Depuis l’œil du plus haut des géants, l'archonte guettait le premier éclat de ce jour nouveau. Pour Lypenzio, pour toute sa terre. Une langue de feu s'en venait dévorer l'horizon déjà, noyer les cieux de sang bientôt, éclabousser les plaines vierges, teinter les eaux paisibles de l'Avine. Quelque chose dans cette vision le troublait. - Messer ! Voilà qu'on se mettait à martyriser l'huis de la chambrette tout par un coup ! - Allons bon faut-il qu'on assiège ma turne comme la porte d'un castel maint'nant ? Bah ram'nez un bélier tant qu'z'y êtes la prochaine fois ! cancorna-t-on en retour, tout grognon de s'être vu ainsi coupé en plein milieu de ses songeries (qui s'annonçaient complètement drama). - Une missive relayée depuis Marcalm, venue d'Ydril même ! déclamait l'estafette, manifestement pas peu fière de son paquet, sa face toute illuminée paraissant dans l'ouverture. Après un sourire, Altiom eut un soupir. Et un merci. Il tendit la patte qu'on lui tende le rouleau, et s'enferma dans ses quartiers. Cette casatorre, servant tant de logis seigneurial que de tour de surveillance ou de petite place forte, lui laissait au moins le répit de la solitude, l'élevant loin au dessus du chambard d'en-deçà, où l'on faisait bombance et s'esbaudissait bien grassement suite à la victoire. Ici quelques rares beuglées venaient encore mourir en échos sous ses baies, mais cela était doux. Des murmures d'allégresse, assez proches pour le toucher, assez lointains pour l’épargner. Le suderon se reposta à sa tablée, sous sa fenêtre géminée, une chandelle de suif ardant vaillamment à ses côtés. Les rapports de l'Œil, les inventaires d'entrepôts du bourg, l'état des greniers, une estimation des pertes, tout cela il l'écarta d'une paluche fébrile. Déplia le petit parchemin, un instant incertain, d'abord, et puis l'étira pleinement sous ses yeux. Et s'affaissa sous sa lecture. Qu'elle était froide, cette lettre, qu'elle était dure. Qu'elle était cruelle. Pourtant elle était amie, ses mots tracés d'une main chérie qu'il ne saurait meurtrir jamais. Ainsi il ne sentit nulle colère, nul ressentiment poindre et enflammer son poitrail. Qu'importe la défiance et la sévérité de ses dires, elle restait une part de son sang, une part de lui. Il fut peiné, certes, mais ce fut tout, car l'aimant trop pour lui nuire, il s'entêterait, qu'importe si cela devait sceller sa fin.
HRP:
Débutant juste après la prise de Lypenzio, ce rp développera la relation entre Al et Tiom comme elle aurait dû être jouée, histoire qu'on débarque pas en plein rp d'épilogue avec nos deux zigotos devenus des fuckin bestaaaa4evaaaaa par magie alors qu'ils sont encore à deux doigts de se bouffer le pif dans les derniers posts écrits jusque-là. (Accessoirement ça fait baisser la pression sur les joueurs de ladite baston de Lypenzio niveau deadline).
Dernière édition par Altiom d'Ydril le Mer 3 Jan 2018 - 3:54, édité 1 fois (Raison : EAURTEAUGRAF)
Aléandra di Systolie
Humain
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Sujet: Re: [L'Hydre, l'Épée et le Dragon] Abysses et empyrée Lun 1 Jan 2018 - 18:21
-Il a pris Lypenzio. -Je sais..
La réponse fût sèche. Depuis ces derniers jours, Aléandra s’était enfermée dans une humeur morose, froide et distante. Sans doute pour ne pas craquer. A peine avait-il débarqué à Marcalm qu’Altiom avait pris Lypenzio, et que son fidèle acolyte marchait vers Valmero. Que faire ? Et tandis qu’elle relisait encore et encore la nouvelle lettre d’Altiom, elle se creusait la tête pour se décider. Mais la réponse ne se trouvait-elle pas dans la lettre ? Agir.
-Il y est encore votre Grandeur.
Cette fois-ci elle daigna lever les yeux de son épître et regarda Scipion Barutoliussi qui attendait d’elle une once de réaction. Agir. « Il me faut maintenant laisser les actes parler. » Si son cousin voulait des actes, il en aurait.
-Vou suggérez que nous allions l’y arrêter ? demanda-t-elle dans un ton on ne plus sérieux. Agir. Ce mot ne quittait plus son esprit. Elle avait peur de se lancer dans une guerre, seule, car au milieu de cette foule de nobles et de généraux en herbe, qui était réellement proche d’elle ? Et d’un autre côté, l’excitation la prenait dans son étau, enfin ressemblerait-elle à un héros de ces histoires qu’elle aimait lire.
-Oui, votre Grandeur. S’il est véritablement la cause de tout ceci, alors autant l’avoir du premier coup.
La lettre tomba de ses mains. Bien qu’elle avait le dernier mot, elle savait au fond qu’elle ne pouvait plus reculer. Elle se tourna vers son autre conseiller militaire comme pour se confirmer à elle-même ce qu’elle connaissait déjà :
-Et vous, qu’en pensez-vous?
-Nos navires sont prêts votre Grandeur. répondit fièrement Augusto di Fannozia, qui s’était bien arrangé pour que les choses en soient ainsi. La mer, ils avaient ça dans le sang ces Fannozia. Gouvernant l’île du même nom, ils avaient fourni au comté de nombreux marins et capitaines respectables. En choisissant le fils d’Ernesto di Fannozia, on pourrait presque croire que toutes les générations de cette glorieuse famille offriraient leur amiral, car de son père, il restait encore aujourd’hui le surnom de Flot-Vogueur.
-Bien, ainsi soit-il. Nous marcherons sur Lypenzio, nous négocierons. Si mon cher cousin refuse notre généreuse offre de parlementer, nous l’écraserons dans cette ville. Une pointe de colère s’était glissé dans sa voix, néanmoins, la simple pensée de tuer le dernier membre ydrilote de sa famille l’offusquait. Mais elle ne pouvait le dire. Et il fallait désormais écrire.
Altiom d'Ydril
Humain
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Sujet: Re: [L'Hydre, l'Épée et le Dragon] Abysses et empyrée Lun 1 Jan 2018 - 18:50
Arcamenel de la quatrième ennéade du mois de Favriüs vernal de la dixième année du onzième cycle.
Sous ses caresses elle tremblait, sous les siennes il restait insensible, comme un corps mort dans sa gangue. Jambes enlacées, bras enserrés, ils pouvaient encore s'oublier l'un à l'autre, mais ses membres lassés, son cœur harassé bientôt lui faisaient délaisser l'amante assouvie. Affamé de tendresse, lui ne savait plus que donner sans recevoir, sa chair sans vie lui dictant la caresse d'un souffle, la douceur d'un sein, la fournaise d'entrailles de femme, sans qu'il ne les ressente plus. Accordant dans un râle éreinté le dernier élan à s'amie, il s'extirpait déjà des linceuls poisseux, fuyant presque dans la pénombre lunaire. Il était des instants comme celui-ci, au creux des nuits noires, où la mélancolie le gagnait, où sa guerre ne suffisait plus à lui obnubiler l'esprit, où se réveillaient toutes les peines enfouies, et se révélait à ses yeux toute l'ampleur de la ruine qu'il avait apportée au monde. Sa pénitence il ne la portait pas dans ses chairs, pas dans ce supplice divin que rendait plus brutal encore son refus d'y céder, non. Sa malédiction n'était rien devant la véritable horreur, celle qui s'en venait avec la solitude et l'inaction, le sommeil et les cauchemars, celle de sa faute. Car pour la vie d'un roy, pour laver l'affront, légions d'autres furent prises. Disparues dans les eaux gelées, perdues dans les blizzards nordiques, dévorées par le plus désastreux hiver de mémoire d'homme. Et tout cela était de son fait. Prostré contre un mur, il avait erré au hasard des rais de lunes et lueurs de chandelles dans la chambrée, incapable de se calmer, de comprendre même ce qu'il faisait, ce qu'il cherchait ça et là. Une pulsion, un besoin de réparer, préserver ce qu'il n'avait pas encore détruit le prit soudain, sous le poids des milliers, des innombrables qu'il avait condamnés. Il faisait la guerre pour la paix, tuait pour sauver, conquérait pour libérer, rien de tout cela n'avait plus le moindre sens, il aurait défait son œuvre dans l'instant, mais l'on arrêtait pas un pareil déferlement d'hommes et de rage. S'attablant précipitamment, senestre crispée sur sa tempe, il rassembla de quoi répondre à la dernière épître de sa cousine. Il lui fallait trouver un sens, trouver des mots, trouver du vrai dans toute cette folie, avant qu'elle ne finisse par le gagner lui aussi.
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Sujet: Re: [L'Hydre, l'Épée et le Dragon] Abysses et empyrée