[Doth'Ka] Nul n'est plus esclave qui se croit libre sans l'être | Kavheka

<<< Une belle prise

L’humidité et le froid lui transperçait les os. La puanteur suffocante du Puy ne lui avait définitivement pas manqué. On pouvait sentir  le souffre et l’humidité. Même si son nouveau maître semblait un sombrelfe particulièrement riche, sa demeure quoique richement décoré, ne pouvait échapper à l’ambiance morbide que le Puy dégageait. On ne venait pas au Puy pour le plaisirs, car c’était bien l’endroit le plus lugubre qui existait. Miriel soupira en bougeant délicatement ses poignets meurtris pour pouvoir trouver une position un peu plus confortable. Combien de temps s’était-il écoulé depuis qu’elle était enfermée? Quelques jours? Quelques ennéades? Sans soleil, il lui était incapable de se repérer dans le temps. Elle se sentait faible, terriblement faible. On ne la nourrissait ou l’abreuvait qu’une fois de temps en temps, et son nouveau « Maître » ne lui avait pas rendu visite depuis leurs dernières rencontres désastreuses. Elle se souvenait encore de la douleur que ce dernier lui avant infligés…

***

Elle l’avait presque eu.  La mercenaire pouvait voir dans ses yeux écarquillées que l’air commençait à lui manquer, et elle n’hésita pas une seconde à tirer plus fort sur ses entraves. Il pouvait bien crever ce drow. Elle le tuerait, lui et tous ses mercenaires merdiques pour l’avoir traité de cette façon. On ne pouvait priver de liberté quelqu’un ainsi.  Miriel ne put s’empêcher de sourire lorsqu’elle s’aperçut que le drow allait bientôt abandonner sa lutte…  Mais le sourire malsain du sombrelfe vint la distraire et ses deux mains se mit de chaque côté de sa tête pour l’attirer contre la sienne. Une douleur vive vint transpercer le front de la mercenaire et elle lâcha malheureusement sa prise sur son adversaire. Ce dernier en profita, et se mit à lui donner de nombreux coup de genou à l’estomac en poussant de terrible grognement.


L’hybride tomba sur le sol en toussant, tentant tant bien que mal de reprendre son souffle. Le visage contre le sol, les yeux légèrement fermés, elle avait l’impression que son corps allait l’abandonner. Elle savait que la douleur était temporaire et elle ne pouvait se permettre d’abandonner; la demi-drow devait le tuer, sinon il ferait en sorte que sa vie soit un enfer. Elle étira lentement le bras droit et tenta de se relever difficilement, mais ses forces semblaient l’avoir abandonnées. Il semblerait que tous ses jours avec peu de nourriture et encore moins d’eau l’aient finalement rattrapé. Miriel essaya de se relever une nouvelle fois en lâchant un gémissement plaintif mais vu vite distraite par son adversaire qui s’accroupisse à ses côtés. Elle ne put s’empêcher de se crisper alors qu’elle voyait son horrible faciès près du sien.  Il avait eu l’avantage cette fois-ci, mais cela sera bien la dernière fois. Elle le tuerait personnellement de ses mains nues. Ce salopard de drow ne perdait rien pour attendre. L’hybride eut un rictus lorsque le drow lui mentionna qu’il l’aurait peut-être prise en pitié, elle prit la parole, son ton se voulait confiant, mais ce fut avec une voix saccadée, tentant de contrôler la douleur qui zébrait son corps qui se laissa entendre; «Vous et moi savez que les drows ont aucunes pitiés… » Elle laissa échapper un gémissement, suivi d’une grimace de douleur avant de reprendre «Évitez moi au moins vos conneries»



Kavehka reprit finalement son souffle et repoussa durement le corps de l’hybride contre le mur. Il attacha deux nouvelles entraves autour de ses poignets avant de lui révéler qu’il la garderait pour lui et n’irait pas la rendre à son ancien propriétaire. La mercenaire resta perplexe, ce n’était définitivement pas une bonne nouvelle, son nouveau maître avait l’air tout sauf d’être accueillant. Elle le regarda alors qu’il se dirigeait vers la porte avant de s’arrêter net pour lui demander son nom… La demi-drow lui jeta un regard noir avant de répondre d’un ton sec; «Miriel»

***

Miriel tenta de se relever légèrement mais ses forces l’avaient abandonnée. Après tout, on ne la nourrissait que de nourriture exécrable et de pain séché une fois de temps en temps. La mercenaire savait pertinemment a quoi jouait le drow. Il voulait la briser, briser son corps et son tempérament pour qu’elle le suive aveuglément comme une bonne petite esclave. Mais la partie n’était pas gagnée pour ce dernier, elle se jura intérieurement qu’elle ne suivrait plus jamais les ordres d’un maître. Après cent ans de captivité, elle avait découvert qu’elle ne vivait pas pour être esclave, mais pour être le souverain de sa liberté. Un cliquetis vint la sortir de ses pensées, signe que quelqu’un allait entrer dans la pièce sombre. Miriel n’ouvra pas les yeux, elle ne donnerait surement pas la satisfaction au drow de la voir brisée.

Armé d’un coutelas à la lame émoussée, c’est avec minutie et grande attention que notre « héros » pela une pomme de son écorce tout en faisant la discussion avec l’un de ses servants favoris.

« Elle tient toujours bon, la petite? » Affirma Kah, à mesure qu’il grugeait du bout des dents la chair non mûrie de son fruit.

« Ce serait d’vous mentir que d’affirmer qu’elle est aussi vigoureuse qu’à son arrivée … Mais elle survie, oui. » C’est en empruntant un ton légèrement piqué d’incertitude, que s’exprima l’asservi à la question de son maître.

« Je n’en demande pas plus. Qu’elle respire et sache encore m’entendre, là seulement sont mes préoccupations à son sujet. » Continua le maître des ombres, les pieds entrecroisés ensembles sur le haut de la tablée à laquelle il était assis

« Si je puis me permettre … Je me demandais … » Avant d’en terminer avec son commentaire, son regard percuta celui de son propriétaire, le perturbant au point tel qu’il s’en réduit lui-même au silence. Un signe de tête, tout faible, vint tout de même de son maître, l’incitant à terminer. « On se demandait, en fait … Qu’est-ce que vous allez faire d’elle ? »

« Elle a une force de caractère qui sort de l’ordinaire et ses talents sont multiples. Je serais bien mal avisé de ne pas les mettre à mon profit. C’est tout de même elle qui a retrouvé ma cargaison de gemmes. Il suffit juste de lui donner une motivation suffisante pour qu’elle travaille pour moi … Et si rien ne la motive, le fouet, peut-être, suffira. » Kah marqua une pause, alors qu’il jeta son trognon de pomme contre le sol avant de rajouter. « Tu ramasseras ça, puis les pelures aussi et tu les amèneras à notre petite Miriel, qu’elle s’en fasse un plein ventre. »

Un cliquetis se fit effectivement entendre, mais ce ne fût pas qu’une paire de petons qui foula le plancher humide de cet endroit, mais bel et bien deux. Et ces deux paires s’approchèrent de leur animal de compagnie assoupi, avant que son semblable balance près d’elle les pelures de pommes ainsi que le trognon grugé de parts et d’autres. « Voici ta pitance pour la journée, Miriel. » Affirma l’esclave, avant de s’éloigner de quelques pas pour laisser place à Kahveka qui semblait se délecter du paysage en ruine que constituait la sang-mêlé.

« Alors alors, tout va comme tu veux, ma jolie Miriel ? » S’enquit Kah à sa belle prise, sans nécessairement s’attendre à une fulgurante réaction. Si ce ne fût composé de mots, sa réponse silencieuse fût celle de son regard, toujours défiant et gorgé de hargne. À tous coups, ce côté revêche avait de quoi faire sourire notre héros, qui se délectait d’autant de caractère.

« Alors Miriel, voilà ce qu’on va faire et, je t’avertis, pour une femme autant accrochée à la vie que tu es, tu as intérêt à bien ouvrir tes esgourdes. Je ne peux te promettre dans l’immédiat de te rendre ta liberté. En revanche, je peux faire de ton séjour ici quelque chose de moins désagréable et au mieux, un endroit où tu pourrais t’épanouir. Comme je te sens toujours revêche à l’idée de servir, il nous faudra malheureusement passer au travers quelques étapes avant d’y arriver, tu comprends ? » La question n’en était pas vraiment une. Il marqua une pause, pas très prolongée, puis lui lança un ordre tout simple.

« Manges. » Inévitablement, toujours l’inaction. Un signe de tête, tout subtile de Kah envers son esclave mâle, suffit pour que ce dernier s’approche de Miriel, en retire le gant de sa patte dextre, prenne son élan et en fasse s’abattre la paume de cette main directement sur sa joue, dans une cinglante gifle.

« Manges. » Réitéra le geôlier de la sang-mêlé. Miriel étouffa sa plainte douloureuse dans la prison de ses dents, puisant dans ses dernières forces pour se redresser sur ses guiboles et cette fois, s’adresser à celui qui avait tatoué sur sa joue, quelques phalanges de sa main.

« Lève encore ta sale patte sur moi et je te brise les os de ta main! » S’exclama Miriel, l’air sérieux placardé sur son minois cramoisi par le passage de la claque. Et même si la tempétueuse était prête à mettre à exécution sa menace, elle s’assit puis tendit le bras pour charogner les restants de pitance qu’on lui avait offert.

« Là, voilà un peu de bon sens. Elle mange, comme je désirais et, elle te brisera les os de la main, comme j’aimerais le voir. Tout le monde est heureux, non ? » Kah dévoila une rangée bien blanche de dents, amusé comme il s’y attendait.

« Alors voilà ce qui t’attend Miriel. Aujourd’hui, nous ferons un tour du domaine, que tu puisses te familiariser avec ce qui t’attend. Ensuite, nous discuterons de tes tâches, que tu puisses y tirer un minimum de plaisir. » Il se douta bien qu’aucune d’entre elles ne sauraient lui rendre son sourire, mais tout de même, il fallait lui trouver quelque chose qui la stimule. « Mais avant, le bain. » Il n’eut guère à dire d’avantage pour que son servant s’en aille délier les poignets et les chevilles de Miriel afin de lui servir de chaperon, tout le long de leur cheminement jusqu’aux bains. Hélas, la bougresse ne semblait plus avoir cœur à l’ouvrage, lorsqu’il s’agissait de se déplacer. Ses petites jambes tremblotantes peinaient à la soutenir, or, le rustre au large collier au cou la souleva et l’emporta, un bras sous ses genoux et l’autre à son dos. La marche, à peine amorcée, s’acheva après avoir dégringoler quelques paliers de marches qui menaient dans un sous-sol encore plus humide que tout le reste, mais dont la vapeur commençait à réchauffer leurs cœurs. Ainsi, ils terminèrent leur marche dans une grande salle –désertique de monde- où dominait l’endroit une crevasse dont l’eau chaude –a priori- en polissait les parois.

« Prends tout le temps qu’il te faudra pour te nettoyer et te reposer. Profite, parce qu’elle pourrait se faire attendre la prochaine fois que tu pourras t’y immerger aussi librement. » Ses recommandations lancées, Kah se retira après avoir soufflé à l’oreille de son gorille quelques directives. Ce dernier d'ailleurs, se posta devant la seule issue de cet endroit, les bras croisés comme une statue de pierre, immuable et prête à y laisser la peau pour tenir l'endroit clos.

Ses jambes l’avaient lâchée, comme si la fatigue et la faim l’avait finalement rattrapée. L’hybride avait l’impression que l’on avait tenté de ruiner son corps et son esprit – en fait avoir l’impression est un mauvais choix de mots – Kahveka tentait de la détruire. De faire en sorte qu’elle soit cette jolie petite esclave qui lui obéirait au doigt et à l’œil. Mais Miriel n’avait jamais été comme cela. Combien de fois que Valas et son supposé père lui avait filé une racler parce qu’elle avait été revêche? Si ce drow pensait qu’il aurait la moindre emprise sur elle il se foutait le doigt dans l’œil. Son gorille d’esclave la prit dans ses bras pour la transporter jusqu’à une salle ou une crevasse était envahi d’eau et la déposa durement sur le sol.


« Prends tout le temps qu’il te faudra pour te nettoyer et te reposer. Profite, parce qu’elle pourrait se faire attendre la prochaine fois que tu pourras t’y immerger aussi librement. » Miriel regarda le drow sortir de la pièce alors que son gorille hochait tranquillement la tête avant de s’accoter sur une des parois du passage, bloquant ainsi la seule issue. La demi-drow soupira et s’accota contre  le mur adjacent de la pièce. La vapeur de la faille embaumait l’atmosphère, donnant un paysage assez sinistre de ce qui aurait dû  techniquement être le premier réconfort qu’elle avait depuis quelques ennéades. Miriel savait pertinemment que son nouveau maître lui réservait une surprise plus ou moins attrayante, il était trop gentil... et elle se doutait bien que les quelques étapes pour le servir serait toute sauf amusante. Le gorille apparut devant elle en lui tendant des vêtements avant de retourner à l’entrée de la porte. Miriel soupira et tituba difficilement jusqu’à u siège qui se trouvait un peu plus loin avant de les déposer. La sombre-elfe leva la tête pour voir que le mur était zébrer d’une grande crevasse. Endroit parfait pour cacher la lame qui était toujours dans sa botte. Elle enleva rapidement son armure de cuir, et ses bottes avant de jeter un rapide coup d’œil derrière elle pour  s’assurer que le gorille ne la regardait pas. Voyant qu’il était plus occupé à regarder l’aspect de ses ongles jaunis par les différentes tâches que Kahveka lui donnait, la mercenaire prit son poignard et le déposa rapidement dans la crevasse. S’assurant ainsi qu’elle aurait une porte de sortie si jamais quelques choses se passaient.


Miriel enleva le reste de ses vêtements avant de se glisser rapidement dans l’eau chaude. Elle ne put s’empêcher de lancer un faible gémissement de satisfaction. L’eau chaude semblait aider ses muscles endoloris par son inactivité des derniers jours. Ou des dernières ennéades? Après tout, elle n’avait aucune idée de combien de temps elle avait passé enchaînée dans cette chambre pourri. La demi-drow s’émergea sous l’eau pendant quelques secondes avant de remonter à la surface. Elle avait bien l’intention de prendre son temps. Après tout son maître lui avait bel et bien dit que ce serait la dernière fois avant un certain temps. Au bout de plusieurs longues minutes elle fut sortie du silence et de ses pensées par le toussotement du gorille, lui signalant ainsi son impatience. Miriel soupira avant de frotter ses poignets qui avaient une allure horrible.  Elle enleva rapidement le sang séché de ses poignets, mais ne put malheureusement rien faire quant à l’énorme ecchymose qui ornait ses deux poignets. Preuve que les chaînes n’étaient définitivement pas fait pour elle. Elle finit de se nettoyer rapidement et sortit rapidement de l’eau chaude pour aller s’habiller.


La mercenaire soupira en regardant les vêtements qu’on lui avait donnés. Ce n’était définitivement pas son genre. La robe était majoritairement noire et avait un dégradé carmin. Le tissus ne semblait pas nécessairement luxueux, mais était énormément volatile et fin. Qui plus est la coupe de la robe ne laissait aucune place à l’imagination, un décolleté plongeant, le dos totalement dénudé, une longue fente au-devant de la robe. Si la coupe rappelait ce que la royauté Thaari portait, le tissu par contre, ne laissait aucun doute quant au rang de celui qui le portait. Tenue digne d’une esclave. Elle enfila rapidement la robe en ronchonnant et se sécha ses longs cheveux blancs. Miriel n’était pas du tout prête à affronter son nouveau maître. Mais quel était ses choix? Valait mieux finir avec son initiation le plus rapidement possible. Elle fit un signe de tête à l’autre esclave et ce dernier la conduisit à travers les longs couloirs de la résidence pour finalement arriver dans une salle ou Kahveka l’attendait. Ce dernier fit un sourire mesquin lorsqu’il la vit et décida de lui faire visiter son domaine.


Miriel ne portait pas attention aux paroles fières de son maître qui décrivait de temps en autre une pièce ou ses accomplissements en tant que marchand… Il la conduisit aux geôles en premier. Les cachots sombre et humide étaient plongés dans le noir, on ne voyait qu’à la lueur de la torche que l’esclave de Kahveka brandissait fièrement. Et lorsque l’on avait la malchance d’apercevoir qui se trouvait en cellule, on ne pouvait que voir que des pauvres âmes qui ne bougeait pas, avec le regard éteint. On se doutait bien que la mort viendrait les chercher sous peu, seuls leurs regards bougeaient lorsque le groupe se présentait devant eux. Ils baissaient les yeux, trop apeurés pour regarder ou défié leur maître. Ce qui fit frissonner l’hybride. Elle se doutait bien que si elle était trop revêche s’était là qu’elle finirait. Si le drow avait choisi de commencer sa visite par des geôles puantes, ce n’était pas pour le plaisir mais pour donner un avertissement à l’hybride. C’était comme cela qu’elle finirait si elle ne lui obéissait pas.


La visite continua vers les appartements des esclaves, ou tous baissaient les yeux au passage de leur maître jusqu’aux différentes salles d’entraînement, une pour les drows et une définitivement pour les esclaves qui se retrouveraient dans l’arène. La visite sembla durer une éternité mais Miriel tentait d’enregistrer dans sa mémoire tous les différents détails du manoir. Détails qui pourraient l’aider pour son évasion, car soyons honnête, elle n’avait aucunement l’intention de passer un autre siècle à servir les perfides désirs d’un drow. Ils arrivèrent devant une porte, et l’attitude de Kahveka sembla légèrement changé, une touche d’excitation malsaine avait allumé ses prunelles rougeâtre. L’hybride frissonna et se fit pousser par le gorille d’esclave qui se trouvait derrière elle.  Ils entrèrent dans une salle remplie d’instrument de torture et elle sentit à nouveau la panique envahir son corps. Elle se recula de quelques pas mais le gorille la repoussa un peu plus vers Kahveka. Son souffle était saccadé, et ce malgré le fait qu’elle tentait tant bien que mal de contrôler sa respiration. L’expression du drow ne trompait personne, il voyait bien que l’hybride avait peur, et cela semblait l’amuser. Miriel lui jeta un regard défiant avant de s’exclamer d’une voix qu’elle espérait forte ; « Qu’es que vous allez me faire ? » Question stupide.  Elle savait pertinemment que la suite ne ferait pas son plaisir.

C’est lorsqu’il la vit bien rafraîchie, débarrassée des haillons qui lui servirent de vêtements et purifiée du sang qui macula son corps, qu’il comprit à quel point sa nouvelle acquisition fut malmenée. Elle manquait cruellement d’être nourrie, son corps –bien que non maigrichon- démontrait à quelques endroits les ravages de son jeun forcé. Les traits tirés de son délicat faciès, son derme venant lécher ses muscles secs, sa difficulté à se mouvoir naturellement … Tout ça lui sembla bien plus évident à constater, maintenant qu’il lui avait fourni généreusement sa modeste tenue. Il avait laissé son pachyderme d’esclave prendre les devants, pour que Kah lui, puisse admirer le paysage de derrière. Le derrière de Miriel, plus précisément. Il l’épiât sans retenue, maudissant intérieurement cette propension à apprécier les non purs sangs. Un cheveu pigmenté autrement que d’immaculé, des yeux s’échappant du profond vermeil, un derme plus grisâtre que charbonneux … Une déviance peut-être, qu’il avait développée au fil des années. À force de développer des accointances avec les hautes sphères de la société, il n’était pas improbable que la lassitude l’ait gagné et que, plutôt que d’exécrer le genre impur, il s’en soit rapproché. M’enfin, pour l’heure, il avait pour sa ravissante créature quelques projets plus ambitieux que celui d’abuser du confort de sa croupe. Il ne restait plus à espérer qu’elle se montre moins revêche qu’elle ne le laissait le paraître, autrement il lui faudrait abîmer sa belle gueule.

La fin de leur marche de santé s’acheva dans une vaste salle qui, sans doutances aucunes, était dédiée à tourmenter les pauvres âmes qui y seraient invitées par Kah. Les exerciseurs de l’extrême, pour ne pas dire les instruments de la mort, semblaient à prime vue minutieusement entretenues de sorte à ne pas encourager la culture des mauvaises odeurs. Et ce qui choquait dans toute cette propreté, c’est le bois utilisé pour former l’outillage qui semblait plus foncé, d’un rouge coagulé. Avec le temps à force de boire le sang qui y avait parcouru la matière, même les soins les plus minutieux ne pouvaient épargner ces taches permanentes. Et de toute façon, à force, Kah leur avait trouvé une utilité : elles prouvaient que le maître des lieux passait probablement bien du temps à arpenter cet endroit qu’il chérissait.

« En réalité, tu es bien plus libre que tu ne le crois. » Kah marqua une menue pause, afin de bien capter le regard de sa détenue et qu’elle comprenne bien la suite des choses. «  Tu obéis, et je te promet que la vie que je te donnerai vaudra bien mieux que celle à laquelle tu aspirais obtenir. En revanche et, je ne t’apprendrai rien ; tu risques de te familiariser avec tous les instruments ici. Est-ce que nous nous comprenons bien ? » C’était étrange, tout de même. Le ton qu’il utilisait avec elle était si peu cruel, qu’il était bien ardu d’imaginer l’homme la torturer. Pourtant, le regard brillant que projetaient les rubis qui lui servaient d’yeux, laissait sous-entendre qu’il ne blaguait pas. Son nez se plissa légèrement de joie lorsqu’il la vit consentir à son avertissement d’un hochement de la tête.

« Je ne suis pas mauvais maître, Miriel. Si j’ai décidé de te garder près de moi c’est que je vois en toi un potentiel latent, qui ne demande qu’à être exploité. Cette rigueur que je tenterai de t’inculquer n’est pas à la portée de du premier venu. Il te faudra maintes heures de travail. Il te faudra souffrir même, pour y parvenir. Et hélas, je suis du genre entêté, qui ne sait balayer du revers de la main les projets qu’il aborde. Ne le prend pas personnel, je t’en prie. » Deux hommes se démarquent du cadre de porte derrière eux, tenant dans leurs mains une paire de pince suffisamment large et imposante qu’elle saurait en priver quelqu’un de n’importe lequel de ses membres. Sans autres ambages, les deux malandrins s’approchèrent de Miriel, qu’ils saisirent aux bras et forcèrent à arc-bouter le dos de sorte à en voir sa tête penchée vers l’avant. Sa nuque libérée de ses cheveux, ils passèrent à son cou le collier d’esclave qui n’allait plus la quitter de sitôt : un collier qui n’avait rien à voir avec les vulgaires bouts métalliques qui ornait le cou de ses semblables. Celui-ci était serti de quelques pierres précieuses –bien que d’une piètre valeur- et tourbillonnait autour du cou. L’emblème était nul autre qu’un dragon, dont la queue fut resserrée par la paire de pince, suffisamment fort pour qu’elle ne puisse en faire le retrait. Inconfortable, certes, ce devait l’être au départ.

Elle s’habituera, se dit-il.

Miriel avait remarqué les œillades du drow, et la fierté que son antre de torture semblait lui apporter. L’hybride avait donc la preuve que son nouveau maître était loin d’être une personne fiable et aimante… « En réalité, tu es bien plus libre que tu ne le crois. » Kahveka plongea ses billes rouges dans le regard grisâtre de la demie-drow. Miriel soutint son regard, les sourcils froncés. Il devait comprendre qu’elle n’avait pas peur de lui. «  Tu obéis, et je te promets que la vie que je te donnerai vaudra bien mieux que celle à laquelle tu aspirais obtenir. En revanche et, je ne t’apprendrai rien ; tu risques de te familiariser avec tous les instruments ici. Est-ce que nous nous comprenons bien ? » Miriel hocha la tête. Une menace assez claire, qui avait du sens, mais elle ne faisait aucunement confiance au drow. Sa façon de sourire, se rictus qui s’était formé sur son faciès pendant leur discussion, rien n’était convaincant. Il avait quelques choses en tête et elle se doutait bien qu’elle n’aimerait pas nécessairement la suite des choses.


« Je ne suis pas mauvais maître, Miriel. Si j’ai décidé de te garder près de moi, c’est que je vois en toi un potentiel latent, qui ne demande qu’à être exploité. Cette rigueur que je tenterai de t’inculquer n’est pas à la portée de du premier venu. Il te faudra maintes heures de travail. Il te faudra souffrir même, pour y parvenir. Et hélas, je suis du genre entêté, qui ne sait balayer du revers de la main les projets qu’il aborde. Ne le prends pas personnel, je t’en prie.» Cela ne prit pas une seconde que deux énormes gorilles vinrent la saisir pour lui dégager la nuque avant de l’arc bouter et l’empêcher de faire un mouvement. L’hybride tenta tant bien que mal de se libérer, mais l’un de gorilles poussa sa chance et lui tordit violemment le bras, pendant que son acolyte dégageait ses longues mèches blanches hors de son cou. Elle eut un regard apeuré lorsqu’elle vit les énormes pinces qui se rapprochait d’elle. Non s’était impossible! Il n’allait tout de même pas lui couper un membre! Cela ne pouvait pas être sa marque d’esclave!! Mais non l’un, des colosses lui mit rapidement une pièce métallique autour de son cou fin et se servit de la gigantesque pince pour refermer l’étau autour de sa gorge. Miriel tenta tant bien que mal de reprendre son souffle. Le collier était incroyablement inconfortable. Chaque goulée d’air semblait être une tâche impossible.  Les deux sbires la lâchèrent et Miriel se laissa tomber sur les genoux, les deux mains sur son inconfortable collier d’apparat. Tentant tant bien de trouver une position relativement confortable. Hélas, chaque mouvement lui devenait douloureux… L’hybride tenta tant bien que mal de contrôler sa respiration, mais la panique n’aidait rien.


Son nouveau maître semblait bien plus cruel que tout ce qu’elle avait pu imaginer jusqu’à présent. Comment pouvait-on traiter une créature comme cela? Miriel reprit son souffle au bout de quelques longues secondes. De longues secondes où elle sentit le regard amusé du drow sur elle. S’il pensait la traiter ainsi il s’était mis le doigt dans l’œil. L’hybride se releva et plongea son regard empli de rage dans les yeux rougeâtres de Kahveka.  «Vous pouvez essayer de me contrôler autant que vous voulez… » Miriel avança d’un pas pour se rapproche de son adversaire jusqu’en être tout près de lui. «Mais ce n’est surement pas en essayant de m’affamer ou de me torturer que je vais vous suivre comme un docile petit chien.» L’hybride fronça les yeux en défiant du regard le drow. «Alors peut-être vaut-il mieux de me tuer maintenant. À moins que ce soit vous qui vouliez mourir dans ce trou à rat. » Elle était totalement consciente que ce n’était pas la meilleure façon de gagner les faveurs du Drow, mais elle n’en avait absolument rien à faire. Il pouvait essayer autant qu’il voulait, jamais elle ne lui serait loyale.

Comment pouvait-il rester indifférent face à ce spectacle ? Un sourire, encore, arpenta sa bouille de drow tandis qu’il l’épiait avec amusement. Plus elle s’agaçait, plus il sembla s’en amuser. Son caractère opiniâtre, sa ténacité et son air revêche expliquaient pourquoi il l’appréciait désormais autant. Et si sa jolie esclave se croyait vraiment être au-dessus des malheurs comme la famine ou pis encore, la douleur, eh bien, ce serait pour lui jolie expérimentation de voir quand allait-il réussir à tordre cette barre de fer qu’était Miriel.

« Te tuer? » Demanda Kah à Miriel, tandis qu’il chercha de ses yeux les siens. Il marqua un pas vers elle, se rapprochant un peu plus dangereusement, tendit la main puis vint lui agripper le chignon d’une poigne à la faire couiner. Il la secoua d’un coup sec, puis la contraint à approcher son délicat et adorable faciès près du sien, auquel il murmura :

« Si seulement tu savais comme j’exècre la mort … » Et à l’esclavagiste de jeter un regard concis vers l’un de ses sbires, qui s’empara d’un poignard à sa ceinture.

« Je vais me complaire dans ta souffrance, Miriel … Je vais te regarder chialer avec ravissement … Je collectionnerai tes couinements comme on affectionne les douceurs d’une femme … » Et si Miriel avait ôsé toiser son regard, ses iris s’étaient presque dilatés sous l’effet de l’excitation, comme si de s’exprimer de la sorte lui montrait désormais toute sa réelle personnalité.

« Et je t’ai dit, je suis bon maître … Sers-moi et tu seras récompensée. À chaque fois … Mais quand tu te montreras revêche, comme tu viens de le faire … » Il raffermit sa poigne contre son chignon et lui intima de regarder sa patte gauche à elle, juste avant qu’un gros bonhomme n’en vienne à la lui saisir, mais plus particulièrement son petit doigt et son annuaire.

« Tu as de beaux ongles, Miriel. Et si je t’en enlevais un pour que tu puisses l’admirer de plus prêt ? » Et des mots à l’acte, la pointe du couteau se retrouva à épouser la peau de son annuaire, puis à frôler le dessous dudit ongle … À gigoter comme elle le fit certainement pour s’extraire de ce mauvais cauchemar, d’ores et déjà, quelques gouttes de sang vinrent maculer le poignard.

« Tout ce que vous voudrez, maître. » Dit-il envers elle, comme on ferait répéter un bambin en espérant le voir s’exécuter. « C’est simple. Tu dis ça, finit la douleur. » Et le poignard s’inséra de quelques millimètres de plus, creusant son chemin entre les chairs de son doigt et de son ongle …

Le sourire du drow n’avait rien de rassurant. C’était ce genre de grimace qui pourrait vous donner froid dans le dos, on pourrait même dire qu’il vous glacerait le sang. Et pourtant l’hybride se tenait droite, le regard défiant, droit devant lui. Elle n’avait aucunement peur de lui, et ce même s’il menaçait de la faire plier sous les pires tortures. Qu’es qu’il disait que le sombrelfe ne bluffait pas? Après tout, ses sbires semblaient bien heureux de réaliser ses moindres désirs. Peut-être que ce dernier n’aurait pas le culot pour faire quoi que ce soit. Mais non, son maître eut une réaction bien différente, il approcha son faciès du sien, cherchant désespérément à rencontrer son regard grisâtre, et il empoigna ses cheveux d’un coup sec pour la rapprocher de lui. Devant une telle fureur, Miriel  ne put s’empêcher de lâcher un faible gémissement avant de porter ses deux mains sur celles de Kahveka, tentant désespérément d’atténuer la douleur que ce dernier lui prodiguait. La peur vint à nouveau faire vibrer son estomac, le regard du drow ne laissait rien au hasard, elle pouvait voir la cruauté dans ce regard machiavélique, comme si toute la personnalité de ce dernier venait de s’étaler au grand jour. « Et je t’ai dit, je suis bon maître … Sers-moi et tu seras récompensée. À chaque fois … Mais quand tu te montreras revêche, comme tu viens de le faire … » Le sombrelfe renferma sa poigne un peu plus et un de ses sbires attrapa sa main gauche avant de déposer tranquillement le poignard sur l’un de ses ongles. Le sbire avait un rictus effroyable, comme si ce dernier aimait particulièrement faire souffrir les gens innocents. Miriel tenta tant bien que mal de retirer sa main, mais hélas ces mouvements brusques ne faisaient qu’empirer et la lame finit sa course dans on annuaire.


L’hybride laissa échapper un faible gémissement pendant que Kahveka lui murmurait à l’oreille. « Tout ce que vous voudrez, maître. » Le poignard s’enfonça un peu plus dans son doigt, elle ne put s’empêcher de se cambrer, offrant son coup dénudé à son nouveau maître qui ne cessait de lui murmurer. «C’est simple. Tu dis ça, fini la douleur. » La douleur était de trop. Miriel savait pertinemment qu’ils n’arrêteraient pas. Miriel se cambra un peu plus, avant de fermer les yeux. Une larme commença doucement à perler au coin de son œil. Un mélange de douleur, de frustration et de tristesse semblait la tenailler. Comment était-elle tombé dans un piège aussi idiot et surtout, qu’avait-elle fait de mal pour tomber dans les griffes de quelqu’un dépourvu d’autant d’émotion ou de pitié. « ARRÊTEZ » Son cri avait sorti tout seul, un ordre légèrement teinté de panique qui eut l’effet escompté ; le sbire de Kahveka arrêta son mouvement, pendant que Miriel releva la tête pour planter son regard grisâtre dans les rubis de son maître. Un murmure presque inaudible traversa finalement ses lèvres; « Tout ce que vous voudrez, maître » apparemment ce ne fut pas assez fort pour le sombrelfe. « Excuse-moi ma belle Miriel, tu as dit quelque chose? » L’hybride serra les dents, pendant que son souffle s’accélérait. Il faisait par exprès le salaud! « Tout ce que vous voudrez, maître » répéta-t-elle d’une voix plus forte, empreinte d’un léger défi. Il venait peut-être de gagner la première bataille, mais il était loin d’avoir gagné la guerre, elle n’avait pas dit son dernier mot. « Dis-tu seulement vrai? Parce que ce que je veux, c'est que tu comprennes que tu m'appartiens maintenant. C'est simple. Ça se passe de réflexions : j’aboie et tu arrives au pied.» Miriel relâcha la main du drow qui empoignait toujours ses cheveux en baissant les yeux. « Que puis-je faire pour vous servir, maître? »


C’était un spectacle humiliant à la limite du désolant. Elle, qui au cours des dernières années avait gouté à la liberté de l’Ithri’Vaan la voilà une nouvelle fois au bas de la chaîne et rien n’était plus cruelle que de se faire enlever le peu de liberté que l’on venait de goûter. « Tout ce que je veux? Alors, déshabille-toi, puis présente-toi à mon ami. Montre-lui comment tu sais être affectueuse.» Miriel retint un haut-le-cœur. Non, mais il était malade?!?  Il allait neiger sur Thaar avant que cela arrive! « Non, maître. » Dit-elle sans lever les yeux. «Je ne m’offre pas au moins que rien.» Elle releva doucement les perles argentées vers son nouveau maître. Il y avait une limite à tout et jamais elle ne se donnerait aux sbires de Kahveka. Elle savait que le courroux de son nouveau maître aller arriver, mais peu l’importait. Jamais elle ne se donnerait ainsi. « Alors c'est moi, que tu séduiras. »  Miriel retint un haut-le-cœur encore une fois. Avait-elle bien compris? Le séduire? Lui? Jamais de la vie! Non seulement était-elle incapable de le faire correctement, mais jamais elle ne s’abaisserait à la tâche ingrate qu’était servir son maître au lit. Elle eut un frisson lorsqu’elle pensa à la nuit qu’elle avait passée avec l’intendant aux ressources de Daranovar. Tout s’était passé comme dans un rêve et tout avait semblé si naturel... Tandis que le souvenir de son ancienne vie ressemblait à un cauchemar qui n’attendait que l’occasion pour revenir. Mais elle devait jouer, montrer qu’elle pouvait être la parfaite petite esclave. Il y avait un moyen de repousser les limites, d’essayer de contourner certains obstacles. Se donner à Kahveka n’était pas une option, mais au lieu de lui cracher au visage et de lui dire qu’il pouvait bien crever, Miriel lui répondit d’une voix douce et calme, en baissant les yeux au sol; « Non, maître.  Je ne serais point à la hauteur de vos attentes.» Il fallait qu’elle s’en sorte, qu’elle évite de finir dans son lit. Il n’y avait pas de tâche plus dégradante que de devenir le jouet sexuel de son maître, un peu comme sa mère l’avait été…



La stratégie d’être la gentille et soumise petite esclave ne marcha pas; «Tu le feras quand même, Miriel. Et tu sais ce qui arrivera si tu n'y mets pas du coeur...»  On relâcha finalement ses cheveux, pendant que les sbires reculèrent de quelques pas pour se fondre dans la noirceur de la salle de tortue.  L’hybride soupira en tentant de ravaler sa colère. Ces viles créatures! Il était clair que Kahveka la testait, voulait savoir jusqu’où elle irait. La colère sembla finalement prendre le dessus. Un air de défi au visage, l’hybride enleva rapidement la mince lanière de cuir qui tentait de retenir ses longs cheveux blancs. Elle l’enleva rapidement avant de jeter la lanière sur le sol. Ses longs cheveux blancs tombèrent gracieusement dans son dos. Un air de défi illumina ses yeux, et elle planta son regard dans celui de son maître. «Comme vous le désirez, Maître.» L’hybride enleva rapidement les deux pièces métalliques qui retenaient les bretelles de sa robe et le morceau tomba doucement sur le sol, révélant la nudité de l’hybride. Un corps svelte, amaigri par ses nombreuses ennéades de sous-alimentation et de restrictions, mais un corps toujours aussi voluptueux. Sa nudité semblait avoir allumé le drow, car celui-ci détailla la moindre partie de son corps. Elle avança d’un pas assuré avant d’attraper le surcot du drow et de l’attirer violemment vers elle. Puis se penchant légèrement vers le coup du drow elle susurra à son oreille; «Profitez en maitre, le jour que j’aurais l’occasion, je m’assurais de vous rendre coup sur coup. Vous aimez souffrir? Vous serez servi…» Miriel commença  à mordiller brutalement l’oreille du sombrelfe. Peut-être que ses paroles lui vaudraient des coups supplémentaires, mais qu’importe. La menace ferait bien effet un jour.

Comme ce fût complexe de ne point glousser devant elle! Il se félicita intérieurement de l’avoir gardé pour lui : Miriel était maligne et si vraiment son abruti de nabot disait vrai, il y avait en d’elle encore beaucoup à découvrir. Se plier devant son maître, plutôt que se montrer revêche jusqu’à en souffrir le martyr elle emprunta la voie de la raison en acquiesçant aux requêtes de son maître. Pour toute suite elle s’exécuta sans renâcler, mais que serait-ce que demain ? La chute du duo de broches métalliques tinta au sol, découvrant dès lors la nudité de son esclave. Ah … Toute suite, plus disposée qu’elle le fût avant la séance de la baignoire, ce fût indéniable: elle était délicieuse. Svelte et fragile, bien que tout à la fois dangereuse … Ses yeux gorgés d’un rouge sanguinaire détaillèrent cette pièce de viande sans scrupules aucuns. Et Miriel, dans tout son savoir, fit belle preuve de clairvoyance en s’acoquinant un genre plus féroce : elle se saisit de son surcot dans l’ombre de délicatesse, puis rapprocha sa délicieuse charpente de son corps. Son esgourde frétilla un peu à l’écho du fiévreux murmure. Et ce fût plus vrai que jamais lorsque les dents de son animal de compagnie vinrent en mordiller autant le lobe que le cartilage. Elle se fit plaisir à le tourmenter et lui, en retour, s’en contenta. Et elle y mit bien du sien! Car d’un mouvement de la main, il retint ses chiens, parés à s’occuper d’elle alors qu’à première vue, elle s’était attaquée à elle.

Et cette main levée du daedhel retourna au chignon de Miriel qu’il saisit à pleine poigne. Il la priva de son quatre-heure, l’intimant à pencher la tête par derrière de sorte à mieux admirer sa bouille. La coquine … Elle avait rapportée avec elle un peu de son propre sang. Sa sénestre vint constater alors les dégâts à son oreille : les traces de ses dents y étaient belles et bien imprimées et contre ses doigts, du sang également y perla.

« Je sais Miriel, ce qui te rend aussi aigre. » Il l’emporta donc, toujours avec comme poignée sa masse de cheveux, vers un appareil fait de métal, où nombreuses chaînes y étaient pendouillantes. Il la relâcha sans ménagement, puis se saisit de son poignet –qu’elle le veuille ou non- pour venir y passer le fer. Une fois fait, il s’éloigna d’un pas, l’admira une dernière fois, puis lui tint ces quelques mots :

« Depuis trop longtemps tu n’as pas pris ton pied, Miriel! Nous allons palier à ça. » Et tout sourire, Kah se retourna vers ses trois molosses, faisant signe à deux des trois que ce serait pour eux, jour de fête! Ils pouvaient, à leur convenance, profiter de Miriel –du moment qu’elle en jouisse un peu, quand même-.

« Ne te débat pas trop, tu verras, tu m’en remercieras après. »

Un goût de fer vint emplir sa bouche alors qu’elle mordit violemment l’oreille de son maître. Il voulait qu’elle le satisfasse? Il allait en avoir pour son argent. Le daedhel sembla apprécier la manœuvre de la jeune hybride, il attrapa rapidement ses cheveux noués en chignon avant de la faire reculer pour mieux l’observer. Miriel grimaça, mais reprit rapidement ses esprits en regardant Kahveka. Il lui jeta un regard qui en aurait fait frissonner plusieurs et se mit à marcher vers un appareil en entraînant sa proie par les cheveux. Ses paroles firent frissonner la demie-drow. Avait-elle bien entendu? La jetait-il ainsi dans la gueule de ses chiens? Il prit son bras et l’attacha rapidement à une longue chaîne et recula rapidement pour se mettre hors de sa portée.  « Ne te débat pas trop, tu verras, tu m’en remercieras après. »


Miriel regarda les deux esclaves s’approcher sans rien dire. Les deux  immenses chiens se donnèrent des regards amusés en se frottant les mains, semblant être satisfaits de l’os que leur maître leur avait donné. L’hybride ne les lâcha pas des yeux, analysant leur façon de marcher et leurs attitudes. Leurs yeux brûlant de plaisirs ne laissaient rien au hasard, il se réjouissait d’avance de leur récompense.  Ils semblaient être aveuglés par leur désir, et avoir complètement oublié qu’il n’avait pas affaire à une pauvre petite esclave… L’un d’eux, un drow à la peau noire comme l’ébène et les cheveux courts avaient le fameux poignard de son maître à sa ceinture. Le même poignard avec lequel il avait tenté de lui arracher un ongle un peu plus tôt, elle pouvait même apercevoir les gouttelettes rougeâtres que son sang avait laissé sur la lame d’acier. Tandis que l’autre drow ne semblait pas porter d’arme en tant que telle, au contraire ce dernier se craquait brutalement les jointures, en se léchant les babines, lui donnant un air – presque- terrifiant. Miriel ne changea pas son expression et leva légèrement la tête en les défiant du regard; «Si j’étais vous, je m’arrêterais là. » Les deux sbires s’arrêtèrent à un pas d’elle en échangeant un regard amusé. Après tout, ils étaient définitivement surs de leur capacité ou leur deuxième cerveau les aveuglait totalement.


Le temps sembla se ralentir, et l’hybride profita de ce moment pour s’élancer. Rapide, cette dernière se propulsa dans les airs de sa patte gauche tandis que son talon droit fit une violente rencontre avec le nez du sbire non armé. Son nez, maintenant brisé laissa s’échappa un magnifique jet de sang dans les airs avant de retomber sur le sol tandis que ce dernier, sous le choc et la douleur de cette attaque que son minuscule cerveau ne vit venir , tomba à la renverse et se fracassa la tête sur le sol de pierre en lâchant un son rauque. L’attaque s’était déroulée à une vitesse fulgurante et le pauvre complètement sonné, ne se relèverait pas de si tôt. Le deuxième sbire sembla reprendre ses esprits rapidement et dégaina le poignard en attaquant Miriel. L’hybride esquiva sans effort, et d’un mouvement rapide enroula rapidement la chaîne autour de son poignet et recula violemment, coinçant ainsi la patte noire de son ennemi. Ce dernier, sous la douleur que la chaîne provoqua, lâcha le poignard en hurlant de douleur.  Cela ne prit qu’une seconde avant que l’hybride ne récupère habilement le poignard et l’enfonce dans la gorge de sa victime. Ce dernier eut  un regard empli de colère pendant qu’il émit un gargouillis horrible. Miriel l’observa tenter de reprendre son souffle  et libéra rapidement son poignet. Le drow libéra sa patte et vint rapidement enlever le poignard qui était figé dans sa gorge. Grossière erreur, qui au final, ne fit qu’achever sa souffrance. Miriel fit un pas vers le côté, pendant que son ennemi tomba sur le sol, mort.


Miriel passa sa main sur sa joue pour enlever une goutte de sang qui s’était malencontreusement retrouvée sur son faciès angélique, et défit rapidement  le chignon qui pendouillait pour laisser ses longs cheveux blancs sur ses épaules et ainsi cacher un peu sa nudité. Elle leva ensuite son regard vers son maître avant de lui faire un sourire amusé. «J’espère que ce ne sont pas vos meilleurs chiens, maître. » L’emphase sur le mot sonnait faux et était anormalement arrogante pour une esclave. «Car si c’est le cas j’aurais peur de la lame qui pourrait se retrouver à mon cou à votre place.» Dit-elle en pensant sa main libre sur son cou en souriant. Elle déplaça son regard grisâtre sur le sbire mort à ses pieds puis retourna son regard vers Kahveka. «Tu ne voudrais pas finir comme ton pathétique petit chien. » Répliqua-t-elle en désignant le corps qui gisait à ses pieds. La salle était incroyablement silencieuse, comme si tous attendaient avec impatience la réponse du maître des lieux en retenant son souffle. Miriel contourna le corps inerte de sa victime ainsi que l’autre esclave qui semblait toujours sonner par sa chute. Miriel s’approcha le plus possible de Kahveka. La chaîne arrêta le mouvement de l’hybride dans un cliquetis agressif. «Vous en avez fini? Ou vous en voulez plus? » Dit-elle en le défiant de son regard grisâtre. «C'est un bon début.» Lui dit-il en souriant à pleine dent.  Miriel lui répondit par un sourire amusé, arrogant; «Et t’as encore rien vu.»

Il se pourlécha les lèvres lorsqu’il vit approcher son cheptel vif de sa succulente esclave. À cet exact moment, ses yeux  se désintéressèrent de tout ce qui déviât de cette scène d’horreur. Et les Dieux savaient comme notre assassin appréciait ces épisodes incertains, surtout ceux auxquels il entretenait l’intérêt d’un dénouement ou d’un autre. Dans ce cas-ci, bien que ses mires s’en régaleraient, voir sa jeune biquette astreinte à gober des morceaux qui leur appartenaient n’était en rien l’idée qu’il se fit d’elle. Il espérait bien d’avantage d’elle, car plus que son mignon petit nez et son corps de biche, Kah désirait exploiter l’étincelle de persévérance qui rayonnait en son regard grisâtre. De quelques enjambée il se plaça de sorte à ne rien manquer du spectacle et comme il s’en attendit, il eut droit à toute qu’une représentation! Le froissement de quelques ossements, une poignée de giclées sanguines et pour couronner le tout, son esclave, plus jolie que jamais, qui se déchaîna comme une tempête face à ses deux sbires. Est-ce l’épouvante d’être soumise aux bas instincts des deux malotrus ou la rage de vivre, pure et dure que Kah décela chez elle qui la poussa à exceller de la sorte ? Évidemment que lui poser la question serait équivalent à foncer tête première dans un mur, or de nombreux tests seraient nécessaires pour éclairer la manière qu’il s’y prendrait afin de mener à terme les desseins qu’il lui réservait.

La menace –imminente- enrayée, même dans ses plus simples atours, son esclave vint défier son maître d’un regard qui avait tout pour charmer l’aliéné de la Dotkha. À peine à quelques pouces de pouvoir le saisir de la main et ainsi d’assouvir ses envies vengeresses, Miriel vociféra quelques mots porteurs de double sens. Et ce fût lorsqu’il vit son sourire à elle, satisfaite de son travail effectué, complut de s’être sorti de cette épreuve sans la moindre tare, que Kah fut certain de la suite des choses. Il franchit le pas qu’il manquait entre leurs deux corps respectif et il redressa la main afin de se saisir de son collier, un peu comme on le ferait avec celui d’un chien, mais plutôt que de le tracter à strangulation, il le lissa d’un pouce et déposa ses rubis dans les spinelles de Miriel. Il délaissa ensuite la prise à son collier, puis vint lécher du pouce une lancée de sang à sa joue, comme pour l’étendre plutôt que l’essuyer. Cette couleur allait si bien avec son teint laiteux …

« Je t’ai dit tantôt que je n’étais pas maître à punir inutilement, Miriel. Tu as performé comme je l’espérais ; dis-moi ce qui te ferait plaisir, là maintenant. » Il allait de soi que son regard, bien que bienveillant pour le moment, ne saurait se montrer suffisamment permissif pour lui accorder la liberté qu’elle souhaitait. Et elle sut lui dire des mots, de mielleuses paroles à son oreille qu’il dut prendre un petit recul pour mieux l’ausculter.

« Laissez-moi prendre ma vengeance sur mon ancien maître, donnez-moi l'opportunité de prouver ma valeur, et j'achèterais ma liberté. » Et à sa requête, Kah prit un moment pour considérer le tout, les lèvres pincées de manière pensive. Elle aurait pu demander n’importe quoi, une couche confortable, une garde-robe qui lui conviendrait d’avantage, la permission de se balader à convenance … Non, plutôt elle venait de lui mettre ses cartes sur la table, dévoilant son jeu en espérant que paie sa franchise.

« J’acquiesce à ta requête Miriel, mais moi seul jugerai quand tu seras parée à assouvir ta vengeance. D’ici là, il n’en tient qu’à toi de me faire la démonstration de ta valeur. Et cela passe d’abord et avant tout à ta capacité à obéir. » Il la délaissa enfin puis fit signe au dernier dégueu qui était resté reclus, veinard qu’il était de ne pas avoir été démonté par la furie.

« Et comme j’abonde à tes désirs, malheureusement, tu ne pourrais jouir d’autres privilèges, hélas. Ma générosité a ses limites, après tout. » L’affreux retrouva l’habillement de Miriel qu’elle avait tantôt délaissé, et décora le tissus de quelques marques de coutelas, de sorte à ce qu’elle se nippe de haillons. Et Kah, dans tout ça, fut rassemblement atteint de cécité car il ne pipa mot à cette gratuité de cruauté.

« Il te ramènera à tes appartements et ton repas te sera bientôt servit. Quant à nous, nous reverrons demain. Ou cette nuitée, peut-être … » Mais là, autrement qu’un regard sous-entendu, ce fût l’œil ricaneur qui ponctua son faciès. Il n’avait pas de réelles intentions intimes envers elle. Du moins, pas encore.

Miriel ne pouvait décrire les sentiments qui brûlaient en elle. Un mélange de colère, de dégout, de détermination… Elle n’allait pas se laisser faire par ce drow et encore moins se faire mener par le bout du nez. Si elle devait le servir, cela ne serait pas pour réchauffer sa couche ou pour faire la lessive. Miriel était une combattante, une survivante, valait mieux pour son nouveau maître qu’il l’utilise à bon escient. Sinon il pourrait bien finir mort dans son lit… Elle suivit du regard le sombrelfe qui s’approchait d’elle et le laissa se saisir du collier qu’il avait si aimablement mis sur son cou.  Un mouvement qui aurait presque pu paraître aimant, mais en voyant le rictus qui éclairait le visage de son maître, elle savait pertinemment que cela n’annonçait rien de bon.  Il posa finalement son regard empli de sang dans le sien tandis que la demie-drow était toujours en train de le défier du regard. Il passa ensuite le doigt sur une tache de sang qu’un de ses sbires avait laissé sur sa joue et l’étendit, tel un amant qui savourait la douceur de la peau de la femme qu’il aime. Mais Miriel savait très bien que ce dernier avait des intentions beaucoup moins romantiques. « Je t’ai dit tantôt que je n’étais pas maître à punir inutilement, Miriel. Tu as performé comme je l’espérais ; dis-moi ce qui te ferait plaisir, là maintenant. » Avait-elle bien entendu? Lui laissait-il réellement la chance de demander sa liberté ou était-ce encore un test? Elle savait pertinemment que son maître n’avait pas cette générosité… Il l’aimait bien pour le moment… Mieux valait continuer dans cette direction. Son visage se referma, et elle plissa légèrement les yeux, le visage froid; « Laissez-moi prendre ma vengeance sur mon ancien maître, donnez-moi l'opportunité de prouver ma valeur, et j'achèterais ma liberté. »


Elle ignorait s’il allait acquiescer à sa demande. Mais si elle était prise dans le trou qu’était l’Elda, elle avait une chance de retrouver Royna, et peut-être d’avoir la vengeance dont elle rêvait sur son père, et ancien maître. Le drow sembla prendre quelques minutes pour réfléchir, comme s’il était surpris de la demande de sa nouvelle possession. Tandis que Miriel avait l’impression que le temps s’était arrêté autour d’elle. Était-ce une demande si compliquée? Il n’avait pas sourcillé quand elle s’était occupée de ses deux sbires? Alors pourquoi une répugnante vie viendrait le déranger? « J’acquiesce à ta requête Miriel, mais moi seul jugerai quand tu seras parée à assouvir ta vengeance. D’ici là, il n’en tient qu’à toi de me faire la démonstration de ta valeur. Et cela passe d’abord et avant tout à ta capacité à obéir. » Soulagement. Miriel n’en démontra rien, mais elle avait l’impression qu’un énorme poids s’était enlevé de ses épaules. Il avait dit qu’il était un bon maître? Elle ne tarderait pas à le voir… « Et comme j’abonde à tes désirs, malheureusement, tu ne pourrais jouir d’autres privilèges, hélas. Ma générosité a ses limites, après tout. » Miriel déplaça son regard vers un des sbires qui s’approcha pour se saisir de ses vêtements, il se saisit de ses derniers avant de se servir de son couteau pour laisser de grandes marques. La demie-drow serra des dents en remarquant le manège de ce dernier «Salaud.» murmura-t-elle entre ses dents. Curieusement, elle savait à ce moment précis que sa vie serait un enfer. Il utiliserait la moindre occasion pour la remettre au sol, pour l’humilier, pour briser cette fierté qui brillait dans ses yeux. Les années de libertés qu’elle avait goûté laissaient un gout amer dans sa bouche, et après l’avoir savouré, elle n’avait aucune envie de retourner dans la servitude. Miriel retourna  finalement son regard grisâtre vers les deux rubis qui semblait – ô combien amusé – de ce châtiment gratuit. « Il te ramènera à tes appartements et ton repas te sera bientôt servi. Quant à nous, nous reverrons demain. Ou cette nuitée, peut-être … » Miriel avança d’un pas vers son maître, faisant cliqueter encore une fois les chaînes qui la retenaient et leva légèrement le menton, fière, avant de défier son maître du regard. «Je ne vous le conseille pas, Maître.» L’intonation était différente, elle voulait le provoquer, le faire sourciller. « Il ne serait pas prudent de sous-estimer vos esclaves.» Elle l’observa alors quitter la pièce, sourire aux lèvres, comme si la remarque qu’elle venait de dire était une farce. Une simple plaisanterie sans importance… Il voulait voir de quoi elle était capable… il le verrait bien assez tôt.

-Fin du RP-