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| Certaines clefs ouvrent des portes auxquelles elles ne sont pas destinées [Tib] | |
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Auteur | Message |
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Lohie de Brandevin
Humain
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| Sujet: Certaines clefs ouvrent des portes auxquelles elles ne sont pas destinées [Tib] Jeu 15 Nov 2018 - 18:28 | |
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Dernière édition par Lohie de Brandevin le Mer 24 Fév 2021 - 1:01, édité 3 fois |
| | | Tibéria de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: Certaines clefs ouvrent des portes auxquelles elles ne sont pas destinées [Tib] Ven 16 Nov 2018 - 17:41 | |
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Cette journée avait commencé comme toutes les autres. L’un s’occupait à allumer les feux dans les cheminées de la maison alors qu’un autre faisait le ménage et débarrassait les boiseries de la fiche couche de poussière qui s’y était accumulée depuis la veille. Dans les cuisines, les fourneaux s’activaient déjà et une agréable odeur de pain et de pâtisserie flottait dans l’air. Plusieurs occupants de la maison soltari affichaient un air renfrogné. La nuit précédente, la petite Sofia a décidé de garder tout le monde éveillé en poussant des hurlements à réveiller les morts. Elle ne s’endormit qu’au moment où tout le monde devait se lever. Du coup, la patience de certains en fut vivement affectée. C’est sans doute cela qui expliqua, en partie du moins, ce qui se passa quelques heures plus tard.
Cassio venait de superviser le déchargement de sacs de farine lorsqu’un étranger se présenta à la porte de la maison. Dès qu’il le vit, le sang monta à la tête de l’intendant. Comment osait-il se présenter ainsi à la porte de Tibéria ? Il le menaça de le bastonner, mais visiblement, cela ne fut pas suffisant pour le faire reculer.
Ce cas de figure n’était pas un fait unique, malheureusement. À quelques reprises, des gens à l’audace mal placés se présentaient à la porte de la demeure en demandant à voir la duchesse. Ils venaient toujours en petit groupe, sans doute pour se donner du courage. Puis l’un d’eux s’esclaffait en disant qu’ils étaient à la mauvaise adresse et qu’ici vivait plutôt la catin du sud. Cela mettait Cassio dans une colère noire. Malheureusement pour l’intendant de la maison, lorsqu’il se fâchait, il ressemblait plus à un petit chien de salon hargneux qu’à un homme capable de vous faire du mal. Ça ne l’arrêtait toutefois pas et devant l’absence de réaction du gredin, Cassio s’emporta pour de bon, sans doute aidé aussi par le manque de sommeil de la veille. « Est-ce la boue dans vos oreilles qui vous empêche de bien entendre ? Partez avant qu’on ne vous jette à la rue ! Non, mais, quel genre d’homme ose s’attaquer à une femme qu’on a dépouillée de pratiquement tous ses biens. Un malotru de la pire espèce sans nul doute ! Ne pouvez-vous pas vous en prendre à quelqu’un de votre taille !? »
La petite scène commençait à attirer l’attention. Autant les habitants de la maison que les passants dans la rue s’approchaient pour admirer le spectacle. Depuis les fenêtres, les servantes épiaient à travers les rideaux. Deux ou trois hommes d’armes se joignirent également à l’attroupement, mais malgré l’épée à leur ceinture, ils n’avaient l’air nullement menaçant. En fait, c’était plutôt de l’amusement qui se peignait sur leur visage, car voir Cassio s’exciter de la sorte était toujours fort divertissant. Voyez-vous, dès qu’il commençait à crier, sa voix montait dans les aigus à cause de sa condition d’eunuque. Tous ceux ayant un humour puéril trouvaient cela fort amusant et les gardes, image même de la virilité, en faisaient partie. « Et si vous voulez vraiment voir la dame de la maison, ayez au moins l’obligeance de prendre un bain. L’odeur qui se dégage de votre personne est aussi repoussante que celle d’un âne mort ! Certainement pas celle d’un prétendu gentilhomme. » Sur ce, les gens éclatèrent de rire, mais difficile de savoir s’il riait de l’inconnu tout crotté ou de Cassio dont le visage avait viré au rouge vif tant il était fâché.
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| | | Lohie de Brandevin
Humain
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| Sujet: Re: Certaines clefs ouvrent des portes auxquelles elles ne sont pas destinées [Tib] Lun 19 Nov 2018 - 11:19 | |
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| | | Tibéria de Soltariel
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| Sujet: Re: Certaines clefs ouvrent des portes auxquelles elles ne sont pas destinées [Tib] Mer 21 Nov 2018 - 1:51 | |
| Le pauvre Cassio n’eut malheureusement pas le soutien qu’il aurait espéré de ses compagnons. C’est qu’il avait, selon l’avis de plusieurs, une attitude parfois des plus déplaisantes. Son statut d’intendant lui montait parfois à la tête et son habitude de donner des ordres à tout le monde ne passait pas toujours. Ainsi, le voir recevoir une correction était un spectacle que nul n’était pressé d’interrompre. Même que Lohie vit son nombre d’admirateurs gonfler alors qu’il pourchassait sa victime. Cette dernière, n’ayant point l’habitude de fournir des efforts physiques, se retrouva bien assez tôt à la merci du vicomte. Il faut savoir qu’en cet instant, Cassio ne croit toujours pas que cet homme crasseux est vraiment celui qu’il prétend être. Même lorsqu’il se retrouva jeté dans l’abreuvoir et qu’il poussait des cris d’orfraie, il pensait être la victime d’une brute épaisse. Quelle humiliation pour l’ancien intendant du palais de Soltariel ! Être ainsi la risée générale. Le pauvre se débattait comme un pauvre diable, mais personne ne venait l’aider. Naturellement tout ce bruit aurait attiré l’attention de Tibéria à condition, bien sûr, qu’elle se soit trouvée à l’intérieur de la maison à ce moment-là. Lasse de toujours être enfermée, la jeune femme allait régulièrement se promener en ville autant pour prendre l’air que se changer les idées. Elle s’absentait une heure ou deux avant de rentrer. Parfois, elle ramenait avec elle des petites choses achetées au marché, autant de la nourriture qu’un objet ayant attiré son attention parmi les étals. Cette fois, elle transportait un panier rempli de figues dans l’espoir que la cuisinière les transforme en confiture. Tibéria adorait la figue sous toutes ses formes, mais particulièrement caramélisée avec un peu de miel. Elle remontait donc la rue avec son panier au bras et le chien sur les talons lorsqu’elle entendit la première rumeur que quelque chose était en train de se passer. Il y a toujours un peu d’agitation dans les rues de Diantra, mais cette fois, la quiétude quotidienne se voyait bouleversée par un événement hors de l’ordinaire. Curieuse, elle décida d’aller voir. Après tout, Tibéria n’était pas non plus insensible à un peu de nouveauté. Elle se retrouva rapidement sur le chemin de sa maison, ce qu’elle trouva tout de suite étonnant, car jamais rien ne se passait dans les environs. La jeune femme passa devant les belles façades des maisons de riche, remonta une ruelle particulièrement encombrée pour enfin découvrir avec stupéfaction que c’était sa maison qui était le théâtre de toute cette agitation. La foule, étonnamment compacte, ralentissait sa progression. Elle se faufilait entre les corps parfois malodorants en se faisant bousculer au passage. « Laissez-moi passer! C’est chez moi! » Excédée, elle écrasa violemment avec son talon le pied d’un curieux. « Mais vous êtes folle! » Il leva la main comme s’il voulait la frapper, mais son regard passa plutôt au chien qui se tenait toujours à côté d’elle. Devant sa taille imposante et ses canines tout aussi impressionnantes, l’homme abandonna le projet. L’animal commença alors à japper et la foule se fendit pour les laisser passer. Tibéria plaça son panier devant elle, menaçant de l’utiliser comme une arme si quelqu’un tentait de lui barrer la route.
Elle atteignit, non sans difficulté, la cour et y vit Cassio en train de se faire assaillir par un autre homme d’une façon bien particulière. Le pauvre intendant était plongé dans l’abreuvoir à chevaux et tentait désespérément de repousser l’autre qui le noyait d’injure tout en le frottant vigoureusement avec une barre de savon de suif. « Mais... » Elle se précipita vers les deux hommes. « Arrêtez tout de suite! » Tibéria prit alors son panier et en balança un grand coup à Lohie pour le faire lâcher prise, envoyant ainsi ses belles figues fraîches au sol. Naturellement, c’est après, au moment où le jeune homme leva les yeux vers elle que Tibéria le reconnu. Elle ne l’avait vu qu’une seule fois alors qu’il prenait place autour de la table lors du conseil de guerre à Soltariel. Jamais elle n’allait oublier les personnes présentes ce jour-là, car c’était aussi à cette occasion que la charte contre elle fut déposée. Chaque nom était gravé au fer rouge dans son esprit et l’horreur de ce constat dut se voir sur le visage de Tibéria lorsqu’elle balbutia. « Vicomte... »
« Vicomte? » La voix de Cassio fit écho à celle de Tibéria. Lorsqu’il comprit sa méprise, il se ratatina sur lui-même. Si elle le disait, alors c’était forcément vrai. Il allait sûrement prendre une vilaine correction pour avoir ainsi insulté un noble titré. Ce n’était pas digne du tout de cette maison! Tibéria qui l’avait frappé en plus avec un panier d’osier! Honteuse, elle baissa la tête avant de se reprendre suffisamment pour demander. « Est-ce que quelqu’un peut m’expliquer ce qui s’est passé? »
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| | | Lohie de Brandevin
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| Sujet: Re: Certaines clefs ouvrent des portes auxquelles elles ne sont pas destinées [Tib] Jeu 22 Nov 2018 - 7:51 | |
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| | | Tibéria de Soltariel
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| Sujet: Re: Certaines clefs ouvrent des portes auxquelles elles ne sont pas destinées [Tib] Jeu 22 Nov 2018 - 23:46 | |
| Toute cette histoire avait donc commencé par un gros malentendu, c’était un peu l’histoire de la vie de Tibéria, d’ailleurs. Elle regarda Cassio qui se serait volontiers creusé un trou pour s’y cacher tant il était honteux. Il n’osait ni regarder sa maîtresse ni regarder le Vicomte, dont l’indignation était tout à fait justifiée dans les circonstances. On l’avait traité autant de considération que s’il avait été un vulgaire pochard échoué à la porte de l’ancienne duchesse. Nul ne s’étonnait donc qu’il souhaite partir. Elle entendit le crissement de ses talons alors que le vicomte commençait à s’éloigner. Tibéria tenait toujours dans sa main le fruit qu’il lui avait rendu avec déférence, le seul homme à l’avoir soutenu ouvertement autour de cette maudite table. Elle ne pouvait pas le laisser partir ainsi. « Attendez! »
Elle rattrapa au petit trot et se plaça devant lui pour lui barrer la route du haut de ses 155 centimètres. « Pardonnez-moi, je vous en prie. Je ne vous avais point reconnu et cela me mortifie au plus haut point sachant ce que vous avez fait pour moi. Ce n’est guère digne de ma part, mais j’ai vraiment cru, pendant un instant, que vous étiez l’un de ces gougnafiers qui s’amusent à venir frapper à ma porte et qui se trouvent bien drôles d’en insulter ses occupants. Cassio l’a certainement cru lui aussi et a tenté de défendre la maisonnée sans savoir à qui il s’adressait vraiment. Nous vous devons donc des excuses en bonne et due forme. » Elle fit signe à l’intendant enfin sorti de sa baignoire improvisée. Le pauvre était tout dégoulinant d’eau et de savon et les quelques retardataires qui restaient ne se privèrent pas de lancer quelques quolibets sur son apparence singulière. À ses côtés, Tibéria le sentit se tendre comme la corde d’un arc, mais un seul regard de la jeune femme suffit à le calmer. Malgré sa honte apparente, l’idée de s’incliner devant le vicomte ne l’enchantait guère. Après tout, rien ne donnait le droit au noble de le traiter de cette façon. Une personne bien élevée, un chevalier en plus, devrait avoir dans son arsenal des moyens moins humiliants pour désamorcer une situation. Cela dit, aurait-il pris le temps de l’écouter. Tibéria connaissait bien son intendant. Son tempérament parfois difficile lui avait valu quelques punitions au fil du temps. Son nouveau rôle à l’intendance du palais lui avait apporté un plus grand pouvoir et il l’avait perdu. Il était donc lui aussi en deuil et supportait mal qu’on se moque de lui et de sa maison. Cassio finit par se plier en deux devant Lohie et lorsqu’il se redressa, il garda les yeux fixés au sol. « Je reconnais mes torts, je vous demande pardon. »
« Très bien. » Tibéria fit à son tour une révérence en pliant le genou bien bas de la même façon que si elle avait été une servante s’adressant à un noble. Cette image frappa l’imaginaire de tous les soltarii présents. L’ancienne duchesse qui s’inclinait devant le Vicomte. Il n’y a pas longtemps, elle l’aurait fixé droit dans les yeux et c’est lui qui se serait incliné, pas par méchanceté, mais parce que le rang l’exigeait ainsi. « Je vous demande pardon aussi. Ma réaction a été celle d’une femme venant en aide à un homme en difficulté, homme que je considère comme un ami et qui, sans sa présence, je serai particulièrement démunie. Cet accueil n’est certainement pas digne d’une maison soltarii. Cela dit, si vous voulez bien l’accepter, je vous offre l’hospitalité pour le temps que vous voudrez. Il y aura toujours de quoi vous restaurer ici. Je crains qu’il n’y ait plus autant d’animation qu’à Soltariel, mais l’endroit est confortable et j’ai tout fait pour le rendre aussi accueillant que possible. Sinon, acceptez au moins de partager le repas de ce soir avec moi. Entre temps, vous pourrez vous rafraîchir et vous reposer un peu dans une chambre que l’on mettra à votre disposition. » Elle se releva dans l’espoir d’une réponse affirmative de la part du vicomte. De son côté, Cassio faisait de gros efforts pour ne pas se mettre à brailler. Il n’avait pas peur du courroux de Lohie, c’était les paroles de Tibéria qui l’émut au plus haut point. Elle le voyait comme un ami… Pas un esclave ou un serviteur, non, un ami. C’était assez pour lui fait oublier la très mauvaise journée qu’il vivait et la perspective de voir le vicomte s’installer sous le même toit que lui pour quelques jours... Enfin non, pour ce dernier point, peut-être pas.
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| | | Lohie de Brandevin
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| Sujet: Re: Certaines clefs ouvrent des portes auxquelles elles ne sont pas destinées [Tib] Lun 26 Nov 2018 - 14:24 | |
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Dernière édition par Lohie de Brandevin le Mer 24 Fév 2021 - 1:01, édité 1 fois |
| | | Tibéria de Soltariel
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| Sujet: Re: Certaines clefs ouvrent des portes auxquelles elles ne sont pas destinées [Tib] Lun 26 Nov 2018 - 23:34 | |
| L’humilité de Tibéria n’était que la manifestation de ce en quoi croyait fermement la jeune femme. Ce monde était régi par des lois et des coutumes qui dictaient la place de chacun dans cette société. Elle fut jugée et condamnée par ces lois et bien qu’elle ait trouvé cela fort injuste au départ, elle comprenait et acceptait le résultat. Au sud, on s’attendrait à ce qu’elle cherche à se venger, mais Tibéria ne voulait pas ça. Elle s’était battue pour améliorer la réputation des soltarii et la meilleure chose qu’elle pouvait faire maintenant c’est d’être le changement qu’elle souhaitait voir en ce monde. Certains verront peut-être cela comme de la faiblesse, mais ce ne l’est pas. C’est simplement de prendre le meilleur d’une situation difficile et de trouver la force d’aimer malgré tout alors qu’il serait beaucoup plus facile de laisser la haine la consumer et la perdre. « En ce sens, vous n’êtes pas tellement différent des gens du sud. Je vous trouve fort gracieux d’admettre vos torts. Vous êtes pardonné, bien entendu. Vous avez été une voix amie dans le chaos. Je dois avouer que dans la tempête, je n’y ai pas prêté toute l’attention qu’elle méritait, mais il fallait de l’audace pour parler comme vous l’avez fait à ce moment-là. Merci. » Elle inclina la tête une fois de plus, cette fois, son expression peinée faisant place à un sourire reconnaissant. Naturellement, elle ne remarqua pas l’hésitation autant dans les paroles de Cassio que dans celle du Vicomte. Elle croyait en leur bonne foi et cela lui suffisait. C’était sous-estimer l’esprit revanchard de son intendant…
« Merveilleux! Dans ce cas, suivez-moi. » L’incident des figues était déjà oublié et le panier fut confié à la première servante qui passa par là. En se dirigeant vers la maison, Tibéria expliqua. « Cette demeure appartient depuis longtemps à ma famille. Mon grand-oncle Lucius y a vécu il y a fort longtemps, lorsque son frère Octavius — mon grand-père — l’a envoyé dans la capitale pour défendre les intérêts politiques et économiques de la famille. Il était un négociant doué, redoutable même ainsi qu’un adepte du complot. Je suppose qu’on a tous quelqu’un comme ça dans la famille. J’ai été chanceuse qu’on me permette de la conserver. Évidemment, elle a été rénovée depuis par mon père. » Chanceuse, mais Tibéria n’arrivait pas à aimer cette maison. Elle la trouvait petite et confinée. Oui, elle se répétait jour après jour à quel point elle était privilégiée d’avoir un toit sur la tête, mais elle regrettait Béronia. Tibéria n’en parlait plus et gardait ses sentiments pour elle, mais ses gens n’étaient pas dupes. Ce n’est pas sans raison qu’elle passait le plus de temps possible à l’extérieur même si le temps était frais ou pluvieux. Peut-être qu’aux yeux de Lohie, elle sera tout à fait acceptable. Après tout, c’était une jolie maison avec un grand escalier et décorée avec un goût certain et des tapis qui frémissaient sans doute à l’idée d’être piétiné par les bottes crottées du vicomte. Enfin, s’ils ne frémissaient pas, les serviteurs, eux, oui.
Aussitôt la porte franchie, Tibéria et le vicomte furent accueillis par une servante. « Claudia, escorte le vicomte jusqu’à sa chambre, celle tout en haut de l’escalier qui donne sur la rue. » Le choix sembla surprendre la servante. « Mais... » L’ancienne duchesse balaya ses protestations d’un geste de la main. « Ça ira. Préparez-lui un bain et des vêtements propres. Je vais aller avertir les cuisines de la présence de notre invité. » Lohie fut donc laissé au soin de la jeune Claudia qui ne devait pas avoir plus de 16 ou 17 ans. Tibéria l’avait pris à son service peu de temps au paravent et n’était pas habituée de voir des gens riches d’aussi près, mais sa maîtresse était une gentille dame apparemment très généreuse comme pourra le constater bientôt le chevalier.
Tout en haut des escaliers, elle ouvrit une porte qui donnait sur une grande chambre bien éclairée. Ce n’était pas n’importe laquelle que Tibéria mettait à la disposition de Lohie, mais bien sa propre chambre. Un lit monstrueux par sa taille trônait fièrement dans la pièce. Il était orné de riches étoffes et nul doute qu’il fera oublier au vicomte toutes les nuits passées sans confort sur les routes. Conçue pour accueillir un couple, il y avait deux fauteuils devant un foyer ornementé qui invitaient à la conversation. Dans un coin, un bureau où traînait une lettre inachevée, une des nombreuses tentatives de Tibéria d’écrire à ses sœurs. Tout à côté, une petite bibliothèque avec quelques volumes sans doute achetés à grand prix. De l’autre côté, près des fenêtres pour profiter de la lumière naturelle, une coiffeuse avec son grand miroir. Dessus, une brosse et un peigne en ivoire ainsi qu’un assortiment de fards et un bâtonnet de khôl. « Ma maîtresse doit certainement vous apprécier beaucoup et vous faire confiance pour vous laisser sa chambre. » Dis la jeune Claudia sans penser que cela pourrait être inapproprié comme commentaire. « Le bain est ici. » Un coin de la chambre était masqué par un paravent. Claudia le tassa pour découvrir une baignoire. Sur un guéridon se trouvait toute une collection d’huiles parfumées dans de délicats flacons de verre. « Nous allons apporter l’eau chaude. Nous pouvons allumer un feu aussi si vous le désirez. Avez-vous besoin de quelque chose, monsieur? »
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| | | Lohie de Brandevin
Humain
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| Sujet: Re: Certaines clefs ouvrent des portes auxquelles elles ne sont pas destinées [Tib] Mar 27 Nov 2018 - 16:10 | |
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Dernière édition par Lohie de Brandevin le Mer 24 Fév 2021 - 1:02, édité 1 fois |
| | | Tibéria de Soltariel
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| Sujet: Re: Certaines clefs ouvrent des portes auxquelles elles ne sont pas destinées [Tib] Mer 28 Nov 2018 - 1:25 | |
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« Duchesse? Mais monsieur, ne savez-vous donc pas? Ils lui ont enlevé son titre! C’est tout juste si elle est une noble! » Elle regarda le chevalier comme s’il avait passé les dernières ennéades sous une pierre. Ce qui n’était pas loin de la vérité vu son état particulièrement crasseux. « Bha, elle dormira sans doute dans la pièce à côté. C’est la chambre réservée aux invités, mais elle sert présentement à entreposer les nombreuses possessions de madame. Après le procès, lorsqu’ils ont vidé Béronia et ses appartements à Soltariel, ils ont tout envoyé ici. Des dizaines de coffres! Je n’ai jamais vu autant de robes pour une seule femme… Elles sont si jolies! » Une charmante jeune femme, cette Claudia. Aucune once de malice chez elle, mais on ne l’avait certainement pas engagé pour sa discrétion. Oh, elle vit le regard du chevalier s’égarer sur les affaires de Tibéria. La curiosité est un bien vilain défaut, mais c’est toujours lorsqu’il ne faut pas regarder que nous sommes le plus tentés de le faire. Puis, il faut bien être un homme pour s’exciter à la simple vu d’un bout de tissus. Elle dissimula son sourire et s’inclina devant le noble. « Tout de suite, monsieur. »
De ce fait, peu après qu’elle ait disparu derrière la porte et que Lohie commençait à prendre ses aises, une petite troupe entra dans la chambre pour la préparer. D’un côté on commençait à remplir le bain d’eau fumante alors que de l’autre, on faisait disparaître les affaires de Tibéria. Un jeune garçon plaça des buches dans l’âtre et alluma un feu d’un geste expert. Il l’attisa jusqu’à ce qu’il y ait de belles flammes puis quitta la chambre aussi vite qu’il était apparu.
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Pendant ce temps dans une autre pièce de la maison…
« Elle a osé? » Outré, le mot était faible pour décrire l’état de Cassio lorsqu’il apprit de la bouche de Claudia que Tibéria avait cédé sa propre chambre au chevalier. Il fulminait. « Ils sont en train de la préparer en ce moment même! »
« Il devrait dormir dans les écuries à côté du tas de fumier! C’est une plaisanterie de mauvais goût… » Claudia haussa les épaules. « Il est vicomte et vous l’avez traité pauvrement... »
« Nul besoin de me le rappeler. Un noble qui se présente ainsi crotté. Comment aurais-je pu deviner qui il était vraiment? » Gronda Cassio qui détestait se faire contredire, surtout pas par la petite nouvelle.
« Il me semble que l’épée est souvent une bonne indication... » Avança la jeune fille avant d’être interrompue par un regard assassin de la part de Cassio. « Qu’a-t-il demandé d’autre? »
« Du vin… Il veut aussi que l’on monte ses affaires, mais ses gens vont s’en occuper. Il demande une bassine et des ciseaux... »
« Un massage de pied avec ça!? »
« Je peux peut-être... »
« Non! Va chercher le vin, je m’occupe du reste. Fais bien attention, les bonnes bouteilles sont à gauche dans le cellier, prends seulement celles de droite. »
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La pauvre Claudia avait un peu de mal à distinguer sa gauche de sa droite. Ça pouvait être tellement confus, parfois. Ainsi, lorsqu’elle descendit à la cave, elle prit une bouteille qui se trouvait à gauche en pensant qu’elle était à droite. De toute façon, du vin, c’est du vin. Personne ne remarquera la différence. Du coup, Lohie aura droit à l’une des meilleures cuvées que pouvait offrir le sud, un produit aussi coûteux que difficile à obtenir.
Avec son butin, elle remonta à l’étage. Entre temps, les hommes du vicomte furent avertis et ses choses apportées comme il l’avait demandé. Aucune trace de Tibéria, mais elle se trouvait avec sa fille, laissant son invité s’installer à sa convenance. Le repas ne sera pas prêt avant quelques heures de toute façon. Il pouvait même dormir un peu s’il le voulait. Claudia cogna timidement à la porte et attendit qu’on l’invite à entrer. Elle ne voulait pas voir cet inconnu dans une position délicate. Le bain n’était pas encore tout à fait prêt, mais le feu réchauffait déjà la chambre. « Voici votre vin. » Elle déposa la bouteille et la coupe sur le guéridon et prit l’initiative de le servir. Cassio entra sur les faits avec le reste des choses. « J’ai ici la bassine et la paire de ciseaux tel que demandé. J’ai aussi pris l’initiative de vous monter une tunique propre et des braies. Permettez-moi de prendre vos vêtements sales. » Cassio ramassa tout ce qu’il put. Honnêtement, il avait l’impression que ces vêtements furent enlevés à des cadavres tellement ils dégageaient une odeur pestilentielle. « Nos lingères se feront un plaisir de nettoyer le tout avant votre départ. Sur ce, je dois retourner à mes tâches, mais si vous avez besoin de quoi que ce soit d’autre, Claudia se fera un plaisir de vous aider. » Il s’inclina et quitta la chambre avec son paquet malodorant. Cassio fut l’image même de la politesse. Même pour la jeune femme, ce fut étrange. Après tout, ce même homme proposait quelques minutes plus tôt de faire dormir Lohie dans un tas de fumier. Ce qu’elle ne savait pas, c’est qu’il avait décidé de prendre la situation en main. Il avait bel et bien apporté des vêtements, mais ils étaient trop petits pour lui. Avec un peu de chance, il ne s’en rendra compte qu’au moment de sortir du bain et qu’il n’aura rien d’autre à se mettre. « Si vous n’avez plus besoin de moi, je vais y aller aussi... »
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| | | Lohie de Brandevin
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| Sujet: Re: Certaines clefs ouvrent des portes auxquelles elles ne sont pas destinées [Tib] Mer 28 Nov 2018 - 10:21 | |
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Dernière édition par Lohie de Brandevin le Mer 24 Fév 2021 - 1:02, édité 1 fois |
| | | Tibéria de Soltariel
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| Sujet: Re: Certaines clefs ouvrent des portes auxquelles elles ne sont pas destinées [Tib] Jeu 29 Nov 2018 - 0:01 | |
| Claudia était une jeune fille pareille à toutes les autres à l’âge où elles deviennent sensibles à l’attention des représentants de la gent masculine. Si elle avait des tâches à accomplir avant le repas, on ne pourrait pas lui reprocher de ne pas les avoir faites si ce valeureux chevalier requérait ses services. Sans pudeur, il acheva de se déshabiller devant elle. Elle eut tout juste le temps de détourner le regard, mais pas assez rapidement pour ne pas voir cette longue balafre qui lui barrait la fesse. Comment avait-il fait son compte? Puis elle rougit, car elle l’avait regardé à cet endroit, ce qui n’était guère approprié pour une jeune fille, même si ce n’était pas le premier homme nu qu’elle voyait. Claudia a grandi dans une maison surpeuplée où les gens vivaient les uns sur les autres. Dans ce genre d’endroit, il n’y avait pas d’intimité. D’un autre côté, Lohie s’était déshabillé devant elle, c’est lui qui avait un comportement répréhensible. Il aurait pu se cacher derrière le paravent où lui demander de se retourner le temps qu’il se glisse dans l’eau. Ça lui donnait tout un tas de commérages à partager avec les autres filles de la maison! « Ça ne fait pas très longtemps, depuis le procès seulement. Quand le verdict est tombé, il y a eu tout un cafouillage ici. Apparemment, une partie du personnel est parti pour s’occuper des sœurs de Tibéria et il a fallu le remplacer. Grâce à mon travail ici, je peux aider ma famille. Dame Tibéria est très gentille, très généreuse. Elle a dit que si un jour elle le pouvait, elle prendra ma petite sœur Marie à son service. »
En tant que servante, on ne lui demandait pas de connaître tous les détails de l’histoire, mais elle avait entendu des conversations et savait plus ou moins comment les choses se sont passées. « C’est ce qu’elle regrette le plus, Beronia. C’est la demeure de sa famille… Quand elle en parle, c’est toujours avec tristesse. Je lui ai demandé, une fois, comment c’était. J’ai bien cru qu’elle allait pleurer. Elle a dit que ce n’était pas comme ici, que les pièces étaient grandes et les jardins magnifiques. Elle n’aime pas ça ici, cette maison. C’est joli, mais ce n’est pas chez elle. Ses anciens vassaux l’ont lâchement abandonné, parce qu’ils ne veulent pas subir la même chose. Les têtes tombent vite dans le sud à ce qu’on dit. » Tout ce qui touchait la noblesse dépassait complètement Claudia. Elle n’arrivait pas à croire qu’une personne qui prête serment un jour à quelqu’un puisse ensuite le poignarder dans le dos à la première occasion. Où était l’honneur dans tout cela? Elle voyait maintenant que sous le lustre des belles maisons et des forteresses se cachaient des histoires sordides qui ne donnaient pas du tout envie.
Un seul regard suffit à Claudia pour comprendre ce qu’il voulait. Elle prit donc une brosse avec un savon non parfumé, car Lohie ne voudra certainement pas sentir comme un bouquet de fleurs et se mit aussitôt à la tâche. « Vous êtes un guerrier, c’est certain. Et vous avez beaucoup voyagé aussi. Je n’ai jamais quitté Diantra. Même pendant la guerre, ma famille est restée, car nous n’avions nulle part où aller. » L’eau du bain ne tarda pas être trouble, teinté par des semaines de saletés accumulées. Il faudra sans doute nettoyer la baignoire deux fois pour la débarrasser de toute cette crasse. « Oui, Antonia. Tibéria avait réussi à conclure cette alliance juste avant le procès. Apparemment, elle était si contente, car elle croyait que sa sœur serait en sécurité, mais le jugement a touché toute sa famille, plus aucune Soltari-Beronti ne pourra prétendre au pouvoir. Il se dit en bas que Renaud d’Erac a courbé l’échine devant la couronne pour sauver ses fesses et qu’il est un lâche. Tibéria a donc envoyé ses sœurs au loin et ne leur parle plus. Elle espère qu’elles auront plus de chance de se refaire une réputation sans elle. Pour l’instant, elle devrait plutôt travailler à trouver de l’argent, car elle n’a plus vraiment de revenu. » Bavarde, trop bavarde, mais elle avait si peu souvent l’occasion de parler avec des gens intéressants. Puis bon, ce n’est pas comme si elle racontait des secrets. Tout le monde savait ça! Claudia ne faisait que transmettre les nouvelles à cet homme qui était depuis si longtemps sur la route qu’il n’était au courant de rien. Elle allait frotter le dos du seigneur lorsque le savon lui glissa des mains et tomba dans la baignoire. Claudia voulut plonger la main pour aller le récupérer lorsqu’elle réalisa qu’il était tombé à un endroit fort délicat et où une jeune fille non mariée ne devrait jamais mettre la main. « Pouvez-vous me rendre le savon, monsieur? »
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| | | Lohie de Brandevin
Humain
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| Sujet: Re: Certaines clefs ouvrent des portes auxquelles elles ne sont pas destinées [Tib] Jeu 29 Nov 2018 - 10:08 | |
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| | | Tibéria de Soltariel
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| Sujet: Re: Certaines clefs ouvrent des portes auxquelles elles ne sont pas destinées [Tib] Jeu 29 Nov 2018 - 22:00 | |
| « Pas mieux? Il a laissé sa femme enceinte se débrouiller toute seule et ça l’a presque tué! J’ai entendu dire que lorsqu’elle est tombée enceinte, elle a été très malade au point de vomir sur les chaussures de l’un de ses conseillers. Elle ne voulait pas, mais ils l’ont envoyé à Béronia pour qu’elle récupère en laissant Franco le contrôle du duché. Y’avait pas raison de croire qu’il merderait et pourtant… Tout ça c’est arrivé en même temps que le débarquement en Ydril. Franco n’a pas réagi comme il aurait dû. Lorsqu’elle est retournée à Soltariel, elle a été obligée de tout faire en catastrophe et ils sont arrivés avec cette charte et ce procès. Évidemment, c’était plus facile de dire que c’était de la faute de madame si tout allait de travers et plus facile encore de la mettre de côté. Ses gens ont cru qu’elle allait perdre le bébé tellement la pression était forte, mais non… Cela dit, la naissance fut un carnage. Il y avait du sang partout. Pendant un jour et une nuit, elle est restée inconsciente. Tout le monde pensait qu’elle allait mourir, mais elle est revenue, pour sa fille. Maintenant, les gens se moquent d’elle. Ils viennent frapper à sa porte en disant que c’est une catin et une traîtresse. C’est ça la justice? » Heureusement, l’incident du savon coupa court à la discussion, car mettre en doute un jugement rendu par la couronne n’était jamais une bonne idée. Pourtant, elle s’interrogeait et elle ne devait pas être la seule à le faire. En tout cas, personne dans cette maison ne comprenait. En mettant les morceaux bout à bout, il y avait des trous, des choses qui ne fonctionnaient pas, mais bon, qui était-elle pour remettre en question une décision de son bon roi. Elle n’était personne, juste une bonniche parmi tant d’autres. Tibéria elle-même semblait avoir accepté la situation.
Elle regarda le savon maintenant dans sa main et elle rougit comme une pivoine. Elle était déjà bien rouge, mais maintenant, la couleur se répandait jusqu’à la racine de ses cheveux. Un peu plus et elle l’échappa de nouveau dans la baignoire. Claudia peut être tellement maladroite parfois. « Veuillez m’excuser, monsieur. Il m’a glissé des mains. » C’est un savon, quand même. C’est glissant une fois mouillé. Du coup, elle ne savait plus quoi faire. Comme une idiote, elle resta plantée là jusqu’à ce que l’option du repli stratégique s’impose d’elle-même. « Vous voulez sans doute vous reposer… Je ferais mieux de retourner à mes occupations, sinon je risque d’avoir des ennuis. » Lohie venait de faire la remarque qu’il ne fallait pas. C’était une toute jeune fille encore, elle ne maîtrisait pas l’art du flirt sans conséquence. Puis bon, il ne faudrait pas non plus qu’elle se retrouve dans une position embarrassante avec un invité de la maison. Elle tenait quand même à son travail. Claudia donna donc la brosse et le savon pour qu’il puisse continuer tout seul comme un grand garçon et quitta la chambre d’un pas rapide, le cœur battant encore la chamade. Lohie se retrouve donc seul avec lui-même, sa bouteille de vin et ses vêtements trop petits, mais ça, il ne le savait pas encore.
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| | | Lohie de Brandevin
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| Sujet: Re: Certaines clefs ouvrent des portes auxquelles elles ne sont pas destinées [Tib] Lun 3 Déc 2018 - 19:35 | |
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| | | Tibéria de Soltariel
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| Sujet: Re: Certaines clefs ouvrent des portes auxquelles elles ne sont pas destinées [Tib] Mar 4 Déc 2018 - 1:50 | |
| Ah, comme l’imagination du pauvre Lohie s’enflammait! Il n’avait pas à s’interroger à ce point sur les motivations de Tibéria. Elle lui offrait le gîte pour le remercier de sa réaction chevaleresque à Soltariel, mais aussi pour se faire pardonner les débordements de ce honteux accueil. Si Tibéria avait été à la maison à ce moment-là, rien de tout cela ne serait arrivé. Voilà, tout cela était oublié maintenant. Jamais elle ne pensa que Cassio aurait encore à l’esprit l’idée de se venger en offrant les vêtements trop petits, ceux portés par le garçon venu allumer le feu qui réchauffait gaiement la chambre. Sans doute que Cassio ne pensa pas non plus qu’en faisant cela, il humilierait profondément sa maîtresse et qu’il s’exposerait à la pire punition qu’il ait jamais eue de sa vie. Pendant que le pauvre Lohie se débattait dans des vêtements trop petits, la dame de la maison veillait à ce que le repas qui sera servi le soir même soit à la hauteur de la réputation des Soltarii. On disait qu’ils faisaient souvent dans l’excès et c’était vrai. Ils ne seront que deux autour de la table, mais il y aura de la nourriture pour dix : de la viande rôtie à point avec sa sauce bien goûteuse, des légumes de saison avec du beurre frais, des pâtés à la croûte dorée alléchante, du pain frais, de la bière ou du vin selon les goûts de Lohie et, évidemment, un dessert. Elle était donc dans la cuisine, ignorant tout du drame qui se passait dans sa chambre, à faire sa liste à une cuisinière qui en avait vu d’autres et qui se faisait un honneur d’impressionner ce jeune chevalier avec ses talents culinaires. Non loin, le petit aide de cuisine salivait déjà, car il savait que ce qui ne serait pas consommé pendant le repas serait laissé aux serviteurs plus tard!
Le valet, encore déboussolé par la vision de Lohie à moitié nu, entra dans la cuisine pour y trouver dame Tibéria. « Le vicomte souhaite s’entretenir avec vous, madame. »
« Très bien, je monte. »
Ça aussi, ce n’était pas une image banale, voir une noble traîner ainsi dans les cuisines comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. Tibéria n’avait jamais été seule de sa vie. Il y avait toujours des nobles qui gravitaient autour d’elle, attirés par le pouvoir. Ici, il n’y avait personne. Personne pour partager sa table, personne pour entretenir une conversation. Donc, elle traînait avec son personnel. Le soir, tout le monde mangeait à la même table. Oh, parfois elle fronçait les sourcils devant les manières brusques de certains, mais elle ne les jugeait jamais. Tibéria écoutait leurs histoires, mais ne parlait jamais d’elle et personne n’osait poser de questions. On comprenait donc son excitation à l’idée de recevoir quelqu’un, même si son enthousiasme restait prudent. C’est qu’elle n’arrivait pas à s’enlever de la tête que Lohie pourrait avoir des ennuis si quelqu’un apprenait qu’il se trouvait ici, comme si le simple fait de lui parler c’était s’exposer à un possible procès.
Elle monta les marches sans penser qu’elle tomberait sur un Lohie à moitié dévêtu et passablement énervé. Il avait toutes les raisons du monde d’être vexé après avoir été aussi pauvrement traité! Elle toqua doucement à la porte avant d’entrer.
« Par les cinq!! »
Elle détourna les yeux, rougissante. C’est que le pantalon, en plus d’être trop court, était terriblement serré si bien qu’il ne laissait aucunement place à l’imagination. Naturellement, Tibéria avait déjà vu des hommes dans leur glorieuse nudité, mais Lohie n’était ni son mari ni même son amant. En lui-même, le spectacle n’aurait pas été désagréable à regarder, le vicomte ayant le corps d’un vigoureux guerrier, s’il n’avait pas semblé aussi irrité. Heureusement, d’ailleurs, car si le courroux n’avait pas été si visible sur son visage, Tibéria aurait pu croire que Lohie tentait de l’attirer dans son lit par un stratagème déplacé. « Mais que s’est-il passé? J’ai demandé à ce que l’on vous apporte des vêtements… Qui donc, de mes gens, s’est abaissé à faire une chose pareille? » L’explication ne tarda pas à venir. Cassio était celui qui avait apporté les vêtements. Nul doute, maintenant, qu’il portait encore rancune suite aux événements de plus tôt. Ce n’était pas là son comportement habituel. Tibéria était profondément déçue et sans doute aussi blessée dans son orgueil que pouvait l’être Lohie à ce moment-là. « Je ne vais pas tolérer cela dans ma maison. Il sera puni sévèrement pour cela. Je vous laisse même le choix de la punition si vous le désirez. Quant aux vêtements… J’ai peut-être quelques affaires qui appartenaient à Franco et qui se trouvaient encore dans nos appartements à Soltariel. Certes, ces vêtements ont appartenu à un traître, mais ce ne sont que des vêtements… Je ne sais pas quoi faire pour avoir votre pardon. Je comprendrai si vous décidiez de quitter ma maison... »
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| | | Lohie de Brandevin
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| Sujet: Re: Certaines clefs ouvrent des portes auxquelles elles ne sont pas destinées [Tib] Jeu 3 Jan 2019 - 11:55 | |
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| | | Tibéria de Soltariel
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| Sujet: Re: Certaines clefs ouvrent des portes auxquelles elles ne sont pas destinées [Tib] Jeu 3 Jan 2019 - 12:44 | |
| « Vous n’avez rien fait, monsieur, rien fait du tout pour mériter cela, je vous l’assure. » Tibéria avait l’impression d’accumuler les bêtises. Elle souhaitait simplement rendre service et cela se retournait contre elle de la plus ridicule des façons. Voilà l’histoire de toute sa vie, littéralement. Qu’avait dit Christian au sujet des bonnes intentions, déjà? La colère de Lohie était parfaitement justifiée. Ce n’était pas digne d’un homme comme lui d’être traité de cette façon. Quelle insulte! La jeune femme ne savait plus où se mettre ni comment se faire pardonner aux yeux du chevalier qui était venu en sa demeure dans l’espoir de trouver refuge et conseil. Cela fit plus mal encore à Tibéria. « J’ai bien peur d’être de mauvais conseil pour les affaires de la cour. Regardez ma situation actuelle! Ne voyez pas cela comme de la mauvaise volonté de ma part, mais j’ai vraiment peur de vous attirer des ennuis bien malgré moi... »
Elle se sentait tellement démunie. Elle détestait cette sensation de ne pouvoir rien faire comme si ses mains étaient liées. La corde était-elle bien réelle ou était-ce elle qui l’imaginait par crainte de ce qui pourrait arriver si elle osait? Lohie s’approcha d’elle pour lui prendre les mains. Tibéria voulut se désister, mais ne put se résoudre à le faire. Il était si près d’elle dans cette tenue ridiculement petite, trop près pour fuir son regard. Tibéria pouvait voir qu’il regrettait la situation tout autant qu’elle. Et la jeune femme ne pouvait pas mentir. Même si elle essayait, son regard la trahissait. Elle était désespérée, peinée et honteuse, mais en même temps, elle espérait que Lohie la croit. Puis elle était en colère aussi que des membres de sa maison l’aient traité avec aussi peu de dignité. Un véritable livre ouvert qu’il suffisait de lire, voilà qui était Tibéria. Face à elle, Lohie était un jeune homme passionné et impulsif qui suivait les élans de son coeur. Il était un chevalier tel qu’on les racontait dans les livres, ceux qui vont à la rescousse des demoiselles en détresses et qui sauvent la situation d’une façon ou d’une autre. Dans un élan soudain, il s’épancha dans une déclaration maladroite, mais tendre, qui la toucha droit au coeur tout en ouvrant un gouffre sous ses pieds. Que pouvait-elle lui dire? L’ancienne duchesse ne voulait pas lui faire de la peine et entretenir de faux espoirs même si elle était charmée par Lohie. Oui, elle l’était. Tibéria était touchée par son énergie et sa fougue bien malgré elle. S’il désirait ardemment l’embrasser, mais se retenait par crainte d’un rejet, Tibéria le prit de vitesse, surprise par sa propre audace. Elle s’étira sur la pointe des pieds et déposa un baiser aux coins de ses lèvres, plus léger encore que les ailes d’un papillon. « Je crains de ne plus être cette même femme que vous avez vu lors de notre première rencontre. Elle est morte. Je suis morte, je crois. Il ne reste plus rien, que des cendres, et je fais de mon mieux jour après jour pour reconstruire quelque chose à partir de presque rien. Vous êtes un jeune homme extraordinaire… passionné et impulsif. Lorsque vous vous êtes levé à cette table, je ne pourrai jamais l’oublier et je m’en veux de ne pas vous avoir remercié avant. Il est trop tard maintenant. » Elle posa une main sur son torse. Elle sentait son coeur complètement affolé battre contre sa paume. « Votre coeur bat si vite... » Souffla-t-elle avant de baisser la tête. « Mais je ne mérite pas vos sentiments... » Son propre cœur voulait lui sortir de la poitrine.
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| | | Lohie de Brandevin
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| Sujet: Re: Certaines clefs ouvrent des portes auxquelles elles ne sont pas destinées [Tib] Jeu 3 Jan 2019 - 15:32 | |
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| | | Tibéria de Soltariel
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| Sujet: Re: Certaines clefs ouvrent des portes auxquelles elles ne sont pas destinées [Tib] Sam 5 Jan 2019 - 4:23 | |
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Tibéria était bien placée pour savoir maintenant que les choses prennent parfois un tournant inattendu. La vie n’est pas une ligne droite. Elle est parsemée d’embûches et de surprises, parfois agréables, parfois tragiques. Si on lui avait dit que Lohie de Brandevin allait se présenter à sa porte et s’épancherait en déclarations fébriles devant elle, Tibéria ne l’aurait pas cru. Pourtant, c’était exactement ce qui était en train de se passer. L’homme se transformait en garçon malhabile dont la sincérité pourrait faire fondre le cœur le plus dur. Il était à la merci de ses sentiments, porté par les élans de son cœur jeune, passionné, mais naïf dans sa façon de s’exprimer. Elle le voyait dans ses yeux, cette fébrilité contagieuse et l’espoir fou de voir ses désirs se réaliser après que ses lèvres aient effleuré les siennes. La jeune femme était touchée, émue d’être l’objet d’une telle tendresse, mais aussi terrifiée et infiniment malheureuse. Car dans l’esprit de Tibéria, elle ne pouvait que lui briser le cœur. Savait-il qu’il risquait de graves ennuis s’il déclarait au monde la nature de ses sentiments? Comprenait-il seulement ce qu’il éprouvait? « Lohie... » Mais il l’embrassait déjà. Ses lèvres effleurant d’abord sa joue, puis timidement ses lèvres. Ses jambes la trahissaient, elle allait tomber. Tibéria voulait lui dire d’arrêter, mais les mots refusaient de sortir. Ce n’était plus de la peur, mais de la terreur et du désespoir. Celui de ne pas être à la hauteur et de ne pas avoir le droit de lui rendre ses sentiments. Comment lui dire sans le perdre? Comment lui expliquer le combat qui se passait dans sa tête et dans son cœur? « C’est pourtant comment je me sens... » Souffla-t-elle à mi-voix.
Enhardi, Lohie trouva ses lèvres dans un baiser plus passionné que le précédent. Tout allait si vite, mais c’était là la personnalité du jeune vicomte qui vivait avec la même passion et le même empressement que celui qui sait que la mort pourrait frapper à sa porte le lendemain. Malgré la lutte dans son esprit, Tibéria osa répondre à ce baiser et c’est sans doute ce qui l’acheva complètement. Ce baiser lui fit comprendre qu’elle se trompait sur toute la ligne, qu’elle se mentait à elle-même. Elle avait l’impression d’être vide, de ne plus rien ressentir, mais ce n’était pas vrai. Tibéria gardait tout en dedans et ce baiser fit voler en éclat ses derniers remparts.
La douleur était indescriptible. La peur, la colère, la rage, le désespoir, l’amour… Elle ressentait tout avec une telle acuité qu’elle eut l’impression de perdre la tête. Son corps tout entier se mit à trembler et des larmes amères coulèrent sur ses joues. Elle s’agrippa aussitôt à Lohie, son visage contre son torse. Il l’avait littéralement achevé, mais c’était peut-être ce qui allait lui sauver la vie. Affronter ses sentiments, accepter la femme imparfaite qu’elle était et accueillir l’échec non pas comme une fatalité, mais comme le début de quelque chose de différent. D’autres lui avaient dit ces mots, mais Lohie était allé plus loin, peut-être pas consciemment, mais sa passion, son exubérance, sa sincérité l’avait amené jusque là. Elle pleura pendant ce qui sembla une éternité jusqu’à ce qu’elle trouve la force de prendre la parole. « Lohie… Vous êtes... » Elle sourit tristement. « Vous êtes l’un de ces héros qui nous font rêver dans les récits épiques de chevaliers en armure brillante. Est-ce que ça fait de moi la demoiselle en détresse? » Un faible sourire se dessina sur ses lèvres. « Par deux fois j’ai voulu donner mon cœur à un homme. Par deux fois, mes espoirs ont été déçus au point de cesser de croire en l’amour. Puis vous vous présentez à moi et déclarez votre flamme avec une telle sincérité, une telle passion… Je ne suis pas… Je n’ai rien à vous offrir, Lohie, rien de mieux à vous donner qu’un cœur en morceaux… si vous le voulez. » Elle essuya ses joues et prit la main du vicomte pour la poser contre sa poitrine. « Il vous faut savoir, Lohie, je suis toujours liée par mon serment à Franco. Tant qu’il vivra, je suis son épouse… Toutefois, le plus important à retenir, c’est que le procès ne m’a pas seulement dépouillé de ma demeure et de mes titres, on m’a également interdit toute alliance. Comprenez-vous? Vous pourriez tout perdre par ma faute. Ils n’hésiteront pas à dire que je vous ai séduit pour reprendre ce que j’ai perdu alors que j’aspire qu’à une seule chose, la paix. Je peux accepter mon sort, mais je serais dévasté de vous voir dépouiller de vos titres… Voilà pourquoi je suis terrifié. Ce n’est pas par désintérêt pour vous… au contraire. » Son regard glissa subrepticement - un peu malgré elle - sur le pantalon un peu trop serré du vicomte. « Mais par un réel souci pour votre avenir. »
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| | | Lohie de Brandevin
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| Sujet: Re: Certaines clefs ouvrent des portes auxquelles elles ne sont pas destinées [Tib] Sam 5 Jan 2019 - 23:07 | |
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| | | Tibéria de Soltariel
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| Sujet: Re: Certaines clefs ouvrent des portes auxquelles elles ne sont pas destinées [Tib] Lun 7 Jan 2019 - 22:54 | |
| « Je ne doute pas de vos aptitudes. » Répondit Tibéria d’une voix douce. « Je ne doute pas non plus de votre loyauté envers la couronne, mais celle-ci s’est montrée prompte à une justice bancale et défaillante où le mensonge a primé sur la vérité. Elle a prouvé qu’elle peut se retourner en un instant contre ses loyaux serviteurs, car en aucun cas je n’ai défié son autorité, mais il était plus avantageux de me sacrifier à la meute que de me soutenir. Mais voilà, le sentiment que l’on éprouve lorsqu’on vous arrache vos biens, vos titres et tout ce qui fait de vous la personne que vous êtes. Lorsqu’on vous pointe du doigt et vous accuse injustement des gestes posés par un autre en qui vous avez osé faire confiance, le sentiment de désœuvrement que l’on éprouve en cet instant… Je ne le souhaite même pas à mon pire ennemi. Alors, voir souffrir de cette façon quelqu’un qui m’est cher, même si vous affirmer devant les dieux que vous êtes capable de vous défendre, je… » Non, ce poids, elle ne voulait pas le porter même si ça impliquait de se priver de bien des choses et peut-être même du vrai bonheur. D’un autre côté, Lohie avait raison en affirmant qu’il était l’unique artisan de sa vie et que c’était à lui d’assumer ses choix. « Dans un monde régi par les alliances et les mariages arrangés, certains pourraient croire au complot. Vous-même, en tant que vicomte dans la fleur de l’âge, on vous a certainement déjà approché pour de pareils arrangements. En acceptant ou en refusant, cela en dit long sur vos ambitions. Vous êtes jugé et catalogué. Vos décisions feront en sorte que certains voudront faire affaire avec vous et d’autres non. Je connais ce monde. Je connais cette danse; un faux pas et vous êtes perdu. Voilà le bien triste monde dans lequel nous vivons. »
Lohie était toujours aussi perspicace dans ses propos. Elle pensait aux autres et s’oubliait dans la foulée, mais elle craignait que si elle commençait à s’écouter, les choses aillent de mal en pire. Elle n’était pas seule dans cette histoire. Des gens comptaient encore sur elle. « Il faudra du temps, je crois… Le temps de laisser les gens oublier, car ils le feront tôt ou tard. Un autre scandale éclatera et la vie continuera son cours. Je ne serais plus qu’un passage dans les livres d’histoire. Peut-être qu’un jour, des lettrés se pencheront sur le procès et déclareront que j’ai été injustement traité, mais je serai sans doute morte depuis longtemps. » Elle haussa les épaules. « Mieux vaut tard que jamais, je suppose... » Elle remonta la main, cette fois pour caresser ses cheveux. Elle enroula une mèche encore humide autour de son index. Pensive, Tibéria regardait le jeune homme et ses joues rouges de plaisir. Cela la fit sourire. La main de Lohie sur sa poitrine se fit alors plus présente, plus insistante, avivant la lueur d’intérêt qui brillait dans le regard de la belle. « Il y a une chose que je veux, là, tout de suite… » Sa main revint sur sa joue et effleura les lèvres du jeune homme avec son pouce. Puis sans rien dire de plus, elle passa ses bras autour de ses épaules, debout sur la pointe des pieds, et le serra de toutes ses forces. Tibéria voulait un câlin, aussi stupide que ça puisse paraître. Elle voulait sentir la force de Lohie, sentir son soutien. Un bref instant de tendresse dans sa démonstration la plus simple. Sans doute qu’il la serra avec autant de force. Tibéria enfouit son visage contre son cou. Elle touchait à peine au sol, mais peu importe. « J’ai vraiment peur, Lohie. Jamais je n’ai été aussi terrifiée... » À ces mots, quelqu’un toqua doucement à la porte et une voix féminine s’élevait derrière la porte. « Le repas sera bientôt servit. »
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| | | Lohie de Brandevin
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| Sujet: Re: Certaines clefs ouvrent des portes auxquelles elles ne sont pas destinées [Tib] Mar 8 Jan 2019 - 10:59 | |
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| | | Tibéria de Soltariel
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 29 ans Taille : 1m55 Niveau Magique : Eveillé / Néophyte.
| Sujet: Re: Certaines clefs ouvrent des portes auxquelles elles ne sont pas destinées [Tib] Ven 11 Jan 2019 - 0:04 | |
| Quel était le pouvoir réel de Lohie? Même s’il était bien vu par la couronne, son influence n’en restait pas moins limitée. Il aurait les mains liées si jamais il perdait ses faveurs acquises au prix de son sang et de sa sueur et son bel enthousiasme ne saurait faire le poids face aux devoirs imposés par son titre. Tibéria en avait assez d’être effrayée, d’être triste et en colère tout à la fois. Elle voulait que ça revienne comme avant tout en sachant que ça ne se pouvait pas. Elle voulait que justice soit faite même si elle a déjà été rendue. Elle souhaitait passer à autre chose sans savoir par où commencer. Elle était dépassée, confuse, mais elle refusait de laisser tomber. Comme tous ceux confrontés à une période difficile, Tibéria voulait se sentir appuyée. Elle n’aurait jamais pensé que Lohie puisse se proposer pour le rôle. Décidément charmée par le jeune homme, l’ancienne duchesse n’en restait pas moins méfiante. L’impulsivité du chevalier lui faisait peut-être dire et faire des choses qu’il regretterait ensuite. Tibéria ne voulait pas devenir un fardeau trop lourd à porter qui le priverait ultimement de ses droits. Trop souvent blessée par les hommes, elle souhaitait prendre son temps, laisser les sentiments grandir et s’affirmer. Surtout, dans l’immédiat, elle désirait garder cela secret. Est-ce que Lohie l’acceptera, fougueux comme il est? La voix de Claudia la coupa dans ses réflexions. Son invité n’avait pas faim. Tibéria non plus. Un sourire retroussa ses lèvres. « Très bien Claudia, mais nous mangerons un peu plus tard. Le vicomte n’a pas faim pour l’instant. »
« Je vais faire le message à la cuisinière… »
Tibéria écouta attentivement les pas s’éloigner de l’autre côté de la porte avant de souffler. « Cette Claudia est certainement dévouée à sa tâche, mais elle l’est tout autant pour répandre des ragots… » Soudainement, elle ne savait plus quoi faire. Lohie était toujours près d’elle, si près qu’elle sentait la chaleur que dégageait son corps. Ils étaient dans sa chambre, le lit seulement à quelques pas d’eux. Le feu brûlait dans la cheminée, ajoutant à l’ambiance feutrée et intime de la pièce. Du coin de l’œil, elle aperçut la bouteille de vin qu’on avait apportée à Lohie, l’une des meilleurs de sa cave. Tibéria eut envie de la prendre et d’y boire au goulot. Ce soudain besoin lui fit réaliser qu’elle ne s’était jamais retrouvée dans l’intimité avec un homme sans avoir bu depuis son mariage avec Arichis. Elle ne gardait aucun souvenir de sa nuit avec Franco. Quant à Christian, leur échange avait débuté alors qu’ils étaient tous les deux dans un état avancé de boisson et pendant toute la semaine à l’exception de la dernière nuit, Tibéria avait toujours bu un peu. Pourquoi? Pourquoi ce besoin de ne jamais être entièrement en possession de ses moyens lorsqu’un homme s’approchait d’elle? Réalisant que le silence perdurait entre eux, elle leva la tête vers Lohie. « Désolée… Je suis un peu ébranlée, je dois l’avouer. » Elle lui prit la main, grande, chaude et abîmée par les combats. « Un vrai guerrier. » Souffla la jeune femme, plus à elle-même qu’à Lohie. « J’ai toujours pensé qu’un guerrier était plus honorable que le commun des hommes. » Reprit-elle, cette fois s’adressant clairement à Lohie. « Peut-être que je me trompe, en fait, sans doute qu’il y a de farouches guerriers qui n’ont aucun honneur. Toutefois, il faut qu’un homme croie en ce qu’il défend pour accepter de risquer sa vie pour. Sauf si c’est un mercenaire, alors là c’est le poids de la bourse qui décide. Enfin, vous comprenez ce que je veux dire... » Elle rit doucement. « Navrée si ça ne fait pas de sens. Dans ma tête, c’était mieux. » Tenant d’une main celle de Lohie, l’autre effleurait les doigts, puis la paume jusqu’à atteindre la peau tendre et infiniment sensible à l’intérieur du poignet. « Vous pouvez m’embrasser… si vous voulez. » Chuchota-t-elle d’une voix à peine plus haute qu’un murmure...
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| | | Lohie de Brandevin
Humain
Nombre de messages : 114 Âge : 28 Date d'inscription : 13/02/2018
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 28 ans Taille : 1m75 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Certaines clefs ouvrent des portes auxquelles elles ne sont pas destinées [Tib] Sam 9 Mar 2019 - 18:45 | |
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Dernière édition par Lohie de Brandevin le Mer 24 Fév 2021 - 1:03, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Certaines clefs ouvrent des portes auxquelles elles ne sont pas destinées [Tib] | |
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