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 Épopées hivernales : Côte est de l'Olienne

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MessageSujet: Épopées hivernales : Côte est de l'Olienne   Épopées hivernales : Côte est de l'Olienne I_icon_minitimeLun 7 Aoû 2017 - 9:17


1ere ennéade de Favrius, an 10, Cycle XI.


Le sifflement sourd du vent était devenu habituel depuis bien des ennéades maintenant. Il sciait les crânes, usait les patiences et vrillait les tympans avec régularité, poussant de lourdes lames d'argent contre la coque des vaisseaux à quai et arrachant une bruine salée des crêtes mises à mal. Sur les docks, c'était devenu comme une pluie aussi continuelle qu'horizontale. Bien sûr, ceux qui se souvenaient du Voile avait toujours ce pilier auquel se raccrocher pour se jurer que l'Oliyenne n'était pas si démontée que ça. Mais les capitaines n'étaient pas fous. La plupart, rendu frileux, ne levaient l'encre qu'à prix d'or payé rubis sur l'ongle. L'appât du gain était aussi avide que la prudence en ce genre de cas.

Et moi, la bouffarde au bec, je me demandais ce que je foutais dans cette ville et à quel point j'avais chié dans la soupe...

Avec un soupire je brandissais mon pouce soudainement orné d'une flammèche pour rallumer une millième fois le tabac rendu humide par l’atmosphère qui collait au visage. Non d'une Chrivine on m'y reprendrait plus ! Il avait fallu que j'accepte cette foutue course au début de l'hiver. Comme si y’avait rien à faire comme boulot à Thaar ! Facile, qu'il disait. Rapide, qu'il disait ! Tu parles ! Près de deux mois plus tard j'étais toujours là à attendre ce plouc de rafiot Mecan qui n'arriverait sans doute jamais.

La contrebande... je vous jure...

Alors comme tous les jours avant de prendre le petit boulot de charretier que j'avais trouvé dans la basse ville, je venais m'installer à l'arrière de l'auberge de la Grosse Mouette, avec vu sur un quai emporté par une vague à peu près cinq à ennéades de ça et option embruns. La tête au repos, je pensais au pactole et respirais un coup de bonne médecine, le dos appuyé contre ma dernière possession dans ce monde de merde.

... Possession que je mourrais d'envie de connaitre d'ailleurs.

Un jour. Deux jours. Une ennéade. Puis deux. Puis trois. Puis dix. Et toujours cette curiosité. J'avais réussi la moitié de ma mission. J'avais chouré le coffre et j'étais parti avec aussi loin que possible en laissant derrière moi un amas de cendres. Mais j'avais aussi eu un supplément pour ne pas poser de questions ni ouvrir la marchandise. Une ou deux fois, j'avais bien cru sentir un truc sursauter dans ce coffre haut comme mon buste et large comme mes épaules, mais jamais de certitude. A force, c'était devenu comme une vieille démangeaison qu'on se retient de gratter.

Je tirais un nouveau coup sur ma bouffarde pour constater que le vent et l'eau l'avaient encore éteinte.

Au moins j'aurais pas mal voyagé cette année. Même si... Un sursaut me remis sur pied. Je fronçais les sourcils en m'approchant de la brèche par laquelle je pouvais voir l'océan. Sur le fond de ciel blanc-gris, une masse de nuage ronde semblait descendre peu à peu vers la surface de la mer grise-blanche. C'était marrant tiens...

" Hey ! Toph ! Tristan m'a dit que la Giboise est à quai ! "

Je regardais mon cothurne sortir la tête par la fenêtre au-dessus de moi d'un œil dubitatif jusqu'à ce que la réalité frappe un grand coup de talon dans mon cerveau et enclenche un rire à la limite de l'hystérie.

" ...ça va ?
- JE ME CASSE ! "





MARRANT ! JE M'EN FOUTRAIS DES MARRANTS !

Recroquevillé autour de mon coffre, les yeux fermés, la mâchoire crispée sur la hampe de ma pipe et le bide serré par un cordage qui me sciait la taille, je priais toutes les divinités que je connaissais. Le capitaine avait dit que c'était les vents chauds des pays zurthans qui créaient des dépressions. Je ne savais pas que le ciel aussi pouvait déprimer. Mais surtout : JE SAIS MÊME PAS OU C'EST LA ZURTHANIE, MOI ! Et aucune de ses étranges explications d'homme de lettres changeait ma dure réalité à moi : une saloperie de tornade se formait et elle nous talonnait dangereusement.

Le courant nous tirait vers l'arrière et la cadence des rameurs improvisés sur cette embarcation à voile avaient du mal à nous faire avancer dans le bon sens. Le vent hurlait. Le bois grinçait. J'étais sûr d'une chose : si je me sortais de celle-là, j'arrêtais la truande et je me faisais moine !

Des cris. Des ordres. Un rythme sourd donné par un tambour. Et soudain tout ce qui n'était pas déjà chaotique sombra dans une folie pure. Balloté sur la coque de noix, hurlant à pleins poumons d'une voix de pucelle. J'aurais juré que le bateau se levait à la verticale alors que je roulais jusqu'au bastingage, retenu par le fil que jamais à la taille juste au moment de passer par-dessus bord. Plus de bas. Plus de haut. Plus de repère. De l'eau. Du sel pour me brûler les yeux. Ma tête heurta violemment quelque chose. Plus de sons non plus.

Un hurlement inhumain enfla dans le ciel par-dessus le vent, la mer et les voix. Je réussissais à grand peine à ouvrir les yeux à demi. Je peinais à rester conscient. Pourtant rien n'aurait pu me faire refermer les paupières à cet instant précis. Mon sang se figea dans mes veines. Devant moi, faisant un pont entre ciel et mer, une colossale masse bleue s'étirait à l'infinie. Au bout d'une tête terrible rendue flou par mes piètres mirettes, des dents interminables. Mais par-dessus tout, des yeux. Immenses. Pénétrants. Abyssaux.

Qui me fixaient.

Épopées hivernales : Côte est de l'Olienne Wagyl10

La bête jeta un nouveau cri.

Je réalisais soudain que j'avais lâché le coffre. Mes yeux furent happés par sa chute. Il éclata contre le pied d'un scorpion. La serrure sauta. Une forme vaguement ronde, lisse comme un œuf et grand comme ma tête s’échappa du couvercle malmené, rebondit sur le pont et roula par un trou du bastingage sensé laisser ressortir l'eau sans que j'esquisse le moindre geste. Et moi je ne me souviens plus bien de reste. Difficile de décrire une scène lorsqu'on est occupé à sucrer les fraises.

Je me suis réveillé quatre jours plus tard, dans un dispensaire à la gloire de Néera dans une cité portuaire de la côte oliyenne, pour m'entendre dire que la tornade avait flirter avec toute la cote de l'Aduram à Nisetis. On l'avait vu passer partout. Dépendant des endroits, elle avait été assez proche pour faire des dégâts sur le bord de mer ou suffisamment loin pour que les dockers lui fassent un signe de la main en plaisantant. La nonne aussi me parla de dépression. Mais celle du printemps cette fois. Soit disant que la chaleur printanière faisait des trucs bizarres avec les alizés.

Retrouvé sur la plage qu'ils disaient.

En tout cas, sacrée année que j'aurais passée. Pour la première fois, je voyais du gel. Et maintenant que le soleil réchauffait timidement tout ça, on peut voir que pour les plantes aussi c'était une première... J'avais donc appris par la même occasion que les animaux n'étaient pas les seuls à pouvoir mourir de froid et je me mettais à espérer que les cultivateurs avaient prévu le coup. J'avais déjà dû me résoudre à manger mes semelles bouillies dans de l'eau une fois ou deux dans ma vie, et bah franchement, c'était pas une sinécure. En tout cas, nous on n’avait pas à craindre le débordement de l'Oliya. Paraissait qu'à certains endroits c'était moche, mais les rumeurs, vous savez...

Avec toute cette eau, ça fait trois jours qu'on fait rites sur rites pour calmer la Voilée. Ce matin, le prêtre a même accepté de m'apprendre à lire le temps que je me remette. Faut croire que je vais vraiment finir par devenir moine... Par contre, le Wagyl, ça il semblerait que je sois le seul à l'avoir vu...

_________________
Ombre fugace
Maître de ton destin

-Crédits de l'avatar: ETERNAL RETURN - Art of pierre / Alain D.
Site de l'artiste: http://www.3mmi.org/v9/
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