Les petits rapporteurs | Etat major

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7e jour de la 1ere ennéade de Favrius ~ Automne
17e année du XIe Cycle
Camp Sud du siège eldéen
10h00

Les deux heures données par Krish pour rassembler des informations s'étaient écoulées... Et même davantage. En réalité, la première tentative de réunion avait été avortée et décalée d'une demie-heure car les quatre membres de la Doth'Ka envoyés dans Sol'Dorn n'étaient toujours pas revenus.

Krish avait dont eu un moment supplémentaire pour subir encore davantage d'assauts de la part des prêtes de Kiran. Elle n'avait obtenu le droit de faire un saut à l'état major qu'en promettant de revenir pour la fin des soins et parce que la réunion devait - théoriquement - être des plus rapides. Quelques minutes après l'heure dite, c'est donc le dos raide et le bras gauche en écharpe que l'encore-Triumvir avait pointé le bout de son nez pour laisser tomber un pragmatique :

- Merci d'être venus. Qui veut commencer ? "

Dans la grande tente ouverte sur toute la longueur et encadrée par six gardes d'ébènes, plusieurs silhouettes étaient déjà présentes autour de la longue table où trônaient les cartes et les maquettes. L’ambiance était tendue, rien de bien étonnant avec ce qui s'était passé quelque heures plus tôt, mais lorsque le représentant du Barra s'avança d'un pas pour commencer directement son rapport, Krish fronça les sourcils. Il n'était pas dans les habitude de cet homme entre deux âges de parler en premier. Il n'était même pas dans son habitude de parler tout court, s'il pouvait l'éviter. Ssol'riss avait pu le voir également à maintes reprises ces derniers mois.

- Sesmika. Nos envoyés n'ont toujours pas donné signe de vie. Même pas un signe de détresse. Selon la procédure, nous devons envoyer des renforts ou les considérer comme mort. "

... Le visage de l'eldéenne se fit plus grave. L'annonce était lourde... Et c'est avec cette même lourdeur qu'elle posa son regard sur les différentes personnes présentes. Ils devraient discuter rapidement, mais pour ça ils devaient avoir toutes les quartes possibles en main.

Na'ri sortait du temple de Teiweon quand elle croisa son responsable.

- Tu ne devrais pas être là.
- Je sais S'argt, comme je n'aurais jamais dû faire ce que j'ai fait… Mais puisque nous sommes là, est-ce que tu peux les couver pour moi ? Comme toute personne saine d'esprit, le prêtre eut un léger froncement de sourcils tandis que la prêtresse fouillait dans son corsage.
- Oh…" fut l'unique réponse quand il eut les fioles en main. Elles étaient chaudes, contenait une espèce de gelée marron. Cependant, elles disparurent bien assez vite dans la manche du nouvel incubateur au sourire carnassier. "Des nouvelles infections…"

Malgré cet intermède, la prêtresse arriva à temps pour la réunion de l'Etat-major. Un peu en retrait, elle avait profité du temps supplémentaire pour somnoler d'un œil, pour réfléchir et pour se réchauffer.
Maintenant que la réunion commencée, elle observait les présents. Il y avait les deux Triumvirs mais une chose les séparée. Encore quelque chose de froid… L'une était dans un coin de la tente, l'autre présidait la séance. Dans une telle crise, la prêtresse avait innocemment imaginé qu'elles se soutiendraient, qu'elles travailleraient de concert, pour les eldéens et pour leur avenir à tous. Elles devaient être deux, côte à côte. Elle se retrouvait seule. Horriblement seule.

La nouvelle de l'homme d'arme tomba comme un couperet. La prêtresse eut une prière pour eux, avec l'espoir qu'ils soient toujours en vie, à Sol'Dorn, mais simplement empêcher. Une pensée acide la traversa, empêché comme avait pu l'être le messager.

- Le messager. A ses mots, elle se leva et se mit au garde à vous. Sa voix était claire et d'un ton égal.
" Il n'a pas pu venir immédiatement. J'estime que les premiers assauts qu'il a dû subir daterait d'une douze heures maintenant. Il avait plusieurs types de blessures : des contusions avec des côtes fêlées, une perforation via un objet tranchant au niveau du flan, des brûlures au niveau du visage, mais pas d'un feu et le bras arraché. " Elle fit une courte pause "Concernant les brûlures et le bras. En contact d'un froid intense, les chairs se nécrosent comme ce que vous avez pu voir sur le visage du messager. " se sentit elle obligée de détailler car ce n'était pas toujours intuitif pour tout le monde. "Le bras a été séparé violement du tronc. L'os et les muscles ont été brisés, la coupure n'est pas nette. Le moignon est également nécrosé. L'hypothèse la plus facile serait que le bras ait été pris dans de la glace, mais elle est insatisfaisante car les tissus vivants ne gèlent pas aussi facilement. La seconde hypothèse serait l'utilisation de la magie de la vie dans le cadre d'une torture. Toutefois, outre le fait que se serait l'œuvre d'un cruel expert, cela ne me satisfait pas. " Il y avait des moyens plus simples et plus efficaces pour torturer, et pourquoi torturer maintenant un agitateur ? L'exécuter pour en faire un exemple ou haranguer les foules aurait eut un retour sur investissement plus certain.
- " Suite à l'hypothèse du Haut Prêtre de Tesso, j'ai également cherché de possible agents infectieux. " Ses yeux, seuls parties visibles de son visage, se posèrent sur le dit personnage. " Pour le moment, je n'ai rien trouvé qui ne sortait de l'ordinaire mais j'ai prélevé des échantillons qui ont été confiés à un prêtre du Second Ost. Il faut attendre les résultats. "

Maintenant qu'elle avait fini, ses yeux se posèrent sur un point obscure. Na'ri attendait soit qu'on lui pose plus de questions ou qu'on lui dise de se rassoir. Il était si simple d'imaginer le sort des quatre malheureux après une telle description… comme si leur mort potentielle n'était pas suffisante.

Il était encore au temple lorsqu’il entendit quelqu’un demander où il se trouvait. Un des prêtres de Kiran lui indiqua un lit au fond de la pièce et que, de toute façon, Kerath n’était pas bien difficile à trouver de par sa taille. Et sa masse. Ainsi le soldat ne le trouva très vite et avec un pas pressé se présenta devant le blessé, après un bref salut il délivra son message :

« Sesmika Krish Al’Serat vous fait mander pour la réunion d’Etat-Major. »

Kerath se redressa de son bras valide, par habitude il allait même se lever pour aller conseiller sa supérieur comme son serment l’y contraignait puis il se rappela qu’en rendant son anneau il était libéré de son serment. Toutefois qu’on soit Karliik Glenn ou simple esclave impie, un ordre d’une triumvir ne pouvait être pris à la légère ainsi il se leva tout de même.

« Inutile de me saluer, j’ai renoncé à mon rang. Merci de m’avoir prévenu. Tu peux disposer. » Puis il hésita un instant avant de se reprendre. « Si tu le souhaites. »

Il n’attendit pas de réponse, de toute façon il y avait peu de chance qu’il en reçoive une dans un délai bref car le pauvre messager ne devait pas comprendre grand-chose vu qu’on lui avait dit, à lui et un compagnon, d’aller convoquer les Senger du premier et second ost. Alors certes il avait écouté les rumeurs qui s’étaient propagées dans le camp mais il n’y faisait jamais attention, que ce soit pour la supposée démission ou l’atteinte à la vie d’une triumvir par Kerath. Ce fut pourquoi il resta un temps bouche-bée devant l’ancien général qui lui tournait le dos pour s’en aller.

Quant à Kerath il récupéra Murrpau des mains de prêtres de Zhak’Bar et retourna au camp nord pour y retrouver sa tente où il déposa son anneau sur l’autel dédié à Uriz, il en profita pour prier, une minute tout au plus avant de se changer. Il rangea son armure sur le mannequin qui l’accueillait lorsqu’il devait s’en passer et se changea ; il prit quelque chose qui correspondait davantage à sa nouvelle absence de grade : une simple tunique et un pantalon noir. Il garda le collier amputé de son anneau et il le plaça par-dessus sa tunique pour qu’il soit bien visible enfin il défit son ceinturon d’arme et le laissa tomber au sol. Puis il monta à nouveau sur son félin à pointe et retourna au camp sud, il avait une visite à rendre à quelqu’un avant de participer à cette réunion pour laquelle il était convoquée.

Enfin il arriva à ladite réunion où il resta en retrait, si on accepte qu’un daedhel de sa taille et corpulence puisse rester en retrait ou se faire discret d’une façon ou d’une autre, avec les aides de camp et autres dignitaires mineurs qui avaient la chance de pouvoir y assister. Les bras croisés sur son torse il écouta le rapport de Na’ri sans rien dire et ne répondit rien une fois qu’elle eut terminée.

Mon esprit est tout à fait tourné vers Sol’Dorn, et pour une fois le tien aussi, alors que tu n’essaies même pas de me distraire avec quelque lointain souvenir et que je t’en suis reconnaissant. Je ne réponds pas à la question de Krish, conscient que parfois les rapports d’autrui qui concordent avec les tiens permettent de ne pas avoir à dévoiler trop de cartes, et j’écoute le représentant du Barra ainsi que la prêtresse de Kiran que je n’avais jamais autant entendue. Un sourire peut-être surprenant flotte sur mon visage masqué et encapuchonné, alors que certaines choses sont confirmées et que d’autres hypothèses se forment dans notre esprit. La prêtresse termine et attend quelque chose, moment que je choisis pour reprendre vie alors que je suis resté de marbre depuis mon entrée. Je prends une grande inspiration avant de m’appuyer sur un bâton dans une posture qui me donne un drôle d’air.

Mon regard se pose sur la prêtresse et je parle enfin, avec une théorie qui ne fait sûrement de sens pour personne dans l’assemblée. « Un froid intense, ou le froid de la pierre, peut-être ? » Mais si tôt les mots prononcés si tôt les étoiles mauves allaient se plonger dans le regard du Vaisseau d’Uriz. « Les yeux et les oreilles de Tesso ne rapportent pas non plus de bonne nouvelle quand elles en rapportent, si ce n’est d’autres sujets d’étude. » L’espace d’un instant la tête tourne vers la mage de l’esprit qui en a déjà visité un, mais elle retrouve sa position de repos, rivée devant moi. « Une dizaine sont entrés dans la ville pour comprendre, trois sont ressortis, et ceux-ci n’étaient que trois parmi quatre à ne pas avoir mission plus importante qu’entrer et sortir aussi vite qu’ils le pouvaient. » Tu me félicites d’avoir pensé à ça, mais je t’ignore, qui sait combien d’autres masqués sont tombés ?

« Ceux qui devaient aller sonder le peuple là où le prêtre de Kiran officiait ne sont pas revenus. Ceux qui devaient entrer en contact avec ceux qui surveillaient le conseil ne sont pas revenus. Ceux qui testaient les voies d’accès à Sol’Dorn sont presque tous revenus. Un est revenu sans encombre, un a vu quelque chose de perturbant, un a trouvé deux enfants effrayés de notre race qu’il a ramené ici, un n’est pas revenu. » C’est froid, c’est factuel, et il me reste une pensée à préciser. « On a trouvé un corps résolument drow prisonnier dans la pierre d’une paroi d’un des passages, comme s’il essayait d’en sortir. » Une autre inspiration. « Sa… tête… était partiellement… transformée en pierre. » Des mots que je n’aurais pas pensé prononcer aujourd’hui, assurément. « J’ai envoyé un deuxième groupe aller la chercher, mais c’est possible que personne ne revienne, ne comptons pas trop sur cet objet. »

Si Sol’Dorn peut faire ça, Sol’Dorn n’aurait pas attendu si longtemps, la colère divine semble de plus en plus crédible, je pense, en fermant les yeux, alors que j’estime que les enfants peuvent être présentés dans la dizaine de minutes qui suivent.

Reste à savoir qui de l’assiégé ou de l’assiégeant l’a déclenchée.

Pas de questions, que des ajouts. Alors la prêtresse se rassit, retournant dans l'ombre. Elle écouta.

Froid de la pierre. La pierre n'était froide que si son environnement l'était. La pierre n'était pas froide quand, sur un feu, on pouvait y faire cuire viande et mets. La pierre… depuis quand pouvait on changer les chairs en pierre ? Encore une question à mettre dans le carnet pour les poser à Shyn'taë. Vraiment.
Des gens étaient rentrés. Un peu moins d'un tiers des effectifs étaient revenus de la ville. C'était peu…
Petit à petit, son esprit vagabond divagua, maintenant elle se demandait si des chairs de drows pris dans un froid intense pouvait prendre l'apparence de la pierre. Perdaient elles leur couleurs ? Et il faudrait aussi essayer d'enfermer des chairs dans de la pierre. Des mages élémentaires. Qui pouvait bien travailler sur ça au sein de Kiran ? Ou fallait le demander à Erkd'Fe Renor ? Elle avait le sentiment qu'il n'était pas improbable de trouver quelque part, que cela soit dans la bibliothèque du temple ou dans celle de l'étude noire, une étude de ce genre… Les drows étaient imaginatifs. Il n'y avait pas de raison pour que les élémentalistes le soient moins…

La voix de la Triumvir Viconia sortit la soignante de ses considérations.
Le témoignage était brouillon, confus. Un témoignage d'un mort via la bouche d'un vivant. La soignante frissonna. Non, décidément, elle n'aimait pas la magie de l'esprit. Pourquoi avait elle fait ça ? Pourquoi l'avait elle fait là ? Pourquoi ? Avait elle demandé l'accord au mourant ?
Mourant, surement, parce que le drow était déjà un peu trop frais. Un peu trop choqué. Un peu trop douloureux. Un peu trop… pas assez vivant.
Si elle avait demandé, Kerath aurait dû, pu savoir. Il ne l'aurait pas tué, pas volontairement du moins. Il n'était pas méchant. Encore une question pour plus tard. Pourquoi l'aurait elle violé ?

Elle ne va pas bien, c'est certain. Tous l'écoute. Difficilement.
Tandis qu'elle doit tout assumer. Ça et le reste…

Sans un mot, la prêtresse se leva à nouveau et se dirigea vers la jeune Triumvir.
Au milieu des pourquoi, Na'ri éprouvait une énorme compassion. Elle avait appris à connaitre la jeune drow. Elle l'appréciait. Sincèrement. Et ce qui ce déroulait ici, sous cette tente lui faisait horriblement mal. Hier, elles riaient les mains dans la farine. Avant-hier, elles s'échangeaient mots et biscuits. Et encore avant, elle lui avait mis un petit paquet de linge dans les bras. Aujourd'hui, sa conscience de medecin ne lui permettait pas de laisser un drow dans cet état. Il lui fallait du repos, et elle la forcerait.  

Arrivée aux côtés de la dirigeante, la medecin s'accroupit. D'un geste précis, elle décrocha son masque pour montrer le doux sourire dessiné sur ses lèvres. Puis elle lui prit les mains et les caressa.
" Sesmika, détendez vous. Laissez moi vous aider, s'il vous plait.
" Ne te compromet pas pour moi… " murmura la belle daedhelle qui gagna un nouveau sourire tendre.

Sur les mains soignées, elle dessina des motifs apaisants, reposants, jusqu'à trouver l'oubli dans le sommeil. Quand elle fut certaine que les yeux soient fermés, le sourire quitta ses lèvres alors qu'elle remit son masque d'une main.

Du sable et de l'eau.

Tout reposait sur du sable et de l'eau.

Si la Triumvir avait encore eu une seule once de doute au sujet de Viconia en la voyant s'installer, repliée sur elle-même, incapable d'assumer sa charge mais tenant tout de même à être présente, le long monologue qu'elle articula finissait le travail sans peine. Durant les longues minutes de ce supplice, Krish ne lui lança pas un regard. Les deux mains appuyées sur le bord de la table, les yeux sur les cartes des alentours, après une brève demande, elle regardait Ssol annoter les entrées des passages qui avaient été vérifiés par ses hommes et le représentant de la Doth'Ka ajouter l'itinéraire des membres envoyés un peu plus tôt.  

Ce ne fut qu'une fois dans le silence pesant qu'avait laissé la prêtresse de Kiran portée au chevet de la jeune Triumvir que Krish se tourna vers elles en posant une main sur l'épaule du Senger Zaurahel avant qu'il ne s'indigne du manque de protocole.

- Je te remercie, Yatharil. " Puis elle se tourna vers les aides de camps pour leur demander d'aller immédiatement chercher deux prêtres de Kiran pour prendre le relais et ramener Viconia sous sa tente avant d'en revenir à ses principales préoccupation, comme si rien de tout cela n'avait eu lieu.

- Aucune équipe d'infiltration ne sera envoyée dans Sol'Dorn pour sauver nos effectifs manquants. En tout nous avons perdu près d'une dizaine d'hommes depuis ce matin, sans compter ceux qui étaient déjà sur place. " Du côté de son voisin masqué, il y avait encore bien des choses à éclaircir. " Ssol'riss, Si ça n'a pas été fait, les enfants doivent être mis en quarantaine aux soins des prêtres de Kiran. Comme ton clergé les a trouvé, vous avez gagné le droit de les interroger comme vous l'entendez, mais en respectant les consignes sanitaires des adeptes des Jumelles. Sol'Dorn pourrait tenter de nous empoisonner. Je veux des résultats pour ce soir, au couché du soleil. Idem pour la tête dont tu as parlé. Libre à toi de la faire examiner comme tu l'entends. Tu peux demander l'aide du C'nros, du clergé de Valas, de l'Etude de l'Immatériel et même Ranaghar s'il le faut. Si l'intervention d'un autre expert est indispensable, nous en parleront en privé. " Elle se doutait que l'homme avait déjà du prendre toutes les précautions et qu'il viendrait de lui même lui parler de Valsrik'Hrae, mais les choses évidentes allaient toujours mieux en étant dites franchement. D'autant plus qu'elle n'était pas certaine d'avoir beaucoup de temps disponible d'ici la soirée étant donné ce qui l'attendait à la mi journée.

- Dit moi, Yatharil, pourquoi l'éventualité de la torture ne te satisfait pas entièrement ? "

Ce fut d'une oreille un peu distraite par sa patiente que la soignante continuait de suivre la réunion.

- Dit moi, Yatharil, pourquoi l'éventualité de la torture ne te satisfait pas entièrement ? "

Sans vraiment se retourner, d'une voix lente, Na'ri déroulait ses pensées, un peu comme elles venaient.

- "Parce que je n'ai pas observé d'autres séquelles résultant d'une séance de torture, ni de traces de liens sur le corps. Ce qui pourrait vouloir dire que le sombre était maitre de ses mouvements quand le sort a été lancé. Je ne suis pas experte dans ce domaine, mais il me semble que le tortionnaire attend quelque chose du torturé… " Dans le cerveau lent de la sombre, une idée plana. " Le supplicié pourrait avoir été chassé… " La sentence d'il y a deux heures résonnait encore au creux de ses oreilles. " Mais une chasse ne fonctionnerai pas non plus… Le sort demande du temps pour en arriver à ce résultat.  "

Elle fit une pause pour confier la belle endormie aux mains de ses pairs. D'un signe de tête, elle les remercia et elle pu reprendre avec une diction plus fluide.

- Dans tout les cas, je salue l'expertise du mage pour atteindre une telle maitrise, il serait  bien plus certain de le tuer directement. Et… j'aimerai rajouter qu'il existe des moyens bien plus efficace avec notre magie. Tout cela me semble bien compliquer juste pour une séance de torture. "

Son regard se porta sur le Haut Prêtre de Tesso

- Suliss, pardonnez mon audace, il m'avait semblé que vous connaissiez le messager. Pourriez vous nous aider à le comprendre de son vivant ? Quelles étaient ses connaissances en la matière ou ses motivations ? "

La simple prêtresse qu'elle était s'inclina légèrement en signe de soumission. Elle voulait savoir si son pair était capable d'une telle prouesse sur lui-même. Il lui aurait fallu une motivation et une volonté hors norme pour se l'infliger. Son bras était il coincé dans de la pierre, quelque part ? Qu'avait il de si précieux ici pour que sa vie soit à ce point si importante pour accepter tant de souffrances ?

J’écoute en silence les mots de la Triumvir, les intégrant mais n’y réagissant pas le moins du monde, les ajoutant juste au mélange d’informations que je possède.

Il n’y a que Krish Al’Serat pour interrompre mes pensées et forcer une réaction. « Les enfants et celui qui les a trouvé ne sont pas encore entrés dans le camp et dans une poignée de minutes ils se rendront auprès des serviteurs de Kiran, l’interrogatoire suivra comme vous le désirez. » Les plans n’ont pas besoin de temps pour être revisités, surtout pour Tes serviteurs, et je ne précise pas si mes mots reflètent un changement ou si les mots du Vaisseau d’Uriz sont le reflet de ce qui est prévu depuis le début, alors qu’un daedhel quitte la tente. Puis quand elle parle de la tête, je reste pensif un instant. Je n’ai pas considéré la dernière option, mais peut-être qu’elle doit en fait être la première. Il ne saura pas, car la pierre et la chair ne sont pas de ses spécialités, mais il saura qui interroger. « Si la tête est recouvrée j’apporterais tout ce que j’en sais le plus tôt possible. » Tu siffles entre tes dents, alors que la situation t’agaces, alors que ton serviteur semble devenir celui d’une reine.

Tu t’agaces aussi quand tu penses que je vais répondre à la question de la prêtresse, alors qu’il y a peu de choses aussi importantes que le secret des tiens, mais je te rassure en quelques mots. « Je connais son rôle, je connais ce qu’il est, mais le Silencieux ne m’a pas confié qui il est, il ne peut le faire. » Ssol’riss Ulnen aurait secoué la tête en riant, car peur de choses font aussi peu de sens que les fausses idées que se font ceux qui ne te comprennent pas. J’en suis l’exemple vivant mais je ne peux le lui dire, alors que l’identité n’est qu’un mensonge par-dessus d’autres, et que le Menteur ne s’attend pas. « Ce que je peux dire, c’est qu’il a offert sa vie en sacrifice au Menteur pour être à la place qui était sienne dans Sol’Dorn et qu’il était prêt à sacrifier ce qui vient au-delà de la vie. S’il s’est retrouvé prisonnier d’un mur, s’il a dû se séparer d’un bras pour Tesso, s’il a dû se séparer d’un bras pour quoi que ce soit qui lui importe, il l’a fait. »

Les Somnolents, Tes merveilles, qui se condamneraient au P’leik pour Toi, et qui le font, souvent.

Les mots avaient un pouvoir, un pouvoir immense sur les autres, sur soit. Il suffisait d'un mot pour passer d'un état de guerre à celui de paix ; d'un mot pour se retrouver maitre où l'esclave ; d'un mot pour blesser ou soigner. Celui qui maitrisait les mots était celui qui avait le pouvoir.
Bien évidement que le Haut Prêtre de Tesso avait une telle maitrise, alors qu'elle… elle n'était qu'une servante. Mais ce n'était pas le Menteur, c'était L'Infectieuse. Ranger, résumer la Dame de la Pestilence aux soins et aux maladies, c'était oublié pourquoi elle était née.

- Ma parole ne fait pas lois, ni rois, mais ne me faites pas dire ce qui ne l'a pas été. Je sais juste que si c'était un mage de vie capable de se mutiler ainsi, il devrait avoir été un mage de guerre, un des fleurons du C'nros. Si nos oreilles sont trop faibles pour supporter les mots du Silencieux, veuillez les confier à celles de nos Triumvirs, pour que les honneurs lui soient rendus comme il se doit. Je vous en remercie Suliss. " Sa voix était basse, presque douce.

A ces mots, la prêtresse s'inclina bien bas et se retourna. C'est alors qu'elle le vit. Celui qui deux heures plus tôt appréhendait le message des dieux. Il ne les aidait pas en ne restant pas en place… Lui qui avait renier le pouvoir, il était présent, fidèle à ses obligations. Narquoise, elle sourit sous son masque en retrouvant un bonne fois pour toute sa place, du moins l'espérait-elle.

Je me suis trompé sur le sens de ses mots, je ne cherche pas assez loin, je ne cherche pas comment il s’est retrouvé enfermé dans la pierre, je cherche simplement comment il s’en est libéré. Si je cherche parmi les vies les moins exceptionnelles de tes Somnolents, ce ne peut être celui qui sert à la fois Kiran et Toi qui s’est lui-même transformé, mais tes serviteurs les plus exceptionnels peuvent être les plus grands mages du Puy et le cacher à celui qui dirige ce qu’il connaît de ton culte, sans qu’il n’en sache jamais rien. C’est l’erreur qu’elle a faite, elle aussi, en pensant que si je ne dis rien c’est parce qu’ils ne méritent pas de savoir. Alors que si je ne dis rien, c’est parce qu’il est des zones d’ombres, même pour tes serviteurs. Et souvent, le plus proche de Toi quelque chose est, le plus invisible il est d’eux, le plus invisible il est de moi.

Je ne réponds à aucun de ses mots autrement que par un lent mouvement de tête, du haut vers le bas, comme elle s’est inclinée. Je semble aussitôt l’oublier, mon masque s’oriente de bien des façons pendant quelques instants, revenant sur tous les visages, et une deuxième fois sur celui de Krish Al’Serat. Les étoiles mauves disparaissent, le masque s’incline à nouveau, le bâton vient se poser sur le sol, une capuche est remontée. Ma voix n’est pas forte, ma voix est dirigée vers elle, et ma voix essaie de prendre congé, car une tête et deux enfants l’attendent, et que de toute façon, la voix serait capable dans une trentaine de minutes de répéter tout ce qu’il s’est dit dans cette tente, car Tu veilles toujours. « S’il n’y a plus rien qui requiert toute mon attention, permettez moi de me retirer, Vaisseau d’Uriz. » Une pause. « Si quelque chose de nouveau apparaît, vous savez où sont Ses oreilles. » Ces mots ne sont pas que destinés à la Triumvir, ils sont destinés à tous, et il est bien aisé de deviner où Tes oreilles sont.

Partout, la réponse est partout.

Dans un coin de la tente, Kerath ressemblait toujours vaguement à une ombre, du moins l’ombre de plusieurs personnes vu qu’il se déplaçait dans le fond, incapable de tenir en place plus de trente secondes. Par habitude plus qu’autre chose il prenait les rapports des aides de camp de leurs mains pour les parcourir des yeux avant de leur les rendre en se rendant compte qu’il n’avait plus le droit de le faire alors il reprenait sa marche, rasant toujours les murs. Les oreilles dressées il s’arrêtait lorsque quelqu’un parlait et recommençait sa marche pesante une fois que ladite personne avait terminée. Toutefois lorsque le haut-prêtre de Tesso eut terminé et demanda congé, le Senger, du moins l’ancien Senger, s’extirpa finalement des ombres, forçant à se pousser ceux qui n’avaient pas eu le temps de le faire par eux-mêmes bien qu’il avançait quelque peu de profil pour que son bras droit ne touche personne.

« Avant que tu ne partes, peut-être pourras-tu m’aider à répondre à la question que me titille depuis ce matin… si vous me permettez d’intervenir dans cette réunion où je n’ai pas ma place. » Se reprit-il avant de poursuivre sans attendre de réponse. « Pourquoi est-ce que tout ça nous concerne ? Nous n’avons qu’à les laisser crever pour qu’ils rejoignent les P’leiks. S’ils tentent de sortir mes dr… le second ost est plus que préparé à les recevoir. »

Son regard passa ensuite sur chaque personne présente d’importance, il avait commencé par interpeler le haut-prêtre de Tesso mais la question était adressée à tout le monde et, en réalité, principalement à la triumvir de l’autre côté de la table principale qu’il n’avait pas quitté des yeux en parlant. Il n’y avait pas d’agressivité dans son regard et son ton avait été on ne peut plus sincère, il se posait réellement la question.

« S’ils veulent mourir au combat qu’ils viennent, nous les… » il se reprit après un claquement de langue agacé. « Les osts les attendent. » D’ordinaire il aurait croisé les bras sur son torse mais là il ne pouvait pas et ce fut une tentative douloureuse qui le lui rappela.

Krish leva la main à l'intention du Haut Prêtre de Tesso. Il avait bien des choses à faire et le reste de la réunion, il faisait parti des quelques personnes qui pouvaient l'apprendre sans problème, mais elle avait une idée et elle préférait qu'il soit au courant immédiatement. La Prêtresse de Kiran s'était attiré un nouveau hochement de tête de la part de la triumvir. Elle comprenait sa question et allait en reparler à huis clos avec l'intéressé fuyant. La question de Kerath en revanche, était encore une fois symptomatique de sa bêtise dès qu'il sortait des limites d'un champ de bataille bien définit.

- Toi qui passe ton temps à dire que les Dorniens ne sont pas digne de respect, tu devrais t'attendre à pire qu'une sortie en force de leur part. Il y a dans ces murs des centaines de prêtres, dont certains à l'ancienneté et aux pouvoirs à faire pâlir bien des nôtres et organisés par l'Avatar d'Isten en personne, avant sa disparition. " Elle quitta enfin la carte des yeux pour regarder le Senger qu'elle comptait bien récupérer avant le coucher du soleil. " Nous ne sommes pas les seuls a avoir eu un an pour laisser les prêtres de Kiran et de Teiweon jouer avec des maladies ou développer des ruses particulièrement retorses. Et j'espère bien qu'ils ne nous épargnerons pas de leurs plus savantes inventions. " ajouta-t-elle avec un sourire de défi. " S'ils sortent, ils affronterons nos Osts. S'ils manigance un rituel, nous devons les tuer avant qu'ils ne le terminent. Uriz n'attend pas de nous que nous attendions comme des bœufs à l'abatoire pour mesurer la force de nos muscles, mais que nous soyons meilleurs en tout, y compris en magie et en finesse d'esprit. Nous en serions peut-être plus sur leurs intensions si le prêtre de se matin n'avait pas été tué. "

Puis elle se retourna vers le Senger du premier Ost et plusieurs représentants des divers clergés.

- Gérer les inspections et les missions prévues comme vous l'entendez mais d'ici midi, je veux que touts les passages secrets de notre connaissance soient murés. " Si leurs hommes n'étaient pas sortis avant, les équipes sur place devraient encore survivre quelques heures par leurs propres moyens. " Que les prêtres de Zhak'Bar et de Teiweon se tiennent prêts. Cet après-midi, nous ferons déborder l'Oliya pour inonder les sous-sols de la ville et découvrir d'éventuels autres accès. Ceux qui s'y cachent seront tués ou obligé de fuir et cela enverra un message à ceux qui essaient de jouer avec nous. Si certains fugitifs sont repérés, j'entends qu'ils soient capturés en vie. Peu importe qu'il leur manque des membres pourvu qu'ils soient en état de parler. Les Camps Ouest et Nord doivent aussi être prévenus. " Puis elle sortie comme elle était entré sur un simple " Vous pouvez disposer. "