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 [Port de Seram] Où l'on estourbit le Grand-Hub(ert) sans passer du coq à l'âne

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Neo de Cléruzac
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MessageSujet: [Port de Seram] Où l'on estourbit le Grand-Hub(ert) sans passer du coq à l'âne    [Port de Seram] Où l'on estourbit le Grand-Hub(ert) sans passer  du coq à l'âne  I_icon_minitimeVen 31 Aoû 2018 - 13:31





XIe Cycle • An 11 • Karfias d'été – en fin de mois...

Avant Missède ils avaient continué d'avancer sur la route intérieure, biffurquant au Nord. À Ancenis Neo avait insisté – bien qu'il fusse l'unique instigateur de leur périple – d'y séjourner une paire de jours bien que dans leur cheminement le temps s'il n'était compté devait se trouver quelque peu restreint. Haut-Prêtre d'Othar mais pentien avant tout, voilà plus de vingt ans que l'humain ne s'était rendu au Grand-Temple de Néera, un des grands ou des plus vieux de Péninsule, peut-être les deux ; de pieuse confection, il avait estimé l'endroit comme étant propice aux premiers enseignements qu'il dispenserait au Grand-Prêtre d'Othar qui l'accompagnait, et ce tout au long de leur improvisé voyage.

C'est ensuite à travers les pacages investis par de bien portants ovins qu'ils continuerent leur ascension ; vinrent ensuite des paysages affolants, des couleurs et des reliefs que ce grand dadet d'Aubain n'avait pour ainsi dire jamais parcourus, jamais imaginés, sans doute perdu dans un quotidien par trop embourbant.
Après Ancenis ce fût au tour de Hautval, qu'ils traversèrent seulement, arrivant aux premières lueurs et s'en allant avant que le soleil n'entame son élégante descente ; pour leurs nuits ils préféraient aux villes les villages et leurs auberges, un soir même alors que l'été semblait révolu ils avaient dormi « à la belle » auprès d'une chaleur de flammes alimentées. C'était survenu ainsi, tacitement, car souvent ils parlaient, or point ce soir-là.

Après Olyssea ce fut la déception claire et nette qui cerna les mires du Haut-Prêtre pendant plusieurs heures, comme si la ville l'avait offusqué ; elle était indubitablement une cité militarisé, mais quelle honte avait-il ressenti en découvrant une psychologie inadéquate aux enseignements d'Othar. Et comme à un enfant il avait expliqué à Aubain le comment du pourquoi, sans oublier de le comparer à un de ces archers olysséen tarés, qu'il avait méchamment singé. Déjà qu'à Hautval ils se trémoussaient à quelques cultes semi-païens dirons-nous, si ceux d'Olyssea préféraient le chibre d'Arcam au glaive d'Othar, soit, tant qu'ils restassent à leur place et fissent dans leur coin l'amour de pédéraste, point la guerre !

À Etherna ils déjeunerent l'équivalent d'un gigot d'agneau à eux seuls et en un temps record. Aubain n'avait heureusement point ce défaut, celui de l'ivrognerie douce et apaisante, abrutissante et en toute circonstance ; cela était une rare qualité pour le clerc, que celle de profiter des choses sans toutefois s'envicier et ainsi le Haut-Prêtre dressait peu à peu le portrait de son compagnon de voyage. Il se permit de louer ce trait – sain – de caractère, et ensemble ils burent sans concession et comme une pointe du hasard lui-même, quatre bons litres de bière.

Joyeux, taquins sur leurs selles quelque peu éméchés – l'un comme l'autre n'était grand buveur et déjà leur trop longue abstinence s'en venait leur rappeler par un sang en ébullition les joies et les peines éthyliques ; ils passèrent plusieurs heures à cheval suivant la bonne direction mais zigzaguant souvent ou par mégarde ou se coursant l'un l'autre tels de jeunes chevreaux que l'arrivée d'un orage excite. Ils parvinrent tant bien que mal à Seram la ville portuaire, qui n'était finalement qu'à une heure d'Etherna, et après quelque gosier rincé car « au bal on danse », ils se mirent à chercher une embarcation quelconque qui les mènerait... En Itrhi-Vaan, avait proposé l'un, que c'était parti, avait répondu l'autre...

Si Neo à Diantra avait délicatement remué le Grand-Prêtre en lui offrant une première et unique opportunité de prouver d'une quelconque façon, son mérite, c'est qu'il avait saisit le fond de l'homme ; ainsi dérogeant à ses tons bourrus habituels, il était sympathique avec le trentenaire, comme si sa barbe bientôt trop grisonnante amadouait le bourrin qu'il était. Depuis leur départ de Diantra quelques jours plus tôt, où ils avaient laissé Elías Delnardo Grand-Prêtre et second du Haut-Prêtre, en charge du Temple d'Othar de la Capitale, le plus haut représentant de l'ordre s'était ouvert au plutôt jeune Grand-Prêtre, comme il ne le faisait qu'avec ses proches. Et c'est que Neo commençait enfin à comprendre comment l'homme – qui n'était pas foncièrement benêt – était devenu Grand-Prêtre quelques mois plus tôt et comment il s'y était maintenu par la force des choses, mais d'avantage grâce à son charisme indubitable. Neo qui ne voulait être « que Neo » et non pas uniquement le Champion du Divin Coléreux, trouvait à cet homme quelque chose de sympathique, et il trouvait l'idée drôle de voyager avec lui afin de lui « montrer le monde » et aussi « de lui sortir les doigts du cul » ou même « d'en faire un sac à coutures » car il comptait l'endurcir de deux ou trois rixes. Il l'avait qualifié de « rigolo », pourquoi donc cette soudaine charitable action que d'accompagner un paumé sur un chemin un peu plus claire, ou moins opaque, un tant plus droit ou moins formé d'arabesques. Aubain quant à lui avait très vite adopté envers Neo une sorte d'estime fraternelle – comme il était coutume d'ailleurs parmi les adorateurs du seigneur de la guerre –, or celle-ci frôlait la dérision, parfois s'exclamant le fol de bien bel étrange façon.


Ô fils d'Othar, Frère parmi mes frères. clama le fanfaron alors qu'ils entraient dans une impasse. Le temps de s'en rendre compte.
Quoi encore Aubain, croassa le Haut-Prêtre en secouant la tête et ronchon de s'être encore trompé de chemin.
Champion... Ne... Ne serait-ce donc pas des gallinacés que l'on entend piailler ?
Des gallinacés... Hmpf... Non. Ah... Oh ! Oui. Peut-être... Comprenant le boucan puis une idée surgissant devant une autre à l'allure de coursier, sans oublier un peu de sang chaud dans les veines quoique Neo n'en eusse point besoin lui qui semblait être tombé petit dans la marmite de l'ardeur, il déclara :

Un combat de coq, mon bon Aubain. Allez viens, justement ne t'avais-je point dis l'autre fois qu'à Thaar l'on faisait combattre tout et n'importe quoi ! Les chiens ça me sidère, mais alors les poulets ! Ahah !
Combat de pouuuuulets ! fit gaiement le prêtre.

Neo retint une torgnole en son encontre et entraîna donc son petit pote à travers les dédales suivant les cris stridents de coq guerriers. Sûrement plus guerriers que le Grand-Prêtre, qu'elle calamité. Heureusement les deux hommes allaient incognito, les deux éminents prêtres d'Othar n'avaient l'aspect que de simples guerriers ; l'un possédait des protections en cuir impeccables, trop propres mais il était d'une telle consistance que l'on pouvait comprendre que nul n'osat le mettre en rogne, et l'autre ressemblait à une sorte de vieux mercenaire aguerri, un voile implacable sur le rostre. L'alcool donnait des ailes au Grand-Prêtre tandis que le Haut-Prêtre se sentait de plus en plus invincible à mesure qu'il rejoignait le combat et bien-sûr les paris.


Allez coquinou, allez coquinou ! Vas-y oui ! A droite ! Plus à droite ! Attention ! Oui ! Défonce-le ! Encore ! Casses-y l'bec ! et la tête ! et le cuuuuul !

Aubain qui bousculait et criait à tue-tête à l'instar du publique l'entourant, semblait avoir fait ça toute sa vie.
Autour d'eux les cris d'encouragement, d'autres ahanant à la place des volailles enragées lançant à tout va serres féroces et bec acérés !

C'était dans une petite cour aéré qu'avait lieu l'algarade, et comme autant de colonnes dressées afin de maintenir les murs de l'édifice que son centre envoyait au ciel les bruits de roucoulement, qu'hommes et femmes gesticulant à tout va, passaient pour le moment un bon après-midi.



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Depuis près de dix minutes, la plus intrépide aventurière que Miradelphia ait connu était en train de philosopher dans le public d'une arène de combat de coqs. Debout parmi la foule de curieux, elle vit avec déconvenue s'ajouter deux silhouettes massives à son côté. Elle s'en écarta discrètement, dédaignant ces eternels bagarreurs aux allures militaires. Le précédent combat s'achevait sur la défaite prévisible de « vif-bec » contre « Robidoudou » ; prévisible puisque Robidoudou avait ses ergots particulièrement tranchants, et l'aventurière suspectait une supercherie de ce côté. C'était déjà la troisième fois qu'elle repérait le manège.

L'arène faisait près de deux mètres de diamètre dans une cour commune à plusieurs habitations où débouchait un puits. L'ambiance était bonne, un mariage était fêté dans un des logement et les invités s'étaient mêlés à la petite troupe des habitués du combat de coq et leur combat mensuel ; il y avait du monde, de l'alcool, de la rigolade et des pigeons à plumer pour les initiés. Les duels étaient longs, cruels mais palpitants. Après avoir applaudi Vif-bec et conchié le pauvre Robidoudou qui s'était pris une belle raclée, on présenta les combattants suivants :


A ma gauche, un beau coq de deux ans et demi au plumage flamboyant. Une belle allure, un côté hautain ; et un éleveur avec une tête juvénile avec qui il devait partager ses femelles. Damoiselles, damoiseaux :
Victor !


A ma droite, un coq de deux ans et un mois au plumage de poule sauvage. Il était commun, vif, calme, confiant ; l'éleveur faisait depuis le midi le beau à saluer tout un chacun. Damoiselles, damoiseaux :
Hector !



L'organisateur mis beaucoup d'emphase sur Victor, un coq issu d'un petit poulailler et qui livrait son  deuxième combat, sur la jeunesse de l'éleveur sorti de nul part et les espoirs qu'il suscitait ; en somme il invitait les candides à miser sur lui. Mais l'aventurière n'était pas dupe, elle avait vu brièvement l'ergot d'Hector, et son éleveur l'avait sélectionné pour son agressivité là ou l'autre avait pris son plus beau ou son seul coq. C'était du tout cuit, presque truqué : le coq aux belles couleurs allait se faire trucider.

La côte lui était pourtant favorable et les paris s'enchainaient à son profit, sans doute les parieurs avisés misaient discrètement, légèrement en retrait, sur le concurrent. Elle hésita un moment alors que le combat se précisait, et finalement se lança.
« Victor va le ruiner ! » dit l'un.
« Ma monnaie sur Victor ! » dit l'autre.
Les pièces changeaient de main à toute vitesse.
« Je mise ça sur Hector » dit-elle en tendant le peu qu'elle avait.

Le preneur de pari prit l'argent, compta et écrivit sur son livre de compte
« Une livre pour la baiselette rouquine, sur Victor ! »
La rouquine jura. Elle n'avait pas misé sur Victor mais Hector ! Fallait-il que personne ne comprenne jamais rien à son accent ! Elle protesta vertement alors que le combat démarrait. Les deux coqs se toisaient, stressés par la foule et le bruit, le peu d'espace. Le premier contact se fit, Victor s'envola plus haut que l'autre et lui plantait déjà son ergot.

Le preneur de pari sourit à la jeune fille et lui précisa qu'on ne changeait pas de champion une fois le combat commencé.

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MessageSujet: Re: [Port de Seram] Où l'on estourbit le Grand-Hub(ert) sans passer du coq à l'âne    [Port de Seram] Où l'on estourbit le Grand-Hub(ert) sans passer  du coq à l'âne  I_icon_minitimeMer 26 Sep 2018 - 10:32






Car il avait en haute estime la prometteuse jouvence mais qu'il savait l'expérience plutôt arme maîtresse de réussite, Neo avait quelque peu hésité quant au choix qu'il porterait concernant l'issue du combat... Le jeune vigoureux contre le vieux con, l'ancien rodé – ou érodé – opposé au candide coq ! ; ainsi allaient ses considérations compliquées, or après tout il n'y voyait que deux coqs quelconques, des inconnus... Aussi, ce fût le hasard qui prima – ou le destin régissant depuis quelque temps la vie du Haut-Prêtre.

Hector, Victor, Hector, vecteurs et facteurs se mélangeant à tout va en quête de victoire, Neo d'ailleurs n'eut pas l'ouïe assez fine et l'entourloupe se glissa défiant accents et intonations : il avait misé sur « véc'thorr », allez savoir duquel parlait-on vraiment ! Si d'aucuns s'étaient aperçus qu'on les roulait superbement – comme la jolie bougonnannte rouquine d'à côté – ce ne fût pas le cas des deux voyageurs encore bien imbibés d'alcool, bref, heureux lurons béats d'amour, ou plutôt d'humour, ils jouaient leur rôle à la perfection, criant, huant, à se demander s'ils arrivaient seulement, avec leur vision nébuleuse, à différencier les deux volailles enragées. Mbof ! Ils étaient là pour s'amuser : par la suite ils continueraient leur trépidant périple, peu importe l'issue du combat ! Et il fallait dire qu'à Neo, cela lui plaisait énormément de voir Aubain se lâcher un peu : pour lui retirer un balais du cul il fallait bien d'abord le désarçonner, donc quoi de mieux que ce fantasque voyage et ses diverses activités ! S'il fallait piocher quelques exceptions dans sa dignité et ce pour un but altruiste, cela ne ferait qu'accroître sa satisfaction si ce n'est son honneur.

Et « côt » de-ci « rrrrrhouuu » de-là, les forces coquines n'avaient de cesse d'envoyer du bec timide mais à l'algarade on y percevait nettement un aspect théâtral ; ils étaient beau à sautiller parfois sur place comme de vrais lutteurs qui se jaugent par précaution et s'economisent par instinct ; ils étaient fiers alors que tournant autour de l'un, chacun lançait à l'autre un roucoulement ou cri de guerre, similari. Il était toute concentration comme si le temps défilait au ralenti, jusqu'au moment où on le bouscula interrompant sa concentration. D'un geste de la main il écarta le coupable de sa gêne comme il aurait chassé un chien balourd, avec gentillesse mais fermeté : à la place d'un coude ou d'une épaule ce fut un sein qui se logea avec perfection dans le creux de sa main. Il retira aussitôt l'impromptue caresse en refermant sa dite main puis menant par la suite son poing appuyé contre sa bouche en un signe de honte avouée, pudique le Haut-Prêtre d'Othar s'excusa tacitement. Remerciant pourtant son pantalon de voyage il sentait poindre une érection que la robe de bure qu'il portait habituellement l'eut trahi ; gêné il détourna son regard des yeux de la belle, non de la magnifique rousse devant lui, ses mires firent néanmoins un dernier détour sur le buste de la jeune femme avant de détaler sur tout, ailleurs que sur la cible de son éros...

C'est qu'il n'avait pas touché – le sein d' – un femme depuis bientôt plus d'un an, croulant sous de bien mesquines responsabilités, il avait faim : bien que lui-même ne le percevait pas de si singulière façon.

À ses côtés Aubain qui n'avait rien manqué à l'affaire affichait une mine badine, prêt à explorer les intonations d'un rire plutôt grivois. Entre temps les combattants combattaient.



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MessageSujet: Re: [Port de Seram] Où l'on estourbit le Grand-Hub(ert) sans passer du coq à l'âne    [Port de Seram] Où l'on estourbit le Grand-Hub(ert) sans passer  du coq à l'âne  I_icon_minitimeLun 1 Oct 2018 - 1:23


« Au lieu de m'in tripatouillagé, vi'ns donc m'a'der la lourdaille ! » exigea vertement du candide grand prêtre une aventurière rouquine bien énervée. Elle toisa sèchement le barbu de ses yeux d'émeraudes pleins de reproches ; mais déjà venaient la saisir deux hommes aux mouilles peu amènes d'arsouilles dominicales, ceux-là même qui avaient poussé la jeune fille sur la bien indélicate carcasse de Néo, menant aux palpations trop heureuses pour être honnêtes.

Les deux gaillards étaient d'aspect simples, quoique bien habillés, et n'avaient rien des terreurs patibulaires qui hantent les mauvaises tavernes. S'ils en avaient après la rouquine, c'est qu'elle ne lâchait pas l'affaire du pari sur son combat et qu'elle crispait tout le monde avec son crescendo de récriminations meuglées dans un patois aux sonorités discordantes. On préférait la congédier manu militari et tant mieux si elle ne revoyait jamais ses sous, la garce.

Ils l'attrapèrent sans ménagement, et l'escortèrent vers la sortie, mais la pimbêche avait - était-ce encore ce terrible accent ? - des intonations si terribles et un volume si  chaotique qu'on se désintéressait presque du combat au profit de cette évacuation. L'air vibrait au son de « crotte eud' pou », «Salamalec de gouape dégingandé » et autre « t'mère c'est la laie Cassandrouille ». L'assemblée songeait à ouvrir des paris, mais elle ne savait encore trop sur quoi.

Alors que Victor le coq se prenait un méchant coup d'ergot qui l'ouvrait profondément sur un bon centimètre, l'un des deux agresseurs humains, las de s'être fait traiter de « vaguemestre du régiment des arrière-faix » s'emporta et fit tomber le plat de sa main sur l'innocente et timide jeune fille, celle-là même qui depuis que je vous conte ses aventures n'est que douceur et compassion ; ainsi mes amis, et je sors de ma réserve de narrateur car ça ne me laisse pas indifférent, un homme terrible osa la frapper publiquement pour couvrir l'infamie d'un match truqué à laquelle seule la pure et innocente aventurière osa s'opposer.

A cette brute rouquinocide, je lance la scoumoune et la pécole, que m'importe qu'il soit le marié de la fête qui se joue au voisinage ! Chacun espère dans ces moments l'arrivée inopinée d'un héros, d'un homme, un vrai, avec des poils et tout le tralala qui saurait à la force de ses bras distribuer les mandales et sauver la veuve et l'orphelin. Hélas, mille fois hélas ! Cela n'arrive que dans les histoires les plus incroyables et je n'ai point l'imagination attendue pour pareils rebondissements. A l'idée des tourments qui la guettent, mes tripes se nouent façon gordienne. J'ai trop peur et je ne sais plus quoi faire. Y a-t-il quelque part une plume assez courageuse, assez virile, assez intrépide pour venir au secours de cette jeune fille ?

S'il est un dieu, il nous vengera.
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MessageSujet: Re: [Port de Seram] Où l'on estourbit le Grand-Hub(ert) sans passer du coq à l'âne    [Port de Seram] Où l'on estourbit le Grand-Hub(ert) sans passer  du coq à l'âne  I_icon_minitimeMer 3 Oct 2018 - 15:16




« Ouah » pensa Neo devant la jeune aventurière qu'il considérait déjà comme plus belle que la plus belle princesse marchande thaari, c'est-à-dire inatteignable ; de fait elle s'en allait déjà quoique non de son plein gré, entre quatres inhospitalières paluches qui l'expatriaient des réjouissances, manu militari. Il fallait la sauver, mais résidait encore un doute que les jurons les un plus torves que les autres ne permettaient pas de faire la part des choses au prêtre, et il semblait désemparé. Pour quelles raisons avait lieu cette spectaculaire évacuation ? Avaient-ils une assez bonne excuse qui justifiât l'expulsion !? Et pour quelles raisons devait-il intervenir ? Après tout il ne lui avait touché qu'un sein, mais d'ailleurs peut-être était-ce même là une de ses ruses, à la pute borgne. Mais elle était si belle hurlant à qui voulait l'entendre – ou comprendre – qu'une supercherie avait lieu en ce moment même... Un argument de taille, capable d'écraser toute raison vint cependant et de la même façon s'écraser sur le petit visage sous la forme d'une claque bien sentie car tout aussi bien assénée.

Dans un élan presque paternel, ses muscles forcirent alors qu'il allongeait le pas vers les rustres, les barbares ! –, dès lors que sa masse eut pris assez de vitesse pour occasionner disons de considérables dégâts, il s'arrêta tout pile devant le premier à qui il asséna une mandale à la force asine. Celui-ci s'effondra.

Le deuxième, quant à lui n'eut pas plus de chance que son collègue, car le pourtant bien affable Aubain avait suivi son nouvel ami et ne pouvant se défiler devant l'acte téméraire de son mentor face à l'adversité ; d'une sorte de chorégraphie  il avait tiré un poing aux mesures si proches d'un sabot asin, qu'il fracassa la mandibule du pauvre videur.
Celui-là rejoignit l'autre.

Lorsque les deux serviteurs d'Othar comprirent – car ils avaient quelque peu désaoulé – que l'un était le preneur de pari et l'autre apparemment le marié de l'événement auquel le combat de coqs s'était greffé, à en entendre les « z'ont estourbit le Grand-Hub, l'on estourbit ! » ou encore  « Moun est à terre, est à terre ! » : une foule se pressait vers les trois nouveaux acolytes d'un jour. Ils examinèrent premièrement leurs camarades.


Euh... La rouquine... Fit Neo interrogeant le petit bout de femme qui soudain se trouvait commandante en cheffe de leur petite escouade de... De quoi au juste ? De fugitifs de l'extrême ? Ou de kamikazes prêts à en emporter le plus possible dans la – plus que possible – mêlée ?

Hmmm... La rescousse portée n'ayant été fructueuse que part sa spontanéité mais surtout ayant très peu attrait au sensationnel héroïsme auquel l'on aurait pu s'attendre venant de deux braves et virils guerriers – et de leurs spectateurs –, le pourtant Haut-Prêtre d'Othar foutu pour foutu déposait son sort sur de bien plus petite épaules que les siennes, ainsi qu'un narrateur à l'autre délègue la responsabilité du sort de leurs personnages. Nous étions, tous autant que nous étions, décidément, bien mal engagés !

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MessageSujet: Re: [Port de Seram] Où l'on estourbit le Grand-Hub(ert) sans passer du coq à l'âne    [Port de Seram] Où l'on estourbit le Grand-Hub(ert) sans passer  du coq à l'âne  I_icon_minitimeMar 9 Oct 2018 - 17:35


«  Ciel mon mari ! » hurla une voix fluette. Une jeune femme fit son entrée en scène, elle n'avait pas encore la vingtaine et était parée de ses plus beaux atours ainsi que de fleurs dans ses cheveux ; elle était suivie d'invités ébahis. Son regard, plus scandalisé qu'inquiet, se porta vers les deux assaillants quelle trouva bien insolents.

Les parieurs du combat de coq s’apprêtaient à tomber sur le coin du râble des fâcheux, seule restait en suspens la question de savoir qui commence. L'émotion de cette jeune mariée suspendit la délibération tacite ; la pauvre enfant, voir son mari ainsi malmené le jour de ses noces, on se sentait obligé de prendre un instant pour faire un commentaire et ragoter avant de se lancer dans la baston de fin d'ennéade.

C'est ce moment de flottement que mit à profit la plus belle aventurière que le monde ait connu - et il n'y a pas que moi qui le dis. Elle s'avança à travers l'attroupement trop étonné pour l'arrêter, arriva au milieu de l'arène, prit brusquement Victor le coq entre ses mains, et détala comme un petit lapin avec son larcin vers la sortie et ses sauveurs.

«  Taïaut  ! » leur lança-t-elle, anticipant sur la chasse qu'on n'allait pas manquer de leur donner. L'assemblée, dont la mariée, était estomaquée par l'outrecuidance de cette rouquine qui rajoutait le vol au scandale. Elle s'échappait avec l'objet de toutes les attentions, attrapant en passant l'épaule d'un des deux bons hommes, à savoir Aubain, pour l'inviter à fuir avec elle dès à présent, au milieu des rues.

Beaucoup de poings commencèrent à se serrer parmi les spectateurs, on s'approchait prudemment du trio, bien décidés à courageusement les arranger jusqu'à leur faire la viande bien tendre, quitte à les poursuivre.

« Saisissez ces vils faquins ! 
suppliait l'éleveur, rendez-moi mon poulet pugiliste !»
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MessageSujet: Re: [Port de Seram] Où l'on estourbit le Grand-Hub(ert) sans passer du coq à l'âne    [Port de Seram] Où l'on estourbit le Grand-Hub(ert) sans passer  du coq à l'âne  I_icon_minitimeSam 20 Oct 2018 - 14:21




Lorsque la plus belle aventurière que Neo ait jamais connu décida de leur sort commun, les deux guerriers ne se firent pas prier d'avantage ; ignorant les cris virginaux qui redoublaient d'intensité alors que Victor le poulet ballotait dans les bras de la rouquine, Neo pour faire gagner quelques mètres à ses acolytes, bouchait l'entrée de la cour de ses deux poings ravageurs. Une, deux, trois mandales bien placées envoyèrent valser chacun leur tour les plus téméraires défenseurs de l'humanité, ainsi le Haut-Prêtre fit gagner à leur course encore quelques secondes de répit. Ceci étant fait voire très bien fait, tournant les talons le géant fila en direction des montures que ses compagnons avaient déjà rejointes.


Là ! Une carriole ! VITE ! Pointant du doigt l'attelage, Aubain s'en approchait rapidement, pourtant...
Nous n'avons pas l'temps d'atteler quoique ce soit, abruti ! Allez, allez en selle, en selle !

Neo pressant les deux autres fuyards à se mettre en selle prestement n'eut le temps de se décaler que d'un pouce devant une caillasse lancée à son égard ; manquant l'œil elle frôla franchement son oreille et vint achever sa course délicatement – car ralentie considérablement par notre brute épaisse – sur la croupe d'un de leurs équidés.

Argh p'hhhutain de pute de con ! siffla le Haut-Prêtre, beaucoup plus blessé dans son orgueil que plaintif à propos d'une quelconque douleur. Son oreille écarlate saignait de légères égratignures, mais ce n'étaient qu'un peu de sang et qu'un bout de cartilage endolori après tout... Le coup quant à lui avait tout d'une mielleuse insulte de la part des poursuivants... Poursuivants... voulait dire qu'ils étaient poursuivis... Quelle nouveauté d'ailleurs car jamais auparavant l'idée de fuir n'avait traversé son esprit noble et belliqueux. Et puis merde, depuis quand était-il devenu ce pleutre fugitif pleurnichard qu'il semblait être en ce jour sans pareille !

Sans rien dire aux deux jeunes gens derrière lui – Aubain commençait à le connaître et la rouquine ne tarderait sûrement pas à le faire –  il se mit à rebrousser chemin vers la petite troupe, cette fois-ci incertaine de vouloir continuer à chatouiller celui qui s'en revenait vaillant les affronter, une hache à la main, et une grimace impossible déformant ses traits à la base déjà bien féroces.

[/i]

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MessageSujet: Re: [Port de Seram] Où l'on estourbit le Grand-Hub(ert) sans passer du coq à l'âne    [Port de Seram] Où l'on estourbit le Grand-Hub(ert) sans passer  du coq à l'âne  I_icon_minitimeSam 20 Oct 2018 - 20:07


Alors que Néo les pressait de monter à cheval, Aubain avait saisit d'autorité l'aventurière pour la poser en travers de sa monture, le fessier glorieusement en évidence et le poulet maintenus dans ses mains poursuivant ses tentatives d'évasion. Elle tournait le dos à la scène et n'entendit que les cris de l'assemblée  :

« AU MEURTRE ! », disait l'un.
« ON ASSASSINE ICI ! », disait l'autre.
« A LA GARDE ! », disait un troisième.
« COT COTCOTCOTCOTCOAAAAAOOOOOTCOT COTCOT ! », se scandalisait Victor le poulet.

Elle ne put voir les regards récriminés qui accompagnait la voix, ni la foule d'invités ou parieurs dénonçant à qui mieux-mieux un homicide, du grand banditisme ou de la graine de pendus. Cependant, alors qu'elle essayait de tenir correctement et son butin et sa bandoulière, son regard accrocha la patrouille qui circulait non loin à laquelle le brouhaha parvenait. Cinq trognes encasquées les dévisageaient avec un air réprobateur, les jugeant d'office comme des fâcheux. L'un d'eux pointa son arme dans leur directions et dix pieds se mirent à galoper dans leur direction. Ils étaient loin, mais il ne faudrait pas longtemps pour qu'ils coupent la retraite de nos amis dans ce cul de sac.

« FAUT S'CARRAPATER FISSA ! » hurla l'aventurière à l'attention de ses nouveaux complices. Elle ne savait où aller, mais elle se voulait loin de toute cette agitation. Au dessus d'elle, Aubain était partagé entre aider son ami ou profiter de son bel angle de vue sur la jeune femme.

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Neo de Cléruzac
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MessageSujet: Re: [Port de Seram] Où l'on estourbit le Grand-Hub(ert) sans passer du coq à l'âne    [Port de Seram] Où l'on estourbit le Grand-Hub(ert) sans passer  du coq à l'âne  I_icon_minitimeDim 4 Nov 2018 - 12:59




Tout cela semblait pour nos trois protagonistes préférés, bien compromis ! Très compromis. Plus que compromis. Ils finiraient libres et ragaillardis, car qui verrait de bon œil le prêtre d'Othar le plus important de Péninsule, croupir dans une cellule d'un bled paumé de Miradelphia !? Oui, qui ?

Déjà les cinq casqués gaillards parvenaient à la rencontre des cavaliers montés sur un des deux animaux, tandis que nôtre héroïque guerrier filait vers parieurs et convives délaissant sa propre monture pour faire peur aux abrutis qui avaient osé le prendre pour un ruffian, lui, le Haut-Prêtre d'Othar et combattant sans pareil ; Neo brandit son arme en direction de la barrière humaine qu'il pensait voir déguerpir aussitôt qu'il singerait le fou furieux, moche, méchant, et armé.

Hélas le groupe était désormais fort d'une information criée à la volée de l'autre côté de la rue.

Patrouille ! D'scendez immédiat'ment d'ce canasson, qu'il fut ordonné un peu plus loin de la scène, au drôle de couple à cheval.
Ymmédiat'ment.
La patrouille, la patrouille !
Qu'on les tripatouille, ouais !
... LEZ' « étripatouille » !
Auuuubain ramènes-toi ! Grouille, grouille ! Allez, allez, allez putain !

Ignorant comment ses compagnons faucheraient compagnie à l'ordre publique, Neo fonça tête baissée dans le tas comme dans un jeu de quille frêle et pour enfants. Du choc éclata la petite foule, sans bien-sûr aucun blessé à la ronde en l'occurrence. Une fois derrière, entre le mur ébranlé de citoyens en déroute, quelle ne fut pas la chance de Neo ou le destin des deux pauvres hères ; le Haut-Prêtre s'était retourné rapidement pour analyser la situation, soudain il prit par le col les deux premiers protagonistes mâles des festivités, le Grand-Hub' preneur de paris et son très secrètement cousin au troisième degré, l'heureux marié ! Il fit se percuter les deux fronts concernés comme le ferait un marionnettiste de ses sujets, mimant un ogre et son repas fraîchement recueilli.

Aaaahhhhhhaïeouchhhh, ahanèrent de concert en s'étalant comme deux crêpes les hommes désormais inutiles, du moins jusqu'au lendemain voire le surlendemain ou jusqu'à nouvel ordre. Neo avait nouvellement fait usage de sa force, brute force de géant que l'on commence à agacer.

Aubain et sa protégée, qu'il tenait presque érotiquement dans ses bras tout en freinant sa monture au milieu des fêtards à peine remis de leur déflagration, vint à la rencontre de Neo. À quelques dizaines de mètres seulement les soldats menaçaient les comparses tout en refermant derrière eux l'accès au salut que l'avenue offrirait aux soit disant – éventuellement avérés – fouteurs de trouble.

Neo salua gracieusement et d'un geste obscène les tristes péquenots bientôt sur eux.


Aubain ! Ta monte et ton agripement ne siéent guère au respect d'une demoiselle, aussi froissées soient-elles, ces putains de circonstances ! À l'adresse de la magnifique et jeune rouquine il voulut sortir un « magnifique contretemps que cette rencontre, à l'instar de vous-même bien évidemment » mais économisant le temps en cet instant si précieux il préféra la concision et ce ton péremptoire qu'emploient les clercs agacés : Savez vous dûment, monter à cheval ? Il se répéta aussitôt, avec insistance. Saurez-vous sortir au travers de ce guêpier, au galop mademoiselle !? Et nous rejoindre ce soir à l'auberge de vôtre convenance ? De fait, pour l'avoir découverte depuis moins d'une heure, ils ne connaissaient guère la ville portuaire.

Entre temps Aubain délestait la grise jument de son poids. Une fuite spectaculaire était de mise, bien-sûr plusieurs facteurs entraient en jeu, et tout particulièrement la confiance qu'ils pouvaient avoir en la fille, et très vite décamperaient-ils loin d'ici, à Thaar ou ailleurs s'il le fallait, mais vite, très vite !



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Aymilie
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MessageSujet: Re: [Port de Seram] Où l'on estourbit le Grand-Hub(ert) sans passer du coq à l'âne    [Port de Seram] Où l'on estourbit le Grand-Hub(ert) sans passer  du coq à l'âne  I_icon_minitimeSam 1 Déc 2018 - 8:34


« Ma j'va point charger la patrouille moâ ! » s'indigna une rouquine apeurée comme jamais. Au lieu de se frayer un chemin par la seule issue qu'obstruait la soldatesque, elle saisit son poulet Victor à pleine main et la jeune fille s'engouffra dans la maison où des invités, collés les uns aux autres dans une promiscuité toute prolétarienne, achevait de se goinfrer en faisant pulluler les commentaires abscons. Si les premiers convives, qui avaient vus toute la scène avait bien des récriminations, elle aurait tôt fait de se dissimuler parmi la masse anonyme et rejoindre la rue par une fenêtre ou une cour donnant dans une rue adjacente.

C'était rusé, mais c'était sans compter sur Aubain. La petite souris se faufilant à travers la foule entendait derrière un incroyable brouhaha, à se croire poursuivie par un bœuf. Elle entendait les protestations choquées et les chutes de plat, les bruits de baffe et la patrouille au loin qui se mettait à l'action. Paniquée, elle pris un escalier qui s'offrait, pénétra la première chambre venue et ouvrit la fenêtre. Elle eut le temps de voir ce gros lourdaud de Aubain à sa suite avant de gagner la rue au prix de cabrioles des plus acrobatiques.

Elle était dans la rue, mais déjà des badauds la désignaient et une deuxième patrouille apparaissait. Quelle déveine ! Elle n'attendit pas Aubain et reprit sa course dans la direction opposée aux ennuis, elle coupa à travers les petites rues, se faufila dans un marché. Alors qu'elle se sentit sortie d'affaire, elle jeta un regard sur le poulet de combat qu'elle tenait toujours et qui n'avait plus l'air très en forme. Elle sentit alors une main se poser sur son épaule :

« Vous croyez qu'on est tiré d'affaire ? »

C'était encore Aubain et sa grosse tête, décidément très collant. Un peu plus loin arrivait l'autre grosse brute qui paraissait très remontée. Par les cinq, combien de mandale avait-il distribué pour échapper à ses poursuivants ?
« Z'êtes pas croyable vous, à me... »
Mais déjà des doigts s'agitaient dans leur direction, on les dénonçait et on exigeait le spectacle de leur arrestation. Damnation ! Est-ce que toute la ville était au courant de leur petite mésaventure avec la population locale ? Elle reprit la course vers les quais, certaine d'être encore suivie par le duo de brutes. Elle tournicota tant et si mal que les patrouille a ses trousses, quoique moins rapides, réussirent à retrouver leur piste plusieurs fois avant de les reperdre. Elle commençait à entendre des annonces inquiétantes : « Dix écus pour un l'arrestation d'un trio d'anarchistes : un vieux chauve barbu, un défroqué d'Othar et une rouquine à robe verte ». Le guet de Seram était-il le plus efficace de toute la péninsule pour ne pas les lâcher de la sorte ?

Elle courut encore jusqu'à se trouver finalement dans une nasse avec les deux idiots, au milieu du port et de patrouilles. Elle aurait beau essayer de se faufiler, avec les deux zozos qui la collaient, impossible de rester discrète. Cette fois les carottes étaient cuites.

Alors qu'elle devinait les crocs des limiers de la ville sur le point de se refermer sur elle, elle tenta le tout pour le tout, traversa juste devant une patrouille sous le couvert de grosses caisses de poisson ; et s'élança d'un bon sur un ponton. Elle sauta dans le premier gros navire venu. Derrière elle, elle entendit la bruyante irruption de ses comparses sur les planches du rafiot.


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Neo de Cléruzac
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MessageSujet: Re: [Port de Seram] Où l'on estourbit le Grand-Hub(ert) sans passer du coq à l'âne    [Port de Seram] Où l'on estourbit le Grand-Hub(ert) sans passer  du coq à l'âne  I_icon_minitimeMar 25 Déc 2018 - 11:19




Ainsi donc le trio, en cette douce journée d'été, après avoir fuit spectaculairement les limiers le pourchassant – beaucoup trop assidûment –, sur un bateau se fit discret. C'est que si la gente féminine passe-partout avait déguerpi, se faufilant à la hauteur de son agilité, les deux fous furieux eurent bien du mal à traîner à la suite de l'acrobate leurs plus que tapageuses carcasses. Ceci étant pourtant fait, le groupuscule se tassa dans bien corruptible raffiot ; de fait, c'est plus tard au prix négocié de leurs montures qu'ils quitteraient Seram en si protecteur sein qu'une cale insalubre de bateau.

Fraîchement soustraits de la garde et du prix de leur capture, Neo, que les mandales distribuées n'avaient point rassasié, se fit le devoir d'en asséner une dernière à son compagnon que la parlotte démangeait.

« La ferme, maintenant. Restez ici, je m'occupe du reste », pour commencer il saisit Victor le Coq par le cou, qu'il tordit d'un geste brusque avant de laisser choir l'inerte volaille à ses pieds. « De toutes façons, il n'aurait pas survécu au voyage, et avant qu'il ne foute bordel... Je dois m'entretenir au plus vite avec le capitaine de ce raffiot, que l'on se tire fissa de ce bled de consanguins », conclut-il, sentencieux. Et c'est après avoir grassement payé l'équipage comme expliqué, qu'ils filèrent incognito en pays estréventin, se faisant subtilement et à tout jamais, oublier par la population séramie. Peste soit des acharnés ! Dignes d'Othar, cependant !

Personne, pas même la belle rouquine, ne saurait jamais que les deux fouteurs de trouble n'étaient autre que deux éminents prêtres d'Othar. Que les brutes épaisses pussent être des adeptes du Coléreux, point de doutes là-dessus à en voir leurs trognes raffistolées et leur chaotique subtilité ; qu'ils représentassent le Culte cependant, n'effleura nullement l'esprit de la gamine. D'ailleurs elle se fit un devoir de les ignorer après avoir insulté vertement le Haut-Prêtre et son compagnon ; plus jamais ne demanderait-elle de l'aide à des montagnes butées tels que ces deux abrutis finis à la pisse et aussi discrets qu'un pif en plein milieu d'un rostre de pochtron, elle se contenterait désormais d'elle-même et de sa fugace furtivité de chatte effarouchée.

À Thaar l'on ressentait déjà un doux automne, qui accueillit à bras ouverts nos divers protagonistes, fraîchement débarqués... Du trio ne restait plus qu'un lointain souvenir, comme ces feuilles mortes que l'on oublie au pied d'un arbre, terreaux et rien de plus. Et ce n'est qu'après avoir reçu une lettre du Duc d'Erac en milieu de mois de Favrius, que le Haut-Prêtre décida de rentrer en Péninsule après quelques autres intrigues estréventines que l'on passera sous silence par respect d'intimité.
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