L'autre terreur après la neige.

Arrivé fraîchement à Serramire depuis quelques jours, Thibaud avait passé le plus clair de son temps à se geler les miches et à boire pour se réchauffer. C'est que la gnôle nordienne n'avait point son pareil pour faire chanceler même le plus hardi des hommes. Alors entre quelques moments de lucidité passés à cuver, Thibaud s'en allait chaque matin admirer les murailles de la cité pour pisser ou déféquer dès l'absence d'un garde. Que ne fut pas sa surprise alors lorsqu'il croisa la route du marquis en personne après l'une de ses promenades matinales. L'homme était seul. Il s'en étonna grandement. Lui qui l'avait toujours vu entouré d'une escorte et de gens de bon aloi. Comme le plus simple des mortels, le corbac lui proposa dès lors de l'accompagner pour inspecter ses piaffes. La proposition le surprit et l'intrigua. Le Brochant n'avait point d'égal pour vous faire croire en sa bienveillance tandis qu'il pensait autrement. C'était peut-être le plus rusé des seigneurs nordiens. En de multiples fois, l'homme avait tiré son épingle du jeu afin de parvenir à ses fins. De tous ceux qu'il connaissait, ce devait être le seul à mériter son respect bien qu'il le jugeait pourtant trop laxiste en de nombreux points.

-Ma foi, messire, cela ne me fera point de mal, répondit-il en lui emboîtant le pas. Je dormirai lorsque Tyra viendra me chercher. Mais avant, nous avons une guerre à mener et des hommes à faucher comme les blés.

Évoquer la prochaine guerre n'avait rien de dangereux lorsqu'on savait le marquis favorable à la guerre. Ce n'était qu'à cause de cette dernière déclaration qu'ils avaient prit la route. Sainte-Berthilde et Serramire devaient s'unir afin de faire cause commune contre les ligards et leurs maîtres.

-C'est une bien belle cité que vous avez là, messire. Je regrette de ne point l'avoir vu lorsqu'elle a accueillie le grand tournoi. Mais vous le saviez, j'étais encore retenu à l'est pour finir le travail, ajouta-t-il tout sourire.

Les premiers compliments lui passèrent bien au dessus. Sachant éperdument qu'il ne s'agissait là que de simple courtoisie, Thibaud ne répondit que par un sourire narquois suffisant pour l'en remercier. C'est que le piaffe de Serramire savait vous dresser dans le sens du poil, alors il se garda bien d'écouter la suite avant d'intervenir de nouveau. Lorsque vint l'évocation d'une campagne passée sous les neiges, il sourit un bref instant, pensant au vieil Hardancour partie quelques ennéades plus tôt dans le pays ethernan. Ignorant si le marquis avait été mis au courant, il se garda une fois de plus d'en parler. Son jugement après tout, Brochant s'en cognerait comme d'une guigne. Seule la parole du jeune faon aurait eu de quoi valoir son pesant d'écus.

-He bien, seigneur, vous trouverez toujours des gredins capables de vous vendre monts et merveilles. Mais lorsque vient la réalité, ces gens-là sont bien les premiers à le regretter, avoua-t-il tout en continuant de marcher. Loin de moi l'idée de passer pour un lâche, mais l'intrépidité n'est point non plus une qualité des plus précieuse lorsqu'il s'agit de mener dix mille hommes à la bataille. Si je dois donc vous apporter une réponse, elle sera celle-ci : Tout dépend de celui qui dirige, de ceux qu'il dirige, de ceux qu'il affronte et du terrain sur lequel il opérera.

La guerre n'était point une science exacte. Vous pouviez réussir un jour, recommencer et échouer lamentablement. Cette dernière question alors, de savoir s'il était judicieux de partir guerroyer dans de telles conditions climatiques, ne pouvait avoir une seule réponse. Quand bien même il aurait terminé de donner la sienne, une autre, avec des arguments divergeant, auraient pu le contredire d'un seul coup. Néanmoins, le marquis souhaitait une réponse, il la lui donnerait.

-Dites à vos hommes qu'ils se gèleront le cul devant les portes d'Hautval, dans trois mètres de neige, encerclés par une chaîne montagneuse, tenue par les montagnards de la catin. Dites leurs aussi que si les voies de réapprovisionnement sont coupées ou obstruées par des embuscades incessantes, ils crèveront la dalle en plus de geler sur place. Néanmoins...

Il se racla la gorge avant de poursuivre.

-Néanmoins, si vos souhaits sont de marcher plus au sud, disons la cité des rois, vous seriez sur une terre bien moins hostile, devant une ville en quasi-ruine possédant une population mal nourrie, ajouta Thibaud avec grand sourire. N'escomptez pas prendre Diantra sans moi, messire, je veux être celui qui plantera les têtes des ligards sur les créneaux.

C'est à l'évocation de l'Hardancour que le marquis embraya sur les agissements ethernans. Lui-même, durant le trajet, avait été mis au fait plus en détails de l'intervention du Berthildois. Bien que ses ouailles lui aient déjà rapportés moult renseignements, il fallut attendre que le faon se déleste de quelques doutes pour qu'il comprenne l'ampleur du problème. Louis avait foncé tête basse dans un conflit inutile qui ne pourrait que les freiner dans leur quête du printemps. Le jeune régent avait voulu venir au secours des pauvres ethernans passés sous le joug odélian, le tout, en prônant les anciens liens vassaliques qui avait lié les deux contrées depuis des générations. Bien évidemment, l'ordonnance royale procurant à l'Odélian la vassalité ethernane avait été oublié sans mal.

-Me croiriez-vous, marquis, si je vous disais que je n'ai point été mis aux faits de l'expédition ? Je gage que non, mais la vérité est pourtant bien là.

Que Louis ne soit pas passé par lui pour l'informer de la future expédition, il ne s'en était point offusqué. Après tout, lui même avait manigancé la mort de l'effroyable dans le dos du jeune homme. Cela était de bonne guerre. Néanmoins, que le Saint-Aimé y soit allé sans en avertir tous ses vassaux en prenant soin de se rattacher les services du sire des roses d'Adhémar, cela l'avait chagriné un certain temps.

-Messire d'Hardancour est fort bon stratège. S'il y est allé, c'est qu'il en jugé la victoire à sa portée. Dit-il sans véritable conviction. J'ai moi-même proposé mes services au jeune sire d'y aller au cas où la situation lui échapperait, bien que mon point de vue sur les guerres hivernales n'ait point changé. C'est que nous aurions l'air bien cons de perdre un conflit avant d'en entamer un autre,  n'est-ce pas.

N'étant pas un bon politicien, ni un bon diplomate, Thibaud n'avait guère caché ce qu'il pensait vraiment. Quand bien même le marquis désirerait conter au jeune faon son pessimisme, ce dernier n'y trouverait rien à redire puisque tout lui avait été déjà balancé sur la route de Serramire.

-Et vous donc, marquis, n'avez-vous point eu l'idée de saisir l'opportunité de péter les gencives au Gaston ? C'est que le gugus s'en est allé chez son voisin en délaissant ses terres aux brigands alors  d'aucuns jugerait ici qu'il serait opportun de mater cet ombrageux personnage aux intentions troubles.

Il ricana après sa dernière déclaration. Lui qui trouvait le conflit inutile, voilà qu'il encourageait le Brochant à se casser le nez sur ses voisins.

-Mouais non, vous avez bien raison de garder vos miches au chaud. Votre cul vous fera bien assez mal après l'hiver... Le mien aussi d'ailleurs.

Peu de courtisans et de flagorneurs devaient oser parler ainsi au grand capitaine du nord. Quant à Thibaud, il l'avait vu maintes fois dans la mêlée, maintes fois dans des positions inconfortables. Alors pour des hommes qui avaient pataugé dans la même boue durant toute une campagne, la retenue ne saurait être d'usage.

Thibaud trouva le marquis fort curieux. Escomptait-il réellement de lui qu'il réponde afin d'assouvir toutes ses interrogations ? C'eut été mal connaître le boucher de Kelbourg, qui prendrait un malin plaisir à tourner autour du pot jusqu'à connaître ses véritables intentions, bien que la finesse n'eut point été sa meilleure qualité. C'est qu'il avait lui-même prévenu le jeune faon avant leur arrivée. Brochant était un homme énigmatique aux intentions parfois trompeuses. Alors de là à lui dévoiler les raisons du pourquoi du comment sur un plateau d'argent. Il lui faudrait se lever encore plus tôt.

-Si je ne puis hélas répondre à toutes vos questions, marquis, je puis néanmoins vous dresser le portrait de l'Hardancour non sans mal, expliqua Thibaud. Charles est un vieux de la vieille époque pour qui l'honneur et la périclité de sa maisonnée a bien plus de valeur que la vie de simples roturiers. Lui faire entendre raison n'est point chose aisé, surtout lorsqu'il s'arme de son expérience et de sa sagesse pour vous le faire comprendre et vous faire passer pour un moins que rien. Mon père avait grande estime pour lui et le dépeignait comme un brave. C'eut été avant qu'il ne s'allie à la maisonnée des Saint-Aimé en mariant sa fille à celui que l'on surnommait l'effroyable. Bien qu'il lui en ait gardé rancune pendant de nombreuses années, cela ne l'a point empêché de faire campagne à ses côtés et de finir crevé durant la bataille des champs pourpres.

Son père ne lui manquait nullement. Pour dire vrai, il n'en avait qu'une piètre estime. Mais reparler des champs pourpres avait le don de le titiller.

-J'ignore qui de l’œuf ou de la poule a eu en premier l'idée d'aller en Etherna. M'est avis que mon seigneur a voulu bien faire et que son aïeul y a vu l'opportunité de redonner au Berthildois sa grandeur d'antan. Mais demandez le donc directement au Saint-Aimé, vous y trouverez probablement une meilleure réponse que la mienne.

Il se mit à sourire un bref instant.

-Et vous donc, messire, que pensez-vous de cette petite promenade hivernale ?

Le masque tantôt inexpressif du marquis avait commencé à se fissurer.Thibaud vit apparaître le seul et unique ressentiment qui animait son voisin. Celui-ci étant, logiquement, contre l'expédition berthildoise en Etherna. C'est qu'il lui en avait fallu du temps avant d'houspiller comme une ménagère. Ainsi, lorsque le Brochant s'évertua à savoir s'il avait informé le Saint-Aimé avant son départ en campagne, Thibaud se demanda si le corbac se payait littéralement sa tête ou avait juste manqué d'attention lors de ses dernières paroles.

-Sachez, messire Brochant, sans peur de me répéter, que nul conseil de guerre n'a été rassemblé en amont de l'expédition et que si mes oisillons m'ont rapportés les faits une fois que la chose fut faite, je n'ai pu évoquer le problème qu'à notre départ de Cantharel pour vos blancs pâturages. Alors soyez sans crainte, monsieur, que le jeune faon a bien été mis au courant que le pays Ethernan tout entier était sous l'égide de son voisin d'Odélian, et ce, depuis qu'un édit royal en faisait mention.

Sous sourire autrefois narquois se fit vite remplacer par un visage bien plus amer et soupçonneux.

-Me croyez-vous l'instigateur de cette campagne, mon seigneur ? Pensez-vous réellement que je puisse avoir eu l'idée d'envoyer inutilement des hommes à la mort alors que nous sommes à la veille d'un conflit qui méritera tous nos efforts ?

La confiance du marquis l'indifféra. L'avait-il voulu une seule fois ? Courberait-il l'échine en remerciant le corbac comme un serf ? Il n'avait, ô grand jamais, pompé le dard d'un seul grand prince afin de gagner des faveurs. La chose n'aurait alors su commencer ce jour d'huis. Au lieu de ça, il préféra garder sa défiance et son aspect nonchalant afin de marquer une certaine distance avec celui qui l'avait invité à se dégourdir les pattes. C'est que les soupçons et les dires du marquis auraient presque pu l'offenser s'il ne s'était retenu un tant soit peu.

-Messire de Brochant, insista-t-il. M'assimiler à cette désastreuse entreprise serait une insulte à ma fierté et à mon honneur. Louis aura tôt ou tard à répondre de ses actions devant un conseil de régence j'en jure. Mais si vous souhaitez que nous lui fassions entendre raison avant, alors soit, nous lui parlerons. Ajouta Thibaud, le ton dur.

La simple idée qu'on puisse le faire passer pour l'instigateur de cette catastrophique entreprise continua de le foutre en rogne. Il y avait vu une erreur commise par le jeune régent. Saint-Aimé avait très clairement outrepassé ses prérogatives pour ordonner l'envoi d'une expédition en Etherna. Si le gamin lui avait alors annoncé qu'il l'avait autorisé par humanité et par simple désir d'aider, il y avait vu une certaine faiblesse sur le moment, puis avait finit par comprendre qu'il s'en était allé sans l'approbation royale et sans en avoir averti tous les seigneurs berthildois, bien que l'Adhémar eut fait partie de la promenade. Foutre, diantre, il ne se laisserait pas éclabousser par cette vague de merde alors qu'il avait été le premier à déconseiller toutes opérations en hiver, qui plus est avant celle du printemps.

Son désir de foutre le camp et de regagner ses terres le prirent subitement. Mais étrangement, son arrivée dans la volière lui ouvrir l'appétit et tout désir de partir s'estompa.

-Si je goûte de la fauconnerie ? Sachez, messire, que dans l'argonnois, nous cuisinons ces mêmes piaffes que ceux-là, dit-il en pointant du doigt un grand gerfaut. Nous leur rajoutons même une somptueuse sauce à l'oignon, une fois cuit. C'est fort bien goûteux, vous devriez essayer.

Un large sourire le reprit.

-Dame mon épouse me fustigerait sur place si elle m'entendait vous dire cela. C'est que la bougresse aime chasser de la sorte avec ses dames de compagnie tandis que nous autres chassons l'ours dans nos montagnes et nos forêts.

« Vous en avez de la chance ! » fut la déclaration qu'il désira faire suite aux propos du marquis sur les moineaux de ses ancêtres. Il se retint néanmoins, préférant ne point vexer le Brochant. C'est que l'homme qui lui faisait face pouvait avoir la rancune tenace, quand bien même ledit homme en aurait eu cure de ses grossiers sarcasmes. A l'aube d'une guerre, même le plus enhardi des hommes comme Thibaud savait pourtant qu'il serait mal avisé de tenter le coup. Seulement, il ne put s'empêcher d'esquisser un sourire narquois à l'évocation du Saint-Aimé et de son probable intérêt pour la fauconnerie. Alors, il y alla de bon cœur par la suite.

-Pour sûr qu'ils lui plairont, c'est certain.

La chasse à l'oisel était pour lui une activité de bonne femme en mal d'aventure et de frêles bambins sentant plus la rose que la crasse. Là-bas, au pays des sodomites et autres eunuques, l'on pratiquait cette chasse avec passion. Bien plus que pour les choses de la guerre. S'il y avait bien une chasse d'hommes en mal de combat, il ne pouvait s'agir que celle que l'on faisait pour les loups et les ours. Voilà des luttes qui paraissaient nobles et périlleuses. Il suffisait pour cela de voir combien d'hommes mourraient à chacune de leurs entreprises. Si celles-ci pouvaient durer moult jours lorsqu'il fallait traquer des loups, celle pour les ours étaient bien plus dangereuse et meurtrière. Rien à voir donc avec ces piaffes qui chassaient les écureuils.

Lorsque vint le fameux moment de chevaucher pour se rendre aux festivités. Thibaud vint se hisser entre les deux seigneurs et tendit une oreille à leur discussion. Celle-ci ne volant pas bien haut et se contentant d'évoquer quelques faits passés, il profita d'une courte accalmie et les interrompit non sans éprouver une certaine nonchalance.

-Messire Louis, il serait bon d'évoquer la question ethernienne avec monsieur le marquis, ne pensez-vous pas ?

Pour être direct, il l'était. Inutile de tourner autour du pot et d'amadouer le faon. Ce dernier était au courant pour son franc-parler. User de courbettes et autres politesses n'auraient fait que le rendre un peu plus sot.

-Je crois pouvoir dire que nous sommes tous deux du même avis et que votre expédition n'est point la bienvenue tandis qu'il nous faudra employer toutes nos forces au printemps. Comme je vous en ai déjà fait la proposition, je puis partir séant en informer votre aïeul si vous m'en donnez l'ordre et ramener les hommes au sec dans leurs chaumières.  

Son invitation n’avait point fait mention de l’heure matinale à laquelle Louis aurait pu se manifester. Plutôt, il préféra accompagner sa sœur dans les dédales de la cité de Seramire. C’était étrange, car autant s’était-il fait bon idée de l’endroit à son premier passage –pendant le tournois-, autant aujourd’hui, il ne saurait plus reconnaître le moindre recoin. Le temps passa relativement rapidement, car on lui rappela tôt qu’il était attendu ailleurs, aux côtés du Marquis, pour être plus précis. Ainsi, il s’harnacha d’une tenue de monte et se para à la chasse, faisant piquer du nez son étalon jusqu’à l’endroit choisit par son hôte. Là, les attendaient non seulement Aymeric, mais aussi Thibaud, qui n’était pas pour faire le bonheur du faon de Sainte-Berthilde. Avec le temps, à force de côtoyer le loustic, Louis en était même venu à développer un adage qu’il espérait, lui collerait à la peau : la vérole est à la pute, ce que la guerre est à Thibaud : deux entités inséparables. Alors, sachant que le marquis désirait chasser l’oise pour tuer le temps, savoir que le Kelbourgeois était là signifiait qu’inexorablement, les sujets relatifs à cet adage seraient soulevés!

Comme de fait, à peine arrivait-il sur place, de suite après avoir entamer les salutations, son sénéchal le bombarda, comme s’il s’était réchauffé avec Aymeric des heures durant. Pour sûr, que la question n’était point lancée aléatoirement ; les deux coquins avaient sans doutances longuement conversés à ce propos. « Nous avons déjà abordé la question, il me semble, non ? » Lança-t-il vers Aymeric, faisant référence à la multitude de sous-entendus qu’il avait la veille trié sur le volet. « Nul besoin de me le rappeler, Thibaud : j’ai pleine conscience de l’effort de guerre que nous devrons déployer au printemps. En ce qui attrait Étherna, je n’entends pas partir en guerre, il me semble vous l’avoir bien assez dit : mon but principal est d’empêcher qu’il y ait une escalade de violence entre Étherniens et Odélianais. Gaston a levé le ban une seconde fois et a mobilisé presque l’entièreté de son armée, croyez-vous que c’est pour montrer que sa queue est plus grosse que celle de Guillaume ou Caerlyn ? Des gens seront inévitablement et injustement touchés par cette échauffourée. D'innocentes familles paieront pour ceci ; pas seulement celles dont les maris sont engagés dans l’armée, que nenni. Si je ne vous ai point semé de les ramener au bercail, c’est que je n’en n’ai aucune intention, Thibaud. » Louis s’était montré sec, mais de se faire abordé de la sorte l’avait brusqué, a priori. L’homme n’était pas dupe, il savait que les choses pourraient s’envenimer, mais il s’en serait voulu d’être resté le bras croisés, en patientant qu’un bain de sang couvre les steppes enneigées d’Odélian. Louis marqua une pause, en accusant Thibaud sévèrement, comme si pour l’une des premières fois, il en avait eu ras-le-bol d’en discuter. « Je ne passe pas une nuit sans penser à ce que sera mes jours, une fois que nous aurons nos ost pointés vers Diantra. Alors, n’allez guère croire que je fasse quoi que ce soit qui pourrait compromettre notre entreprise du printemps. » De nouveau, le régent marqua une pause, bien que concise et s’excusa d’un regard entendu vers Aymeric.

« Nous y allons? »

Spoiler: