Un hiver douloureux n'empêchant pas les préparatifs de printemps

9ème ennéade de Karfias, 10e année du XIe Cycle

Cet hiver avait été on ne peut plus rude, du jamais vu d'après les anciens vers qui tout le monde se tournait ces derniers temps. La neige avait recouvert Erac, le froid n'avait épargné personne, et le vent avait été mordant et cruel. Dès Verimios, l'on avait vite comprit que l'hiver serait difficile, mais personne n'avait songé que ce serait à ce point. Tel des écureuils, la population, surtout celle des champs, avait emmagasiné des réserves, les corvées de bois n'avaient pas cessées de Verimios, et tout l'argent disponible avait été dépensé en réserve alimentaire. Lorsque Karfias déploya toute sa puissance hivernale, l'on aspirait alors qu'à rester devant son feu de cheminé, pipe en bouche et l’œil sur les enfants. L'on été même allé jusqu'à prendre des tours de veille avec les enfants les plus âgés afin que le feu ne s'éteigne pas, de crainte de mourir gelé dans la nuit, ou de ne pouvoir le rallumer. Les seules fois ou l'on sortait de chez soit, c'était pour acheter de la nourriture si les réserves étaient épuisées, aller chercher le médecin quand la maladie frappait, ou se rendre à l'entrainement que le Duc avait exigé. il fallait également nourrir le bétail et le protéger des loups toujours plus entreprenant pour trouver eux aussi de quoi se sustenter. Concernant l'entrainement, c'était d'ailleurs souvent en trainant des pieds et en le maudissant que les personnes en âge de porter une arme s'y rendaient. D'ailleurs, régulièrement, l'entrainement était raccourci, les soldats préférant leurs garnison chauffée au froid extérieur, encore plus pour apprendre à des pouilleux à se servir d'une arme avec laquelle ils avaient plus de chance de se blesser que de s'en servir correctement. Enfin, l'entrainement avait quand même eut lieu, régulièrement comme demandé. Le Duc lui même s'était enfermé dans son château avec sa famille, n'en sortant que pour rassurer la population.

Les voyageurs, rarissimes, qui se présentaient dans les villages, ressemblaient à des bonhommes de neige, cette dernière s'étant accrochée à leurs épais manteaux, sous lesquels ils grelottaient en implorant le gite. Avide de nouvelles, les villageois restaient méfiants, ne voulant pas se démunir, la peur au ventre. Le seul effet bénéfique fut que le banditisme chuta, il se disait que des bandes avaient été retrouvé dans les bois, et que tous étaient morts gelés. Rarement, autant de prières furent adressées à Néera et Tyra, afin que la maladie et la mort épargne leur foyer, ou encore pour que le printemps arrive. Certaines personnes allaient même jusqu'à dire que la fin du monde était la et que jamais cet hiver ne finirait tant qu'il y aurait des survivants.

Cette ennéade, la dernière de Karfias, l'on ressentit une très légère baisse du froid. Verrait on enfin la fin de l'hiver et l'arrivée du printemps ? L'on se surprit alors à retrouver le sourire et à parler de Balterrauch et des préparation qu'il fallait pour fêter ce renouveau.

1ère ennéade de Favriüs, 10e année du XIe Cycle

L'hiver touchait était terminé, les prémices de températures plus clémentes étaient indéniables. La fête de Balterrauch avait battu son plein, tout le monde étant heureux qu'enfin, le froid cataclysmique disparaisse. Les prières de remerciements à Néera étaient sur toutes les lèvres, et les temples regorgeaient de monde, même si les dons étaient minimes. En effet, la population n'était pas riche, et n'avait donc pas énormément de choses à donner. Ils avaient toutefois oublié une évidence qui risquait de leur revenir en pleine face, et cet oubli était que le printemps ramenait le temps des guerres. Pourtant les entrainements que le Duc avait exigé aurait dû leur rappeler cette évidence

Chez la noblesse, l'on avait pas oublié, loin de la, les rapports abondaient vers Erac, à l'intention de Renaud. Celui-ci se faisait un devoir de lire tout ce qui arrivait, voulant tout savoir, et ne rien louper. Et les nouvelles étaient bonnes. En premier lieu, concernant tout ce qui avait trait au ravitaillement. La décision de tout ramener dans les cités, et de les garder sous bonne garde, avait permis de ne pas avoir de pénurie. Les paysans n'avaient pas eu le loisir de manger abondement, craignant la maladie en cas de sous-alimentation. Et les ravages causés par l'hiver, que ce soit des bâtiments écroulés en raison de la masse neigeuse trop importante, ou encore des incendies liés à des feux trop importants, n'avaient pas impacté les ressources puisque les dits silos situés dans les fermes étaient vides, le tout ayant été rapporté dans les cités fortifiées. Ensuite, le commerce tournait à plein également, les marchandises, en provenance majoritairement du nord, renforçaient Erac chaque jour. Plusieurs ponts avaient bien disparus, submergés et emportés par la neige ou la montée des eaux avec le dégel, cela avait été un vrai problème au début, mais un mal pour un bien, cela avait diminué le nombre de route pour se rendre à Erac, et de facto, facilité la surveillance des routes par les patrouilles. La boue était toutefois un autre problème que rencontrait les charrettes, des roues se cassant ou encore l'embourbement fréquent. Toutefois, ces tourments n'atteignaient pas la gaité que la fin de l'hiver amené. Enfin, les milices étaient prêtes, les effectifs avaient grossis avec l'hiver et l'entrainement avait malgré tout porté ses fruits. De même que les troupes professionnelles, certains craintifs ayant préférés s'engager et toucher la solde. La peur que l'hiver ne finisse pas et le gite et le couvert étant assuré par le Seigneur local, s'engager était devenu tentant, ou encore pour ceux qui avaient tout perdu. Le ban était donc prêt à être levé, en attendant l'ordre du Duc

Tout allait donc étonnement pour le mieux à Erac, si ce n'était que le duché avait comme voisin des terres belliqueuses à son attention, et que la convocation pour Serramire, ou encore la levé des bans, n'étaient pas encore d'actualité. Les frontières étaient rigoureusement surveillées, et les espions envoyés dans les trois terres de juré d'Erac ne chaumaient pas.