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Sujet: Concile de Diantra Mar 10 Avr 2018 - 12:56
HRP:
Si vous voyez des points à rajouter, à enlever, envoyez moi un MP pour faire la modification. Vue les absents, on aura du temps devant nous pour peaufiner les grandes lignes.
Renaud d'Erac
Humain
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Sujet: Re: Concile de Diantra Ven 20 Avr 2018 - 6:25
Renaud avait bien reçu l'ordre du jour, et il était long, avec pas mal de points à voir. Seul les pairs du Royaume étaient présents, et il en faisait parti, voila quelque chose qui lui plaisait. En cette instant, il n'y aurait plus les armées derrière les gens, chacun avait une voix égale à celle des autres, et enfin, le poids de son titre serait mis sur le devant. Ce poids, il le ressentait aussi sur ses épaules, car il y avait pas mal de choses à délibérer, et pas des moindres.
Le Duc d'Erac n'était pas arrivé le premier, on lui avait expliqué que ne pas montrer trop d'empressement était un trait, mais il n'était pas le seul à jouer à ce jeu. Il s'était assit la ou on lui avait montré une chaise, autour de cette table ovale. Lorsque tous furent présents, l'on pouvait voir du beau linge, Aymeric de Brochant pour Serramire, Louis de Saint-Aimée pour Sainte-Berthilde, Gaston Berdevin pour Odélian, Roderik de Wenden pour Soltariel qui était sous sa tutelle, Guilhem de Tall qui représentait le conseil de régence de Langehack, accompagné de Linaëlle de Lancrais, et bien entendu lui même. Il nota qu'il était le seul à porter le nom du son duché. Sa famille pouvait se vanter de remonter aux premiers temps de la péninsule, l'une des plus illustres et anciennes du Royaume. Maintenant il devait être à la hauteur.
Enfin, le concile commença, ouvert par Elwan Losne, le Grand-Mestre de Diantra. Renaud était impatient d'atteindre le troisième point, et le cas de ses terres de juré. Il avait tout essayé pour y parvenir, et rencontré à peu près tout le monde, sauf le Marquis d'Odélian. Il espérait bien que justice lui serait enfin rendue, et marquer encore des points dans ce jeu politique, qui l'assoirait encore plus vis à vis de ses vassaux, et ferait de lui un digne Duc, incontesté pour Erac.
Le premier point était maintenant soulevé, l'on allait désigner le régent du Royaume, du moins si l'on parvenait à en trouver un. C'est qu'il s'était passé pas mal de choses, et Renaud avait apprit que, par exemple, quelques tensions existaient entre Louis et Aymeric. Le Duc se demandait si le cerf allait montrer son mécontentement, ou suivre l'alliance qui s'était créée. Lui même avait pas mal discuté, et on lui avait soumit plusieurs hypothèses intéressante. Il resta silencieux, attendant de voir ceux qui se lèveraient. Il attendrait aussi sagement que les autres prennent la parole avant de le faire lui même.
hrp:
Aller les gens on se motive, sinon ca avancera jamais, et on pourra pas continuer, faute de savoir ou on en est
Cécilie de Missède
Humain
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Sujet: Re: Concile de Diantra Sam 28 Avr 2018 - 7:57
Le jour dit arriva plus vite que Linaëlle ne l'aurait voulu. Pour rassurer la jeune fille, Cécilie avait accepté de l'accompagner jusqu'au palais, mais il était convenu qu'elle resterait hors de la grande salle ou se déroulerait le Concile, comme les conseillers proches des pairs invités. Celui qui la suivrait et prendrait la parole en son nom après ça était le Vicomte Guilhem de Tall, grand bonhomme à l'allure martiale et au regard vif malgré sa cinquantaine. Son visage criblé de cicatrices n'inspirait pas particulièrement la joie de vivre et son caractère strict ne se mariaient pas toujours avec la politique, mais c'était davantage son franc parlé qui était à craindre.
Lors de la semaine passée, au fil des rencontre diplomatiques plus ou moins informelles qui avaient précédées le concile, le Vicomte et la Comtesse avaient réglés bien des divergences d'opinion dans le sang de disputes aussi cinglantes que glaciales. Aussi butés et posés l'un que l'autre, ils se sautaient à la gorge en toute cordialité. L'un cherchait à rendre à Langehack toute sa gloire du temps des Sephrens, l'autre à lui assurer une paix durable et une coopération réelle avec les autres régions. Ils avaient eut leur pire discussion au sujet des revendications à faire durant le Concile, la seule fois ou le ton était réellement monté entre eux. Et au final, même la jeune Duchesse ne savait pas comment ça s'était fini puisqu'au final, les deux semblaient fâchés. Au milieu, Linaëlle avait du mal à se faire son propre avis, et de toute façon, depuis l'entrevue avec le Duc d'Erac, elle savait qu'on attendait d'elle qu'elle garde la bouche fermer pendant ce Concile.
Pourtant, elle n'en serait pas moins présente. Au matin de l'affaire, on l’apprêta d'une robe de dentelle langecine noire et mauve qui soulignait avec grâce sa fine silhouette. Un maquillage discret lui noircissait les yeux et faisait ressortir le rose de ses lèvres sur la teinte blafarde de sa peau. Du haut de son bon mètre soixante, ce n'était pas une petite fille qui marchait au bras du représentant de son conseil de régence pour entrer dans la grande salle. Mais tous les effets de manches n'auraient put la vieillir davantage que son air grave et farouche. Ses yeux d'un étrange bleu violacé se posaient autour d'elle avec une vive intensité dépourvue de curiosité ou d'empathie. La tête et le dos droits, elle ne faisait jamais totalement face à ses interlocuteurs, restant légèrement en biais, défiante jusque dans son maintien.
Guilhem de Tall – Linaëlle de Lancrais
Guilhem lui tira le fauteuil prévu pour Langehack sous les yeux. Le fait qu'on lui en apporte un fut demandé mais le résultat de la demande semblait lui être relativement indifférent. Il donnait l'impression qu'il aurait aussi bien put rester debout a faire d’innombrables allez-retour dans cette salle.
Linaëlle faisait son possible pour ne pas dévisager les participants, agrippant du regard la trogne du grand-mestre pour ne pas indisposer tous ces gens important. Son air sérieux et concentré lui servait à calmer les battements désordonnés de son cœur. Elle n'avait pas l'habitude de se trouver dans une telle assemblée et l'idée que chacun d'eux voyait sa mère comme une traitresse la mettait mal à l'aise. Mais surtout, elle avait l'impression que dans chacune de leur ombre se cachait un couteau prêt à fondre sur le voisin le plus proche. Coincée entre Guilhem et Roderick de Weden, elle serrait discrètement ses poings sur ses cuisses.
La question du régent était déjà lancée. Suivit le tour de table, mais du côté de Langehack, personne ne commettrait la folie de lever la main.
Roderik de Wenden
Ancien
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Sujet: Re: Concile de Diantra Jeu 10 Mai 2018 - 12:49
Une toux discrète attira l'attention de l'assistance en direction du Grand Chancelier, qui se tenait assis entre Linaëlle de Lancrais et Renaud d'Erac.
Roderik avait la mine fatiguée. Il avait mal dormi, et les excès de son repas de la veille avec Thibaud de Kelbourg se rappelaient cruellement à son bon souvenir, lui vrillant le crâne par moments. Quel imbécile ; il aurait dû rester calme la veille d'un moment aussi important, mais il n'avait pas voulu donner lieu à Kelbourg de se gausser de sa tempérance.
Le Concile avait commencé, et Roderik s'était montré jusque-là plutôt effacé. Il avait imaginé que l'entrevue serait longue, très longue - et elle promettait de l'être au vu de l'ordre du jour. Mais le Grand-Mestre l'avait surpris : appelant qui désirait servir à la Régence du Royaume comme s'il demandait qui voulait d'un supplément de frites à la cantoche, le vieillard prenait un peu tout le monde de court ; et les visages étonnés, presque inquiets de certains, comme l'apathie des pairs n'osant prendre l'initiative, témoignait de ce que chacun trouvait qu'on allait fort vite en besogne.
« Bons seigneurs, damoiselle, avant d'aborder les questions d'importance, je souhaiterais clarifier une chose. » Il se leva de son siège. « Comme vous le savez, Soltariel est actuellement placée sous la tutelle royale - bien qu'aucun Régent ne soit pour l'heure officiellement désigné, cette nomination requérant, naturellement, votre approbation. Je souhaite qu'il soit clair que je n'assisterais à ce Concile qu'en qualité de Grand Chancelier du Royaume et que je n'entends pas me substituer à la duchesse de Soltariel, laquelle a consenti elle-même à sa mise sous tutelle afin de permettre la mise en place d'un procès juste et équitable qu'elle espère voir la disculper » - il souffla un grand coup, fatigué d'avoir prononcé une phrase aussi longue, et se demanda si on l'avait vraiment compris. « A ce titre, messeigneurs, et damoiselle, je... » une douleur lui vrilla le crâne et le fit grimacer, « je me refuserai aujourd'hui à voter au nom de Soltariel, car je ne m'estime pas légitime à le faire. N'étant pas pair du royaume, ma participation à ce Concile sera purement consultative - au même titre que Son Eminence le Grand Mestre. »
Son regard balaya l'assemblée, avant de s'arrêter en direction de la porte de la salle.
« Toutefois, Soltariel doit pouvoir exprimer sa voix, et puisque Son Altesse Tibéria, du fait de sa grossesse, est indisponible et n'a pu faire le voyage, j'ai consenti à ce qu'elle se fasse représenter aujourd'hui par sa cousine, Angelina de Solaria. »
La porte s'ouvrit alors, et une femme fit son entrée. Quoique d'un âge indéfinissable, elle était belle ; quelques rides trahissaient qu'elle approchait de la quarantaine, mais sa peau pâle, d'un blanc d'albâtre, avait conservé la délicatesse de ses jeunes années. Ses longs cheveux étaient torsadés en tresses élégantes, et ses yeux bleu respiraient une touchante innocence. L'arrondi de ses hanches et de sa poitrine étaient superbement mis en valeur par une tenue pour le moins surprenante en ce haut lieu, ce saint des saints de la noblesse péninsulaire ; elle était vêtue de vêtements de voyage qui moulaient agréablement son corps mais qui n'avaient pas le cachet d'une robe de dame. Quiconque dans cette salle aurait déjà pu rencontrer Angelina de Solaria reconnaîtrait sans mal ces vêtements : la dame était connue pour ce type d'excentricités ; on la savait éloignée du monde de la politique, elle qui avait refusé à plusieurs occasions le duché de Soltariel auquel elle aurait pu prétendre. Cela expliquait sans doute le malaise avec-lequel elle se fraya un chemin vers la table, trouvant une place parmi les pairs du royaume. Parmi ces derniers, ceux qui s'intéressaient à la noblesse soltarie savaient peut-être que la dame de Solaria avait récemment eu une dispute avec sa cousine la duchesse Tibéria ; cette dernière l'aurait même fait mettre aux fers. A présent elle apparaissait libre, et l'on devinait que le Grand Chancelier avait dû intercéder en sa faveur.
L'arrivée impromptue de la Soltarie avait pris les nobles de cours ; et avant que chacun n'ait le temps de se rappeler quel était le sujet d'importance dont on s'apprêtait à parler, Roderik prit les devants.
« Puisque je me tiens debout, messeigneurs, damoiselle - mesdamoiselles devrais-je dire à présent - permettez-moi l'honneur d'être le premier à me proposer, devant vous, à la Régence de notre bon roi. » Il ne marqua qu'une très courte pause avant d'ajouter : « l'expérience qui est la mienne, en tant que Grand Chancelier, m'a appris à considérer l'exercice du gouvernement de Sa Majesté comme un devoir ; un devoir dont l'on tire grand honneur, mais un devoir exigeant. Je connais la situation du royaume et quels défis attendent la couronne, et c'est pour cela que je vous propose humblement mon nom. Sa Majesté me connaît, et j'ai moi-même œuvré aux côtés de Cléophas d'Angleroy, tout comme j'ai combattu aux côtés de nombre d'entre vous en Oësgardie. Je voue depuis longtemps mon existence au service du royaume ; j'aspire à continuer à le faire, et j'espère que vous saurez m'en juger digne, bien que je ne sois pas le meilleur d'entre vous. »
Il avait répété sa logorrhée la veille, mais il en avait zappé la moitié entre-temps ; il maudit une nouvelle fois son repas avec Thibaud de Kelbourg, conscient qu'il avait chié la moitié de son discours, mais il espérait ne pas s'en être trop mal tiré au bout du compte.
Cécilie de Missède
Humain
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Sujet: Re: Concile de Diantra Jeu 10 Mai 2018 - 13:43
Après avoir dévisagé Roderick, Linaëlle n'arrivait pas à détacher les yeux de la nouvelle venue. Ses vêtements étaient familiers autant que honteux... mais c'était son regard qu'elle essayait de capter. Encore et encore. Sans succès. Autour d'elle, les grands de ce monde continuaient à parler mais elle ne leur prêtait plus la moindre attention. Quelque chose n'allait pas. De minute en minute, elle blêmissait sous le poids des souvenirs sans savoir vers qui se tourner.
Louis de Saint-Aimé
Humain
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Sujet: Re: Concile de Diantra Mar 15 Mai 2018 - 20:37
Il dut l’avouer, ce concile des pairs du Royaume avait quelque chose de plus motivant que ceux dont il avait l’habitude de siéger ces derniers temps. L’élection du Régent, tout de même! Ça avait nettement plus de gueule que de débattre de l’endroit nouveau où ils devaient emménager les chiottes de leur ost. Pour cet illustre événement, Louis avait troqué ses vieilles guenilles pour se nipper de beaux parements et s’était par la bande, défait de son apparence d’ours mal léché qui le suivait depuis la fin de la campagne. Ainsi il avait enfin l’air et l’attitude du suzerain qu’on attendait de lui et plus rien du mignon faon sur qui tomba abruptement la très lourde tâche de régent. Son regard aux reflets azuré vagabondait d’une personne à l’autre, jaugeant chacun d’eux à mesure que la vieille peau de Grand Mestre énonça les nombreux points à débattre. Plus particulièrement, son attention se retint sur chacun des nouveaux visages, desquels il arriva à peu près à coller les prénoms.
Pendant un instant, il s’attarda sur la tête blonde, dont le teint pâle lui rappela la timidité du soleil nordique. Ce ne fût que lorsque leur regard croisèrent le fer, qu’il sut sans doutances aucunes, que Gaston de Berdevin siégeait en face de lui. Sans jamais s’être adressé la parole, ni même s’être adressé un quelconque échange épistolaire, leurs deux pays respectifs avaient frôlé la catastrophe. Insufflé par sa bienveillance, alors qu’Étherna était venue quérir l’aide de leur ancien suzerain –du temps où elle était couvée du giron Berthildois-, Louis n’avait su décliner leur offrir main forte. De surcroît, inexpérimenté niveau politique comme le plus attardé des pégus, il s’en était remis aux « bons » conseils de son grand-père, qui cacha à son insu l’étendue de son ambition. Faisant fi des conséquences que pouvait engendrer l’aide militaire qu’il avait fourni à Étherna, la révolte Éthernienne s’était éteinte le jour où, secoué par ses alliés ainsi que ses conseillers, Louis ordonna le retrait des troupes aux abords d’Étherna la citée. La catastrophe diplomatique avait été évitée de peu, mais les deux dirigeants ne s’étaient depuis guère pas adressé d’avantage la parole.
Ce fût au tour de papa Lancrais et de son pupille d’être la cible de l’attention du cervidé. Autrement de ce qu’on racontait de Langehack, comme quoi ce trou à félon était l’un des nids les plus prolifiques, Louis n’en savait que peu. En revanche, il put une fois mesurer l’étendue de l’audace de Méliane, lorsqu’elle coucha sur vélin quelques mots doux à son égard. Pour le moins qu’on puisse dire, la bougresse n’avait pas manqué de culot, pour feindre l’empathie envers lui. La joie, non, la jouissance qu’elle tira de cette funeste nouvelle concernant le dirigeant de Cantharel, transpirait au travers ses condoléances écrites. Il ne lui rendit guère la politesse, bien que l’envie de le faire l’ait agacé autant qu’une tique au cul, mais comprit l’animosité qui devait très certainement la ronger. Son père le cruel, s’était emparé de son mari jusqu’à ce que la mélancolie ne l’emporte et qu’au détour de ce drame, il en perde la raison. Ainsi il arbora littéralement l’emblème de sa famille et tenta de conquérir sa liberté par les airs, où d’un faux battement d’aile, il conquit plutôt le sol rocailleux. Sa sœur quant à elle, bridée à prendre pour époux le jeune Louis, s’ôta la vie dans l’espoir de rejoindre son fol de frère. Ainsi, il se douta que Linaelle, si elle hérita seulement d’un dixième de l’animosité de sa mère envers les Saint-Aimé, que ce n’était guère demain la veille qu’ils seraient amis.
Et pépé derrière elle, euh, il s'en foutait.
Après l’interminable ordre du jour, Roderik brisa la glace en lançant sous le regard circonspect de tous les pairs, sa candidature au titre de régent. Eh bien, c’est qu’il ne perdait pas de temps, le bougre. À peine arrivé la veille, l’Arétan s’était trouvé une nouvelle famille –la sienne- et maintenant que la chose était faite, il faisait l’étalage de son ambition de but en blanc devant les pairs du Royaume. Saisit, Louis n’écouta qu’à moitié le discours bellement jacté du Chancelier, comme s’il se fit sonné d’un coup de pavois à la caboche. Lui qui était bien motivé à offrir son vote à son homologue du nord, ne savait plus trop quoi penser. D’une part, en offrant son soutien au corbeau, peut-être s’attirerait-il de sa sympathie et par la bande, trouverait-il la force de courber l’échine et d’acquiescer à son houleux mariage. De l’autre, Roderik était désormais promis à sa sœur et bien que leur prime rencontre ne fut des plus reluisantes, l’image de l’homme qu’il se fit hier la veille lui suggérait la confiance. L’Arétan, quoi qu’on en dise, possédait moult louables valeurs et par-dessus le marché, avait défié la mort en rebroussant chemin du Royaume de Tyra? Le pauvre devait trancher et c’est ce qu’il ferait. Louis inspira à plein poumons, délia ses gros bras puis réaffirma sa position dans son fauteuil avant de prendre la parole.
« Mes Seigneurs, damoiselle, si vous me permettez, j’aimerais apporter mon grain de sel à la candidature de notre bon Chancelier. » Louis attendit que Roderik repose son cul de chancelier sur son assise, puis dégourdi ses gambettes en se redressant de toute sa longueur. « Sans prétention, je puis me considérer comme celui possédant le plus de griefs envers Roderik de Wenden. Tout le blâme ne lui revient guère de plein droit, mais je dois en partie la déchéance de ma famille au titre marquisal à ce même homme. » Louis marqua une pause et en oublia l’assemblée en déposant son attention vers le principal concerné, qu’il fixa quelques secondes avant de poursuivre. « Ce jourd’hui pourtant, je puis vous affirmer n’entretenir pour cet homme aucune rancune. Car ce jour où il se souleva contre l’héritage de mon père, j’y vis la solidité de sa fidélité envers le Roi. Une fidélité qui se réaffirma lorsqu’il arbora ses prérogatives de Chancelier et qu’il s’y investit corps et âme, ceci même au détriment de sa propre famille. Maintenant qu’il se trouve là devant-vous, souvenez-vous qu’il est la main qui s’assura de la bonne protection de notre Roy, qui peut désormais jouir derechef de sa maison. » La suite de sa logorrhée concernait d’avantage le sud que le nord. Ainsi il s’assura du regard de l’écoute des principaux concernés. « Sud et Nord sont comme chats et chiens, cela n’est pour personne plus un secret. Bien qu’il soit issu de la souche du septentrion, cet homme tend à traiter tous les maux du Royaume, quels qu’ils soient, d’ou qu’ils soient. Voilà pourquoi je lui offre mon soutien au titre de Régent du Royaume. »
Cécilie de Missède
Humain
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Sujet: Re: Concile de Diantra Mer 16 Mai 2018 - 20:30
Des menteurs....
Tous des menteurs... Des assassins... Des félons... Des meurtriers...
La jeune fille de quatorze ans regardait, atterré, les personnes à la table. Après l'incompréhension, l'incrédulité et la peur, c'était la colère qui avait fait son apparition. Et même plus que la colère. La rage. La même rage qui lui avait donné la force d'essayer tant de fois de mettre fin à ses jours. La même que Cécilie essayait d’apaiser depuis des mois. Elle se redressa, serrant les mains sur ses genoux au point de s'en entailler les paumes. Elle sentit l'humidité de son propre sang lui empoissé les doigts. Son regard du bleu si particulier qu'appréciait sa mère prit le temps de jauger chaque participant en le fixant sans aucune gêne. Combien. Elle avait besoin de savoir combien.
Combien d'entre eux jouaient la comédie ? Combien étaient responsable de cette mascarade ?
Le Chancelier ne laissait le temps à personne de revenir de l'arrivée d'Ange, il faisait son discours un autre lui répondait. Louis de Saint-Aimé si elle ne se trompait pas. Comme ça, sans s'arrêter.
Lorsque le Berthildois eut fini son petite discours, elle soutint son regard un moment et attendit que le suivant commence à se prononcer pour l'interrompre, s'attirant du même coup un nombre impressionnant de regard courroucés. Celui de Tall en premier lieu. Elle n'y prit aucunement garde, préférant vriller son regard brûlant de colère sur Roderick. Elle parla pourtant d'une voix plutôt calme et basse, vibrante de l'émotion contenue.
- Avant que les uns et les autres ne se prononcent en votre faveur, puis-je savoir pourquoi vous n'avez pas simplement fait venir Ultuant ou Trysan ? ça aurait été plus simple, non ? " Elle ne laissa pas à son interlocuteur la chance de répondre malgré l'incrédulité de certains. " Vous auriez pu choisir une parente lointaine de la Duchesse de Soltariel... Mais ça... Que vous vous pariez de toutes les vertus nécessaires à gouverner passe encore, j'ai cru comprendre que c'était le jeu à cette table de dupe. Mais que vous soyez prêt à mentir aussi ouvertement pour votre profits est révulsant. Vous êtes un suppôt d'Arcam et rien de plus. "
La défiante jeune fille voyait rouge. Elle s'était levée, dans la fougue de la jeunesse et sa voix, montant tout au long de la tirade, avait finit par se emplir toute la salle sans qu'elle se mette à crier pour autant. Non. elle était au delà des cris. C'était toute l'accusation envers les nobles corrompus et les ambitieux avec du sang sur les mains qu'elle faisait gronder entre les murs du palais. Tall se leva pour la saisir mais elle lui échappa rageusement. Son bras se tendit subitement vers la femme en habit de voyage.
- Ce n'est pas Angelina de Solaria ! " Cette fois, elle avait crier. Elle se tourna entièrement vers la femme, l'accusant de façon de plus en plus véhémente sous le regard choqué du Vicomte de Tall. " Cette femme n'a rien a voir avec elle. Angelina a maintes fois rencontré ma mère, elle l'a même soigné. J'ai passé des jours entiers avec elle, pour ses fiançailles et pour celles de Tiberia de Soltariel également ! Elle était aussi là le jour des funérailles d'Oschide d'Anozia, celui que vous, vous TOUS, vous avez conchiez parce qu'il avait voulu à la fois rendre à Langehack toute sa gloire tout en servant un roi que vous n'étiez alors pas la moitié à servir ! Elle était son amie et elle est la mienne ! Angelina n'a point encore trente-ans et se moquait des ambitions politiques. Elle pensait aux autres, et à sa famille, et à son peuple ! L'usurpation de l'identité d'une dame de si haute lignée devrait être passible du châtiment le plus sévère ! Et que tous ceux qui y ont prêté la main soient maudits par la DameDieu et la Voilée ! " - Calmez-vous, Votre Altesse. " dit sombrement une voix grave juste dans son dos. Mais elle ne pouvait pas renoncer, les mots lui sortaient de la bouche avec véhémence et conviction. - Non ! Qu'ils gardent le pouvoir s'ils le souhaitent mais il y a quelque chose de pourri dans ce royaume. Et encore une fois les véritables coupables ne seront pas trouvés. C'est toujours ainsi. Et tout ça pour se déchirer la garde d'un orphelin dont personne ne se soucis au delà des titres que lui donne son sang ! Le roi ne devrait pas avoir à subir une telle influence si jeune. Il devrait grandir pieusement, entouré d'affection et de vérité. Apprendre à connaitre son peuple sans savoir qu'il le gouvernera un jour. Confié au culte, dans un simple monastère, il serrait mille fois mieux que dans n'importe quelle cours entouré de menteurs et d'assassins. Il...
- Cela suffit. "
La voix encore plus grave du vieux seigneur était d'un tel pouvoir qu'elle coupa nette la jeune fille dans son élan. Linaëlle sentit la grande et grosse main couturée de cicatrice de Guilhem se poser sur son épaule, autant pour la calmer que pour la rassurer. La fougue de la jeune fille était discutable mais ce qu'elle disait restait d'une gravité extrême et Tall en prenait toute la portée.
- Parons au plus presser." intervint-il en balayant l'assistance jusqu'au visage de la soit disant soltarie. " Qu'avez-vous à répondre, ma Dame ? J'ai moi même connu Angelina pour l'avoir vu plus d'une fois au palais de Langehack et il est vrai que si je ne me souvient pas proprement de ses traits, elle aurait put être ma fille, peut-être ma petite fille, ce que vous ne pourriez certes pas être... "
HRP:
PARDON ROD JE SUIS DESOLEEEEEEEEEEEE ><
PS : oui, à 14ans on manque "un peu" de tact
Roderik de Wenden
Ancien
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Sujet: Re: Concile de Diantra Mer 16 Mai 2018 - 21:43
HJ:
Je me permets de répondre tout de suite compte-tenu de l'action en cours ; je vous laisse tous libres de réagir à la suite.
Roderik l'aurait giflée, la petite garce. Il l'aurait prise par les épaules et l'aurait secouée comme une vulgaire poupée de chiffon, lui assénant en pleine face toutes les vérités que sa foldingue de mère, à défaut de les avoir comprises, n'avait pu lui transmettre. Triste engeance. Il ne fit rien, se contentant de regarder sombrement cette jeune sotte découvrir comment tournait le monde. Cette candeur aurait presque été touchante si elle ne venait pas rappeler combien il était regrettable qu'on ait laissé le sang des Lancrais demeurer sur le trône du Langecin, malgré leurs mensonges, leurs volte-face et leurs usurpations. Peut-être Roderik aurait-il eu à rougir des injures de la jeune fille, s'il avait sur les mains et la conscience autant de vies brisées que Méliane de Lancrais n'en avait causé.
Son regard passa sur les pairs interloqués par ce soudain retournement de situation. Roderik s'attarda sur Louis, qui venait de lui rendre un si vibrant hommage, malheureusement éclipsé par les élucubrations de la Lancrais. Il en vint à Dame Angelina ; la pauvre tremblait comme une feuille, consciente que la situation n'aurait pu être pire. Roderik resta calme, pourtant. Il aurait probablement rugi si le vicomte de Tall n'était pas intervenu pour tempérer les ardeurs de sa protégée ; mais il n'était finalement pas fâché. N'était-ce pas de bonne guerre ? Voyant que Dame Angelina était hésitante, il vint à son secours, levant la main pour prendre la parole :
« J'aurais cru que le lourd passif du Langecin, et la clémence avec laquelle l'on a traité votre sang, aurait incité Son Altesse à plus de retenue », lança-t-il à la jeune duchesse en lui adressant un regard appuyé. Puis, tapotant de la main la chaise vide à côté de lui, celle-là même qu'elle avait déserté pour prononcer sa logorrhée, ajouta : « et si vous reveniez vous asseoir ? » Sans attendre de réponse, il poursuivit, non seulement pour Guilhem de Tall, mais pour toute l'assistance : « je ne vais pas revenir sur les injures. J'avais seulement espéré que ses tuteurs enseigneraient à cette jeune fille la sagesse qui fit tant défaut à sa mère. Qu'importe. » Il se tourna vers Dame Angelina, et demanda de but en blanc : « qui êtes-vous, Dame ? Qui êtes-vous réellement ? - Je suis Angelina, de la maison de Dawson, dame de Solaria », répondit la femme. Elle avait une voix délicate, un brin hésitante, ce qui pouvait se concevoir après l'agression qu'elle venait de subir. « J'avoue ma surprise, et ne pas comprendre ce que... - Avez-vous déjà rencontré cette jeune fille ? » coupa Roderik en désignant la jeune duchesse. « Avez-vous soigné sa mère, ainsi qu'elle le prétend ? - Je confesse que oui, Chancelier. J'ai soigné bien des gens, mais je me souviens bien de la Dame de Lancrais. Je me souviens aussi de Dame Linaëlle, mais je ne dirais pas que nous avons passé ensemble des journées entières, ni même que nous ayons été des amies. Une amie n'oublie pas un visage. » Elle se força à sourire, tentant un bon mot en dépit de la gravité de l'instant : « et j'espère ne pas avoir tant vieilli depuis lors pour être devenue si méconnaissable. - Je vous remercie. Inutile de nous attarder là-dessus plus longtemps ; je pense être en mesure de mettre un terme à cet imbroglio. » Il extirpa de la doublure de son manteau une enveloppe cachetée, portant le sceau authentique de Soltariel. Il l'éleva à la vue de tous, avant de décacheter l'enveloppe et d'en retirer une feuille de vélin sur-laquelle était couchées quelques lignes d'une écriture propre et nette. « Au cas où quelqu'un d'autre souhaiterait m'accuser d'usurper la voix de Soltariel, voilà qui devrait faire taire la rumeur et dissiper le mensonge. La duchesse de Soltariel en personne s'est exprimée en ma faveur en vue de ce Concile. » Il posa la lettre sur la table, la laissant à la disposition de quiconque voudrait la lire.
La lettre dévoilée, le regard de Roderik revint osciller entre Guilhem de Tall et Linaëlle de Lancrais. « Je sais comme la fougue de la jeunesse peut se révéler mauvaise conseillère, et je veux croire que Dame Linaëlle n'est coupable de rien d'autre que d'être mauvaise physionomiste. Je sais qu'il n'existe aucun différend entre nous et qu'elle n'aurait jamais voulu me diffamer pour d'obscures raisons, n'est-ce pas ? Alors, oublions cet incident, et avançons. »
Son regard s'attarda un bref instant sur Guilhem de Tall, espérant que celui-ci aurait assez de jugeote pour faire taire la furie sur pattes qui l'accompagnait, et qu'il ne prendrait pas le risque d'amener sur Langehack plus de discrédit que le duché n'en avait déjà accumulé. Puis il s'enfonça dans son fauteuil et laissa l'assistance libre d'intervenir.
Thibaud de Kelbourg
Humain
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Sujet: Re: Concile de Diantra Jeu 17 Mai 2018 - 14:44
Et bien ! L'on ne pouvait accuser ces seigneurs d'endormir la séance ! Ça non. En y repensant, les prétextes pouvant rajouter du piment dans les discussions étaient nombreux. Pour taire ces animosités, il leur avait même demandé de les laisser de côté, le temps du concile. Combien de temps cela avait-il duré ? Peu, trop peu... La mèche prit d'ailleurs feu lorsque le Chancelier, sans prévenir quiconque, fit entrer une femme qu'il présenta comme étant la cousine de la duchesse de Soltariel. Angelina de Solaria, disait-il. Vieille et illustre maison à la légitimité bien plus grande que l'actuelle famille en place. Ce coup de théâtre ne manqua pas d'irriter notre vieille carne, qui pria la dame de prendre place au plus vite pour que le conseil reprenne. Pourtant, derrière ses binocles, le Grand-Mestre continuait à l'observer en gardant une oreille sur les orateurs du jour. De l'autre côté, la jeune demoiselle de Lancrais lui avait semblé fort bien agitée. Elle était la plus jeune des seigneurs présents, et probablement la plus fragile et impressionnée.
Que ne fut pas son étonnement lorsque la dite Lancrais se mit à professer de violentes accusations à l'égard de la dernière entrée. Adonc, la dame amenée par le Chancelier n'était pas celle qu'il prétendait. Ha bon ! Comment le Chancelier, réputé pour ses grandes compétences et sa loyauté envers le Roi, aurait pu se jouer de tout un conseil des plus hauts nobles du Royaume ? L'accusation ne mit guère de temps à recevoir une réponse de la part de l'arétan et de son invitée. Il y eut même une lettre signée de la main de la duchesse de Soltariel, qu'il scruta dans les moindres détails.
Face à tel adversaire, la petite Lancrais n'eut d'autres choix que de se taire. Si elle avait redouté ce concile, autant dire qu'elle venait tout juste de se donner une belle raison de confirmer ses craintes. Comment une demoiselle de quatorze printemps aurait-elle pu, à son tour, faire face à cet homme que tout le monde ici respectait jusqu'au point – peut-être – de l'élire comme nouveau régent ? Le combat était inégale, et voyant la jeune se morfondre dans son siège, Elwan reprit son rôle d'administrateur pour apaiser la joute.
– Il suffit mes seigneurs hum! Beugla-t-il, surtout à l'adresse du Chancelier qui venait de repousser l'hallali.
En donnant à tous l'impression d'être acculé, le chancelier leur avait révélé un visage méconnu. On le disait calme, sage et mesuré. Alors que là, on vit un homme fait rabaisser sèchement et sans sommation une jeune demoiselle. Le doute persista quant aux affirmations de la Lancrais. Une part de lui voulait lui donner raison, tandis qu'une autre part voulait encore accorder un minimum de confiance au candidat à la régence.
– Messire de Wenden, je vous demanderais de laisser maintenant la parole aux autres seigneurs et de ne plus vous en prendre ainsi à la demoiselle de Lancrais huuum hum. Il existe d'autres moyens, comme vous le savez, de pouvoir prouver la vérité sans avoir forcément besoin de recourir à de telles manières hum, ajouta le vieillard. J'espère pour vous, que vos dires sont exacts. Reprenons !
Que l'arétan le boude n'y changerait rien. Qu'il le prenne en grippe s'il était élu régent n'y changerait également pas grand chose. Étant recteur du collège des Mestres de Diantra, il en avait vu d'autres des hommes s'imaginant détenir les vérités au détriment des autres. Alors une réaction néfaste à sa demande, où une quelconque offuscation, ne manquerait point de décrédibiliser le chancelier.
– Messire de Wenden s'est proposé à la régence du Royaume, messire de Saint-Aimé lui a donné sa voix. Qui d'autre souhaite se prononcer où se présenter ? Messire Berdevin, de Brochant et d'Erac, nous vous écoutons. Vous aussi, Langehack.
Renaud d'Erac
Humain
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Sujet: Re: Concile de Diantra Ven 18 Mai 2018 - 6:28
Voila, le jeu débutait, et c'était Roderik qui ouvrait le bal. Comme prévu, il se présentait pour la place de Régent du Royaume. C'était logique en considérant la continuité du pouvoir mis en place, mais il faudrait sans doute compter sur au moins un rival. A moins que le Marquis de Serramire ne se présente finalement plus. Après tout, c'était le Grand Chancelier qui l'avait fait nommer Sénéchal, et les deux hommes semblaient, du moins de façade, grandement s'apprécier. Renaud attendait donc toujours de voir si Aymeric allait se lever également, mais Louis fut le plus prompt à prendre la parole. Un beau discours sur leur inimitié, remis au rebus pour le bien de tous, en vantant les qualités de réunifications de Roderik. C'était la un camouflé que venait de jeter le Régent de Sainte-Berthilde à la figure de Brochant, brisant sans nul doute l'alliance qui était supposée rapprocher les deux nordistes avec Renaud. Le torchon brulait donc belle et bien entre Aymeric et Louis, ce qui n'était pas forcément une bonne chose pour le nord. La donne était elle donc déjà jouée ? avec Louis le soutenant, et Langehack également qui avait indiqué au Duc qu'ils voteraient pour Roderik également, la victoire semblait acquise pour le Grand-chancelier. Il faut dire qu'en temps que tuteur de Soltariel, il voyait mal le duché ne pas l'appuyer, ce qui amenait le compte des voix à trois déjà. Il ne restait donc que deux personnes à voter, dans l'optique où le Marquis de Serramire se présentait, c'était plié. Renaud ne savait pas quoi faire, il retournait dans sa tête toutes les cartes qu'il avait en main. Une alliance avec Brochant, mais des actes qui amenaient un doute, et une promesse du Grand Chancelier qui avait bien prit la peine de le courtiser comme il le fallait, le considérant comme le pair qu'il était, et non un simple Duc sans terre. Encore fallait il que la promesse ne soit pas du vent, mais l'on disait le plus grand bien de cet homme. Renaud allait donc finalement donner son vote à Roderik, par roublardise, vu que ce dernier avait déjà gagné, parler avant Langehack revenait à faire croire qu'il prenait un risque, et avait embrassé la cause du Grand chancelier. Il allait parler, quand un évènement lui cloua le bec.
La Duchesse de Langehack vint tout balayer d'un revers de la main, et redistribuer les cartes, quand, dans un de ses excès aussi surprenant qu'on ne les voit pas venir, elle affirma que la femme aux côtés de Roderik n'était pas celle qu'il avait prétendu. C'était très perturbant, car cela amenait le discrédit sur la parole du Grand-Chancelier, la ou auparavant, il n'y en avait aucun. D'autant plus que le Vicomte vint appuyer Linaëlle, en indiquant que lui non plus, ne reconnaissait pas la femme comme étant Angelina. La surprise fut de taille, mais Roderik reprit la parole, avec un calme imperturbable, digne des plus grands nobles. Peut être son séjour dans le sud lui avait apprit cela, à moins que cela ne soit vrai. Renaud était perdu, et il n'apprécia que moyennement l'intervention du Grand-Mestre, qu'il avait complètement oublié
"Pardonnez moi, Grand-Mestre, mais vous écartez un peu rapidement ce qu'il vient de se passer. Messire Roderik, je vous prierais de modérer vos propos, vous parlez tout de même à un pair du Royaume. Essayons de dénouer calmement la situation"
Le ton était des plus calme, Renaud venait de monter sur une corde pour jouer les équilibristes, et faire le funambule est toujours dangereux. Il se retourna vers Linaëlle, et le Vicomte
"Votre altesse, messire de Tall, êtes vous certain de ce que vous avancez ? l'accusation est de taille. Si vous pouviez nous éclairer, tout en vous calmant un peu, s'il vous plait"
Puis vers le grand-Chancelier
"Je ne comprends pas, pourquoi avoir amené cette femme avec vous, qui qu'elle soit, si vous aviez une lettre officielle de la Duchesse de Soltariel en poche ? Sa présence n'est donc plus utile, et j'aimerais d'ailleurs qu'on lui demande de sortir, sa place n'étant pas ici, ou seuls les pairs étaient conviés, avec un représentant du Conseil de Langehack."
La jeune Duchesse verrait ainsi qu'elle n'était pas rejeté par tous, et vu qu'il essayait de nouer une alliance avec Langehack, il n'était pas complétement idiot de leur monter de la considération, du moins par rapport au rabaissement dont il venait d'être victime.
Cécilie de Missède
Humain
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Sujet: Re: Concile de Diantra Dim 20 Mai 2018 - 12:58
Autant que cela était encore possible avec un teint aussi blafard que celui de la jeune fille, Linaëlle pâlit sous les accusations du chancelier. Gardant les yeux droits dans ceux du nordien, serrant les mâchoires à s'en faire mal. La main de Tall sur son épaule l'empêchait de hurler de plus belle. Elle avait le cœur prêt à bondir hors de la poitrine et la gorge en feu. La violence de la réponse du chancelier la touchait, mais ce n'était rien à côté de son aplomb, de celui de cette usurpatrice et du silence des autres seigneurs.
Comment... Comment pouvait-on raconter des mensonges si grave dans un lieu comme celui-ci...?
La frustration d'une réelle détresse la heurta de plein fouet lorsque le vieux maître de cérémonie voulu simplement la faire taire, quoi qu'en rabrouant au passage la violence dont Roderik venait de faire preuve. Elle regarda lentement les visages autour de la table, y cherchant un allier, un visage même moitié moins en colère que le sien, un simple signe d'horreur... Mais non. Il n'y avait au mieux qu'un peu de doute et il était clair que ce qu'elle disait n'avait peut d'importance. Pire. elle avait l'impression que savoir si l'identité d'Angelina était vrai ou non n'avait pas d'importance. Ne pas le savoir aurait arrangé tout le monde... Ils auraient préféré qu'elle se taise, elle en était convaincue...
Elle déglutit avec difficulté. La main du Vicomte se resserra sur son épaule comme un encouragement à se ressaisir, lorsqu'il sentit le frisson qui commençait à faire trembler le dos de la jeune femme.
Lui même aurait préféré que Linaëlle s'abstienne de faire un tel scandale, mais la révélation était de taille. Trop pris par ses propres considérations politiques, l'entrée de Solaria ne lui avait arraché qu'un vague regard. Il aurait du y faire plus attention pour réagir à la place de la jeune fille.
Décidément, il était maintenant certain que la Comtesse ne tenait pas Linaëlle à l'écart de la plupart des interventions politiques juste pour épargner à sa fragile personne le poids du pouvoir. L'entretien avec Renaud lui avait déjà prouvé qu'elle était de nature brusque et entêté, mais même les longues discussions qu'ils avaient eu à propos de ce Concile n'avaient pas su l'assagir.
Debout au côté de la Duchesse, Guilhem écouta les reproches du Chancelier sans bouger d'un pouce. Son maintien se fit plus raide et fier que jamais, son visage ravagé par la guerre et criblé de cicatrices devint d'une dureté qui n'était plus seulement neutre mais froide. De tout son être émanait une rigueur martiale telle que seuls ceux qui ont officié dans les armes pendant des décennies peuvent la connaitre. Lorsque le vieux maître voulu faire reprendre le débat sans plus se préoccupé de l'interruption des Langeciens, s'en fut trop. Il allait de nouveau prendre la parole et envisageait de quitter la table, lorsqu'Erac surgit du fond de son siège avec la fermeté et le calme des innocents.
- L'accusation est aussi grave que l'acte. " laissa tomber Guilhem en réponse à la question du Duc, seule sa rigueur lui permettant de garder un ton et une allure égale. " Son Altesse à réagit avant que je le fasse et c'est là son seul tort. Cette femme est passé plusieurs fois au Palais et connaissait très bien la Duchesse Méliane et le Duc Oschide. Je l'ai croisée à plusieur reprises, mais Damoiselle Linaëlle a passer de longues journées avec elle et a même voyager dans le Sud en sa compagnie." et il n'avait jamais pu savoir pourquoi d'ailleurs... " Rappelez-vous aussi que nous n'avons rien à gagner dans cette accusation. Les pairs à cette tale ont pour la plupart une piètre opinion de Langehack. La représentation de Soltariel par l'une de ses ressortissante et non par un régent nordien était notoirement désiré par Langehack. De plus, jusqu'en ce jour d'hui, nous pensions soutenir la présente proposition de Sire Roderik de Weden à la régence du Royaume " ajouta-t-il en se tournant roidement vers l'intéresser "... car de tous les candidats que nous avions pressentis, vous étiez celui qui avait le plus briller autrement que les armes à la main. Votre honneur nous paraissait sûr. "
Le vicomte baissa les yeux sur le profile de Linaëlle tourné vers lui. Elle était... étonnée. Après avoir dévisager Renaud pour son intervention, c'était maintenant Guilhem qui la surprenait en défendant à mi mot la morgue dont elle avait fait preuve à l'intention du chancelier. L'homme ne lui adressa pas un sourire mais acquiesça. Alors elle se tourna avec un peu plus d'aplomb vers Renaud, se concentrant sur lui pour ne pas regarder ceux qui n'avaient pas réagis.
- Je connais Angelina de Solaria et ce n'est pas cette femme. Ces vêtements semblent être les siens, où ils y ressemblent beaucoup, et elle a sûrement été informé sur la vie et les habitudes de la véritable dame de Solaria. Mais je vous prie de me croire. Je dois beaucoup à Angelina de Solaria. Elle a sauvé ma mère et a toujours été bonne envers moi. Je connais son mari et j'aurai été heureuse de pouvoir la revoir ici après la m... mort de ma mère. Je ne pourrais oublier ni son visage ni sa voix. " Le tissus de sa robe, qu'elle tenait toujours à pleine main, cachait les entailles qu'avaient fait ses ongles dans ses paumes et le sang qui en avaient ruisselé sur sa peau clair. " Je le jure sur mon Souffle Immortel, sur les saintes écritures et même sur ma vie. Cette femme n'est pas Angelina de Solaria. Je n'en ai aucun doute." mais elle n'avait rien de plus que sa parole...
La parole d'une enfant de 14ans face à un chancelier ayant fait ses preuves depuis longtemps et respecté de tous... Elle n'avait plus aucun espoir d'être écouté de toute façon... Renaud l'avait sûrement écouté pour appuyer la demande étrange qu'il lui avait faite quelques jours plus tôt. Mais il n'en ressortirait rien.
- Je demande que cette femme soit mise aux arrêts et que la lettre de Soltariel ne soit pas prise en compte tant que le Duché du sud n'aura pas été informé et entretenu du problème qui nous occupe. Je me porte également garant des dires de la Duchesse Linaëlle de Lancrais et je suis prêt à subir d'éventuels châtiments à sa place si on devait venir à prouver que les accusations fomentés à l'intention de cette dame sont fausses. " déclara froidement Guilhem de Tall à l'intention du Maître. " Quant au choix du régent, Langehack ne se prononcera pas. Une enquête menée par plusieurs duchés et marquisats doit établir avec certitude la gravité de l'implication du chancelier dans cette usurpation étant donné qu'il est celui qui l'a introduite à cette table. Je souhaite aussi rappeler qu'avec l'intervention de la soit disant Dame de Solaria et de messire de Saint-Aimé, nous ne savons pas si d'autres que messire de Wenden veulent se présenter à la régence du Royaume, ce qui restreint grandement le choix qui nous est offert. "
Tout cela s'enfilait trop vite et de Tall commençait sérieusement à croire qu'on essayait de leur forcer la main d'une façon plus que grossière.
Aymeric de Brochant
Humain
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Sujet: Re: Concile de Diantra Dim 20 Mai 2018 - 14:44
« Je n'aurais pas du venir », n'avait cessé de se répéter ce matin là le marquis de Serramire. Il maudissait sa propre faiblesse, son impuissance face à des forces qu'il ne maîtrisait guère. Alors qu'il tenait Diantra au creux de sa main, Aymeric se trouvait contraint, à l'appel d'un vieillard aussi sénile qu'il était insignifiant, de venir visser son cul dans une cathèdre sortie en hâte. L'incongruité de cette rencontre se retrouvait dans sa précipitation ; on avait vaguement tenté lui donner quelque solennité, néanmoins tout jurait. Ainsi, sous les neufs voûtes de la salle du trône, non loin de l'imposant fauteuil des Roy de Diantra, s'était vue dressé à la hâte une table ovale ; à la place d'une populeuse assemblée, l'immense hall avait accueilli six princes. On se serait cru à un frugal déjeuner de campagne, pourtant c'était là que se jouerait le destin du Royaume - rien que ça.
C'est que ce désordre décidé dans la hâte avait été plébiscité par chacun des grands du Royaume, et contraint par là même le marquis de s'y rendre. Trop occupé à mettre en place une chape de fer sur la cité, Aymeric s'était laissé berner par l'apparent silence des autres seigneurs présents, et avait péché par excès de confiance. L'écrin d'inviolabilité qu'il pensait avoir construit pour le palais royal s'était vu violé en quelques heures, chaque prince s'empressant de pénétrer par la brèche qu'avait ouvert un inconnu, un vieillard que personne n'attendait là - sauf peut-être son commanditaire. Dès lors, quoiqu'il fut maître de la cité, Aymeric sut que ce qu'il redoutait s'accomplissait, qu'il quittait les champs de bataille pour mener une guerre de salon, là où, à moins de vouloir affronter la Péninsule toute entière, il lui faudrait se plier à de nouvelles règles.
Celles-ci impliquait donc de siéger parmi ses alliés mais aussi ceux restés de marbre face à la ruine du Royaume - y prenant même parfois part. Cela supposait surtout d'avaler un beau paquet de couleuvres, ce que la suite des évènements lui confirmerait. Dès les premiers mots du vieillard, Aymeric sentit la bile le gagner. Voila que l'on demandait, à valeur égale, l'avis de ceux ayant défendu et libéré le Royaume, et des oisifs s'étant prélassé dans son déclin. Il ne fallut guère longtemps au marquis pour penser que l'intriguant mestre n'était dès lors qu'un pantin suderon employé à saper sa propre victoire. N'était-ce pas normal, après tout ? Incapables de triompher par les armes, soltarii et langecins ne pourraient conserver leur pouvoir que de la sorte.
Cependant, à sa surprise, le premier grand coup qu'encaissa Aymeric ne vint pas du Sud, mais de son propre voisin, son compère revenu des morts, Roderik lui-même. Avec une adresse digne de feu son mentor, l'ineffable mervalois, le comte d'Arétria s'escrima à la suderone, c'est à dire à grand coup de papelards et de rombières. Si le marquis n'avait jamais douté que le départ de son ami pour Soltariel fut désintéressé, il lui fallait toutefois quelques secondes pour réaliser la manœuvre. Ces quelques secondes, on ne les lui accorda pas, alors qu'emboitant le pas à son vassal, le jeune Louis retourna le couteau dans la plaie. Se tournant avec une précipitation qui trahissait sa surprise, Aymeric toisa un long moment celui qui s'était dit son allié et venait de le déserter. Non sans ironie, le jeune cerf venait de tourner le dos à son premier soutien, pour s'acoquiner avec son premier adversaire - était-ce son fol amour, auquel s'était opposé le marquis, qui l'avait poussé à pareille contorsion ?
L'algarade subséquente permit enfin à notre héros de temporiser un peu, quand, dans un emportement juvénile, la duchesse de Langehack, échappant à son tuteur, battit en brèche les dires du Chancelier. Le répit était bienvenu - il offrait au marquis de quoi remettre ses idées en place. C'est que tout autour de lui, les lignes venaient de se brouiller en un instant. Aymeric avait cru devoir faire face, secondé de ses compères nordiens, à un parti de suderons attachés à le perdre ; voila que ses propres alliés tentaient désormais de le doubler, et que la bataille rangée se transformait en mêlée générale. On invoquait une pairie que nul ici, sinon le marquis, n'avait vraiment, et omettait par là même opportunément qu'Arsinoé y avait élevé jadis le maréchal de Clairssac. Les régents parlaient comme s'ils avaient été eux-même les seigneurs, et tandis qu'elle menaçait d'être convaincue de félonie, la voix du Soltaar s'exprimait librement à travers ses vélins. Impuissant malgré sa main de fer, Aymeric voyait s'accomplir sous son regard toutes les vicissitudes possibles. Nimmio, des tréfonds du caveau aqueux où Tari le gardait, devait assurément rire de cet homme qui, au sommet de sa puissance, était assailli de toute part comme lui auparavant. Colosse aux pieds d'argile, Aymeric, saisi un instant par l'appréhension, jeta un regard furtif aux seigneurs d'Odelian et d'Erac. Eux aussi, pour qui il avait tant fait, et à qui il avait promis beaucoup, allaient-ils également l'abandonner ?
Plongé dans un abîme d'incertitude, notre héros contempla alors un second temps de chaos à venir pour la Péninsule. L'alliance mue en acontre des rebelles n'était-elle pas un mince vernis, si prompt à craqueler, que l'on avait appliqué sur des griefs trop profonds ? Dix ans de troubles et de vindicte ne s'effaçaient pas ainsi, et les querelles, du reste, n'avaient pas encore déserté le Royaume. Aymeric se figura comment, de son nouveau bastion diantrais, il pourrait emporter le plus d'hommes, délaisser les terres royales et fortifier les siennes ; comment orchestrer la querelle entre ses voisins d'Odelian et du Berthildois pour mieux les occuper ; comment s'enfermer dans sa marche imprenable et endurer tout ce chaos.
Il inspira un grand coup, et tandis que le calme se faisait suite aux derniers mots du vieux Guilhem, trouva en lui le courage pour ne pas céder au nihilisme, pour parler haut et fort. « Peu me chaut que cette dame ne soit pas celle qu'elle prétend être! Je sais, moi, ce qu'est Roderik. » Après un instant de flottement, le marquis se leva, frappant du poing cette maudite table ovale. « C'est un preux! Un brave et un juste, dont les années de guerre comme de paix ont fait reluire la valeur. Notre Sire trouverait en lui un serviteur vertueux, et qu'importe les artifices venus du Soltaar! Je sais, moi, combien il est attaché au Roy et au Royaume. » Il avait lancé cela d'une traite, dardant de son regard l'assemblée qui, après un hommage si vibrant, s'attendraient certainement à voir le marquis se rasseoir.
« Oncques mais... » Sa sempiternelle locution claqua avec froideur. « Il n'est pas le seul. »
Alors qu'auparavant, le marquis avait toisé l'ensemble des convives, son regard se reporta dès lors directement sur le chancelier, de l'autre côté de la table. « Joigniez vous à moi, Roderik, comme vous les fîtes jadis, tandis que je me trouvais esseulé au milieu d'ennemis », lança-t-il avec calme, avisant non sans ironie que la situation aujourd'hui n'était guère différente - seul le terrain avait changé. Il s'adressa au reste de l'assemblée : « Vous tous, bons princes, rejoignez moi! Nombre d'entre vous l'ont fait ; les ai-je déçu ? Des seigneurs présents ici-même, il y a trois ans de cela, lors du sacre de sa Majesté Bohémond, ne suis-je pas le seul qui lui soit resté fidèle, et qui ait triomphé ? À deux reprise, n'ai-je pas uni sous la même bannière un Nord que l'on disait divisé et irréconciliable, pour défendre le Royaume contre ses ennemis, tant de l'intérieur que de l'extérieur ? Mes mots importent peu, bons seigneurs! Fiez vous à mes actes : que vous convaincra, s'ils ne le peuvent ? »
S'adossant pesamment contre sa cathèdre, Aymeric souffla. Sa résolution, autrefois emprunte de doute, venait de le propulser sur un chemin sans retour, et quoique le tumulte l'y attendît, le marquis demeurait apaisé d'avoir fait le premier pas - le plus dur. Ce chaos naissant l'avait aidé ; faisant office de repoussoir, il avait roidi sa dévotion envers le Royaume, son refus de l'abandonner à la chienlit, tant il est vrai que sans la paix du Roy, Serramire ne pourrait retrouver sa grandeur.
Roderik de Wenden
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Sujet: Re: Concile de Diantra Lun 21 Mai 2018 - 10:42
Angelina de Solaria prit une mine outrée, d’abord lorsque le duc d’Erac réclama qu’on la fasse sortir – avait-il conscience de l’insulte qui était faite au duché de Soltariel dont elle était la représentante ? – puis devint carrément livide lorsque Guilhem de Tall demanda qu’on la mette aux arrêts. Elle ouvrit grand la bouche mais aucun son n’en sortit, tant son effarement était grand. Roderik lui aussi était surpris. Il avait considéré l’emportement de la jeune duchesse comme le symptôme de son inexpérience et de sa naïveté, mais il n’aurait pas cru que le duc d'Erac et le vicomte de Tall oseraient risquer, sur de simples supputations, une crise diplomatique avec Soltariel. Étaient-ils inconscients, ou tout simplement fous ?
L’étau, pourtant, se resserrait dangereusement. Les choses ne se déroulaient clairement pas de la manière dont Roderik l’avait imaginé ; alors que les choses avaient si bien débuté et qu’il croyait pouvoir rallier la majorité des suffrages, conforté notamment par l’intervention de Louis, ses chances s’amenuisaient de seconde en seconde. Impuissant, il voyait peu à peu sa position s’effondrer comme un château de cartes : il avait fait de sa probité et de sa neutralité le tabard qui devait le conduire à la victoire, mais voilà que sa réputation était entachée. Il voyait le doute s’insinuer dans les esprits, et en dépit de ses dénégations, l’entêtement de Guilhem de Tall risquait fort de devenir contagieux. Quoiqu’il n’en montra rien, son inquiétude allait grandissante ; il n’y avait pas que la Régence qui se jouait ici. La menace d’une accusation planait sur lui comme une épée de Damoclès, et lui qui croyait quitter le Concile comme l’homme le plus important du royaume pourrait bien se retrouver dans l'heure au pain sec et à l'eau. Le destin, avec son sens de l’humour si particulier, savait rappeler dans ces moments-là combien il pouvait se comporter comme la dernière des putes.
Pour Roderik, le secours vint du côté le plus inattendu. La voix du Sénéchal s’éleva soudainement, alors même qu'il en avait presque oublié sa présence – chose impensable au début du Concile. Le marquis de Serramire déploya sa verve avec l’habileté qu’on lui connaissait, et bien qu’il commença à connaître le loustic, Roderik faillit s’attendre à le voir appuyer ses prétentions. Il n’en fut rien, évidemment ; Aymeric ne vint au secours de Roderik que pour mieux briller à sa place. Quoique se sachant battu, le Chancelier ne put s’empêcher de ressentir une certaine admiration pour ce si brillant rival : en un tournemain, le Sénéchal avait su profiter du tumulte naissant pour faire pencher la balance à son avantage. Désormais, les choix qui s’offraient à Roderik étaient simples : s’entêter à briguer la charge suprême, malgré de hauts risques et des chances de succès devenues minces, ou soutenir Aymeric dans l’espoir de se voir lavé des soupçons qui pesaient contre lui.
Il ne balança pas longtemps, car le temps lui manquait. Il considéra avec un brin d’amertume ses rêves de régence ; il s’était imaginé succéder à Cléophas et accompagner Bohémond pendant ses jeunes années. Il s’était rêvé en régent éclairé, ouvrant pour le royaume la voie d’un âge d’or qui aurait succédé au chaos des guerres civiles. Il était blessé par les propos l’incriminant d’usurpation, à fortiori quand ils venaient d’usurpateurs notoires ; il avait certes employé quelques raccourcis douteux, mais avait fait de son mieux pour tenter, avec le peu de soutiens et le peu de moyens qui étaient les siens, d’obtenir la régence par la voie légale. Il se savait animé des meilleures intentions du monde, quand bien même il lui avait fallu tricher un peu. Et puis, quiconque avait rencontré la vraie Angelina de Solaria devait se fiche éperdument de savoir si celle-ci était la vraie : une cagole jouait mieux qu'elle les nobles dames. Mais il était vrai que Roderik avait joué avec le feu, et il avait perdu.
« Les paroles du marquis de Serramire sont justes », déclara-t-il à l’assemblée. « Il y a quelques mois, j’ai incité Cléophas d’Angleroy à lui confier le sénéchalat car je lui faisais confiance ; cette confiance, le marquis ne l’a jamais trahie. » Il lui vint à l'esprit qu'à l'inverse, Brochant, lui, devait s'être senti trahi, mais poursuivit sans broncher : « et puisque certains cherchent à souiller ma réputation à travers des crimes imaginaires, crimes que je conteste avec la plus grande vigueur – il adressa un regard noir à Guilhem de Tall et Linaëlle de Lancrais – peut-être Aymeric de Brochant saura-t-il vous rassembler mieux que je ne serais en mesure de le faire. En ce qui me concerne, s’il devait être élevé à la dignité de Régent du Royaume, je renoncerai sans aucun regret à cette prétention, car je saurais que notre jeune roi se trouve entre de bonnes mains. »
Il s’enfonça dans son fauteuil et, dès lors, le visage fermé, ne dit plus rien. Allez tous crever, bande d’enculés, aurait-il pu ajouter s’il laissait parler son amertume. A présent que Roderik était hors-jeu, Brochant aurait toute latitude pour donner libre cours à ses envies. Parce que Roderik ne disposait pas de tant de ressources propres que le marquis, il aurait fait un régent aux capacités limitées, forcé de régner par le compromis et le maintien d’un équilibre entre forces du nord et du sud ; un équilibre qu’Aymeric de Brochant, lui, pouvait aisément renverser. Il gouta l’ironie du sort ; les Langecins l’avaient mis hors-jeu, et, de ce fait, facilitaient l’accession à la régence d’un homme qui serait bien plus redoutable pour eux. Roderik aurait pu leur accorder beaucoup ; désormais, il aurait à cœur de veiller à ce que Brochant serre la bride à ces tourne-casaques. Il n’oublierait pas ce qu’il leur devait ; d’une manière ou d’une autre, la gamine et son chaperon paieraient leurs insultes au centuple.
Cécilie de Missède
Humain
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Sujet: Re: Concile de Diantra Lun 21 Mai 2018 - 11:32
Le vicomte n'était pas du genre à soupirer. Mais cette fois, il aurait peut-être du faire une exception. Il n'y aurait donc pas moyen d'obtenir un ajournement de cette séance ni une décision réelle autrement que lancée à la tête entre deux injure et un tour de passe passe. La moutarde lui montant aux nez, le vieux Vicomte avait l'impression de voir de jeunes chiens fous se sauter dessus pour s'enculer et se mordre indifféremment. Pour que lui-même trouve que ces gens manquaient cruellement du semblant de calme et de diplomatie nécessaire à toute entreprise politique, c'était vraiment que les esprits avaient autant de sang froid que des dragons.
- Assez. " Perdu pour perdu, ayant déjà annoncé que leur premier choix était l'Aretan et non le Sénéchal avec lequel ils avaient une histoire bien plus complexe, il n'avait plus qu'à rester droit dans ses bottes. Il poussa Linaëlle à se rasseoir et posa lui même son séant comme pour apaiser les esprits. " Mestre, je vous en prie aider nous à réguler tout cela. Nous ne voulons pas balayer un homme de bien d'un revers de main comme nous ne voulons pas laisser le champ libre vers le trône à un félon. Nous ne demandons pas l’éviction de Roderik de Wenden. Nous demandons à ce que cette situation soit éclaircie. Je le dis et je le répète. Si Sire Roderik est hors de cause, qu'il a été trompé par le Soltaar ou que sais-je encore, la voix de Langehack lui est acquise. Sinon, nous remercions le Sénéchal de nous donner une alternative aussi honorable et forte pour l'union du Royaume. Dans tous les cas, le choix du régent ne devrait pas être expédié ainsi dans un nuage de doute. "
Aymeric de Brochant
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Sujet: Re: Concile de Diantra Lun 21 Mai 2018 - 14:06
Bénis soient les Langecins! En ne jouant que trop de leur chance pour affaiblir un Chancelier qui leur eût été un moindre mal, ces petites gouapes avaient ouvert une brèche suffisamment large pour laisser entrer Aymeric dans une arène dont il avait été exclu dès le départ. Mieux encore! Inconscients de troquer un renard pour un loup, les drôles venaient de précipiter le premier dans les bras du second. Forcément, devant le fait accompli, ils grincèrent des dents - Aymeric, lui, souriait intérieurement, d'un de ces rictus carnassier augurant paix et amour œcuménique.
Il lui fallait désormais boire le calice jusqu'à la lie. Alors qu'auparavant, le marquis avait lorgné non sans reconnaissance en face de lui, il darda dès lors de ses prunelles l'irritant vieillard à l'origine de cette entrevue, lui intimant silencieusement de se taire. Sans quitter des yeux l'intriguant, Aymeric se pencha progressivement à sa dextre jusqu'à gagner l'oreille de son voisin, le jeune Louis, pour lui glisser ces quelques mots : « Vois l'aubaine, Louis, chuchota-t-il, pour nous de pacifier enfin le Royaume ; vois combien les langecins la craignent! Les Cinq sont généreux : ils t'offrent de ne pas sacrifier une amitié pour une autre. Ne dédaigne pas ce cadeau, Louis : rejoins moi comme l'a fait Roderik, et je t'accueillerais sans rancœur et sans arrière-pensée, comme l'ami que j'ai toujours été pour toi. »
Pendant un instant, le marquis avait hésité à mettre dans la balance ni plus ni moins que la main de sa baronne ; mais cela, ç'avait été avant que Roderik ne change de bord et ne le soutienne, et si le marquis était prêt à concéder son pardon envers le faon qui l'avait déserté, il n'était cependant plus si désespéré que cela. Se redressant sur son siège, il quitta enfin du regard le vieux recteur pour se tourner à sa gauche, vers les seigneurs d'Odelian et d'Erac. Le premier s'était tenu coi jusque là tandis que le second avait tergiversé ; assurément, les premières passes d'arme de Roderik leur avaient insufflé la prudence. Dès lors que ce dernier s'était rangé aux côtés du marquis, et que seule l'irritante présence langecine semblait s'opposer à l'élection du Sénéchal, ce dernier espérait bien qu'il serait enfin rétribué par ceux à qui il avait prodigué tant de générosité.
Renaud d'Erac
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Sujet: Re: Concile de Diantra Mar 22 Mai 2018 - 6:22
Les choses s'enchainaient à une vitesse alarmante, et la donne changeait à chaque phrase. Renaud avait tenté de louvoyer, en appuyant Langehack, tout en offrant une porte de sortie au Grand-Chancelier, après tout, la dame n'était ni Duchesse, ni tutrice du Duché. Mais c'était sans compter sur Guilhem de Tall qui demandait maintenant l'arrestation de la dite usurpatrice, si c'en était une. Pas le temps de réfléchir, ou d'agir, que le Marquis de Serramire se lançait dans un monologue à tirer les larmes. Des plus subtil comme à son habitude, il commença en venait au secours de Roderik, tout en enfonçant un clou dans la plaie béante, profitant de son état de faiblesse soudain pour se présenter au poste de Régent, et en demandant au sire de le soutenir. Ce dernier sauta bien entendu sur l'aubaine, vantant le Sénéchal tout en ne retirant pas pour autant sa candidature. Langehack remit une couche, minimisant les choses, et avançant que le Grand-Chancelier avait sans nul doute été lui même dupé, ce qui n'était pas inenvisageable, et que leur soutien serait pour lui s'il était écarté de tout soupçon.
Tout cela fit tourner la tête du Duc d'Erac, qui ne savait plus ou en donner justement. Seul Gaston était restait silencieux. Et puisqu'il semblait vouloir continuer à l'être pendant au moins un instant, Renaud se dit qu'il était temps de cesser de tergiverser. Il avait courtisé beaucoup de monde, mais il y avait un moment ou il fallait s'engager. Il savait aussi qu'il était utopique de croire qu'il ne se ferait jamais d'ennemi, ou que tous le verraient comme un ami. Il devait maintenant prendre parti, et choisir. Alors lequel des deux soutenir ? Roderik lui avait envoyé un émissaire qui avait parfaitement joué son rôle, et la crainte d'un nord trop puissant était bien présente. D'un autre côté, Renaud n'avait rien promit au Grand-Chancelier. Concernant Aymeric, il avait débuté une alliance avec lui, restait à savoir s'il ne manipulait pas le malheureux, et qu'il balayerait d'un revers de main tout ce qu'ils s'étaient promit. Mais si Roderik était vraiment coupable du subterfuge dont on accusait la dame de Solaria, tiendrait il, de son côté, ce qu'il avait fait miroiter au médian. Ce fut un peu cela, et surtout le désaveux de Louis sur l'alliance du nord, finalement pas si solide que cela, qui fit pencher la balance
"Erac soutiendra le Marquis de Serramire, Aymeric de Brochant, pour la place de Régent du Royaume. Messire Chancelier, vous semblez être d'accord sur sa compétence, et le respect de ses serments, vous m'avez convaincu de lui apporter mon vote"
Personne, bien entendu, ne connaissait les ententes passées entre Serramire et Erac. Aymeric, lui, ne serait pas dupe, et comprendrait qu'il avait ménagé le sire, mais que c'était bien son engagement qu'il respectait. Erac avait fait son choix, et si c'était Roderik qui passait, même si les deux hommes ne deviendraient pas des amis, et encore c'était à vérifier, ils pourraient travailler tout de même de concert. Erac devenait le premier soutien à soutenir Aymeric, serait il le seul ?
Louis de Saint-Aimé
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Sujet: Re: Concile de Diantra Mer 23 Mai 2018 - 17:44
Était chanceux l’homme qui se reposa promptement la veille, car ce concile ne s’annonça guère comme étant la moitié d’un. La candidature de Roderik posée sur la table, l’appui de Louis clairement exposé, une tempête fortuite et tout autant inopinée percuta de plein fouet l’assemblée. À tous les coups, la teneur des primes propos tenus enfiévra la toute jeune Linaelle, lui octroyant au passage l’envie de débonder tout son fiel à propos du fallacieux invité du Chancelier. Et c’est ce qu’elle fit sans endiguer le moindre du monde son ressentiment envers ce qu’elle crut comme l’une des pires pantalonnades éhontées! Elle incendia la place en faisant fit de toute convenance, s’enhardissant au fur et à mesure qu’elle étaya ses accusations –fondées ou calomnieuses!-. Louis, spectateur au même titre que ses autres semblables, resta coi face à tant de véhémence, s’attendant à ce que Roderik retombe habillement sur ses pattes, donnant ainsi raison aux allégations qu’il lui tint plus tôt. Son atterrissage à peu près réussit, fût sauvé par l’intervention du verveux Aymeric qui, contre toute attente, chassa d’un revers de la main cette odieuse accusation comme si elle ne fût autre qu’une vulgaire bagatelle. En l’état, ce mensonge s’il en était un, appesantissait la crédibilité de la lettre signée de la Suderonne sur le point de vêler, mais n’en discréditait guère pour autant le propos. Alors oui-da! Qu’Aymeric incite à passer outre cet imbroglio ne manquait guère de sens, surtout lorsqu’on comprenait pourquoi s’était-il chargé de laver la table de cet épineux litige. C’est sous le couvert d’une franche-camaraderie envers Roderik, qu’il lança sa candidature sans autres ambages, faisant de suite ombrage sur l’avenir reluisant auquel l’Arétan crut toucher du bout des doigts.
Le fumier …
Dès le premier instant où son père s’était éteint, Louis trouva chez Aymeric un allié potentiel auquel les sages conseils lui donnèrent le coup de pouce nécessaire pour son entrée en politique. Allant même jusqu’à emprunter une figure paterne, le corbin alla même jusqu’à se faire un ami de Louis, réunissant le nord sous une même bannière solide et unie. Adonc, quelles raisons pouvaient empêcher le cervidé d’avoir pour cet homme la plus totale des confiances? C’est cet ambition, démesurée, qui ne possède aucune commune mesure, qui donnait froid dans le dos et qui l’empêcha de raviser de suite son soutien pour Roderik au profit d’Aymeric. De son puissant voisin du septentrion, il crut pendant un instant, sans doutances dans un élan d’innocence, que son appétit aurait été comblé à l’obtention de ses nouvelles fonctions de Sénéchal. Un mécompte colossale et tout aussi gênant, qu’il n’irait pas crier sur tous les toits ; car le Brochant était un glouton à la faim insatiable, duquel possédait comme unique barrière à sa convoitise, la mort.
Un souffle silencieux en guise de soupire de lassitude, après qu’on lui ait murmuré à l’oreille un ultime conseil. Pas qu’il fut moins à même de régenter le royaume qu’un autre, mais désigner Aymeric comme « Roi » de la péninsule, c’était de lancer une pièce dans les airs et qu’elle tombe du bon côté. Plus imprévisible que le temps, il ne restait plus à espérer que son avis soit du même que le vôtre. Un fait qu’il put constater lorsqu’il se prit en pleine poire le refus catégorique de son union avec sa vassale.
« Si le Chancelier consent à céder sa candidature au profit du Marquis de Serramire, c’est en qualité de Régent du Roi au titre de Marquis de Sainte-Berthilde, que j’offre également mon soutiens à Aymeric de Brochant à la très lourde tâche de Régent du Royaume. » Et il n’eut guère à en dire d’avantage : ses qualités et exploits étaient ce jourd’hui connues de tous et s’il avait à justifier son manque d’enthousiasme, il le ferait dans le privé.
Cécilie de Missède
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Sujet: Re: Concile de Diantra Jeu 24 Mai 2018 - 20:05
Une mascarade... Dans un sens ou dans l'autre, ils n'auraient donc droit qu'à une mascarade. Guilhem, l'esprit et le cœur caché derrière une face stricte aguerrie au fil de l'épée, ne pouvait s’empêcher d'éprouver une étrange sorte d'amertume triomphante. Ces jeunes loups qui se jetaient à la gorge les uns des autres au rythme d'une danse qu'ils ne comprenaient pas venaient d'effectuer une pavane d'une rare harmonie. Une pavane dont Linaëlle avait été le cœur et le Sénéchal le chef d'orchestre.
Le vieux chevalier n'avait que mépris pour ce qui était en train de se dérouler... Mais en tant que militaire, il gardait un certain respect pour la façon dont le véritable maître de cérémonie avait utiliser chaque retournement de situation. Bien. Il ne lui restait plus qu'à faire ce qui devait être fait.
- Cet état-major n'ose visiblement pas se perdre dans de longues réflexion. Ainsi Sire de Brochant remporte la majorité, il me semble. " Il se leva, ravalant le fiel qu'il avait sur la langue. " Veuillez m'excuser, j'ai un mot à dire à son Altesse Linaëlle. Nous ne seront pas long. "
La jeune fille loucha sur la main du vieil homme, plus pâle que jamais, mais se leva a son tour pour se diriger vers la porte de l'immense salle. Son maintient était si approximatif qu'elle semblait sur le point de faire un malaise.
La porte claqua derrière elle... Et elle respira. Elle respira vite, fort, profondément. Elle n'arrivait pas a croire ce qui venait de se passer. Elle ne comprenait pas comment... ni pourquoi. DameDieu...
Deux grandes mains l'attrapèrent par les épaules. Par réflexe, elle se dégagea d'un bond, totalement concentré sur l'instant présent. Ses yeux tombèrent sur ceux du Vicomte. Elle l'avait rarement vu si froid. Il la rattrapa et l'empêcha de se défaire de sa prise une nouvelle fois.
- Vous rentrez au manoir. - Quoi ?! - Votre prise de parole était injustifiable. Je continuerai ces négociation seul et leur dire que vous êtes indisposée. Sa Grandeur doit vous attendre dans les jardins. - Mais... - Taisez-vous. " Son regard suffit à faire taire la jeune fille. Certain d'être obéit, il se redressa et tourna les talons, lançant seulement un bref : " Ce n'était pas sensé se passer comme ça. "
Le vicomte retourna s'asseoir, laissant Linaëlle hors de la salle pour se présenter a nouveau seul face aux autres sieurs.
- Veuillez m'excuser messieurs. Notre jeune dame se trouve indisposée. Nous pouvons reprendre. "
Le premier sujet du jour était déjà quasiment clos et son déroulement s'était révélé plus que catastrophique. Guilhem n'était pas un politiciens. C'était un chevalier. Un seigneur terrien. Et s'il pouvait se montrer buté, il était suffisamment éduqué pour savoir qu'il ne brillerait pas par sa finesse en un tel lieu. Maintenant que Linaëlle était sortie de ce guêpier. Il répondrait simplement à chaque question, répondrait lorsqu'on l'interrogerait et défendrait les positions de Langehack comme on défend une place forte, avec droiture et patience. Mais il ne se faisait pas d'illusion sur les résultats.
Alors d'où pouvait bien provenir cette amère victoire ? Ceux qui avaient donner son titre d'Ogre au duc Oschide pour diaboliser chaque tentative de pacification de la part de Langehack. Ceux qui s'étaient ris de leur refus de prendre parti pour un camps plutôt qu'un autre et l'avaient traité de lâche et de félon. Ceux là même allaient bientôt savoir ce qu'était un Ogre.
Qu'il exerce le pouvoir dans le bon sens ou non, Aymeric de Brochant ne serait contrôlable que lorsque ses chiens savants décideraient de ronger leurs laisses avant de se précipiter.
Gaston Berdevin
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Sujet: Re: Concile de Diantra Ven 25 Mai 2018 - 18:26
« Le bleu te va mieux, je t’assure. » Elle épousseta son épaule et comme il tournait son regard vers elle lui sourit. Ses grands yeux d’azur le toisaient avec bienveillance. Elle reposa sa main sur l’épaule qu’elle venait de caresser. Sa grossesse laborieuse aurait dû la tuer, à présent elle resplendissait. Il la dominait de deux têtes, peut-être trois, et pourtant irradiait de la petite marquise d’Odélian une force qui aurait aplati les montagnes et fait refluer les océans. Néera… pensa-t-il en baissant le regard pour faire semblant d’étudier son pourpoint d’un bleu marin. Il abaissait le regard par humilité. Il éprouvait de la honte de trouver sa femme, son autrefois belle-sœur, aussi belle. Il se remémorait les galanteries qu’ils échangeaient quand Grégoire, son frère, son mari, la négligeait lors d’une nouvelle chasse. Les regards courtois qu’il lui jetait alors le faisaient trembler d’effroi maintenant. L’aimait-il, ou en avait-il le droit ? Cette main, ce sourire, ce regard bleu, n’appartenaient-ils pas au fantôme de son frère Grégoire ? Il éprouvait de la faiblesse à la voir si forte, si volontaire, si radieuse. Lui était encore hagard, rongé par les fièvres qu’il avait contracté quand les armées royalistes firent leur jonction. Tout lui était étranger, tout semblait hostile et neuf. La cité que racontaient les contes n’existait plus depuis des années, celle qu’il avait connu autrefois avait été étranglée il y a de cela des mois. Diantra n’était plus qu’un squelette, un vieillard recroquevillé apeuré par son ombre. Les visages qui avaient rendu l’hommage au petit roi Bohémond avaient été remplacés, seuls Aymeric et Madeleyne leur avaient survécu. D’autres étaient venus pour reprendre les rôles et jouer leur part dans ce décor hanté, mais personne n’était vraiment convaincant. Ils étaient tous fils de traîtres, représentants de traîtres, alliés de traîtres ou traîtres eux-mêmes. Ils n’étaient pas là pour restaurer la paix du royaume. Ils étaient là pour excuser leurs manquements, défendre les biens qu’ils avaient accaparé et en ravir d’autres. Ils se mariaient, négociaient les morceaux, s’écharpaient sur les miettes de royaume. Des rumeurs circulaient sur les alliances qui se mêlaient à mesure qu’on gagnait la guerre. Gaston, en s’avançant dans la grande salle, eut un arrêt. Son frère Philinte le prit par le bras, et ils avancèrent de concert. Lui aussi, malgré sa captivité, rayonnait de santé. Entre la jeune Ancenis et sa masse de frère, le marquis d’Odélian n’en menait pas large. Ils se mouvaient comme un seul homme ; ils sentaient comme le chien le sang à quel point cette lugubre pantomime pouvait se révéler mortifère si Odélian ne présentait pas un front uni. Chacun dit sa part. Gaston n’entend rien. L’écho des tambours de guerre occupe son esprit malade. Le bruit des sabots, le cliquetis d’une armée en marche, voilà ce que paraissent dire les discours. Il se tasse, réfrène un tremblement, se tait. Il n’entend rien. Tout est étrange et dissonant. Finalement, le choix des « pairs » s’arrête sur le marquis de Serramire. Au pays des aveugles, les borgnes sont rois. A son tour de se lever, et d’enfoncer le clou. « Si le marquis de Serramire jure sa foi à mon suzerain, le roi Bohémond, premier de son nom, et qu’il fait serment de protéger ses honneurs et ses corps, mortel comme majestueux, Odélian promet de reconnaître Aymeric de Brochant comme le légitime régent de notre royaume. »
Aymeric de Brochant
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Sujet: Re: Concile de Diantra Sam 26 Mai 2018 - 11:24
« Il y a trois ans, je le promettrais déjà ; aujourd'hui, je le promets encore », répondit d'un ton grave Aymeric aux mots de son voisin, le marquis d'Odelian. Avec le ralliement de ce dernier, c'en était fait des derniers doutes, et notre héros savourait son triomphe. Qui, il y a cinq ans de cela, tandis qu'il s'échappait des geôles de Bastylle pour trouver un pays en proie aux invasions étrangères et aux rébellions intestines, eût misé sur lui, le modeste seigneur de Brochant ? La victoire n'en était que plus belle qu'elle avait manqué de lui échapper - elle rayonnait d'autant plus que ses contempteurs l'avaient précipité. L'ironie était de mise ; le marquis, toutefois, affecta la plus grande solennité au moment de se lever.
« Bons seigneurs, votre confiance m'honore et me flatte, entama-t-il. Je ne l'oublierais pas, et tâcherais de m'en montrer digne! Il y a quinze ans de cela, feu notre bon Roy Ultuant nous quittait ; de cette plaie, le Royaume n'a jamais réellement guéri, plongeant dans les affres des guerres intestines, se choisissant des chefs inévitablement bafoués ou tyranniques. Oncques mais! Chacun d'entre vous s'est réuni ici désireux de paix, et j'ai bon espoir, dès lors, que ces temps de tumulte soient derrière nous. Longue vie à Bohémond, longue vie à la maison d'Ivrey! Puisse-t-elle surpasser ses ancêtres Phyram en longueur et en prospérité! »
Qui sait ? Peut-être que de ses débuts si chaotiques, la nouvelle dynastie saurait tirer la force de surmonter l'épreuve du temps, à l'image de ces arbres poussant au milieu des roches arides, mais dont le bois est plus dur que tout. Quoiqu'il en soit - et pour filer la métaphore - le scion des Phyram saurait trouver en Aymeric un tuteur solide (trop, peut-être, au goût de certains). L'homme s'était résolu à restaurer le Royaume dans sa grandeur passée, condition sine qua none à celle de ses propres fiefs. Cependant, alors qu'il prononçait ses dernières paroles, le marquis nouvellement fait régent éprouva une étincelle de crainte. Plut aux Cinq qu'il réussisse, Aymeric ne donnerait-il pas à sa Majesté les armes pour évincer, dans quinze ans, son influent régent ? Cette pensée, le marquis préféra la chasser - elle devrait pourtant l'obséder longuement, durant les temps à venir.
« Le vénérable recteur a promis beaucoup, en nous conviant tous ici, hélas il me faut décevoir. S'il est nécessaire que le Royaume jouisse de la justice, que les actes vertueux soient honorés et les vils punis, énonça le marquis sans parvenir à réprimer un coup d’œil vers le vieux Guilhem, le premier à qui le justice doit échoir n'est autre que notre Sire à tous, sa Majesté le Roy. Nimmio, en faisant ici-même irruption, entreprit de partager son butin avec ses comparses ; je ne serais point semblable à lui. En tant que Régent de ce Royaume, mon premier souhait est que tous nous rendions à Bohémond son dû : l'hommage. »
C'était un pari risqué que d'interrompre ainsi ce Concile ; Aymeric, cependant, se leva. « Je ferais quérir la Duchesse Tibéria - cela permettra en outre de mettre fin à vos doutes, seigneur Guilhem. La cérémonie prendra place lorsque sera en ces murs. » Le marquis tourna les talons, non sans avoir fait signe au Chancelier de le suivre. « Que la DameDieu vous gardes, bon seigneurs. »
Roderik de Wenden
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Sujet: Re: Concile de Diantra Dim 27 Mai 2018 - 22:31
Ainsi la chose fut réglée. Les suppliques du vicomte de Tall, outre le fait d'anéantir un peu plus les chances d'un Roderik auquel il s'était curieusement prétendu favorable, ne firent qu'entériner l'avènement du marquis de Serramire. Roderik demeura silencieux ; la dame de Solaria en fit autant - le tapage qu'elle avait provoqué l'incitait à un prudent silence. Tous deux joignirent néanmoins leur voix au « longue vie à Bohémond » clamé par le nouveau Régent. Après tout, quel que soit l'homme qui présidait aux destinées du jeune roi, n'était-on pas tous là réunis pour l'amour de Bohémond et la sauvegarde de ses droits ? Roderik acquiesça de bonne grâce et, lorsqu'Aymeric interrompit le Concile et se leva, le Chancelier en fit autant. D'autres sujets figuraient à l'ordre du jour, mais de la passe d'armes qui s'était déroulée un peu plus tôt autour de cette table émanait une tension toujours latente. Le royaume avait un Régent, désormais ; ces sujets seraient traités dans un climat de sérénité. Et vraisemblablement autour d'une table différemment composée.
Roderik sortit, non sans un dernier regard à Guilhem de Tall, se demandant brièvement où se trouvait présentement la jeune Linaëlle ; puis, remisant à plus tard sa petite vendetta, suivit le marquis au-dehors, où il lui fallait désormais affronter les tourments de l'incertitude quant à son avenir immédiat : quel sort réserverait le nouveau Régent à celui qui avait échoué à prendre sa place ?
Renaud d'Erac
Humain
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Sujet: Re: Concile de Diantra Lun 28 Mai 2018 - 6:07
Le vent avait tourné, et le Marquis de Serramire reçu ce qu'il avait ardemment souhaité, amenant même celui d'Odélian à enfin prendre la parole, ce qu'il n'avait pas fait depuis le début. Renaud fut surpris de le voir prendre cause pour son voisin nordique, alors qu'il était de notoriété publique que celui-ci souhaitait récupérer la suzeraineté sur sa terre de juré qu'était Odélian. Voila donc le premier ordre de clos, et pas des moindres. Le Duc se demandait d'ailleurs à quoi servait certains autres points, surtout après avoir choisit un Régent. Cette nomination aurait du se trouver à la fin, et non au début, puisqu'ils allaient maintenant débattre de certains sujets qui devraient revenir au nouveau Régent du Royaume. Enfin, Renaud était satisfait que le concile avance, même s'il était surprit de la façon dont presque tous avaient écarté l'histoire de la dame de Solaria.
Tout ce qui intéressait maintenant le Duc d'Erac dans les points restants, étaient son avenir, avec la récupération de ses terres de jurés, ainsi que la nomination au titre de Marquis de Louis, à qui il voulait rendre la politesse suite à la campagne qu'ils avaient vécu cote à cote. Mais ses rêves furent brisées quand Aymeric balaya d'un revers de main tout ce qui devait suivre, plantant les pairs la où ils se trouvaient. La colère monta, et Renaud dut la réprimer. Voila qu'on retardait encore sa délivrance. A ce moment, il ne pensa pas à Louis, qui devait sans doute penser la même. Maintenant qu'il avait assouvit ses ambitions, le Marquis laissait ses, ou du moins son, allié, sur le carreau. Renaud resta longuement assit, coi, avant de se relever et de quitter la salle, ayant reprit le contrôle sur sa pensée. Après avoir repris le fil de sa réflexion, il se dit que tout n'était pas perdu, loin de la, voir même au contraire. C'était la patience qu'il fallait maintenant cultiver, mais il devait bien s'avouer qu'il arrivait au bout. Il n'avait plus qu'à espérer avoir misé sur le bon cheval, et que le nouveau Régent tiendrait les promesses qu'il avait faites au jeune Duc. L'avanie que lui avait affligé Louis pourrait faire penser qu'Aymeric cultiverait encore plus son alliance avec Erac, premier participant à l'avoir ouvertement soutenu alors que le vote était incertain.