dans celui de son ami et ne se sentit alors plus capable de s'en détacher. Une larme perla sur sa joue.

-Hira...

Une fois encore, les mots nouèrent sa gorge et elle éprouva quelques difficultés à reprendre sa respiration. Elle s'y contraignit toutefois, et força son corps à faire ce qu'elle lui demandait. Non sans en éprouver quelques peines.

-Il... Il est mort.

Les larmes coulèrent de plus belles. Cela semblait si réel tout à coup. Elle avait mal, elle était triste mais la mort ne lui avait jamais fait cet effet-là auparavant. Elle ne comprenait pas mal ne retenaient pas ses pleurs ni ses sanglots silencieux.

- Je suis désolé... je suppose qu'il n'est pas le seul.

Mac lui répondit en hochant la tête de droite à gauche et Neraën baissa les yeux. Un elfe de plus mort dans un combat fratricide, une personne de bien même, de ce qu'il savait. Quelqu'un qui l'avait soigné et qu'il n'avait pu à son goût suffisamment remercier pour cela. A la place de quoi il l'avait mené ainsi que d'autres dans une guerre absurde... causée par lui-même en un sens, qui plus est. Il serra à nouveau la protégée de Tethien. Il comprenait, maintenant.

- J'aimerais t'aider, aller auprès de son corps, rester auprès de toi. Etre celui dont toi et les autres avez besoin. Mais je ne peux pas... je ne peux pas pour tous les autres elfes de ce protectorat.

Des larmes coulaient sur ses joues. Des larmes qui n'étaient pas les siennes. Mac se blottit dans les bras de son ami, pleurant toujours plus. Son étreinte la soulageait mais pas assez pour effacer sa douleur.

-Je ne comprends pas... Pourquoi j'ai mal... Pourquoi je pleure...
- Parce que Hira était quelqu'un de bien... et que son absence laisse un vide dans ton cœur.

Il connaissait cela. Il avait pleuré la mort d'êtres chers, de trop nombreuses fois. Et il pleurerait encore avant que toute cette histoire ne soit terminée. Il leva les yeux vers la protectrice afin de voir sa réaction mais ne trouva pas son regard. Elle ne semblait porter qu'une attention distraite à la scène touchante et il n'en chercha pas plus. Il se tourna à nouveau vers la jeune elfe.

- Il va falloir que tu apprennes à combler ce vide, d'une manière ou d'une autre, de guérir cette plaie dans ton cœur pour en faire une force, de garder les meilleurs souvenirs de lui tout en te détachant de celui qu'il était. Il va te falloir beaucoup de force et de patience. Parce que je ne pourrai être là et que nous ne nous reverrons pas avant un moment, plusieurs mois peut-être.
Un bruit se fit entendre au fond du couloir. Les gardes s'animaient...
- Il faut que tu partes d'ici, que tu prennes Halyalindë avec toi et que tu l'emmènes aux autres. Il ne faut pas que les gardes sachent que tu as réussi à venir jusqu'ici. Me promets-tu de continuer à vivre, même sans Hira, jusqu'à ce que nous nous revoyions ?

Jusqu'à ce qu'ils se revoient... Macabre savait ce futur plus que conditionnel et pourtant cette simple phrase lui faisait chaud au cœur tout en lui rappelant qu'elle devait s'en aller. Les mouvements des gardes ne faisaient que précipiter l'échéance dont elle se serait bien passée.
Cette fois, au lieu de se blottir, bras replier contre elle, contre le buste de Neraën, elle se suspendit à son cou pour l'étreindre elle-même. Cela dura quelques secondes. Trop peu à ses yeux. Mais avant de relâcher son emprise, elle lui glissa deux mots à l'oreille.

-Fais vite...

Puis elle laissa sa joue reposer un instant contre celle du Protecteur puis elle recula, juste assez pour croiser le regarde du mage. Ses mains demeurèrent sur les épaules de Neraën avant de glisser lentement sur ses bras et se détacher finalement de lui, rompant finalement le contact physique initié par son ami plusieurs minutes auparavant.
Enfin, Macabre tourna son regard vers Halyalindë. Son regard, non pas impassible, mais marqué par les larmes, la douleur et la fatigue.

-Prête ?
- Avant... Halyalindë, si jamais ils ont besoin à l'extérieur et que tu souhaites les aider... je te fais entièrement confiance. Ils risqueront d'avoir besoin de témoignages lorsqu'Alëandir se mêlera au conflit, si jamais Anornedellon fait qu'il en soit ainsi. Tu sais ce qu'il s'est passé et pourquoi je reste ici. Si tu pouvais transmettre le message également, je t'en serais reconnaissant.
- Je ferai ce que je peux, sourit la protectrice.
- Faites attention à vous deux. Et puisse la Mère guider vos pas.

Halya laissa échapper un rire jaune.

- Pour les guider, elle les guide... murmura-t-elle pour elle avant de répondre à voix haute, Essaie de rester en vie jusqu'à ce que le Haut Conseil et les Clans tirent ça au clair.
- J'y tâcherai.

Jusque là, elle ne s'était pas avancée dans la discussion. Elle les avait laissé régler ce qu'ils avaient à régler. Elle n'était même pas certaine de ce qu'elle allait faire une fois dehors. Surement attendrait-elle d'avoir des nouvelles de leur opération en tenant la meute de Randil loin des zones à risque ou en se soignant un peu mieux. Elle n'avait plus ni son armure, ni ses lames, ni son cor, et ce n'était que par miracle qu'ils lui avaient laissé la broche des Nöldorion, reconnaissant surement le symbole de la haute lignée. Celle de sa mère par contre lui avait été enlevée, comme le reste. Etant donné qu'elle avait bien l’intention de se rendre à la justice du Haut Conseil, quitte à voir la bureaucratie en action pour donner son avis sur quelque chose qu'elle n'avait jamais comprise, elle faillit même se demander à quoi cela pouvait bien servir de s'échapper d'ici... Mais ça aurait été une façon de baisser les bras, et ça c'était hors de question.

Elle se leva et s'étira malgré ses nombreuses blessures. En continuant de bouger depuis son enfermement, elle s'était certes un peu fatiguée, mais elle ne s'était pas refroidie et pour l'heure, c'était le principal. Tournée vers la toute jeune mage, elle sourit en acquiesçant.

- Parée.

-Vous êtes blessée. Ça va être douloureux.

Elle n'attendit pas sa réaction pour agir. A peine avait-elle achevé sa phrase que la petite elfe pencha la tête sur le côté et que le sol se déroba sous les pieds d'Halyalindë, l'ombre l'engloutissant toute entière.
Il était désormais temps pour Macabre de disparaître à son tour. Elle posa son regard sur Neraën. La dernière chose qu'elle voulait, c'était partir sans lui. Mais si on lui avait appris à suivre ses envies, elle savait aussi qu'elle ne pouvait pas aller à l'encontre des désirs des autres. Et il ne voulait pas venir...
Elle prit sa main et la serra. Une larme perla sur sa joue une fois encore. Elle aurait besoin de pleurer à nouveau, mais pas maintenant. Pour l'instant, elle devait sortir d'ici mais elle avait encore du mal à se résoudre à le quitter. Alors, comme pour lui dire adieu, elle se pencha vers lui et déposa un baiser sur sa joue. Aussitôt, la pression sur la main de Neraën s'estompa, devenant de moins en moins nette tandis que le corps de la petite elfe se disparaissait. En seulement quelques secondes, elle ne fut plus là et Neraën se retrouvait seul.
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Telenwë Neraën
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Telenwë Neraën


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MessageSujet: Re: [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Au fond des geôles {Terminé}   [Où le coeur et l'esprit peuvent mener...] Au fond des geôles {Terminé} I_icon_minitimeDim 28 Mai 2017 - 15:53

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L'ombre happait ce qu'il restait de vivant dans ce monde d'obscurité, commençant par la protectrice d'Ardamir pour finir par celle que bien trop d'elfes prenaient pour une enfant, annonçant ainsi de longues heures de solitude à l'ancien guerrier. Macabre se tourna vers lui, tel un ange qui ne serait bientôt plus que souvenir. Une larme, encore. Une larme que Neraën aurait préféré ne pas voir, une larme qui le touchait bien plus qu'il ne l'aurait imaginé. Une larme qui montrait à quel point la jeune femme tenait à lui. Leurs mains se serrèrent, elle se pencha vers, il ferma les yeux. Un baiser, juste un, sur la joue. Puis l'ombre prit Macabre, la faisant disparaître alors qu'il rouvrait ses yeux de ce bleu aussi profond que l'océan. Alors sa présence se fit moins prononcée et se dissipait encore alors que les deux femmes s'échappaient loin de la prison, puis il ne ressentit plus rien. Comme si le lien avait été coupé, mais avec moins de douleur que si la personne avec qui il était lié rejoignait le Royaume de Tari.

Ses lèvres se resserrèrent, il ferma les yeux, mais aux bruits de pas qui se rapprochaient il se contenta d'inspirer fortement puis de sécher d'un revers de main les larmes qui avaient coulé sur ses joues. Il baissa la tête et regarda le sol alors que des cris de colère se faisaient entendre non loin de lui et que sa geôle s'ouvrait.

"Où est-elle ?!
- Hum ?
- Protecteur...
Neraën releva la tête et posa ses yeux sur ceux du capitaine de la garde.
- Elle doit certainement être là où elle doit être, si elle n'est plus là. Mais de qui parles-tu ?
- De la protectrice d'Ardamir... mais je suppose que tu ne diras rien.
- Je suppose que pour tout savoir il te faudrait le concours d'un mage de l'esprit, ce que l'étique refuse. Et que toi-même n'es pas du style à accepter.
Le capitaine soupira. Neraën le connaissait trop bien... Il fit signe aux gardes de fouiller aux alentours, se doutant qu'ils rentreraient bredouilles.
- Pourtant tu n'es pas parti. Si elle a pu le faire, te concernant cela aurait été bien plus simple.
- Effectivement. Mais je n'abandonne pas ceux que j'ai promis de protéger. Je n'ai aucune raison de partir même si je suppose que ces prochaines ennéades ne vont pas être de grande joie. Je parie qu'au dehors les conseillers doivent me prendre pour un fou ou un fils de Tinùviel ?"


Le capitaine ne répondit pas, mais son regard en disait long. Une froide colère l'habitait, certainement due aux disparitions de l'Aube, du druide puis de l'étrangère. Et certainement attisée par les paroles de certains conseillers particulièrement haineux. Mais d'un autre côté s'y trouvait une note d'incompréhension... incompréhension que Neraën n'utiliserait pas ; pas cette nuit-là du moins.

Les deux elfes continuèrent à converser, le soldat posant des questions à son supérieur de droit ; questions auxquelles Neraën fit attention à répondre de manière posée et détaillée uniquement lorsqu'il se le devait - ce qui était très compliqué vu le retour de son "manque" -, ne répondant bien entendu que très vaguement à celles concernant les plans des noss et de Falaedhel. Après seulement quelques minutes, le haut-gradé s'en retourna, laissant seul Neraën après avoir durement grondé les gardes qui étaient jusque là de faction. Les portes se fermèrent et de nouveaux gardes restèrent afin de surveiller celui qui désirait rester.

Le silence. Aussi auditif qu'émotionnel. Il ne se fallut que peu de temps avant que le protecteur ne se replie sur lui-même et ne verse de nombreuses larmes.

Des larmes qui étaient bien les siennes.


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