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 Partie d'échecs | Roi Noir et Reine Blanche [Libre]

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MessageSujet: Partie d'échecs | Roi Noir et Reine Blanche [Libre]   Partie d'échecs | Roi Noir et Reine Blanche [Libre] I_icon_minitimeMar 17 Juil 2018 - 18:51

<< Partie d'échecs ; Sur la ligne des Tours


Julas, Quatrième ennéade de Karfïas
Onzième année du Onzième Cycle



Deux jours et deux nuits. Pas plus. Tu n’aurais pas pu en supporter plus.
Heureusement autour de vous il y avait eu l’eau. L’eau à perte de vue. Les sons de la mer. La réconfortante présence de ton élément. Sinon elle t’aurait rendu fou. Même loin de la terre elle te rendait fou. Depuis votre départ de Naélis le moindre de ses mots devenait pour toi sujet à gymnastique mentale. La moindre de ses phrases devenait une menace. Le moindre de ses gestes portait bien plus loin qu’à ses conséquences immédiates. Parce que bientôt vous arriveriez à Thaar, et Thaar était son terrain de jeu. À la forgeronne.

Heureusement il y avait l’eau. Il y avait un exutoire.
Voilà bien longtemps que tu n’avais pas pratiqué la magie à cette échelle. Et l’exercice t’avait manqué. Voilà bien longtemps que tes muscles n’avaient pas connu l’intense brûlure de l’effort porté à bout, et que ta peau d’elfe ne s’était pas couverte de sueur.  Voilà bien longtemps que tu n’avais pas fait ainsi rugir les flots et déplacé des bâtiments entiers, et votre vaisseau te donnait tout juste cette chance.
Une manière de se faire pardonner votre présence encombrante à ta prisonnière et à toi.
Une manière de te défouler, et de laisser exploser ta frustration à quelque chose d’utile.
Une manière de prévenir ton otage qu’elle n’avait encore rien vu de toi.
Des heures durant tu t’acharnes dans une danse martiale rituelle, soulève autour du bateau des Léviathans aqueux, qui chaque fois qu’ils replongent tirent avec eux les courants qui vous portent. Des heures durant tu conduis un vaisseau toutes voiles abaissées, filant à des allures folles au bonheur de marins ayant rarement vu tel exploit.
Deux jours durant, c’est autant suite à ces exercice qu’au cours de la nuit que tu trouves de brefs instants de repos, trop anxieux pour réellement trouver le sommeil.

Mais aujourd’hui marque la fin de l’anxiété et le début de la colère.

Le soleil du début d’après-midi frappait plus fort qu’aucune contrée d’Anaëh n’aurait pu en témoigner, si bien que ceux connaissant mal la physiologie elfique auraient aisément pu penser ton état simplement dû à la chaleur, et pas à tes derniers exercices en tant que matelot. Ta tunique et ta cape avaient pendant le voyage pris place presque permanente loin de ton torse, et le climat de l’Ithri’Vaan d’été rendrait certainement ce statut difficile à révoquer.
Au moins Krish pourrait-elle profiter d’un semblant d’oreiller pour pallier à l’inconfort qui serait le sien maintenant que vous posiez le pied si près de sa demeure.

À Thaar la loi est dictée par celui qui sait au mieux exploiter sa puissance.
À Thaar le sang est une vision trop commune.
À Thaar les miliciens fermeront yeux et oreilles pour peu qu’ils n’aient pas été payés par celui qui pousse son dernier cri.
À Thaar, tu n’as pas à te parer des mêmes faux-semblants qu’à Naélis.

À peine quelques pas faits sur le port, tu lances tes doigts vers le haut dans un geste d’une négligence extrême. Et les pierres servant de doigts à ton golem se font serres, écorchant un peu plus la peau de l’Eldéenne qu’elles retiennent. Tu ne te retournes pas vers elle. Le timbre assombri de ta voix suffit à décrire ton visage.

- Maintenant, conduis-moi jusqu’à Halandarin.

Ton bras redescend en une rapide fioriture. Et à peine perceptible sous la canicule, la sensation de froid s’assied à nouveau.


Dernière édition par Lœthwil le Mar 17 Juil 2018 - 22:19, édité 1 fois
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Krish Al'Serat
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MessageSujet: Re: Partie d'échecs | Roi Noir et Reine Blanche [Libre]   Partie d'échecs | Roi Noir et Reine Blanche [Libre] I_icon_minitimeMar 17 Juil 2018 - 20:29


Deux jours et deux nuits. Pas plus. Elle n'aurait pas pu en supporter plus.

Les horribles bruits de la mer. Le déséquilibre constant. Le roulis interminable. Si elle n'avait pas le mal de mer, elle détestait autant naviguer qu'elle appréciait la vue splendide et infinie d'un océan observé depuis la grève. On avait pas idée de s'entasser sur des coques de noix pour se faire bringuebaler aux quatre vents. Un souffle et Teiweon venait réclamer son dû. De plus, malgré les bribes de souvenirs qui lui étaient revenues de son affrontement avec Haldren, elle ne s'imaginait pas assécher la mer a la seule force de ses bras en cas de naufrage vraiment trop spectaculaire.

Pour ne rien arrangé, il y avait l'elfe qui s'amusait comme un gamin avec ce truc liquide qui les entourait. Le seul bon côté de tout cela était qu'il se fatiguait autant qu'elle reprenait des forces. Ses cataplasmes lui avait fait un bien fou et les exercices quotidiens auxquels elle s'astreignait la maintenant en forme. Il crânait, solidement campé sur ses jambes pour une danse martiale qui aurait presque pu être intéressante si elle n'aiguillonnait pas tant la rancune de l'eldéenne. La nuit, il déstabilisait la magie autour de certaines planches du pont ou elle dormait pour s'assurer qu'elle ne puisse pas fuir. Il se fatiguait alors qu'ils étaient sur un navire entourait d'eau, n'économisant pas la moindre de ses forces et jonglant avec un effort constant.

La première nuit, elle l'avait bien regardé et s'était servit de la cape et de la tunique qu'il lui avait laissé comme oreiller pour les déclencher histoire de voir. Une grande réussite. Elle n'avait pas bougé pour autant. Quelque coups d’œil lui avaient suffit pour identifier la cargaison sans aucune valeur et une fouille lui aurait fait perdre son couteau.

Elle ne parlait pas plus à l'elfe qu'aux marins et s'occupait de façon assez répétitive. L'avantage avec ces jambes mortes c'est qu'elles représentaient un excellent contre-poids pour des séries d'adbos. Le seul désavantage était évidement qu'il était plus difficile de se tenir droit pendant de longues introspections religieuses. Heureusement, au bout de quelques heures, elle ne sentait plus l'eau, mais uniquement la puissance du soleil sur sa peau. L'été entourait, l'étouffant à demi comme seul savait le faire le ciel de l'Ithri'Vaan de Thaar au désert Zurthan. Elle avait l'impression de pouvoir boire ses rayons, les absorber après une trop longue nuit.

Ce jour là, à midi, peu avant leur arrivée au port, elle avait levé le visage et sentit cette caresse presque oubliée. Une mélopée grave et intense s'échappait de ses lèvres sans discontinuer depuis le matin, réduite à un murmure sourd, une sorte d'étrange bourdonnement grave. Elle avait les mains agrippées aux cuisses. Ses paupières s'étaient illuminées d'or et de rouge. Les couleurs dansaient en d'étranges langues de feu.

Cela faisait des jours qu'elle écoutait, qu'elle regardait, qu'elle combattait intérieurement sa propre faiblesse et la force qui sommeillait dans ses entrailles. Elle ne craignait rien plus que de perdre sa liberté et c'est ce qu'on lui ôtait physiquement, mentalement, et quoi bientôt ? Mais elle avait survécu malgré son estomac révulsé à chaque attention de l'elfe. Elle avait survécu malgré les tentatives d'Haldren. Si elle savait en avoir la clef, peut-être que choisir des chaines n'était pas si horrible... Peut-être... Au prix de la moitié de son corps, elle se savait prête à des choses qu'elle n'avait jamais envisagé en mille et un ans de vie.

Sous cet astre, alors que que la colère sourde qu'elle éprouvait à chaque fois que les pieds de l'elfe retombaient sur le pont en rythme renforçait ses envies de vengeance, elle avait l'impression d'être sur la bonne voie. L'heure de vérité était pour bientôt et elle se sentait entièrement en accord. Cette force de feu, sa soif de vengeance et son tempérament sanguin allaient enfin pouvoir opérer de concert. Et malgré ses derniers revers, Uriz la verrait se dresser à nouveau. Sans peur, elle ouvrit les yeux, fixant l'astre du jour le sourire aux lèvres. L'espace d'un battement de cils, ses iris flambèrent d'une même flamme d'or... Puis une gerbe d'eau lui éclaboussa le visage. Elle fusilla le coupable du regard, secoua la tête et s'installa confortablement pour regarder la terre approchée.

Les murs pâles. Les toits plats bordants les dômes énormes. Les tissus bariolés de mille couleurs criardes. La brume de poussière qui flottait sous le cagnard de l'été. Encore humide de l'attaque aqueuse, son sourire était pourtant bien présent lorsqu'ils jetèrent les amarres. Les agents du port virent quérir leur dû et les membres du guet commencer leur inspection. On vendait et on achetait de tout à Thaar... Mais encore fallait-il en avoir les moyens. Les détails administratifs étaient légions pour favoriser les transferts entre des bourses pleines et des bourses vides. Peut-être plus encore qu'à Elda, dans la capitale cosmopolite des cités libres un homme averti en valait deux.

A peine descendus qu'elle finissait de nouveau dans les griffes du golem. Bien. Parfait. Repérable à des centaines de mètres à la ronde. Les hommes du guet froncèrent les sourcils. Ceux des milices privées alentours plus encore. Avant que le lieutenant du guet ne commence à s'approcher d'eux, elle glissa à son geôlier :

- Laisse tomber quelques pierres précieuses et suit le front de mer vers la droite. Je te guiderai vers l'avenue principale.

L'écorchure et la prise du golem la laissaient de marbre. Elle n'en était plus à une humiliation près et chacune d'elle était notée et agencée selon sa gravité. Elle avait lancé la moitié d'un Ost sur son mari pour moins que ça alors elle se donnait le temps de laisser parler son imagination... quoi qu'elle murisse déjà quelques succulents supplices qui la faisait tenir.

Si l'elfe s'exécutait, ils pourraient retrouver de grandes avenues menant au bazar et à d'autres grandes avenues au cœur des quartiers populaires de la cité, sans passer par aucun coupe gorge. Sinon... Et bien le Guet n'était connu ni pour son sens de l'honneur, ni pour sa patience.
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MessageSujet: Re: Partie d'échecs | Roi Noir et Reine Blanche [Libre]   Partie d'échecs | Roi Noir et Reine Blanche [Libre] I_icon_minitimeMar 17 Juil 2018 - 22:17


Tu ne connaissais ni son âge ni son nom, mais le temps passé avec elle t’avait laissé tout loisir d’étudier son fonctionnement. S’il est une chose et une seule qu’elle avait prouvé tout du long de votre cohabitation, c’est qu’elle saurait apprécier une vengeance longtemps après que les vents l’aient refroidie. Et pour apprécier sa vengeance, il fallait qu’elle vive.
Ta poigne est trop serrée pour qu’elle s’en défasse à temps. Il n’est pas question de former un sortilège pour sceller son sort. Simplement d’achever celui déjà invoqué. Si tu meurs, elle meurt. Dès lors elle n’a aucune raison de prendre de risques avant que son jeu ne soit déployé. Elle n’a aucune raison de prendre de risque avant que tu n’aies pu voir de tes propres yeux la réalité qu’elle t’a décrit il y a bien longtemps maintenant, avant que tu n’aies pleuré la trahison de ton ami, et avant que ton corps ne se soit brisé avec tes derniers espoirs. Elle n’a aucune raison de prendre des risques avant de pouvoir donner une chance à celui que tu es venu chercher non seulement de refuser ta main tendue, mais d’écraser des doigts devenus un véritable Symbole de la poigne de La Prime Déesse sur ses enfants.

Tu ne connais ni son âge ni son nom, mais tu sais que si jamais les forces s’inversent, elle te fera payer au centuple tes humiliations, et te tiendra en vie bien après que la douleur ait fait céder ton corps à l’envie de trouver la mort. Tu ne connais ni son âge ni son nom, mais tu sais lire dans ses yeux la folie de son dieu.

Et elle ? Que sait-elle de toi ?
Que sait-elle de toi sinon ton nom et la forme que prend l’Art qui est le tien ? Que sait-elle de toi sinon quel fou tu es ? De quoi te pense-t-elle réellement capable ? Que pense-t-elle être tes limites ?

Si Thaar ne connaît pas les lois de Naélis, ce qui fait de Thaar un formidable plateau d’échecs, c’est que tu ne lui voues pas l’affection que tu as pour ton foyer. Tu ne tiens ni à la ville ni à ses gens. Tu ne tiens ni à sa sympathie ni à ses valeurs. Ce qui fait de Thaar un formidable plateau de jeu, c’est que toi non plus, tu n’y es plus limité par aucune règle.
Tu suis ses directives, avances l’oreille tendue, le nez humant l’air comme un loup en chasse, et les yeux glissant de droite à gauche sur la moindre aspérité. Loin du moindre murmure végétal, à Thaar seuls vibraient les cordes de la trame. Seuls rythmaient ton pas ses cadences. Pour le meilleur et pour le pire.

Au cœur du tintamarre des grandes avenues, culminant par-dessus une foule trop occupée à jouer sa bourse, deux paires d’yeux brillaient. Deux paires d’yeux brillaient de cette même lumière destructrice. Celle que laissent entrevoir les dernières braises dansant sur les cadavres des bâtisses victimes d’incendie.

- Et maintenant ?

Où est la forge ?
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Krish Al'Serat
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MessageSujet: Re: Partie d'échecs | Roi Noir et Reine Blanche [Libre]   Partie d'échecs | Roi Noir et Reine Blanche [Libre] I_icon_minitimeMar 17 Juil 2018 - 23:25


- Droit devant. "

Droit devant, le long de l'avenue des Douze. Droit devant vers la première carte qu'elle pourrait joué maintenant qu'elle l'avait suffisamment baladé et perdu le long des grands axes. Malgré sa situation peu envieuse et l’humiliation de sa situation, elle avait fait duré le déplaisir. Ils n'étaient pas au port mais que son frère ait fait son œuvre ou non, ils devaient savoir maintenant. Les premiers pièges devaient être en place et elle avait confiance en la folie de Wik pour la garder en vie. Après tout, elle en était l'origine et l'objet.

Le long de l'artère qui servait autrefois aux processions triomphales des eldéens jusqu'aux plus hautes sphères, les marchands à la sauvette côtoyaient les étales et les saltimbanques facilitaient le travail des tir-laines. Heureusement, elle n'avait plus rien de valeur et l'elfe qui la précédait non plus. Aucune charmante jeune femme ne vint donc les accoster et les enlacer pour leur soutirer quelques écus. Une centaine de mètres plus loin se déployaient une grande place dégagée et entièrement dallée et creusée de nombreuses rigoles composant une complexe rosace. Dès ses abords, les gardes se multipliaient, qu'ils soient mercenaires, milices ou Guet. Les premiers étals présentaient des forgerons et des médecins bien particuliers : des marqueurs créant et maniant toute sorte de fers du rouge au noir et des légalistes assermentés à la cité pour garantir sa neutralité durant les examens de marchandise.

Des les premiers pas sur l'immense halle à ciel ouvert, l'odeur de sueur et de sang caractéristique du Marché Libre se glissait subrepticement jusqu'aux narines des visiteurs. On se perdait dans un chaos de badauds et d'estrades sur lesquelles étaient dressés elfes, drows, nains et sang mêlés en plus d'une farandole d'humains aux couleurs bigarrées. Nus ou richement habillés, sauvages, gémissants, avenants, acrobates, pensifs, aguicheurs. Tous les visages se côtoyaient au dessus de lourdes chevillères liant les différents lots ensemble. Certains avaient des menottes ou des colliers, d'autres n'étaient même pas attachés. Certains marqués grossièrement, d'autre si finement et intégralement tatoué que leurs marques d'esclaves formaient une œuvre d'art à part entière.

Au milieu du labyrinthe une grande rotonde était dégagée et une estrade plus prestigieuse était élevée. Elle servait aux combats, aux exécutions, mais en ce jour, elle n'accueillait qu'un homme. Assit, il contait la gloire des Princes Marchands qui avaient achetés la liberté de la Cité à l'Empire et veillaient tendrement sur l'indépendance de chaque habitant des Principautés Unies. De temps à autre, il haranguait la foule, prenant à parti un passant pour lui demander ce qu'il savait de tel personnage ou de tel évènement.

Quand ils arrivèrent à proximité, le sort tomba sur le plus taciturne des elfes.

- Et vous mon brave ?! Que dire de notre belle Dame Blanche ? Que savez vous de sa dévotion ? "

...

- Je ne peux pas... " Murmura Cobra à l'homme à côté de lui sur le toit. " La femme est sur ou dans une construction de pierre qui bouge. Si je tire, je ne sais pas à quelle vitesse il réagira. Mieux vaut envoyer le signal et attendre une occasion. " Il fallait plisser des yeux pour le voir à cette distance mais l'endroit que son commendataire lui avait trouvé était parfaitement situé. Pleine vue, à l'ombre et suffisamment encaissé pour pouvoir se dissimulé entre les toits des manoirs des Soiries toutes proches. Et pour une fois, il avait même un assistant pour lui servir de transmetteur... C'était aussi la première fois qu'il voyait quelqu'un se risquer à faire collaborer les guildes à ce point différentes avec des travailleurs plus libres comme lui.

L'homme qui lui avait trouvé ce spot recula d'un pas pour libérer un corbeau d'une petite cage qu'il avait apporté. Le volatile tenta de l'attaquer à plusieurs reprises mais s'envola finalement à tir d'ailes pour rejoindre les autres piafs qui survolaient les toits. Cob', flèches toujours encochées, s'apprêtait à faire mouche, que ce soit ici, ou en équilibre instable un peu plus haut sur les toits.
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MessageSujet: Re: Partie d'échecs | Roi Noir et Reine Blanche [Libre]   Partie d'échecs | Roi Noir et Reine Blanche [Libre] I_icon_minitimeMer 18 Juil 2018 - 1:20


Des enfants estropiés. Des sang-mêlés enchaînés. Des femmes à la démarche tordue par leurs dernières… rencontres. Des choses vivantes. Voilà ce que tu voyais. Des objets gaspillant leur Souffle sans oser réclamer leur dignité, parce qu’ils savaient la mort plus digne de leur condition.
Des marchands beuglant la supériorité de leur camelote. Des artisans feignant de retravailler des pièces moulées et assemblées par les talents d’autres. Un conglomérat de menteurs assemblé dans un chaos digne d’une Arcamenade, voué à la seule divinité qu’ils reconnaissaient : l’or.

Thaar te dégoûte d’autant plus que tu y as vécu. La débauche de cette part du monde t’écœure d’autant plus que tu y as pris part autrefois. Pendant un temps tu t’étais caché ici, trop curieux d’observer les Drows comme les animaux sauvages qu’ils sont pour faire attention au reste. Trop empêtré dans ton étude de la nature humaine pour te détacher de la pitié que tu éprouvais pour ces gens. Un observateur cruel et triste, voilà ce que tu as été. Un observateur cruel et triste s’étant laissé avoir au jeu du nivellement par le bas au point de chercher des qualités à cet endroit. Au point de te marier deux fois avec des gens du pays.

- Sûre de toi ?

Elle devait l’être. Il valait mieux pour elle qu’elle le soit. Le soir ne tomberait pas sur elle vivante. Mais en attendant tu marcherais dans la direction qu’elle te pointait jusqu’à être épuisé d’elle et de Thaa… sauf qu’épuisé de Thaar tu l’étais déjà.

Les vents frais soufflent une rafale autour de vous. Ton pas commence à se faire hâtif. Ce marché t’agace. Les gémissements des esclaves t’agacent. Les odeurs d’épices bon marché t’horripilent. Les arythmies de la trame, probablement pincée par des magiciens du dimanche te mettent hors de toi. L’eau est trop rare, la chaleur est trop forte, et la terre est trop pauvre. Trop pauvre… La terre est pauvre, mais les métaux te résistent. Les lignes mélodiques qui les traversent te reviennent en un indescriptible chaos de sons. Il te faudrait un effort pour les déconstruire, et s’il te faut un effort pour les déconstruire, c’est qu’ils sont plus complexes qu’ils n’en donnent l’air.

- Il vous vient d’où le métal avec lequel vous avez fabriqué ça ?
- Ah ça ! Un connaisseur à ce que je vois. Ça nous vient de la Corporation d’Argent. Difficile de faire mieux ici-bas !

Tes yeux vont défier ceux de la Thaarie, les griffes du golem pressent un peu plus son cou, et aussitôt tu retrouves contact infiniment moins agressif avec le forgeron de rue.

- La corporation d’Argent… ce serait pas le groupe de la dernière arrivée là ? C’est quoi son nom déjà ?
- Al’Serat ? Heureusement qu’elles sont longues vos oreilles sinon c’est que vous m’auriez semblé bien con. Ça fait des siècles qu’elle a son palais ici Al’Serat. Il est pas loin d’aill… m’sieur ?

Tu lances ton bras droit en avant, et les jambes du golem se disloquent pour le lancer au pas de course. Al’Serat. Krish Al’Serat. Pourquoi est-ce qu’il t’avait fallu si longtemps pour le réaliser ?
Parce que tu étais là lorsqu’elle avait fait son arrivée à Thaar, sous un visage complètement différent ?
Ou parce que l’idée qu’elle soit une forgeronne d’exception rendait ce que tu voulais être un mensonge autant plus plausible ?

Al’Serat, si seulement elle avait équipé son palais de forges dignes de l’artisan comme lequel elle se présentait, c’est là plus que partout ailleurs que tu avais toutes les chances de trouver ton ami.

Tu ne pouvais pas avoir fait tout ce chemin pour rien.
Tu délivrerais Halandarin coûte que coûte.
Le plus difficile commencerait aux portes de son antre.
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MessageSujet: Re: Partie d'échecs | Roi Noir et Reine Blanche [Libre]   Partie d'échecs | Roi Noir et Reine Blanche [Libre] I_icon_minitimeMer 18 Juil 2018 - 9:57


Le marchant qui avait attirer l'attention de l'elfe était sans doute drogué ou il avait pris le son client pour le plus grand demeuré de la création car non seulement le palais de la Princesse était à l'autre bout des Soieries, mais en plus la Corporation d'Argent englobait jusqu'au plus humble forgeron et négociant en métal de la Cité. Ce qu'il venait de dire n'avait aucun sens, d'autant plus que Krish n'avait aucune forge officielle en son nom et qu'on la connaissait plus volontiers sous le nom de GriffeArgent que sous son nom complet comme on connaissait le Sombre et la Dame Blanche.

L'elfe et le golem s'élancèrent à grand pas, jetant les passants grouillant de droit et de gauche, n'hésitant pas à les faire tomber pour passer plus vite. Il n'y avait plus le moindre sourire sur le visage de l'eldéenne dont le torse était pris dans un étau. Devant le mage elfe, une ligne de guerriers portant la cape blanche marquée du sceau noir de GriffeArgent s'approchaient, épée, masse, hache , arbalètes et arcs au clair. Avançant d'un même pas depuis la sortie est du Marché libre, des collègues effectuaient la même manœuvre depuis chacune des sorties. Les mercenaires du marché prenaient leurs armes.

Les badauds et les esclaves se pressaient vers l'extérieur, tentant d'éviter les hommes d'armes dans un chaos étrangement mesuré jusqu'à ce qu'une détonation engenadre plusieurs hurlement de terreur. L'explosion prenait sa source quelques pas derrière le mage elfe. Son souffle balaya l'elfe comme sa suivante, les projetant à plusieurs mètres. Le sol se fendit d'un seul coup dans un fracas de fin du monde. Un nuage de poussière, de graviers et de roches obstruait la vue.

Une seconde explosion.

Jet de constitution:

Jet de Chance:

La douleur fusa dans les cotes de la drow tandis qu'elle se sentait arracher de l'emprise de son porteur de pierre réduit en morceaux. Elle aurait put se sentir rouler au sol si elle n'était pas tombée tête la première sur le pavé. Une douleur. Un craquement. Puis le noir complet.

Le corps inconscient de l'eldéenne roula plusieurs fois, s'immobilisant sous l'une des estrades de démonstration, à l'abri des regards et des pieds affolés qui martelaient le sol sans la moindre visibilité. Proches de groupes d'esclaves, des silhouettes encapuchonnées de rouge s'approchaient à tâtons au travers de la fumée, leurs magies unies en un étrange rituel vital.

La voix forte d'un homme s'éleva depuis l'est.

- Rendez-vous sans résister et aucun mal ne vous sera fait !
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MessageSujet: Re: Partie d'échecs | Roi Noir et Reine Blanche [Libre]   Partie d'échecs | Roi Noir et Reine Blanche [Libre] I_icon_minitimeMer 18 Juil 2018 - 13:45


Il n’est pas bien loin… il n’est pas bien loin… en 300 ans on avait vite oublié la tendance qu’ont les marchands Thaaris à l’embellissement de tout et de n’importe quoi. Il faudrait que tu trouves toi-même lequel était son palais, mais au moins dans cette entreprise avais-tu un allié qui ne mente pas.

La Terre elle-même.

Tes pas et ceux du golem, dans votre course, vibrent à travers le sol, creusent la croûte aussi loin que tes talents te le permettent, à la recherche d’une anomalie, d’une brèche, d’un volcan dans le désert.

Jet de dés : Sensibilité:

Un volcan dans le désert, irradiant le ventre de la Cité du Joyau de la chaleur malsaine de sa cheminée. Un souffleur de souffre dans lequel tu te verrais forcé de plonger. La demeure de Krish ne pouvait être qu’aussi toxique que sa propriétaire. Au moins cette fois tu étais sûr de t’en rapprocher, certain de faire un quelconque progrès, déçu de t’être laissé guider par elle, t’attendant maintenant à ce que les flèches pleuvent du ciel et que les dagues jaillissent de tous les coins de rue. Tu étais plus près que jamais d’en finir, quitte à sacrifier toute possibilité de résolution.

Je de dés : magie:

Pour une fraction de seconde un silence s’impose à la trame. Les vents se condensent, la glace se veut te protéger, mais le souffle d’une première explosion envoie voler en éclat ta barrière, t’arrache à l’emprise sur ton golem, et par la même occasion, t’arrache à l’emprise que tu as sur Krish.
Ordures au service d’une immondice. Tes dents claquent de colère. Tes oreilles cherchent tes agresseurs à travers la foule. Ton esprit cherche la déformation de la trame. Tes jambes se crampent au sol, les doigts de tes deux mains plongent dans la poussière. Tes yeux pourraient être fendus comme ceux d’un chat sous le Zenith que ton regard n’aurait pas changé le moins du monde.
Tu es comme un animal sauvage. La peau cisaillée par les éclats de ta propre protection.

Jet de dés : constitution:
Jet de dés : sensibilité:

Une seconde explosion. Et les mages responsables confirmaient leurs désirs suicidaires.
Aplati au sol, tu attendais que le second souffle passe, en remontant l’odeur en digne chasseur, dégustant d’avance une proie trop confiante. Comme une bête féroce trop longtemps enfermée, tu attends que les barreaux de ta cage s’écartent pour te laisser exploser à ton tour.

Tes griffes s’arrachent au sol, l’énergie traversant ton corps perçant des trouées de lumière à travers le nuage de fumées. Ta barrière de verre se referme juste à temps pour qu’une voix vibre sur sa paroi Est. Sans résister ? Aucun mal ? Se rendait-il compte de l’impossibilité des mots qu’il prononçait ?
Tu joues des doigts, fouettes l’air d’un bras, refermes la paume de ta main.
Des sphères, une myriade de sphères mordorées faisaient peser leur chaleur aux points clés du théâtre de l’affrontement. Un essaim de lucioles, à l’apparence aussi fascinante qu’elles étaient signe de mauvais présage. Parmi les passants en panique, la voix d’un pauvre hère s’élève par-dessus les autres. Faute à trop de falbalas, la manche de sa tunique avait effleuré l’une des lucioles, et le matériau douteux prit feu instantanément

Tu n’avais plus rien à gagner à garder qui que ce soit en vie.
Maintenant c’est pour ta survie que tu jouais.
Alors tes doigts ont claqué.
Comme une myriade de soleils, tes lucioles se sont déformées en autant de langues de feu.
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Krish Al'Serat
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MessageSujet: Re: Partie d'échecs | Roi Noir et Reine Blanche [Libre]   Partie d'échecs | Roi Noir et Reine Blanche [Libre] I_icon_minitimeMer 18 Juil 2018 - 17:07


Pourcentage de déroute:


Un essaim de lucioles ardentes s'envola de la bulle de glace, semant une panique totale. Les vêtements, les tentures prenaient feu. Les hommes du Guets se rabattaient vers l'extérieur, entrainant la populace dans les avenues pour leur jeter de la terre et étouffer les flammes. Plusieurs mages tentaient de couvrir leur retraite, de contrôler l'essaim, refroidissant l'air, réduisant les flammes, rassemblant les lucioles comme autant de braises voltigeant dans l'air. Mais la panique avait pris. Bringuebalés en tous sens, chacun tentait au mieux de rester debout et de s'éloignait de ce qui avait toute les chances de devenir le lieu d'un massacre. Les passants se heurtaient, se poussaient. Les cris retentissaient. Les capes et les tabars des hommes d'armes prenaient feu, illuminant le nuage de poussière de formes fantomatiques.

Enfin, quelqu'un réussit à faire tomber le plus gros de la brume. Le chaos apparut plus clairement que jamais. Près de la moitié des soldats en manœuvre étaient au sol pour éteindre leurs vêtements, repoussés par la foule ou commençaient à flamber à l'intérieur de leurs armures sous les gestes impuissants de leurs frères et sœurs d'armes. Des échauffourée éclataient de ci de là, les badauds paniqués se défendant et attaquant dans le simple espoir de survivre.

Rituel:

De leur côté, les silhouettes rouges restaient stoïques. La foule semblait les contourner comme le flot d'un torrent de montagne. Leurs profondes capuches pointues floutaient des visages bas et concentrés. Quatre cris. Quatre femmes tombèrent à genoux, vaincues par la douleur des brûlures qui courraient sur leur peau ou le brusque placage d'un passant paniqué. Personne ne se portait à leur secours, bien au contraire. L'une d'elle tomba en hurlant sur le bord d'une estrade, les flammes de sa toge se transmettant peu à peu au bois sec. Les autres restaient immobiles. Insensibles. elles entouraient de loin la sphère de glace en une funeste ronde. Chacune avait dans son ombre ou devant elle un protecteur, armé ou non.

- SERREZ LES RANGS ! " avait tout de suite hurlé la voix qui avait posé l'ultimatum. Debout, un peu en retrait de la cohue, un homme à la peau noire, aux cheveux blancs, aux yeux d'or et à la barbichette soigneusement taillée se protégeait le visage d'un bras. Au dessus de son plastron ouvragé, son col luisait d'un entrelacs de métal aussi fin qu'une toile d’araignée et aucune arme n'était visible sur sa personne.
- Au nom des Princes de Thaar, nous ne laisserons pas un étranger amener le chaos dans notre Cité ! ALORS SERREZ LES RANGS ! " le timbre cristallin d'une femme aux cheveux poivre et sel ne souffrait aucune désobéissance. A côté des deux sang-mêlés, une femme en rouge et noir observait la scène d'un œil morne à l'ombre de son capuchon. L'hybride aux yeux bleus leva une longue épée épée, presque trop grande pour sa fine carrure, et rugit de plus belle. " EN AVANT ! " Dans une action coordonnée, tous se jetèrent vers le mage, faiblement protégés par des mages en périphérie des combats.

Jet d'utilité de Wik:

Tandis que sa consœur et Mère Ekmir orchestraient la pluie d'acier, la défenses magiques et le rituel, l'homme désarmé regardaient toujours la foule en plissant les paupières. Après l'explosion, il ne l'avait pas vue ! Son cœur battait à grands coups sourds. Jouant des épaules et des poings contre la marée humaines, il esquivait maladroitement les coups les plus retors. Quelques masses et lames glissèrent sur son plastron, le cabossant et lui coupant la respiration du même coup. Il se pliait en deux, se redressait. Un violent coup tomba sur son épaule. Il grogna, agrippa son assaillant et le projeta au sol pour courir vers l'estrade centrale afin de pouvoir apprécier le spectacle de plus haut. Au sud de la place, un feu se propageait d'étal en scène, crachant une fumée blanche et opaque. Ses yeux s'agrandirent.

Les combats faisaient rage dans son dos, les pouvoirs du mage étranger se déchainant de plus en plus, mais il n'y prêta pas attention en replongeant dans la mêlée. Poussant, sautant, nageant à contre courant, il s'élançait dans les flammes pour finir par se jeter à plat ventre, le visage en sueur, les bras tendus vers les planches flamboyante d'une estrade à demie écroulée.
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MessageSujet: Re: Partie d'échecs | Roi Noir et Reine Blanche [Libre]   Partie d'échecs | Roi Noir et Reine Blanche [Libre] I_icon_minitimeJeu 19 Juil 2018 - 1:20


La panique. La panique jouerait en ton avantage, si seulement ils n’étaient pas à ce point habitués à la panique. La magie, la magie gronde autour de toi, contorsionnée en des airs graves et menaçant, pulsés au rythme d’un cœur mourant. La poussière tombait, et avec ainsi se dévoilaient les visages de tes agresseurs.

Encerclé. Sans échappatoire, comme un animal en cage, tes mains avaient retrouvé le sol, te donnant véritablement l’air d’une créature sauvage, s’apprêtant à hisser son dernier avertissement avant de se jeter toutes griffes en avant dans un dernier désespéré espoir de survie. La magie gronde, menaçante, excitant tes sens, excitant ce qu’il reste de ton esprit sans Souffle, te brûlant l’oreille alors que de ce qui ne sont pour l’instant que des soubresauts, le mouvement prend ses premiers élans.

Jet de dés : magie:

Petit bond, le dos de tes paumes siffle à travers l’air, et ta carapace de glace devient poussières tranchantes comme des bris de verres, soufflés avec une force déraisonnés vers ceux ayant essayé d’opposer la force à ta magie. Un court instant de répit, juste assez pour un bond, plus haut cette fois, aussi haut que tes jambes te le permettent, une inhumaine contorsion, et un plongeon la tête la première vers le sol. Tu griffes indistinctement devant toi, comme un félin enragé, pour finalement que tous, pour peu qu’ils aient pris le temps de penser, se rendent compte que ce n’était aucune forme de chat qu’émulait ton comportement, mais une bête fouisseuse.

La terre s’ouvre sous tes coups de griffe, t’avale et tremble. Tu avances sans prendre le temps de bien consolider. Tu prolonges ta chute autant que tu le peux pour que le cratère puisse t’être un semblant d’abri… et puis le temps d’un coup d’œil tu regardes vers le ciel. Tu regardes vers le ciel et tu entends toujours le grondement, tu entends toujours la menace, tu entends toujours ton cœur s’éteindre, tu entends toujours ta mort.

Maintenir la cadence.

Ton visage vient chercher ton ventre, tu te retournes d’un seul trait, tes bras et tes jambes trouvant appui sur les parois de ton terrier. Et tu les lacères. Tu y jettes des coups de serre sans retenue. Et ce que tu infliges au ventre de la terre, la surface le recrache. De larges ergots de pierre et de sable figé se soulèvent du sol de Thaar, et tranchent à travers sol, meubles et corps de manière apparemment chaotique autour de la gueule béante de ton terrier. De l’extérieur vers l’intérieur, toujours de l’extérieur vers l’intérieur, ils ramènent les proies vers les mandibules du fourmilion, jusqu’à ce que les vibrations excitent assez la bête, et que les crocs se referment.

Jet de dés : magie:

Tes doigts se croisent. De la périphérie du cercle lacéré vers l’ouverture de ton terrier, le sol est d’une froideur macabre. De sous sa surface jaillissent en cercles concentriques les dents de la mort, lames de glaces comme des gueules de Norkan, dont les dernières seront venues refermer la bouche de ton antre.

Maintenir la cadence.

Tu plonges à nouveau. Dos voûté et griffes dehors, lacérant droit devant une terre s’effondrant juste derrière. Droit devant vers la cheminée du volcan. Droit devant vers ton objectif.
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MessageSujet: Re: Partie d'échecs | Roi Noir et Reine Blanche [Libre]   Partie d'échecs | Roi Noir et Reine Blanche [Libre] I_icon_minitimeJeu 19 Juil 2018 - 9:50


État des soldats:

Rituel à la création du "terrier:

Vent et glace combinés soufflent des échardes et attisent les flammes. Un moment de flottement fatal au sein de mages en défenses, pris à revers par l'incendie. Les cris des soldats transpercés ou brulés les sortent de leur torpeur. Un ordre retentit dans la mêlée. Un bon tiers s’attela à contrôler le brasier qui envahit la place. Les autres se retournèrent pour protéger les hommes qui avaient chargés à découvert. La scène d'horreur en glaça plus d'un. Griffés, renversé, ensanglantés, une grande majorité des hommes d'arme étaient blessés.

Plusieurs corps gisaient sur le sol lorsque l'elfe s'enfonça dans la roche et la terre sans apparente difficulté. Les tremblements s'accentuent. Les estrades, les étales s'effondrent comme des châteaux de cartes enflammés. Les bâtiments alentours tanguent dangereusement. Les soldats hésitent à plonger dans le gouffre. Les téméraires qui osent franchir le pas, poussés par les lames de fond ou leur volonté malade, n'en ressortiront jamais. Un ordre de plus. Les arbalétriers et les archers font pleuvoir une pluie de flèches dans le cratère sans se soucier de leurs camarades.

-Reculez ! Hors du Cercle ! " Hurle la voix cristalline de Wydrin en essayant de ne pas s’étaler sur le sol à grand renfort de moulinets.

État de Wydrin:

Un croc se déploya à sa droite. Elle poussa son frère d'arme juste à temps pour lui éviter d'être empalé par le fondement. Dans le chaos, elle avait rengainé son épée et sautait de combattant en combattant pour tirer les blesser à l'abri. Les crocs se rapprochaient du trou béant. Il allait leur échappé !

Avec un rugissement d'effort, elle tira son espadon et couru vers le centre du cataclysme. Son bras se leva et projeta son arme comme une lance au cœur du cratère. Elle ne pouvait pas s'arrêter pour vérifier qu'elle avait fait mouche. Elle perdait déjà l'équilibre. Le vide sous elle. Le mage ennemis... Ses doigts trouvèrent une surface froide et aiguisée. Elle l'attrapa à pleine main. Un souffle froid dans son dos. Elle parfin à se projeter en avant. Les dents étranges refermaient le cratère en un grincement de givre.

A genoux sur la pierre retournée comme du sable... Les tremblements ont cessés. Le feu, les cris de peur et les gémissements de douleurs bercent seuls l'atmosphère. Des crocs de glace concentriques entourent l'hybride et ses rares hommes encore debout.

État final des soldats:

Rituel:

Deux silhouettes rouges sont proprement empalée, le dos arquée et les bras éparts. Leurs figures noires encadrées de cheveux blancs font face au soleil, révulsées. L'hybride observe toujours. Les autres prêtresses de Natha s'ébrouent peu à peu, volant au secours de leurs sœurs. Soignant les drows qui se trouvent alentours, laissant les mages civiles s'occuper des autres. Il n'en faut pas plus pour savoir que sous ou sur la terre, l'elfe s'est éloigné trop vite pour qu'elle ne réussissent à finaliser leur œuvre.

Un moment de répit... Mais pas de laisser allé.

- Occupez-vous des blessés ! Coopérez avec le guet ! Que les mages qui ne maîtrisent pas l'incendie traquent cet étranger ! Je veux avoir la certitude qu'il ne restera pas dans la Cité après ça !
- Il est parti sous les Soiries. Droit vers le Joyau. " lui lança l'une des prêtresses.

Et MER-DEUH!

L'hybride frappa rageusement dans un caillou, se rua vers la plus proche sortie du marché et sauta sur le premier cheval encore à porté.

- Gardes de la Griffe ! Guet ! Avec moi ! Il se dirige vers le Joyau ! "


Aussitôt, tous les hommes encore en état de se battre laissèrent les blessés et se ruèrent dans l'avenue qui remontait vers le Palais des Princes Marchands. La garde d'élite du Joyau devait être avertie et renforcée autant que possible. Cette fois, avec les contre-sorts du Palais, il ne s'en tirerait pas aussi facilement !!

Elle le voyait déjà débouché dans les innombrables souterrains qui formaient la base tentaculaire du Joyau. Elle n'imaginait pas que son but pouvait se trouver juste à côté. Tout juste à côté. Dans les sou-bassement du Palais d'Argent et la tour ensevelie qui abritait la Forge de l'Al'Serat. Elle n'imaginait pas qu'il puisse en avoir après ce saint des saints comme lui n'imaginait pas que ce qu'il cherchait était au plus haut étage de ce palais. Un faucon, une jeune et douce apprentie, une forge créée sur mesure et tout un étage de paperasse, de croquis, de recherches et de maquettes improbables.

Wydrin était parti la boule au ventre, essayant d'apercevoir sans succès sa vieille patronne ou son abruti de chien de garde. Même Ekmir n'était plus en vue.

Autour du Marché libre, la panique retombait. Les survivants qui n'avaient pas fuit aidaient les blessés. Les prêtres de Leetha, Kiran, Néera et Kÿria mêlaient leurs couleurs sacerdotales aux blouses des guérisseurs, des mystiques et des médecins pour sauver ce qui pouvait l'être. Les corps pour lesquels on ne pouvait plus rien étaient soigneusement rangés, traités avec dignité quelle que soit leur condition ou leur ethnie. Les prêtres d'Uriz et d'Othar mirent quelques minutes de plus à arriver sur les lieux. Leurs armes, leurs armures et leurs bures firent un rempare face aux flammes, maîtrisant sans difficulté ce que les arcanistes n'avaient put qu'affronter dans le désordre. Ne s'envoyant qu'une respectueuse haine, les différents cultes coopéraient l'air de rien.

Avec l'avancé des secours et l'extinction des flammes, des corps carbonisés ou asphyxiés étaient découverts dans les décombres de bois et de pierre.

État de Wik:

Coincé sous un amas de planche calcinée, une créature noire et gémissante était recroquevillée sur un amas de cendre. Deux médecins tentèrent de le décrocher malgré ses soubresauts. Une odeur de viande et de cochon grillé lui collait à la peau.

- Ma...aha...
- N'essayez pas de parler.

Un prêtre de Kiran, droit et sévère s'avança pour l’ausculter, bloquant le bras que le blessé tentait toujours de tendre dans la direction de son supplice. Les yeux de l'assistant glissaient pensivement dans la direction des dernières flammes. Un frémissement sur le sol. Juste là d'où on avait tiré le malheureux. Le tas de cendre... Il fronça les sourcils et approcha de quelques pas, laissant les volontaires quitter la zone avec les quelques survivants. Un genoux au sol, il effleura la surface des cendres brulantes, grognant en retirant sa main rougie. Un nouveau frémissement. La poudre grise s’affaissa, découvrant un tissus lisse... Une épaule ! Couvrant ses mains de tissus pour atténuer la chaleur, il dégagea le visage de la femme de quelques mouvements.

Des cloques naissaient sur la paume du malheureux.

Quelques grains de cendre s'envolèrent devant la bouche de l'étrange femme dont la peau ne portait pas une trace de brûlure.

Elle respirait !

- Par les dieux... Ici ! Il y a quelqu'un ! "
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MessageSujet: Re: Partie d'échecs | Roi Noir et Reine Blanche [Libre]   Partie d'échecs | Roi Noir et Reine Blanche [Libre] I_icon_minitimeJeu 19 Juil 2018 - 15:28


Tu creuses jusqu’à percer. Tu creuses jusqu’à trouver le vide, tu creuses jusqu’à trouver une chaleur plus étouffante que celle des rues de Thaar frappées par le soleil couchant. Tu frappse jusqu’à trouver la cheminée du volcan, la gorge du cracheur de feu, les boyaux d’Uriz, les galeries de Griffe Argent. Tu creuses jusqu’à ce que ta course effrénée ne rencontre plus d’obstacle, et que dans ton empressement tu te retrouves à rouler sur le sol froid d’un atelier de malheur.
Froid. Froid ! Pourquoi froid ? Où étaient les flammes de la forge ? Où étaient les batteurs de métal ? Où était Halandarin. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu te retrouvais maintenant devant une salle aussi vide que l’était ton regard ? Pourquoi est-ce que maintenant, maintenant au dernier instant de cette partie d’échecs, est-ce que tu jouais la mauvaise pièce ?

Tes paupières se plissent, le blanc de ton regard s’encre de noir, et tu pousses un hurlement perçant et éraillé, déçu. Animal sauvage trouvant une nouvelle cage à la place d’une proie, tu t’en prends à ses barreaux comme à autant de représentations de celui, de celle, qui les a forgé. Tantôt à la force des bras, tantôt à la force des jambes, usant de magie lorsqu’aucun de t’es commode, tu renverses les établis, tranche les enclumes, ronge les fours sous la morsure de la glace.
Tu trembles, sautes d’un côté à l’autre de la pièce dans des mouvements erratiques, et tes boucles d’oreilles te sont comme des fers chauffés à blanc, et les lignes ley qui te courent à la surface de la peau te sont comme des tracés de charbons ardents, et tu hurles de plus belle, déverses ta frustration sur les murs, tranches de larges marques de griffures sur ton passage, et tu remontes.
Tu remontes comme une furie à travers le bâtiment, décidé à y laisser la trace de ton passage, que la Princesse Marchande se souvienne chaque fois qu’elle pose le pied dans sa demeure du danger que représente les elfes. Un elfe.

La blondeur de tes cheveux se fait de plus en plus flamboyante, les figuratives griffes avec lesquelles tu avais tranché la croûte de Miradelphia jusqu’ici se font tangibles. Les flammes et la pierre te lèchent la peau, te remodèlent l’épiderme pour en faire une caricature rougeoyante de celle des Eldéens, se cristallisent autour de ton seul vêtement pour en faire une armure, et ainsi tu commences ton ascension dans ce labyrinthe d’opulence, en tant que sorcier porteur d’un proche apocalypse.

Les lances de glace trouvent les cœurs. Les lames de pierre tranchent les jambes. Les flammes dévorent les visages et en liquéfient les chairs, sans qu’aucune des pauvres âmes piégées dans cette fourmilière en pleine noyade ne trouvent la mort. Il n’y a qu’un seul corps que tu cherches à détruire. Il n’y a qu’un seul faciès que tu hais dans cet endroit, et il est malheureusement omniprésent. L’une après l’autre les représentations de Krish telle qu’elle était avant trouvent d’épouvantables morts, des œuvres d’art, prix d’années à amasser richesses et talents partent en fumées en même temps que les pans d’escaliers et de murs sur lesquels s’accrochent tes griffes.

Jet de dés : Chance:

Jet de dés : fluff:

Du bas vers le haut, d’entrées en sorties, tu collectionnes fuyards et adversaires impuissants dans ta folie destructrices. Du bas vers le haut tu accumules en voix, en cris, en sommations, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus un couloir silencieux, plus une seule salle où l’on entende pas les appels à l’aide de serviteurs se pensant avoir été miraculeusement épargnés par un esprit vengeur, jusqu’à ce que les cris parviennent à son oreille, et que son orgueil se trouve chatouillé.
Nul de plus à propos qu’un homme d’armes pour forger. Nul de plus compétent que celui qui sait se servir des masses et des lames pour donner naissance aux plus splendides d’entre elles. Halandarin n’avait rien à envier à certains des plus féroces des guerriers de la garde de la Princesse Marchande, et il l’avait mainte fois prouvé. Halandarin n’avait rien à envier ni aux militaires de son peuple de naissance, ni à ceux de son peuple d’adoption, et les vies qu’il avait pris au cours des guerres, depuis l’autre face du Voile en étaient toutes témoin.
Seulement la férocité et la force d’Halandarin, surtout lorsqu’il se mettait en chasse de forces aussi destructrices que lui-même, était bien peu souvent synonyme de finesse.

Vous aviez cela en commun.

Jet de dés : sensibilité:
Jet de dés : magie:

Un râle, un grognement, la lourdeur de quelques pas avaient suffi.
Les flammes et la pierre te recrachent. Tu veux accueillir ton ami les yeux dans les yeux. Tu veux qu’il voie la colère et la peine que tu as traversé pour venir à sa rencontre. Tu veux qu’il voie la tristesse. Tu veux qu’il voie la résignation. Tu veux qu’il voie la contrainte.
Tu veux qu’il reconnaisse ton cœur avant de reconnaître tes traits. Tu veux qu’il n’ait le temps de reconnaître que ton cœur avant que tu ne puisses l’embrasser, et le sauver.

Le sauver de lui-même.

Tu lances ton bras droit vers l’extérieur.

Une liane minérale jaillit du mur pour se ficher en travers du crâne du Toer Tamindal.

Tu laisses retomber ta main à ta hanche.

Les épines de la Rose se dévoilent, achevant de mortellement creuser les chairs de ton ami.

Tu n’as plus rien à faire à Thaar.
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MessageSujet: Re: Partie d'échecs | Roi Noir et Reine Blanche [Libre]   Partie d'échecs | Roi Noir et Reine Blanche [Libre] I_icon_minitimeJeu 19 Juil 2018 - 21:59


De la fumée, des flammes et des cris... Mais pas au Joyau, non.

Wydrin était restée ébahit face au spectacle de son foyer hurlant sous le soleil de l'après midi avant de reprendre en mains la situation autant qu'elle le pouvait encore. Les gardes des propriétés alentours étaient sortis. Les curieux emplissaient la rue, rendant difficile le passage de la Capitaine de la Garde d'Argent et de ses vingt subalternes. Le guet et les mercenaires étaient restés au Joyau sur ordre des Princes Marchands. Quoi de plus normal ? Mais en attendant, ils étaient bien peu pour protéger la demeure de leur foutue patronne. Wik avait insisté pour que des pièges et des embuscades soient préparées hors des soieries. Avec ce qui venait d'avoir lieu au Marché Libre, il ne devait y avoir qu'une dizaine de gardes dans tout le palais en plus de mages civiles. Juste de quoi secouer les puces des esclaves en cas de besoin.

Elle poussait les nobles négociants de la cité à grands renforts de cris pour atteindre la grille principale. Fermée. Les deux gardes habituellement en faction avaient déserté. Faire sauter les gonds prendrait trop de temps. Le petit groupe fit le tour de la propriété vers la petite entrée de service. La porte en était blindée mais souffrait de quelques défauts que Wydrin connaissait bien pour en avoir fait plusieurs fois la remarques à son cher intendant lors de ses vérifications de sécurité... Mais ils n'eurent même pas à forcer le passage. Elle était grande ouverte. Les traces dans la farine renversé et la poussière montraient distinctement qu'une cohue avait tenté de sortir précipitamment, mais personne ne semblait être entré. Une rébellion ? Non... Impossible. ça n'aurait pas suffit à déborder ses hommes. Et les tremblements tout comme le feu n'était pas de leur ressort.

- Arme au clair. Devon, tu me secondes. On avance en deux groupes et on joue pas aux héros. "

Devon, un humain Vaani jusqu'au bout des ongles, aurait bien aimer lancer un bon mot sur le fait qu'il était difficile d'être plus téméraire que leur Capitaine, mais l'état du palais faisait peser une tension palpable. Les gardes ne vivaient pas sur place, mais la plupart avaient été sortis de la rue par Wydrin ou la Princesse Al'Serat. Ils n'avaient rien de mercenaires et ils avaient été entrainés, dégrossis, armés et payés. Leur loyauté était calculée, mais elle n'en était pas moins réelle.

Wydrin pénétra en première dans le couloir. Les communs. Déserts. Les repas et les affaires avaient été laissés pêle-mêle, mais il ne semblait pas y avoir eut de combat. C'était comme si quelque chose les avaient poussé à foutre le camp. Pour l'avoir elle-même éprouvée à maintes reprises, la seule possibilité qu'elle voyait était une peur viscérale de la mort. Quelque chose de sin instinctif et primaire que même les conséquences d'une faute envers son maître ne comptaient plus. Elle déglutit, espadon en main. L'arme était plus lourde que sa lame habituelle mais un confrère du Joyau avait été suffisamment aimable pour la lui prêter. C'était mieux que l'épée courte qu'elle avait à la ceinture.

A pas rapides, le dos constamment protégé par ses hommes, l'hybride passa dans les différentes pièces des communs. Rien. Ils sortirent dans la cour. Les portes et les murs de l'écurie avaient été défoncés à coup de sabots mais les cris et les flammes tourbillonnaient toujours dans le bâtiment principal. Passant par l'Atrium, ils pénétrèrent dans le grand salon... Et s'immobilisèrent un instant.

L'un des gars se retourna pour vomir. Le spectacle était apocalyptique. Les murs tenaient encore mais des lacérations les parcouraient d'un bout à l'autre. Des gravas en avaient été détachés. Les meubles flambaient tout comme les tentures. La fumée qui emplissait l'air piquait les yeux. Tous remontèrent les cols de leurs capes sur leur nez comme ils l'auraient fait dans le désert.

Plusieurs esclaves en toge blanche gisaient au sol, assommés ou légèrement blessés dans leur fuite et leur panique, mais personne ne semblait les avoir touché. Par contre, par la porte éclatée, on voyait deux gardes en armures gisant dans le hall, réduis à l'état de bouillie par les pierres qui avaient arrêté leur charge aveugle de l'attaquant. Les boucliers des gardes se levèrent au moment ou une ombre de feu et de pierre se projetait vers l'escalier menant aux étages.

- Mission prioritaire : l'évacuation des survivants. Devon, une fois ceux là en lieu sûr, inspectez les sous-sol.
- Bien Capitaine.
- Zephir, Garance, avec moi. " lança-t-elle a ses gars, gardant le timbre pas pour ne pas alerter la chose qui hantait ces murs.

Ils grimpaient les marches d'un bon pas, veillant à maintenir leur formation. Leurs yeux épiaient l'air opaque. Leurs gorges cherchaient de l'air. Plusieurs fois, ils durent se hissés les uns les autres à cause d'escaliers effondrés. Le tremblements irréguliers ébranlaient de temps à autre la structure du palais, faisant tomber un linteau en feu ou une dalle d'une tonne.

Un rugissement. Puis ce fut le silence et le calme complet. Sur le palier du deuxième étage, Zephir aidait Garance à prendre pied sur les quelques marches entre intactes. Wydrin leva les yeux. Le troisième. ça venait du dernier étage. Elle tendit l'oreille. Mais rien. Plus rien.

Le dernier escalier était intacte. Le dernier étage beaucoup moins. Un souffle de vent enflammé semblait avoir décroché, mélanger et racorni jusqu'à la plus infime feuille de papier, jusqu'à la dernière maquette de bois. Les meubles étaient pourtant intacts... Et dans le salon gisait le corps massif d'un elfe en armure, le crâne éclaté par les épines surdimensionnées d'une unique rose blanche teintée de rouge.

Garance et Zephir s'arrêtèrent net. Wydrin se rusa jusqu'à la fenêtre ouverte. Là encore, elle ne vit qu'une ombre disparaitre dans la rue qui passait derrière les propriété les plus fortunées du quartier pour permettre aux livraisons de ne pas passer par l'avenue.

- Nord-Est... " nota-t-elle pour elle-même en serrant les dents.
- Vous voulez que nous lui donnions la charge ?
- Inutile. Il est déjà trop loin. Il faudra voir avec le Conseil et le Guet pour organiser des battues. " Les yeux bleus de l'hybride se posèrent sur le corps de l'elfe sans montrer le moindre frémissement de compassion. " Redescendons. Il faut retrouver les esclaves en fuite, faire un état des lieux, renforcer la sécurité et aider les blessés. D'ici ce soir, je vous promet que la tête de cette chose sera mise à prix dans toutes les Principautés, des côtes brulées à Naélis. "
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MessageSujet: Re: Partie d'échecs | Roi Noir et Reine Blanche [Libre]   Partie d'échecs | Roi Noir et Reine Blanche [Libre] I_icon_minitimeVen 20 Juil 2018 - 4:10


De la bête en colère tu es devenu la bête en fuite. Libéré des chaînes du devoir, ce sont celles de l’épuisement qui menacent maintenant de t’enserrer. Les énergies te brûlent les entrailles, ton sang te donne l’impression de bouillir, mais tu ne peux pas laisser retomber le tempo maintenant. La magie t’es douloureuse, mais il n’y a qu’elle pour te tenir dans ton échappée. Ce sont tes muscles les grands responsables de ton mal. C’est ton corps, soumis à l’effort depuis trop longtemps qui peine à suivre les requêtes de ton esprit, mais tu ne peux pas t’arrêter maintenant. Pas maintenant. Ni plus tard. Il te fallait te sortir de ce bourbier, atteindre des contrées où l’autorité Marchande Vaanie s’émoussait.

Tu traverses la ville à toute hâte, profitant des moindres plateformes assez rapprochées pour prendre de la hauteur. Tables, présentoirs, sculptures, murs, fenêtres et balustrades ne sont qu’autant de prétextes à prendre de l’élan à travers la jungle urbaine. Les labyrinthes que fuient comme la peste les non-habitués te sont une aubaine, les ruelles les plus étroites font ton bonheur, parce que ta magie est mouvement et que ton mouvement est magie. Tu es tour à tour un elfe zébré de veines d’or incandescent et un trait de givre fendant les airs jusqu’à ce que son inertie ne meure.

Tu t’éloignes à grands bonds, et plus tu t’éloignes, plus ton cœur bat vite, parce que s’éloigner, c’est goûter à une liberté qui pourrait être tienne, mais qui ne t’es pas promise. Plus tu t’éloignes moins les regards des passants sont insistants. Plus tu t’éloignes moins la panique semble les prendre. Plus tu t’éloignes plus la peur remplace la panique, l’inquiétude remplace la peur, la surprise remplace l’inquiétude, le mépris remplace la surprise, l’ignorance remplace le mépris. Plus tu t’éloignes, et moins courir fait de sens. Plus la tension baise, et plus il devient judicieux de marcher. C’est dans les allées où les pas s’allonges que l’on donne la chasse en premier. Ajouter un comportement mémorable à une apparence mémorable n’est pas une bonne idée.

Des m’as-tu-vu qui cherchent la mort, les bas-quartiers de la Principauté de Thaar en voyaient tous les jours. Les criminels fuyant leurs méfaits, les bidonvilles ne les contaient plus. Chaque jour les catins partageaient leur intimité avec des meurtriers, chaque jour des voleurs bordaient leurs enfants, chaque jour des menteurs chantaient ce qu’ils appellent vérité avec d’autres menteurs. Alors pourquoi pas toi ?

Tu trébuches. Tu t’étales au sol. Tu roules dans la poussière jusqu’à un mur proche. Le souffle coupé par le choc, et ayant grand mal à repartir, tu te trouves forcé de voir la réalité en face. Tu ne peux pas continuer ainsi. Tu es trop épuisé pour quitter la principauté à temps. Il faut que tu te reposes. Il te faut un abri. Il te faut un abri et ce ne sont pas les Vaanis qui t’en fourniront un sûr, et surtout pas la gente modeste du pays. Les gens modestes du pays te livreraient certainement pour deux sous pour peu que la garde le leur demande… s’ils osaient même réclamer deux sous aux milices des puissants.

Il te fallait ton abri. Là où les yeux ne portent pas et là où les oreilles ne s’attardent pas.
Quelque part dans les bas quartiers, là où les regards se sont faits rares, tu t’es creusé une tanière et  l’as soigneusement refermée. À la surface tu n’es plus relié que par quelques minuscules évents, de quoi ne pas étouffer, et alors, trop préoccupé par la vibration lointaine des pas et des voix pour t’endormir même à moitié, tu t’es autorisé à prendre le temps de souffler.
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