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| Plaider l'Absolution [PV Haldren] | |
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Lœthwil
Ancien
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| Sujet: Plaider l'Absolution [PV Haldren] Mar 17 Avr 2018 - 0:23 | |
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Calimehtarus de la Cinquième ennéade de Verimios Dixième année du Onzième Cycle Depuis l’aube tu marches seul à travers l’Annon, vers les frondaisons d’Ardamir. Seul, du sang frais sur la conscience, un nébuleux sacerdoce à accomplir et la responsabilité d’un tout jeune clan sur les épaules. Seul, et pourtant avec une étrange nonchalance. Tes pas martèlent le sol avec assurance et tes épaules s’obliquent à l’inverse de tes hanches. Tu marques de grandes enjambées, défiant presque par ton attitude le destin de venir t’écarter de ta route. Mais qui, quel elfe n’aurait pas eu la même attitude que toi si la Sylve se mettait pareillement à clamer son passage. Bien sûr, tu savais les racines de l’Estel plonger jusqu’ici. Bien sûr, tu savais les frères par-delà la ligne de front n’attendre que d’être libérés du joug Eldéen pour reprendre leur Ode sans fin, mais jamais, même durant tes plus profondes rêveries, tu n’aurais imaginé la Voix des forêts clairsemées de Yutar être aussi vive. Et jamais non plus ne te serais-tu imaginé celui ayant le pouvoir de la leur rendre. Mais en l’occurrence, quoi que tu en profites allègrement, ce n’était pas les harmonies de la Symphonie ton premier souci, mais le contrepoint de la trame, et une de ses lignes mélodiques en particulier. Celle que tu partageais avec ta moitié. Yutar était tombée, et avant de plus t’investir dans tes tâches en tant que l’une des quatre têtes de ton clan ou d’entamer une marche vers le deuil des dernières batailles, il te fallait retrouver Ilweran. C’est avec la naissance du Dragon-Fae et le retour de ta capacité à espérer que ta croisade avait réellement trouvé du sens, alors la parachever sans lui te paraissait ton bonnement inconcevable. Et le petit reptile te manquait, voilà tout. Il était ton apprenti, ton compagnon de route, parfois même, alors qu’il n’était pour l’instant qu’une poignée de mots de ton langage dont il ait réussi à s’imprégner, il se faisait ton confident. Il était le miroir de tes émotions, à la fois une feuille vierge et le fruit de tes expériences. Il était finalement ce que tu avais de plus proche d’un enfant. Mais même si ton enfant était loin, et même s’il te manquait, tu étais paisible, car tu pouvais le sentir, il l’était aussi. Quelque part dans l’Œuvre il dormait. Protégé. Bercé par les bras de la Mère. Protégé toi aussi tu l’étais, par les yeux de frères d’armes rôdant encore dans les bois de l’Annon, par les yeux des frères de la Sylve, retrouvant la parole sur ton passage, et contant aussi vite qu’ils le pouvaient ce que des années de silence avaient retenu. Des siècles d’observation, des Cycles entiers de mouvements, un incroyable ambitus d’émotions et de sensations sur lesquels tu ne pouvais qu’à peine attarder l’oreille, concentré que tu étais sur le rythme pulsé par le cœur du petit dragon en réponse au tien. Tu avais été en détresse trop longtemps, ta descente vers l’abysse ayant précipité la sienne. Tes heurts l’avaient heurté. Il ne se relèverait pas avait que tu ne l’aies suffisamment rassuré. Alors c’est vers lui plutôt que sur Yutar, son après, ou son avant que se portaient tes pensées. Du moins jusqu’à ce qu’une vibration particulièrement discordante ne t’y arrache. Tes sourcils se lèvent, tes oreilles se tendent, et ta carapace végétale se resserre, comme comprenant d’elle-même tes appréhensions. Ta démarche en une fraction de secondes se transforme, d’un pas nonchalant à une course d’une impressionnante souplesse. Tu remontes à la source de l’accroc dans la Symphonie, l’œil cherchant frénétiquement correspondance dans le paysage et l’oreille chassant le moindre bruit étranger à l’habituel cortège sonore forestier. Un Drow… ou quelque chose s’en approchant. Tes doigts s’agitent, tu veux faire appel à ta magie, mais tes instincts t’en empêchent. Tu continues plutôt ta course vers le haut, cherchant parmi les branches supérieures celles capables de supporter ton poids. Ta proie est fébrile.
Cible facile. Tu te laisses tomber depuis les hauteurs sur l’étrange créature, la plaque au sol et l’immobilise d’une seule traite. Ses bras en clef sous ton genou, sa joue au sol et ta main saisissant fermement son crâne, tu prenais finalement le temps de l’observer. Sa mélodie ne t’était pas entièrement inconnue. S’ils n’étaient pas si distordus, tu reconnaîtrais sans hésitation ces accords. Mais à la place, c’est son visage qui t’aura rappelé à qui tu avais à faire. Ce sont ses traits qui firent remonter les souvenirs, de tristes souvenirs. Aurais-tu encore été Ruthwentë que tu l’aurais mis à mort sans sommation, sans plus te poser de question. Il avait trop blessé pour mériter de vivre. Il avait trop détruit pour mériter d’exister. Celui qui allait jusqu’à sacrifier les siens dans un but égoïste n’avait pas sa place dans un monde harmonieux. Mais tu étais Lœthwil, et Lœthwil était assez en paix pour prendre le temps de réfléchir. Lœthwil était assez désireux de comprendre pour voir que quelque chose chez le Mage des Ombres d’Eraïson avait changé. Tu étais assez en phase avec La Très Sage pour entendre qu’il puisse ne plus être le monstre qu’il était autre fois. Tes prunelles d’or se plantèrent dans le profond émeraude de ses iris. Ton expression, dans son extrême sévérité, était d’une grande douceur. Ta voix claire sonnait plus comme celle d’un père punissait son fils que comme le prédateur salivant face à sa proie. Tu ne le lâcherais pas pour autant. - Tu avais promis que l’on se retrouverait… Ton front se plisse, tes yeux se tentant à lire les émotions sur son visage fatigué mais ce n’est pas ainsi que je t’attendais. Ton regard se tourne un instant vers l’arrière, avant de retrouver le sien Tu n’étais pas là lorsque Yutar est tombée. Que viens-tu faire en Annon ? Tes premiers mots, prononcés dans la langue d’Elda avec un fort accent elfique, juxtaposés avec les derniers, tirés du vieux vocabulaire Ornedhel, laissaient aisément entendre la proximité entre les deux dialectes, celle que les Sombres malgré tous leurs efforts n’ont jamais réussi à entièrement effacer. Celle que ton vis-à-vis avait littéralement à fleur de peau. - PS : l'armure d'Estiam ressemble à ça :
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| | | Haldren
Ancien
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| Sujet: Re: Plaider l'Absolution [PV Haldren] Mar 17 Avr 2018 - 12:17 | |
| Les journées s'étaient succédées dans un cycle routinier au fur et à mesure que l'hybride s'enfonçait dans l'Annon. Souvent il lui semblait tourner en rond et repasser par certains lieux qu'il reconnaissait : une petite rivière glougloutant joyeusement entre deux vallons, un rocher en forme de verge dressé au milieu d'une clairière. A moins qu'il s'agisse juste d'une simple pierre dressée pour d'obscures cérémonies druidiques ? N'ayant que rarement eu affaire à des elfes pour des échanges pacifiques, Haldren ignorait quasiment tout de leur vie en dehors des phases de conflits. L'étude de la culture elfe ne faisait en effet pas partie de l'enseignement des académies militaires de l'Elda, sauf pour en expliquer la décadence manifeste et inciter les futurs combattants à se venger de cette race fourbe les ayant cruellement trahi.
Son principal problème restait toutefois plus terre à terre car il s'agissait tout bonnement de trouver de la nourriture. Certes il aurait pu se téléporter à Thaar ou à Abyssea, s'éloigner de l'Anaëh puis revenir mieux équipé, mais son instinct lui dictait qu'il ne fallait pas tricher dans son retour d'exode. Bien que peu mystique par nature, l'ancien eldéen assimilait ce voyage à une sorte de pèlerinage, une purification intérieure qui ne supporterait pas de le voir recourir à sa magie pour hâter les choses. Pour la première fois depuis des siècles, l'archimage expérimentait la patience dans cette acceptation d'une situation qu'il ne maîtrisait pas.
Ce jour-là, il allait pouvoir festoyer car un lapin avait fini par se prendre dans ses collets, au contraire de ses deux cents cinquante six collègues qui se tapaient encore les fesses par terre en repensant aux piètres pièges du chasseur en herbe. Ce lapin moins futé ou moins chanceux rôtissait sur une broche au-dessus d'un petit feu entouré de pierres. La seule idée de la viande cuite le fit autant saliver que les plus grands festins auxquels il avait participé par le passé, aussi ne s'étonnera-t-on pas qu'il ait été quelque peu distrait. De toute façon, même sans cette distraction le résultat aurait été strictement le même, car Haldren se trouvait totalement inapte à différencier le bruit venant du passage d'un oiseau dans le feuillage des arbres à celui d'un Noss près à l'assaillir.
Le choc fut brutal et le drow (si tant est-ce que nous puissions encore l'appeler ainsi par facilité de langage) se trouva plaqué au sol par un elfe robuste qui l'immobilisa en quelques mouvements démontrant qu'il ne s'agissait pas d'un novice. Plus surprenant encore les quelques mots dans l'idiome du Puy pour lui demander ce qu'il venait faire en Annon.
On se connait ?
Haldren ne chercha pas à se débattre. Il savait depuis le choix que sa première rencontre avec les natifs d'Anaëh risquait de mal se passer et pouvait lui coûter la vie. Mieux valait faire preuve de bonne volonté et éviter de ruer dans les brancards comme un ennemi.
Ah oui, je te reconnais. Etisam, c'est ça ? Ou un nom comme ça ?
La vision de leur combat à coup de mandales dans les souterrains d'Eraison après l'échec du rituel lui revint en mémoire. D'une certaine façon, c'était plutôt une bonne chose que de tomber sur un Noss qui le connaissait... bien que d'une autre point de vue, le gaillard pouvait assez légitimement ressentir une relative hostilité envers l'intrus au vu du nombre de morts tant civils que militaires causés par sa tentative avortée de créer un Nœud au beau milieu de la cité elfique.
Haldren avait longuement réfléchi à la meilleure façon d'aborder ses lointains cousins, décidant au final de faire preuve de franchise quant à ses intentions. A quoi bon finasser ? Certes ses raisons pouvaient paraître totalement folles après huit cycles de séparation entre les deux peuples autrefois frères, mais il fallait espérer que la curiosité ou l'intérêt soient plus fortes que la colère. Tenter d'enrober la vérité ou y venir par un biais donnerait juste la sensation qu'il mentait.
Je viens supplier les lointains successeurs sur le trône du roi Lindal d'accepter mon retour d'exil.
Un silence.
Bon, tu me tues tout de suite ou bien on peut discuter ? Mon lapin va cramer et je n'ai pas correctement mangé depuis au moins une ennéade.
Le ton du drow n'était ni colérique ni abattu, juste emplit d'un fatalisme pour le moins étonnant chez ce personnage mégalomane tel que pouvait le connaître le Noss.
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| | | Lœthwil
Ancien
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| Sujet: Re: Plaider l'Absolution [PV Haldren] Mer 18 Avr 2018 - 2:09 | |
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L’absence de toute lutte fut un premier choc. Ta poigne ne se desserra pas pour autant. L’entendre s’exprimer en elfique même quand tu lui donnais l’occasion d’utiliser son langage de naissance en fut un second. Le coin de ses lèvres resta cependant au sol. Le fait qu’il reconnaisse ton visage, en fut un troisième. Ton genou vint tout de même assurer ta prise. Entendre ton nom de naissance, même écorché, venu de ses lèvres en fut un quatrième, et celui qui te poussa, sans le libérer, à quelque peu le soulager.
Lorsque l’âge avançait, que petit à petit le poids de son bagage pesait sur les visages ; lorsque les fronts commençaient à se décorer de ridules, que les yeux se cernaient et que les regards se faisaient moins vifs, il restait simple pour l’œil de continuer à faire le lien. Il suffisait d’avoir imaginé auparavant. Il suffisait de faire preuve de logique. Lorsque les marques d’usure disparaissaient cependant. Lorsque les traits revenaient à ce qu’ils avaient autrefois été. Lorsque l’adulte en même temps qu’il était revenu en arrière avait grandi comme s’il avait été deux fois adolescent, là la logique ne tenait plus. Le mage Sombre ne t’avait pas connu aux jours d’avant ton demi-Cycle. Le mage Sombre t’avait connu émotionnellement en bien plus de peines et au plus fort du doute. Tu étais une personne presque entièrement renouvelée aujourd’hui. Et malgré tout, il s’était souvenu.
Non seulement il s’était souvenu, mais il ne s’était en rien étonné.
Ne pourrait-on pas te faire la même remarque après tout ? N’as-tu pas connu sa peau d’un noir d’ébène ? Ses yeux d’une effrayante blancheur ? Son attitude dangereusement grandiloquente ? Ne l’avais-tu pas connu une toute autre personne que l’exilé blafard auquel il s’identifiait ? Tu appuies à nouveau de tout ton poids, approches ton visage du sien. Ses traits sont encore exactement les mêmes. Son visage au pore près possède la même disposition. Sa corpulence est à peu de choses près la même, moyennant quelques jours de fringales dans vos terres. Oui, tu l’as reconnu, parce que comme tu ne sembles pas lui paraître bien différent, ce n’est pas une carnation d’un brun cendré et des jades dans les yeux qui le changeraient aux tiens.
Tu claques des doigts. Les flammes léchant l’infortunée proie de l’ancien Eldéen meurent aussitôt. Lentement, sans conviction, tu libères ta prise, dégageant ton poids milligramme par milligramme. Tes yeux se portent vers la Sylve alors que tes mains te reviennent, et tu la questionnes, tu questionnes les Ëalas et tu questionnes la Mère. Etais-ce la bonne chose à faire ? Méritait-il la liberté ? Le souvenir de la jeune Nécromancienne aux yeux bleus t’ayant aidé à tracer ton chemin dans la Malebrèche te frappa comme une révélation. L’Inconstante, au travers des Chants d’Aduram t’avait donné d’entendre les sonorités ayant donné naissances aux Drows, de te les approprier, de les comprendre… et par la même occasion, de t’approcher autant que possible de ce qu’ont vécu ceux du Linoïn. Si la violence d’Aduram avait fait de toi un dangereux canon de verre, à aucun moment cette révélation ne t’avait arraché à l’amour que tu portais à La Mère. À aucun moment tu ne t’étais senti abandonné par Votre Créatrice. Et aujourd’hui, parce que jusqu’au bout tu t’étais accroché à elle, parce que tu avais su voir ce qu’elle avait voulu te montrer, elle t’offrait la paix intérieure dont tu avais toujours rêvé.
Les instincts ayant poussé T’sisra à se diriger vers la Source du Bourdonnement.
La mélancolie dans le regard de l’ancien mégalomane.
Peut être si La Mère t’a autant éprouvé, c’est aussi pour que tu comprennes que jamais elle n’abandonne un de ses enfants. Ce sont ses enfants qui l’abandonnent. Peut-être la paix que tu connais aujourd’hui n’est-elle autre que la preuve qu’il existe une place en ce monde même pour ceux qui en étaient le plus loin. Peut-être parmi les Drows certains doivent-ils être consumés vivants, et réintégrés à l’organisme qu’est l’Anaëh. Peut-être les Drows sont-ils toujours plus proches de vous qu’autant eux que vous n’acceptiez de le croire.
Ta main se pose dans le dos du pauvre hère alors qu’il s’attaque sans ménagement à la chair du lapin. Un rictus morose vient décorer ton visage. Aussi riche soient ces terres, à celui qui ne les connaît pas, elles sont aussi hostiles que te l’étaient celles de l’Aduram.
- Pourquoi revenir ?
Le ton était aussi doux qu’inquisiteur. Comme celui d’un guide. Comme celui d’un père. Parce que s’il était sincère, alors il était en Anaëh comme un enfant.
Et s'il ne l'était pas, tu ne le laisserais pas causer autant de dégâts que Tebryn.
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| | | Haldren
Ancien
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| Sujet: Re: Plaider l'Absolution [PV Haldren] Mer 18 Avr 2018 - 9:24 | |
| Rien ne prouvait que le Noss soit convaincu par ses paroles, mais à tout le moins il relâcha son étreinte, laissant Haldren se relever et essuyer la terre herbeuse qui lui maculait la joue. D'un pas lourd, l'ancien eldéen retourna jusqu'à son lapin qu'il entreprit de dévorer à belles dents, savourant la chair craquante et les sucs qui lui dégoulinaient sur le menton. Peu soucieux de la propreté ou de l'élégance, Haldren souhaitait surtout satisfaire les cris de son estomac. Mais il lui fallait néanmoins répondre à la question fondamentale posée par le Noss : "pourquoi revenir ?"
Parce que ma place est ici.
Reposant la carcasse du lapin, Haldren s'ôta un bout de chair qui le gênait entre deux dents puis son regard se perdit dans le vague.
Sais-tu ce qui est pire que de trahir un Dieu ?
Un silence.
Se sentir trahi par un Dieu.
Une profonde tristesse se fit sentir dans la voix du drow.
Pendant des siècles j'ai tout fait pour m'élever au sein de l'Elda, accumulant complots et trahisons, meurtres sordides et guerres impitoyables. Je servais Uriz, Teiweon, Valas et les autres divinités du panthéon drow, persuadé que mes actions se révélaient nécessaires à l'évolution de tout mon peuple. Mais plus je montais dans les strates de la société, plus une question me taraudait : quel est le but ultime de tout cela ?
Le calme était revenu dans la petite clairière, comme si la Nature elle-même écoutait patiemment l'histoire de l'intrus.
Je ne suis pas quelqu'un de bien et je n'ai jamais prétendu l'être, j'ai accompli bien des actes affreux durant ma quête de pouvoir. Mais ces conflits perpétuels ? Depuis combien de cycles nous affrontons-nous en vain ? Combien de milliers de morts au cours des âges sans jamais en voir la fin, sans jamais qu'un camp réussisse à en sortir vainqueur ? Tu as détruit Yutar comme nous avons détruit Ellyrion voilà dix ans, mais les fidèles d'Uriz utiliseront ta victoire comme un motif supplémentaire d'appel à la vengeance. Depuis tous jeunes, les drows se voient quotidiennement enseignés que tuer des elfes est une activité saine pour nous venger de votre trahison après la perte du Linoïn, au point que cela est devenu une justification à tous nos actes.
Haldren eut un petit rire sarcastique.
Huit millénaires... huit millénaires et nous en sommes toujours là ? C'est ce qu'on appelle avoir la rancune tenace.
Prenant un peu de terre dans ses mains, l'ancien eldéen la laissa lentement glisser entre ses doigts comme si ce geste machinal l'aidait à avouer son histoire.
Alors j'ai commencé à m'interroger sur la raison de tout cela, sur nos motivations profondes. L'Elda est une société encroûtée sous d'antiques traditions souvent ineptes... j'ai cru pouvoir changer les choses, j'ai cru avoir le pouvoir de créer un mouvement qui me dépasserait. Quel orgueil a été le mien, quel stupide foutu orgueil !
Le désespoir tordait le visage du drow à ce souvenir.
Je savais que tu allais attaquer Yutar. J'ai vu les clans Noss marcher de concert en direction du sud pour répondre à ton appeL J'ai montré cet avenir à une Élue d'Uriz, bien avant que les clans n'aient fini leur rassemblement. Contre la vie d'un enfant, je lui ai proposé de la laisser sonner l'alerte et d'envoyer des renforts aptes à bloquer ton attaque. Un sacrifice de sang contre la vie de milliers, était-ce un marché malhonnête ? Mais Uriz est intervenu. Il m'a châtié, banni et condamné à la damnation éternelle dans les geôles de glace, là où les drows osant contester ses diktats dogmatiques souffrent d'une agonie éternelle.
Un frisson parcouru Haldren à la seule pensée des P'leiks.
Comprends-tu ? Uriz savait ! Il savait ce qui allait arriver à Yutar ! Et il s'en fout ! Peu lui importe la victoire de ses armées... combien d'entre nous sommes tombés à Alonna, à Ellyrion ou à la frontière d'Anaëh ? Combien tomberons encore demain lorsque les osts quitteront le Puy pour t'attaquer ? Uriz a menti aux drows... depuis toujours il nous a menti, nous a trahi. Nous ne sommes rien pour lui, rien que de la chair a répandre dans des carnages éternels pour satisfaire sa soif de sang. Le Père ne recherche pas la victoire, seul le combat l'intéresse, un combat qu'il veillera à ne jamais faire cesser. Est-ce cela un Père aimant ?
Les derniers grains de terre glissèrent des doigts du drow, comme les derniers vestiges de sa loyauté envers son ancienne patrie.
Je l'ai renié... j'ai renié Uriz, puis je me suis plongé ce poignard dans le cœur.
Haldren montra au Noss la dague qu'il portait à sa ceinture.
Et alors "Elle" m'a sauvé... "Elle" m'a donné le Choix, le Choix d'une seconde chance, d'un renouveau, d'une rédemption.
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| | | Lœthwil
Ancien
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| Sujet: Re: Plaider l'Absolution [PV Haldren] Jeu 19 Avr 2018 - 2:20 | |
| Il était à la fois totalement alien et trop compréhensible, le plaidoyer de l’ancien Eldéen. Que Kÿria en vienne un jour à t’abandonner, ou à abandonner n’importe lequel de ses enfants t’était inconcevable au point que tu ne puisses qu’entrer en empathie avec celui qui décrivait la trahison de son père. Mais il n’y avait pas que cela. Il y avait ce désir de perfection, cette recherche d’un idéal pour un peuple entier. Il y avait cette oppressante envie de toujours mieux faire, à la fois pour soi et pour les autres, dans une quête aveugle dont ni toi ni lui ne connaissiez la finalité. Il était au même point que toi il y a peu de temps encore, cherchant désespérément un sol sur lequel mettre pied, et un sens à son existence.
Il était à la fois alien et trop compréhensible, le plaidoyer de l’ancien Eldéen. Les morts, comptés par milliers, emportés par un conflit aussi vieux qu’il promettait de s’étendre dans le futur, il vous était arrivé, souvent, de vous demander si les Sombres aussi les pleuraient. Les morts, tombés sous vos lames, lorsque les effusions de sang n’emplissaient plus l’air, que l’odeur des cadavres rôtissant sous le soleil les remplaçaient, ils vous hantaient. Ils étaient nombreux les guerriers et les chasseurs dont le sommeil était troublés par le souvenir des visages tombés face à eux. Ils étaient nombreux les guerriers et les chasseurs dont la rancune était aussi tenace que leur propre culpabilité. À écouter ton vis-à-vis, les Eldéens n’étaient pas si différents.
Ils avaient juste choisi la mauvaise allégeance. Et jusqu’à sa chute, il n’avait pas été bien meilleur.
Tu te glisses lentement face à lui, déposes ta paume contre sa joue, et tu souris. Tu souris à l’entendre parler de la puissance des rituels qu’il avait déployé. Tu souris à l’idée qu’il ait pu voir avant les temps, car ce n’était là l’apanage que des Dieux. Qui sinon l’un des Cinq ou de leurs agents pour le lui autoriser. Ton pouce lui caresse la pommette alors qu’il s’élève sans réellement le dire à la droite de Calimenthar. Tu lui offre un peu de douceur alors qu’il contemple amèrement sa défaite une fois de plus. Tu te moques silencieusement de lui alors qu’il tente sans l’assumer de se pardonner une offense faite à un enfant de sa propre race.
Il se targuait d’avoir voulu changer les choses, mais jusqu’au bout, jusqu’à la chute, il avait joué le jeu du Père des Batailles. Accepté sa vision comme s’il en était à l’origine. Infligé le dilemme qui lui avait été inspiré. Servi au Dieu de la Guerre les ingrédients de son prochain grand combat.
- Uriz… Calimenthar n’est ni notre Père, ni le vôtre. Les Ondurs sont ses seuls enfants, et même eux il ne les a pas épargnés. Oui, il est d’une puissance incroyable, et l’ardeur qu’insuffle sa bénédiction peut en faire un grand allié ; mais les tiens se méprennent s’ils pensent jamais recevoir son amour ta main glisse jusqu’à l’épaule de l’hybride ou même son respect. Tu brises le contact, tournes le dos à ton comparse, prenant tout de même soin de t’entourer de tes trois fées élémentaire Kÿria, c’est elle notre Mère, et jamais elle n’abandonne ses enfants. Si seulement tu pouvais entendre Chanter l’Annon… ton regard se perd dans le lointain, en direction de Yutar, et tu murmures, pour toi-même plus que pour lui Les bois sont encore bouleversés, mais ils ont retrouvé de leur force. Ce n’est qu’une question de temps avant que la Symphonie reprenne pleinement ses droits ici. Ton regard vient retrouver le sien, et de face à profil, c’est à nouveau en sa direction que tes mots résonnent Mais si ton récit est vrai, j’imagine que tu n’as pas besoin d’entendre pour comprendre ce qu’est l’amour d’Î Emël.
Les pétales faisant les ailes de ton armure vivante vibrent, comme en réponse à l’assurance qui restait tienne malgré le discours du mage des ombres. Qu’il ne considère le paisible rictus ne quittant plus ton visage ni comme une menace ni comme une quelconque forme de dédain. Au contraire. Tu avais assez vu de lui à Eraïson pour toujours nourrir une certaine méfiance même devant sa forme affaiblie, tout en respectant assez son témoignage pour ne pas simplement l’exécuter par souci de précaution. Pour ce qu’il s’agissait des suppôts d’Uriz par contre…
- Quant à la vengeance de nos cousins… ne t’inquiète pas. Je sais qu’ils reviendront inlassablement à la charge, mais je te le promets, les prochaines fois, les pertes seront moins lourdes, pour nous comme pour eux. Tu t’approches d’un arbre, signes l’air de tes doigts, et la fée des eaux invoque de bienveillants rubans ondoyant autour de son tronc Sans Yutar, l’Elda perd le pied qu’elle avait dans l’Œuvre, et la forêt peut étendre librement ses forces jusqu’à ses véritables frontières. L’histoire nous a bien appris, à nous comme aux Eldéens. Pénétrer dans la Prime Forêt lorsqu’elle est gardée est bien trop coûteux. Il aura fallu un véritable massacre, et c'est bien triste, oses-tu dire sans faire démonstration du moindre remord mais nous y gagnons quelques temps de fausse paix.
Tu te rapproches de lui, l’observe de plus près, tente de lire les changements qui le traversent, de reconstituer son parcours. Tu te remémores ses expressions, continue de te demander s’il s’agissait là d’un habile jeu d’acteur ou d’une repentance sincère. Tu laisses tes billes d’or plonger dans ses jades, et tu nourris tes espoirs.
- D’ici à ce que le sang coule à nouveau, peut-être que d’autres de tes anciens frères réaliseront dans quel mensonge ils vivent. Et peut-être un jour le peuple elfique retrouvera son unité d’antan
Mais déjà tu t’écartes de quelques pas, tirant implicitement le vieil enfant vers toi.
- Et alors ce sera leur tour de réapprivoiser l’Anaëh.
Ilweran devrait attendre. Juste un peu plus. Juste le temps que tu saches. Tu ne prendrais pas le risque de le voir trop près du Mage Noir. Pas pour l’instant. Pour l’instant il fallait qu’il fasse ses preuves.
- Tu as connu Estiam, je suis Lœthwil. Tu tends la main vers lui Et toi, aujourd’hui qui es-tu ?
Dernière édition par Lœthwil le Jeu 19 Avr 2018 - 23:13, édité 1 fois |
| | | Haldren
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| Sujet: Re: Plaider l'Absolution [PV Haldren] Jeu 19 Avr 2018 - 7:30 | |
| Le noss compatissait-il à son triste sort ? Se moquait-il intérieurement de son ancien adversaire déchu ? Haldren n'aurait su répondre à cette question mais cette seule présence le soulageait, lui permettait de parler, de dévoiler ce qu'il portait sur le cœur depuis de longues ennéades. Pour autant il n'osait pas encore prononcer le nom de Kÿria. S'en sentait-il indigne ? Avait-il simplement peur ? Peut-être un peu des deux, comme si un millénaire à déclamer tel un mouton les louanges d'Uriz créait une barrière mentale qu'il n'osait encore sauter. "Elle" existait et l'avait sauvé, de cela il se trouvait convaincu, en temps utile il pourrait mettre un nom sur la déesse, l'accepter pleinement et lui rendre hommage. Non, pas seulement lui rendre hommage... il pourrait l'aimer, lorsqu'il comprendrait ce que cela signifiait sincèrement.
L'amour est une notion assez malaisée à appréhender pour un drow. Le désir nous est bien connu, l'amitié également, l'alliance d'intérêts encore plus. Mais l'amour ? Nous aimons nos enfants car cela renforce le clan... nous aimons notre conjoint car il ou elle veille sur nous dans les moments difficiles... nous aimons nos Dieux car ils promettent une éternité de félicités. Il s'agit moins d'amour que d'égoïsme en réalité, d'un simple échange de bons procédés.
Le triste regard émeraude plongea dans les fiers yeux d'or.
Voilà près de dix ans, un humain de la noblesse ysaraine ainsi que sa compagne se sont retrouvés esclaves au Puy. Rien de particulier en apparence, sauf que je le reconnus à sa chevalière comme mon propre petit-fils. Je le rachetais, le libérais et veillais à ce qu'il puisse rentrer chez lui par des voies sures. Était-ce de l'amour ? Certes je sentais un profond malaise à l'idée de le voir esclave, mais ne craignais-je pas au fond qu'un rival puisse l'utiliser contre moi ? Aujourd'hui encore je ne saurais répondre à cette question.
L'ombre de Nicolaï et Aureane passa puis disparut dans les souvenirs du drow.
L'amour n'a pas sa place dans la société eldéenne.
Pas, ou si peu. Des attachements sincères pouvaient certes se nouer par moments mais se voyaient vite étouffés par l'ambition démesurées de la majeure partie des fidèles d'Uriz. Se lier par amour revenait à dévoiler une faiblesse qu'un adversaire utiliserait bien vite à votre encontre. Aimer pouvait hélas souvent s'assimiler à exposer l'autre, d'autant plus que l'on se retrouvait sur la cruelle scène politique rythmant la vie quotidienne au sein de volcan.
Les paroles du noss sur la Symphonie qui reviendrait sur Yutar éveillèrent sa curiosité. Comme tous les drows ayant étudié l'Anaëh, l'archimage connaissait l'existence de la Symphonie dont des elfes capturés avaient révélé l'existence sous la torture, sans pourtant jamais en comprendre la nature profonde. Ne la percevant pas, les eldéens se trouvaient bien en peine d'assimiler les explications de leurs captifs, d'autant plus qu'elles ne se différenciaient assez régulièrement sur nombre de détails clés. Une théorie en vogue au C'nros voulait que la Symphonie soit une sorte d'écho issu d'un esprit de groupe végétal, mais sans doute ne s'agissait-il là que d'une explication purement académique destinée à ne pas admettre l'incapacité des actuels seigneurs du Puy à comprendre un concept perdu depuis l'Exode.
Depuis qu'Elle m'a offert le Choix, je fais des rêves étranges. Pas déroutants ni inquiétants, plutôt apaisants même... mais très éloignés de ce que je connaissais en Elda. Souvent la nuit je rêve d'un elfe qui vient me voir... non, qui vient voir un drow ressemblant à ce que j'étais... c'est cet elfe qui m'a guidé depuis les terres stériles en direction de l'Annon.
Le regard du drow se perdit dans les circonvolutions des trois fées qui tournoyaient autour de lui.
Voilà plusieurs jours, j'ai rêvé que cet elfe dansait sous les arbres. Une douce musique emplissait l'air, si belle... mélancolique et réconfortante à la fois... comme si la Nature elle-même chantait le cycle des saisons... la douce torpeur de l'été sous le soleil étincelant, la tristesse de l'automne lorsque tout s'engourdit, la crainte de l'hiver alors que la vie semble figée pour toujours, puis la joie de la renaissance au printemps et sa promesse de renouveau. Le drow était réticent au début mais je me souviens qu'à la fin de mon rêve, les deux dansaient sous les Lunes au rythme de la musique.
Un petit sourire heureux naquit sur ses lèvres craquelées.
C'était un beau rêve.
Estiam lui dévoila alors son nouveau nom : Lœthwil. Quelles épreuves avait-il traversé récemment, quels changements l'avaient affectés ? Haldren en ignorait tout mais il sentait dans le Noss une puissance et une sérénité qui n'existait pas lors de leur affrontement au plus profond des ruines d'Eraïson. Sa transformation s'apparentait plus à un accomplissement, à l'aboutissement d'une quête l'ayant mené en un point d'équilibre qu'il découvrait encore. Mais si le regard d'or pouvait plonger en lui-même et se définir précisément, le regard émeraude s'en révélerait-il capable ?
Je pourrais te répondre que je suis Haldren Baenfere, mais ce n'est pas le sens de ta question, hein ?
Un nom ne décrivait un individu que dans la mesure où il s'acceptait pleinement, ce qui n'était plus le cas de l'eldéen depuis sa confrontation avortée avec Uriz. Qui était-il au fond de lui-même ? Question éminemment compliquée, tant Haldren se sentait bringuebalé par les événements sans trouver de rocher auquel s'accrocher. Ni drow ni elfe, il voguait entre les deux telle une brindille sur un fleuve que le courant ne laissait pas encore rejoindre une rive.
La main du drow se saisit de celle du noss.
Je suis un égaré qui cherche le chemin de son foyer.
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| | | Lœthwil
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| Sujet: Re: Plaider l'Absolution [PV Haldren] Ven 20 Avr 2018 - 2:26 | |
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Un beau rêve oui. Après tout, que pouvait-on rêver de plus beau que l’amour ? Les Chants de l’Œuvre étaient cela. L’Amour de La Mère. Sa plus grande attention envers sa Création. La Symphonie était cela, l’empathie parfaite. L’Unité. Un lien viscéral entre toutes les créatures de Kÿria, transcendant la race, l’espèce, et le règne lui-même. La Voix de l’Harmonie. La Symphonie, si tant est qu’elle fut bien la mélodie qui lui fut inspirée en songe, elle serait certainement la dernière étape de son périple. Car la Symphonie, il est des individus jusqu’au sein du peuple Anëdhel qui ne l’apprécient pas à sa juste valeur. Certainement Haldren ferait mieux qu’eux, car lui qui était né ailleurs, et sous le joug d’un Dieu cruel, il ne pouvait que trop s’y attacher… mais encore faudrait-il qu’il s’attire assez les grâces d’Î Emël pour obtenir d’elle le plus précieux des dons.
- Alors je serai ton guide, Hecil.
Tu lui lâches la main, lui intimes de te suivre, et entames ta marche d’un bon rythme déjà, te déplaçant avec tellement d’aisance sur le sol forestier que l’on eut vite, à t’observer, oublié les creux et les bosses, les collets de racines et les branches traîtresses. L’œil rieur, tu observes comment se débrouille l’adulte enfant, tes trois élémentaires toujours dansant autour de toi un ballet potentiellement mortel. Tu es tout sourire, et profondément détendu, mais le doute n’est pas si facilement effacé. C’est auprès des tiens que tu l’emmenais, et les tiens, tu venais de les gagner.
Quelques dizaines de minutes, et l’égaré semble un peu mieux se dépêtrer. Les habitudes viennent, l’observation devient plus efficace, l’imitation fait son travail. L’instant est venu de lui infliger une nouvelle difficulté. La première branche basse assez massive, d’un bond sans élan tu y mets les pieds. Mais en Anaëh et dans ces parties de l’Annon, ce qui est haut et ce qui est bas est tout relatif. Les Ornedhels sont peut-être une majorité à savoir trouver leur chemin autour d’un saut vertical de trois mètres, les Eldéens rencontrent bien moins souvent ce genre d’obstacles. Tu attends l’arrivée de ta pupille, une main tendue au cas où il passerait trop près de la chute. Une autre branche, un autre saut, une nouvelle poignée de mains. Votre chemin à travers la strate arbustive fut bien plus laborieux qu’il n’aurait dû. Probablement Haldren aurait-il trouvé chaussure plus à son pied auprès de Taledhels, mais chaque chose viendrait en son temps. Pour l’instant, il lui fallait découvrir la vérité de la forêt.
- Attends ici un instant. Ils devraient bientôt arriver.
Des frères du Rigwenn’do. Des elfes ayant choisi de placer leur confiance en toi pour les temps à venir, et pourtant, tu restais convaincu qu’il ne serait pas chose aisée de les conduire à accepter la présence de l’être à l’apparence hybride parmi eux. Vous veniez d’emporter un bastion de l’offensive Puysarde, étiez-vous sincèrement prêts à en accepter un après avoir massacré ses congénères ?
- Qu’est-ce que c’est ?
Une voix perce les feuillages, et de là d’où elle venait, un corps svelte crève la masse verte pour descendre à votre niveau.
- Tu as réussi à faire un prisonnier ?
Un timbre féminin renchérit, alors que sa détentrice apparaît au coin de vos regards, grimpant à même le tronc comme un véritable lézard.
- On dirait Hallon s’approche avec une curiosité morbide de l’être à l'apparence étrange on dirait l’un de leurs esclaves hybrides. le visage juvénile de l’Ornedhel ayant pourtant depuis longtemps passé le demi-cycle se tord à la fois de colère et de dégoût Ils capturent des nôtres, les violent, et se servent des enfants comme sacs à viande à la guerre, tu te rends compte !
- Calme-toi, Hallon. Aujourd’hui n’est pas jour à se plaindre de la cruauté des Drows. La demoiselle au visage décoré d’une maternelle maturité d’un geste vif écarta les doigts de son frère du visage du mage d’ombre Pas tant que les corps n’ont pas été rendus à la terre. L’attention de la guerrière se porta finalement sur toi Pourquoi garder un prisonnier ? S’il y a bien une chose que les prisonniers Eldéens nous ont appris, c’est qu’ils préfèrent tous la mort à la coopération. Même des esclaves traités comme des déchets pendant toute leur vie préfèrent encore se tuer plutôt que de trahir leur Uriz adoré.
Tu t’accroupis, captant l’attention de tes frères alors que tes trois fées partaient orbiter autour de ta pupille. Du coin du regard, tu poses l’œil sur Haldren avant d’entamer.
- Il n’est ni un hybride ni un esclave. C’est un mage Noirelfe extrêmement puissant. Tu tends ta paume vers Hallon, l’arrêtant avant qu’il ne t’interrompe Toi au moins, Hallon, tu as une idée de la manière dont la trame a été déchirée là-bas. Tes yeux dardent à nouveau vers Haldren C’était lui.
- Mais pourquoi ne pas avoir éliminé la menace alors ?
- Et pourquoi est-ce qu’il n’agit pas comme une menace surtout ?
- Et bien tes sourcils se soulèvent Vous trouvez sincèrement qu’il ressemble à un Drow de sang pur ?
La négation fut prononcée en chœur.
- Et bien c’est ce qu’il était, Souffle et Corps, il y a deux ans encore. Il dit avoir été trahi par son Dieu, avoir voulu mettre fin à ses jours, et avoir été sauvé par La Mère. Mise de côté la question du bien-fondé d’une confiance mise en Uriz - puisque c’est comme ça qu’ils appellent Calimenthar – je suis tenté de le croire.
- Telrunya aussi a été tenté de croire un Drow. On sait tous comment ça s’est fini pour lui.
- La méfiance de Telrunya s’est éteinte trop tôt. Restez vigilants jusqu’à avoir eu les preuves qu’il vous faut, mais faites-moi confiance, je saurai faire ce qu’il faut. Tu te tournes vers Haldren Si tu es honnête, aies confiance en ce qu’elle t’inspire et La Mère parlera pour toi. La Symphonie ne hisse pas ton passage, c’est déjà beaucoup.
Et c’est certainement la raison pour laquelle il est encore en vie actuellement.
- Bien. Je te fais confiance. Mais j’espère que ton instinct est le bon, parce qu’il est temps de commencer à nettoyer les ruines… et s’il est vraiment un puissant mage, et qu’il est encore attaché à l’Elda…
- Tout ira bien Taenel. Tout ira bien. Pour l'instant, considérez-le simplement Hecil.
Tout irait bien si l’air n’était pas imprégné de l’odeur des cadavres et de la terre brûlée. Tout irait bien si les ruines ne vous rappelaient pas la violence du carnage. Tout irait bien s’il n’y avait pas la crainte que les arbres que vous planteriez ici ne se tordent sur eux-mêmes et ne commence à Chanter une mélodie Dissonante.
À la guerre, vainqueur ou perdant, c’était après la bataille qu’étaient les temps les plus durs. - Lexique:
Hecil = égaré
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| | | Haldren
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| Sujet: Re: Plaider l'Absolution [PV Haldren] Ven 20 Avr 2018 - 19:24 | |
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Un guide ? Un mentor, peut-être ? Un maître, qui sait ? Au fond cela importait peu, Haldren ressentait profondément le besoin de suivre quelqu'un pour s'y retrouver dans le labyrinthe qu'était devenue son existence. Ni elfe ni drow, il se trouvait littéralement ballotté entre les deux mondes, tiraillé entre son passé et son avenir, entre ce qu'il connaissait et ce qu'il découvrait, entre la certitude et l'inconnu, entre la maîtrise rassurante et l'attirante nouveauté. Depuis sa rencontre avec Kerhel, l'ancien eldéen prenait les choses avec beaucoup de fatalisme, acceptant les vicissitudes de l'existence avec une philosophie qui aurait assurément surpris ceux l'ayant connu auparavant. Bonnes ou mauvaises, les nouvelles semblaient désormais glisser sur lui comme l'eau sur les plumes d'un canard. Lœthwil réussirait-il à lui redonner gout à la vie ?
Suivre le noss dans la forêt s'avéra des plus malaisé. Haldren commençait tout juste à réussir à s'y mouvoir alors que son guide s'y déplaçait avec l'aisance que donne de longs siècles d'habitude. Là où le noss effleurait à peine un trou, le drow y mettait le pied. Là où Lœthwil se glissait entre deux branches, Haldren se les prenait en pleine face. Là où le tuteur s'appuyait sur la seule zone sèche d'un rocher, l'élève manquait glisser sur la partie mouillée. Encore heureux que personne n'assiste à la scène, car pour un peu cela aurait presque eu des airs de duo comique comme en donnaient les saltimbanques à Thaar durant les journées de festivités.
Peu à peu, Haldren se mit à copier les gestes du noss, même si son instinct lui dictait autre chose. Il suivait pour apprendre, découvrir, il lui fallait oublier des siècles de certitudes pour accepter de se retrouver dans le rôle de l'élève. En agissant ainsi, l'égaré trouva soudain ses déplacements plus faciles... il ne fallait pas se frayer un chemin dans la Nature mais en faire partie. Là où un drow taille dans les obstacles pour avancer, un elfe fait corps avec eux pour s'en servir à son avantage. Cette réflexion se fit jour dans l'esprit d'Haldren lorsqu'il entreprit de ne plus voir rochers ou branches comme des obstacles mais comme des amis l'accueillant de manière un peu envahissante.
Par contre, quand le noss sauta tel un lapin en rut sur une branche d'arbre, l'égaré en resta comme deux ronds de flan. Certes, il lui aura suffit de léviter par magie pour rejoindre les branchages, toutefois la magie devait rester rangée tant que cela ne s'imposait pas. C'était Haldren, pas l'archimage, que l'Annon mettait à l'épreuve. Prenant son élan, il bondit mais ne put qu'agripper maladroitement la branche et sans la poigne de Lœthwil, le banni d'Elda serait tombé cul par terre dans une attitude fort peu digne. Le suite du voyage ne fut pas moins éprouvante, le noss semblant prendre un malin plaisir à le trimbaler d'arbre en arbre pour le pousser aux limites de sa résistance physique. Lorsqu'enfin ils s'arrêtèrent, Haldren était en nage et avait le souffle court, regrettant au passage de ne pas avoir fait plus d'exercice durant les dernières années.
Sans doute ce manque de souffle fut-il pour beaucoup dans son attitude stoïque et muette durant l'échange entre Lœthwil et deux autre noss. Sans doute aussi Haldren voulait-il tout simplement éviter de commettre un impair en manquant de tact, car il se souvenait vaguement avoir parfois dans le passé manqué à certaines règles de courtoisie. Par sécurité, mieux vaudrait rester humble tant qu'il ignorerait les règles de civilité régissant la société elfique. Il subit donc les touchers curieux d'Hallon comme ses commentaires acides, admettant bien volontiers que ses actions antérieures ne plaidaient pas pour sa bonne foi et qu'il lui faudrait du temps pour faire admettre la véracité de son plaidoyer.
Peut-être resterait-il à jamais un paria ? L'avenir seul le dirait.
Mais lorsque l'autre noss évoqua Yutar, la nécessité de nettoyer les ruines, le front de l'archimage se plissa. Un souvenir le titillait, un souvenir issu d'une réunion à l'Olath Blada près d'une décennie auparavant.
Excusez-moi d'intervenir dans votre discussion, mais vous voulez dire que les corps de ceux tombés durant l'assaut sont toujours là-bas ? A Yutar ?
Trois paires d'yeux interrogatifs se braquèrent sur lui comme pour percer les raisons qui l'amenaient à poser cette question. Se grattant le menton pour rassembler ses souvenirs, l'ancien eldéen se mit à marmonner à voix basse, habitude courante chez lui lorsqu'il réfléchissait.
Le cercle était inactif depuis la chute d'Ellyrion... mais pas le bouclier... non ? Si. X'saus s'en était occupée... je lui avais demandé de le laisser en place pour éviter qu'un imbécile ne joue avec le cercle... impossible... le bouclier a forcément été détruit... quand la pierre de Yutar a surchargé magiquement... même au bout de l'Annon je ressentais le déferlement... aucun sortilège n'aurait pu rester stable dans ce chaos d'énergie... mais le cercle n'a pas été touché, il est donc devenu...
Haldren pâlit légèrement.
...réceptif.
Se tournant vers son guilde, l'ancien eldéen l'agrippa par les épaules et lui jeta un regard qui pour la première fois depuis leur rencontre n'était pas simplement fataliste ou déprimé. Dans les yeux émeraudes de l'égaré se lisait une sincère inquiétude, semblable à celle d'un habitant vivant près d'un volcan lorsque le cratère se met à fumer.
Lœthwil, je vous en prie. Dites moi la vérité... quand vous m'avez parlé de laisser la nature reprendre ses droits à Yutar... vous ne parliez pas d'attendre tranquillement plusieurs décennies que les arbres repoussent d'eux-mêmes, n'est ce pas ? Vos mages vont imprégner la zone de magie de vie pour accélérer le processus ?
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| | | Lœthwil
Ancien
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| Sujet: Re: Plaider l'Absolution [PV Haldren] Ven 20 Avr 2018 - 21:42 | |
| - Les végétalistes et les géomanciens devraient s’être mis au travail il y a peu.
Ce fut Hallon le premier à prendre la parole. Le plus sceptique des trois elfes quant à la sincérité de l’Eldéen en transition, il ne se fit pas prier cependant pour prendre ses mots pour argent comptant, lorsqu’il s’agissait de prêcher mauvaise nouvelle. Des corps, un cercle, un bouclier, des échanges d’énergies… tu en avais assez vu à Wyslena pour comprendre où voulait en venir Hecil. Vous auriez dû vous en douter, probablement l’aurais-tu ressenti si tu avais été en pleine possession de tes moyens durant la bataille. Espérer qu’en des siècles d’occupation, les Drows se soient contenté de construire une défense physique avait été bien naïf. Imaginer que les efforts qu’ils déploieraient pour vous affronter soient en majeur partie visibles l’était tout autant. Saletés de nécromants. Saletés de Puysards. Même dans la mort, ils en restaient à la stratégie de la terre brûlée. Mais qui sait ce qu’un rituel de nécromancie hors de contrôle pourrait provoquer sous l’influence de la pierre de Yutar ?
- Hallon, Taenel, partez devant. Prévenez les elfes sur place du danger. Je m’occupe d’accompagner Hecil.
Les deux elfes hochèrent de la tête, et en quelques mouvements d’une inouïe sécheresse ils s’en furent à travers les branchages, te laissant à nouveau seul avec ta pupille. Pour toi aussi les airs auraient été un chemin tout tracé… mais en compagnie d’Haldren, vous seriez plus rapides au sol. Tu sautes, tombes comme un chat, et tends les bras vers l’avant, invitant l’autre à prendre ta suite. L’ascension avait été compliquée, la descente le serait encore plus. Cette fois par contre, tu n’avais pas le temps de l’attendre. Dans ces conditions, l’observer chercher ses appuis, considérer et reconsidérer la manière de faire t’épuisait plus que ça ne t’attendrissait.
- Laisse tomber, saute !
Tu ouvres un peu plus les bras, tend les paumes vers le haut, lui intimant des yeux de te faire confiance. Quelques secondes plus tard, enfin Hecil sautait, et comme implicitement convenu, tu rattrapais la demoiselle en détresse avant que vous ne repreniez une marche rapide en direction de Yutar.
- J’aurais juré qu’il n’y avait pas plus que les sortilèges lancés durant les combats en jeu quand la trame s’est déroulée tu réfléchis à haute voix, faisant part de ton introspection à Haldren comme tu le faisais avec Ilweran et mon souvenir des résidus de ce qui aurait pu être un constitutif d’un rituel de nécromancie est trop parcellaire pour y faire quoi que ce soit dans l’immédiat. Tu te retournes vers ton apprenti, les sourcils froncés, prêt à faire une proposition audacieuse Tu as l’air bien renseigné sur les défenses magiques de Yutar. Tu pourrais nous guider pour défaire le cercle ?
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Panahos de la Cinquième ennéade de Verimios Dixième année du Onzième Cycle
Deux elfes arrivèrent en catastrophe sur l’ancien champ de bataille, hurlant à tout va à tous et à toutes d’immédiatement cesser l’usage de toute magie. Heureusement la pierre de Yutar rendait le travail des mages délicat. Heureusement ils avaient commencé par s’occuper de la périphérie, et n’avaient que peu exposé les lieux à leur magie. Malheureusement le cercle sans le reste des sortilèges auquel il était lié bien plus sensible que de raison. Déjà parmi les cadavres puants rôtissant sous le soleil, quelques-uns s’étaient relevés, et certainement d’autres suivraient bientôt. Et qui entre la poignée de guérisseurs, de géomanciens et de végétalistes présents pourrait s’en débarrasser sans accélérer le processus ?
- Pourquoi est-ce que vous faites autant de manières ? Ce sont juste des cadavres, même s’ils se relevaient tous, sans cerveau aux commandes ça ne devrait pas être bien difficile de s’en débarrasser !
- Est-ce que tu as la moindre idée de comment fonctionne la nécromancie ? On s’en fiche des cadavres, c’est du sort qui les a relevés qu’on se méfie !
Des guérisseurs et des mages pour l’instant réduits à leurs lames, à leurs flèches, et à tous les objets contondants sur lesquels ils pouvaient mettre la main. Yutar…
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| | | Haldren
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| Sujet: Re: Plaider l'Absolution [PV Haldren] Sam 21 Avr 2018 - 12:12 | |
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Loetwil et "Hecil", puisque tel était désormais le surnom donné à Haldren, ne marchaient pas aussi vite que les deux noss qui avaient filé à toute allure en direction de Yutar. La faute à l'ancien eldéen qui ne pouvait attendre la vitesse d'un fils de la forêt. Quand bien même il progressait, quand bien même son déplacement parmi les arbres se montrait moins pataud qu'au début, il n'en demeurait pas moins un enfant comparé à un véritable noss. Leur vitesse se trouvait d'ailleurs quelque peu ralentie également par les explications plus complètes que donna Hecil sur la nature du cercle magique qu'il venait d'évoquer comme un danger pour Yutar.
Voilà près d'un demi-siècle, le commandant de la garnison de Yutar demanda aux mages du C'nros de créer un cercle de rituel nécromantique sous les fondations même de la forteresse. Ce cercle devait être activé en tout dernier recours pour le cas où un envahisseur réussirait à pénétrer les lieux... et il visait à réanimer les cadavres tombés sur le champ de bataille. Un plan tactiquement intelligent... visant, si Yutar tombait, à submerger l'armée assaillante sous une horde de morts-vivants. Mais l'entretien d'un tel cercle impliquait de remplacer régulièrement les gemmes d'imprégniation dont il est constitué, ce qui revenait fort cher au C'nros.
Les deux compagnons traversèrent un ruisseau sans que Hecil ne glisse sur les pierres humides, ce qui ne manqua pas de lui donner un petit sentiment de satisfaction.
Après la chute de Fort Ellyrion, l'Olath Blada décida que le risque sur Yutar diminuait au point de rendre trop dispendieux l'entretien du cercle nécromantique. Il fut donc déchargé de sa magie et enfermé dans un sortilège de bouclier pour éviter une réactivation non souhaitée. Le sortilège de bouclier s'est probablement désactivé lors de la surcharge de la pierre de Yutar. Mais le cercle de rituel étant à ce moment vide de magie, la surcharge n'a pas du l'affecter sérieusement. Désormais sans protection, il va aspirer une partie des flux magiques que vos mages généreront dans la zone.
Rien que Loethwil n'ait déjà pu déduire, toutefois autant jouer cartes sur table et tout expliquer sur l'origine et les détails de conception de ce piège magique des plus ténébreux. Restait à répondre à la question du noss sur son aide dans la désactivation du cercle.
Je n'ai jamais vu personnellement ce cercle de rituel, la nécromancie n'étant pas ma spécialité, mais je connais les mages qui l'ont créé. Oui je peux vous aider à le défaire... il faudra être prudent, ce cercle agit telle une sangsue et va tenter d'absorber nos propre magie si nous le manipulons mal.
Leur voyage prendrait bien un ou deux jours pour couvrir la distance jusqu'à Yutar. Il restait à espérer que Hallon et sa comparse réussissent à persuader les végétalistes et les géomanciens à cesser toute activité jusqu'à ce que Loethwil les y autorise de nouveau. Ignorant si les mages noss se montraient comme leurs comparses drows – c'est-à-dire des foutus égocentriques persuadés d'appartenir à une caste élitiste et peu enclins à tolérer des contretemps – Hecil ne pouvait manquer de s'inquiéter. Même à cette distance il percevait vaguement une aura de magie ténébreuse près de Yutar, quasi-indécelable encore sauf pour un ancien du C'nros ayant vécu près de neuf siècles au beau milieu de telles auras.
Toutefois, une question brûlait les lèvres de Hecil. Rien qui concernait Yutar, rien même qui le concernait directement... encore que sur ce point cette affirmation soit sujette à caution. Les deux compagnons de route qui traversaient les forêts de l'Annon se connaissaient depuis leur affrontement dans les ruines d'Eraison, lorsque le drow avait tenté de créer un Noeud magique en aspirant les forces vitales des armées drows et elfes qui s'y affrontaient. Depuis lors, Haldren avait profondément changé, tant physiquement que mentalement. Mais...
Mais Estiam aussi était différent.
Puis-je te poser une question ?
Les yeux d'or acquiescèrent.
Lorsque tu m'as sauté dessus, tu aurais pu me tuer sans que je puisse rien y faire. Le noss qui s'appelait Estiam n'aurait pas hésité. Qu'est-il arrivé à Loethwil pour faire ainsi preuve de clémence envers un de ses anciens ennemis ?
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| | | Lœthwil
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| Sujet: Re: Plaider l'Absolution [PV Haldren] Sam 21 Avr 2018 - 13:54 | |
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À ce rythme vous ne seriez pas sur place avant deux nuitées, les intempestifs papillonnages des pétales de ton armure et les étincelles d’or traversant ses lignes Ley soient témoins d’à quel point tu en étais agacé. Tu espérais malgré tout, qu’Hallon et Taenel se soient fait entendre, que l’un des végétalistes présents sur place soit assez versé dans d’autres facettes de la magie de la vie pour que des investigations puissent commencer, que la magie des nécromants ne vise qu’à ranimer des corps, que la terre sur laquelle était bâtie Yutar ne soit pas empoisonnée…
Si tu avais voulu voir tomber la forteresse, c’était pour que l’Anaëh reprenne ses droits, pour qu’à nouveau la forêt s’épanouisse là où elle l’avait toujours fait. Tu voulais que les frères abandonnés entendent à nouveau les Chants de la Prime Œuvre, qu’ils réapprennent à y répondre. Oui tu as tué, emporté des milliers de vies dans ta bataille, mais ces milliers de vies, elles étaient censées payer le retour de ces terres dans une luxuriante Eternité… pas préfigurer la naissance d’une Sylve torturée par une magie nauséabonde. Quelque chose en toi souhaitait que ce ne soit qu’un mensonge. Quelque chose en toi aurait préféré qu’Haldren se moque éperdument de vous, qu’il n’y ait rien d’autre que l’imagination d’un Eldéen tricotant un plan de revanche particulièrement tordu… chaque pas qu’il faisait à ta suite, tu t’attendais à ce qu’il soit accueilli d’un hurlement de la Sylve, que les Chants le percent à jour, mais il n’y avait rien. Rien qu’un silence contemplatif. La forêt l’observait, curieuse, de la même manière que toi. Depuis le début. La forêt n’avait rien à redire à sa présence. Elle semblait même la chérir, d’une certaine manière. De la même manière que toi, la forêt espérait. Voilà pourquoi il t’était aussi aisé de garder ton calme face à lui, de l’écouter, de le toucher, de lui apprendre, de le rassurer même. I Mîngely te dictait ta conduite. Dévotion et curiosité t’empêchaient de lui désobéir.
Et puis… nécromancie mise à part, tu avais toute les raisons d’espérer qu’Haldren dise la vérité. Tu avais été parmi les premiers, sinon le premier, à mettre le doigt sur les origines des Drows. Tu es l’un des rares elfes à avoir lutté de la même manière qu’eux à travers les pleurs de l’Aduram. Tu es l’un des rares elfes à comprendre, ne serait-ce que si peu, la manière dont s’est construite leur psyché. Tu ne hais pas les Drows, non, tu ne les as jamais haï. Tu les plains autant que tu vous plains, parce qu’ils portent vos souffrances. Ils sont partis avec des leçons que vous n’avez par conséquent jamais pu apprendre. Si Haldren vous revenait, alors d’autres Drows le pouvaient, peut-être d’autres Drows le feraient, et là le peuple d’Anaëh retrouverait son entière force sans avoir à la payer par le Sang.
- Estiam était un elfe qui apprenait encore la guerre. Un sourire mélancolique te redessine les lèvres Lœthwil l’a assez portée pour savoir quand il vaut mieux la déposer. La sylve ne te considère pas comme un intrus, je me suis dit qu’il était plus intéressant d’essayer d’en savoir plus que de simplement se débarrasser de toi. Parce que Lœthwil, lui, était assez confiant en ses propres forces pour prendre ce risque J’ai beaucoup appris grâce à notre rencontre à Eraïson. Déjà parce que tu m’as permis d’observer la magie sous un nouvel angle, mais aussi parce que tu m’as montré que j’étais capable de maîtriser ces inconnues. Je ne serais pas l’élémentaliste que je suis aujourd’hui sans toi un court silence lui laisse le temps de s’approprier ces derniers mots J’ai choisi de mettre ces sentiments en avant plutôt que de m’accrocher à un quelconque désir de vengeance. Tu cueilles une feuille sur ton chemin, comme tu l’as fait tout au long de votre procession Mais ne te méprends pas, ce n’est pas parce que j’ai envie de pouvoir te faire confiance que c’est le cas.
Au-delà des trois fées dont la constante présence depuis votre rencontre aurait presque fait oublier la menace qu’elles représentent, ce n’est que lorsque la nuit vous aura avalés et que la fatigue vous aura pris que tu lui ferais démonstration de ta méfiance. Les fleurs et les feuilles que tu avais cueilli jusque-là, après infusion donneraient un puissant somnifère que tu ordonnerais à l’égaré d’avaler. Ce n’est qu’après qu’Haldren se soit profondément endormi, et après avoir placé quelques pièges magiques non seulement autour de votre abri arboricole, mais aussi autour de lui, que tu trouverais la force de laisser se desserrer les entrelacs de ton cocon et de prendre sommeil.
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| | | Halyalindë
Ancien
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| Sujet: Re: Plaider l'Absolution [PV Haldren] Sam 21 Avr 2018 - 15:34 | |
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Dans l'ombre, les yeux mi-clos, les oreilles suivant les murmures amusées de la sylve, une silhouette se déplaçait silencieusement entre les arbres. Basse sur ses appuis, levant les pieds comme tout forestier accomplit, elle enjambait les ronces et se glissait entre les branches basses des buissons et autres jeunes arbres. La tâche que formait le tissus pâle de sa tunique passait en un souffle devant les noirs perlés des troncs et ceux plus profonds des espaces vides. Ses chaussure fines de cuir souple s'appuyaient sur la terre grasse comme les pattes d'un animal. Elle avait abandonné au camp ses deux épées et sa cape de voyage, ne gardant à son bras d'une dague et à sa ceinture que sa lourde aumônière.
Elle revenait tout juste d'une chasse lorsqu'elle avait entendu dire le chef du camp auquel ils s'étaient arrêtés que Ruthwentë s'était réveillé. Ce nom lui disais quelque chose. Il n'avait pas fallut longtemps pour qu'elle comprenne qu'il s'agissait d'Estiam. Il était reparti sans demander son reste. Le noss sur lequel elle avait littéralement sauté avait faillit la terrasser d'un coup de couteau par pur réflexe avant de lui indiquer la direction que l'homme avait prise. La forêt était grande et dangereuse, mais elle n'avait pas la moindre envie d'attendre.
Lorsqu'elle avait apprit en détail ce qui s'était passé le jour de la chute de Yutar, son malaise s'était fait encore plus fort. Personne ne connaissait le nom d'Estiam mais tous étaient d'accord pour dire que l'homme qui avait rendu l'assaut possible était encore au soin des Ëalas, à la frontière de la mort. Elle avait passé des jours sur la rive de l'Uraal avant que Hiel, Löss et Denial parviennent à la convaincre qu'attendre ainsi alors qu'elle pouvait être utile ailleurs n'avait aucun sens. Elle avait fini par les suivre, même si pour elle, tout ce qu'elle voyait depuis leur arrivée à Yutar n'avait aucun sens. Alors pourquoi s’inquièter de partir seule à travers l'Annon sans en avertir ses camarades ?
Elle sentait la faune qui l'entourait, les milles signes de la proximité de la meute avec laquelle elle avait passé les deux derniers jours, les milles façons qu'ils avaient de se relayer. Elle faisait confiance à Randil pour avoir parfaitement compris ce qu'elle cherchait en venant ici. Il avait toujours été intelligent, mais depuis Eraison, il lui semblait parfois qu'une sorte de conscience des choses plus haute encore s'était développé en lui en même temps que les marques noirs qui maculaient désormais son pelage blanc.
Soudain, elle se stoppa net, aux aguets. La symphonie changeait imperceptiblement. Les craquements de brindilles avaient fait place à un souffle régulier un peu plus loin sur sa droite. L'Annon était plus difficile à décrypter que l'Anaëh, mais il y avait quelque chose de plus que de petites bestioles et ce n'était pas un loup. Reculant d'un pas, elle ouvrit les yeux en grand et détailla l'endroit. Le sol. Les arbres. Un genou à terre, elle glissa les doigts sur une marque peu profonde au centre de laquelle une fleure plus si blanche que ça faisait une drôle de tête. Quelqu'un de balourd était passé par là à peine quelques heures plus tôt.
Régulant son souffle, elle se releva, une branche morte à la main, et se glissa vers l'origine des souffle. Pas de feu. Pas de braise. Pas de sentinelle. Donc pas de drow. En tendant l'oreille, elle percevait finalement deux respirations en plus de la curiosité des arbres alentours. Elle tendit sa main gauche en arrière pour accueillir l'énorme animal qu'elle sentait approcher dans son dos sans détourner les yeux de ce qu'elle approchait. La tête de Randil se frotta contre son bras. Son bâton frôlait le sol à la recherche de collet ou de piège qu'elle n'aurait pas put détecter dans l'obscurité.
Passé entre deux arbres, elle releva sa canne improviser pour poser le pied dans un espace dégagé sur lequel tombait quelques rayons de lune. Juste avant que son pied ne frôle la mousse mouchetée de pierres inégales, Randil la heurta de tout son poids, l'envoyant roulée plus loin à droite avec une exclamation de surprise. Une détonation et un bruit d'éboulement la poussèrent à se relever d'un bon. Elle porta instinctivement la main à sa hanche mais il n'y avait que le vide à la place de son pommeau. Randil avait fait un bond en arrière pour se remettre à couvert des arbres.
Sur le sol, juste là ou elle s'apprêtait à marcher, une longue branche était prise dans la pierre, pétrifiée en diagonale sans même avoir eut le temps de tomber. Le cœur battant, la respiration mesurée, Halya s'avança de quelques pas vers le piège désamorcé pour en voir ce qui se trouvait derrière, prête à esquiver toute tentative d'attaque de la silhouette qui venait de se dresser dans l'obscurité à quelques pas d'elle.
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| | | Lœthwil
Ancien
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| Sujet: Re: Plaider l'Absolution [PV Haldren] Sam 21 Avr 2018 - 22:42 | |
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Trouver le sommeil n’avait pas été tâche aisée. D’abord il y avait la menace pesant sur une Yutar déjà conquise, puis il y avait celle d’une trahison de l’Archimage Sombre, la faible possibilité, mais la possibilité existante tout de même, de la présence d’autres Drows, et enfin, il y avait l’Annon elle-même et ses prédateurs nocturnes. Tes frères étaient partis devant pour prévenir les Ornedhels sur les ruines, Haldren était drogué et dormirait comme une pierre de granit pendant de longues heures encore, et si les animaux prenaient généralement soin d’éviter les elfes, les pièges devraient suffire à les contenir eux, ou des Eldéens trop curieux. De longues minutes à te rassurer à la faveur d’une respiration extrêmement lente, et enfin tes yeux se fermaient sur ton univers intérieur. Ton sommeil, en plus d’être trop peu reposant, fut de bien trop courte durée. D’abord un éclat de vois, puis le bruit de branches qui claquent et de pierres qui roulent. Tes yeux s’ouvrirent, se plissèrent, tes pupilles cherchèrent les rayons des Lunes et les ombres se dessinant à travers. Tes oreilles se soulèvent, tes narines hument l’air. Les sons et les odeurs sont familiers. La Sylve te laisse entendre qu’il ne s’agit pas d’une visite d’un Eldéen, ton palais t’indique que c’est même d’un animal qu’il s’agit. Tu glisses à la va-vite de ton abri, sans prendre la peine de laisser le temps à ton exosquelette de reprendre racine. Une lueur traverse le tracé d’or de tes vaisseaux étheriques. Il serait temps de mettre à profit le don des fées. Tu bouges lentement, tu t’autorises à prendre ton temps pour répliquer un sortilège auquel tu as l’habitude de faire appel de manière presque instantanée. La fée de flammes irradia les branchages alentours de sa lumière. Tes sourcils se froncent d’abord, ton regard s’ancre dans celui de la créature massive qui te fait face. Le loup ne bouge pas, ou très peu, et toi, comme son reflet dans son miroir, tu te complais dans son immobilisme. Tu continues de l’observer, car tu sais ces traits ancrés quelque part dans ta mémoire. Il te faut quelques instants avant de reconnaître Randil, et de sourire à la vue du compagnon d’Halyalindë. Il t’en faut moins cependant pour réaliser que si Randil est ici, alors elle n’est pas loin, et que tu es nu. D’un bond tu retrouves ton abri, offre tes jambes et ton torse à l’armure vivante portant tes lignes de pouvoir et tu te laisses habiller avant de redescendre à la rencontre de ton amie. - Halyalindë ? tu libères les branchages pris par ton piège de leur gangue de pierre, cherchant à la même occasion ta camarade à la faveur de la lumière du petit élémentaire Halyalindë !Tu t’approches de quelques pas, hésitant à la prendre dans tes bras. Le passé t’avait bien appris que ce n’était pas là le genre de geste que Randil laissait facilement entreprendre. Et dans l’instant de flottement qui naquit de ton hésitation, tu pris le temps de la prévenir d’une chose importante, quelque chose qu’il valait mieux qu’elle ne découvre pas elle-même. - Essaie de ne pas faire trop de bruit. Il y a un mauvais souvenir qui dort là-haut.
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| | | Halyalindë
Ancien
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| Sujet: Re: Plaider l'Absolution [PV Haldren] Sam 21 Avr 2018 - 23:49 | |
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L'elfe aux cheveux blanc resta immobile face à Randil, qui de son côté ne donna pas plus de signe d'agressivité qu'un poussin tombé du nid. L'homme était élémentaliste et même pire, il était pyromancien, mais cette forme en feu qui cachait les traits de l'homme nu n'était pas étrangère à la mémoire d'Halyalindë. Tout aussi étonnant, les tatouages d'or sur le corps de l'inconnu luisaient comme de l'eau au soleil. Un instant, elle se demanda si c'était bien un elfe et non un Ëala qu'elle avait dérangé, mais la présence du piège magique lui ôta rapidement l'idée de la tête.
Accroupie dans l'ombre en périphérie de du champ de vision de l'elfe, elle était certaine de pouvoir filer sans plus de cérémonie si ce n'était pas celui qu'elle cherchait. Mieux valait ne pas prendre le risque de laisser les choses s'envenimer avec un Noss. Mais avant de partit, elle voulait être certaine. Il ne devait pas y avoir des centaines d'élémentalistes pyromanciens dans les environs et les coïncidences n'étaient que rarement de mise en Anaëh, elle pouvait donc penser que les règles de l'Annon n'étaient pas grandement différentes.
Lorsque soudain, le mage retourna se terrer dans son trou. Remarque, n'importe qui tombant nez à nez avec Randil en pleine nuit avait le droit à une réaction un peu vive. Celle ci était cependant assez tardive. Soit l'homme avait vraiment du mal à sortir du sommeil, soit il y avait autre chose. S'il préparait une contre-attaque...
Halyalindë émit un profond brut de gorge à mis chemin entre un grondement et un ronronnement. Le son était déformé par sa gorge d'elfe, mais Randil avait l'habitude. En une fraction de seconde, il avait disparut dans l'obscurité. L'ardamirie repoussa d'un mouvement d'épaule la tresse de cheveux roux qui pendait sur le côté de son visage.
Cette voix !
Il n'y avait plus de doute.
Elle se releva tout a fait et sortie de l'ombre dans laquelle elle s'était terrée pour échappée à la forme lumineuse qui s'avérait être l'une des fées que manipulait son vieil ami. Elle se précipita vers lui, prête à lui sauter au cou... mais s'arrêta net. Visiblement, lui aussi hésitait, mais ce ne pouvait être pour les mêmes raisons. Dans la lumière dansante, les iris vertes de la dame scrutaient le visage du mage avec une rare intensité. D'abord largement ouverts, ses yeux s'étrécirent, ses sourcils se froncèrent en une attitude méfiante.
Ce n'était pas... Ou plutôt c'était trop Estiam.
Ce visage... C'était celui qui était encré dans sa mémoire. C'était celui qu'elle avait pris pour une invention de son esprit torturé durant deux siècles. Le moindre de ses traits... Et même ce regard tranquille. L'homme auquel elle faisait face n'était pas celui qui était venu lui rendre visite à Ardamir et qui lui avait fait oublié un bref instant son enfermement.
- Un mauvais souvenir ? " demanda-t-elle en échos. Il parlait de son état ? D'autre chose ?
Yutar, la gangue dans l'Uraal et maintenant ça ? Rien. Non. Décidément rien n'avait de sens. C'était comme un immense rêve qui avait commencé à son départ d'Alëandir et elle se réveillerait d'ici quelques heures dans les bras de Fenris, profitant du calme de sa respiration. Alors au lieu de s'énerver ou de le prendre dans ses bras, elle dit avec sincérité malgré son regard halluciné :
- J'étais morte d'inquiétude. J'ai essayé de te contacter mais je ne t'ai pas trouvé avant qu'on m'apprenne la chute de Yutar. Et quand je suis arrivée, ils m'ont dit que tu étais presque mort. Elle croisa les bras " Qu'est-ce qui t'est arrivé et de quel mauvais souvenir tu parles ? "
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| | | Lœthwil
Ancien
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| Sujet: Re: Plaider l'Absolution [PV Haldren] Dim 22 Avr 2018 - 2:41 | |
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- J’étais presque mort il y a quelques jours à peine. Et tu le disais avec la nonchalance de celui qui a déjà trop remercié les Dieux Je ne serais pas là si les elfes du Cal’Ëar n’avaient pas imploré leur Gardien de s’occuper des survivants pour lesquels les guérisseurs ne pouvaient rien.
Et dire qu’il y a quelques ennéades tu te retrouvais dans une bataille acharnée contre cette même créature. Il n’y a définitivement pas de hasard en Anaëh.
- L’assaut de Yutar a été plus meurtrier que je ne l’imaginais. Une main dans ta nuque, ton regard cherche le sol, plus de peur de ce qu’Halyalindë trouverait à y répondre qu’autre chose Trois mages m’ont aidé à préparer un sortilège qui en présence de la pierre de Yutar aurait été assez puissant pour déloger les Drows. Le sortilège a fonctionné, mais les Drows ont préféré faire front et tomber avec leur forteresse plutôt que de fuir, alors nous nous sommes battus. Tes yeux se lèvent, tu dessines quelques gestes, accompagnant la fée de feu de ses sœurs des deux autres éléments que tu maîtrises, avant de les lancer toutes les trois dans une révolution autour d’une sphère lumineuse dégageant une chaleur inouïe Et moi certainement plus que n’importe qui d’autre. Tu soupires Je ne pourrais pas te dire exactement ce qui m’a pris à ce moment-là. Je sentais qu’il fallait que je le fasse, alors j'ai agi, c’est tout comme ayant perdu tout libre arbitre sauf qu’à trop jouer avec le feu on finit par se brûler.
Au repos, la seule protection que ton exosquelette offrait à ton torse était comme une seconde peau. Un fin tissu végétal qui t’enserrait du cou jusqu’aux métacarpes, du moins cela aurait dû être le cas. En place de cela ton bras droit se retrouvait protégé de la même gangue d’écorce que tes jambes. Et ce n’était pas parce que tu aimais l’apparence des inflorescences qui décoraient la pièce d’armure.
- Je me suis laissé ronger par la magie. Tòchi et les Cal’Ëar… les fées aussi j’imagine ont fait un travail de restauration formidable, mais mon bras droit est encore faible. D’instinct, tu plies et tend ton bras armuré, observant avec plus de fascination encore qu’Halyalindë la manière que les fibres végétales avaient de se mouvoir en conjonction comme s’il s’agissait de tes propres muscles J’aurais du mal à correctement m’en servir sans cette armure.
Une armure végétale vivante dont l’apparence et la manière de se mouvoir laissait aisément comprendre qu’elle était un présent d’une colonie de fées. Un objet imbibé d’une magie proche de celle que développèrent les mages du Peninor Angol, probablement après avoir eux-mêmes longuement observé la manière dont les farceuses ailées manipulaient les arcanes. Une armure végétale vivante dont les enchantements étaient un véritable miroir de ta physiologie, traversée comme elle était des mêmes circuits d’or que ceux dessinés sous ton épiderme, possédant la même carte de vaisseaux éthérique que toi.
- C’est la colonie de fées qui a recueilli Ilweran le temps de l’assaut qui m’en a fait don avant de… était-il vraiment utile de lui raconter les détails du pacte passé avec les fées ? Serait-elle-même prête à te croire ? enfin… j’imagine que c’est leur manière de s’assurer qu’Ilweran soit réellement en sécurité. La paume de ta main gauche vient glisser contre la peau de ton propre visage, et tes yeux vont un instant chercher les pieds d’Halyalindë avant de remonter aux siens, pour se faire au nouvel angle avec lequel ils les accrochaient À vrai dire, je dois bien avouer que je suis impressionné par le calme avec lequel tu prends tout ça. J’ai moi-même encore un peu de mal à me faire à ce corps. Parfois je repense à tout ce qui s’est passé tu bailles, l’excitation de la rencontre un peu retombée, le sommeil te rattrape et j’ai l’impression que la forêt s’est prise pour une étudiante d’Alëandir et que le destin a voulu que je serve de cobaye… mais pour être honnête, je crois que je ne me suis jamais senti aussi bien.
Tu fais un pas de plus vers Arava, prends ses mains dans les tiennes, et tu souris.
- Désolé de t’avoir effrayé Halya. Tu lui parles avec toute la douceur du monde, oubliant presque les dangers qui t’attendraient lorsque se lèverait demain, c’était là l’effet qu’avait présentement sa compagnie sur toi Mais tu vois, si c’est ce qui t’inquiétait, sache que je vais bien. Ce n’est pas tous les jours que l’on a l'opportunité de naître après tout.
Tu ris doucement, ta clameur à moitié étranglée par un nouveau bâillement, te forçant à séparer l’une de tes mains de celles de l’ancienne Aigle pour la porter devant ta bouche.
- D’ailleurs, puisque l’on parle de cobaye… quand je parlais de mauvais souvenir qui dort tu sautes mollement sur l’arbre et te hisse lentement à hauteur du mage d’ombre endormi, faisant signe à ta comparse de te rejoindre Regarde qui j’ai croisé en chemin. Dès lors qu’elle arrive à portée, ton attention se porte entièrement sur la guerrière, dont tu redoutes la réaction Il dit avoir renié Uriz – leur version de Calimenthar, et avoir été reccueilli par Kerhel – la vision Eldéenne de Kÿria. Tes yeux cernés se plantent dans ceux de la guerrière Et quelque chose en moi me force à le croire. Enfin, regarde-le… sa peau, ses yeux… et puis, écoute aucun son particulier ne dérangea l’atmosphère si ce n’était l’occasionnel ronflement du dormeur la Symphonie ne semble pas être dérangée de sa présence.
Ton regard jusque-là partagé entre l’excitation et la joie se teinta finalement d’une certaine tristesse lorsque le visage d’Haldren vint raviver votre dernière discussion.
- Il dit qu’il reste un danger à Yutar. Un sortilège jeté par les nécromanciens de Yutar pour soulever les victimes de la bataille dans un dernier effort de destruction de potentiels assaillants. Tu soupires Et le champ de bataille qui est encore loin d’être nettoyé… affronter des non-morts ne devrait pas être un souci, mais j’ai peur qu’un sortilège de nécromancie de cette magnitude ne finisse par souiller cette partie de l’Annon. Tes yeux se posent à nouveau sur l’endormi Il dit pouvoir nous aider à le briser… et là encore, même si j’aurais préféré que toute cette histoire de nécromancie soit un mensonge, j’ai envie de le croire.
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| | | Halyalindë
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| Sujet: Re: Plaider l'Absolution [PV Haldren] Dim 22 Avr 2018 - 13:06 | |
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Elle aurait le droit à la réponse longue, plus qu'elle n'en avait jamais eu jusque là. Tant mieux, elle n'en aurait accepté aucune autre.
- L’assaut de Yutar a été plus meurtrier que je ne l’imaginais. - Plus meurtrier ?! Vous n'y êtes allé qu'à quelques centaine contre plusieurs milliers de sombre."
Elle ne savait pas elle même si c'était de l'admiration, de la colère ou du dégoût qui tremblait dans sa voix tandis qu'Estiam détournait les yeux. Quelque chose d'ignoble c'était passé et même après deux ennéades passé auprès des Noss, elle n'arrivait pas à savoir si elle devait approuver ou incendier les auteurs de ce massacre. Elle en avait trop vu à Eraison pour en avoir la certitude.
- Comment vous vous y êtes pris ? - Trois mages m’ont aidé à préparer un sortilège qui en présence de la pierre de Yutar aurait été assez puissant pour déloger les Drows. Le sortilège a fonctionné, mais les Drows ont préféré faire front et tomber avec leur forteresse plutôt que de fuir, alors nous nous sommes battus.
Les Comme il l'avait déjà un peu fait lors de leur dernière rencontre, il jouait distraitement avec sa magie, créant des effets de manches qui agaçaient peu à peu l'ardamirie. Ses création avaient beau être belles, l'impression qu'il se fichait d'elle et qu'il ne lui consacrait pas toute l'attention qu'elle méritait devenait de plus en plus manifeste.
- Et moi certainement plus que n’importe qui d’autre. Je ne pourrais pas te dire exactement ce qui m’a pris à ce moment-là. Je sentais qu’il fallait que je le fasse, alors j'ai agi, c’est tout comme ayant perdu tout libre arbitre sauf qu’à trop jouer avec le feu on finit par se brûler. Je me suis laissé ronger par la magie. Tòchi et les Cal’Ëar… les fées aussi j’imagine ont fait un travail de restauration formidable, mais mon bras droit est encore faible.
Soudain, la morsure froide d'une prise de conscience lui tomba sur les épaules. Elle ne jeta pas même un coup d'oeil à l'étrange armure qui recouvrait Estiam. Qu'est-ce qu'elle attendait en venant ici ? Elle se fichait de ce qu'il était en train de lui expliquer alors que c'était précisément ce qu'elle demandait aux Noss depuis deux semaines et elle se sentait de plus en plus énervée. Énervée par sa retenue, par le regard distant qu'il posait sur elle, par sa façon de parler ? Énervée de se rendre compte qu'elle préfèrerait cent fois ne pas être venue du tout et être rester auprès de Fenris ? Énervée du peu de réaction qu'il avait en évoquant sa propre mort ? Tout cela en même temps ou encore autre chose ?
- J’aurais du mal à correctement m’en servir sans cette armure. " Elle serra les dents pour retenir une remarque cinglante. " C’est la colonie de fées qui a recueilli Ilweran le temps de l’assaut qui m’en a fait don avant de… " Il hésita, renforçant la colère injustifiée d'Halya en éludant manifestement un point de son histoire. " enfin… j’imagine que c’est leur manière de s’assurer qu’Ilweran soit réellement en sécurité. "
Ils se dévisagèrent l'un l'autre à loisir. Halyalindë s'obligeait à respirer posément. Elle n'était plus l'être d'instinct pur qu'elle avait été. Elle devait écouter, comprendre. Elle était venue pour ça alors même si cette entrevue la mettait dans tous ses états, elle se retiendrait jusqu'à mettre le doigt sur la raison de la colère qu'elle sentait monter encore et encore.
- À vrai dire, je dois bien avouer que je suis impressionné par le calme avec lequel tu prends tout ça. J’ai moi-même encore un peu de mal à me faire à ce corps. Parfois je repense à tout ce qui s’est passé et j’ai l’impression que la forêt s’est prise pour une étudiante d’Alëandir et que le destin a voulu que je serve de cobaye… mais pour être honnête, je crois que je ne me suis jamais senti aussi bien.
Aussi bien...
Il s'empara de ses mains et ses épaules se raidirent malgré elle.
IL N’ÉTAIT PAS SENSÉ ALLER BIEN !!
Personne n'était sensé aller bien alors qu'il y avait plusieurs milliers de cadavres pourrissant au soleil par sa faute. Elle sentait à tel point son sang bouillir qu'elle en avait la nausée. Elle n'avait pas écouter sa dernière phrase mais fut rattrapé par son rire cristallin... innocent. Il allait... Il allait vraiment bien. Il n'était ni affligé, ni en colère, ni ampli de vengeance, ni même de regret. Il était comme il l'était des siècles auparavant, il était même plus rayonnant que cela. Il était un homme dépourvu de toute noirceur. En comparaison, elle voyait à quel point elle avait été aveugle en écoutant ses délires sur l'Aduram, en lui donnant ne serait-ce qu'un peu de crédit.
Une part de la rancœur qui oppressait sa poitrine se tourna contre elle-même.
- D’ailleurs, puisque l’on parle de cobaye… quand je parlais de mauvais souvenir qui dort... " Halya grimpa souplement dans l'arbre à sa suite et se figea net. " Regarde qui j’ai croisé en chemin. " Il a à peine prononcé ces quelques mots que les yeux de la guerrière se vrillent dans ceux du mage. Sa colère douchée en une fraction de seconde, elle l'observait avec appréhension, incompréhension. C'était impossible... - Pourquoi...? Heureusement pour eux deux, il reprit très rapidement. - Il dit avoir renié Uriz – leur version de Calimenthar, et avoir été recueilli par Kerhel – la vision Eldéenne de Kÿria. Et quelque chose en moi me force à le croire. Enfin, regarde-le… sa peau, ses yeux… et puis, écoute aucun son particulier ne dérangea l’atmosphère si ce n’était l’occasionnel ronflement du dormeur la Symphonie ne semble pas être dérangée de sa présence.
Il dormait paisiblement, d'une respiration égale, aussi innocent qu'Estiam lui-même. La joie et l'excitation enfantine qu'exprimait l'elfe fit frissonner sa consœur.
- Il dit qu’il reste un danger à Yutar. Un sortilège jeté par les nécromanciens de Yutar pour soulever les victimes de la bataille dans un dernier effort de destruction de potentiels assaillants. Et le champ de bataille qui est encore loin d’être nettoyé… affronter des non-morts ne devrait pas être un souci, mais j’ai peur qu’un sortilège de nécromancie de cette magnitude ne finisse par souiller cette partie de l’Annon. Il dit pouvoir nous aider à le briser… et là encore, même si j’aurais préféré que toute cette histoire de nécromancie soit un mensonge, j’ai envie de le croire.
Envie de le croire... C'était justement ce qu'elle ressentait. Mais la situation était trop invraisemblable . Le danger était trop grand. Mais dans son état, Estiam ne comprendrait pas. Il n'avait pas encore fini sa tirade que la dague d'Halya fusait vers la gorge du bienheureux rêveur avec une précision mortelle. Une douleur fulgurante, morsure d'une des créature de feu qui tourbillonnaient autour d'eux, explosa dans son poignet mais elle ne lâcha pas prise. En revanche, au moment ou la pointe de la lame effleura le col de l'eldéen, une détonation semblable à celle dont Randil l'avait sauvée un peu plus tôt vibra dans l'air.
Un crissement vif, quelques étincelles puis un claquement. La lame se brisa sur la carotide de pierre du dormeur. Un morceau du tranchant se planta dans le tronc à près d'un mètre au dessus d'eux, ne laissant entre les mains de la guerrière qu'un court épieux de métal inégale à demi démi de son pommeau. Le choc se répercuta dans le bras fragilisé de l'ardamirie, lui arrachant un grognement.
Dans un instant de flottement, elle croisa le regard d'Estiam et son cœur se serra. D'un mouvement souple, son pied droit vint saper l'appui du mage, le déséquilibrant une seconde suffisante pour se laisser retomber au sol en entrainant la gangue de pierre qu'était devenu l'Eldéen avec elle. Il heurta le sol comme une roche l'aurait fait à ceci près que de nombreuses fissures apparurent sur la forme grossièrement humanoïde. Elle tenta d'en percer une une nouvelle fois mais il lui aurait fallu plus de temps qu'elle n'en avait. Incapable de l'en arracher suffisamment vite pour faire face à Estiam sans risquer d'être définitivement bloquée par l'un de ses sorts, elle laissa les restes de son coutelas plantés dans la roche en une parodie ridicule de meurtre sur un caillou.
- Tu ne te rends pas compte, Estiam ! Tu parles de tout ça comme si ce n'était qu'un incident déplorable. Je... " Elle se redressa un peu, modérant sa voix " J'étais d'accord avec toi au début. Je pensais qu'une attaque de Yutar serait une bonne chose pour sécuriser nos frontières. Tu sais que j'en ai même voulu au Haut Conseil de ne pas avoir profité de la trêve du Voile pour reprendre ce fort avant la chute d'Eraison. Mais après avoir commis un tel massacre et vu les cadavres qui s'entassent dans les ruines et autour à perte du vue... comment peux-tu encore le penser ? avant qu'il ne puisse lui répondre, elle rugit " Tait-toi ! Tu vas m'écouter jusqu'au bout ! "
Elle en avait les larmes aux yeux mais son visage exprimait une rage effrayante. C'était pour ça qu'elle était à ce point en colère. Elle avait été d'accord avec tout ça. Si elle avait put contacter Estiam avant la charge, ça aurait été pour lui dire que les Vétérans d'Ardamir répondraient à son appel. Elle lui avait promis de parler de la guerre qu'il mettait en marche à ses frères et soeurs d'arme. Elle n'avait pas tenté de le retenir. Non. Tout ça, elle l'avait cautionné.
Ce n'était que par pur hasard qu'elle n'avait pas officiellement le sang de ses milliers de personnes sur les mains... Et lui qui portait à présent le poids de milliers de morts s'en moquait éperdument.
Elle chassa ses larmes d'un revers de main et se redressa tout à fait, quittant la posture d'attaque dans laquelle elle se ramassait instinctivement en cas d'émotions fortes.
- Après tout ça, non seulement tu n'éprouves pas le moindre regret mais en plus tu protèges l'un des ennemis les plus meurtrier qu'on ait eu à affronter. Par Carpacelva ! Tu étais là à Eraison ! " Ses mains firent un mouvement saccadé et accusateur vers le mage. " Tu sais ce qu'il m'a fait ! Ce qu'il a fait à Neraën ! Tu sais que par ce simple fait, il est à l'origine de la guerre civile d'Eteniril. Tu peux lui pardonner la Tourmente dans laquelle il t'a plongé, soit, mais combien de centaines de nos camarades et de ses propres alliés a-t-il tué ? Nous étions des dizaines de milliers à combattre dans cette ville ! Tu lui as demandé combien il avait eut d'esclaves ? Combien de femmes il avait violées ? Combien de vie il a prise de ses mains ? "
Les poings serrés, redressée de toute sa hauteur après avoir fait un ultime geste vers le drow sans même le regarder. Les yeux verts d'Halya étaient vrillés dans ceux d'Estiam, débordant de déception, d'accusation et de colère.
- Tout cela... C'est au delà de tout pardon. La Symphonie ne fait que réagir à ce qu'il est aujourd'hui et qu'il ait trouvé la paix ne retire rien à ses crimes. Tu devrais le savoir. Et ton manque de regret ne retire rien à ta responsabilité.
Sa voix ne tremblait plus mais elle luttait contre le voile rauque qui menaçait de la submerger. Une profonde tendresse mêlé à une tristesse au moins aussi grande pouvait se lire dans ses yeux lorsqu'elle ajouta
- Le Estiam que je connais l'aurait su... " elle l'observa dans un bref silence " J'aurai du t'en empêcher... Tu sais, j'ai parcouru Yutar de long en large. Parmi les corps, il y a des nourrissons et des femmes enceintes. Certains des guerriers n'avaient pas même l'âge de la Renarde. Alors dit moi, qu'est-ce que je dois en penser ?
Elle ne pouvait plus présager de rien. Elle sentait plus de culpabilité que lui... En observant le visage qu'elle chérissait tant par le passé, elle avait l'impression d'avoir perdu une part du semi Noss qu'elle estimait depuis de nombreux siècles. Cela ne faisait qu'une émotion de plus à ajouter à toutes les autres...
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| | | Lœthwil
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| Sujet: Re: Plaider l'Absolution [PV Haldren] Dim 22 Avr 2018 - 19:54 | |
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Défendre un ancien ennemi de la lame d’une des personnes que tu chérissais le plus au monde avait quelque chose de surréaliste. Devoir tenir Halyalindë à distance te déchirait le cœur. Tu n’en étais tout bonnement pas capable. Et elle le savait. Elle savait qu’aucun de tes sortilèges n’irait jusqu’à la blesser. Elle savait qu’elle pourrait aisément prendre physiquement l’avantage sur toi, malgré la différence maintenant plus grande que jamais entre vos deux statures. Elle savait que tu ne pourrais jamais que protéger l’ancien Eldéen, mais elle, elle aurait tout loisir d’essayer de faire son assaut plus preste que ta défense.
Tes yeux s’embuèrent devant l’incompréhension d’Halyalindë… ou du moins furent-ils pris par les eaux parce qu’elle comprenait trop bien, mais refusait catégoriquement d’accepter. Elle aussi avait rêvé un affrontement moins sanglant, un assaut moins destructeur. Face à ton assurance elle s’était peinte un tableau idyllique d’une reprise de l’avant-poste. Puisqu’il s’agissait d’une offensive elfique, elle ne pouvait pas être aussi violente que celle des Noirelfe. La mort ne pouvait être que plus digne, plus clémente, si vous l’administriez. Seulement au lieu de fuir la mort, les Sombres étaient venus la cueillir. Les soldats de Yutar avaient fait face, dans l’espoir d’ajouter un exploit à leurs carrières avant d’être happés par l’abysse, dans l’espoir d’ainsi gagner leur place au Nahali. Les soldats de Yutar s’étaient retournés contre tes frères au lieu de capituler, alors ce qu’il te restait de patience, ce qu’il te restait de pitié, ce qu’il te restait de compassion pour vos cousins, tout cela s’était éteint. Ton Souffle s’était éteint, parce qu’à ce moment précis, massacrer était devenu le seul moyen de ne pas être massacré.
- Halya je…
Elle t’interrompt, elle pleure, t’arrache des larmes en retour. Et tes larmes ne font qu’alimenter sa colère. Tu as peur de la perdre. Tu pleures la distance qui se creuse entre vous, mais pas la moindre once de ta tristesse ne va à tes actes. Tu ne regrettes rien. Tu n’as aucun remord. Et tu es bien le seul. Il n’est pas un autre Ornedhel, même de ceux nourrissant la plus féroce haine envers leurs cousins d’Elda, qui n’ait pas été secoué par la vue des ruines et des cadavres qui en jonchent le sol. Tu les as rendus coupables, tu l’as rendue coupable, elle, et tu ne regrettes rien. Tu as souillé son honneur, et parce que tu ne t’en sens pas coupable, tu la prives de tout espoir d’absolution. Tu lui as retiré une part importante d’elle-même, et malgré cela, tu oses encore lui montrer que tu l’aimes.
Tu es un coupable défendant un coupable alors que tu la prives de son innocence. Tu es un homme ayant abusé de son pouvoir et fait énormément de mal en voulant faire du bien. Tu es un homme qui ne semblait plus comprendre ses douleurs. Tu es un homme avec qui elle ne pouvait plus rentrer en empathie. Parce que ta lutte intérieure était terminée. Parce qu’à partir de ta renaissance, tu avais décidé de vivre dans le présent. Les leçons du passé n’étaient plus que cela, des leçons. Et enfin ces leçons tu les avais apprises, comprises, intégrées et acceptées. Enfin tu avais trouvé la force de passer complètement outre la souffrance qu’avait infligé ta naissance à tes deux parents – parce qu’enfin tu voyais à quel point elle était ridicule devant l’amour qui en était né. Enfin tu avais trouvé la force de passer complètement outre cette crise identitaire d’un millénaire – parce qu’enfin, tu avais le sentiment d’avoir trouvé une Entité autre que ta minuscule cellule familiale à laquelle tu appartiennes corps et Souffle. Enfin tu avais trouvé la force de passer complètement outre la disgrâce qu’était ta fascination pour l’Aduram – parce qu’enfin ton esprit était assez fort pour en écouter la mélodie dissonante d’une oreille paisible. Enfin tu avais réalisé quel mage exceptionnel tu étais – parce qu’enfin tu t’étais arraché à la cruelle mesure que pouvait être le regard des autres. Enfin tu étais devenu ta propre personne, construisant son propre univers selon ses propres règles. Enfin, puisque tu t’étais pardonné, tu avais obtenu le pouvoir de pardonner d’autres. Tu apprenais il y a quelques jours encore à quel point le pardon pouvait être libérateur. Alors tu ne t’en priverais pas.
- Rien n’est au-delà de tout pardon Tu fais un pas vers elle tant qu’on trouve la force de pardonner. Ton visage se ferme soudainement, se voilant d’une paternelle sévérité malgré sa nouvelle jeunesse Je suis responsable, et seul responsable de ce qu’il est arrivé à Yutar. Je suis celui qui a construit et brisé notre plan d’assaut. Je suis responsable et seul responsable de toutes ces morts. Tes iris d’or vrillés dans ses émeraudes semblent briller comme deux soleils au milieu de la nuit, faisant écho aux reflets de même couleur courant le long de ton corps Mais pour peu que l’on ne baisse pas notre garde, et qu’on empêche les Eldéens d’à nouveau s’ancrer derrière les frondaisons de la forêt… à combien de frères ce massacre aura-t-il rendu leur place au sein des Chants ? Combien de plantes, d’animaux, d’elfes pourront jouir de la sécurité d’une Anaëh ayant retrouvé un peu de sa majesté perdue durant les Cycles à venir ? Combien de batailles de la même magnitude nous sommes nous épargnés en privant les Peaux-de-Suie de leur précieux avant-poste ? Tu termines de fermer l’écart entre elle et toi, pour tendrement la prendre dans tes bras Alors oui, j’ai trouvé la force de me pardonner la douleur infligée à nos ennemis, parce que si moi je ne la trouvais pas, alors aucun de ceux qui m’ont suivi ne le pourrait.
Tu la serres un peu plus fort, les larmes te coulant à nouveau, alors que la gangue de pierre ayant servi de cocon à ton protégé se défaisait.
- Le Estiam que tu connais est curieux. Il serait certainement mort d’envie de savoir s’il est possible pour un Drow de se racheter aux yeux de La Mère, mais il ne se serait jamais résolu à prendre le risque d’observer. Tu prends une grande inspiration Lœthwil se sait assez fort pour que le risque soit dérisoire. Aujourd’hui je sais, au plus profond de moi-même, jusqu’où La Mère est prête à aller pour ses enfants.
Ton doigt vint cueillir une larme sur sa joue, tes lèvres s’autorisèrent un baiser sur son front.
- Ne t’en fais pas, tout ira bien. Tu la pris à nouveau contre toi, l’invitant à enfouir son visage dans ton cou Je t’aime Halyalindë.
Et pendant une fraction de seconde, le cœur de l’ancienne Aigle fut touchée, comme si ces mots avaient été prononcés par Kÿria elle-même.
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| | | Halyalindë
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| Sujet: Re: Plaider l'Absolution [PV Haldren] Dim 22 Avr 2018 - 21:20 | |
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Elle ne souffla mot, laissant le mage s'approcher jusqu'à la prendre dans ses bras. Son contact était aussi agréable qu'une chemise rapeuse, mais elle ne s'en défit pas. Mais elle restait là, respirant profondément sans répondre à son étreinte ni à ses baisers. Elle cherchait simplement son regard et le laissait apaiser son cœur en la serrant contre lui.
Elle sentait à quel point ce qu'elle venait de lui dire le touchait, mais non parce qu'il se serait rendu compte de l'un de ses actes, non. C'était à cause d'elle. Peut-être... Peut-être que rien était au delà de tout pardon, elle voulait bien le croire. Elle l'espérait, même. Mais au delà de son pardon à elle, c'était une certitude. Elle ne pouvait pas envisager de laisser vivre le mage noire. Pas maintenant. Pas alors que l'Anaëh commençait à peine à se remettre de ce qu'il avait fait.
Pour Estiam. Pour les milliers de morts, c'était une autre affaire. Il n'y avait pas de pardon a donner ou a recevoir. Ce qui était fait était fait. La culpabilité passerait avec le temps. La responsabilité resterait. Elle en éprouvait une répugnance qu'elle n'avait jamais sentit auparavant. Même les deux mains plongées dans le ventre d'un elfe pour en dévorer le foie, elle n'avait jamais eu cette désagréable impression de gâchis. Même les Noss ne détenaient plus la sagesse. Les guides de leur peuple, tant spirituels que politique ne valaient pas mieux que ceux des autres races. Et Estiam, qui avait pendant tant d'année représenter à ses propres yeux la raison dans toute sa sage splendeur, n'était plus qu'un enfant qui cachait ses draps après les avoir souillés lors d'un mauvais rêve.
A la déclaration qu'il lui fit, elle ferma les yeux et son bras valide vint serré le dos du Noss. Une longue inspiration. Le monde entier pouvait bien exprimer son amour, cela n'enlevait rien à la portée des actes qui avaient eu lieu. Et ces actes n'enlevaient rien aux sentiments qu'elle éprouvait pour lui. Il avait fait parti d'elle de façon si intime qu'elle ne pouvait le renier si facilement. Elle ne l'aurait même pas voulu. Mais cela ne changeait rien à la rancœur qu'elle éprouvait envers celui qui lui prouvait que personne ne détenait la sagesse. Aucune race, aucune société ni aucune autorité.
- Je sais. " murmura-t-elle à son oreille avant de reculer en lui offrant un sourire humide. " Et il faudra bien que je fasse en sorte que les choses aillent dans le bon sens après ça. " Après ce qui avait eu lieu à Yutar. Maintenant qu'elle voyait à quel point il s'en moquait, elle avait besoin d'y repenser.
Visiblement, sa retraite était finie...
Elle voulait retourner auprès de Fenris, mais avant elle avait encore quelque chose à faire.
- Si tu n'éprouves pas la moindre empathie pour ces milliers de vie et que tu considères que les notre valent mieux que les leurs, alors tu te comportes exactement comme eux. Mais soit. Pour l'instant je n'ai visiblement rien a dire qui pourrait changer ton point de vue." Elle s'écarta tout a fait, se passant une main sur le visage pour en chasser les reliefs de son coup de sang. " Par contre, il est hors de question que cet homme circule librement dans l'Anaëh. " La confiance qu'elle avait en lui n'était plus la même. En ce moment, ils auraient tout aussi bien put être deux drows soit disant repentis. " Je vous accompagne jusqu'à Yutar pour avoir un premier aperçu de son changement. Mais je serais toi, je ne m'y fierais pas. Tebryn nous montré que nos ennemis peuvent attendre leur heure et la Symphonie ne fait qu'observer leur agitation."
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| | | Lœthwil
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| Sujet: Re: Plaider l'Absolution [PV Haldren] Dim 22 Avr 2018 - 23:21 | |
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Un soupir. Toute la quiétude du monde n’aurait pas suffi à te permettre d’apprécier ce genre de remontrances, et encore moins venant d’elle. Probablement n’y avait-il qu’Uinèn, ta mère, qui partageait avec Halyalindë cette incroyable capacité à te toucher à vif lorsque leurs points de vue divergeaient du tien. Probablement n’y avait-il d’autre qu’Uinèn qui puisse autant t’agacer à faire preuve d’une justice à deux vitesses. De combien d’elfes devait-on la mort à cause de machinations permises et orchestrées par les gardiens de Yutar ? De combien d’arbres avaient-ils coupé ou fortement réduit l’accès aux Chants ? Combien d’esclaves avaient-ils eux-mêmes à leur service ? Qui sait ce dont nombre d’entre eux avaient pu être capable ? Certainement leurs méfaits n’arrivaient-ils pas à la cheville de ceux du Mage Noir, mais n’étaient-ils pas eux aussi coupables ? Ne méritaient-ils pas eux aussi la mort. Les guerriers, pas les enfants. Mais malheureusement les lois de la nature n’étaient pas celles de l’éthique. Lorsqu’un animal défend son territoire d’une invasion, il n’a que faire de l’éthique. Les louveteaux seront parfois la première cible d’un Chef de meute, car ils sont une menace future, qu’il convient mieux d’éliminer avant qu’elle ne devienne trop grande. À la guerre, être trop miséricordieux c’était souhaiter sa propre mort. Que l’on ne t’accuse pas d’être venu exécuter des enfants et des mères porteuses sans défenses car leur mort n’est que conséquence du refus de leurs guerriers d’accepter la défaite. Non, tu ne considères pas vos vies valoir mieux que celle de n’importe quel Drow. Eux aussi sont des enfants de La Mère, même s’ils refusent de l’entendre. Eux aussi méritent de s’intégrer à un cycle de vie vertueux, d’avoir une place dans ce monde. Mais tant qu’ils refuseraient de se contenter de leur due place, dès lors qu’ils poseraient pied conquérant sur votre territoire, votre foyer, ils seraient une menace. Ce n’est pas un jugement de valeur, mais une preuve de ta loyauté envers ta foi et ton sang.
C’est l’Anaëh ta maîtresse, pas l’engeance d’Elda.
Alors s’il faut détruire de l’engeance d’Elda pour protéger la moindre feuille d’Anaëh, tu le feras.
Mais quoi qu’Halyalindë puisse en penser, ta tranquillité devant leur fin n’était pas synonyme d’apathie. Si tu arrivais aisément à te pardonner tes actes, tu n’en étais pas moins déçu d’avoir eu à les commettre. Dans un monde parfait, ils réalisaient là où ils s’étaient égarés et cherchaient le chemin du retour. Dans la réalité des choses tu aurais préféré qu’ils abdiquent, qu’ils fuient, et limitent leurs pertes aux quelques guerriers que les Ornedhels auraient cueilli. Si tu étais persuadé que les vôtres valaient mieux qu’eux, tu n’aurais pas imaginé que le Mage Noir dise la vérité une seule seconde, et il serait mort longtemps avant que tu n’envisages de lui offrir ton pardon. Non tu ne te comportes pas comme eux. Parce que si tu te comportais comme eux, tu ne te serais pas contenté de les chasser de l’Annon. C’est au sein du Puy d’Elda que tu projetterais d’étendre un règne destructeur. Mais étais-ce la peine de le faire remarquer à ton amie ? Etais-ce utile de continuer de défendre ton avis lorsque tu savais qu’elle était non seulement encore trop secouée par ce qu’elle avait vu pour réfléchir aux contradictions de son discours ? Considérait-elle seulement encore l’Annon comme faisant partie d’Anaëh, ou s’était-elle déjà à ce point faite à l’occupation Drow qu’à ses yeux tu étais devenu l’envahisseur ? Tu fermes les yeux un instant, trop long d’ailleurs, tes paupières alourdies par le sommeil ayant du mal à se séparer. Votre lien à Halyalindë et toi était trop profond pour être rompu, même par les plus sanglants carnages, restait juste maintenant à espérer que le temps lui permette de réaliser que Lœthwil n’était pas le monstre qu’elle pense avoir découvert. - J’ai envie de pouvoir lui faire confiance, mais j’en suis encore loin. Tu poses les yeux sur la loque humanoïde écroulée au sol non loin, dormant aussi paisiblement que si rien ne s’était passé Autrement je ne me serais pas donné la peine de le droguer pour m’assurer qu’il dorme plus profondément que moi. Tu t’approches de l’ancien Eldéen et le jettes sur ton épaule avant de remonter à vos places dans les branchages Et en tant que l’une des rares personnes capable de lui faire face si jamais il venait à retourner ce qui lui reste de manteau tu le déposes à sa place initiale, baillant largement par la même occasion mieux vaut que je voies demain d'un œil reposé.Quelques étincelles d’or éclairèrent la forêt nocturne. Ces pièges-là, Halyalindë et Randil saurait où ils sont placés. Les quelques heures de nuitée qu’il te reste, il te faudrait en faire aussi bon usage que possible. - Tu devrais te reposer toi aussi, Melnettë. Avec ta sagesse mourait ta prétention de te vouloir son père de cœur. Mais par respect pour son véritable père, et par respect pour la vérité de votre relation, certainement serait-il plus confortable pour tous que tu l’appelles ta petite sœur. Quelques mots, prière adressée d'un murmure à La-Très-Sage, qu'elle termine d'effacer ce qu'il restait de tes doutes, et ton écorce se desserrait pour te laisser replonger dans un sommeil fébrile, plus agité qu'il ne l'était déjà avant qu'arrive ton amie.
Dernière édition par Lœthwil le Lun 23 Avr 2018 - 22:10, édité 1 fois |
| | | Haldren
Ancien
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| Sujet: Re: Plaider l'Absolution [PV Haldren] Lun 23 Avr 2018 - 8:50 | |
| Bon, c'est bien joli tout cela.
Mais vous êtes conscients que je n'ai strictement rien à raconter, moi ? Nada ! Nichts ! Nihil ! Nichego ! Que dalle ! Que pouic ! Le néant ! Pas plus de réaction d'Haldren que de la part d'un ysarain apprenant une hausse de 0,5 point sur le cours du minerai de pyrite à la bourse de Thanor, TEGZ fixe (Taux Équivalence Globale Zagazorn) sans prise en compte des dernières fluctuations venu d'Almis suite à un raid de gobelins. Autrement dit, l'effet reste minime sur mon inspiration au point qu'il va me falloir creuser profondément pour y trouver un filon apte à remplir les prochains paragraphes d'un contenu lisible à défaut de se montrer intéressant.
Résumons les événements : l'arrivée d'une Mata Hari elfe obsédée par le corps musculeux et huilé de Loethwil, atteinte de sociopathie au dernier degré face à la vue d'Haldren dormant paisiblement, puis la tentative d'assassinat du-dit Haldren par une lame aussi infâme que la marmite dans laquelle Victor Hugo faisait finir le pauvre oiseau dans la scène du festin de Ruy Blas. Soit-dit en passant, la marmite de Victor Hugo n'était pas plus infâme que la dague d'Halya, l'une comme l'autre ne servant que de vecteur au geste qui lui peut se voir attribuer ce qualificatif. Une marmite n'est qu'un simple récipient dépourvu de malice, une lame un simple bout de métal qui ne causera jamais de tort à moins qu'un être (infâme, lui) ne le manie.
Bref, Halya est infâme.
Tout cela ne nous avance guère, n'est-ce pas ? Les sortilèges placés par Loethwil s'étant activé, la lame ne fit qu'une légère ébréchure sur la peau de pierre qui protégeait Hecil. Quant à sa chute du haut de l'arbre jusqu'au sol, il m'est également impossible de l'utiliser comme source de nouveautés puisque la drogue subrepticement introduite par Loethwil dans la nourriture d'Hecil faisait son effet. Sans être experts en la matière, nous pouvons supposer que le noss a chargé la mule pour s'assurer que son élève ne s'éveille pas durant la nuit sous le coup d'une brusque envie de faire pipi. Si tel est le cas, l'objectif est atteint, une chute de plusieurs mètres de haut ne troublant même pas ses ronflements.
Je ne m'attarderai pas sur les échanges entre l'elfe et le noss, auxquels de toute façon Hecil n'auraient pas compris grand chose quand bien même il les aurait entendu. Mais à nouveau son sommeil drogué par l'infâme Loethwil (oui, lui aussi !) empêche toute analyse du dialogue. Même les transes mystiques qu'Haldren a commencé à expérimenté dans les terres stériles me paraissent peu vraisemblables cette nuit-là, son sommeil n'étant pas apaisé comme lors des venues de l'elfe nu mais forcé par une intervention extérieure. Au fond, nous n'y perdons pas, une transe de drogué aurait surement donné quelque chose du genre : l'elfe et le drow à cheval sur une wyverne peinte en rose bonbon, chantant "le petit bonhomme en mousse" tandis que Kÿria et Uriz auraient joué aux échecs en arrière-plan avec des pains d'épices géants.
Côté épique, nous n'aurions pas atteint des sommets.
Alors que nous reste-t-il une fois mis de côté l'impossible réveil d'Hecil, son absence complète de réaction à l'arrivée d'Halya et un sommeil trop profond pour une entrée en transe ? Rien du tout, nous en sommes revenus au point de départ de ce post qui n'aura donc servi que de remplissage permettant de confirmer qu'il faudra attendre les premières lueurs du jour et la dissipation des effets de la drogue pour qu'Haldren puisse enfin réagir aux nouveautés survenues durant la nuit. Sur ce, laissons le ronfler tranquillement tout en lâchant parfois quelques flatulences fort peu élégantes mais dues à un régime alimentaire fort déséquilibré durant les dernières ennéades.
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| | | Halyalindë
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| Sujet: Re: Plaider l'Absolution [PV Haldren] Lun 23 Avr 2018 - 13:53 | |
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- C'est ça..." la Petite soeur s'éloigna sous le couvert des arbres, déçue, la boule au ventre, " Partez quand vous voulez. Il avance si lentement que même sans la meute je pourrais vous rattraper. "
Elle ne lança pas un regard par dessus son épaule, elle sentait seulement la présence du mage noir lui bruler la peau. Dieux... Elle ne pensait pas pouvoir éprouver une telle haîne pour quelqu'un... Ce qu'il avait fait n'avait rien à voir avec la guerre. ça n'avait rien à voir avec la foi non plus. Il se fichait des siens. Il se fichait que qui arracherait la victoire. Dans son expérience, il avait emporté des vie sans distinction de camp. Des centaines, peut-être des milliers de vie. Et ce n'était qu'une seule expérience dans toute la vie qu'il fallait pour forger un mage aussi puissant.
Il n'y aurait qu'à compter un cadavre de plus sur les ruines de Yutar.
En quelques secondes, Randil était près d'elle. En quelques minutes ils avaient retrouver la meute. Après avoir soigné et bandé son poignet brulé, elle s'allongea sur la terre meuble entre les loups. Malgré la chaleur de l'été, leur pelage épais et doux était plus réconfortant que la moindre parole. L'entrevue qui venait d'avoir lieu tournait dans la tête de l'Ardamirie. Ses sentiments envers le mage noir étaient simples. Ils recoupaient tous les devoirs qu'elle avait pu avoir au cours de sa vie. Cet enfoiré finirait avec ses crocs dans la gorge.
Elle n'avait rien apprit de ce qui s'était passé dans les mouroirs d'Eraison, ni du voyage avec Fenris, ni de la guerre d'Eteniril. Tout faisait pâle figure à côté de la simplicité des faits : il avait fait souffrir tous ceux qui lui était un tant soit peu proche. Elle ne risquerait pas la paix de l'Anaëh pour sa soit disant rédemption.
Mais le cas d'Estiam et le massacre de Yutar était toujours confus. Elle pensait qu'une discussion avec son viel ami appaiserait ses craintes sur les actes des Noss, mais c'était tout l'inverse. La tristesse et l'horreur qu'elle avait ressentit face au champ de cadavre était toujours aussi grande. Les yeux perdus dans les étoiles qui perçaient à travers la canopée clairsemée, elle sentit la gaine de sa dague frotté contre sa joue. En soupirant, elle la tira et la jeta au loin.
Ou est-ce que ça avait dérappé ?
Plus que jamais, l'autarcie des cités et la non contamination culturelle lui semblait justifiée. Mais n'y avait-il vraiment rien à faire pour désamorcer les conflits avant qu'ils n'arrivent ?
D'Estiam et du constat de la puissance destructrice absolue de ces elfes qui n'avaient pourtant pas les moyens des Cités, ses pensées s'envolaient vers les Findgrims et les premières hordes humaines. Si au lieu de simplement leur refuser l'accès d'Anaëh, leurs ancêtres avaient enseigné, expliqué et accompagné ces jeunes races, peut-être l'histoire aurait-elle put être différente ?
Le dos appuyé contre l'énorme corps de Randil, elle trouva plus vite le sommeil qu'elle ne l'aurait cru.
Aux petites heures du jours, deux petites langues rapeuses vinrent réveiller l'elfe qui repoussa les louveteaux avec un grognement fatiguée. Il était temps de retrouver les deux voyageurs... Et peut-être de voir ce mage noir éveillé... L'idée lui donnait la nausée.
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| | | Lœthwil
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| Sujet: Re: Plaider l'Absolution [PV Haldren] Mar 24 Avr 2018 - 1:06 | |
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La Sylve était encore presque entièrement plongée dans l’obscurité. Ce sont les toutes premières lueurs de l’astre du jour qui t’arrachèrent à un sommeil trop superficiel. Tes yeux cireux, ta bouche pâteuse et tes articulations endolories ne présageaient rien de bon. Le peu d’images ayant animé tes rêves ne t’avaient pas laissé d’autre souvenir que la sensation d’avoir vécu une véritable déferlement de désagréables émotions… ou peut-être portais-tu cela déjà avant de fermer les yeux ? Il t’aurait fallu quelques minutes pour correctement émerger, mais ces quelques minutes dans votre condition, tu ne pouvais pas réellement te permettre de te les accorder, alors c’est à contrecœur que tu laissais ton exosquelette reprendre racine et que tu t’arrachais à l’inconfort de ton lit improvisé. Les effets du somnifère devraient bientôt s’estomper, et avant que le soleil ne soit complètement levé, Haldren s’éveillerait, mais puisqu’il te restait encore un peu de temps…
Ton index termina de tracer au-dessus de son cœur le reflet de la figure dessinée au préalable dans son dos. Sans encre, sans teinture, de magie seule, tu lui appliquais un sceau dont tu serais seul possesseur de la clef. Fermé à simple tour. Le temps lui donnerait espoir de voir le loquet se relâcher. Que l’on termine de le serrer, et l’on pourrait dire de lui qu’il était un cœur de glace. Au sens propre. Satisfait de ta camisole, tu le laissas profiter de ses dernières heures de sommeil pour aller fouiller les cimes des arbres les plus proches. Un rictus moqueur te prit les lèvres l’instant où tu constatas à quel point les fruitiers étaient riches cet été. D’énormes prunes de toutes sortes faisaient presque ployer les branches hautes, mais habitué qu’il devait l’être aux champignons, l’ancien Eldéen n’aura dû ni penser à regarder vers le haut, ni s’être autorisé à prendre le risque de consommer un poison auquel il ne s’était pas encore conditionné.
- Mange.
Ce fut le premier mot que tu adressas à ta pupille, à peine sortie de sa torpeur, lui pointant du doigt ta récolte du matin. De ton côté, tu terminais tes dernières victuailles avant d’en jeter les noyaux dans une sphère d’eau d’apparence canalisée par quelques figures du même élément, semblables à des falafeors, en rapide rotation autour d’elle.
- Tu finiras sur la route, on n’a pas de temps à perdre.
Tu lances alors que l’égaré dévore l’un de ses derniers fruits, avant de te tourner en direction de Yutar et d’ouvrir le chemin, au sol, et à grands pas. Tes yeux dardaient régulièrement à gauche et à droite, tes oreilles se tournant vers le moindre bruit étrange, suspectant la présence proche d’Halyalindë. C’est avec un certain soulagement déjà que tu réalisais qu’elle n’avait pas profité de ton sommeil pour revenir sur sa tentative de meurtre, mais le fait que sa signature sonne si faiblement à travers la Symphonie laissait présager de bien moins agréables nouvelles quant à l’effort qui lui était nécessaire pour qu’il en soit ainsi. Elle avait dû se forcer à s’écarter. Toi par contre, puisque tu étais plus patient, tu t’étais permis de mettre un doigt sur la détente.
- Au fait, si tu te sens étrange tu poses tes yeux sur lui avec un étrange détachement c’est normal. Tu as un piège lié à ta chair. Si jamais il te venait l’idée de canaliser une trop grande puissance magique sans mon consentement… tes yeux s’en retournent à ta route, et tu rajoutes d’un ton presque léger, malgré sa sévérité tu te retrouverais avec un pieu de glace en travers du cœur. Tu soupires Il n’y a pas que les Drows qui maîtrisent ce genre de sortilèges. Une courte pause sépare cette remarque de la suivante Désolé d’avoir à en arriver là, mais j’ose imaginer que tu comprends pourquoi je préfère prendre mes précautions.
Au moins tu pouvais te consoler de cette exécrable nuit en te disant que tu n’aurais peut-être pas à en subir une seconde avant d’arriver à bon port. Son pas était bien plus solide aujourd’hui qu’il ne l’était hier, le jeu de l’imitation venant doucement, et la forêt se faisant de plus en plus clairsemée au fur et à mesure que vous approchiez les ruines de la forteresse. Dans quelques heures le vent porterait l’odeur des cadavres jusqu’à vous. Dans quelques heures tu pourrais constater de tes propres yeux s’il avait menti ou pas.
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| | | Haldren
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| Sujet: Re: Plaider l'Absolution [PV Haldren] Mar 24 Avr 2018 - 8:30 | |
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gnvifdgnbvfid... fgnofgfdg ? Zog... zog... akita...
Telles furent les premières paroles prononcées par Haldren lorsqu'il émergea, paroles dont identifier le sens exact nécessiterait l'aide de nombreux linguistes experts en réveils difficiles. Péniblement, l'hybride se leva avec la sensation que sa bouche servait de fond de cage à une colonie de perroquets. Un goût légèrement âpre s'y attardait, goût peu prononcé mais ses papilles habituées à identifier les poisons dont les eldéens usaient régulièrement pour écarter leurs adversaires politiques en discernèrent la présence. Ajoutant à cela un sommeil bien trop profond pour s'avérer naturel, une seule conclusion logique semblait devoir s'imposer.
Sans mot dire, Haldren mangea goulûment plusieurs fruits cueillis sur l'arbre, surpris de voir à quelle point la végétation luxuriante pouvait cacher de bons repas à qui savait les chercher. Alors qu'ils reprenaient la route, Haldren se fit la réflexion qu'il se sentait... bizarre. Pas physiquement, non, même si sa diarrhée des derniers jours continuait parfois de lui déranger les entrailles et l'obligeait à fumer les buissons d'un engrais fort odorant, mais bizarre magiquement. Sans prendre de gants, Loethwil lui en donna l'explication lorsqu'il lui révéla le piège magique dans lequel il l'avait enfermé, un piège qui pouvait à tout instant transpercer le cœur du drow d'une lance de glace si le noss en décidait ainsi.
Être à la merci d'une simple pensée d'un autre sorcier. Situation peu plaisante que l'ancien eldéen avait connu au tout début de son entrée au C'nros bien des siècles auparavant, lorsque le Ditronw Da're de l'époque avait décidé de s'attacher ses services. Mais se retrouver traité ainsi par Loethwil créait une sinistre résonance entre l'Anaëh et l'Elda, résonance qu'Haldren aurait espéré ne pas trouver. Effleurant mentalement le piège, l'hybride se demanda s'il pourrait le dénouer... oui sans doute, mais il lui faudrait l'étudier tout d'abord en détail et disposer de temps pour s'en débarrasser. Durant le sommeil de Loethwil peut-être ? Ou plus simplement en se téléportant dans les Ombres, à l'abri d'une activation ? Dans tous les cas, il se trouvait momentanément à la merci de celui qui s'affirmait son "Guide" mais qui prenait à chaque instant une posture bien différente.
Que tu ne me fasses pas confiance et que tu me places sous une étroite surveillance, je le comprends bien car tu serais profondément naïf d'agir différemment avant d'avoir jugé mes actes. Mais ce sortilège était-il nécessaire ? Seul au beau milieu de l'Anaëh et de ses gardiens magiques, entouré de noss capables de me sauter dessus sans que j'ai pu sentir leur approche, avec ces trois fées qui me surveillent même quand je vais me soulager dans les buissons, suis-je donc un tel danger ?
Il n'y avait nulle colère ni rébellion dans la voix de l'hybride, juste une profonde tristesse et un fond d'amertume.
Tu m'as drogué hier soir, tu me mets des chaines magiques aujourd'hui et d'une pensée tu peux me tuer. Serions-nous au Puy, Loethwil, que j'aurais une terminologie tout à fait adaptée pour définir nos rapports : tu es mon maître et je suis ton esclave.
Non, c'était même pire qu'au Puy car là-bas personne n'aurait jamais osé s'en prendre à un esclave sans l'accord du drow. Mais que se passerait-il lorsqu'un elfe cher au cœur de Loethwil agresserait le nouveau venu ? Autoriserait-il Haldren à activer un sortilège de bouclier pour se défendre ? Ou assisterait-il à la curée comme un maître observant avec amusement ses chiens saigner à mort le sanglier blessé ? L'amertume de l'hybride ne venait pas des mesures de précautions envers lui car il aurait très bien compris un sortilège destiné à le localiser ou à alerter en cas d'usage de sa magie... non, son amertume venait de la possibilité que s'offrait le noss d'exécuter son esclave, le jugeant dangereux sans même lui laisser le temps de prouver sa bonne foi. Et tout cela en profitant d'un sommeil drogué, alors que lui avoir demandé préalablement d'accepter cette contrainte aurait justement pu servir d'épreuve envers Haldren pour jauger la pureté de ses intentions.
Accepter d'être enchaîné n'est pas la même chose que s'y retrouver placé par la force.
Loethwil venait (involontairement ou pas ?) de s'éloigner du chemin de Guide en troublant l'égaré qui cherchait désespérément une brindille de certitude à laquelle se rattacher. La seule certitude qu'Hecil possédait désormais était celle de pouvoir être exécuté d'une seconde à l'autre, alors même qu'il se trouvait en route pour Yutar afin de désamorcer un piège pouvant causer des ravages au sein des clans noss. Ce jour-là plus que tous les autres depuis le Choix, l'égaré ressentit la peur d'avoir tenté une épreuve qu'il ne pourrait pas réussir. L'ancien Haldren aurait vraisemblablement réagit par la colère et la violence à cette humiliation, mais Hecil s'abandonna au fatalisme : il lui fallait boire le calice jusqu'à la lie, accepter toutes les abaissements et subir tous les sarcasmes pour se prouver à lui-même qu'il avait sincèrement changé au fond de son être et pas simplement en surface.
Excuse-moi, m'autorises-tu à aller prier ? Ce ne sera pas long et je ne m'éloignerai pas, mais j'en ai plus besoin maintenant que jamais.
S'écartant un peu du chemin forestier, Haldren s'agenouilla comme s'il avait été devant un autel dans l'un des nombreux temples que comptait le Puy. Il ignorait comment s'adresser à la déesse intervenue pour le sauver et lui offrir le Choix et agissait donc selon les attitudes classiques qu'on lui avait enseigné. Jusque là il accomplissait de tels rituels par habitude, pour satisfaire le désir des dieux drows a entendre des prières monter vers eux, sincères ou non. Guère mystique par nature, Haldren se trouvait cependant profondément touché par la déesse. Il savait s'être suicidé et comprenait que seule l'intervention de Kerhel lui valait de toujours fouler le sol de Miradelphia. Plus que tout il craignait de la décevoir, de se montrer indigne de l'attente qu'elle plaçait en lui.
Oh Kerhel, pria-t-il intérieurement, tu ne m'as pas menti... ce chemin sera parsemé d'épreuves... le premier noss qui je croise et qui n'a pas de haine envers moi me traite déjà comme son esclave... qu'en sera-t-il des autres ? La patience face aux avanies n'est pas mon fort... ne me juges pas trop sévèrement si j'échoue à tout subir... qu'il en soit fait selon ta volonté.
Se relevant, il s’épousseta posément les genoux et retourna auprès de Loethwil.
Merci de m'avoir accordé cette pause. Nous pouvons reprendre la route.
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| | | Halyalindë
Ancien
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| Sujet: Re: Plaider l'Absolution [PV Haldren] Mar 24 Avr 2018 - 10:29 | |
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Depuis déjà quelques temps qu'Halya avait rattraper les deux voyageurs. Entre la piste de bousin, la lenteur du drow, la rapidité des loups et le temps du petit déjeuner, ils n'avaient pas pas été très difficile à rattraper. Sans ses armes, son armure et son équipement, l'elfe pouvait se jucher sur le dos de Randil sans que ce ne soit un problème pour le grand loup. Il était impressionnant de voir à quel point ces énormes prédateurs pourvaient se promener sans difficulter dans des environnements forestiers relativement dense, pourtant, elle ne doutait pas qu'Estiam sache qu'elle était là. Pour l'instant, la meute les encerclait de loin mains elle vibrait d'une étrange façon. Ils étaient dans le territoire d'un autre prédateur imposant. Mieux vallait les laisser gérer ça a leur manière.
Sur une dernière embrassade avec son grand ami et une excuse pour ne pas pouvoir les suivre dans leur traque auujourd'hui, elle se hissa dans un arbre qui étendait ses plus basses branches sur leur trajectoire et continua seule dans la canopée de l'Annon.
- Tu m'as drogué hier soir, tu me mets des chaines magiques aujourd'hui et d'une pensée tu peux me tuer. Serions-nous au Puy, Loethwil, que j'aurais une terminologie tout à fait adaptée pour définir nos rapports : tu es mon maître et je suis ton esclave.
La voix du mage noir la fit frémir. Elle n'éprouvait pas la moindre compassion à son égare, mais cette constatation laissait un arrière goût amère dans la gorge de la chasseresse. Les questions philosophiques auquelles son peuple aurait du se confronté bien longtemps auparavant pour éviter commençaient à lui taper un peu trop sombrement sur les nerfs. En contre bas, ils avançaient lentement, puis soudain, ils n'avancèrent plus du tout.
Prier...
Halya frémit en le voyant s'agenouiller. Estiam allait le laisser prier ses sales dieux ici ?
Mais elle ne dit rien. Elle le regarda se prostrée en silence. Un monstre plein de griffe tournait en rond dans ses entrailles et tentait de sortir en se frayant un passage, mais elle ne bougea pas. L'emplacement vide de sa dague la démangeait. Lorsqu'il se releva pour retourner près d'Estiam, elle descendit sur la branche la plus basse.
- On peut savoir qui tu priais comme ça, mage ?
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| | | Lœthwil
Ancien
Nombre de messages : 761 Âge : 27 Date d'inscription : 20/10/2015
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| Sujet: Re: Plaider l'Absolution [PV Haldren] Mar 24 Avr 2018 - 22:46 | |
| Tu ne prononças pas mot cherchant à contredire l’ancien Eldéen, car il ne réalisait pas, voilà tout. Il ne pourrait pas comprendre, pas de suite du moins, les raisons pour lesquelles tu te permettais ainsi de le mettre au borde de l’étranglement. Il n’avait pas vu la réaction d’Halyalindë, et ne savait pas combien d’autres auraient la même. Il ne savait pas non plus ce que tu avais dû faire pour le protéger. Même infliger une brûlure bénigne à une sœur est déchirant lorsqu’il s’agit de protéger d’elle un ennemi potentiellement mortel… d’autant plus lorsque tu savais combien il lui avait pris. Tu dois bien te l’avouer tout de même, tu prenais en silence un malsain plaisir à observer la manière de réagir d’un être se retrouvant dans un rapport de force inverse à celui qu’il avait l’habitude de connaître. Probablement les Eldéens cultivaient-ils dans leurs dépictions des elfes une image de créatures molles et bienheureuses. Peut-être espérait-il trouver en plus du pardon justifiant qu’il soit toujours en vie quelconque grâce. Peut-être avec le temps s’était-il tant épanché dans sa puissance qu’il en avait oublié ce que pousse à faire une véritable méfiance.
Tu ne veux pas te faire son bourreau, tu veux seulement t’assurer que personne de plus n’ait à mourir.
- Je t’ai servi un somnifère dont j’ai cueilli chaque ingrédient devant toi, que j’ai infusé devant toi, et que j’ai versé dans ton repas face à toi. Non, je ne t’ai pas prévenu que tu dormirais comme une pierre, mais je pense bien que tu te doutais que je ne te servais pas un rehausseur de goût et c’est avec un léger agacement que tu entamas la réponse suivante Et n’essaie pas de t’apitoyer sur ton sort plus que de nécessaire. Je ne suis pas ton maître, je suis ton geôlier. Je t’autoriserai à te plaindre être mon esclave quand plutôt que d’essayer de me protéger en attendant que tu prouves ta bonne foi, je t’aurai relégué aux basses besognes, t’aurai mutilé, forcé à t’humilier, présenté comme une bête de foire et abusé de toi. Tu t’arrêtes un instant, vissant tes yeux profondément dans les siens alors qu’il rattrape les quelques mètres de retard qu’il avait sur toi Quant à ce sortilège, je n’ai pas d’autre pouvoir dessus que celui de le défaire. C’est à toi et à toi seul qu’il appartient de rester en vie. Fais comme nos mages à Yutar, économises tes forces, ne te plonge pas trop profond dans l’éther, et il n’arrivera rien à personne. Parce que oui même seul au beau milieu de l’Anaëh, au vu de ce que tu as été capable de faire à Eraïson, qui n’est même pas un point focal dans la trame, tu es un tel danger, et être un tel danger est aussi dangereux pour toi. Ton ton s’adoucit Moi, je me contente de te contenir, d’autres elfes ne seront pas aussi patients. Alors oui, je prends des mesures drastiques, parce que si je ne donne pas une illusion convaincante d’être en complet contrôle de la situation, les choses vont vite se gâter.
Le temps ne sembla pas améliorer l’humeur de ta pupille. Il est des maux que seuls peuvent apaiser le toucher des Dieux. Il lui fallait prier. S’il réalisait la moindre parcelle du mal qu’il avait pu faire, des horreurs auxquelles il aura pu vous exposer, et de celles qu’il vous aura poussé à imaginer, certainement étais-ce là le sujet de sa prière. Il faudrait qu’il implore La Mère que son épreuve ne soit pas à la mesure de tout ce mal. Il faudrait qu’il implore La Mère qu’on ne lui fasse pas payer la perte du Souffle d’Halyalindë, les tumultes de l’esprit de Neraën, ta descente dans l’enfer d’Aduram, la guerre civile d’Eteniril, la perçue trahison du Trône Blanc, et les morts du Premier Ralliement. Il faudrait qu’il implore La Mère que les cadavres entassés dans les ruines de l’ancienne forteresse soit un suffisant tribut.
- Va.
Tes oreilles continuent de jouer avec les sons de la végétation, tes yeux continuent de guetter les environs. Elle n’est pas loin. Paradoxale situation. C’est la présence d’Halyalindë qui t’effrayait, et la vision d’un hybride agenouillé qui t’inspira un sourire. Il faudrait que tu lui dises quand il reviendrait que Kÿria se prie debout et tête haute… si elle t’en laissait l’occasion.
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