L’Haldren de trop | Haldren

Sujet: L’Haldren de trop | Haldren Mer 26 Sep 2018 - 18:56

« Hashar, pour la dernière fois, je te dis que ce n’est pas possible, asséna Azza avec humeur. Peu importe ce que te racontent ses gladiateurs, Umbarion est un anëdhel. Un anëdhel excentrique, j’en conviens, mais rien de plus. » L’ancien gladiateur fit mine d’essayer d’en placer une, mais elle ne lui en laissa pas l’occasion. « Suffit ! Je ne sais pas où est passé Baenfere, mais non, il ne s’est pas déguisé en feuillu.

— Je n’ai jamais dit qu’il était déguisé, objecta l’ancien gladiateur. J’ai dit qu’il était devenu un feuillu. » L’eunuque n’en démordait pas depuis presque une ennéade : Haldren Umbarion — bien connu à Thaar notamment pour son école de gladiateurs — et Haldren Baenfere — un archimage daedhel dont on ne savait jamais trop s’il était génial ou sénile — étaient en fait le même et unique personnage. La prêtresse ne put retenir un rire nerveux, tant l’idée lui aparaissait ridicule. Elle n’avait cependant plus le cœur à se répéter. Pour une raison qui lui échappait, Hashar refusait d’écouter ses arguments même les plus irréfutables. Leurs conversations, désormais, n’avaient plus grand intérêt.

« Je ne sais pas quoi te dire, soupira-t-elle. Qu’importe, au fond. Je doute que la question se pose encore longtemps. Umbarion est bien sot, s’il croit qu’entretenir ainsi la confusion sur ses origines lui servira à quoique ce soit. Il y aura bien un jour un zélot de Baenfere — si ce n’est pas Baenfere lui-même — pour ne pas goûter la plaisanterie. » Et la prêtresse d’ajouter, avant que son esclave ne renchérît : « Nous sommes arrivés. »

Hashar haussa les épaules, puis ajusta son ceinturon sans rien ajouter. Depuis le temps qu’il la cotoyait, il était devenu expert dans l’art de lire ses humeurs et il savait qu’il n’avait plus beaucoup de marge de manœuvre avant qu’elle ne s’énervât tout à fait. « Tu devrais tout de même faire attention, » s’autorisa-t-il tout de même à lâcher en guise de conclusion.

Azza ricana une nouvelle fois, avant de se retourner vers lui et de darder un regard dont il ne sut trop dire s’il pétillait de malice ou de colère contenue. « Je fais toujours attention. Ce n’est pas comme si j’avais la moindre confiance en les capacités de mon protecteur équeuté à me protéger de la moindre menace un peu sérieuse.

— Ah. Ah, répondit-il platement. Ça faisait longtemps. »

Cette fois, la prêtresse pouffa réellement et se détendit tout à fait. Elle lui fit signe de la suivre et s’engouffra dans la cour de l’école d’Umbarion. Le soleil était à son zénith et malgré le début de l’automne, il faisait encore chaud ce jour-là. Cela n’empêchait pas les recrues de l’anëdhel de s’entraîner durement. L’air était saturé de poussière, le fracas des armes couvrait à peine les cris de rage et douleur mêlées et le musc puissant du cuir trempé de sueur agressait le nez et la bouche des visiteurs.

« Est-ce que tu vois Niss ? » demanda Azza en balayant la scène du regard. Niss était une gladiatrice prometteuse et elle avait plus ou moins prise sous son aile ; exactement comme elle l’avait fait avec Hashar en son temps. Elle lui rendait régulièrement visite, la conseillait sur ses combats à venir et lui rendait parfois visite la nuit tombée, pour célébrer ses victoires. En un mot comme en cent : elle l’aimait bien et ambitionnait de la racheter à son maître actuel dans peu de temps.

Sujet: Re: L’Haldren de trop | Haldren Jeu 27 Sep 2018 - 14:05

La vie et la mort suivaient leur cours parmi les pensionnaires de l'Aile Blanche, au rythme des combats menés victorieusement ou non. Ce jour là toutefois, les gladiateurs se contentaient d’entraînements sans enjeu afin de se décrasser les muscles. Plusieurs jeux avaient en effet été organisés récemment et le maître des lieux tenait à mettre ses poulains au repos afin de ne pas trop tirer sur la corde de leur condition physique. Bien qu'assez brefs, les engagements à armes réelles épuisaient les organismes, marquaient les chairs et pouvaient entraîner des lésions invisibles qu'il importait par la suite de soigner avant qu'elles n'empirent.

Tout semblait donc calme lorsque la drow et son eunuque entrèrent dans l'école où il furent accueillis par un vieux serviteur humain, ancien gladiateur lui-même et qui servait désormais tant de portier que de guide aux visiteurs souhaitant assister aux entraînements.

Maîtresse, soyez la bienvenue.

La drow n'était pas une inconnue dans ces lieux, s'y rendant régulièrement pour suivre les progrès d'une jeune humaine dénommée Niss avec laquelle elle entretenait une relation dont la pudeur nous interdit de dévoiler tous les détails. Cette relation ne surprenait personne, le soutien plus ou moins officiel de telle ou telle personnalité constituait également un pan important de la vie des gladiateurs qui se retrouvaient ainsi élevés au rang d'objets de désir ou d'envie à travers toute la cité.

Vous cherchez Niss ? C'est... ennuyeux.

Le bonhomme semblait embêté, se dandinant gauchement d'un pied sur l'autre tout en grattant son crâne chauve d'un index noueux.

Elle a été gravement blessée lors des combats organisés la dernière ennéade, et n'a hélas pas survécu à ses blessures.

Quand bien même les combats ne s'effectuaient pas à mort, un mauvais coup se trouvait vite pris et les seigneurs de l'arène dansaient en permanence avec la mort. Dans le cas de Niss hélas, cette danse venait de s'achever.

Sujet: Re: L’Haldren de trop | Haldren Jeu 27 Sep 2018 - 20:04

« Ah, commenta platement Azza à l’annonce de la mort de sa protégée. Effectivement, c’est ennuyeux. » Il n’était pas évident — même pour qui connaissait bien la drolesse — de savoir ce qui l’importunait le plus. Ses yeux, en tout cas, ne trahissaient pas grand chose de ses états d’âme et sa première véritable réaction fut de pouffer un peu bêtement en prenant Hashar à parti : « Gerald au moins pourra se réjouir de ne plus avoir à casquer à chacune de ses défaites. » L’eunuque haussa poliment les épaules, sans rien répondre. Lui-même, du temps où il foulait le sable sale de la fosse dornienne presque chaque soir, avait plus d’une fois tutoyé la mort. C’était le lot commun des gladiateurs, en réalité, et s’il ne le dirait pas à voix haute — pas en présence d’Azza — la gamine avait eu de la chance de tenir aussi longtemps. « Tout de même, c’est étrange, ajouta finalement la prêtresse en reportant son attention sur le vieux serviteur. Il me semblait avoir demandé à être prévenue de ses combats. »

Ses prunelles, cette fois, disaient ce que sa langue taisait. À tout le moins, elle doutait qu’on lui contait toute l’histoire. La vérité, c’était que Niss coûtait plus chère vivante que froide et sans Azza pour lui servir de mécène, elle serait morte depuis longtemps. C’était la doeben lui avait acheté un équipement neuf — sans doute trois fois plus cher à lui seul que sa bénéficiaire. C’était Azza aussi qui avait graissé les bonnes mains pour lui assurer des combats largement à sa portée. C’était la dornienne, enfin, qui avait sous-entendu plusieurs fois à ses maîtres qu’elle comptait l’acheter sous peu. Il semblait que ses belles paroles, pourtant sincères, avaient fini par lasser. Azza, encore une fois, avait oublié que le temps d’une éphémère telle que Niss filait plus vite que le sien. La mort de la gladiatrice était très certainement accidentelle ; les causes de l’accident, quant à elles, lui demeureraient tout aussi sûrement étrangères.

Mais peu lui importaient, au fond, les dessous de cette triste affaire. Azza avait certes chéri Niss d’une affection sincère. Elle avait été impressionnée par la rage de vivre de l’esclave, elle qui avait fui la seule fois de sa vie où elle avait vraiment été en danger. Elle l’avait trouvée belle, aussi, avec sa tête rasée, sa musculature sèche et ses épaules d’homme ; correctement équipée, elle en valait la plupart et ce seraient leurs étreintes pleines de fougue qui lui manqueraient le plus. Pour autant, dans une ennéade ou deux, elle aurait retrouvé un nouveau jouet ; la question qui l’agitait, désormais, c’était de savoir si elle commencerait ses recherches à l’Aile Blanche ou non. Au matin, elle n’aurait pas hésité ; la donne avait désormais changé.

« J’imagine que vous avez déjà revendu son armure de cuire, » sussura-t-elle avec un brin de malice dans le creux de sa voix.

Sujet: Re: L’Haldren de trop | Haldren Jeu 4 Oct 2018 - 13:48

Le portier s'inclina de nouveau humblement, tentant peut-être par ses courbettes obséquieuses d'atténuer la mauvaise nouvelle qu'il lui avait fallu annoncer concernant Niss. Cela aurait été bien mal connaître la mentalité drow que de croire cela mais la crainte de perdre le "soutien" de la prêtresse qui risquait désormais d'aller chercher ses poulains (ou ses pouliches) ailleurs devait le motiver. Une école de gladiateurs vivait également pour partie grâce aux sponsors qui contribuaient à son financement, or Azza avait su dans le passé se montrer fort généreuse pour soutenir la carrière de Niss.

Oh non maîtresse, son armure est toujours à l'armurerie. Nous ne savons d'ailleurs pas trop quoi en faire, les autres gladiateurs sont superstitieux et ne voudraient pas l'utiliser par peur d'un destin funeste.

Se dandinant toujours comme si on lui piquait l'oignon avec un bâton pointu, le gaillard s'en sortit grâce à la méthode collégialement employée dans toute administration : face à un problème, le refiler sans tarder à son supérieur puis ficher le camp. Un fort ancien principe affirmant en effet que la responsabilité monte mais ne descend pas, mieux valait ne pas rester seul à affronter les questions inquisitrices d'une prêtresse dont la qualité première ne semblait pas devoir être un sens de l'humour exacerbé.

Vous souhaitez peut-être voire le maître ? Oui, oui, il est là et sera ravi de vous voir. Oui, oui, venez, suivez-moi.

Les guidant à travers les coursives de l'école, le vieil homme arriva jusqu'à une petite terrasse ombragée dominant le terrain d'entrainement. Là, un grand elfe à la chevelure d'ébène et aux yeux émeraudes suivait d'un œil attentif ses investissements de chair qui effectuaient leurs exercices en contrebas, désignant parfois tel ou telle à un colosse trapu se trouvant à ses côtés. Surement un des entraîneurs, purent se dire les nouveaux venus.

Maître ? Une visiteuse pour vous.

Se retournant, l'elfe fixa la drow avec un sourire poli.

Oh, je vois. Merci, allez-nous donc chercher des rafraîchissements.

Le serviteur s’éclipsa sans demander son reste, suivi plus lentement par le colosse qui jeta au passage un regard glacial à Hashar comme pour le jauger. On aurait presque dit deux chiens se reniflant l'anus tandis que leurs maîtres respectifs échangent des potins, même si cette métaphore peut dans une certaine mesure manquer de poésie.

Vous veniez voir Niss je présume ? Une perte tragique hélas mais l'arène est une maitresse aussi sévère que Teiweon.

Sujet: Re: L’Haldren de trop | Haldren Jeu 4 Oct 2018 - 20:49

Ainsi Azza faisait-elle la rencontre d’Umbarion ; la mort de Niss, finalement, quoique triste encore, avait tout de même du bon. Tout du moins, c’est ce qu’elle avait cru avant qu’il ne commençât à parler. Quand il se tût, la prêtresse avait déjà décrêté qu’elle ne l’aimait pas ; qu’elle n’eût aucune véritable raison à avancer pour justifier son aversion naissante n’était ni surprenant, ni véritablement important.

Il avait prononcé le nom de sa déesse, certes, et un dévot plus zélé qu’elle s’en serait sans doute offusqué ; après tout, malgré les affabulations d’Hashar, il était un elfe. Azza, pourtant, ne haïssait pas autant les anëdhels qu’elle aurait dû. Entendre l’un d’entre eux se référer à la Dame aux Ombres l’intriguait plus qu’autre chose, en vérité. À tout le moins, cela témoignait une forme d’intérêt, de culture. Non, ce qui l’agaçait déjà, c’était des petits détails sans importance. Sa voix. Sa posture. Sa haute taille, peut-être un peu.

« Elle sait attendre son heure, répondit-elle avec lenteur en le jaugeant du regard. L’arène, pas toujours. » La prêtresse restait persuadée que la mort de sa protégée n’était peut-être pas si accidentelle qu’on voulait bien lui faire croire et avait voulu donner une réponse solennelle et un brin énigmatique à leur hôte pour le lui signifier ; l’énigme était sans doute un peu trop épaisse et Hashar au moins ne comprit pas ce qu’elle cherchait à sous-entendre. Il lui lança un regard en coin, un brin dubitatif. Il était toujours un peu gêné quand sa maîtresse essayait de jouer son rôle. Dire qu’elle était la fille de la grande prêtresse de Sol’Dorn ! « La pomme ne tombe jamais si loin du pommier, » avait un jour affirmé le Débonnaire en parlant de son invitée. L’ancien gladiateur voulait bien le croire, n’empêche qu’il avait du mal à imaginer Azza prendre un jour une envergure comparable à celle de Ssasha ou Khatib. Comprenant que son message était au mieux un brin brumeux, la prêtresse chercha quelque chose à ajouter. Elle décida qu’il valait mieux continuer la conversation comme si de rien était. Sauf que ce n’était pas si facile et qu’elle laissa filer quelques précieuse secondes avant de trouver quelque chose de pertinent à dire. « Et voilà que je me retrouve privée de championne à encourager, » soupira-t-elle finalement.

Hashar, qui gardait à l’esprit que ce Umbarion n’était pas net, ne put cependant retenir un roulement des yeux qui trahissait tout le peu de cas qu’il faisait de l’éloquence de sa maîtresse. Azza ne pouvait pas le voir, mais elle le connaissait assez pour le deviner. C’était là tout le sel de leur relation. « Ses combats n’étaient pas vraiment palpitant, » lâcha-t-il avec cette flegme qui le caractérisait — et prouvait combien la prêtresse était trop coulante avec lui.

Sujet: Re: L’Haldren de trop | Haldren Lun 8 Oct 2018 - 9:39

Ah, ces drows et leurs silences qui se veulent menaçants ou inquisiteurs, ces phrases sibyllines destinées à en faire comprendre plus que leurs seuls mots sans pour autant clarifier quoi que ce soit. Avait-il été lui aussi à ce point pisse-froid ? Sans doute un peu, bien que l'ancien Triumvir résistait mal à l'envie de bon mot bien cinglant ou de la plaisanterie un peu lourde, ce qui avait parfois gâché ses effets de grand seigneur ténébreux. En tout cas, la prêtresse faisait sans conteste la gueule mais cela semblait quasiment être un état naturel chez elle aussi l'elfe ne s'en inquiéta pas plus que nécessaire.

Joli petit cul la Zazounette, se dit intérieurement Haldren au passage sans bien entendu exprimer à haute voix une telle pensée sacrilège.

Dans tous les cas, il fallait chercher à la dérider ou à lui trouver une autre source d'occupation. Un gladiateur n'est au final pour son sponsor qu'un investissement, un objet de plaisir ou un loisir offrant des bouffées d'adrénaline. La perte de Niss, pour regrettable qu'elle soit, ne constituait qu'un éphémère regret qui serait rapidement effacé dès lors qu'un nouveau jouet arrivera entre les mains de la drow. S'avançant jusqu'au bord du balcon, l'elfe désigna les gladiateurs qui s’entraînaient en contrebas.

Une esthète telle que vous ne peut demeurer sans un champion. Venez donc voir nos poulains et pouliches, je suis sur que vous y trouverez votre bonheur.

Sujet: Re: L’Haldren de trop | Haldren Lun 8 Oct 2018 - 22:34

La flegme de l’anëdhel finit d’agacer Azza, qui se renfrogna encore un peu plus. Hashar, qui la connaissait assez pour deviner que rien de bon ne pourrait survenir de son humeur, profita des quelques secondes que mît le maître des lieux à rejoindre la balustrade balcon pour se poster juste derrière sa maîtresse et chuchoter, le plus discrètement possible : « Tu recommences. »

La prêtresse esquissa d’abord un léger rictus, puis opina du chef en essayant de se recomposer un visable sinon affable, au moins neutre. « Je ne recommence rien du tout, » souffla-t-elle sur le même ton ; ce qui était, dans leur langage si particulier, sa manière de le remercier. Elle lui fit finalement signe de la suivre tandis qu’elle se mettait à la hauteur du mage, balayant avec lui du regard la cour en contrebas. Elle ne savait pas trop ce qu’elle devait y voir ; elle n’avait guère envie de remplacer si vite sa championne bien aimée et préférait plutôt en apprendre plus sur les circonstances de son trépas.

« Il y en a pour tous les goûts, » nota-t-elle distraitement. Ses prunelles distraites glissaient d’un détail à l’autre, sans jamais vraiment s’attarder sur aucun d’entre eux. Il y avait là un homme trapu comme un demi-nain, ici un doeben dont on ne savait franchement pas s’il était un instructeur ou un gladiateur, là-bas une sauvageonne anëdhelle qui ne survivrait pas à son premier vrai combat. La belle affaire ! À Sol’Dorn, elle avait vu tout cela et bien plus encore.

Elle finit par jeter son dévolu sur un gladiateur en particulier ; ce n’était pas qu’il brillait pour sa prestance, ni qu’il souffrait de sa médiocrité. En réalité, il n’était ni l’un ni l’autre. Jeune, un peu frêle, mal équipé mais néanmoins assuré, il était comme une toile vierge. Cela lui donnait des idées. Elle jeta quelques regards furtifs en direction d’Hashar, qui haussa un sourcil dubitatif en s’en rendant compte. Est-ce qu’il en est encore capable ? s’interrogeai-elle en silence. L’ancien gladiateur avait dominé la Fosse dornienne, avant qu’elle ne l’en arrachât pour en faire son mignon. Au sommet de sa gloire, elle ne doutait pas qu’il aurait défait l’adversaire qu’elle lui destinait sans effort. Le temps avait passé, pourtant. Il n’était plus le féroce guerrier d’autrefois ; elle y avait veillé.

Elle coupa court à ses élucubrations muettes et tendit le bras en direction du jeune gladiateur. « Lui, énonça-t-elle doctement. Lui, je pourrais en faire mon nouveau champion. » Elle marqua une pause pensive, offrit finalement son sourire le plus amène à Haldren et ajouta : « Il faudrait que je le vois combattre, bien entendu. Hashar et lui pourrait nous faire une petite démonstration. »

Hashar, qui ne s’attendait pas à cette nouvelle fourberie de la prêtresse, eut bien du mal à ne pas lâcher un bien vilain juron. Azza se retourna vers lui et son sourire se fit plus narquois. « Je ne me souviens même plus de ton dernier vrai combat, expliqua-t-elle avec légerté. C’est aussi l’occasion pour moi de voir si tu vaux encore quelque chose… » Elle tourna son chef dans la direction du mage, qui devait commencer à trouver leurs jeux un peu longs. « Cela vous convient-il ? »

Elle trouverait bien l’occasion de glisser discrètement à Hashar qu’en vérité, il avait pour ordre de tuer.

Sujet: Re: L’Haldren de trop | Haldren Mar 9 Oct 2018 - 8:56

Malgré son ouïe fine, Haldren n'entendit pas distinctement la remarque d'Hashar. Ou plutôt il crut comprendre quelque chose comme "L'ivresse des sens", ce qui ne voulait rien dire à moins bien entendu que la drow ne soit déjà troublée par la beauté ténébreuse de son hôte ? Cela n'aurait certes rien eu d'étonnant et Haldren aurait ainsi pu lui montrer comment les archimages utilisent leur art au lit, mais Azza revint au sujet des gladiateurs en observant d'un air assez détaché la cour d'entrainement où les exercices continuaient avec d'autant plus d'ardeur que le maître des lieux et une noble invitée les observait. Tous les combattants comprenaient bien l'importance de se faire remarquer pour réussir à sortir de la masse de ceux qui offraient leur chair au sable de l'arène.

Humains, drows, elfes, même un nain, l'Aile Blanche regroupait un peu de tout car le public appréciait particulièrement de pouvoir bien différencier ses champions grâce à des caractéristiques distinctives, aussi bien physiques que comportementales. Un colosse, un fluet, un spécialiste du lancer de couteaux, un maître de la hache, un agressif, un tacticien... il en fallait pour tous les goûts et les organisateurs des jeux veillaient à offrir un spectacle réjouissant. Mais à la surprise d'Haldren qui s'attendait à voir la drow portait son dévolue sur la sauvageonne anëdhelle, elle désigna de son petit doigt fin un jeune humain qui matraquait consciencieusement un mannequin d'entrainement.

Le jeune Sauveur ?

Petit coup d’œil amusé en direction de la prêtresse.

Oui je sais, ce n'est pas un prénom courant, mais c'est une histoire bien surprenante en vérité. L'un de mes prédécesseurs à la tête de l'école l'a acquis enfant plusieurs années avant le Voile, en même temps que son père et ses frères. Tous les mâles de la famille venaient d'être réduits en esclavage d'un coup, une sombre histoire de dettes non payé d'après nos archives. Il ne nous reste aujourd'hui que Sauveur et son frère ainé Courtois. Les autres sont morts ou ont fini par pouvoir racheter leur liberté.

De là à en faire son champion, il y avait un sacré gouffre à sauter. Surprenant de voir ainsi Niss remplacée aussi hâtivement par une jeune homme qui avait encore tout à prouver sur ses talents, quand bien même les combats menés jusque là laissaient espérer de belles suites. Bien entendu, le choix du "sponsor" reste sacré et Haldren abonda poliment dans ce sens.

Un choix intéressant, ma Dame. Sauveur manque encore d'expérience pour prétendre être le clou du spectacle dans l'arène, mais il promet. Son ambidextrie au combat est une qualité rare parmi les humains et qui a mis en difficulté plus d'un adversaire.

Avec un sourire narquois, Azza ajouta alors qu'elle souhaitait tout d'abord voir Sauveur affronter le colosse avec lequel elle était venu. Si Haldren fut surpris par cette proposition, le dénommé Hashar semblait l'être encore plus et le rictus grimaçant qui s'inscrivit l'espace d'un instant sur ses traits burinés en fut presque comique. Apparemment l'ancien gladiateur devait être rouillé à entendre les remarques piquantes de sa maîtresse, mais sa simple masse musculaire en ferait néanmoins un adversaire redoutable pour le jeune Sauveur. Malgré cela, comment refuser ? La mort de Niss puis une telle esquive sonnerait le glas du soutien d'Azza à l'Aile Blanche, nul doute que la prêtresse en était pleinement consciente et jouait sur du velours en exigeant ce combat. Dès lors il fallait s'incliner en agissant comme si cette idée se trouvait réjouissante.

Avec plaisir, ma dame. Un duel au premier sang ?

Les duels au premier sang constituaient un cas assez classique où les deux gladiateurs s'affrontaient jusqu'à ce que l'un d'eux reçoivent un blessure laissant une traînée sanglante suffisamment notable pour être acceptée comme signe de défaite. Haldren aurait certes pu se contenter de proposer un combat d'entrainement avec des armes émoussées mais lui aussi commençait à s'échauffer de l'attitude d'Azza et il comptait bien montrer à sa visiteuse que ses gladiateurs en avaient sous le pagne. Hélant un des entraîneurs qui monta les rejoindre, l'archimage lui donna ses consignes.

Accompagnez Hashar à l'armurerie et aidez-le à trouver un équipement qui lui convienne. Puis prévenez Sauveur de s'équiper également et de se rendre dans le cercle de duel.

Le cercle de duel était une petite arène assez semblable à celle utilisée dans les véritables jeux publics, n'était-ce sa taille restreinte qui ne permettait que d'y faire un combat à la fois. L'école de l'Aile BLanche l'utilisait parfois pour des spectacles privés, le plus souvent pour effectuer des répétitions avant un véritable combat public. Un cercle de sable d'une vingtaine de mètres de diamètre y était entouré d'une haute palissade, elle-même surmontée d'une rangée de gradins. Pendant qu'Hashar et Sauveur se préparaient, Haldren guida galamment Azza jusqu'aux gradins e où ils s'installèrent dans deux sièges à accoudoirs amenés spécialement pour ne pas blesser leurs douillets postérieurs par la rugosité des planches de bois. Le vieux serviteur qui avait accueillit la drow à l'entrée de l'école leur amena du vin glacé comme rafraîchissement ainsi que des grains de raisin à grignoter. Du raisin rouge, bien entendu, rouge comme le sang qui devait couler en ce jour.

Le summarudi qui allait arbitrer le duel entra le premier dans l'arène, vêtu de sa tunique blanche et alla s'incliner respectueusement devant les deux éternels qui constitueraient l'unique assistance en ce jour. Malgré tout, il importait de respecter les formes tant la vie de gladiateurs est codifié jusque dans ses moindres détails et c'est d'une voix qui aurait aisément pu porter dans une grande arène que le summarudi s'écria :

Faites entrer les combattants !

De chaque côté de l'arène s'ouvrit alors une porte : une pour Hashar, une pour Sauveur. Une pour le vétéran, une pour le jeunot.

Sujet: Re: L’Haldren de trop | Haldren Mar 9 Oct 2018 - 11:19

-SAUVEUR !!

L'intéressé interrompit son enchaînement d'attaques pour rester en position de combat face à son mannequin. Il tourna malgré tout son regard dur vers l'entraîneur qui venait de le héler aussi inélégamment. Il n'était pas vraiment surpris par ses manières. Le jeune homme avait beau faire partie des gladiateurs, des athlètes fort choyés, il n'en demeurait pas moins un esclave.

-En tenue. Tu entres en piste dans cinq minutes.

Sauveur fronça les sourcils avant de se redresser et de baisser ses armes. Toisant son frère du regard, il lui indiqua le balcon du maître des lieux et des âmes qu'ils abritaient. Là-haut se trouvait une silhouette bien connue -quoi que les couleurs avaient un peu changées- aux côtés d'une autre bien plus frêle. Contrairement aux autres, il n'avait pas remarqué qu'ils avaient de la visite. C'était dire à quel point il accordait de l'importance à ce que l'on pensait de lui. Il jouait le jeu en arène, contraint et forcé s'il voulait recouvrer sa liberté un jour. Mais, dans l'enceinte de l'école, cela n'avait plus la moindre importance à ses yeux.

Alors qu'il se dirigeait vers la sortie, Sauveur fut rejoint par des pas précipités. Il n'eut même pas besoin de tourner la tête pour savoir de qui il s'agissait.

-C'est ta chance p'tit frère. Donne le meilleur.
-Ce n'est qu'un combat de démonstration. C'est en arène que je donnerai le meilleur.

Courtois arrêta son cadet et le força à lui faire face.

-Joue pas les idiots. Tu sais aussi bien que moi qu'il ne suffit pas de savoir se battre pour gagner dans ce monde. Qui qu'elle soit, cette femme peut t'apporter son soutien.
-Qui te dit qu'elle est là pour ça ? Elle cherche peut-être une distraction sans une foule d'autres spectateurs.
-Tu as entendu l'entraîneur appeler quelqu'un d'autre ? Il laissa flotter un silence avant de reprendre avec son amabilité légendaire... Elle connaît déjà celui que tu vas affronter. Celui qui l'intéresse vraiment, c'est toi. Sois à la hauteur.

Il lui adressa une tape sur l'épaule qui le secoua un peu avant de s'éloigner. Sauveur le regarda quelques instants avant de relever les yeux vers le balcon. Les deux silhouettes qui s'y trouvaient tantôt avaient déjà disparu et étaient probablement en route pour l'arène de l'école. Il valait mieux qu'il se dépêche. Il reprit donc son chemin et alla se préparer.

Lorsque la porte de la piste s'ouvrit, elle permit au jeune gladiateur d'entrer. Il avait troqué sa tunique peu confortable contre une armure de cuir mal adaptée à sa grande taille et à sa silhouette élancée. Le tissu masquait les sculptures de ses muscles, lui donnant un aspect plus frêle qu'il n'y paraissait. Il tenait en main deux épées de facture moyenne, ne jouissant pas de ses propres armes. Il toisa l'homme face à lui et ne le reconnut pas. Il se tenait comme un gladiateur mais ne l'avait jamais croisé un arène. Un retraité ou un affranchi peut-être... Sauveur avait pour lui la jeunesse et devrait en jouer. Mais, s'il ne se laissait pas impressionner par sa carrure, il se méfiait malgré tout du loup qui dormait et savait qu'il ne devrait pas sous-estimer son adversaire.

Suivant l'ordre du sumarudi, l'esclave se mit en position de combat. Une épée, placée à l'horizontale devant lui, le protégeait déjà d'une éventuelle attaque. La seconde, en retrait, se tenait prête à frapper. C'était un duel au premier sang, ce qui ne lui changeait pas vraiment ses habitudes. Il n'avait encore jamais participé à un combat à mort et ne faisait que s'entraîner pour pouvoir un jour y prétendre et, à l'instar de l'aîné de la famille, gagner sa liberté. Que ce soit par l'argent ou la mort. Si Courtois avait raison, alors cette femme serait peut-être son salut pour y parvenir en tant que héro d'arène plutôt que l'autre possibilité. Autant qu'il fasse de son mieux pour aiguiser davantage son intérêt.

Sujet: Re: L’Haldren de trop | Haldren Mer 10 Oct 2018 - 9:55

La première chose que fit Hashar, quand son adversaire se mit en garde, fut de se racler bruyamment la gorge et de cracher à ses pieds, avant de darder un regard furieux en acontre de la tribune dégarnie.

« Il est fier, jugea utile d’expliquer Azza à son hôte, et par trop souvent sot. Je dois lui rappeler sa place de temps en temps. » Hashar n’en entendit rien, bien sûr, mais il aurait tout aussi bien pu lire sur ses lèvres ; ses lippes à lui s’incurvèrent en un rictus mauvais et il darda un regard noir sur le jeune Sauveur. Son adversaire faisait vraiment peine à voir, avec son armure trop grande et son épée émoussée. L’eneuque resta stoïque quelques secondes supplémentaires avant de cracher une seconde fois — sur sa gauche, cette fois — et de brandir son arme devant lui.

L’ancien gladiateur était peut-être sot, il n’en savait pas moins se battre. Son regard, pour tout froid qu’il était, lisait Sauveur avec une acuité presque clinique. Son adversaise désigné savait à peu près ce qu’il faisait, de cela il se persuada vite. Sa garde était propre, ses appuis prometteurs, ses iris concentrés. Hashar, lui, feignait un flegme provocateur, mais rien ne pourrait lui faire lacher la hache d’arme sur lequel il avait jeté son dévolu. C’était une vraie saloperie que ces choses-là, personne ne s’étonnerait de l’accident qu’on lui avait ordonné de provoquer.

« Bon, lâcha-t-il finalement à Sauveur en fléchissant légèrement les genoux. On y va ? » Et l’esclave de frapper le mail de sa hache contre le bouclier rond qu’il avait fixé à son poignet gauche, comme pour annoncer qu’il était prêt.

Azza frappa trois fois ses mains pour marquer son enthousiasme, oubliant même le temps du combat son triste dessein. Elle darda ses prunelles tâchetées de violet vers l’elfe, tout trace d’agacement gommée de ses traits. Elle ne dit rien et reporta plutôt son attention sur le combat, qui commençait sur les chapeaux de roues. Hashar avait tout de suite adopté une stratégie résolument agressive ; il était rouillé, cela se voyait, mais ce que son corps lui refusait, il le compensait en plaçant intelligement ses coups. Son objectif immédiat semblait de chercher à délester son adversaire d’une de ses épées et pour cela frappait lourdement du côté du poignet le plus faible.

Sujet: Re: L’Haldren de trop | Haldren Mer 10 Oct 2018 - 11:20

Alors que les deux adversaires venaient de rentrer dans l'arène et se toisaient du regard avant le début des hostilités, Azza fit une remarque quasiment amusée sur la fierté mal placée d'Hashar, qui en effet semblait plutôt mécontent de se retrouver à effectuer ainsi une exhibition pour égayer sa propriétaire. Tout en sirotant son verre de vin, Haldren eut un sourire fatigué comme pour exprimer que lui aussi se devait parfois de gérer de tels problèmes en matière de ressources humaines et qu'il comprenait l'importance de les tenir fermement en laisse pour éviter qu'ils ne débordent de leurs attributions.

La fierté est un trait assez commun parmi les humains. Peut-être leurs courtes vies les empêche-t-elle d'apprendre l'importance de différencier l'essentiel de l'accessoire.

Le sumarudi donna le signal de l'engagement et aussitôt Hashar entama des attaques violentes destinées à étouffer le jeune Sauveur et à l'empêcher de placer ses propres bottes. Sans doute peu désireux d'éterniser le duel et pour montrer à tous qu'il avait de beaux restes, l'ancien gladiateur utilisait toute son expérience pour contrer son manque d'entrainement qui constituerait son principal désavantage. Au vu de la qualité des enchaînements, de la précision des coups et de l'habileté de ses parades, Haldren comprit que le colosse avait du exceller dans son art autrefois. Malgré cela, une faille criante apparut bien vite aux yeux de l'elfe.

Hashar a commis une erreur... il a foncé comme un taureau furieux sans jauger son adversaire et il va rapidement manquer de souffle s'il continue à ce rythme. Vous ne lui faites pas travailler son endurance au lit ?

La question était purement factuelle car nombre de drows utilisaient leurs esclaves comme partenaires sexuels, et Hashar constituait un beau spécimen dont Haldren supposait fort logiquement qu'il avait du voir remplacer les combats d'arènes par ceux d’alcôves. Cela aurait également expliquer la complicité évidente entre lui et Azza qui lui passait des impertinences inacceptables en temps normal. L'espace d'un instant, Haldren se demanda si la hargne dont faisait preuve Hashar envers Sauveur ne s'expliquait pas par la crainte du colosse de se voir remplacé dans les faveurs de sa maîtresse par un garçon plus jeune que lui ?

Sujet: Re: L’Haldren de trop | Haldren Ven 12 Oct 2018 - 19:20

Le moins que l'on pouvait dire, c'était que son adversaire était fort peu élégant. Sauveur n'en fut pas choqué, il connaissait bien pire en la matière. Les joies de vivres dans un milieu où l'on retrouvait majoritairement des hommes. Mais cela tranchait nettement avec sa propre apparence. Le maintien droit, les yeux toujours relevés, la posture fine et pourtant stable. Entre le choix de ses armes et la façon dont il se tenait, il n'était pas surprenant qu'on l'air appelé Noble Lame.

Si l'utilisation de deux épées trahissait un style de combat largement offensif, ce ne fut pas le jeune gladiateur qui engagea les hostilités. Il étudiait savamment son adversaire, son arme, la façon dont il la tenait, sa démarche... Tout ce qui aurait pu le renseigner avant même le début du duel sur ses points forts et ses faiblesses. Mais il n'eut même pas le temps de finir son analyse que l'homme lui sauta dessus. Habituellement, tous les combats commençaient par une phase où les deux combattants se cherchaient plutôt gentiment, prenant le temps d'apprendre à connaître celui qui lui faisait face tout en distrayant le public. Ensuite, les deux duellistes montaient crescendo dans le suspens et les péripéties. Mais Hashar décida de sauter cette partie préliminaire pour entrer directement dans le vif du sujet. Trop sûr de son expérience peut-être, à moins que l'âge ne le force à (se) prouver qu'il pouvait encore le faire.

Surpris de prime abord, Sauveur para les premiers assauts. L'autre y allait fort, frappant de toutes ses forces sur ses lames comme s'il avait voulu les casser en deux. Et, vu la qualité de ses armes, il finit par y arriver, réduisant l'épée de gauche de plus de la moitié de sa longueur. Voyant que l'ancien gladiateur n'avait pas l'intention de se calmer de si tôt, son cadet décida de changer d'attitude. Plutôt que de se fatiguer inutilement à bloquer ses attaques, il allait simplement les dévier et les esquiver. Cela serait moins éreintant pour lui et plus pour son adversaire. Sans compter que se rendre inaccessible avait tendance à énerver ceux qui manquaient de patience... Et celui-là semblait en manquer cruellement. Lorsqu'il commencerait à faiblir ou à commettre des erreurs, alors le moment serait venu pour lui d'agir et cherchant à se glisser dans une garde trop ouverte, un dos trop tourner ou encore un appui un peu plus faible. A moins qu'il ne se ressaisisse ?...

HRP:

Sujet: Re: L’Haldren de trop | Haldren Sam 27 Oct 2018 - 19:02

S’il était une chose qui agaçait Hashar, plus peut-être que les sales manières d’Azza, c’était les jeunes coqs qui pensaient qu’ils allaient lui apprendre la vie. D’abord agacé par le manège du jeune Sauveur, il continua ses violents assauts dans l’espoir de lui faire ravaler sa stratégie des petites esquives. Quand il fut clair que son adversaire savait ce qu’il faisait, l’ancien gladiateur ralentit l’allure. Il avait par trop de fois manqué de se faire racourcir d’une tête, là bas dans la Fosse dornienne, pour se laisser berner aussi facilement.

Après énième attaque vaine, Hashar souffla son énervement en se reculant de quelques pas, la hache pointé devant lui comme pour défier Sauveur de passer à son tour à l’attaque. Il jeta un coup d’œil rapide en direction de sa maîtresse. Azza était trop loin pour qu’il eût le loisir de lire son visage aussi aisément qu’il en avait l’habitude, mais il était prêt à parier qu’elle s’ennuyait.

« On n’apprend pas à un vieux bœuf à tirer une charrue, commentait-elle justement en voyant le combat entrer dans une nouvelle phase. S’ils commencent à se tourner en se reniflant les fesses, ce combat va rapidement devenir barbant. »

Et, de fait, Hashar autour ne semblait plus vraiment désireux de s’essoufler en vain. Le prochain coup de hache, il le voulait droit au but. Il cracha une nouvelle fois au sol, directement au pied de Sauveur, avant de lui faire un signe de la main pour l’inviter à attaquer à son tour.

« C’est pas comme ça que tu vas la convaincre que tu vaux quelque chose, » l’alpagua-t-il avec un rictus mauvais. Il n’empêchait, son bras tremblait ; le jeu de Sauveur n’avait pas été totalement inutile, loin s’en fallait.

Sujet: Re: L’Haldren de trop | Haldren Lun 29 Oct 2018 - 14:15

Son adversaire finit par se lasser et cessa subitement toute attaque, conservant entre eux la longueur de la hache et du bras qui la portait. Habituellement, Sauveur était plus agressif mais il savait également s'adapter lorsque la situation l'exigeait. En l'occurrence, l'homme qui lui faisait face semblait plus que contrarier et il utilisait sa propre colère contre lui. L'expérience venait cependant de l'inviter à ne pas jouer son jeu plus longtemps. C'était l'une des possibilités qu'il avait envisagé.

Hashar jeta un œil, certes rapide, à sa maîtresse tandis que Sauveur ne leva pas le regard d'un iota. Les spectateurs ? Il n'en avait rien à faire. Même s'il avait appris le combat de distraction comme tout bon gladiateur, il se moquait royalement de son public. N'allez pas croire qu'il ne cherchait pas à leur plaire pour autant. Il faisait tout ce qu'il fallait mais pas pur intérêt. Au fond, il ne cherchait pas la reconnaissance par orgueil... Il savait simplement qu'il y trouverait son salut. Mais l'attitude de son adversaire en disait long. S'il était clair qu'il avait appris le combat dans l'arène, il était visiblement à la retraite. Pourtant, il semblait espérer l'approbation de sa maîtresse.

-C’est pas comme ça que tu vas la convaincre que tu vaux quelque chose
-Et qui choisit la hache pour un simple combat au premier sang ?... A part un bourrin, je veux dire.

Oui, il fallait oser. Mais c'était bien sa stratégie, non ? Lui faire perdre son sang froid. Parce que si le jeune Sauveur n'avait aucune chance sur le papier du fait de l'expérience manifeste de son adversaire, il en avait un petite s'il cédait à ses émotions et obscurcissait ainsi son jugement. Il avait tout à fait conscience qu'il pourrait facilement y perdre un bras ou voir son flanc entamé de moitié face à une arme pareille mais c'était la preuve que l'ex-gladiateur avait de toute façon une dent contre lui depuis avant son entrée en piste. Alors pourquoi vouloir ménager ses humeurs ? Il n'aurait pas moins à y perdre...

Sauveur observa le regard de son adversaire quelques secondes. S'il avait fait mouche, alors il attaquerait de nouveau et reprendrait sa stratégie précédente en y incluant quelques tentatives pour le titiller encore un peu jusqu'à finir par le blesser légèrement. Car, après tout, il était soit le serviteur soit l'esclave personnel de quelqu'un d'important. Il n'était pas dans son intérêt de lui faire plus de mal que nécessaire.
Dans le cas contraire, alors il attaquerait, tel qu'Hashar le lui demandait. De nombreux assauts répétés, une lame après l'autre, afin de continuer de le fatiguer autant que possible. La hache, c'est bien sympathique lorsqu'on attaque mais se défendre contre deux armes lors d'attaques coordonnées, c'est beaucoup plus compliqué...

HRP:

Sujet: Re: L’Haldren de trop | Haldren Mer 31 Oct 2018 - 21:00

« Un simple combat de sang, tu dis ? » ricana Hashar en réaffirmant ses appuis. Il joua du poignet pour faire décrire à sa hache un arc de cercle maîtrisé, avant de repasser à l’attaque. « Y a une chose qui est certaine, gamin, c’est qu’ils vont voir ton sang. »

Si les provocations de Sauveur ne parvenait pas à faire mouche, au moins son peu d’empressement à rendre les coups qu’on lui portait abimait rapidement l’estime que son adversaire pouvait lui porter. Hashar, finalement, était bien parti pour pécher par orgueil. À sa propre surprise, peut-être, il découvrait qu’il n’était pas si rouillé que cela. Certes, ses attaques étaient parfois un peu brouillonnes. Assurément, sa hache tranchait beaucoup de vent. Mais, tout de même, il sentait son poignet qui ne flanchait pas, il trouvait encore son souffle malgré des assauts répétés et il pouvait encore compter sur des jambes solides pour tenir la distance. Autrement dit, il avait beau être plus court d’une queue, il en avait encore dans les braies.

Plutôt que de foncer une nouvelle fois la tête la première, il essaya de pousser son adversaire à la faute. Pour cela, tout était bon et surtout les attaques les moins conventionnelles. Il faillit ainsi assommer purement et simplement le jeune Sauveur d’un coup bien senti de son bouclier. Il essaya de le faucher. Chaque fois, le gamin s’en sortait bien, mais Hashar sentait tout de même que ce n’était qu’une question de temps pour qu’il pût enfin arracher la victoire.

Tout ce qu’il lui fallait, c’était qu’elle fut le plus sale possible. S’il ne le tuait pas sur le coup, au moins devait-il s’assurer que le jeune gladiateur clamserait dans les jours qui suivraient.

À un moment donné, il crut voir une ouverture. Avec un ânonnement sourd, il fit décrire un arc de cercle parfait à sa hache, pile au dessus des épaules du gladiateur. Cependant, à sa grande surprise, Sauveur parvint à esquiver le fil ébréché de la lame qui aurait dû le décapiter. Hashar, qui n’avait pas ménagé sa peine, se sentit légèrement emporté dans son élan et il comprit, avec une acuité terrible, qu’il ne pourrait pas se protéger de la contre-attaque qui l’attendait sûrement.

« Putain, » jura-t-il faiblement. Et sobrement, pour le coup.

Sujet: Re: L’Haldren de trop | Haldren Mer 7 Nov 2018 - 13:49

Le combat prit une toute autre tournure. Le jeu de l'esquive céda sa place à des attaques successives, chacun profitant de la moindre brèche que lui cédait l'autre pour agir. Sauveur la jouait plutôt agressive, multipliant les assauts répétés de ses deux lames. Après avoir passablement fatigué son adversaire, il cherchait désormais à l'épuiser, profitant de sa jeunesse et de ses entraînements quotidiens pour le harceler de coups dès que l'occasion se présentait. Il fut plutôt surpris de le voir si bien tenir et il lisait dans ses contre-attaques l'envie de le tuer plutôt que de simplement le blesser. Car, si chacune de ses tentatives avaient abouties, la svelte silhouette du jeune homme n'aurait pas été de taille à supporter la frappe de la hache, même sur le court terme.
Fort heureusement, le gladiateur était aussi vif que prudent. Il esquiva bon nombre d'attaques et se releva bien vite du coup de bouclier qu'il reçut sur le côté. S'il tenait bon, il était cependant clair qu'il n'avait pas l'avantage. La moindre erreur, le moindre fléchissement dans sa concentration ou encore le plus petit signe de fatigue pourrait sonner son glas. Cette pensée lui fit l'effet d'un choc électrique.... Il lui fallait une nouvelle stratégie.

Hashar cherchait à le pousser à l'erreur ? Et si c'était lui qui en commettait une ?

Sauveur lui laissa une ouverture. Une bien trop tentante pour qu'il ne veuille pas la saisir. Une occasion de séparer sa tête de son corps, ça ne se refusait pas ! Et il se fit prendre au piège.
Prêt à agir, Hadjaoui esquiva l'attaque à la dernière seconde, se baissant pour passer sous la hache en plein vol et pivotant pour sortir de la trajectoire de son adversaire, emporté par son élan. Ce dernier lâcha un juron et il avait bien raison.

Lorsqu'Hashar se retourna vers Sauveur, celui-ci ne se tenait plus prêt à se battre. Si l'eunuque ne sentait pas encore la douleur à cause de l'adrénaline, cela viendrait bientôt. Le jeune homme leva son épée gauche de manière à ce qu'il la voit de profil. Une légère traînée de sang en peignait le fil. Il lui avait entaillé la cuisse. Pas de beaucoup, juste assez pour clore le combat.
Sans même laisser le temps à l'ex-gladiateur de réagir, un homme vint se placer entre les deux combattants. Si les maîtres étaient trop loin pour entendre leurs échanges, lui, en tant qu'arbitre, se trouvait bien assez près et il ne voulait pas que l'esclave de son maître se fasse tuer sous un accès de colère. Il regarda Hashar, faisant peser son regard inquisiteur sur lui afin de calmer toute envie de représailles. Puis il se tourna vers Sauveur, fixa ses yeux avant de le saisir par le poignet. Il regarda sa lame et constata sa victoire. Il le força alors à faire face à la tribune et à lever sa bras en l'air pour le déclarer vainqueur.
Ceci fait, il le lâcha enfin et lui glissa un ordre.

-Vas te laver et ne traîne pas. Quelque chose me dit que cette dame va vouloir te rencontrer.

Le jeune gladiateur baissa les yeux sur l'arbitre qui faisait une demi tête de moins que lui et, sans un mot, lui tourna le dos pour se diriger vers la sortie de l'arène. Un serviteur vint à sa rencontre et il lui remit ses armes tandis que deux autres passèrent sans se préoccuper de lui.
L'arbitre, de son côté, fit à nouveau face à Hashar.

-Ces hommes vont s'occuper de vous conduire à notre soigneur.

Sujet: Re: L’Haldren de trop | Haldren Dim 11 Nov 2018 - 12:17

« Pauvre Hashar, sussura Azza à l’issue de l’affrontement. Il n’a jamais très bien digéré la défaite. Je suis prête à parier qu’il sera d’une humeur massacrante pendant une ennéade au moins. » Le regard que la prêtresse dardait sur Haldren avait perdu de sa rancœur. Le changement s’était opéré progressivement tout au long du combat. Elle avait accueilli froidement les premières passes, espérant silencieusement que son esclave parvînt à vaincre son adversaire en un temps record. C’était sans compter l’opiniâtreté de Sauveur, qui avait su composer avec la brutalité du Dornien. La technique du courte-vie n’était pas particulièrement impressionnante, mais la façon dont il avait abordé le duel avait quelque peu forcé le respect de celle qui avait fomenté sa mort quelques minutes plus tôt.

Bien sûr, la doeben ne nourrissait aucun remords pour son malveillant dessein, mais elle était heureuse que ses manigances fussent contrecarrées de cette façon-là.

« Le jeune éphémère s’appelle Sauveur, c’est ça ? » interrogea-t-elle Haldren en suivant Hashar du regard. Elle pouvait voir sa grimace s’accentuer à chacun de ses pas. Elle étouffa la pointe de culpabilité qui la saisit l’espace d’un instant. Il n’était pas mort et c’était bien là le principal. Peut-être cet échec le secouerait un peu. Depuis qu’elle l’avait racheté, force était de constater que le gladiateur avait plutôt eu tendance à se laisser aller. Une idée en amena une autre, elle pouffa discrètement avant de reporter son attention sur le maître de céans. « Très bien. J’accepte de le financer, mais à une condition : Hashar participera à son entraînement. Je pense que son enseignement sera profitable à votre poulain et cela permettra à mon hongre de retrouver un semblant de forme. »

Sujet: Re: L’Haldren de trop | Haldren Dim 18 Nov 2018 - 17:23

Haldren ne retint pas une petite exclamation de satisfaction lorsque la cuisse d'Hashar se teinta de rouge sous le fil acéré de l'épée adverse. La blessure n'était pas profonde certes, et dans un combat à mort cela aurait peut-être simplement énervé encore plus le colosse, mais les règles sont les règles n'est-ce pas ? La victoire fut accordée au jeune poulain de l'Aile Blanche, qui venait de remporter là un combat dont il ne soupçonnait probablement pas encore l'importance pour son avenir.

Azza se trouvait-elle déçue ? La lueur qui l'espace d'un instant tressaillit dans son regard y ressemblait, mais elle l'étouffa vite dans ce cas. Reprenant aisément contenance, la drow accepta de financer Sauveur si celui-ci se voyait entraîné par son adversaire du jour. Idée amusante pour le moins et à laquelle Haldren ne voyait rien à redire. Même vaincu ce jour, Hashar aurait probablement remporté la victoire s'il n'avait pas sous-estimé le jeunot, aussi l'avoir comme entraîneur ne pourrait que se révéler bénéfique.

Cela me convient tout à fait. Vous le leur annoncez ?

Après tout, la drow devenant la "sponsor" officielle du jeune homme, autant que celui-ci prenne l'habitude de supporter ses caprices.

(désolé, j'avais zappé que c'était à moi, je fais un post vite fait pour vous permettre d'avancer)

Sujet: Re: L’Haldren de trop | Haldren Lun 19 Nov 2018 - 20:04

A peine arrivé dans la salle de bain, Sauveur fut prestement défait de son armure avant d'être presque bousculé vers un bain. Tout le monde lui ordonnait de se hâter pour ne pas faire attendre la dame si jamais elle le faisait appeler et lui ne comprenait pas toute cette agitation. Certes, elle avait peut-être demandé ce qu'il combatte, lui spécifiquement, mais personne n'en était vraiment sûr. Peut-être voulait-elle seulement éprouver celui qu'il avait affronté ? Les possibilités étaient multiples, surtout en Estrevent. Alors pourquoi s'affoler pour un "si... peut-être...".

Bref, il obéit sans rechigner davantage. Il se dévêtit, se trempa dans l'eau fraîche, sortit pour se savonner à l'aide d'un linge humide passé au savon savon, retourna dans le bain pour se rincer avant de sortir définitivement. Il se sécha brièvement, la chaleur se chargerait bien assez vite des quelques gouttes qu'il aurait pu oublier. Il enfila les vêtements propres qu'on lui avait apporté et se dirigea vers la porte. A peine avait-il mis un pied dehors qu'un serviteur rouspéta après lui, comme quoi il avait pris trop de temps. Sa toilette avait duré quoi... cinq minutes ? Sauveur n'eut même pas l'occasion d'en faire la remarque que, déjà, on l'embarquait vers une porte qu'il n'avait encore jamais pris.

Dans les couloirs des bâtiments réservés aux maîtres et aux employés, le jeune gladiateur suivait son guide en laissant traîner son regard de ci de là. Si les logements des esclaves étaient loin d'être insalubres étant donné l'investissement qu'ils représentaient, ils n'avaient pas la richesse ni même la décoration des locaux qui leur étaient interdits. Cela ressemblait un peu plus à la maison de son père que ce qui lui servait de geôle depuis douze ans déjà...
Le serviteur se retourna plus d'une fois pour s'assurer que Sauveur le suivait bien et lui intima plus d'une fois de se dépêcher. De ce qu'il en comprenait, ils étaient en train de contourner l'arène par l'intérieur. On lui fit monter quelques escaliers, prendre un nouveau couloir et grimper quelques marches encore. Ces dernières débouchèrent directement sur un balcon dont il ne connaissait que la balustrade. Et encore, pas sous cet angle... Là se tenaient deux silhouettes assises en train de discuter et de boire un verre. Aucun d'eux ne remarqua sa présence si bien qu'après quelques secondes, il sentit une main le pousser au niveau de l'épaule. Sauveur se tourna à demi vers le serviteur qui lui faisait signe d'avancer plus avant pour sortir de l'ombre.

Sans réelle motivation, il s'exécuta et passa sous les rayons du soleil atténués par les draperies qui servaient de voile d'ombrage et coloraient le balcon de multiples couleurs chatoyantes. Lui était simplement vêtu d'une tunique sans manche et d'un pantalon s'arrêtant sous les genoux faits dans un tissu plutôt rêche. Si sa peau avait fini de sécher, ses cheveux étaient encore humides sur le dessus.

-Vous m'avez fait demander... Seigneur.

Ce dernier mot fut lâché bien contre son gré, les dents serrées. Sans aucun doute, Haldren se souvenait de son arrivée à l'Aile Blanche et de cette période où il devait apprendre à ses employés et esclaves à le respecter. Sauveur avait été sans conteste le plus revêche à ce sujet, refusant de l'appeler tel qu'il le demandait. Il avait eu droit à bon nombre de punitions et de corrections. La seule chose qui l'avait fait plier alors qu'il allait être passé sous le fouet à l'âge de même pas quinze ans, c'était son père et ses frères. Après maintes suppliques, ils étaient parvenus à lui faire entendre qu'il n'aurait pas le choix tant qu'il serait son esclave et que, s'il voulait sa liberté un jour, il aurait besoin de cet homme et de sa bonne volonté... Alors, plutôt que de se diriger vers son bourreau, il s'était rendu au pied de ce même balcon et avait demandé pardon à Haldren avant de l'appeler "Seigneur" pour la première fois. Depuis, il n'utilisait ce terme que par obligation et toujours les mâchoires serrées.

Sujet: Re: L’Haldren de trop | Haldren Lun 19 Nov 2018 - 21:18

« Eh bien, commenta Azza sans cacher l’amusement que lui inspirait la tension entre les deux hommes. J’ai vu vainqueurs plus emballés par leurs exploits. » La daedhelle décroisa ses jambes et se remit debout, avant de poser son verre où elle le pouvait et s’approcher. Quand elle fut à moins de deux mètres du gladiateur, elle marqua un temps d’arrêt et lança un coup d’œil en direction d’Umbarion. « Je peux ? » lui demanda-t-elle avec simplicité. L’elfe dut comprendre ce qu’elle avait en tête — à moins qu’il se moqua purement et simplement des manigances de son invitée — et opina simplement du chef pour l’inviter à poursuivre. La prêtresse inclina légèrement la tête en guise de remerciement puis avala la distance qui la séparait encore de celui qui était désormais — ou était sur le point de devenir, c’était selon — son champion.

Elle lui tapota amicalement l’épaule comme elle aurait flatté l’encolure d’une monture et lui adressa un sourire tout ce qu’il y avait de plus avenant. « Tu peux être fier de ton combat, le félicita-t-elle avec sincérité. Je vais être sincère — nous allons passer beaucoup de temps ensemble à partir de maintenant et il est donc important que nous soyons sincères l’un envers l’autre — je ne pensais pas que tu gagnerais. » Elle laissa glisser sa main le long de son bras jusqu’à son coude avec familiarité avant de lui saisir son poignet de la sénestre. Il essaya de se dégager, mais elle resserra fermement sa poigne en secouant la tête. « Détends-toi, je ne vais pas te faire de mal, » lui ordonna-t-elle en dardant ses prunelles violacées vers son visage. Elle sentit son conflit intérieur, mais la présence toute proche de Haldren dut le convaincre qu’il était dans son intérêt de ne pas faire trop d’histoire. Elle opina du chef avec satisfaction avant de reprendre son inspection. « Parfait, on dirait que tu as encore toute ta mobilité, » nota-t-elle par-devers elle en lâchant son bras droit.

Elle recommença avec le gauche, puis lui fit signe de s’agenouiller devant elle. « J’ai l’impression, continua-t-elle sur un ton badin, que tu n’es pas totalement satisfait de ta situation. Tu rêves encore de liberté, c’est ça ? » Elle lâcha sa mâchoire, qu’elle avait diligemment inspectée à la recherche de traces de scorbut, pour le laisser répondre ; elle avait perdu bêtement un de ses favoris à cause de cette maladie terrible et était désormais particulièrement attentive à ses signes avant-coureurs. Sauveur semblait être, de ce point de vue là tout du même, un sujet tout à fait sain.

Sujet: Re: L’Haldren de trop | Haldren Mar 20 Nov 2018 - 20:39

Alors que son regard teinté d'une colère mesurée était fixé sur Haldren, celui-ci ne réagit pas à son arrivée. Au lieu de cela, celle qu'il imaginait être l'instigatrice de ce qui venait d'avoir lieu ici-même prit la parole et se leva. Elle se dirigea vers lui, la démarche assurée, le regard curieux, les lèvres tout juste marquées par un sourire amusé. Une expression qui ne lui inspirait guère confiance, comme en témoigna ce léger froncement de sourcil qui se dessina de plus à plus à mesure que la dame avançait. Arrivée à sa hauteur, elle lui flatta l'épaule comme on le ferait avec un animal tandis qu'elle le félicitait. Il regarda le geste d'un œil suspicieux l'espace d'une seconde avant de revenir sur elle. Elle était petite pour une drow et il la dépassait de plus d'une tête.
Le pli au dessus de l'arrête de son nez se creusa un peu plus tandis qu'il se demandait ce qu'elle pouvait bien lui vouloir. Elle lui annonça alors qu'ils allaient passer beaucoup de temps ensemble et il releva la tête. D'accord, tout le monde avait peut-être raison, elle cherchait peut-être un champion à forger. Mais, si son choix c'était porté sur lui, qu'est-ce qu'elle attendait de lui hormis gagner des combats en échange d'équipement et de bons soins ? A ce sujet, les donateurs étaient tous plus différents les uns que les autres. Il avait donc de quoi s'inquiéter.

-Si j'avais perdu, je serais mort à l'heure qu'il est. Répondit-il.

Elle voulait de l'honnêteté mais il savait que cela ne pouvait être vrai que dans une certaine mesure en ce qui le concernait. Il se devait de correspondre à ce que l'on attendait de lui. Il devait plaire à ceux qui étaient d'une condition nettement supérieure à la sienne. L'idée ne lui plaisait évidemment pas mais il s'y efforçait...
Il était clair qu'Hashar n'avait pas l'intention de simplement gagner ce combat. Il voulait le faire en écrasant son adversaire de manière définitive, comme pour se prouver qu'il le pouvait encore. Au vu de l'attention sommaire qu'on lui avait apporté après sa blessure, il était clair qu'il était encore esclave, tout comme son jeune adversaire. Alors Sauveur ne risquait pas grand chose à l'accuser de tentative de meurtre...

Alors qu'elle effleurait son bras, sa mâchoire se serra brièvement, marquant l'agacement et le manque d'habitude. Depuis le marchand d'esclaves, on ne l'avait inspecté qu'une seule fois : à l'arrivée d'Haldren. Et autant dire que ces hommes étaient loin d'être tendre avec la marchandise...
La Dame lui saisit le poignet et, machinalement, il voulut se défaire de son emprise pourtant légère. Elle ne lui en laissa cependant pas l'occasion, l'agrippant plus fermement tandis qu'elle lui lançait un regard inquisiteur. Sa voix était telle un roc recouvert de miel, le ton qu'elle employait paraissait doux mais ne laissait aucune place à l'insubordination. Il soutint son regard durant un instant puis expira un peu plus profondément, ses épaules se relâchant très sommairement. Ses yeux d'un gris bleuté tâché de marron dans un quart de l’œil droit la quittèrent enfin pour fixer un point au loin devant lui, faisant ainsi mine d'ignorer ce qu'elle avait l'intention de lui faire.
Il n'avait pas le choix de toute façon...

Elle testa un bras, puis l'autre. Elle semblait satisfaite à première vue. Il était encore jeune, à quoi s'attendait-elle concernant sa forme physique ? Elle attira à nouveau son regard sur elle et lui donna un ordre qui fit aussitôt réapparaître la barre entre ses sourcils.

S'agenouiller.
Rien que la symbolique de cet acte dans un tel contexte aurait pu le faire sortir de ses gonds quelques années auparavant, lorsque les hormones de l'adolescent qu'il était étaient en pleine effervescence. Depuis, il avait appris à contrôler ses humeurs lorsqu'il le fallait vraiment, même s'il ne pouvait cacher que cette action le répugnait. Jouant des mâchoires avant de serrer les dents, il finit par obéir, posant un genou à terre. Elle saisit le bas de son visage et le détailla, lui adressant à nouveau la parole. Au moins, elle ne questionnait pas son maître comme s'il n'avait été qu'un meuble dans l'impossibilité de répondre.

-Quel esclave se souvenant du jour où il n'avait pas de maître n'en rêve pas ?

Sauveur n'était pas né dans la servitude. Il n'était pas né pour divertir son public au dépend de sa propre vie. On lui avait enseigné à lire et à compter. Sa vie n'était pas toute tracée, elle pouvait prendre tant de chemins différents au contraire... Il ne savait même pas lequel suivre à l'époque. Il ne saurait pas plus aujourd'hui. Il ne servait à rien de faire des plans sur la comète en l'état. Son unique objectif, pour l'heure, était de racheter sa liberté comme l'avait fait Aimé. Si les Dieux lui accordaient d'y parvenir.

Sujet: Re: L’Haldren de trop | Haldren Mar 27 Nov 2018 - 15:45

« C’est l’éternelle question, n’est-ce pas ? » répondit Azza avec bonhomie en continuant son inspection. Tout juste darda-t-elle un regard avenant vers le visage de Sauveur. « À mon avis, beaucoup plus que tu ne le crois. »

Elle lui fit signe de se relever, avant de rapporter son attention vers Haldren Umbarion. L’anëdhel était resté en retrait depuis que son gladiateur avait su trouver son chemin jusqu’à leur loge. « Est-ce que je peux vous l’emprunter pour le reste de la journée ? » demanda-t-elle avec simplicité. Ce n’était pas tant qu’elle ignorait l’effet que faisait ses petites phrases à la fierté du jeune homme… mais elle n’était pas du genre à apprécier peser ses mots, encore moins pour flatter l’ego d’un courte-vie. Si Sauveur voulait de son argent — enfin, celui du Débonnaire en réalité, mais pour lui cela ne changeait pas grand-chose — il allait devoir s’accommoder de ses manières. « C’est à la condition, bien sûr, qu’il ne cherche pas à s’échapper à la première occasion… ajouta-t-elle en jetant un regard d’avertissement à Sauveur par-dessus son épaule.

— Bien entendu, gente dame, » répondit le maître de l’Aile Blanche avec un sourire amusé. Ce en quoi la doeben lui sut gré, ce qu’elle manifesta en inclinant légèrement le front en sa direction.

Il ne fallut qu’une petite demi-heure pour régler les éventuels détails. « Nous allons te trouver une vraie armure, » avait doctement expliqué Azza à son nouveau protégé en l’entraînant sans la moindre hésitation dans les dédales de Thaar. Elle avait laissé Hashar à l’Aile Blanche, avec l’ordre de rentrer chez le Débonnaire par lui-même une fois sa vilaine plaie soignée.

« Hashar était un gladiateur à Sol’Dorn, lui apprit-elle un peu avant qu’ils n’arrivassent à leur destination. Il est né serf, dans je ne sais plus quelle baronnie du royaume des courtes-vies. » Elle agita distraitement sa dextre, comme pour témoigner du peu de cas qu’elle faisait de ces contrées occidentales. « Depuis qu’il est à moi, il n’a jamais cherché à s’enfuir. Est-ce que tu peux deviner pourquoi ? »

Sauveur ne réagit pas à la réponse de la drow. Il n'y avait rien à rajouter. Il se releva lorsqu'on le lui permit enfin. Il n'était pas resté à genoux bien longtemps, certes, mais c'était déjà trop pour lui. Il n'avait pas encore reposé son pied par terre ni achevé de se redresser qu'il s'arrêta brièvement dans son mouvement avant de l'achever. Elle venait de demander à Haldren si elle pouvait jouir de lui jusqu'au soir. Bien plus que contrarié par l'idée d'être prêté comme un vulgaire jouet, il était intrigué par les intentions de cette femme dont il ne connaissait toujours pas l'identité. Pas un nom n'avait été prononcé et sa tenue ne lui donnait aucun indice quant à sa place dans la société.
Il ne releva pas la condition qu'elle imposait. Elle semblait ignorer que fuir n'était absolument pas dans son intérêt. Non seulement son maître avait largement les moyens de ne retrouver mais il tenait Courtois et saurait sans mal où trouver ses deux autres frères affranchis. Il valait mieux pour lui qu'il se tienne à carreau. De ce point de vue-là en tout cas...

Alors qu'elle prenait déjà la direction de l'escalier, Sauveur demeura là encore un court instant à regarder Haldren avec toujours se regard non pas de défi mais de colère et d'amertume. Cependant, pour la première fois, l'elfe pouvait y déceler autre chose... Quelque chose que lui-même aurait du mal à décrire.

Alors qu'il suivait la drow dans les rues de Thaar, celle-ci lui annonça la suite du programme. Il esquiva un passant qui avait visiblement l'intention de lui rentrer dedans sans même le regarder, la tenue de Sauveur ne trompant pas sur sa condition, tout en écoutant sa mécène. Il supposa rapidement que le fameux Hashar n'était autre que son adversaire de tantôt. Elle ne lui apprenait rien concernant son ancien métier mais le fait qu'il vienne de Sol'Dorn répondait à quelques interrogations. Il y avait bien plus de morts en arène chez eux qu'à Thaar... Même s'il avait probablement pas reçu la consigne de le tuer et n'avait ce projet que par égaux.

-Je suis fils propriétaire terrien. Je sais pertinemment que fuir ne fera pas disparaître le contrat qui fait de moi un esclave mais je vous écoute. Qu'est-ce qui l'empêche de s'en aller hormis le risque de perdre sa tête ?

« Tu parles comme un livre, se moqua gentiment Azza en promenant son regard autour d’eux, ou un de vos vieux, je ne sais pas trop. » Elle darda ses prunelles violacées dans sa direction et ses lippes s’étirèrent en un pli résolument narquois. « Un contrat ? Franchement, il n’y a que les courtes-vies pour donner tant de pouvoir à un bout de papier. » Reportant son attention sur la ruelle dans laquelle ils progressaient, elle ajouta pensivement. « Hashar n’a rien de tel ; de contrat, j’entends. Je serais bien incapable de prouver à qui que ce soit qu’il m’appartient. » Elle pouffa en se remémorant aux circonstances très particulières qui l’avaient amenée à le « racheter » pour une bouchée de pain. « À Sol’Dorn, personne ne m’aurait demandé une telle chose et il ne pouvait pas s’enfuir, mais ici ? Il en a l’occasion plusieurs fois par jour. Pourquoi le ferait-il, cependant ? » Elle joignit ses mains dans son dos et pivota sur elle-même en stoppant subitement sa marche. Surpris, Sauveur manquât lui rentrer dedans, mais il eut aussi tout le loisir de se rendre combien elle paraissait jeune. Azza n’était plus tout à fait une adolescente, mais elle n’était pas encore vraiment une femme. « La vérité, c’est qu’être mon esclave lui ouvre les portes d’une vie plus confortable que tout ce qu’il pouvait espérer obtenir par lui-même. Il a décidé que mes caprices étaient un prix raisonnable à payer pour cela. » Elle marqua une dernière pause, avant de susurrer : « Si tu t’en montres digne, il pourrait t’arriver la même chose. »

Sauveur s'arrêta net en manquant de percuter la jeune femme qui lui barrait désormais la route avant de commencer à perdre son équilibre et de se rattraper de justesse. Il leva les bras en l'air pour s'aider à revenir en arrière et s'éviter la maladresse de la toucher. Revenu sur un appui plus solide sur ses pieds, il ne pouvait que se rendre compte de la petite taille que la drow qu'il dominait très largement. Il recula d'un pas pour prendre un peu de distance avec elle et ne pas donner l'impression de la menacer avec son regard toujours animé d'une certaine colère. Il l'écouta expliquer les raisons pour lesquelles Hashar restait sagement à son service. La première réponse qui lui vint à l'esprit fut un "Grand bien lui fasse" mais il se garda de l'énoncer à haute voix. Qui qu'elle soit, cette femme n'avait pas à connaître ses aspirations et ses projets à long terme. Elle serait sans doute moins encline à le financer si elle apprenait que son confort lui importait peu. Ses ambitions ne pourraient être comblé qu'avec sa liberté. Jamais il n'accepterait de demeurer esclave jusqu'à la fin de ses jours, même pour vivre comme un prince.

-Si tu t’en montres digne, il pourrait t’arriver la même chose. Lui susurra-t-elle.

Il joua une nouvelle fois de sa mâchoire avant de serrer les dents. Pourquoi avait-il de plus en plus l'impression d'avoir été fourré dans un traquenard ?

-Et qu'est-ce que vous attendez de moi exactement ?

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