Moderniser la pâtisserie | Gaël de Laval

Missède.

Victoria connaissait peu à propos de cette baronnie. A vrai dire, les seules informations à sa disposition n'était autre que les légendes culinaires du pays. C'était sans doute cette curiosité qui l'avait poussée à rencontrer la baronne à Diantra, le mois dernier. Une rencontre fortuite, qui dura que peu de temps et où les deux jeunes femmes avaient discutés de tout et de rien. Bien loin des classiques rencontres diplomatiques; cette fois-ci, il ne s'agissait que de deux pipelettes de femme qui partageait quelques tartelettes à l’heure du thé.

La guerre en Ydril étant achevé, la comtesse était retournée à ses pénates et avait entreprit à baisser le ban tout en s'attelant à ce que le comté reprenne un tant soit peu ses habitudes en temps de paix. La prochaine étape n'était autre que le procès du couple ducal mais aucune date n'avait encore été fixée.

C'est tout naturellement que Victoria décida de reprendre contact avec la baronne de Missède. De nouveaux échanges commerciaux ne pouvaient être que bénéfiques en ces temps d'après-guerre.

Au 1er jour de la 4ème ennéade
Karfïas, deuxième mois d'été
De l'an 11 du 11ème cycle

A son Honneur, Cécilie de Missède, Baronne de Missède

Ma Dame.

Notre précédente rencontre à Diantra m’a laissé un agréable souvenir, c’est donc avec plaisir aujourd’hui que je noircis ce vélin à votre attention.

Sachez, Ma Dame, que je vous apporte dans un premier temps, une bonne nouvelle: la guerre est terminée. Le traitre Altiom Sans-terre a été livré à notre bon régent par les hommes du royaume de Naelis. Les cités se sont rendues une par une à la vue de la puissante coalition qui faisait marche sur eux.

Dorénavant, nous pouvons enfin penser à autre chose qu'à la guerre, et pour nous, gens du sud, cela nous offre enfin la possibilité de reprendre ce que nous faisons de mieux; des accords commerciaux. J'ai la profonde certitude que de nouveaux échanges entre nos deux pays ne peuvent être que bénéfiques pour chacun.

J'ai une multitude de projets intéressants que je souhaiterais vous soumettre. Je me rends justement dans le Langecin d'ici quelques ennéades. Peut-être pourrions-nous en profiter pour nous rencontrer à nouveau?

Dans l'attente, Ma Dame, que les cinq vous guident.

Victoria di Maldi
Comtesse de Sybrondil
Vicomtesse d’Aphel

HRP:

Une réunion est prévue aujourd'hui. Un conseil composé uniquement de deux personnes, toi même évidemment mais également ton vieil ami d'Heucville qui te soutient depuis ta prise de fonction. Hier soir avant que le Soleil ne disparaisse complètement, tu as eu une discussion avec lui sur l'avenir de la Baronnie et vous en êtes arrivé à la conclusion qu'il fallait mettre en oeuvre des réformes et des travaux importants et c'est donc cette raison qui amena la tenue d'une réunion de travail. Lui est assit à un bureau, toi tu fais les cent pas en dictant.

_ Bien nous allons commencer par nous pencher sur la réorganisation des terres de Beaurivages. Premièrement il nous faut beaucoup plus de ressources céréalières, nous importons beaucoup trop du Nord et de l’Estrévent. L’objectif est que nous produisions soixante pour cent de notre consommation. Ce sera difficile d’atteindre ce chiffre mais plus on visera haut, mieux ce sera. Nous allons répartir les terres par production, ce sera à la Maison de Beldaim que reviendra cette charge. Ils devront décupler leurs terres agricoles et pour cela il va falloir les aider. Nous offrirons des parcelles en contre partie d’obligations. Sur chaque parcelle, le nouveau propriétaire devra produire les céréales que nous lui demanderons de produire. Je laissera les Beldaim choisir ces productions, il nous faut impérativement du blé et de l’orge qui se développeront bien dans notre climat.

_ Très bien je note mais comment allons nous attirer ces gens et comment financeront-ils tout ça ?

_ Il faut attirer en premier lieu les bourgeois et les nobles fonciers. Tevasque possède ces terres et offrira la possibilité à qui le souhaitera, de développer une ferme. De là ce sera au propriétaire de construire sa ferme et de s’occuper de ses champs. Nous n’allons quand même pas prendre en charge tous les frais non plus !

_ Je note, je note…

_ Passons ensuite aux Deux-Havres, je souhaite exonérer d’impôts pendant deux ans tous les propriétaires possédant cent ruches. Et dans le même temps chaque propriétaire de moins de cinquante ruches recevra le financement nécessaire pour en créer dix de plus. J’ose croire qu’en aidant un peu ces gens, leur production grimpera. Pour pousser cette aide, les nobles sans terres de toute la Seigneurie devront s’acquitter d’un impôt qui durera trois ans et qui servira à payer cinquante pour cent des aides que nous accorderons aux ruches.

_ Très bien, les ruches c’est écrit.

_ On enchaîne avec Charmeroux. Je veux qu’on encourage les bourgeois et nobles sans terres de Chiard et Beaurivages à acheter une parcelle là-bas. En contre partie les deux premières bêtes leur seront offertes.

_ C’est peu…

_Eh bien rajoute qu’ils ne paieront leurs terres que moitié prix dans ce cas. Terminons avec Chiard et Beaurivages. Nous allons jouer sur la fiscalité, je souhaite que pour chaque maison construite à partir d’aujourd’hui dans les deux villes, le propriétaire soit exonéré d’impôts six mois par an pendant quatre ans. Je souhaite aussi qu’on encourage les tisserands à créer des manufactures dans ces villes. Pas d’avantage ou d’inconvénients pour eux, joue plutôt sur le côté portuaire et l’absence de coûts de transport. Et pour terminer avec Beaurivages, je veux que tu mandates des experts pour trouver un endroit propice aux marais salants sur notre Seigneurie… Cela peut toujours servir.

_ Très bien tout est noté, je transmets tes ordres aux vassaux.

_ Dis leur que Beaurivages s’engage à prendre en charge trente pour cent de leurs dépenses liées à tout ce que je viens de te dire.

_ Ce sera fait.

Et voilà, premièrement il faut se concentrer vers les productions agricoles. Afin d'envisager des politiques complexes et à la portée lointaine, il faut d'abord avoir des bases solides et à tes yeux "bases solides" rime avec "champs prospères". Vin, miel, orge, boeufs... tout cela doit tourner à plein régime pour que le secteur primaire soit suffisamment développé pour envisager attaquer le secteur secondaire. Quand le peuple est bien nourri, on peut ensuite le vêtir. Les manufactures suivront. Et une fois le peuple vêtu, on lui ouvre un compte en banque.

_ Je veux également que tu prépares un plan de production naval pour augmenter notre flotte commerciale de dix pour cent et construire de nouveaux navires de guerre. Nous allons axer notre politique sur le commercialisme et il nous faut suffisamment de biens à exporter et de navires pour les transporter.

_ Je verrai avec les professionnels de Chiard et Beaurivages.

_ Très bien, très bien… J’avais aussi une autre idée qui me semble bien. Je souhaite créer deux guildes, deux corporations. Elles auront le monopole dans tout Missède. La première sera la corporation de pêcheurs qui se chargeront de l’exploitation des ressources marines et qui aura ses propres règles. Ils devront référer leurs agissements à Missède et Beaurivages. Après tout ce sont nos eaux.. Et sur le même schéma je pensais à une corporation de bûcherons et de chasseurs qui auront le monopole de l’abattage des arbres et de leur plantation ainsi que l’organisation des chasses en faisant des lâchés et en créant des quotas de gibier. Leur siège seront respectivement à Beaurivages et Missède.

_ Les ordres suivront, tu sais que tout ça prendra du temps à mettre en place ?

_ Oui je sais, disons que tout ce que je viens de t’édicter ne sera valable sur cinq ans, nous verrons après. D’ailleurs, histoire de faire des économies sur la main d’oeuvre, je veux réformer le système judiciaire. Dorénavant, chaque peine de prison se composera de trois mois de travaux d’intérêt général par an. Les peines iront de un à six ans. Pour les peines plus longues, le condamné sera condamné à mort une fois les six ans complétés. Je veux une justice rude et ne laissant rien passer. Suis-je bien clair ?

_ Oui… Tu l’es. Mais Gaël… Quelle est ta stratégie ? Pourquoi me demander d’organiser tout ça d’un seul coup ?

_ Car nous sommes menacé Edgard. Regarde ce qu’il se passe juste à côté, Tibéria de Soltariel en plein procès, son duché à feu et à sang. Le Nord dicte sa loi sur la Péninsule grâce à ses armées et confisque les territoires de notre suzeraine. Ils disent agir pour le Roy… comme si nous, nous avions agit contre. Aujourd’hui nous sommes des victimes, le sud de la Péninsule est victime de la politique nordienne. Et je te le dis comme je le pense, je refuse que ces rustres aux accents barbares ne crachent sur ce que ma famille et celle de ma fiancée ont mis tant de temps à construire. Je refuse qu’ils pillent nos richesses et se servent dans nos coffres. Notre armée n’est certes pas de taille face à la leur mais si déjà nous pouvions remplir nos coffres et obtenir des monopoles sur des ressources stratégiques, nous pèserions davantage. Regarde sur cette carte, si nous parvenons à nous assurer le soutien des Duchés du Sud et d’Erac nous pourrions développer notre commerce à outrance. Tout dépendra des accords que nos suzerains auront avec eux. Si le Sud de la Péninsule ne fait qu’un, nous pourrions alors dormir sur des coffres remplis…

Tu venais juste de terminer ta phrase qu'un valet frappa à la porte. Tu l'autorises à entrer et ce dernier dépose sur le bureau d'Edgard une lettre originaire d'un autre pays. Puis il se retire. Tu demandes à ton ami d'en prendre connaissance et une fois que ce dernier l'eut lu, il te la tend. Visiblement, cette Dame ne savait pas que ta soeur était partit à l'autre bout du monde. L'expression "projets intéressants" fit mouche et il n'en fallait pas davantage pour guider ta plume.

Lettre:

Oglicos de la 6ème ennéade
Karfïas, deuxième mois d'été
De l'an 11 du 11ème cycle

A sa seigneurie, Gaël de Laval, Seigneur de Beaurivages et Régent de Missède

Messire.

Sachez que je suis dans le regret de vous annoncer l'annulation de ma visite en vos terres; effectivement, lors de mon passage sur les terres Langencine, un effroyable Toxeurove a attaqué notre convoi.

Sans le courage du seigneur de de Sorrault, de ses hommes ainsi que de ceux que vous avez envoyer patrouiller, moi-même et ma soeur ne serions plus de ce monde.

Je crains toutefois que cette mésaventure ait retardé mon emploi du temps. Je me vois donc contrainte d'annuler notre entrevue pour pouvoir espérer arriver à temps en Diantra pour le procès du Duc et de la Duchesse de Soltariel.

Néanmoins, je tends à vous rassurer; je suis toujours intéressée par une quelconque entente entre votre pays et le miens. Je vous propose donc de nous rencontrer ultérieurement lorsque les circonstances nous en donneront l'occasion.

Dans l'attente, Messire, que les cinq vous guident.

Victoria di Maldi
Comtesse de Sybrondil
Vicomtesse d’Aphel

Moderniser la pâtisserie | Gaël de Laval 19pz

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