La nuit est pleine de terreur [PV Adélina]

Dire qu’elle était restée longtemps au mariage aurait été un terrible mensonge. Si la jeune femme était présente pour la cérémonie, elle n’aurait pas pu parler des décorations, ou des mariées, ces pensées complétement perdues ailleurs. Aussitôt la cérémonie terminée, la jeune femme était resté derrière pour prier, évitant volontairement les festivités. Après tout, les nouveaux mariés méritaient des convives heureux de célébrer leurs journées, et non pas une veuve qui avait peine à tenir une conversation. Elle fit ce que l’on attendait d’elle, son devoir, avant de passer le restant de la soirée au temple. Ce ne fut qu’une fois qu’elle reçu le message du Comte d’Arétria qu’elle quitta finalement son poste pour venir le rejoindre dans sa demeure. Il la conduisit rapidement dans son bureau qu’elle connaissait déjà avant de l’inciter silencieusement à s’asseoir, ce qu’elle fit. Magnus pourrait définitivement voir comment se sentait la baronne. Si elle se tenait droite, ses yeux fatigués ne laissaient guère place à l’imagination quant à ses nuits sans sommeil. Elle attrapa la coupe que lui tendit son oncle avant de regarder ce dernier. « J’ose espérer que des temps paisibles arriveront un jour. Ce qui rendront les conversations un peu plus joyeuses. »



La jeune femme déposa le breuvage sur la table sans même y toucher. Avant que son regard ne s’arrête sur le feu qui dansait dans la cheminée, l’air pensive. « En réalité, cette convocation était nécessaire autant pour vous que pour moi. » Elle expira doucement avant de reprendre la parole, le regard toujours fixé sur le feu. « La mort de Thé… » Sa voix s’étrangla dans sa gorge, incapable de sortir. Le dire, c’était accepté qu’elle ne le reverrait plus, et ça, elle ne pouvait encore l’accepter. Elle ferma les yeux, tentant de contrôler ses larmes avant de les réouvrir à nouveau. « Je suis convaincu que sa mort n’est pas un accident. Vous devez connaître les troubles entre mon mari et sa soeur? » Adélina regarda finalement Magnus, c’était une question vaine, tout le monde connaissait les troubles entre les deux de Langehack. « Théo a reçu une lettre de son père, lui demandant de faire la paix avec sa soeur. Pour nous protéger, il a décidé d’y aller de l’avant. Les officiers du Roy m’ont mentionné que c’était un accident, mais je ne peux le croire. Pas à ce moment-là. » Car en effet, si la Marquise était innocente, il fallait avouer que les coïncidences étaient extrêmement nombreuses. Adélina retourna son regard vers le feu, avant de continuer ; « Je sais que cela a l’air fou. Que vous vous dites probablement que c’est la peine qui me faire dire de telles choses. Mais sachez que la dernière fois que nous étions tous à Diantra, Prudence a essayer de me tuer. Elle aurait presque réussi si ce n’était d’Aubry et de Théodoric. » Elle plaça sa main sur son ventre, là même où la lame l’avait traversé il y a quelques mois avant de reprendre. « Prudence n’a guère froid aux yeux et cela ne m’étonnerais pas qu’elle soit coupable de fratricide. Mon époux avait d’ailleurs d’énormes doutes qu’elle était responsable de l’incident en Langehack. » Adélina secoua la tête découragée. « Mais je m’égare… Tout cela pour vous dire que dans les prochaines ennéades à venir, j’ai peur d’être encore plus en danger. Prudence s’est peut-être débarrassée d’un héritier. » Elle remonta le regard vers Magnus, la main toujours sur son ventre; « Mais il y en un autre qui arrive…» Le regard perçant de la jeune femme était toujours fixé sur le Comte. « Car moi et Théodoric attendons un enfant.»

La vérité était qu’un million de mots ne pourraient pas le lui rendre, qu’un des dizaines de complot tous plus accadabrant les uns que les autres ou même un million de larmes. Parce qu’elle avait déjà essayé. Apparemment que le deuil n’allait jamais vraiment disparaître, qu’elle ressentirait toujours ce vide peu importe ce qu’elle faisait. Son oncle l’avait conseillé de remplir sa vie de nouvelles choses, mais pour être honnête, ce n’était guère quelque chose à laquelle elle voulait réellement penser à ce moment. Éventuellement, elle pourrait se pencher sur son projet de collège alonnais, ou même agrandir le Val-Néera en l’honneur de son mari. Mais pour le moment, cela lui laissait un goût amer dans sa bouche. Toutes ces choses, avaient été discutées avec son mari… et voilà qu’elle se retrouvait seule pour les faire… Elle fut brusquement sortie de ses pensées par Magnus qui prit finalement la parole. La baronne se retourna vers ce dernier, écoutant attentivement ce que ce dernier lui disait. D’une certaine part, il avait raison, elle devait absolument rentrer à Alonna et rester près de sa famille pour les prochaines ennéades. La jeune femme soupira, avant de retourner son regard vers la cheminée avant de reprendre la parole ; sa voix beaucoup moins confiante qu’à l’habitude, semblait être une cruelle façon de montrer à quel point son cœur était brisé.



« Peu importe son sexe. Que cela soit une fille ou un garçon, il sera en position de réclamer ce qui pourrait être son droit. » Car en Langehack, le droit d’aînesse était maître, et non pas ce qui se trouvait entre vos deux jambes. Adélina se calla légèrement dans son siège avant de reporter son regard vers les flammes qui vacillaient toujours dans l’âtre. « J’ai toujours ma famille près de moi et je sais que j’ai la majorité des seigneurs alonnais qui me respecte. La famille est sacrée pour nous. Que cela soit proche ou étendu. » Dit-elle en jetant un léger coup d’œil à son oncle par alliance. Elle se doutait bien qu’elle pouvait lui faire confiance ou du moins lui faire entendre raison, et si ce dernier lui faisait de quelconques problèmes elle pouvait toujours compter sur l’aide d’Elyanna. Tante par alliance peut-être, mais les deux jeunes femmes s’étaient considérablement rapprochées au cours des derniers mois. « La première étape sera de rentrer à Alonna. Je dois m’assurer de montrer une façade forte. Sinon pour la suite... » Elle s’arrêta un moment, incertaine de ce qu’elle pourrait dire. Elle passa ses doigts sur ses yeux fatigués, tentant tant bien que mal de remettre de l’ordre dans ses pensées. « Je n’en ai aucune idée. » Elle soupira avant de se retourner vers Magnus. « Que feriez-vous, mon oncle ? » Elle se doutait bien que si ce dernier l’avait convoqué était pour discuter de nombreux points, peut-être qu’il avait déjà un plan dans sa tête, une idée qu’il germait depuis un certain temps.

Dire qu’elle aurait été surprise par la réponse de Magnus aurait été un horrible mensonge. Elle était au courant du tempérament disons particulier du Comte d’Arétria. Après tout, l’on racontait que ce dernier avait failli déclarer la guerre à l’ancien comte d’Odélian – une chicane d’ego… Apparemment. D’un air las, la jeune femme remonta son regard vers l’arétan alors qu’ils élaboraient un plan pour elle. Ce n’était pas un secret pour personne, tout le monde connaissait la guerre que l’alonnaise menait contre les cultistes – peu importe quelle ignominie il vénérait. Et Théodoric lui avait mentionné plusieurs fois que sa sœur était Arcaménite. Si au départ, l’alonnaise ne l’avait guère visé, peut-être que sa mire se tournerait vers elle lorsqu’elle se remettrait de la perte de son aimé. Reportant son regard vers la cheminée, la jeune femme reprit rapidement la parole. « Non. Cela serait une insulte à Théodoric. » L’alonnaise sembla ravaler ses larmes, avant de continuer ; « Notre enfant devrait être fier de qui il est, de qui était son père. Il était le champion de Néera. » Elle soupira avant de continuer; « Honorer sa mémoire est tout ce qu’il me reste. Je sais qu’il ne voudrait pas me voir ainsi. » Après tout, tout le monde était au courant que les deux fervents néerites s’était marier par amour. Jamais Adélina n’aurait pu avoir Théodoric autrement.



Il fallait dire qu’elle n’était qu’une petite Dame du Nord lorsqu’ils avaient joint leurs souffles, et n’avait – du moins à l’époque – aucun avantage pour ce dernier. Bon, cela avait légèrement changer lorsqu’elle avait pris le contrôle d’Alonna, mais peu aurait parier qu’elle aurait pu avoir un mariage aussi avantageux avant cette ascension. La jeune dame passa ses mains sur sa robe noire, lissant cette dernière de ses paumes et semblant enlever une poussière invisible sur le tissu noir. « Quant au mariage… » Elle eut une légère grimace, l’envie de remarier ne lui plaisait guère, du moins pour le moment. « Je vous avouerais qu’après-avoir vécu ce que j’ai vécu avec Théodoric, me marier par devoir et par amour me semble particulièrement amer. Mais mon oncle m’a dit la même chose… Je vais supposer que je devrais considérer les demandes. Si demande, il y a. » Il faut dire qu’en ce moment, elle ne semblait guère être un parti attirant. Certes, elle était baronne, mais qui voudrait d’une épouse au cœur brisée ? « Le Duc de Soltariel m’a rendu visite après la mort de Théodoric. Je dois vous avouer que je vois mal ce dernier usé de manière si peu honorable pour avoir ce qu’il veut… Mais avec l’enquête que nous avons en cours, je suppose qu’il serait possible de lui demander de porter son attention sur les cultes arcaménites… Et ainsi le mené à Prudence. » Elle haussa les épaules, l’air lasse, comploter contre son ancienne belle-sœur était en ce moment la dernière chose qu’elle avait envie de faire. Adélina tourna finalement la tête vers Magnus avant de le regarder silencieusement pendant un moment. « Mais je suppose que si vous m’avez convoqué aujourd’hui n’était guère pour parler de mes problèmes, ou de mes sentiments. »

Adélina haussa un sourcil avant de se retourner vers son oncle. L’écoutant alors qu’il lui mentionnait que la Marquise ne devait pas apprendre qu’Adélina avançait contre elle. Cette dernière pencha la tête alors que sa tête se pencha sur le côté. « Je ne veux pas vous faire offenser, mon oncle. Mais je vais frapper. » Soudainement, sa peine sembla s’envoler, laissant place à la colère. « Si elle veut jouer. Elle a trouvé le mauvais adversaire. Elle ne pouvait se contenter de son Marquisat, elle est venue contre mon mari. C’est le baron d’Alonna qu’elle a pris. Si je m’écoutais, j’aurais déjà rassemblé mes osts pour exterminer cette ordure du sud. » La jeune femme retourna son regard vers le feu, semblant se perdre dans une certaine contemplation. « Je vais frapper quand le moment sera venu. Mais je n’ai pas de plan pour le moment. L’étau se resserre contre elle. Lorsque j’ai enquêté à Soltariel contre les sectes draconniques, nous avons découvert qu’une famille de Merval était responsable de la mort de la famille du Duc de Soltariel. » Elle lança un regard vers son oncle, avant de conclure ; « Ce n’est qu’une question de temps avant que l’étau se resserre autour d’elle. Avec ou sans mon aide. » Elle eut un léger sourire alors que ce dernier lui demanda si elle voulait parler de chose plus monotone. « Votre sollicitude me touche mon oncle. »



Puis vint finalement le vrai sujet de la discussion. Pour être honnête, la jeune femme fut légèrement surprise de savoir qu’un oncle du Comte était encore vivant, et elle se demanda franchement quel âge le pauvre homme pouvait avoir. Une autre chose lui vint à l’esprit, pourquoi Magnus avait-il son nom ? Après tout, Thonar, Thorus, Thorgne… On aurait dit que sa mère avait changé d’idée après avoir vu le pauvre comte. Néanmoins ce que lui révéla ce dernier au sujet de son inquisition lui fit franchement plaisir. « Avez-vous trouvé quoi que ce soit sur vos terres jusqu’à présent ? Je sais que le clergé était en train de vérifier toutes les preuves que nous avons accumulées sur Alanya. Je suis certaine qu’un annoncement sera fait sous peu. De là, je doute que le Saint-Aimé soit si protecteur de sa femme. Après tout, ce n’est pas le premier soulèvement contre elle. Du moins, c’est ce que j’ai entendu. » La baronne se retourna vers son oncle, l’observant silencieusement pendant une seconde, avant de reprendre la parole. « Et quel sera votre plan à ce moment-là ? Car soyons honnête, il tentera de calmer la chose. Peut-être que cela sera l’événement qui nous faut pour avancer. » Et qui sait ? Peut-être que Magnus deviendrait Marquis… Un marquis particulier, certes, mais aussi un pair du royaume.

Adélina écouta attentivement son oncle alors que ce dernier lui exposait son plan. Ses yeux s’agrandirent un moment, l’air surprise maie surtout choquée de ce que ce dernier venait de lui raconter. Certes, le Comte était un homme d’action, ça, elle ne pouvait le nier, mais il manquait quelques notes un peu plus subtiles dans son scénario. « Ne faites surtout pas cela… » Elle regarda Magnus pendant une seconde, analysant la situation ou du moins tentant d’analyser la situation. Son air était soudainement sérieux, la tristesse s’étant envolée pendant un court moment. Son sens du devoir semblait avoir pris le dessus.« Cela causerait plus de mal que de bien. N’oubliez pas l’influence de Louis de Saint-Aimé. Il a été régent. Il est l’un des alliés du Duc de Serramire, l’une des plus puissantes armées de la péninsule. Allez en guerre ouverte contre lui serait du suicide. Même cacher derrière les bannières des dieux. Cela ne prendrait qu’un moment pour vous punir de nouveau, causant la perte non seulement de votre famille, mais aussi de vos alliées. » Inutile de dire que même si elle ralliait ses propres troupes, ce n’était pas gagné. Beaucoup mourraient, et le prix de cette rébellion serait cher payer autant pour eux, que pour leurs familles.



Non, il avait une autre façon de piéger leurs ennemis. « Mes prêtres ont être interrogés dernièrement par la haute-prêtresse de Néesa, ce n’est qu’une question de temps avant que l’on sache réellement le sort d’Alanya de Saint-Aimé. Si vous voulez mon avis, il ne lui reste pas longtemps à vivre et connaissant le cerf, cela ne m’étonnerait pas qu’il allume lui-même le bûcher de sa femme. » Après tout, tous disaient le Marquis extrêmement pieux. Après cela avait peut-être changer avec le temps, mais la jeune femme en doutait. « En faisant cela, il risque de regagner sa popularité et le soutien qu’il avait auparavant et nous nous retrouverons les ennemis. Même si nous tentons d’apporter le bien. » Elle s’arrêta un moment, retournant son regard vers le feu qui brûlait vivement dans la cheminée. « Malheureusement, si l’on veut vous mettre sur le trône de Sainte-Berthilde, il faudra utiliser la ruse et le Complot. La force nous amènera nul part. » Silencieuse, la jeune femme s’arrêta un moment, l’air soucieuse, avant de se retourner vers son oncle ; « Que savez-vous de l’égide mon oncle ? »

La jeune femme observa Magnus alors que ce dernier se renfrognait dans son siège. En réalité, elle ne s’était guère attendue à une autre réaction de la part du Malelandois. Après tout, son caractère trempé était loin d’être un secret pour personne. La péninsule avait déjà failli être en proie à une nouvelle guerre due au caractère trempé de son oncle par alliance et soyons honnête, il serait probablement l'investigateur de la prochaine à l'écouter. Personne n'aurait pu le blâmer en soi, après avoir passé d’innombrables soirées en sa compagnie, elle avait vite compris que Magnus était un homme d’action, c’était son frère Thorus qui était un peu plus modéré, ce qui n’était pas une mauvaise chose en soit. « Je comprends votre frustration, mon oncle. Mais je ne risquerais pas ma nouvelle position sans un plan solide. Et en ce moment, s’attaquer de plein front à Louis de Saint-Aimé est totalement hors de question. Le cerf a peut-être une femme hérétique, mais il a toujours du soutien.»


Les doigts de la baronne se mirent à tapoter sur l’accoudoir de sa chaise, alors qu’elle observait Magnus. Elle se disait bien qu’il ne serait pas content, mais parfois l’opinion d’un autre pourrait peut-être l’aider à trouver une alternative. Idéalement une alternative moins dangeureuse pour lui-même et les personnes impliqués. Pendant une seconde, elle regretta que Thorus soit absent, il aurait peut-être pu calmer son frère si sa colère explosait, car lorsqu’elle lui dirait la rumeur qui était venue à ses oreilles, le Comte aurait bien du mal à dormir... « De ce que j’ai appris pendant mon séjour à Soltariel, c’est que ces recherches sont beaucoup plus intéressantes, mais surtout fructueuses qu’elle ne le laisse paraître. Cela a causé beaucoup d’agitation à Sybrondil. Tellement, que cela avait menacé la Comtesse et sa succession. » Elle eut un air gênée, sachant que trop bien qu’elle aurait dû en parler au Duc, mais elle n'avait guère voulu insulté la mémoire de feu son épouse. Qui plus est, cela avait été une piste parmi tant d’autres dans l’enquête qu’elle avait fait pour ce dernier. « D’abord, j’ai pensé qu’il y avait un lien avec les sectes, mais je me suis vite rendu compte que ce n’était pas fondé. Ce que j’ai entendu pourrait peut-être vous être utile…» Ses mains se tordirent sur ses genoux. « Un des nobles sybrond qui passait à la cour du Duc, m’as raconté que ce qui avait commencé cette révolte est une rumeur comme quoi l’ancien régent, le Duc de Serramire ainsi que le Grand Admiral Royal tenterait de s’approprier les découvertes de ce projet… » Adélina regarda son oncle un moment, tentant d’analyser comment ce dernier se sentait, avant d’oser lui poser la question qui la titillait; « Auriez-vous vu ou entendu parler de quelconques armes militaires surprenantes à Cantharel? »

La jeune femme eut un sourire avant de reporter son regard vers les flammes qui virevoltaient doucement dans la cheminée. « Nul besoin de me le rappeler cher Oncle. » Après tout, la péninsule en entier était au courant des déboires qui s’étaient produits entre les deux Comtes. Bien entendu, à cette époque, elle était trop jeune pour intervenir en quoique se soit, mais l’histoire avait atteint l’Alonna et Lodiaker, les demandant de se tenir prêt si une quelconque guerre était nécessaire. D’ailleurs, son père avait trouvé cela d’une absurdité sans précédent… Comment avait-il appelé cela ? Ah oui, une bataille d’ego qui n’aurait pas dû se rendre si loin. Une perte de temps en soit. La jeune femme eut un léger sourire avant de reprendre la parole ; « Mais je crois me souvenir que votre mère avait un réseau assez débrouillard pour obtenir des informations. Je me demandais si vous n’aviez pas toujours accès à cedit réseau ? » Elle retourna son regard vers son oncle, si son expression était neutre, il fallait dire que ses yeux pétillaient d’un certain amusement. Après tout, passer autant de temps avec sa nouvelle tante, Elyanna, lui avait appris quelques informations au sujet du Comte qu’elle ne croyait pas avoir accès. La jeune femme observa ce dernier alors qu’il se servait un nouveau breuvage, tout en continuant de parler.



« Ah… Oui, je me souviens de ce dernier. » Un être assez insipide et imbu de lui-même. C’était le souvenir qu’elle avait de ce dernier, alors qu’il l’avait invité à danser pour ensuite lui dire qu’elle n’avait pas l’air aucunement menaçante. Il faut croire que les choses avaient rapidement changé, c’était presque à se demander si la vision de ce dernier était devenue un peu plus respectueuse. Quoique vu qu’il était arétans, il n’y avait guère d’espoir sur ce sujet. C’était comme demandé à un âne de ne pas être têtu. Puis, Adélina plissa ses yeux avant de retourner son attention vers son oncle. « Êtes-vous en train de suggérer que j’approche ce dernier ? » Ce qui en soit, n’était guère un plan difficile. Mais l’idée de se retrouver de nouveau avec un être aussi désagréable. Adélina grimaça avant de reporter son attention sur un point devant elle, l’air pensive. Il fallait dire qu’elle n’avait aucune envie d’essayer d’être charmante pour les vautours, surtout si rapidement après la mort de Théodoric. Elle soupira avant de lever les yeux aux plafonds, il n’avait définitivement pas dix millions de solutions à leur problème. « Très bien, j’essayerais de le rencontrer pour vous… » Adélina regarda son oncle avant de reprendre la parole ; « Je vais supposer que vous savez où il se tient, et où je pourrais le rencontrer par hasard… » Elle voulait bien faire la majorité du travail, mais certaine partie devrait être arrangé par son oncle.

La jeune femme eut un léger sourire en voyant l’air ennuyé de son oncle. Pour être honnête, Adélina avait été surprise alors qu’Elyanna lui avait raconté ses histoires de famille, mais c’était sans réelle surprise que les deux jeunes femmes avaient créer des liens assez étroits cette dernière année. D’ailleurs, dans les moments d’accalmie de la baronne, il n’était pas rare de voir les deux nordiennes se promener dans les jardins ou dans Alonna-les-trois-murs en discutant de tout et de rien. Elle s’étira avant de tapoter le dessus de sa main. « Ne vous en faites pas, Mon oncle. Votre secret sera bien gardé dans la famille. » Adélina se replaça dans son siège avant de reporter son regard vers les flammes. « Vous devriez être heureux que votre sœur ait fait sa place si vite en Alonna. Pour être honnête, c'est un soulagement de voir un mariage si bien assortit. » Surtout que c’était le premier qu’elle avait organisé… Peut-être pourrait-elle trouver un parti éventuellement pour son cousin Aubry. Du moins, si un jour ce dernier déciderait d’arrêter de jouer au tombeur de donzelle…



Adélina fit un léger mouvement de tête, alors que le Comte lui disait avoir une entrevue avec sa tante dans un futur prochain. « Laissez-moi savoir quelles informations vous réussissez à dégoter… Je vais tenter de voir si le Duc de Soltariel sait quoique se soit. Peut-être pourrait-il nous aider… » La jeune femme observa le quinquagénaire alors qu’il se servait un verre de vin et qu’il reprenait la parole sur le fameux Rotherg de Sorosd. Puis, elle ne put s’empêcher d’avoir l’air surprise alors qu’un léger sourire vint orner ses lèvres. « Vous êtes sérieux ? » Le sourire de la jeune femme s’agrandit de nouveau, alors qu’elle se mit à fixer ses genoux, tentant tant bien que mal de contenir un rire. Décidément, le seigneur arétans savait comment se faire aimer… Imaginer le vil individu dans un box d’écurie était assez… Intéressant. Disons que la baronne n’aurait jamais eu le culot de faire quelque chose dans ce genre. « Il ne faut pas se demander pourquoi ce dernier essai de vous trahir après cela… » Car bon, finir ainsi attirait définitivement une certaine haine. « Et je dois vous avouer que je ne souhaite pas qu’il vous arrive un accident fâcheux à cause d’un homme que vous avez insulté. » Cette fois, la jeune femme eut un air sérieux, preuve qu’elle était honnête dans ses paroles. Adélina se calla un peu plus dans son fauteuil, l’air pensive. « Je ne peux l’approcher ainsi… Sinon il va savoir que quelque chose se trame. Il ne peut être aussi stupide… » La jeune femme se mordilla la lèvre inférieure, perdue dans ses pensées ; « Peut-être devriez-vous parler à vos seigneurs pour tenter de me trouver un potentiel mari… Si il travaille pour Louis de Saint-Aimé, cela ne me surprendrait pas qu’il morde à l’appât pour en savoir plus… » Ce plan ne l’enthousiasmait guère, et le Comte pourrait aisément le voir… Mais si c’était ce qu’elle devait faire pour l’aider, alors elle mettrait la main à la pâte pour son oncle.

Adélina ne broncha guère lorsqu’elle vit l’expression de son oncle. Avec le temps, elle était devenue habituée aux innombrables changements ou éclats d’humeur qu’il avait. Pour le moment, elle se considérait bien chanceuse de ne pas avoir été le déclencheur d’une explosion comme elle avait déjà entendu parler. C’est pourquoi elle le laissa parler, sans l’interrompre une seule fois. Alors qu’il l’invitait à rencontrer sa tante, et même à développer leur nouveau plan. Ce fut qu’une fois qu’il eut terminé que la voix de l’alonnaise se fit entendre. « Alors tout est entre vos mains cher oncle. Une fois que cela est fait, faites moi appeler et je viendrai vous rejoindre dans votre manoir pour une nouvelle visite. » Son regard se retourna sur les flammes, fixant les tons orangés pendant une seconde avant que la baronne ne passe ses doigts sur ses yeux fatigués. « Je crois que je vais plutôt retourner à mon manoir pour la nuit. » Si elle savait que son sommeil serait définitivement perturbé, au moins, elle n’aurait pas besoin de faire de faux-semblants quant à son état. Adélina remonta son regard vers le Comte avant de reprendre ; « Surtout si votre tante apprécie la discrétion, ce n’est pas à ma place de m’imposer ainsi. » La jeune femme se releva, faisant un léger sourire à Magnus, avant d’incliner respectueusement la tête vers ce dernier. « Je vous remercie de m’avoir invité ainsi. J’espère que la prochaine fois sera pour une meilleure occasion. » Et surtout, une occasion qui ne sera pas aussi lugubre… Pensa-t-elle alors qu’elle se dirigeait vers la sortie.