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 À la croiée des chemins

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Suri
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MessageSujet: À la croiée des chemins   À la croiée des chemins I_icon_minitimeMar 9 Oct 2018 - 23:07

Suri aurait voulu pouvoir demander son aide à Maître Linderel. Le vénérable mage lui manquait terriblement. Elle n’avait jamais rencontré quelqu’un qui l’égalât ni en sagesse ni en savoir ni en bonté. Lui aurait su que faire, elle en était persuadé — tout comme elle savait qu’elle aurait bu ses conseils jusqu’à la lie et les aurait scrupuleusement suivis.

Briareus n’avait jamais compris que son apprentie pût vouer une telle dévotion à un maître qui l’avait, pour ainsi dire, exilée. « C’est un putain de couard, ton magillon, » lui avait-il seriné chaque fois qu’il l’avait pu. Elle ne se souvenait pas l’avoir un jour entendu dire la moindre remarque méliorative à l’égard de l’anëdhel et durant les premiers mois de leur cohabitation, elle avait systématiquement cherché à défendre l’honneur de l’académicien. En vain. Le sorcier était resté droit dans ses bottes, jusqu’au tout dernier moment.

Sur son lit de mort, il avait voulu plaisanter à ce sujet, mais une violente quinte de toux l’en avait empêché. Alors, pour la première fois, Suri avait rendu les armes. « Il aurait dû essayer, avait-elle avoué entre deux sanglots. De m’aider. De châtier les responsables de ce qui m’est arrivé. Il aurait dû. » Il s’était su impuissant et avait organisé son départ pour mieux la protéger ; elle était convaincue qu’elle avait survécu grâce à son renoncement. Pour autant, par son choix, il avait fait d’elle l’unique coupable des agissements de ses bourreaux et c’était là un fardeau qu’elle devrait porter tout le reste de sa vie.

« Aaaah… » Le vieux mage lui avait tapoté faiblement la joue en esquissant un sourire triste. « Tu es… une brave petite, » avait-il péniblement affirmé avant de laisser lourdement tomber son bras le long de son corps.

Il était mort quelques minutes plus tard.

Suri avait cru, un temps, qu’elle pouvait aimer Thaar. Elle l’avait voulu. Elle avait essayé. La ville, pourtant, n’avait jamais daigné lui rendre son affection. Ou alors, c’était l’elfe qui n’avait pas su l’embrasser, elle qui avait su dès les premiers jours, avec une terrible acuité, qu’elle pénétrait dans un monde qui n’était pas le sien. Elle avait cherché à l’oublier, mais le trépas de Briareus était venu le lui rappeler de la pire des façons : le cœur de Thaar battait à un rythme différent du sien. Tout y allait trop vite et trop fort et trop loin. Malgré ses efforts, elle n’avait jamais su en quitter le guet, par peur d’être broyée par des courants par trop puissants et imprévisibles pour elle. De la berge, elle était condamnée à voir son monde changer et se transformer sans elle.

Dans la même année, un garçon l’avait aidée et courtisée, s’était lassé de l’attendre et marié avec une autre. Elle n’en avait jamais voulu à Job et avait même été soulagée d’apprendre qu’il avait pu obtenir ce qu’elle n’avait jamais songé à lui offrir. Puis, il avait vieilli, muri tandis qu’elle demeurait la même ; maintenant, quand il posait son regard sur elle, il voyait toujours une enfant quand lui était devenu un homme fait.

Briareus non plus n’avait jamais réussi — mais avait-il seulement essayé ? — de la comprendre. Elle qui avait, à l’Académie, côtoyé les plus grands magiciens de leur époque, n’avait rien appris aux côtés du sorcier, sinon tout le mal que ce dernier pensait de l’elfie. Il l’avait sauvée, lui avait offert un toit et rendu sa vie ; pour cela, elle ne l’oublierait jamais. Cela ne lui faisait pas oublier tous les efforts qu’il avait voués à piétiner des dizaines d’années d’études.

Le mage, qui se savait mortel et plus proche de la tombe que du ventre de sa mère, lui avait légué toutes ses possessions. Il n’avait pas tergiversé longtemps, car elle avait été ce qui se rapprochait le plus d’une héritière et il l’avait sans doute plus aimée qu’il n’avait reçu d’affection en retour. Suri s’était donc retrouvée, du jour au lendemain, propriétaire d’une maisonnette et gestionnaire d’une petite clientèle ; elle s’occupa si mal de la seconde, qu’elle perdit très vite la première. Ce n’était pas qu’elle était une mauvaise guérisseuse, loin s’en fallait. Elle était encore une apprentie, au moins selon ses propres standards, mais les afflictions du petit peuple de Thaar étaient largement à sa portée. Simplement, elle agissait trop lentement, vouant des après-midis entières à une poignée de patients.

« Que vas-tu faire ? » lui demanda enfin Job quand ils eurent fini de ranger. Il était demeuré muet tout le temps qu’avait duré leur labeur. Suri ne s’en était pas formalisée, elle savait qu’il avait fort à faire par ailleurs, mais n’avait eu personne d’autre vers qui se tourner.

« Je ne sais pas, répondit-elle avec honnêteté en dardant ses prunelles écarlates sur lui. Je… pensais essayer de retourner chez moi. »

Un léger rictus déforma les lèvres du damoiseau, si furtivement qu’elle manqua ne pas le voir. « Nous sommes chez toi, » répondit-il avec lenteur en regardant autour de lui. Sa voix était grave et son regard triste, ce qui surprit la guérisseuse. « J’aurais dû être là pour toi. » Le visage courroucé d’Asmaa flotta entre eux et ils détournèrent le regard de concert ; l’épousée de Job haïssait cordialement celle qui, un temps, avait tenu le cœur du jeune homme entre ses doigts fins. « Je l’ai appelée Suri, une fois, avait-il avoué à l’elfette un jour. J’ai cru qu’elle allait me tuer. »

Suri secoua la tête. « Ta famille avait besoin de toi, » le détrompit-elle fermement. Elle sourit mais ses yeux témoignaient la tristesse qu’elle pouvait ressentir en prononçant les paroles qui suivirent. « Quant à moi, je ne crois pas que je trouverai jamais à Thaar ce que j’étais venue y chercher. » Elle avait quitté l’Anaëh en quête d’une nouvelle vie et un remède pour la soustraire à ses crises de colère, mais n’avait trouvé que des illusions de réponses dans la plus grande cité du monde.

« Tu ne vas tout de même pas prendre la route comme ça, essaya une nouvelle fois le jeune père. Tu vas avoir besoin d’argent, à tout le moins. »

Le sourire de Suri se fit plus tendre. Il avait beau paraître plus âgé qu’elle, il lui restait tellement à vivre. Après avoir souffert ses silences, elle ne pouvait s’empêcher de se rassurer en le voyant se débattre avec des sentiments qu’il pensait avoir durablement enterrés. « Ne t’inquiète pas pour moi, je ne pars pas demain, le rassura-t-elle en joignant ses mains dans son dos. Je vais travailler pour une école de gladiateurs — l’Aile Blanche, tu connais peut-être — le temps de mettre un peu d’or de côté, puis j’essaierai sans doute de proposer mes services à une compagnie quelconque pour me rapprocher de la Anon. »

Rien que d’évoquer Anaëh, elle poussa un soupir et tourna son regard dans ce qu’elle savait être la direction de la Prime Forêt. Comme elle pouvait lui manquer, subitement ! Elle n’avait pas ressentie pareille mélancolie depuis des mois.

« Tu devrais pas y aller, lâcha son ami en se renfrognant. Y a rien de bon pour toi, là-bas. » Suri fronça légèrement les sourcils, surprise par son changement de ton. Il lui faisait penser à Briareus, d’un coup. Le vieux sorcier y aurait été d’un commentaire similaire. « Quoi ? C’est pas vrai ? la défia-t-il de la voix et du regard.

C’est ici qu’il n’y a rien de bon pour moi, » énonça-t-elle avec une douceur qui n’atténua en rien la dureté de ses propos. Job aurait préféré qu’elle le gifflât, comprit-elle en s’agaçant de le voir s’énamourer à nouveau. Elle avait beau avoir cultivé à son égard des sentiments bien pâles, eu égard à l’intensité des siens pour elle, elle avait tout de même souffert de l’indifférence qu’il lui avait opposé une fois marié. Elle ne goûtait guère l’ironie de le voir au jour d’hui venir lui dire tout ce qu’elle perderait à s’en aller… Son dos lui chauffait rien qu’à cette idée et elle savait que c’était là une sensation qu’elle ne devait pas ignoner.

« Je n’aurais pas dû venir, l’arrêta-t-il en se reculant. Je savais que c’était une erreur. Je savais que tu finirais par me le reprocher. » Et il n’avait pas besoin de détailler plus ce qu’il entendait par là, elle avait très bien compris.

« Je ne te reproche — reprochais — rien, » siffla-t-elle en serrant les poings. Elle ne connaissait que trop cette sensation qui lui comprimait le cœur et la gorge et elle ferma les yeux dans une vaine tentative de se contrôler. Elle fit son possible pour atteindre l’état de sérénité qu’elle avait mis des années à chercher ; elle crut le trouver, mais c’était sans compter la bétise de Job, qui lui attrapa les épaules, l’attira contre lui et voulut l’embrasser.

Suri ne réfléchit pas. Elle attaqua. Ses dents mordirent la chair tendre de la lèvre inférieure de son agresseur et lui en arracha un honnête morceau. Le goût âcre et âpre du sang lui emplit la bouche et une adrénaline mauvaise lui fouetta les vaines. « La garce ! » criait quand à lui Job en la repoussant. Elle tomba lourdement sur les fesses, ce qui eut comme première vertue de la ramener à la réalité.

Profitant de cette seconde précieuse de lucidé, elle abandonna tout derrière elle et s’enfuit sans demander son reste, en essayant d’ignorer la brûlure sourde qui lui mordait le dos.

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MessageSujet: Re: À la croiée des chemins   À la croiée des chemins I_icon_minitimeVen 12 Oct 2018 - 22:26

« Suri, avec ou sans ton aide, je fais sortir mon frère d’ici cette nuit, » lui avait affirmé Mika’el sans trembler. Elle avait essayé de le faire taire, mais l’esclave n’avait rien voulu entendre. Pis, il avait commencé à s’énerver. « Tu sais qu’il ne fait pas le poids face à son adversaire de demain ; les couilles-noires ne veulent pas d’un beau combat, just d’une bonne rasade de sang frais. »

On avait envoyé la guérisseuse s’occuper d’une vilaine estafilade que le gladiateur avait récolté pendant un entraînement du matin ; elle commençait à comprendre que le diable s’était très certainement blessé à dessein. « Je ne peux rien pour vous deux, » avait-elle finit par répondre dans un chuchotement. L’Aile Blanche avait peu de goût pour les esclaves cherchant à s’évader ; elle avait beau être libre elle-même, cela peserait bien peu si on venait à l’accusé de délit de solidarité. « Tais-toi, lui avait-elle intimé tandis qu’il revenait à la charge. Ne me force pas à te dénoncer. C’est ce que je suis censée faire, vu ce que j’ai déjà entendu ; ce que tu m’as demandé…

Je ne te demande rien d’autres que de faire une erreur ! l’avait-il coupée en laissant transparaître pour la première fois un début de fébrilité. Pas de blesser quelqu’un, ou de voler quoi que ce soit. Juste… Ce soir, quand tu quitteras l’Aile, oublie simplement de fermer la porte de l’infirmerie à clef. »

Elle n’avait rien répondu, n’avait pas opiné du chef, n’avait pas même daigné lui rendre son regard. Elle s’était contentée de faire le vide dans son esprit pour ne pas céder à la panique, de finir son travail puis de le renvoyer dans sa cellule. « Avec ou sans ton aide, Suri, » lui avait-il rappelé.

Dans les heures qui avaient suivi son échange chuchoté avec Mika’el, Suri avait essayé de décider quoi faire, sans succès.

Parmi les esclaves qui composaient les écuries d’Haldren Umbarion, il était sans doute le gladiateur avec lequel elle s’entendait le mieux. Son arrivée fracassante à l’Aile Blanche avait éveillée la curiosité de l’anëdhelle, car il était de fait peu fréquent qu’un guerrier proposât à un esclavagiste de devenir son gladiateur. Il avait avoué à la guérisseuse, quelques ennéades plus tard, qu’il avait voulu être en mesure de protéger son frère aîné, un dénommé Loan dont elle ne savait que peu de choses sinon qu’il ressemblait fort peu à son cadet. « Vous êtes vraiment du même sang ? » avait-elle maladroitement demandé.

Il ne lui avait pas répondu — pas clairement en tout cas — et elle n’avait jamais pu trancher par elle-même. Son hypothèse la plus probable était qu’ils partageaient un parent, qui leur avait legué leurs yeux verts et leurs machoires carrées. Pour le reste, elle était prête à parier que Mika’el avait du sang d’elfe, au contraire de son aîné

« Par ici, » entendit-elle d’ailleurs ce dernier chuchoter. Elle se redressa sur son siège, le souffle court. Il était venu, ainsi qu’il le lui avait assuré. Il n’avait aucun moyen de savoir si, oui ou non, elle avait accédé à sa demande, mais avait décidé de lui faire confiance. « C’est bon, vous êtes tous là ? »

Tous ? répéta mentalement Suri en sentant une bouffée de panique lui saisir la gorge. Il ne lui avait parlé que de son frère !

« Ouais, ouais, lui répondit quelqu’un avec l’empressement de celui qui savait qu’il risquait sa vie. T’es vraiment sûr de ton coup ? » L’ancienne académicienne connaissait cette voix, mais elle était incapable de lui associer un visage — et encore moins une histoire. Elle confirmait cependant ce qu’elle avait craint : Mika’el lui avait menti. Ou ne lui avait pas dit toute la vérité, ce qui revenait plus ou moins au même.

« Puisque je t’ai dit que j’ai tout prévu, » affirma un peu crânement Mika’el en actionnant la clanche. Elle put presque entendre son soupir empli de soulagement quand il comprit qu’elle ne lui résistait pas ; cela n’échappa non plus à son complice qui ricana pour le lui signifier. Ouvrant en grand la porte, le gladiateur pénétra dans la pièce avant de se figer net. « Suri ? lâcha-t-il bêtement en se figeant.

Quoi, la quiche est là ? demanda la voix dans son dos.

Théobald, attends ! » souffla une troisième personne — elle reconnut le timbre un peu bourru de Loan — avant d’étouffer un juron. Le dénommé Théobald bouscula Mika’el et fondit sur sa proie, qui n’eût pas même le temps de crier. Des doigts vigoureux lui saisirent la gorge et lui écrasèrent les cordes vocales, la réduisant instantanément au silence. Elle comprit qu’elle allait mourir et commença à se débattre avec l’énergie du désespoir, donnant des coups de pieds et de poings dans le vide.

D’un coup, elle se rappela qui il était. Une enflure de la pire espèce, qui avait plusieurs fois essayer de profiter d’elle — elle avait fini par refuser de le soigner et le fait que personne n’avait plaidé en sa faveur en disait long sur le personnage. Mika’el, voulait-elle appeler. Elle aurait voulu lui demander pourquoi il s’était joué d’elle, mais elle comprenait qu’elle ne pourrait jamais lui poser la question.

Son calvaire prit fin aussi vite qu’il avait commencé. Théobald eut soudainement un hoquet, ses doigts devinrent gourds sur sa gorge et il la lâcha quand elle réussit à le frapper aux tempes. Elle le regarda s’effondrer sans comprendre, avant de remarquer la dague qui s’était fichée entre deux de ses côtes. « Comment… ? souffla-t-elle en portant son regard sur le probable sang-mêlé. Tu ne devrais pas avoir d’armes…

J’ai réussi à la cacher tout à l’heure, » expliqua-t-il le souffle court avant de se resaissir. Il se détourna d’elle et posa sa main sur l’épaule de son frère. « Tu sais quoi faire.

Oui, opina Loan avant de poser son regard vert sur Suri. Et elle ?

On va devoir l’attacher, répondit son cadet en esquissant une grimace. Je ne veux pas qu’elle… que tu aies des ennuis. » Il avait porté un regard désolé en direction de la guérisseuse. « Je ne voulais pas te mêler à nos histoires de famille. Pas comme ça, en tout cas. »

L’attacher ? Elle les regarda, interdite ; Loan ne répondit rien et commença à fouiller l’infirmerie à la recherche d’un lien assez solide pour satisfaire la requête de Mika’el. Il n’eut pas besoin de chercher beaucoup : il n’était pas rare qu’on immobilisât les gladiateurs avant le début des soins, pour la sécurité des gens comme Suri.

« Tu diras que tu t’es endormie, » lui souffla Mika’el en essayant de la faire s’assoier. Quand il posa ses mains sur ses épaules, elle se déroba. Il fronça les sourcils, avant d’insister. « Écoute, on n’a pas le temps pour ça. » Loan lui tapota l’épaule, lui tendit ses trouvailles et s’accroupit aux côtés du cadavre encore chaud de celui qui, quelques minutes plus tôt, était encore leur complice. Cette vision donna la nausée à l’anëdhelle, qui sentit son dos commençait à la brûler. Elle reconnut ce signe avant-coureur, mais ne songea même pas à y prêter l’attention qu’il méritait. Elle était complètement dépassée par le court des événements. « Suri… » insista une dernière fois Mika’el — en essayant encore une fois de poser la main sur son épaule.

Elle ne réfléchit pas. Elle le frappa. Elle ne devait pas avoir correctement serré le poing, car un craquement sinistre lui apprit qu’elle venait de se le casser. La douleur lui fit l’effet d’une giffle et finit de la pousser dans les bras avides de la colère.

Elle n’eut pas le temps de voir Loan gratter de la pointe de la dague un symbole gravé à même le mur — symbole qu’elle n’avait jamais vu, quand bien même elle avait commencé à travailler pour l’Aile Blanche depuis un moment déjà. Elle ne vit pas plus le mur fondre sans un bruit. Elle ne vit rien de tout cela, car Mika’el la frappa juste à temps pour l’empêcher de crier.

Ce fut ainsi que s’ajoutèrent un meurtre et un enlèvement à ce qui n’aurait dû qu’être, normalement, une évasion sans histoire.

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MessageSujet: Re: À la croiée des chemins   À la croiée des chemins I_icon_minitimeVen 12 Oct 2018 - 23:30

Quand elle se réveilla, Suri était attachée et sa main droite lui faisait un mal de chien. Elle voulut pousser un cri, mais une main ferme se posa sur sa bouche et elle ne put que gémir en se débattant. Mika’el, que la situation n’était pas pour réjouir, dût s’y prendre à plusieurs fois avant de la calmer.

« Je vais retirer ma main, maintenant, expliqua-t-il quand il fut convaincu qu’elle avait repris ses esprits. Respire un bon coup. » Et la guérisseuse de s’exécuter, aussi docilement que son instabilité émotionnelle le permettait. « Ah, Suri… qu’est-ce que je vais faire de toi ?

Où suis-je ? » demanda l’elfette sans vraiment se soucier de ses états d’âme. De ce qu’elle pouvait en voir, elle se trouvait dans une chambre d’hôtel, très certainement dans un quartier modeste de Thaar.

« Chez des amis à moi, répondit son hôte avant de soupirer. J’aimerai pouvoir te dire quelque chose comme moins tu en sais, mieux c’est pour toi, mais je crois que nous avons déjà dépassé ce point-là, pas vrai ? » Comme elle le regardait sans comprendre, il trouva bon de préciser sa pensée. « Tu vas devoir venir avec nous, expliqua-t-il avec un regard désolé. Loan ne te fait pas confiance, il refuse de te laisser partir.

Il ne me fait pas confiance ? demanda-t-elle en insistant tout naturellement sur les mots qui lui semblaient importants.

Il est persuadé que tu voulais — que tu veux toujours — nous trahir. » Il haussa les épaules, voulant par ce geste souligner sa propre impuissance. « Il est têtu et quand il se met une idée comme cella-là dans la tête, il n’y a rien que je puisse dire pour lui faire entendre raison.

Ce n’est pas comme si je pouvais retourner avec l’Aile Blanche de toute façon, finit-elle par répondre après un silence. Je ne prendrai pas ce risque, je n’ai pas envie d’être rendue responsable de votre évasion et de devenir esclave moi-même le temps de pouvoir vous rembourser… » Il esquissa un pauvre sourire, qui n’eclipsa pas totalement l’éclat de culpabilité qui passa dans son regard. Il savait, songea-t-elle avec une pointe de colère qu’elle parvint péniblement à étouffer. Il savait, malgré ses belles paroles, ce que je risquais en « faisant simplement une erreur ». Elle décida de ne pas s’aventurer sur ce terrain là, de peur de perdre à nouveau le contrôle d’elle-même. « Je ne suis sans doute pas la seule à risquer gros, de toute façon. Vous n’auriez jamais pu rejoindre l’infirmerie sans aide. »

Il opina du chef, sembla hésiter quelques secondes puis baissa légèrement les yeux. « Disons simplement qu’avec assez de temps, un peu de chance et beaucoup de réflexion, il coûte beaucoup moins cher de faire évader quelqu’un que d’acheter sa liberté au prix d’or. » Il haussa à nouveau les épaules, puis leva ses mains au niveau de ses épaules comme pour s’excuser de ne pas en dire plus. « Je préfère que tu ne connaisses pas tous les détails, avoua-t-il en esquissant une grimace. Il n’est pas impossible qu’on nous rattrape et j’ai des amis proches qui ont risqué gros. Je ne voudrais pas leur causer plus d’ennuis… Le plan initial était de nous racheter tous les deux en truquant des paris, mais l’adversaire désigné de Loan nous a forcé à utiliser notre plan de secours. »

Elle secoua la tête, attérée. Elle, il voulait bien prendre le risque de la mettre en danger. Elle souffla légèrement par le nez, ferma les yeux et chercha un peu de paix. L’exercice, pourtant maintes fois répété, ne fut pas très facile, mais son comparse lui fit l’heur de ne pas l’interrompre. Après un long silence, elle rouvrit finalement les yeux. « Si je dois venir avec vous, tu peux au moins m’expliquer la suite de vos projets. » Elle regarda autour d’elle, cherchant Loan des yeux. « Où comptez-vous aller ?

Chez les Nordiens de la Péninsule. On dit qu’il y a toujours du travail pour un porteur d’épée, à Oësgard.

Je veux bien vous accompagner un temps, répondit-elle avec une lenteur étudiée. Jusqu’aux Septmonts, ou Naelis, je ne sais pas trop encore. » Cela faisait presque deux ennéades qu’elle avait assez d’argent pour ses projets et repoussait pourtant son départ. Elle décida donc de voir dans cet improbable péripétie un coup du sort. « Quand partirons-nous ?

Demain soir, lui répondit Mika’el avec un large sourire — sans doute un peu soulagé de la voir aussi bien réagir. Nos amis nous feront sortir de la ville. »

Ce fut ainsi que Suri reprit finalement la route, avec comme destination finale la Prime Forêt.

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