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| Conjuguer les possibles [Ouvert] | |
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Faeron Savarius Sang-mêlé
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| Sujet: Conjuguer les possibles [Ouvert] Mer 24 Jan 2018 - 22:43 | |
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Conjuguer les possibles "Athlète valeureux qui remporte la palme, Le navire s’arrête au fond d’une anse calme, Que le rivage ceint, comme un bras arrondi Ceint l’urne de cristal. Du chêne reverdi Se reflète dans l’ombre une tremblante image. Mille petits oiseaux, au chatoyant plumage, Ornent comme des fleurs les feuillages touffus. Et, du fond des forêts, cris, chants et bruits confus S’élèvent, tout à coup, pour saluer les hôtes Que le ciel a conduits sur ces lointaines côtes."
Milieu de la seconde énnéade de Barkios dans la dixième année du onzième cycle Bourgade de Meca, sur l'île de Meca
L’île de Meca : une grande étendue de lande jetée en plein océan d’Eris entourant une montagne aux frontons sévères. Depuis bien des générations l’insolente étendue de rocaille faisait face aux flots furieux de l’océan et faisait également face à l’autorité d’une Péninsule dont la proximité ne se faisait pas sentir.
Cette terre imbibée d’innombrables légendes et de bien des sacrifices changeait d’aspect tandis que l’on s’en approchait. Quoi que l’on puisse penser de ses habitants, qui avaient élevé au fil des siècles la flibuste au rang d’art, ce qui saisissait le voyageur suffisamment fou pour se rendre sur l’île était la grande diversité des couleurs qu’elle offrait au regard et le grand changement que l’on pouvait constater entre la vision proche du rivage et les terres plus reculées. A une demi-lieue des côtes, les terres étaient couvertes de bois, sur la teinte sombre desquels tranchait le sable grisâtre de la plage. Ces forêts laissaient émerger çà et là de grands arbres dont les espèces étaient délicates à cerner depuis l’océan. Ils se regroupaient parfois en bosquets. Faire le tour de l’île pouvait prendre jusqu’à un jour complet de navire, surtout avec les mauvais vents, ce qui donnait une idée de la taille non négligeable de ce bout de terre.
Toutes les hauteurs qui dominent l’île se regroupent en son centre et bien que l’on y retrouve la forme générale d’une montagne telle qu’on pouvait en voir dans le nord ou le centre du continent, il s’agissait tout de même pour la plupart des sommets de formes bizarres, dont on pouvait se douter que le vent du large avait largement sculpté. Comme souvent dans cet océan d’Eris bien plus froid que la mer Olienne, les rochers étaient nus de toute végétation partout où ils émergeaient, signe de la lente détérioration du climat tandis que l’on s’enfonçait dans l’océan d’Eris.
La ville de Meca, qui était bien plus un grand bourg portuaire, avait pris le même nom que le reste de l’île. Le reste de l’île était presque inhabité en dehors de quelques villages de seconde importance qui accueillait principalement des lainiers qui se reconvertissaient en naufrageurs à la nuit tombée. Beaucoup étaient d’anciens pirates en ‘retraite’. Comme pour la plupart leurs têtes étaient mises à prix à un endroit ou à un autre du monde civilisé, ils se retrouvaient échoués sur cette île.
Le bourg de Meca quant à lui se trouvait enserré dans une anse que formait naturellement l’île et qui se composait d’une sorte de grosse pile de rochers entassés en amphithéâtre. Le spectacle aurait été joli s’il n’avait pas été l’écrin pour un petit bourg dont le nom seul faisait frémir l’essentiel des honnêtes gens. Ce lieu de perdition était une sorte de havre où les pirates des deux mers se retrouvaient pour relâche. Une paix relative existait entre eux en ces lieux. Une sorte de code de conduite forgé par le besoin de trouver une base d’opération et un lieu d’échange et de monnayage des richesses capturés illégalement par les équipages.
Au centre de cet équilibre fragile régnait un pirate en particulier dont le navire mouillait à présent presque en permanence dans le port. Ce dernier disposait plus ou moins de l’autorité suprême dans la ville, pour cause la violence dont il avait pu faire preuve avait suffi à le faire craindre de chacun. S’il n’avait pas l’autorité totale sur la piraterie, tout du moins avait-il une autorité relative, ce qui était déjà beaucoup. Arbitre des problèmes graves pouvant subvenir dans la ville, certains chroniqueurs de Péninsule l’avaient rondement surnommé ‘le roi des pirates’. Titre fantoche et n’ayant aucune réalité propre, mais ayant provoqué le simple fait que l’homme était recherché de toutes les flottes Péninsulaires – tout du moins à l’époque ou ces flottes existaient réellement-.
Pourtant la violence était omni présente à Meca et beaucoup d’affaires tournaient aux meurtres. La loi n’avait pas cours, mais le respect en revanche oui.
Et un autre homme qui avait attiré le respect dans ces lieux, un homme diamétralement opposé, était Jean le Borgne… L’homme avait été un contrebandier parmi les plus connus de son temps. Et un joueur invétéré. Au-delà de ses vices, c’était un commerçant roublard et ayant une expérience à nulle autre comparable. A ce titre il était devenu l’un des principaux piliers de la vie de la bourgade. Pour cause il était l’heureux possesseur de l’établissement général faisant face aux quais de la ville. On pouvait y échanger contre menue finance l’essentiel des choses dont un pirate pouvait avoir besoin, des cordages au armes, de la bière à des esclaves. Cette culture du bazar, Jean l’avait ramené de ses nombreux voyages en Ithri’Vaan où il avait officié comme contrebandier pendant des dizaines d’année…
Il avait d’ailleurs tant profité de ses années Thaari qu’il avait fini par s’endetter aux jeux à un point où tous les subterfuges du monde et toutes les épées ne parvenaient plus à le protéger de ses dettes. Il avait trouvé finalement une retraite paisible et les moyens de racheter cet établissement en allant se faire racheter ses dettes par le principal usurier de la ville, un certain Faeron Savarius… Chacun à Meca connaissait les ficelles qui dépassaient des manches de Jean le borgne. Mais ses liens avec l’usurier et armateurs n’avait jamais influé le fait qu’il achetait et vendait à tous ceux qui payaient et ne tentaient pas de le tuer ou l’arnaquer, sans regarder plus loin ou poser de question. L’auberge attenante était également la seule où trouver des repas et des alcools allant d’une qualité digne d’un prince jusqu’à des prix pouvant permettre même à un singe de se payer un coup à boire.
Et à Meca, la concurrence n’était pas non plus très grande sur ce segment de marché. Outre le fait que les paillasses étaient propres, il y avait également de quoi satisfaire les appétits des mœurs des hommes et des femmes pirates cherchant à remplir leurs couches de jolis et jeunes gens tout en reniflant ou mâchant des épices enivrantes du bout du continent.
Bref… Jean le borgne touchait à tout, et surtout aux commerces qui auraient été interdits partout ailleurs. Si l’on cherchait, on trouvait. Et en étant au centre de ce petit commerce, il faisait passer les informations de primes sur des navires ou pouvaient monnayer des informations venant du continent sur des cargaisons intéressantes. Bizarrement néanmoins, rarement de navire de compagnies Savarius. Mais cela faisait là aussi partie de son fonds de commerce.
L’homme était aussi discret que sa devanture, c'est-à-dire qu’il ne l’était pas. Entre son rire gras et fort, ses quintaux de graisse, ses favoris à rallonges et l’odeur de ses brûles gueules nains, il avait le portrait du contrebandier reconverti aubergiste et détaillant. Plusieurs hommes de main gardaient ses possessions et veillaient également que les filles et les garçons servant aux appétits des clients ne se faisaient pas (trop) brusquer.
En ce moment il n’était pas rare de voir un peu plus de monde qu’à l’accoutumé dans l’auberge, commerce et maison close qu’était l’établissement général. En effet le bruit courait dans toute la ville que Jean le borgne recrutait pour une mission bien payée et avec des dangers mineurs en Olyenne pour le compte d’un grand ponte Thaari. Peut-être le sien d’ailleurs ? Cela il ne le disait pas.
Restait que chacun le savait, et que par conséquent toute personne passant la porte pouvait très bien – en plus de s’enfiler une bière ou une prostituée – s’enquérir de cette fameuse mission qui nécessitait tant d’équipages… D’autant qu’on avait averti qu’elle n’aurait lieu que si un minimum de quarante navires de bien taillés au combat se portaient volontaire… Une telle nouvelle attirerait certainement chaque équipage cherchant un boulot sur place, et peut-être, le fameux ‘roi des pirates’ ?
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| Sujet: Re: Conjuguer les possibles [Ouvert] Ven 26 Jan 2018 - 20:50 | |
| C’est longtemps avant que l’équipage n’ait eu le temps de mouiller le navire que le colosse sauta par-dessus la rambarde du bâtiment pour atterrir lourdement sur le sol du port de Meca. Tous les visages se tournèrent vers lui, mais personne n’osa lui reprocher l’indiscrétion de son arrivée. Les yeux se baissaient même, pour peu que ses prunelles osent trouver d’un peu trop près la direction d’autres regards. Au grand jour il ne souffrait aucune contestation, et si dans les ombres se tramaient quelque complots, restait à espérer pour ceux qui en voudraient véritablement à sa peau qu’aucun des leurs ne voie ses intentions changer au dernier moment, de peur que le Maître de ces lieux ne les lui fassent regretter.
À la faveur de ses six pieds et demi généreusement dépassés, aucun effort n’était nécessaire au géant pour regarder ses comparses de haut, et comme chaque fois qu’il arpentait ces lieux, il en jouait allègrement, se laissant aller jusqu’à poser ses grandes mains calleuses sur le crâne de ceux qu’il ne pouvait se contenter que d’écraser du regard. Plus d’un sur son chemin fut hélé, qu’il s’agisse de faire déguerpir un vermisseau se voulant concurrent ou d’apostropher un camarade de beuverie. Par trois fois il eut l’occasion de couvrir de glaires visqueuses le scalp de trainards n’ayant pas dégagé de son chemin assez vite à son goût, et pour toute réponse ils ne firent que prendre leurs jambes à leur cou. Qui après tout oserait le provoquer ? Oh, c’est qu’en réalité il y en avait… du moins, il y en avait eu.
- Dent d’Wagyl est dans la place les gars !
Si le bruit de portes qui claquent ne suffisait pas, la voix rauque du colosse étouffa la totalité de l’univers sonore de l’auberge, qui plongea d’ailleurs un instant ensuite dans un silence tout relatif. Les premiers sifflements ne tardèrent cependant pas à résonner, puis les cris, et au final, ce fut un concert de chansons paillardes entonnées en même temps dans un désordre sans nom qui fêta l’arrivée du Maître de ces Lieux. Roulant fièrement sa musculeuse carcasse, jouant à l’occasion des pectoraux et des bras au grand bonheur de ces dames, le presque quarantenaire se saisit de la première bouteille de vin à sa convenance – un très bon cru donc – passée à sa portée, et en engloutit d’une traite cinq copieuses gorgées avant de se tourner vers la croupe d’une mignonne bonne femme à la peau d’ébène. C’était celle-là la préférée de Dent de Wagyl, et à la manière dont son visage se distordait en un prétentieux sourire, pendant que sa main libre d’alcool trouvait son entrejambe pour en certifier la copieuse marchandise chaque fois qu’il la croisait… rares étaient ceux qui l’ignoraient. Probablement étais-ce en partie cela d’ailleurs, qui avait permis à la demoiselle d’autant s’affirmer parmi les Mecans. Si au départ la perspective d’une colère de Dent de Wagyl était suffisante à lui assurer sécurité, fort est à penser que celle que le Roi des Pirates n’avait pas pu faire sienne à la force des bras n’en avait plus besoin à présent.
- Hey Le Borgne ! l’homme déclarait fort et sans gêne, s’accaparant l’attention de l’aubergiste au mépris de ceux venus avant lui Paraît-il que t'es sur une mine d'or. J’aurais pensé que t’aurais daigné m’oiseler la nouvelle. C’est que c’pas si évident d’rester au jus qu’on part pêcher le Norkan pour nourrir les fines bouches de c’trou à rat. D’ailleurs le bras du colosse trouve le dos de l’aubergiste, le poussant allègrement en dehors de son propre établissement tu devrais venir voir les dernières bêtes qu’on s’est chopé avec les gars du Hethflin. _________________ Ombre fugace Maître de ton destin -Crédits de l'avatar: ETERNAL RETURN - Art of pierre / Alain D. Site de l'artiste: http://www.3mmi.org/v9/ |
| | | Gwen Fomori
Elfe
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| Sujet: Re: Conjuguer les possibles [Ouvert] Mar 30 Jan 2018 - 19:28 | |
| L’arrivée au port du Songe de Sang se fit comme l’arrivée au port de n’importe quel navire de forbans un brin reconnaissable : sur un quai que les curieux les plus prudents avaient pris soin de laisser libre à la manœuvre, tandis que tout les autres – outres à vins et fier-à-bras – restaient à leurs risques et périls. Meca était une place à part, bien dépourvue de tous les artifices légaux d’un port « civilisé », comme ses frais de stationnement ou sa police portuaire. Ici, le sens commun et l’autorégulation avait préséance. Une zone franche chère au cœur de Gwen Fomori. Un endroit unique que les années lui avait appris à apprécier, malgré la première expérience rude de la jeune esclave qui y avait mis les pieds des années avant la naissance de quasiment tous les habitants actuels. C’était peut-être aussi parce que tout avait changé depuis, qu’elle avait pu y trouver son compte. Oui, Meca était toujours une jungle, mais maintenant qu’elle y était, Gwen Fomori pouvait au moins la qualifier de jungle civilisée, grâce à sa présence.
Fidèle à elle-même, la souveraine du Songe descendit de son royaume flottant accompagnée de sa cour – soit un cul-de-jatte dans une caisse à roulettes et une suivante d’une beauté fanée – et d’un trio de brutes – dont une lui servant d’écuyer – destinées à s’occuper de toutes les basses œuvres à laquelle la capitaine ne daignait même pas prêter attention, comme le fait de s’occuper de tout les individus de basse extraction qui avaient l’outrecuidance de lui adresser la parole avec véhémence ou dans des termes imagés, réclamant tour à tour duel ou faveur sexuelle. C’était leur rendre service, pour la récipiendaire de ces sollicitations, car elle avait bien souvent à mettre un brin trop de passion dans le traitement des demandes. C’était bien souvent effroyable pour l’estomac des témoins comme pour le tissu des robes qu’elle utilisait à terre.
Fidèle à elle-même, toujours, elle se permit une virée à travers la parodie de foire qu’occupaient une partie de contrebandiers, saltimbanques et petits receleurs de la ville. S’y trouvait tout les bibelots que les marchands sérieux n’auraient jamais pensé imaginer vendre – plus par manque de profit que par idéologie –, ce qui donnait un aperçu assez terrifiant des dérives de l’esprit humain, puisque cette définition aurait dû sévèrement limiter le champ des possibles. Malheureusement, il n’en était rien. De là, l’esprit « sain » savait qu’il n’avait rien à faire et qu’il lui valait mieux ne pas s’éterniser là au risque d’être pris pour un badaud égaré que personne ne regretterait. Gwen, elle, y était connue comme une esthète et une expérimentatrice assidue, prête à engager ses deniers dans toutes les folies. Rien, malheureusement, ne trouva grâce à ses yeux aujourd’hui, et on s’arrêta en souriant avec gène quand l’insistance lourde d’un vendeur « d’épices aphrodisiaques » parvint à attirer suffisamment l’attention de la mécène aux cheveux d’argent pour qu’elle dégaine sa lame. Il y eût l’espace d’une seconde un duel de regards, que le plus petit perdit bien évidemment. Cela fit éclater de rire Gwen Fomori. Un rire qu’elle força jusqu’à ce que celui qui avait cru bon de l’importuner se sente obligé de suivre. Le tranchant de la lame avait le rire contagieux. Elle remit négligemment son ustensile aux mains de son porteur avant de serrer la joue du marchand comme on l’aurait fait à un poupin, avant de retrouver l’établissement du Borgne.
Lequel avait déjà été forcé en dehors par l’une des rares personnes que la capitaine du Songe de Sang devait regarder du dessous. Un motif suffisant pour attirer son antipathie. Une antipathie qui avait tendance à déteindre sur tout ceux qui traînaient dans les alentours du colosse. A plus forte raison quand ils avaient sur eux ne serait-ce que l’illusion de conclure une grande affaire sans avoir convié la grande Gwen Fomori.
Ce fut donc avec l’à-propos d’une troupe de comédiens de foire que Gwen interpella le duo de quelques mètres plus loin, débarquant là avec sa troupe bigarrée. Pour les besoins du spectacle, elle se permit même de récupérer sa lame encore enfouraillé des mains de son écuyer pour la poser comme une canne. Cela donnait un portrait curieux de délicate géante à la robe outrancière au col bardé de plumes. Du reste, si le roi des pirates exhibait son torse, il n’était pas le seul ; la Putain d’Arcam le faisait cependant avec grâce et réserve, avec l’un de ces corsets dévastateurs qui seraient bien assez tôt à la mode des cours Péninsulaires.
« Bah alors, le Borgne, on attend plus ses amis ? » lâcha-t-elle avec vigueur, en se permettant le délicieux outrage d’ignorer en apparence le fameux Dent de Wagyl. Elle aurait probablement été l’une des rares, mais elle choisissait ses hommes comme ses robes : en étant exigeante et en cherchant à se mettre en valeur, elle.
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| | | Faeron Savarius Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Conjuguer les possibles [Ouvert] Dim 4 Fév 2018 - 20:26 | |
| Le borgne n’était pas de ceux qui étaient nés de la dernière pluie. Le roi des pirates ne cherchait pas à discuter de gros poissons. Soit ce dernier avait quelque chose à écouler, soit il avait décidé de discuter en comité plus réduit des affaires sérieuses. L’homme n’était de toute manière pas un grand diplomate. Sans aucun doute n’avait-il pas volé son titre. C’était un navigateur et un flibustier hors pair. Mais commerçant ou diplomate, il ne l’était pas pour un sou.
Dans une ville où rien ni personne ne semblait vouloir respecter un ordre établi, le commerçant borgne était devenu un professionnel pour passer entre les gouttes, éviter les conflits et savoir ménager la chèvre et le chou. Il avait aussi tué plus d’un homme cherchant à l’éliminer, ou simplement à le doubler. Mais à Meca comme dans le reste du monde, il fallait savoir choisir ses alliés et ses ennemis. Et l’homme qui l’avait poussé en dehors de la taverne n’était pas de ceux que le borgne souhaitait contrarier. Tout du moins jusqu’à une certaine limite. Il suivit donc le mouvement de bonne grâce, se disant de toute manière que la situation n’était pas de celles dont on s’extrayait par la force. S’il appelait à la rescousse ses sbires, cela finirait au plus mal.
A l’extérieur la ruelle était déserte. Comme toute ruelle de Meca la nuit tombée. Une lune sans nuage s’était levée dans le ciel printanier protégée des intempéries par le vent océanique. Un vent frais mais peu violent s’engouffrait dans la ville. Au détour d’une ruelle proche surgit une autre troupe. De celles qui avait certainement été également ameutée par l’information que le Borne avait trouvé une mission qui non content de payer royalement semblait être de celle qui permettait bien des coups d’éclat.
Gwen Fomori connaissait naturellement le marchand. Et l’inverse était vrai. D’une part leurs intérêts convergeaient vers des cieux plus orientaux, d’autre part le principal fournisseur et mécène du Borgne était indirectement un des clients réguliers des services de la jeune femme et de ses équipages. Nul étonnement donc dans le fait que la dame l’avait reconnu de loin et se décida à rattraper.
« - Bah alors, le Borgne, on attend plus ses amis ? s’enquit la dame sans réellement attendre de lui une réponse franche à une question aussi rhétorique.
- J’suivais notre bon Dent de Wagyl… Il paraitrait que le Norkan s’est fait moins rare qu’la saison le voudrait. Sans compter qu’la nouvelle qu’’un gros tas de pièces était à prendre est arrivée jusqu’à ses oreilles… Sauf que si tu veux ton or Wagyl, va falloir te trouver des alliés du genre de la donzelle. Le mécène qui m’a contacté souhaite les talents de plusieurs artistes combinés… Si tu vois ce que je veux dire. »
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| Sujet: Re: Conjuguer les possibles [Ouvert] Ven 9 Fév 2018 - 15:37 | |
| Par la pisse d’un ivrogne incontinent, c’est qu’Arcam lui-même pourrait pas pousser le colosse à l’aimer l’elfette mal léchée, et pourtant, c’est pas qu’elle ait été bien désagréable à regarder… C’est sûr qu’on avait déjà croisé une palanquée entière d’elfes, même mâles, au visage plus fin que le sien, mais elle avait pas la face difforme pour autant. Et puis au pire, il suffirait de baisser les yeux sur ses nichons et de s’occuper à mater le reste. Le visage était patibulaire, mais le reste payait pas de mine. Y’avait largement de quoi satisfaire un homme. Et puis, une grande femme. C’était pas souvent que Dent de Wagyl avait l’occasion de croiser une femme à sa taille. Les petites c’est bien mignon, mais manipuler la marchandise fragile c’était pas toujours bien marrant.
- Si t’avais des amis dans le coin ça se saurait vieille bique.
Les nasaux du Maître de ces lieux soufflaient un profond dédain pour la demoiselle aux oreilles pointues, et plus d’un diraient que c’était avec raison. Elle avait certainement plus de temps derrière elle que n’importe lequel des grands noms de cette île, la Gwen. Elle était connue et reconnue, mais jamais elle n’aurait pu s’attirer le respect que possédait le Roi des pirates à elle seule. Pourquoi ? Parce que Gwen, c’était franchement une connasse finie, et ça, tout le monde le savait. On ne dira pas le contraire, deux mains, deux pieds, et quelques membres arrachés par-ci par-là ne suffiraient pas à compter combien de fois les carreaux de l’immense arbalète accrochée au dos du colosse se sont mortellement fichés dans le crâne de résidents de cette île de merde, mais au moins, on savait que Dent de Wagyl s’il le voulait était au moins capable d’être sympa… contre service. Entre le vieux saoulard à qui il avait payé la tournée de sa vie, l’ex corsaire qu’il avait pris sous son aile le temps que les plis effacent le mot loi de son front, puis l’autre dont il avait sauvé la marchandise pour finalement ne lui taxer que quelques souverains, il y en avait plus d’un qui lui en devaient ici, des services. Pas que l’honneur soit leur point fort, mais les pirates ont leur fierté. Faut dire qu’ils sont une majorité à pas avoir envie de donner l’air d’être pouponnés.
- Si le jeu en vaut la chandelle, j’te ramène la fine fleur de l’île quand tu veux mon pote… mais la petite reste en dehors de ça. Bosser avec elle c’un coup à se mettre un pieu dans le pied juste avant qu’la course soit terminée. L’est pas raisonnable.
L’avancée du petit convoi de personne reprit quand les muscles du Maître de ces Lieux se tendirent à nouveau dans le dos de l’aubergiste, lui forçant marche lente, accompagnée de la petite troupe de Fomori, jusque devant le Hethflin, où entre un vieil homme encapuchonné et une jeune femme aux yeux d’un bleu… étrange, trônaient effectivement les carcasses d’une bête d’une bonne dizaine de mètres de long.
- C’est pas le plus gros qu’on ait pu ramener, mais la dernière fois que j’en ai ramené un plus gros t’avais pas la place dans tes glacières. Il jette un regard hautain à l’elfe pirate avant de se retourner vers Le Borgne Alors, avant de parler de plus gros contrat. Combien tu m’en donnes ?
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| | | Gwen Fomori
Elfe
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| Sujet: Re: Conjuguer les possibles [Ouvert] Ven 16 Fév 2018 - 13:41 | |
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" C't'intolérab' ! " rugit le Bolide depuis sa - littérale - caisse à savon, levant son poing avec toute la hargne qu'un cul-de-jatte aurait pu y injecter, " Not' Captaine est la plus honorable des... "
Evidemment, la scène prêtait plutôt à sourire. Le Bolide n'était pas là pour officier de garde du corps. Gwen le coupa donc autant pour le répit de ses oreilles que pour celui de toute l'assemblée présente.
" Laisse pisser, Roulotte. " souffla-t-elle en l'accompagnant d'un coup de pied de rappel dans la caisse, avant de s'en aller poignarder du regard le Roi des Pirates, " Suce-toi la queue, Chicot. J'parlais à celui qui a le sens des responsabilités. "
Il avait frappé juste. Gwen était l'une des plus infâmes capitaines de l'île, bien incapable d'attirer une quelconque sympathie au sein de ses pairs. Cependant, Gwen n'était pas de ces capitaines que l'on raillait, car on savait pertinemment où cela amenait les malheureux qui le tentait. Gwen inspirait une crainte aveugle là où d'autres comptaient sur la sympathie. A bien y réfléchir, Gwen n'avait pas trop le choix. Comment est-ce que les pirates réagiraient à une Elfe bienveillante ? Ils la violerait puis l'égorgerait, car on ne laissait ni une femme, ni un Elfe dicter les ordres sans avoir fait ses preuves, et même après cela, on tenterait probablement dans le meilleur de l'exploiter d'une manière ou d'une autre. Aucun capitaine ne pouvait imaginer à quel point il était dur d'être à la place de Gwen Fomori. De son côté, Gwen avait pris la bien dangereuse manie d'être hautaine et suffisante vis-à-vis de ses pairs, probablement comme n'importe quel Elfe finissait par le devenir au contact de tant de rugueux êtres éphémères. Si la Gwen avait des amis, ils étaient sur son navire ou sur les rivages de l'Ithri'Vaan, et certainement pas dans ce repaire sans foi ni loi qui, si il représentait un îlot de liberté pour la capitaine aux oreilles pointues, n'en restait pas moins peuplé par nombre de raclures d'une catégorie impériale incapable de réaliser la chance qu'ils avaient de pouvoir être en sa présence à elle, la seule et unique Gwen Fomori.
Et ça n'allait certainement pas s'améliorer maintenant qu'on se mettait clairement à exprimer qu'elle n'était pas raisonnable. Non. Gwen Fomori n'était pas raisonnable. La dernière fois qu'elle avait été raisonnable, elle avait failli perdre son visage. La dernière fois qu'elle avait été raisonnable n'arrêtait pas de revenir lui mordiller le cul à intervalles régulier, à chaque que l'une des traînées jalouses du port se tapotait la joue en la regardant. La dernière fois qu'elle avait été raisonnable paraissait si lointaine à chaque fois qu'elle attrapait l'une de ses catins...
Elle s'engagea benoîtement à la suite du pirate et du Borgne pour le suivre jusqu'à son navire.
Et il n'avait pas menti. Il était allé à la pêche. Le Roi des Pirates parti chasser sa virilité après la plus grosse créature marine que ses paluches pouvaient espérer agripper. Où était le larcin ? Où était l'amusement ? Où était la piraterie ? On avait le roi qu'on méritait, semblait-il.
" Bravo Chicot, t'es le roi de la pêche. T'as enfin trouvé un thon qui pourra encaisser toute ta virilité d'un coup. " asséna la capitaine du Songe en levant les yeux au ciel, " Maintenant, si on pouvait en finir vite pour laisser les professionnels discuter... Excuse-moi, le Borgne, mais j'ai du mal à croire que ce gars-là puisse te ramener autre chose que des norkaniers en barcasse et des choristes de comptoir. "
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| | | Faeron Savarius Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Conjuguer les possibles [Ouvert] Jeu 22 Fév 2018 - 22:05 | |
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Le borgne n’essaya même pas de se mêler à l’échange des deux égos qui avait lieu. Lui n’était pas là pour chicaner. Il sortit de sa poche une petite bourse remplies de feuilles aux aspects et senteurs exotiques. Il en glissa une entre sa lèvre inférieure et sa mâchoire et entreprit de mastiquer la chose en attendant que les pirates vident leur sac. La scène ne l’amusait pas. D’autant qu’en flibuste comme en affaires, Meca pouvait être rapidement mortelle pour qui ne savait savoir s’arrêter dans les concours de tempérament. Il mâchonna d’un air détaché frisant l’agacement sa feuille aux propriétés apaisantes. Il fallait dire que ses dents lui faisaient mal dernièrement… Encore une à arracher potentiellement. Quelle vie de chien…
Le Norkan était effectivement impressionnant. Le problème était qu’un truc pareil n’était pas facile à écouler. Dans quelques jours la charogne puerait la mort. Son taxidermiste n’était pas disponible de suite… Il faudrait repousser une autre commande et se dépêcher d’amener la tête de la bête. Ce n’était pas possible. La viande ne valait rien. Seules certaines parties étaient recherchées, et il faudrait les saler rapidement. Restait que certains bouts pouvaient ensuite être revendus pour faire des pièces d’art ou des poudres à vendre aux crédules cherchant à agrandir leurs tailles de verges…
De sa voix grave, il marqua finalement la fin de partie juste après la dernière phrase de la Gwen. « - Bon… Les tourtereaux bouclez là deux minutes… Vous jouerez à qui pisse le plus loin avec un autre public. J’ai de meilleures choses à faire. Je te donne 100 souverains de ton Norkan la Dent… Parce que tu m’as habitué à des trésors plus difficiles à écouler mais plus profitables. »La diction était moins bonne, fallait dire que la bouche était occupée... « - Maintenant écoutez-moi bien parce que je me répéterai pas... La Dent, tu m’exemptes de ta contribution de protection pour que j’t’évite qu’ta tête soit mise à prix… Tu te souviens du naufrage de Victor-la-voile au large du récif de la Lune le mois dernier ? Grosse récompense placé sur le navire qu’il visait de ce qu’on m’a dit… Ca a raté et il s’est fait prendre à son tour par un navire inconnu. Apparemment tu l’avais mis sur le coup. Ça s'est éventé et cela n’a pas vraiment été du goût d'un mec doré sur la tranche qui était à bord… Hadormor Los-Tac qu'il s'appelle... Et il a mis une récompense de dix sacs sur ta personne pour livraison vivante à Thaar. Tu m’as bien entendu et j’te parle bien de dix mille souverains… J’t’en parle parce que tu m’payes pour ça. Vu la somme et le milieu qu’on fréquente chef, tu risques de t’y retrouver vite fait. Et sur place, j’connais le mec, du genre courtois mais qu’en bonne compagnie si tu vois ce que je veux dire. On dit que sa cave et plus du registre de l'Elda… Le coup qu’j’te propose permettra p’t’être de trouver les fonds pour racheter ta tête. »Il se tourna vers Gwen. Il cracha sa chique dans les eaux troubles du port, retrouvant une diction normale. « - Et toi Gwen j’m’fais entendre dire que les affaires sont pas au beau fixe en ce moment, alors si tu veux continuer à t’financer tes ptites opérations, mieux vaudrait que tu rentres dans le rang. On peut pas toujours choisir ses clients, ou son chef. »Les choses ainsi mises au point, il continua : « - Le coup dont je vous parle il se joue pour des mecs qui me font plus peurs que vous tous réunis, mais qui paient rubis sur l’ongle. Alors me prenez pas le choux, j'ai déjà suffisamment à me coltiner avec ces mécènes. Mais ils ont besoin de personnel, et de beaucoup de personnel. C'est des mecs du genre avec lesquels on fricote sans arrières pensées si vous voyez ce que je veux dire. Alors faites-moi le plaisir d’éviter les coups tordus sur ce coup-là, parce qu’il n’y aura pas que ma gorge de tranchée si on se foire. J’ai été promis cent sacs pour organiser un blocus d’un mois de l’archipel de Nelen à partir de la moitié du mois. Faut que les mecs crèvent la dalle et qu’ils aient la peur de leur vie de nous voir débarquer. Vu la taille de l’archipel, faudra sa masse de navires… On a besoin de réunir tous les navires… Vu les intérêts sur place, sans nul doute que les Lignes Oliennes vont intervenir. L’objectif est d’attirer les sbires à Savarius sur place pour laisser le champ libre à nos clients. Ils veulent sa flotte hors-jeu pour quelques temps. On fera pas le poids, donc faut qu’on vide les lieux dès que la flotte aura été attirée. Ils vont être occupés quelques temps à éviter la famine à Nelen, le tour sera joué. J’ai appris par une indiscrétion que cette organisation va mettre à sac Port-Royal au passage, pour les motivés, y a peut-être moyen de piller le port au passage. Mais ça c’est une cerise sur le gateau lié à une confidence. J’me porte pas garant de la chose. Mais en croisant au large du port, y a peut-être moyen de débarquer au bon moment et de se gaver. La flotte royale est inexistante de toute manière… »
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Nombre de messages : 1686 Âge : 824 Date d'inscription : 14/01/2008
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| Sujet: Re: Conjuguer les possibles [Ouvert] Dim 25 Fév 2018 - 0:15 | |
| - Bravo Chicot, t'es le roi de la pêche. T'as enfin trouvé un thon qui pourra encaisser toute ta virilité d'un coup. - Sois en pas si sûre, petite.
Qui d’autre pour prétendre au titre officieux de Roi de la bande de joueurs grassouillards que sont les Pirates que le plus joueur d’entre eux. La main à l’entrejambe, le colosse aurait pu longtemps continuer sur sa lancée à titiller l’elfe, mais il faut croire que l’aubergiste n’était pas d’humeur bien patiente ce jour-là… ni d’humeur à bien payer d’ailleurs, mais quand on a pas beaucoup de clients à qui refiler ses trophées, on est bien obligé de faire avec.
- C’est que t’es pas bien généreux aujourd’hui dis donc mon lard.
Vraiment pas généreux. Pas que le gusse ait l’habitude de l’être, mais il faut dire qu’en tant que commerçant, il avait fini par prendre l’habitude d’amadouer le client plutôt que de la jouer au marchandage sauvage. Dent de Norkan détestait qu’on marchande sa tête comme un pauvre bagage. Un bagage à dix sacs, mais un bagage quand même. Dent de Norkan préférait qu’on le prenne pour un con plutôt qu’on essaie de le faire chanter, mais là, c’est qu’il était en train de faire les deux le bon aubergiste.
- J’ai des sacs sur la tête depuis que j’suis un marmot, c’est pas parce qu’un couillon pas capab' de réussir son coup m’en a mis un ou deux d’plus sur la tête que j’vais commencer à m’en faire de trop. J’te rappelle que c’est pas en faisant de jolis sourires à tous les saoulards de cette île que j’les ai dressés.
Mais ce n’était pas pour autant qu’il était prêt à les engager comme une bande de petites mains serviles pour le bon plaisir des généreux mécènes du malfrat d’aubergiste du coin. Surtout pour un coup de cette ampleur. Qu’on vous étouffe sous la grosse monnaie ou pas, vous seriez tous dans la merde par la suite, et avec plus grand monde en position de vous en sortir. L’œil de verre avait quelques crapules Péninsulaires dans la manche histoire de faire échouer les poursuites. Le pouce de boy avait un ou deux marchands d’essences rares pour couvrir ses traces grâce à la magie de la science, ou à de la véritable magie, c’est qu’on sait jamais vraiment très bien avec ces intellectuels Vaanis… mais si vous vous mettiez tous les corsaires de l’Olienne sur le dos de tous… faudrait forcément voir à remplacer les espèces sonnantes et trébuchantes par de bonnes giclées de sang… et là, les vermines de Meca deviendraient incontrôlables.
- C’est de l’arnaque ton deal. Tu veux m’dire qu’on va se coltiner un mois à tourner en rond autour de Nelen à attendre qu’on nous mette des flèches sur le pont et des obus dans la soute, juste pour quelques sacs et trop pucelles à dévierger ? J’suis p’têtre pas la plus grande lumière que porte ce monde, mais j’suis pas con pour autant. J’ai fait la milice quand j’étais tout jeunot. Je sais c’que c’est tenir un siège, et c’est pas juste pour deux sous qu’on s’en va comme ça à la guerre. Si tu crois vraiment que c’une bonne idée de s’donner au sang pour affamer une bande de péquenauds juste pour les livrer au premier venu, soit t’as trop bu de tes liqueurs louches là, soit c’est toi qui te fous joyeusement de nos gueules. Un gros molard siffle près de l’oreille du Borgne, en signe de mécontentement Tu crois vraiment que l’aut… c’est quoi son nom déjà ? L’aut Sariavus ouais, il va pas s’en donner à cœur joie à la mettre dans le cul des pauv’gens qu’on aura enfermé dans leur archipel de merde ? À la fin ton client y trouve son compte, l’aut Saviarus il te jouit comme dans une vieille pute, mais dans l’histoire c’est nous qu’on doit se taper le ventre rond et le bébé chouinard. Les sourcils du grandiloquent personnage se froncent Puis d’ailleurs… en vrai ce s’rait pas justement l’aut Siavarus ton client par hasard ?
_________________ Ombre fugace Maître de ton destin -Crédits de l'avatar: ETERNAL RETURN - Art of pierre / Alain D. Site de l'artiste: http://www.3mmi.org/v9/ |
| | | Faeron Savarius Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Conjuguer les possibles [Ouvert] Mer 7 Mar 2018 - 22:16 | |
| Le borgne ne se laissa pas démonter. Il avait l’habitude de Dent d’Waghyl. Il lui avait fait la même scène des dizaines de fois. Peut-être des centaines… Faire monter les enchères avec les intermédiaires, voilà qu’elle était sa soupe préférée. De toute manière, il se la jouait en permanence à rouler les mécaniques et à dire que son pognon, il s’en foutait. La vérité était que si Dent d’Waghyl avait des rêves de grandeur, il s’était forgé une vie de forban, et comme tous les forbans ayant réussi, souhaitait vivre la vie des noblaillons. Il vivait pour la gloire de son nom et espérait pouvoir claquer son pognon pour en mettre plein la vue à ceux qui, par le passé, ne croyait pas en lui. Cela ou une autre histoire du genre. D’ailleurs le Borgne ne cherchait pas à le comprendre. Ils se respectaient, ça suffisait.
« - Ma pt’ite dent, t’a toujours eu des ambitions qui sont du genre à me fâcher avec les clients. Moi j’ai appris que dans mon métier moins on posait de question, mieux on se portait. Le Savarius, c’est un chaland à moi et un fournisseur. J’bosse pour lui souvent, et vos tonneaux de rhum, z’ont transité plus d’une fois par ses cales. Mais il m’a pas contacté directement, qu’le conseil m’ait contacté à cause de lui, c’est possible. Il a le bras long. J’ai le doute, comme ta pomme, mais j’peux pas te dire ce qu’je sais pas. D’qui tire les ficelles, lui ou le concile, j’sais pas. Mais j’ai envie de rire ni avec lui ni avec le concile.
C’que je sais c’est que le concile veut Nelen et qu’le Thaari à que’que chose à jouer. Et qu’ils nous paient rondement pour éliminer une flotte venant de la Péninsule. Si Nelen tombe chez eux, c’que je peux te dire c’est que la porte nous y sera pas fermé, et qu’ils en ont rien à s’couer de nos conneries. Pour une fois tu pourras débarquer en des lieux où on cherch’ra pas à te pendre et cramer ton pognon ailleurs que ce trou pourri… Réfléchis-y, le rhum se déguste mieux au soleil… Surtout que si Savarius se radine sur place, tu connais l’équipement des Lignes Oliennes. La tâche s’ra du genre légère. Et sur le ch’min du retour, il t’restera plus qu’à aller ceuillir Port Royal s’tu veux arrondir les fins de mois. »
Le borgne se tourna vers la dame.
« - Toi qui sait que l’argent pousse pas aux cocotiers, ça doit forcément t’intéresser. Non ? »
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| | | Faeron Savarius Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Conjuguer les possibles [Ouvert] Mer 11 Avr 2018 - 20:53 | |
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Par les Dieux que certains hommes pouvaient être peu réceptifs… C’est ce que se disait le Borgne tandis que le ‘roi’ des pirates maugréait aux énumérations du marchand. Ce satané personnage n’était pas de ceux que l’on pouvait conquérir avec de l’argent. Comment pouvait-on être un pirate et se vouloir aussi incorruptible. Seul le coup d’éclat semblait l’intéresser, au point qu’il devenait un danger pour lui-même, mais surtout pour le Borgne.
Le Borgne eut un temps d’arrêt. Il hésitait. Et il se souvenait…
Quelques années auparavant…
C’était un matin comme on en avait connu des dizaines sur l’île de Meca. Le Borgne était déjà le principal marchand de l’île, mais le roi de l’époque était un homme d’une soixantaine d’année, de ceux qu’on connaissait aux quatre coins des mers. Cette soirée-là avait été passée dans le bordel du Borgne, comme souvent. Il fallait dire que le soixantenaire avait toujours contemplé avec une certaine hauteur le Borgne. Les deux hommes ne s’appréciaient pas, tout au plus étaient-ils de ceux qu’on voyait se fuir comme la peste mais que les circonstances de la vie rapprochaient continuellement.
Cette alchimie malsaine aurait pu ne durer qu’un temps, et pourtant les cinq ans du règne du ‘roi des pirates’ avait été sans heurt avec le Borgne. Jusqu’à ce qu’un catalyseur arrive dans la réaction. Un jeune homme du nom de Dent de Wagyl. Le jeune homme d’une vingtaine d’année était venu voir le Borgne un soir, il était un lieutenant du roi des pirates. Jeune épervier qui sans aucun doute trouvait le temps long sous le commandement du vieux routard. Il avait expliqué au Borgne qu’il allait prendre le commandement des pirates, de gré ou de force. Ce n’était qu’une question de temps. Il cherchait un allié à terre, car sur les mers il s’occuperait de ceux ne le soutenant pas. Le borgne l’avait accueilli avec un moue peu convaincue.
Pourtant l’homme était entré en rébellion et en quelques jours menaçaient de faire tomber l’équilibre des pirates. Le roi des pirates, qui pouvait compter sur ses soutiens à terre, était venu se perdre dans les volumes impressionnant d’une des filles du Borgne. Et ce dernier avait décidé de son camp.
Au matin suivant donc, la fille avec laquelle il avait passé la nuit se réveilla tranquillement et se leva pour éteindre la veilleuse. Elle faillit pousser un cri de terreur et s’évanouir en découvrant le capitaine inerte, ensanglanté et le sein percé d’un poignard qui y demeurait planté. Et, chose plus horrible, la main droite de se dernier s’était crispée sur le manche de l’arme.
Elle courut au dehors, prévenir ceux qui pouvaient l’entendre. L’instant d’après toute la maison était bouleversée par cette rumeur affreuse qui courait d’étage en étage, de chambre en chambre :
“ - Le roi des pirates s’est assassiné !”
- Un suicide !
- La chose était stupéfiante !
- Ce suicide était-il possible ? Oui, et c’était même une certitude pour tout le monde.
- Pour tout le monde ? Non !"
La Dent, qui était entré au port le matin même pour en découdre avec le roi des pirates, savait que ce n’était pas un suicide, bien que les circonstances parussent le démontrer ! Il savait et il ne savait pas : en apprenant la terrible nouvelle, il était accouru au bordel et s’était rendu dans la chambre du capitaine, il avait vu le vieil homme ensanglanté, livide, immobile et sa main droite serrée sur le manche du poignard.
Il était descendu dans la grande salle. Là le Borgne nettoyait d’un air détaché ses chopines de cuivre. Il leva un œil peu intéressé vers la Dent.
“- Alors comme cela ta clientèle préfère se suicider que de rester ent’ tes murs le Borgne ?”
Le Borgne n’eut même pas un sourire.
“- Les suicides… Ça arrive… Même dans les meilleurs établissements. Et si j’étais toi, Ta Majesté, je remercierai le ciel de s’être occupé du roi pour toi.”
Le borgne servit un verre de rhum. Il le leva à l’intention de l’homme
“- Le roi est mort. Vive la Dent… ”
Ainsi avait été faite la succession. Et depuis la Dent et le Borgne avait été des interlocuteurs plus prompts à se rendre des services que le précédent roi des pirates.
De nos jours
Et voilà que par une nuit noir comme le jais cet imbécile que le Borgne avait aidé à monter au pouvoir s’était mis en tête de ne pas l’écouter. Le borgne était malheureux. Car il avait apprécié de travailler pour lui. Et ce n’était pas un mauvais roi des pirates. Il n’était pas rationnel malheureusement, et le business le dépassait, mais c’était pas un mauvais bougre. Et pour ce ramassis qu’était l’essentiel d’entre eux, c’était un arbitre tout à fait recevable.
Mais d’autres montaient. Et cette Gwen était sans aucun doute le meilleur exemple de ce que pouvait être un outsider. Elle avait dans le viseur de le bouffer tout cru, c’était clair comme de l’eau de roche. Et contrairement à Dent de Wagyl, qui courait après une certaine gloire et une certaine forme de respectabilité par rapport au futur, elle était une véritable professionnelle.
Le Borgne était un homme prudent. Il avait peur de Dent de Wagyl, il avait peur de Gwen. Mais cette peur n’était qu’une vague crainte face à celle qu’il avait de ne pas réussir à honorer son contrat avec le Concile. Ces gens là étaient capables de tout. Et ils étaient partout. On n’échappait pas à une telle organisation, même en étant le plus introduit des marchands auprès de la pègre. On lui avait donné la chance de tenter de raisonner le roi des pirates. Mais le problème était que l’on avait donné que peu de liberté d’action.
Il aurait pu chialer comme un gosse. Quel gâchis…
Il se plaça les deux mains sur les yeux. D’une part parce que c’était le signal, d’autre part parce qu’il ne voulait pas que l’on puisse voir une larme rouler le long de sa joue. Car même pour un brigand de sa trempe, il était désolé de devoir en arriver là.
A peine avait-il mis les mains sur les yeux qu’il entendit des ‘TCHOC’ étouffés réverbérer autour de lui. Il savait bien ce que cela voulait dire. Il tomba par terre de malaise.
Des carreaux d’arbalète d’une précision machiavélique s’étaient plantés dans le cou de chacun des aides du roi des pirates. Ce dernier s’était retrouvé seul au milieu d’une rangée de cadavre. Gwen et ses acolytes n’avait pas été touchés. Une flèche plus petite que les autres -une piqûre à peine- s’était retrouvée dans le cou de la Dent. Ce dernier était tombé dans une torpeur immédiate sous l’effet du poison.
Sortant de l’ombre comme une armée de damnés, des ombres masquées vinrent prestement entourer le petit groupe. Les cadavres des acolytes de la dent se retrouvèrent foutus dans la flotte le long du quai en moins d’une minute. Les membres sans énergie de la Dent furent liés par des menottes solides et un baillons aux airs de muselière vint placer un voile complet sur le bas de son visage. Sans aucun doute la chose empêchait elle le moindre son tout en cachant la moitié basse de son visage. Une des ombres s’approcha du Borgne. Une voix sifflante s’éleva.
“- Ta dette est payée.”
Et le groupe disparut dans l’obscurité.
Le borgne replaça les mains sur son visage. Il inspira un grand bol d’air, puis se rapprocha avec un air on ne peut plus sérieux, de Gwen.
“- Gwen Fomori, corsaire de l’Eris et de l’Olyenne. Ton temps est venu. Si tu souhaites être reine des pirates, le siège te tend les bras… Souhaiteras-tu reprendre les suites de la Dent ? Et souhaiteras-tu mener la confrérie à son heure de gloire ? Les portes de la Péninsule nous sont ouvertes… ”
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| | | Gwen Fomori
Elfe
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| Sujet: Re: Conjuguer les possibles [Ouvert] Sam 14 Avr 2018 - 17:33 | |
| Si un siècle de vie et d'aventures plus ou moins heureuses avait appris quelque chose à Gwen, c'est qu'il ne fallait présumer de rien. Le Dent de Wagyl n'était pas le plus fin des flibustiers et son titre de "Roi des Pirates" était universellement connu pour être un siège éjectable. On avait toujours su que celui qui se réclamait d'un tel titre, si il jouissait d'un important statut sur l'île, était tout autant que son prochain sensible aux aléas d'une vie de maraude. Ou d'une vie de péninsulaire, à bien y réfléchir. A la manière des guignols en collerette, on finissait vite à être la cible de subtils incidents de vie.
Une habitude qu'on trouvait finalement dans toutes les institutions "organisées" de Meca, le Conseil et son aura de prestige tout aussi corrompu par les pratiques roublardes du Continent.
Ce fut donc sans même un haussement de sourcil que Gwen accueillit l'initiative du Borgne. Il était curieux de le voir se couvrir les yeux, mais elle le savait couard. Non, c'était la suite qui ne la surprit guère.
" Je le connais, le Savarius ... " avait-elle commencé, la main sur le pommeau de son épée, d'une manière qui n'était pas sans rappeler les grands seigneurs en mal de légitimité.
Et les traits fusèrent, ne lui laissant pas l'occasion de finir sa phrase, sinon dans un silence qui donnerait presque à l'assistance l'impression que son intervention était parfaitement calibrée pour révéler son appartenance à cette cabale.
Lydie, sa camériste, se couvrit les oreilles d'instinct en sursautant et en fermant ses paupières. Elle émit même un petit gémissement. Le Bolide aurait sursauté aussi, si il en était encore capable, mais il se contenta de bégayer des insanités. Son contingent de brutes s'étaient aussi trahis comme étant bien peu habitués à ce genre de choses.
A dire vrai, Gwen ne l'était pas vraiment non plus. Pas quand ce n'était pas elle qui les initiaient. Pour autant, elle avait appris depuis bien longtemps à donner l'impression que rien ne pouvait l'atteindre, et ce sentiment souverain - bien que parfaitement puéril - d'avoir eu les nerfs plus solides que n'importe quel personne n'ayant pas été parti prenante du massacre à l'oeuvre lui avait permis de surmonter la peur intrinsèque d'avoir frôlé la mort. Pire, une mort qu'elle n'aurait pas vu venir. Elle ne les avaient pas vu, elle ne les avaient pas entendus, elle ne les avaient pas sentis ... Son for intérieur d'Elfe lui soulignait poliment que c'était là la marque des véritables professionnels. Des gens d'une calibre bien supérieur aux indigènes de Meca. Ce genre de professionnels qui faisait et défaisait les Conseils. Ce genre de professionnels que même la plus égocentrique des chiennes de mer comme Gwen Fomori ne pouvait que craindre et respecter.
Quand les ombres repartirent et qu'elles laissèrent seuls le groupe de la capitaine et un Borgne en pleine reprise de ses moyens, la corsaire n'avait pas quitté son port majestueux.
Elle était, du reste, tout aussi gauche que celui qui se faisait fort de la sacrer ad hoc, mais comme lui, elle était très bonne pour garder sa contenance. Pour un peu, on aurait vu deux comploteurs de mèche depuis des années cueillant les fruits d'un dur labeur, et non pas un tenancier de caverne à deux pas de la vidange intestinale et une déséquilibrée fière de patauger dans la merde en robe de banquet.
" Ce sera mon grand plaisir, le Borgne. " répondit-elle avec le même sérieux plein de grâce et de substance que tout Elfe savait adopter par défaut, " Mais je crains qu'il n'y ait pas mal de changements à apporter au coin pour le rendre pleinement productif. Il va falloir réunir les capitaines puis le Conseil autour d'une table, et mettre fin à cette atroce politique de tournées gratuites dans tes établissements ... "
La nouvelle semblait tout aussi surprenante pour l'escorte de la nouvelle Reine que pour la soudaine mort de la Dent.
" ... Ensuite, nous mettrons les voiles pour Nelen, et au retour, chaque individu de cette île pourra enfin se payer son propre alcool. " Elle tourna le regard vers les hauteurs du fief de la piraterie, " Et plus encore, aspirer à sortir enfin de la merde suffisante des culs-poudrés et de leurs cours de pieds-secs ! " |
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