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| Renaître pour ne pas disparaître [pv] | |
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Francesco di Castigliani
Humain
Nombre de messages : 244 Âge : 224 Date d'inscription : 04/05/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 52 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Renaître pour ne pas disparaître [pv] Dim 5 Aoû 2018 - 11:05 | |
| milieu deuxième ennéade de Karfias, an X, XIe cycle Port et cité d'Ydril, ainsi que Peyredrac, la forteresse des Comtes L'astre solaire, en son zénith, surplombait la cité d'Ydril et l'enveloppait d'une désagréable chaleur suffocante. Même les vents de l'Eris ne parvenaient à apaiser la ville et ses habitants, qui à défaut de pouvoir profiter du bon air, se calfeutraient dans les maisons en attendant les dernières ardeurs et les premières brises. De fait, il était rare de voir des badauds se risquer à arpenter les grandes rues préférant assurément les ruelles étroites et leur douceur relative. Du haut d'une des tours de Peyredrac, la forteresse comtal, Francesco observait cette cité qui semblait avoir vite repris sa vie d'avant, feignant d'ignorer le drôle de jeu qui s'était déroulé quelques jours auparavant. De là où il était, l'Amiral guettait l'entrée des navires marchands dans le port en contre-bas. Dès lors que la Marine Royale eut regagné la cité, l'on avait guère tardé à revoir débarquer des vaisseaux arborant aussi bien les couleurs du Royaume que celles de l'estrévent. Sans nul doute, ces marchands firent leur profit de l'année en débarquant leurs cargaisons sur les quais à tel point les habitants se précipitèrent comme des sauvageons à leur rencontre. Quand bien même ces derniers n'avaient point manqué trop durement durant le siège, les craintes de rationnement n'avaient cessé de provoquer des psychoses dans les esprits. Pour cette raison, le retour du pouvoir royal fut chaleureusement applaudi. Qu'adviendrait-il alors de ces applaudissements une fois l'arrivée de l'armée royale ? Car il se disait que celle-ci avançait à bonne allure dans les vicomtés se soumettant sans combattre.
Francesco les attendait avec impatience. Il était pressé de regagner l'Olienne pour y retrouver son fils convalescent resté à Port-Cinglant. Massimo avait échappé à la mort de peu, et pour cette raison, il ne cesserait de remercier Tyra de lui avoir laissé son garçon. Une fois remis sur pied, son fils le rejoindrait pour entreprendre les grands travaux dont il avait eu l'idée.
– Ydril a regagné son calme, remarqua Ernesto à ses côtés. Ses habitants vous doivent beaucoup.
Francesco grimaça en entendant les derniers mots de son second. Ernesto était un marin expérimenté, loyal et franc. Mais cela n'en faisait assurément pas un stratège, ni un homme sachant gouverner.
– Ces gens n'ont que faire de savoir qui les gouverne du moment qu'ils peuvent continuer à vivre leur vie. Ils ne me doivent rien.
Sans se démonter, Ernesto reprit.
– D'autres que vous auraient souhaité que l'on purge la cité de tous ses félons ayant rejoint le Sans-Terre, et ce, sans forcément faire la différence entre le bon grain de l'ivraie. En ce jour, les pavés des ruelles seraient probablement recouvert de sang. Pour cette raison, ils vous doivent...
Touché par cette réflexion, Francesco tâcha de garder sa mine habituellement renfrognée. C'est dire qu'il n'était point habitué à assiéger des villes et y rentrer. Gouverner, pour lui, se limitait à diriger un navire où plusieurs afin de manœuvrer dans les mers et les océans. Hors, depuis son entrée dans la cité, les rapports n'avaient cessé de pleuvoir, faisant de lui l'intendant provisoire d'une ruche possédant des milliers d'âmes. En premier, il y avait eu une longue procession des notables de la ville et des environs venus dans le but de quémander le pardon royal en affichant leur infaillible loyauté. Pour eux, les réponses furent la même : Seul le Roy le peut. Ensuite, il était arrivé d'autres bourgeois, marchands et grands propriétaires, venus s'assurer que le retour dans le giron royal ne les priverait pas de leurs biens acquis durant la courte ère du Sans-Terre. Conscient qu'il n'était là qu'à titre provisoire, il leur promis à tous de reléguer leurs requêtes à celui qui serait mis à la régence de la ville. A celui-là, il lui souhaiterait bon courage avant de regagner l'océan.
– Tu as sans doute raison, Ernesto... Mais sans la promesse tenue du Roi de Naelis, il n'y aurait aujourd'hui plus un badaud pour se rendre compte de quoique ce soit. A cela, tu peux en être sûr, je n'aurai guère hésité à faire tomber le feu sur la cité si l'on ne m'avait point laissé le choix. Ce que nous voyons dès lors, n'aurait été qu'un tas de cendres et de ruines sans que l'on y trouve âme qui vive.
– Ydril est chanceuse.
– Ydril a une occasion de renaître, ce que d'autres dans le Royaume n'ont point eu.
C'était le cas de Port-Cinglant, qui avait brûlé presque intégralement, laissant ses habitants démunis et obligés de vivre dans la plus grande précarité. Ceux-là, il ne les plaignait pas. Car une grande majorité avait aidé de près où de loin les rebelles à se défaire de l'autorité royale. Ils n'avaient que ce qu'ils méritaient. Ce qu'il regrettait néanmoins, c'était ce qui avait entraîné une telle chose et une telle haine du Roy, sans que ce dernier n'y comprenne quoique ce soit du fait de son petit âge. Non, d'autres hommes, étaient responsables de la déliquescence du Royaume. A cause d'eux, le pire depuis des décennies leur était arrivé. Il ne restait plus qu'à savoir si ces derniers seraient correctement jugés et paieraient pour leurs manquements et leurs crimes. Seul l'avenir le dirait.
– Que ferez-vous après tout ça, Amiral ?
– Je l'ignore, tout comme j'ignorais que l'on m'avait nommé Amiral depuis plusieurs ennéades.
– N'avez-vous donc point d'idées, signore ?
– Si, quelques-unes, concernant notamment l'archipel de Nelen et la flotte royale, avoua-t-il. Et une autre, bien plus personnelle.
Son regard se porta loin vers la ligne d'horizon, guettant le moindre petit point noir qui aurait pu apparaître.
– Qu'est-ce donc ?
– Montecale, vous vous souvenez ?
– Fort bien oui, j'étais à l'école navale avec lui.
– De source sûre, j'ai appris que le capitaine s'en était allé à la découverte d'autres rivages et de terres inconnues.
– Il est peu probable qu'il y parvienne, ce ne sont que des légendes... et puis, il est possible que son équipage finisse par mourir de faim à force de voguer seul au gré du vent. Combien sont donc partis sans jamais revenir ? Vous n'y songez tout de même pas, signore ?
– Je ne saurai te répondre, l'ami... Mais Montecale est sans doute le meilleur navigateur qu'ait connu le Royaume depuis des siècles. S'il y a un homme capable d'accomplir une telle prouesse, c'est bien lui.
– Alors vous pensez vraiment qu'il peut exister d'autres terres ?
– Je ne le pense pas, j'en suis certain. Et si l'on m'en donne l'occasion un jour, j'irai sans même me retourner, tu peux en être sûr. Là-bas, à des milliers de lieux, nous pourrons rebâtir et renaître comme Ydril aujourd'hui. Le comprends-tu Ernesto ?
Son second sourit à son tour, en regardant la ligne d'horizon. Tout comme lui, l'océan l'appelait lorsque la terre lui commandait de la quitter.
– Gardez-moi une place dans votre équipage si jamais vous partez.
Mais bientôt, Ydril serait gagné par l'armée royale, qui entrerait à son tour en conquérante. Francesco était certain que la cité jouissait passablement de ses derniers jours de douce quiétude. Même pour lui, les choses viendraient à se compliquer. La guerre étant terminée, d'autres combats l'attendaient. En commençant par un face-face avec celui qui dirigeait désormais le Royaume des Hommes. Qui savait ce que ce dernier pensait de la situation à Soltariel et de son implication dans l'histoire ? Pour le savoir, il ne lui restait plus qu'à attendre.
Dernière édition par Francesco di Castigliani le Mer 15 Aoû 2018 - 11:10, édité 1 fois |
| | | Aymeric de Brochant
Humain
Nombre de messages : 714 Âge : 33 Date d'inscription : 22/02/2014
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 35 ans Taille : 6 pieds Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Renaître pour ne pas disparaître [pv] Mar 7 Aoû 2018 - 9:11 | |
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5ème jour de la 3nde énéade de Karfias, 11ème année du 11ème cycle.
Près d'une énéade après que l'Amiral ait établi ses quartiers, on put en effet apercevoir l'oriflamme diantraise poindre à l'horizon, et alors que la nuit tombait sur Ydril, apportant à grand peine quelque fraicheur bienvenue, les troupes royales menées par le Régent pénétrèrent dans le plus grand port de la Péninsule. C'était une troupe bien différente de celle qui avait maté la Treziate et arraché aux ydrilotes leurs fortins. La capture d'Altiom et les redditions subséquentes avaient eut cet effet de démobiliser bien des hommes, car fort de son succès, Aymeric décréta la mansuétude. Il eut été fol d'accabler une populace bien trop prompte à rendre les armes ; on interdit la pillerie et restreint la rançon.
Inévitablement, pareille retenue ne manqua de susciter la grogne parmi la soldatesque. Si certains avaient rejoint l'ost dans le but de prouver leur loyauté envers le Roy - celle là même qu'ils s'étaient bien gardés de démontrer le glaive à la main durant trois années -, bien vite le noble but s'estompa, rendu caduc par la victoire assurée. L'insurrection s'était effondrée sur elle-même, quelle bravoure restait-il à démontrer ? Dès lors, seule la promesse d'un butin généreux prélevé sur un ennemi en débâcle avait retenu les hommes, mais cela aussi on leur avait ôté. Tout cela, le duc l'avait pressenti et redouté - c'était la raison pour laquelle il avait tenu secrète l'entente convenue entre Naelis et Diantra quant au sort d'Altiom Zadar. Adonc, plutôt que de risquer l'insubordination ou la mutinerie, Aymeric avait congédié ses auxiliaires du Sud et d'ailleurs, conservant uniquement avec lui ses grognards nordiens, vétérans de toute ses campagnes dont il n'aurait à se soucier de la discipline, et les plus fraiches troupes diantraise, auxquelles un peu de marche ferait assurément les pieds.
C'était à la tête d'une portion de cette armée hétéroclite, l'autre ayant été menée par Evrard dans le Calmerrèse, qu'Aymeric fit ainsi irruption dans les venelles ydrilotes. Si le comté n'avait fait long feu, le Régent, s'était figuré une résistance opiniâtre des bourgeois, aux oreilles desquels les promesses d'Altiom-sans-terre avaient été de véritables sirènes. On l'avait cependant précédé. Voyant flotter au sommet de Peyredrac l'étendard au Kerkand ailé de la maison d'Ivrey, Aymeric apprit bien vite les menées de son Amiral, qui s'était rendu maître une énéade auparavant de la cité. Assurément, Roderik ne s'était pas trompé lorsqu'il avait loué les talents de l'homme, qui hier défendit Nelen contre les pirates estréventins, négociait auprès du Roy de Naelis son abandon et aujourd'hui chassait d'Ydril la sédition.
Cet homme, Aymeric s’apprêtait à le rencontrer. Il avait tâché d'en apprendre le plus sur lui, notamment par l'entremise de son chancelier personnel, qui avait passé près d'un an à la cour soltarii - néanmoins, le duc n'avait jamais rencontré Francesco. La chose s'accomplit enfin, quand pénétrant sous les dômes de Peyredrac, notre héros se porta au devant de son commensal. On s'était épargné une cérémonie trop formelle - n'était-ce pas après tout une simple collation entre deux officiers du Roy ? Une menue séance de travail ? Un board-meeting ?
« Salut à vous, seigneur François! lança le duc alors qu'il abordait l'amiral. Je suis fort aise d'enfin vous rencontrer ; parbleu, sa Majesté le Roy peut se féliciter d'avoir un sujet si gaillard, et je ne peux être qu'apaisé de savoir les navires du Royaume entre vos mains. Vous avez rendu de grands service au Roy, seigneur François, et celui-ci vous en est reconnaissant. Je vous en suis reconnaissant. »
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| | | Francesco di Castigliani
Humain
Nombre de messages : 244 Âge : 224 Date d'inscription : 04/05/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 52 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Renaître pour ne pas disparaître [pv] Mar 7 Aoû 2018 - 10:09 | |
| Il fallut attendre une ennéade de plus pour que l'ost royal parvienne enfin jusqu'à eux. On les avait attendu et préparé leur arrivée avec grande hâte et impatience. Et pour ce, les habitants décidèrent spontanément de garnir les allées et autres venelles de fleurs colorées et parfumées. Francesco les avait laissé faire, flairant ainsi leur volonté de renouer avec le Roy où bien de demander pardon. Adonc, Ydril prit des airs de fêtes en étant parés de ses plus beaux atours. Rien avoir avec l'ambiance délétère qui avait régné le jour de son arrivée. Il ne s'en formalisa pas et se garda bien d'intervenir dans les tentatives ydrilotes. Mais en connaissant l'homme fort du Royaume de réputation, il était fort peu probable que ce dernier ne se laisse amadouer si facilement par quelques plantes, artistes de rues et décorums.
Le jour de leur arrivée, pourtant, tout se passa sans encombres et la soldatesque royale défila devant des badauds amassés. Francesco et les autres capitaines royaux, attendirent le régent aux bas des marches de la forteresse. Un calme solennel planait dans les rangs en même temps que les étendards se soulevaient à la moindre brise. L'Amiral se tenait ainsi devant tous les autres, possédant dans l'une de ses mains la clé de la cité. Plus symbolique qu'autre chose, elle n'était pas là pour rien. Les notables lui avaient donné dès son arrivée. Il ne lui resterait donc plus qu'à la redonner au Régent avant de pouvoir regagner l'Océan.
La herse se leva et les cors annoncèrent l'entrée imminente du nordien. Francesco le vit franchir les portes en premier. La stature droite et l'allure fière, Aymeric de Brochant, qu'il ne connaissait que de loin, fit son apparition et vint le saluer avec toute l'aisance imaginable et possible de celui qui pouvait se targuer de diriger le Royaume.
– Votre Altesse régente, répondit-il en s'inclinant, c'est un plaisir partagé que celui de vous rencontrer, messire. Vos mots me flattent et votre reconnaissance m’honore, mais je ne suis qu'un artisan du Roy, ayant participé tout comme vous le fîtes, à la restauration du Royaume.
Il n'avait point fait remarquer qu'il se nommait Francesco et non François. Mais pour un nordien, la chose devait être aussi difficilement prononçable que pour eux lorsqu'il s'agissait d'épeler un vieux prénom d'Oesgard. Alors, faisant fi de ce minime incident, Francesco tendit la grande clé bronzée incarnant la récupération d'Ydril.
– Votre Altesse, voici les clés de la cité. Qu'en ce jour et devant tous, Ydril redevienne l'un des enfants du Royaume, émit-il. De nombreux hommes fidèles à notre Roy sont morts pour que cet instant ait lieu. Adonc, messire, je ne manquerai pas de partager vos mots à tous ceux qui ont aidé à la reprise de cette cité.
Il s'avança vers le Régent.
– Souhaiteriez-vous découvrir la forteresse des comtes, messire ? L'on jouit d'une forte agréable vue du haut de la plus grande tour qui sert de repère pour les marins en perdition. Les oreilles s'y font d'ailleurs moins nombreuses, pour ne pas dire inexistantes.
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