Barkios, an 13:XI
Quelques ennéades après ce rp Lentement, les lourdes portent sont refermées par les gardes veillant sur les lieux. Ainsi, le bureau aux allures de temple dénudé est plongé dans un étrange silence, coupé de l'extérieur. Se tenant là, il y a le Gobelin, vêtu comme à l'accoutumée de cuir, de tissu et de métal; et il y a
elle. Parée de voiles noirs l'enserrant, l'enlaçant, suggérant plutôt que cachant, ils sont un écrin d'obsidienne à la blanche tendresse, agrémentée d'une parure d'or, que laisse admirer une ouverture. Maître de ce royaume étrange, aussi dur qu'elle apparait douce, son visage finement taillé et poli, siégeant au cœur d'une tempête sauvage et pâle et dont on ne voit que les lèvres pleines et noires, et les mires écarlates. Cette vision, le Gobelin la perçoit autrement que par ses seuls sens, qui sont braquées sur cette présence inattendue en ces lieux.
"Valsharyss. met-il un temps à dire. Que veux-tu ?"Lentement, un sourire d'obscurité s'étend sur les joues blanches tandis qu'elle s'incline, faussement humble. Lui attend, observe, aux aguets, son cœur s'emballant légèrement.
Cela commence toujours ainsi... Pourtant, le lieu est différent. Peut-être en ira-t-il de même pour le reste...
"Triumvir' Urgoll'Ven. susurre-t-elle avec une légèreté caressante. Je ne viens que m'enquérir de vous... Votre dernière absence m'a laissée... Concernée.- Non. Je comptais revenir. Tu le sais.- Je voudrais le croire... Pourtant, plusieurs ennéades se sont écoulées. disant cela, elle s'est approchée à pas mesurés, élégants. Près de lui, elle doit lever la tête. Geste que suit une main fine, aux longs doigts se finissants sur des éclats noirs, approchant le visage brute. Qu'y a-t-il ?"De toute sa stature, le Gobelin s'est figé devant l'approche de la petite drow. Comme hypnotisées, ses mires sanglantes ont englouti le moindre détail de ses mouvements, la moindre langueur, le moindre retard attestant la plénitude de ses charmes. Un long frisson le tiraille, ses mires s'écarquillent en se baissant vers la daedhel pâle... Et plongent dans le sang de ses yeux. Aussi rouges que les siens, bien que pour d'autres raisons. Son souffle se fait plus court, plus contenu, car il le sent : la tentation de s'y noyer. Un pas en arrière, traître. Son être qui se tend à l'extrême, quand il voit ses sourcils gris se rapprocher, son visage de lait se faire
inquiet, ses doigts restant en suspend, si près de sa joue, sans la toucher. L'un de ses battoirs s'est refermé sur son poignet. La retient. S'y accroche.
"... Vous savez le risque. Vous savez ce que je redoute. Pourquoi il me faut venir. Pourtant, vous... sa voix se tord, son regard se fait angoissé. ... Mais je ne suis qu'une humble prêtresse, après tout. Dois-je partir, triumvir ?"Quelque part, il voudrait prononcer ce mot, ce seul qui semble en cet instant pouvoir le libérer. Ce rappel de leur position en est l'occasion. Cependant, la vérité s'impose : le sombre sait ce qu'il va advenir. Il sait ce qu'il
doit. La fuite n'est jamais qu'illusion, et la destruction... Une voie sans issue. De choix, il n'en voit pas. Ses paupières se closent, se verrouillent, sur son regard coupable, alors qu'il abandonne d'un signe de tête, la relâche. Quand il sent ses doigts légers peser sur son visage rude, Urgoll'Ven sait ce qu'il va advenir. Faible, il voudrait reculer, mais ne le peut. Il est entre ses mains.
D'une juste pression, la daedhel blanche l'attire à elle. De quelques mots, elle lui rappelle ce qu'il doit faire, puis joint leurs lèvres, capture son souffle, avec une assurance et une lenteur qui le laissent fébrile. Ses mains s'activent, défaisant comme mille fois les attaches de son plastron, qui tombe avec fracas, délassant sans trop de heurts les lacets de sa chemise. D'inconfort, il tremble, ployant malgré sa taille, voulant se redresser... Sans le pouvoir. Pas alors qu'
elle le touche, qu'
elle le caresse comme elle sait le faire, par la grâce d'Isten, par leurs seules bouches jointes.
Parfois, son emprise se relâche, le temps de le laisser respirer... Et de murmurer quelques mots. Alors, suspendant son entreprise, il se meut. Appelle la magie si familière, qui répond avec la même docilité dont lui-même fait preuve. Avec un grondement, un nouveau mur s'élève, condamnant l'entrée du bureau.
C'est fait. Le Gobelin se sent un peu plus sombrer, alors que Valsharyss lui sourit, cueille la goute de sueur que lui a tiré l'effort, s'en repait... Et susurre qu'il doit continuer.
Oui. Plastron, chemise, cuir, chausses... Gestes tant faits, tant répétés, qui le laissent comme chaque fois frémissant devant cet aveu. Faiblesse. Intolérable. Qui étrangle son rugissement avant même qu'il ait pu le hurler, car elle est là, le relâche. Leurs mires sanglantes ne se quittent pas, elle n'en a pas besoin, elle lit sur son visage et elle sait : il est nu et vulnérable, face à la prêtresse vêtue de voiles noirs.
Un grondement se force un passage entre ses crocs, en réaction à la supplique de sa charpente qui ploie, d'anticipation face à ce qui s'annonce. Une caresse le rassure comme le hérisse, tandis que d'une pression elle le guide, le fait s'asseoir, puis s'allonger sur le sol dur. Sans jamais le lâcher. Puis elle l'enjambe, lui, gisant, elle, cavalière. Rien que leur corps, un rituel si ancien... Incomplet, sans le reste. Qu'elle connait si bien. Son visage fin s'éloigne du sien, brute, pour mieux la laisser libre de parler. De cajoler. De rassurer. Le souffle du géant s'accélère, malgré son corps tétanisé, ses mains plaquées aux sols. De caresse en prière, elle l'étourdit, le fait gémir. Ses battoirs qui se crispent, luttent, luttent contre ce qui vient, contre ce qui est nécessaire, contre ce qu'elle maîtrise. Un baiser léger, et elle se redresse, le domine, sans qu'il ait bougé, sa tête seule tressaillant, se braquant, alors que ses mires sanguines sont fixées sur elle, écarquillées. Sanguines, intégralement rouges... Sans ce blanc trahissant la peur. Une apparence mensongère. Son être en est imprégné.
"Lâchez prise, Urgoll'Ven." murmure-t-elle.Ses mains, qui ne le tiennent plus, s'occupent alors de délacer, dénouer, les attaches qui la gardent vêtue. Le vêtement est bien fait, il sert son but : ses gestes experts l'en libèrent en quelques instants, qui voient les longs pans obscurs glisser sur les courbes blanches, se répandant sur ses hanches fines puis ses jambes, jusqu'au sol. Ses pupilles réduites à des têtes d'épingles, le sombre ne voit plus que cela : son corps, femelle, assis sur le sien, entouré par l'obscurité du tissu et des murs. Quelque chose le frappe de l'intérieur. Quelque chose qu'elle voit. Quelque chose que les longues mains viennent chercher, glissant sur son large torse, ses clavicules, pour venir se planter délicatement dans la peau sensible de sa nuque. Un frisson qui lui tord les entrailles. Sa peau contre la sienne. Son souffle dans sa nuque.
"Il le faut." dit-elle encore.De tout son être, il ne veut s'y résigner. Ses poings sont plaqués au sol, ses griffes se plantent dans sa paume, sa respiration se coupe. Et ses yeux, ses yeux qui le trahissent, et dévorent la chair d'une épaule. Lentement, elle se met à bouger, sa chair frôlant la sienne, le réchauffant, alors que des ondes de douleur se répandent depuis sa nuque, le faisant trembler à chaque pression. A ses caresses, elle joint suppliques et prières, le rassurant, le cajolant, le poussant toujours à s'exécuter. A l'exception de ses ongles qui le transpercent, elle ne fait que le caresser, le menant, peu à peu, au bord de la faille. La douleur, soudain, le pousse à redresser la tête pour fuir les pointes qui s'enfoncent... Et ses lèvres à elle embrassent les siennes. Aveuglé, étourdi, il la sent faire. L'étau, qui se referme sur lui.
Une brusque inspiration le fait se cambrer alors que son cœur tonne dans sa cage, que la douleur le foudroie. Valsharyss le tient, ne le relâche pas, alors que ses gestes, ses ondulations le forcent à le suivre. Il veut - ne veut pas - l'étreindre - la déchirer - pour mieux l'aimer - la dévorer. Son esprit est à l'agonie. Sa chair, elle, exige. Ses mains se sont ouvertes, tétanisées, tremblantes, sur la roche froide, alors qu'il a dû se relever à demi. Retomber, c'était souffrir. Se relever, c'est la faire souffrir,
elle. Ce qu'elle appelle et exige. Leur lutte n'a rien de tendre, alors que les gestes du Gobelin s'emballent. Son rictus est figé dans une expression de douleur, de faiblesse et de rage, indescriptible, alors que le visage de la prêtresse s'est reculé, tandis qu'elle s'agrippe à sa nuque, encaissant ses assauts sans perdre sa concentration.
"Lâchez... Prise..." insiste-t-elle, oppressante.Il la maudit, de la voir ainsi se contrôler. De siècles en siècles, elle qui subissait a pris l'ascendant. A présent, elle le tient, connait ses faiblesses et balaye ses remparts. Une
enfant autrefois, héritière d'un devoir qu'il sait immonde, qui le connait trop bien à présent. Qui lui fait connaître, chaque fois, un mal nécessaire, car il le
doit. Cela ne l'en détruit pas moins. Impuissance. Faiblesse. Rappel constant. Pour l'affaiblir. Ses crocs sont saillants, sa vigueur furieuse. Prières aux lèvres, la prêtresse lui lacère la nuque.
L'éventrer et le traîner par ses entrailles ne lui ferait pas moins mal. Cette peau, autrefois consumée par la magie, est d'une sensibilité sans nom en cet instant de vulnérabilité extrême. La souffrance le fait hurler, telle une bête agonisante, perdre pied, ses yeux se révulsent, ses bras tressautent et le laissent chuter au sol, plongeant un peu plus les griffes de Valsharyss dans sa chair vulnérable. Dans ce déchainement, sa panique, il se recroqueville, étreint la daedhel blanche à lui en briser le dos, plonge ses dents dans sa nuque, s'enivre de son sang, les fait rouler. Reprendre le dessus, l'écraser, la broyer, la... La plaquant au sol, le Gobelin la surplombe, enfoui en elle, sa gueule ouverte et sanglante prête à l'égorger... Ce qu'il voit lui tord le ventre.
Valsharyss lui sourit. Ses mains ont relâché sa nuque déchirée, et lui caressent le visage, alors qu'elle le contemple tout en priant. Souriante. Satisfaite. Juste. Urgoll'Ven gémit, pitoyable.
Tel qu'exigé, il la prend. Encore, encore, sans plus contenir ce qui le dévore. Dans leur lutte de magie et de rage, il couvre son corps de plaies, de contusions, par ses crocs et ses bras, par ses gestes quand il se contorsionne avec elle sur le sol pour aller plus loin, quand il la soulève pour se jeter avec elle contre un mur, quand ils s'étreignent avec violence, lui s'imposant, dominant... Illusion. Les psalmodies de la prêtresse rythment la perdition du Gobelin, ses coups et ses plaintes. Lacérée, elle empêche le sang de couler. Quand il la blesse, elle en jouit et en redemande. Insolente. Oppressante. Exigeante. Urgoll'Ven lutte contre une défaite déjà consommée. Il s'y épuise et s'y tue. Sa résistance. Sa déchéance.
Le temps n'a plus cours. Quand Urgoll'Ven revient à lui, il a un hoquet faiblard. Difficilement, le colosse parvient à se redresser, son dos le lançant, ses membres lui répondant laborieusement. Éreinté, il lève les yeux et découvre Valsharyss, finissant de remettre en place ses voiles noirs. De plaies, il n'en voit pas sur sa chair. La magie a fait son œuvre, laissant la peau pâle avec de légères marques, qui s'estomperont bien vite. S'approchant délicatement du sombre prostré, la daedhel blanche l'aida à remettre ses plus simples vêtements, sans chercher son regard, efficace, avant de l'enlacer à nouveau. Prières et murmures sont échangés, puis connaissent une fin, soufflée, intime.
"Louée soit la Belle Dame. Louée soit la Mère...
- Ainsi soit-il."Quand elle se relève et s'en va, il se met debout à sa suite puis défait une partie du mur érigé devant la porte, lui permettant de se glisser au dehors. Par l’entrebâillement, inquisiteur, un garde s'encadre et observe.
"DEHORS." tonne le Gobelin.Il est aussitôt obéi. Puis il comble la brèche et s'approche de l'un des meubles qu'il a conservé dans la pièce. Pourtant, arrivé à son niveau, il n'en cherche pas le contenu, s'appuie seulement dessus, la respiration lourde. De longues heures s'écouleront avant qu'il n'abatte la roche qui verrouille la pièce, et appelle les esclaves pour nettoyer les traînées sanglantes sur la roche.
Pour l'heure... Il hurle.