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 En attendant la débâcle [Alanya]

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Faeron Savarius
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MessageSujet: En attendant la débâcle [Alanya]   En attendant la débâcle [Alanya] I_icon_minitimeSam 5 Aoû 2017 - 1:20

En attendant la débâcle...


En attendant la débâcle [Alanya] Winter10






En attendant la débâcle [Alanya] Neuvil10
Jean de Neuville
Marchand de biens à Assar et Alonna

Jean de Neuville n’était pas comme l’essentiel des représentants de commerce associés à Faeron Savarius. Il était de ceux qui étaient honnêtes avec eux mêmes et avec leurs clients sur la nature de ses relations avec l’armateur Thaari. Il était entré en affaire en connaissance de cause avec le demi-elfe. Il avait vendu l’affaire de son père en bonne et due forme, payé les impôts qui allaient bien, et était donc devenu le gérant d’une affaire qui n’était plus financé par lui-même mais par l’étranger fortuné qu’il avait rencontré plusieurs fois à Thaar.

Car Jean de Neuville, tout nordique et tout Oesgardien qu’il était, avait l’amour de l’exotisme que lui avait transmis son père. Et lorsque l’essentiel de ses congénères n’imaginait pas aller plus loin que le clocher du temple de Nééra le plus proche, lui avait déjà parcouru suffisamment de lieues pour faire plusieurs fois le tour de Miradelphia. Mais toutes ces lieues parcourues l’avaient été entre Alonna, Assar et Thaar. Car c’était dans la capitale estreventine qu’il trouvait ce puissant sentiment d’exotisme que son père lui avait légué. La famille était si attirée par la région que son père était maintenant confortablement installé sur place pour passer une retraite méritée. Il revenait de temps à autre voir son fils qui était toujours à la tête du commerce familial, mais coulait des jours heureux dans ces lieux au climat plus propice à la retraite dorée.

Jean lui était un homme d’une stature ordinaire mais avait le regard d’un rêveur. Beaucoup avaient pensé que le jeune homme serait du genre naïf. Mais si c’était un honnête homme, cela n’en était pas moins un marchand attentif. Il était de ceux qui n’aimaient pas qu’on se moque d’eux, et inversement. Son plus grand chagrin au final était qu’il gérait une affaire pour un patron dont il se doutait bien qu’il ne pouvait être totalement honnête. Personne de ce niveau de richesse ne l’était totalement. Mais son demi-elfe de patron avait pour lui qu’il savait y faire avec les relations. Avec Jean il s’était toujours comporté en parfait honnête homme. Il savait manier ses troupes et adopter sa façon de faire à ses interlocuteurs.


Il avait également pour lui qu’il n’était pas très intrusif dans les affaires du jeune homme. S’il était le propriétaire des entrepôts nordique et si Jean n’était plus qu’un salarié, il était néanmoins payé avec une régularité meilleure que lorsqu’il était propriétaire et il disposait de revenus encore plus attrayants lorsqu’il remportait une bonne affaire ou qu’il faisait croitre l’affaire. Jamais Jean n’aurait pu imaginer traiter des affaires du type qu’il traitait à présent sans le réseau et surtout les finances de l’armateur Thaari pour appuyer ses propres travaux. Les Neuvilles seraient restés des petits haleurs de rien du tout dans ce coin du monde ou faire du halage était presque du suicide, le fleuve étant loin d’être dompté.

Bien des choses restaient à accomplir, mais la plus belle de ses réussites avait été de réussir à péréniser un semblant de commerce fluvial entre Assar et Alonna, et au-delà de cela, de construire un réseau d’entrepôts permettant d’assurer le transit des marchandises sur ce territoire encore délicat pour les marchands. Car l’on pouvait parfois attendre des énnéades ou des mois avant de trouver acheteur pour ses marchandises dans ces contrées ou les marchés variaient plus vite encore que le sens du vent.

Il fallait être un jongleur pour être négociant dans ces contrées. Et la conséquence était que certaines marchandises restaient sur les bras des négociants pour de longues durées, et dans des lieux si enclavés, le transport coûtait cher. Mieux valait entreposer à peu de frais que de déplacer. Les Entrepôts Nordiques s’en occupaient. Sans compter qu’à force d’entreposer, ils mettaient également en relation.

C’était une petite affaire, mais une belle affaire. Sans les passions estreventines de son père, il aurait été étonnant qu’un homme comme Faeron n’entende même parler de ce commerce. Mais les Neuvilles avaient dû lui plaire. La coquette somme négociée pour le rachat du commerce intégrait une propriété sympathique sur une colline de Thaar, avec vue sur mer. Et une somme rondelette, entreposée pour partie dans les coffres de Savarius pour plus de sûreté, pour partie dans les coffres de son père à Thaar, et pour partie chez Jean.

Lui-même avait maintenant fait sa vie et était marié à l’amour de son enfance. Il n’avait pas été forcé de marier une autre noble ou une héritière d’un commerce complémentaire ou d’une fortune locale quelconque. Il avait cette chance, et il la mesurait. Son frère était dans l’affaire, mais il n’était pas le cerveau de l’opération. Si c’était un brave garçon, les Dieux avaient voulu qu’il ne soit pas pour autant très prompt d’esprit. Certains naissaient ainsi. Et malgré ses limites et son visage aux traits trop simples pour échapper au jugement des idiots, Jean l’aimait de tout son cœur. Son frère était simple, mais il était bon et calme. C’était un travailleur qui aimait ses bêtes et qui faisait un contremaitre très correct pour les travaux de halage. Il n’était d’ailleurs content que comme cela.

Jean avait beau être le petit frère, lui et sa femme s’occupait depuis le départ de son père de son grand frère avec beaucoup d’attention. Mais il n’était pas inquiet. Malgré ses limites son frère ne se laisserait jamais mourir, et c’était un solide gaillard. Il redoutait plus la cruauté des autres, qui auraient pu profiter de la simplicité de ce garçon.

En cet hiver particulièrement froid, Jean était aujourd’hui coincé à Alonna. Loin de sa femme, loin de ses enfants. Ces derniers étaient en ce moment à Assar. La famille était toujours à transiter entre les deux villes. Les Dieux seuls savaient pourquoi Jean avait eu l’idée de descendre toute la famille à Assar avant l’hiver. Dans tous les cas ils étaient maintenant séparé par la neige et le vent. Et il n’était pas question de risquer la vie de sa petite famille sur les chemins de l’hiver. Il les reverrait au printemps.

En attendant il s’occupait bien. Les inventaires des entrepots qu’il gérait à Alonna étaient terminés. Il avait également fait part à son patron lointain qu’il était sur le point de remporter un marché pour le transport dès le printemps revenu d’une grosse quantité de textile vers le sud de la Péninsule. Restait aux assesseurs de son patron de trouver de la place dans une cale d’un des navires de l’armateur, de ses alliés ou succursales. A partir du moment où Jean l’avait emmené jusqu’à un port, ce n’était plus son problème.

Mais aujourd’hui la question était toute autre. Aujourd’hui il montait au château. Car la baronne d’Alonna profitait de l’hiver pour réunir de nombreux notables de ses domaines. Lui faisait certainement partie de la fournée concernant le commerce fluvial ou le commerce continental. Il ne savait pas. De toute manière ses liens avec l’étranger étaient clairs. Il n’avait rien à cacher. Et c’est donc avec le cœur léger d’un honnête homme que Jean de Neuville se présenta au château, dans toute sa jeunesse et dans toute sa simplicité pour rencontrer sa suzeraine.
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Alanya de Saint-Aimé
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MessageSujet: Re: En attendant la débâcle [Alanya]   En attendant la débâcle [Alanya] I_icon_minitimeMar 8 Aoû 2017 - 23:41


 « Qui avons-nous conviés ? ».

Alanya déambulait dans les couloirs alors que les épais nuage masquait le doux soleil du matin. Il devait être près de dix heures, aussi pressa-t-elle le pas. A ses talons était collé, telle une chiure, Hugues dans ses vêtements qu'on aurait su s'ils étaient trop courts ou trop serrés. Le curieux bonhomme peinait à la suivre, la bedaine lui faisant cruellement défaut alors que l'allonge souple de sa suzeraine aurait pu le laisser à distance. D'épaisses et nombreuses gouttes perlèrent bientôt son front gras. Elle n'y prêtait pas plus attention : voilà longtemps que le portrait du courtaud avait été dépeins, il lui était dès lors inutile de s’abîmer la vue davantage. La grande salle se profilait devant eux, il ne leur faudrait guère de temps pour y parvenir.

« Vous avez convié vos enginieurs, quelques bucherons, des marchands, des négoces, d'humbles travailleurs en somme, le seigneur-régent de Rodem, vos ministres et trois questeurs ».
« Qui sont-ce ? Il ne me point utile de savoir leur profession si je suis incapable de savoir quels commerces ils entretiennent ».
« Madame, c'est vous qui les avez conviés, vous ne m'avez pas entrete... ».

Elle coupa net la conversation d'un regard. Si cela l'agaça assez, il avait raison. A passer ses journées enfermées dans son bureau, assise à son secrétaire, elle en avait oublié l'essentiel ; il était à présent impossible de rebrousser chemin pour y trouver son papier, il n'aurait pas été correct de faire attendre ses invités plus longtemps. L'affaire qu'ils avaient à résoudre était bien plus épineuse que quelques noms perdus – ils n'auraient qu'à se présenter à elle tour à tour. Cette matinée d'hiver, alors que la neige recouvrait encore toute la ville, serait bien chargée ; ils auraient à penser à l'avenir. Certes, elle y avait déjà longuement réfléchi mais seule, elle ne parviendrait à rien. Il était temps de convoquer ceux qui, par leur métier, étaient plus à même de la conseiller sur le bien fondé de son œuvre. Car voilà ce qu'il en était : au printemps elle accomplirait ce que jamais l'on n'avait encore accompli à Alonna. Non seulement il s'agirait là d'un mieux pour sa terre, mais aussi – elle devait bien l'avouer – cela lui plaisait de marquer l'histoire. Qui aurait cru, quelques années plus tôt que viendrait le temps où la fière Alonna s'abandonnerait à quelques fructueux marchés et deviendrait conjointement à sa grande sœur Serramire, un centre économique. Personne, pas même la baronne !, n'aurait parié un sou pour cela.
Et pour cause ! L'enclave était bien trop incertaine pour pouvoir s'attarder sur une telle entreprise. Les fonds que cela demandait était par souvent trop important : les impôts du bon peuple gonflés, les taxes augmentées, tout cela n'aurait pas même suffit à réaliser les quelques projets qu'elle s'apprêtait à lancer. Cela ne se ferait pas en un mois : c'était une longue entreprise qui débutait mais qui aurait tôt fait de remplir les caisses comme jamais elle ne le furent auparavant. Un investissement en somme, où la Broissieux pariait la prospérité de ses terres pour y installer quelques accords. Ses ministres, nouveaux acteurs de sa cour et de son pouvoir lui avaient par deux fois déconseillé l'ouvrage ; mais têtue comme elle l'était, elle s'était employée à relancer ses comptoirs, investir les guildes et corporations dans la réussite Alonnaise et à trouver des fonds. Trois années qu'elle avait entamée les négociations et ce jourd'hui, elle en voyait enfin l'aboutissement. C'était très certainement la dernière étape avant les grands travaux, une dernière rencontre avec ceux qui joueraient leurs rôles d'ici peu. On l'annonça lorsqu'elle entrait de son pas décidé dans la grande salle.
Elle portait extrêmement bien son nom. Pouvant y tenir de belles réceptions, on y avait fait mettre la grande table pour accueillir tous le beau monde qui se pressait pour la réunion. Ils s'étaient, pour la plupart, drapés dans de beaux atours ; ce n'était pas tous les jours que la baronne elle-même les conviait à sa table. Si les ministres la saluèrent avec respect et habitude lorsqu'elle leur passa devant, elle s'attarda à saluer presque personnellement chacun des protagoniste dont elle ignorait le visage. Aussi, lorsque cela fût fait, elle se tint bien droite, impérieuse mais douce derrière la chaise qui présidait la tablée.

« Messieurs, prenez place je vous prie ». A ses mots, l'on tira les lourds sièges sur le sol dans un bouquan dont elle se serait bien privé. Veillant à ce que chacun trouve une place, elle ne s'assit pas encore. « Mes bons sujets, si vous êtes ici – et comme je me suis permise de rester évasive dans mon courrier – c'est pour parler des travaux qui commenceront au printemps. Je laisse le soin au ministre Galainier de vous exposer le projet plus en détail ».

Cédant sa place, le jeune homme se leva. Il était jeune, mais son œil vif et son beau visage ne trahissait en rien une quelconque méconnaissance. Il avait été choisit par Duncan du Lys en personne, et elle devait lui accorder qu'il s'agissait d'un très bon choix. « Messieurs, vous n'êtes pas sans savoir que l'Alonnan jouit d'une économie balbutiante de part son enclavement et le manque d'investissement des précédents barons. Son Honneur se fait fort de mettre un terme à cela, et dès la fonte des neiges, de grands travaux seront entrepris pour aménager le fleuve. Aujourd'hui privés de sa bienfaisance, nous allons – si la Damedieu nous l'accorde – agrandir le port d'Alonna et rendre le transports de marchandises de Serramire à la Nanie plus sûr. En accord avec son Excellence de Brochant, trois belles gabarres sillonneront  dès que possible les eaux tumultueuses. Aujourd'hui nous vous avons rassemblés, enginieurs, questeurs, ministres, et corporations pour trouver le plus bel esprit ; a quiconque trouvera les meilleurs solutions pour minimiser les coûts de construction, fabriquer les plans, les machines, a ceux qui sauront œuvrer pour leur terre nous leur offriront une part belle dans le juteux marché qui s'ouvre céans ». Un chuchotis gronda, presque unanime tandis qu'attendait patiemment la baronne. Il n'y avait pas meilleur moyen de tirer le bon que de mettre ces braves gens dans un étau où pendait une délicieuse carotte au bout.
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Faeron Savarius
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MessageSujet: Re: En attendant la débâcle [Alanya]   En attendant la débâcle [Alanya] I_icon_minitimeLun 28 Aoû 2017 - 23:56


Naturellement de Neuville n’était pas de ceux qui se laissaient aisément impressionner, mais l’assemblée était tout de même d’une certaine importance et le jeune homme n’était pas très à l’aise en politique. L’entreprise de la baronne n’était pas dénuée de risque et n’était pas simple. Il n’était jamais simple de se lancer dans des grands travaux car les personnes étaient souvent très intéressées pour trouver un moyen de récupérer dans leurs poches leurs taxes et celles des autres. Trouver des personnes dignes de confiance pour mener à bien des travaux de cette nature n’était pas simple, car nombreux étaient ceux décidés à tirer grand profit d’une débauche de moyen de la part de la baronnie. Les grands travaux étaient souvent le lieu des excès dans les prix demandés. Il en était toujours ainsi.

A l’annonce de Galainier l’assemblée resta dans un premier temps sans rien dire. Visiblement des personnes avaient été plus informées que Jean sur les plans de la baronne ce jour car ils étaient venus avec des serviettes de document dont les parchemins recelaient certainement de nombreuses idées préparées la veille.

Un groupe d’homme demanda la parole. Il s’agissait de commerçants connus de la ville. De ceux qui étaient les éléphants dans la salle. Ils avaient préparé un grand discours visiblement sur les bienfaits de ce projet de la part de la baronne et de son ministre. Ils avaient également préparé quelques cartes assez étonnantes de précision, visiblement avaient-ils travaillé depuis quelques temps sur la chose. Leur idée était de creuser un canal parallèle au lit de la rivière en s’appuyant sur une digue en bordure de l’imposante rivière.

L’exposé était convainquant, les travaux eux, étaient pharaoniques dans l’esprit de Jean. Beaucoup autour de la pièce jazzaient et personne ne disait rien. Jean lui n’était aucunement convaincu du plan. Mais il ne se sentait que peu concerné par la phase de travaux, et pour cause, son commerce était un utilisateur final du plan, mais certes pas de ceux qui allaient grandement participer à la construction. Tout au plus vendrait-il peut-être quelques matières premières ? Mais pas bien plus… Son fonds de commerce tournait sur un certain cœur de métier, il n’allait pas l’abandonner pour se lancer dans la construction civile.

Il regardait donc la chose d’un air détaché mais écouta avec attention ce que ce groupe de doctes personnes avaient à dire. Vint un moment de l’exposé ou l’on expliqua qu’à plusieurs endroit d’onéreuses écluses seraient nécessaire pour permettre le déplacement des navires le long de certaines pentes. Jean fit la grimace mais n’ajouta rien. Ce n’est que lorsque le parchemin de plan arriva entre ses mains (il tournait dans la salle à l’initiative du groupe de constructeur) qu’il ne put retenir un rire qui ne dura qu’une petite seconde. Il plaça sa main sur sa bouche tout en regardant autour de lui en rougissant légèrement.

Mais le mal était fait, presque l’intégralité de l’assemblée le pointait d’un regard interrogatif, se demandant ce que le jeune homme trouvait de si drôle au plan d’écluses. L’interlocuteur principal, que Jean connaissait de loin et qui était le principal architecte de la ville, darda son regard sur Jean.


«  - Quelque chose de drôle de Neuville ?

- Excusez-moi… J’ai dû me tromper.

- Vous m’avez interrompu devant Son Honneur et visiblement mes plans vous pourfendes de rire, vous me devez l’honneur d’une explication.

- Je vous assure que cela n’en vaut pas la peine. J’ai dû me tromper.

- Levez-vous donc et expliquez-nous jeune homme. A moins que votre rire soit lié au fait que vous préférez-vous amuser que de réfléchir aux problèmes de Son Honneur. »


La chose avait été dite avec le ton supérieur d’une personne sûre de son fait et ayant décidé d’humilier en public le petit jeune qui avait osé se moquer de lui. Jean rougit quelque peu de plus, il n’était pas du genre à se laisser faire mais il n’était pas un homme de conflit pour ce genre de sournoiserie. Il préférait généralement laisser filer. Mais là il le cherchait vraiment. Et devant tant de monde… Et puis zut… En plus les ronds de jambe de l’homme l’énervait. Jean se leva, sûr de lui et affronta le regard de l’homme sans sourciller.


«  - Je n’ai pas la connaissance de l’arithmétique de M. de Selinier loin de là. Je suis un homme qui a appris à mener les bœufs le long d’un fleuve et pour moi, un sou est un sou. Je n’ai aucun intérêt dans ces constructions si ce n’est que mon fonds de commerce utilisera un jour ces voies sans aucun doute.

Je ne suis pas un architecte ou un ingénieur comme M. de Selinier, mais je connais ce versant de la rivière pour l’avoir pratiqué des dizaines de fois. Le problème n’est pas le dénivelé, c’est la vitesse du courant dans les boucles du fleuve qui est imprévisible d’un lieu à l’autre et d’une saison à l’autre. M. de Selinier devra m’expliquer pourquoi il vous propose de construire un canal qui nécessitera des années de travaux et des écluses ridicules quand on pourrait simplement imaginer placer des seuils à des endroits bien placés de la rivière…

Je regrette que nous n’ayons pas un homme familier de ce genre de techniques dans l’assemblée. Le Garnaad en est recouvert, tout comme l’Olyia à l’approche de Thaar. Et cela marche parfaitement pour permettre une augmentation de la hauteur de lame et le passage des barges dans les endroits pour le moment impraticables… J'ai eu cette réaction M. de Selinier car j’imaginais le temps que j’allais gagner sur mes concurrents utilisant vos écluses en passant par la rivière… »


Et il se rassit. Laissant la salle pantoise qu’un jeune homme dont le travail consistait à faire tirer des bœufs et des chevaux le long de rivières et à entreposer des marchandises puisse damer le pion à M. de Selinier dont la face était maintenant devenu plus rouge que le cuivre. Jean ne souhaitait pas se faire remarquer plus que cela, il rendit les plans à son voisin et se contenta de regarder ses mains tandis que le de Selinier essayait par milles circonvolutions d’expliquer pourquoi son plan était tout de même pas si idiot.
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MessageSujet: Re: En attendant la débâcle [Alanya]   En attendant la débâcle [Alanya] I_icon_minitimeMar 29 Aoû 2017 - 14:52

Chacun jacassait de bon cœur, allant de son commentaire, de sa critique ou continuant une conversation badine entamée avant le début de ce drôle de rassemblement. Pour l'heure, la baronne demeurait silencieuse ; non pas qu'elle n'avait rien à leur dire mais elle observait avec un œil acéré les convives. Dès lors, certains lui avaient parus trop inutiles ; ils se contentaient de mater la scène le regard vide, tentant vainement de se raccrocher à quelques discussions plus vives. Ces gens-là n'avaient aucun talent ; du moins pas de ceux qu'elle convoitait avec une pareille attablée. Elle ne souhaitait pas seulement de bons esprits, elle voulait les meilleurs qui soient. Si d'autres avaient déjà pleinement acquis sa confiance, il restait dans ce panier de vipères des têtes d'un temps révolu, des vestiges de Constance qu'elle n'avait eu cœur à faire tomber. Ces braves gars après tout se fichaient bien qu'il s'agisse d'une famille ou d'une autre du moment qu'il gardait la tête sur les épaules et leur emploi auprès de la cour. Le discours qui était servit là, on l'en avait gavé des jours plus tôt, à grand renfort de plans et de jolies promesses. Mais elle ne pouvait prétendre à être menuisière, pas plus qu'architecte. Si elle possédait quelques notions de base, sa connaissance trouvait rapidement sa limite et c'était bien là ce qui l'embêtait alors : l'ignorance menait bien trop souvent à la crédulité. Que monsieur Fontran lui soutienne par trois fois la grandeur de ses calculs, la brillance de ses projets et croquis, elle n'en trouverait pas pour autant la véracité.

Alors, lorsqu'elle s'était rendue à l'évidence, elle avait envoyé des papiers à tous ceux qui avaient un temps soit peu de la renommée sur sa terre. Parfois il s'agissait de réel populace : Guy le Charpentier – si bien nommé – lui avait été recommandé par une lavandière au détour d'une conversation. Alors se mêlait là un drôle d'attroupement entre les bourgeois, les nobles et la gueusaille. Elle ne s'en inquiétait point cela dit : il apparaîtrait bien assez tôt la raison d'un pareil attroupement. L'émulation de ces braves donnerait sans doute aucun le meilleur de ce qu'elle pouvait attendre. Peut-être que ses conseillers ne lui avaient point mentit, mais la plupart étaient âgés, dépassés par le nouveau vent qui soufflait sur l'Alonnan – alors s'ils résolvaient bien le problème d'Alanya, la méthode elle devait laisser à désirer. Car voilà ce que souhaitait vraiment la belle céans : elle voulait de l'innovation, du neuf. Les choses stagnaient bien trop, ce qui empêchait l'expansion économique et politique de la Clef de Voûte du Nord. Si ces choses n'étaient pas changés sous peu, alors son règne ressemblerait par mille fois trop à ceux de ses prédécesseurs : prospère, certes, mais sans réelle utilité. Peut-être que son ambition marquerait à jamais l'Histoire du Royaume, du moins l'espérait-elle au plus profond d'elle-même.

Son attention se porta finalement vers un jeune homme. Son sourire et son aplomb attiraient sans conteste l’œil. Il était jeune, fringuant. Certainement de la petite bourgeoisie, pour autant il semblait avoir connu le labeur. Ses cheveux châtains encadraient un visage sympathique aux prunelles vives, passant d'un convive à l'autre avec rapidité. Sa témérité – peut-être un peu trop au goût de monsieur de Selinier – lui causa une réprimande bien méritée. Mais le brave ne se démonta pas, et poursuivit alors que les gens autour se firent plus discrets. Pour sûr, cet homme là avait de l'esprit et si les marchands et corporations ayant déjà appuyés le projet auraient préféré qu'il se taise, la baronne le laissa poursuivre. C'était une vision intéressante que personne n'avait osé lui soumettre encore. Personne sauf lui. Un regard vers le Prime Ministre de la Chancellerie fit hocher la tête à ce dernier ; lui aussi approuvait ce que le garçon déclamait sans pudeur ici. Alanya se leva, souriante.

« Eh bien ! Monsieur de Selinier, laissez donc ce jeune homme s'exprimer. Ne sommes-nous pas là pour que vos plans soient si justement repris au besoin par les plus fins esprits de l'Alonnan ? Alors maintenant, reprenez vote place ». Si sa voix était calme, l'ordre était sans appel. Il marmonna un brin dans sa barbe, mais elle ne su entendre ce qu'il avait à dire – et à vrai dire, elle s'en ficha. « Bien mon brave. Présentez-vous et dîtes-en nous davantage sur ces seuils. Si vous connaissez aussi bien notre fleuve que vous semblez le dire, que préconisez-vous ? Allons, ne soyez pas timide, je veux en entendre plus. Ces messieurs ici présents seront à même de nous dire si votre exposé est irréaliste – ou non ».
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MessageSujet: Re: En attendant la débâcle [Alanya]   En attendant la débâcle [Alanya] I_icon_minitimeLun 4 Sep 2017 - 23:15

Jean s’était rassit avec la ferme intention de ne plus faire parler de lui. Mais visiblement le destin en voulut autrement. Après qu’il eut donné une réponse aussi assurée qu’acérée à ce de Selinier il pensait en avoir fini pour la soirée. Sans aucun doute se ferait-il rabrouer d’une quelconque manière par les ‘grands’ de cette pièce. Mais au moins avait-il montré à ses collaborateurs et ceux faisant partie de ses concurrents ou partenaires qu’il n’était pas sans une certaine confiance. En commerce comme dans beaucoup de métier, l’assurance était un gage d’une certaine vigueur.

Aussi s’était-il rassit avec l’intention de ne pas en ajouter beaucoup plus et de laisser la suite des injures qui allaient certainement pleuvoir passer comme la pluie sur le plumage des canards. Mais la maitresse des lieux en voulut autrement car on l’encouragea, et pire, on lui demanda des explications supplémentaires sur ce qu’il envisageait.


« - Ma Dame, je suis Jean de Neuville, pour vous servir. Je représente les intérêts des Entrepôts nordiques. Un commerce que mes aïeux ont fondé et dont je suis le gérant et non plus le propriétaire. Les entrepôts nordiques sont un commerce de halage et d’entrepôts sur et autour des rivières de notre beau pays. Les entrepôts nordiques sont un petit commerce à l’échelle des augustes personnes présentes dans cette pièce et appartiennent aux commerces de M. Savarius, un négociant de l’Ithri Vaan. Son nom doit vous être inconnu mais certains dans cette pièce doivent le connaitre de réputation.

Ma famille et en particulier mon père ont toujours trouvé en Thaar un lieu de villégiature et de curiosité exotiques. Leurs méthodes sont parfois barbares, mais pour certaines choses ces gens recèlent d’une très grande ingéniosité. Et je puis vous affirmer qu’ils connaissent leur affaire lorsqu’il s’agit de navigation, y compris fluviale. L’appât du gain est trop grand pour ces gens-là pour que les fleuves leurs fassent obstacles.

Ainsi Thaar - ou plutôt ses riches marchands - a-t-elle depuis longtemps décidé de rendre l’Oliya navigable jusqu’à Sol’Dorn. L’Oliya dans ces contrées est large et lente. Elle n’a que peu de dénivelé. En cela la situation est comparable avec l’étendue fluviale qui nous préoccupe. Pour s’éviter de couteuses constructions les thaaris ont fait construire des seuils, qui sont des retenues d’eaux très simples soit en bois soit si l’on en a les moyens en roches. Ces seuils retiennent l’eau en des endroits stratégiques, en aval d’anciens rapides, et permettent de constituer en lieu et place des rapides une étendue d’eau calme.

Cette méthode est également utilisée dans le sud et le centre de la péninsule pour alimenter des moulins. L’idée très intéligente des Thaaris est d’utiliser ces seuils pour constituer plusieurs zones à la suite d’eau calme et lente et de canaliser le courant sur un côté donné de la rivière. Habituellement, et pour améliorer la situation, le seuil est plus large que le lit mineur de la rivière, ce qui oblige la rivière à s’élargir. Dans l’espace le plus lointain de la zone où est canalisée le courant principal, un canal plus large est ouvert avec des seuils intermédiaires moins hauts.

Dans ces conditions les barges peuvent sans aucun souci être halées sur ce côté le moins rapide. C’est un moyen très rapide et très peu couteux de canaliser les rivières car nous pouvons nous concentrer sur les parties problématiques et laisser le reste en plan. Pour être tout à fait honnête dans mon exposé, il faut tout de fois noter qu’en cas de crue, la rivière peut être rendue impropre à la navigation avec ces seuils le temps de la crue. Mais cela est également vrai du projet de M. de Selinier. »
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