Certaines clefs ouvrent des portes auxquelles elles ne sont pas destinées [Tib]

Par un baiser, un chapitre s’était clôt et par un second, un autre débutait. Dans une vie pleine de tours et de détours, Tibéria ne savait pas ce qui l’attendait. Une part d’elle voulait sauter à pieds joints, foncer et ne plus jamais regarder en arrière. Une autre, tremblante, craignait l’incertitude et l’inconnu. Dans cette équation, Lohie brouillait encore plus les cartes d’une façon tout à fait inattendue. Elle ne pouvait pas s’empêcher de penser aux conséquences pour le jeune homme si l’affaire s’ébruitait. Sa propre réputation était réduite à néant, elle ne souhaitait pas que Lohie subisse le même sort. Mais elle voulait aussi profiter du moment, oublier, passer à autre chose. Lorsqu’elle demanda un autre baiser, c’était sa façon de dire qu’elle avait pris sa décision. Elle avait fait son choix, Lohie aussi. Ce baiser éveilla en elle une foule de sensation. De la douce chaleur naissante au creux de son ventre jusqu’aux frissons courant le long de son dos, les sens de Tibéria s’éveillaient. Il y avait une douceur, une révérence dans les gestes de Lohie qu’elle n’avait jamais connu avec aucun homme. Arichis fut un amant compétent et attentif. Franco connaissait certes la mécanique, mais il avait autant de passion qu’une pelle. Quant à Christian, il ne fut motivé que par le plaisir des sens. Tibéria n’y voyait aucun mal et avait fortement apprécié cette complicité, mais il n’y avait aucun engagement, aucune conséquence, juste une amitié un peu particulière. Avec Lohie, il y avait un petit quelque chose de plus, une tendresse qu’on lui avait rarement démontrée. Trop tôt pour parler d’amour, ils en portaient cependant tous deux les premiers bourgeons infiniment fragiles et délicats. En cet instant, Tibéria était l’une de ces héroïnes qui tombent pour le preux chevalier qui devra toutefois traverser mille tourments pour prouver la noblesse de ses sentiments…

Dans l’immédiat, le futur semblait encore trop lointain pour s’en soucier. Le temps était suspendu. Derrière la porte close de la chambre à coucher, ils pouvaient partager ce moment sans être dérangés même si les murmures se rependaient déjà au sein de la demeure. Lohie découvrira bien assez tôt que Tibéria est une amante exigeante et passionnée. Une surprise, sans doute, alors qu’elle ne montrait guère ce côté de sa personnalité. Ou peut-être pas, car c’était dans la nature de Tibéria de toujours mettre toute son énergie dans tout ce qu’elle faisait, pour le meilleur et pour le pire. La séduction restait un art qu’elle maîtrisait à peine, mais avec lequel elle souhaitait s’adonner plus librement.

Alors que les mains du chevalier descendaient sur son dos, celles de la jeune femme remontaient lentement sur ses épaules et sur sa nuque. Ses doigts se recourbèrent, ses ongles effleurant l’épiderme avant de remonter pour s’enfoncer dans sa chevelure. À ce stade, la jeune femme ne pouvait faire autrement que de se hisser sur le bout des pieds en s’appuyant sur Lohie pour ne pas perdre l’équilibre. Après s’être lavé, il sentait bon. Ses lèvres avaient le goût du bon vin. Elle savoura ce baiser d’abord avec douceur, mais l’envie se fit de plus en plus marquée à mesure que les secondes et les minutes s’écoulaient.

Portés par leurs désirs respectifs, les choses s’enflammaient rapidement pour les deux amants. Les dernières barrières venaient de tomber et bientôt les vêtements en feraient de même. Ils commençaient d’ailleurs à être de trop pour Tibéria alors qu’il ne restait à Lohie que ce ridicule pantalon et son baudrier. Elle sentait la chaleur que dégageait le corps du bouillant chevalier et la simple pensée d’un contact direct contre sa peau nue la fit frémir des pieds à la tête. Alors que l’audacieux jeune homme faisait lentement remonter ses jupes, les mains de Tibéria délaissèrent sa tête pour trouver leur chemin sur son dos. Elle sentait ses muscles bander sous sa peau à chaque mouvement et le tracer de ses cicatrices laissées par ses nombreux combats. Ses doigts suivirent la ligne de sa colonne vertébrale jusqu’à atteindre la ceinture de sa culotte. Juste au-dessus, au creux de ses reins, elle marqua l’épiderme avec ses ongles. Un sourire malicieux fleuri sur ses lèvres à la réaction du chevalier peut-être surprit par l’ardeur de Tibéria. Dans sa famille, les femmes maniaient l’art de la séduction comme une arme. Sa tante en avait fait un mode de vie et remplissait ses coffres en vidant les bourses de ces messieurs. Étant la plus petite dans sa famille, longtemps Tibéria a douté de ses charmes et affirmait sans hésitation que ses sœurs et même sa cousine étaient bien plus jolies qu’elle. Ce n’était que depuis très récemment qu’elle comprenait l’effet qu’elle pouvait avoir chez les hommes et qu’en parallèle, elle appréciait de plus en plus les plaisirs de la chair. Elle n’avait pas envie de faire semblant d’être ignorante et de laisser Lohie la guider comme on pourrait s’attendre d’elle. Tibéria assumait ses désirs et elle allait le démontrer.

Pendant un bref instant, ses mains s’égarèrent sur le fessier moulé de Lohie et ce dernier tirait sur le décolleté de sa robe pour en libérer sa poitrine qui n’avait jamais été aussi pleine grâce aux joies de la maternité. Le contact d’une main inquisitrice fut remplacé par celui d’une bouche chaude et gourmande. Elle sentit sa poitrine s’affermir et sa peau se hérisser, lui arrachant du même coup un soupire. Tibéria délaissa aussitôt l’invitant postérieur pour replonger ses mains dans la chevelure de Lohie. Voilà comment elle lui signifiait de ne surtout pas s’arrêter maintenant. Sentait-il son cœur battre dans sa poitrine? En cet instant, il cognait si fort qu’on aurait pu l’entendre à plus d’un mètre. Tibéria le laissa faire un moment durant lequel elle le fit doucement tourner sur lui-même. Avant que Lohie ne réalise ce qui se passait, elle l’avait fait tomber sur le lit. Elle profita de l’effet de surprise pour s’installer à califourchon sur lui toujours vêtue de sa robe, il faut le rappeler, même si sa poitrine s’offrait maintenant à tous les regards. Celui de l’ancienne duchesse était rivé sur le corps du chevalier. Après cette soudaine hardiesse, Tibéria s’arrêta un instant pour le regarder. « Vous êtes fort séduisant. » Elle se mordit la lèvre avant de sourire, un éclat coquin brillant dans ses yeux. « Vous n’aurez plus besoin de ceci. » En disant cela, elle l’aidait à faire passer le baudrier au-dessus de sa tête avant de le jeter au sol. Elle courba le dos pour déposer un seul et unique baiser sur son sternum, mais resta dans cette position assez longtemps pour que son souffle chaud caresse sa peau et éveille quelques sensations chez le chevalier. « Je… » Elle déposa un autre baiser un peu plus bas que le premier. « Ne suis pas. » Un autre, toujours en continuant sa descente. « Aussi sans défense. » Un troisième. « Qu’on pourrait le croire... » Tibéria s’arrêta au-dessus de la manifestation très visible et surtout très comprimée du plaisir de Lohie. Si seulement ce pantalon n’était plus là...