A l'Ouest rien de nouveau / Lyorindel

Favrius, An 14 du XIeme Cycle

Les rumeurs couraient depuis quelques mois et les mouvements de l'armée avaient fini par ne plus passer inaperçus. Peut être n'avait-ils jamais été discrets ou peut-être que son passé l'avait ramenée ici par hasard. Elessa n'en savait pas trop grand chose. Et à vrai la mage ne s'encombrait pas de tels détails. Pour que son intérêt puisse être soudainement titiller par les rumeurs c'est qu'elles devaient avoir un fond de vérité.

Elessa était une mage, une scientifique. Son intérêt se portait donc sur l'étude, la construction et la déconstruction des mythes et théories qui peuplaient l'inconscient collectif. Pire que tout cela, elle était également une joaillière, une artiste à sa façon. Ordonnée et sévère envers tous, y compris elle même, elle n'en vivait pas moins une vie rêveuse, composée de moments de grand éclat suivis de recroquevillement sur soi et une profonde remise en question de l'existence même.

Cependant, les conflits qui avaient marqué leur destruction inhérente connaissaient un certain intérêt pour Elessa. L'elfe était pour ainsi dire né de la guerre et de la violence. Dès son plus jeune âge en Nisétis jusqu'aux plus récentes des escarmouches contre les Drows, elle ne pouvait nier avoir développer une rhétorique fort peu Aedhel et une passion certaine pour l'observation de la guerre - et de sa fille née de la misère nommée politique.

C'était cette hobby dangereux qui avait poussé l'elfe à quitter Aleändir pour se diriger droit vers les montagnes bordant le Protectorat de Daranovar. Elle les connaissait encore malgré les années passées et nombre de souvenirs lui étaient revenus alors qu'elle chevauchait sur les pistes accidentées de cette partie des massifs. La mage n'avait pas encore osé approcher de trop près les mines dans lesquelles elle avait travaillé pendant près de trente ans. Il se racontait que les ennemis se déversaient des trous et autres galeries de ces dites-mines, vomissant un flot continu d'adversaires.

C'était pourquoi Elessa s'était arrêtée à Daranovar en premier. La ville était martiale comme à son habitude, austère et fière. Mais cela faisait du bien à la mage de retrouver de tels souvenirs. Cela lui rappelait les doux temps de son amitié profonde avec Berimir et leur complicité aux fins fonds des galeries, animés par cette même curiosité scientifique. Dieux que ce temps lui paraissait lointain... Mais les amitiés restaient solides et l'elfe put loger aisément chez une amie des temps anciens. Une guerrière aux traits féminins mais à la carrure robuste, même pour un homme de leur race. De là elle avait pu faire appel à ses contacts...

Ainsi Elessa était vêtue d'une tenue simple et à l'image de la ville pour se rendre au marché. Ses tibias et ses pieds étaient protégés par des cuissardes argentées tandis que d’épaisses chausses bleues remontaient à mi-cuisse tandis qu’une jupe patineuse couvrait le bas de son abdomen et le haut de ses jambes. Son torse était engoncé dans une cuirasse de métal léger et argenté s’arrêtant au haut de son abdomen. Elle portait en dessous un corset bleu agrémenté d’arabesques dorées tandis que ses avants bras et ses mains étaient protégés par des plaques d’acier argentées. Une simple dague pendait à sa ceinture et surtout son focalisateur pendait à sa chaîne autour de son cou, l'améthyste prenait d'étranges teintes voluptueuses après des années à être traversée par l'art. La mage devait rencontrer un ami de son hôte et avait hâte de le voir.

Il ne lui fallut guère pour repérer la silhouette dont lui avait une description détaillée et Elessa s'avança à grands pas. Elle se glissa derrière l'homme avant de le saluer, d'une voix calme et et autoritaire, le visage de marbre. "Tu dois être Lyonrindel. C'est un plaisir de te rencontrer Heru. Je suis Elessa, j'ai demandé à te rencontrer. Que dirais-tu d'aller marcher sous la voûte de la Forêt pour discuter calmement ?"

Ça faisait du bien de retourner à Daranovar après tout ce temps. Parcourir l’Anaëh laisse peu de temps pour un petit retour aux sources de temps en temps, après avoir rempli sa mission et transmit à Daenor ce qu’Artiön lui avait confié il laissa ses pas le guider sans vraiment regarder où il allait, laissant les souvenirs lui revenir. Lentement, il arriva devant la maison où il avait grandi. Plus que sa situation familiale c’était de voir qu’elle était habitée par une autre famille qui lui pinça le cœur, c’était tout à fait normal et pourtant il avait du mal à envisager qu’une autre famille se développe là où il avait grandi.

Lyorindel était resté devant la porte et derrière lui un elfe l’interpella, lui demandant s’il s’était perdu, l’épervier répondit que non et expliqua que c’était la maison qui l’avait vu naître, son nouvel occupant lui proposa de se joindre à eux pour déjeuner. Il refusa poliment avant de s’en aller, il avait autre chose à faire, ce qui était bien dommage car sinon il aurait accepté avec plaisir. S’il était venu à Daranovar c’était pour faire d’une pierre deux coups : en partant d’Alëandir le roi l’avait chargé d’enquêter sur la provenance des gobelins et surtout pourquoi est-ce qu’ils sortaient maintenant de leurs cavernes. Il se rendit rapidement aux casernes de la Cité des Armes pour se changer et mettre son uniforme des éclaireurs de l’armée royale, sa cuirasse, ses jambières et ses brassards de cuir ; c’était plus de protection qu’il n’avait l’habitude d’en porter mais il savait que ces petites créatures vertes pouvaient se montrer fourbe. Armé de son arc fétiche et d’une dague qu’il aiguisait tous les deux jours il alla prendre le carquois attaché à la selle de son cheval et testa les pointes à quatre tranchants de chacune des flèches. Puis, satisfait, il alla au marché trois heures avant son rendez-vous car avant de partir il avait une dernière chose à faire.

Avec un œil expert il jaugeait les plumes qu’on lui proposait. Elles provenaient de divers oiseaux mais celles qu’il recherchait, étant droitier il ne prenait que des plumes d’ailes droites et même s’il savait parfaitement que ça ne changeait rien il le faisait tout de même, c’étaient celles de Silm'Aiwë. Malheureusement il n’en trouva pas assez alors il s’était rabattu sur des oiseaux plus communs. L’épervier alla s’assoir sur un banc bien à la lumière du soleil et, sortant sa dague, il se mit à tailler ses plumes en écusson puis après s’être assurée qu’elles étaient propres et lisses, Lyorindel commença à les raccorder ; il aimait mettre des plumes de Mithdil au début de ses empennages pour pouvoir facilement suivre la flèche après son envol et la retrouver tout aussi aisément, en plus ça donnait une belle touche bleutée. Une fois le raccordage terminé il empenna ses traits. Lorsqu’il eut terminé il rentra à la caserne et les trempa dans de l’eau où il avait versé de la poudre d’alun puis il les sortit et il attendit deux bonnes heures avant de les remettre dans son carquois. Maintenant que ses flèches étaient empennées et imperméabilisées, les tranchants assez affûtés pour remplacer un rasoir, il était prêt : il retourna au marché. Il ne lui restait qu’à attendre mais ça ne le dérangeait pas il était patient. De toute façon il n’eut pas à attendre bien longtemps car celle qu’il attendait l’interpella bien vite. L’épervier acquiesça.

« Le plaisir est partagé, Heri. » Il se contenta d’hocher à nouveau la tête pour répondre par l’affirmative à sa question et une fois éloignés il s’arrêta et questionna Elessa du regard.

Elessa était contente de ne pas s'être trompée de personne dans la foule. Elle avait beau être méthodique et précise, elle avait toujours du mal à distinguer les gens de dos. Certains disaient que c'était de part les nombreuses années qu'elle avait vécu hors de sa contrée, ou simplement parce qu'elle était à moitié une étrangère pour certains elfes millénaires. Pourtant, elle était convaincue d'être une Aedhel avant une Nisétienne. Mais il était de choses plus faciles à faire entrer dans les crânes obtus. Tout comme ses théories.

La mage détailla son interlocuteur alors qu'ils s'éloignaient du marché. Il était petit pour un homme, tout comme elle le guerrier faisait partie des gens de la basse moyenne. Lyorindel faisait peu ou prou la taille d'Elessa et il était agréable de ne pas avoir à lever les yeux pendant la discussion. Les oreilles d'Elessa se dressèrent de contentement à cette pensée et elle serra les mâchoires l'espace d'un instant pour les laisser reprendre leur position normale. L'Epervier n'avait rien de réellement surprenant, ni même du charisme physique. Son regard vert se perdait dans l'étroitesse de son regard tandis que ses traits ne portaient aucune beauté ou laideur particulière. A vrai dire, Lyordindel était quelconque, comme il convenait à un homme de son corps d'armée.

Elessa appréciait grandement un tel fait. Elle ne se serait guère imager aux côtés d'un géant de deux mètres vingt maniant le marteau de guerre et jurant comme un charretier Péninsulaire, ou pire nain. Avec ses tuniques de couleur ocres et se confondant avec l'épaisse forêt environnante, son interlocuteur avait tout du ranger discret et calme, maniant avec dextérité l'arc ou tout autre arme à distance. Le parfait guide pour une mage peu habituée aux zones de guerre mais à la curiosité insatiable. Satisfaite de son observation, et rassurée quant à la qualité de sa rencontre, Elessa décida de prendre la parole lorsqu'ils se furent assez éloignés de toute oreille indiscrète et alors qu'un ruisseau dévalait les rocs d'une chute, camouflant ainsi le léger bruissement de sa voix.

"Je suis désolée quant à la qualité de notre rencontre. Je ne voulais pas entourer cela d'un tel mystère..." débuta t'elle avec un des rares sourires désolé qu'elle se permettait parfois. "Cependant, le contexte ne me permettait pas le choix. J'ai beaucoup de respect pour Daranovar et je garde d'excellents souvenirs des années où j'ai vécu ici. Mais trop d'oreilles traînent et remontent à l'armée. Or j'aimerai précisément éviter que des... officiers réguliers s'intéressent à la raison de ma venue." Elessa jeta un coup d'oeil derrière elle avant de se pencher légèrement vers Lyorindel.

"Je ne sais pas ce que notre amie commune a pu te raconter sur moi. Mais je suis mage des éléments, la Terre étant mon domaine de prédilection. J'ai longtemps travaillé dans les mines des montagnes avoisinantes. Et j'y ai même combattu d'une certaine manière certains de nos frères de la forêt... A mon grand regret. Aussi lorsque j'ai entendu parler des rumeurs d'invasion à l'Ouest par les montagnes, je me suis sentie concernée." Elessa se composa une expression qui se voulait déterminée mais également sage. "Je souhaiterai traverser les lignes pour m'approcher des montagnes. Comprendre la nature de nos adversaires et peut être explorer les failles qui leur ont permis de trouver une voie jusque dans nos contrées. Je pense que tu pourrais m'y aider si tu l'acceptes bien évidemment." La mage lança un regard froid et inquisiteur, laissant entendre que sa demande était autant un ordre qu'une supplique.

De toute façon il aurait fallu le faire exprès pour louper Lyorindel, lui qui était le seul en uniforme de l’armée royale sur la place du marché mais ce n’était pas bien grave car il se moquait qu’on le voit ou non. C’était assez rafraîchissant d’arrêter pendant un moment de s’assurer que le moins de gens possible le voyait, ça changeait. Cela dit il est difficile de faire abstraction de réflexes vieux de plusieurs siècles. L’épervier aurait sûrement choisit un autre endroit pour le rendez-vous, quelque chose de public mais dans un endroit où personne n’aurait fait attention aux deux et surtout où personne ne les aurait écoutés. Il répondit avec un sourire à Elessa.

« Pour le coup tu aurais eu plus de chance que l’information ne remonte pas la chaîne de commandement en restant dans un lieu public. Deux personnes qui s’éloignent dans la forêt pour discuter, ça attire l’attention, la suspicion même, dans un lieu fréquenté personne ne se serait arrêté sur notre discussion mais ici… disons que c’est plus probable. Cela dit ne vous inquiétez pas, j’ai vérifié que personne ne nous suive. »

Combattre les noss, ça Lyorindel avait l’habitude, les sauvages ils les combattait depuis sa tendre enfance. C’était un peu l’ennemi qu’il connaissait le mieux, avec les drows. De plus il connaissait très bien les montagnes de Daranovar pour y avoir grandis, il était donc peu probable que des noss le prenne par surprise là-bas.

« J’ai grandi dans ces montagnes, les noss du coin je les combats depuis que je suis tout petit, s’il y a quelqu’un qui peut vous faire traverser c’est bien moi. Mais ça se fera à deux conditions. Premièrement que tu m’écoutes et m’obéisses au doigt et à l’œil, je ne vais pas risquer ma vie inutilement, si je te dis on bouge je ne veux pas t’entendre râler sinon je t’abandonne. Deuxièmement… » il sortit sa broche et la montra bien à Elessa, « quand je vais partir devant je vais te la donner, si elle arrête de briller c’est que quelque chose m’est arrivé, retourne rapidement à Daranovar. Si je te la confie tu ne dois jamais, sous aucun prétexte, la perdre, surtout si elle brille encore. Est-ce que c’est clair ? »

Le premier réflexe de l’homme fut de lui montrer qu’elle avait eu tort de se montrer si prompte à s’éloigner de la foule pour discuter loin des oreilles inconnues. Il fut également fier de lui souligner qu’il avait surveille les faits et gestes alentour pour s’assurer de leur solitude. Cela ne suffit qu’à rassurer Elessa sur les compétences de l’Epervier. Elle était d’avis que les soldats les plus modestes étaient généralement les meilleurs, mais elle connaissait également la propension des corps d’élite a se vanter. Aussi son sourire de connivence ne défaillit l’espace d’une seconde alors qu’elle hochait la tête d’un air poli.

Elessa écouta le franc-parler de son interlocuteur. Il était assez brutal, ne prenait pas de gants et mettait dans les ronces les tournures presque poétiques de la langue elfique. Lyorindel en paraissait presque humain par bien des façons. Les sourcils de la mage se froncèrent légèrement a cette idée. Partageait-elle la joie d’avoir connu autre chose que les paisibles forets d’Anaeh avec son guide ?

Il n’en restait pas moins un véritable Citadin de Daranovar. Comme tout digne représentant du Protectorat, il ne portait guère les Noss dans son cœur et bien au contraire aimait à rappeler les avoir combattu. Elessa ne savait quoi en penser. Elle avait elle-même était confrontée a leurs frères aux mœurs plus primitives, et elle n’avait pas l’honneur d’entendre la Symphonie. Aussi Elessa ne comprenait pas leur mode de vie. Mais elle n’allait pas a leur vouer une haine profonde.

Elle écouta cependant les directives de l’homme. La mage s’était attendue de pareilles consignes. On s’aventurait pas dans une zone de guerre, particulièrement si celle-ci était fermée, sans un minimum de préparation et de structure militaire. Il en était de même pour une expédition de nature scientifique, aussi Elessa ne fut-elle pas surprise. Ce fut l’épisode de la broche qui la fit hausser de grands sourcils. Ses oreilles frétillèrent d’excitation. Une forme d’ondes émergeait du bijoux d’argent. C’était une belle pièce d’artisan, certainement échangée au prix fort. Mais surtout elle semblait vibrer d’une rare énergie, aux longueurs d’onde inconnues pour les sens magiques affinées de l’elfe.

« Quelle magie peux-tu pratiquer de la sorte pour me confier ton catalyseur heru Lyorindel ? Je pratique celle de la Terre et des éléments. Aussi je sais reconnaitre leur signature dans l’Art. Mais celle-ci me laisse perplexe… La luminomancie n’est-ce pas ? Je ne me souviens plus a quel domaine elle appartient… Fascinant… » Murmura Elessa avant de se rendre compte de s’être laisse aller a la passion, faisant fi des recommandations précédentes du soldat. Aussi reprit-elle contenance et recula d’un pas, le visage de marbre.

« Je comprends tout a fait tes demandes. Je crains que les Noss ne soient qu’une agitation secondaire dans ces contrées de nos jours. Je pense même qu’ils pourraient s’avérer utile en allant a leur rencontre… Enfin… Combien de temps te faudrait-il pour te préparer Heru ? »

La réaction d’Elessa était édifiante. Elle a des troubles de l’attention ? La question l’inquiétait, le rendant soucieux au point de froncer les sourcils. D’ordinaire partir seul dans une mission ne le dérangeait pas mais là il commençait à se demander s’il devait quérir de l’aide d’autres éclaireurs. Il repoussa vite l’idée, ça n’allait pas lui être accordé et il ne pouvait pas se permettre de révéler qu’il était un épervier. C’est donc en voyant arriver de très loin la mission, ô combien épineuse, de garde d’enfant en zone de guerre qu’il se força à retenir un soupir.

« C’est bon ? Tu as terminé ? » Il lui lança un regard sévère qui allait magnifiquement bien avec sa voix agacée. « C’est exactement ce que je ne veux pas que tu fasses. Lorsque je te laisserai ma broche il est hors de question que tu t’attardes dessus, fait toujours attention autour de toi ; la nature de ma magie n’est pas importante, en tout cas elle ne l’est pas plus que rester en vie. Si tu comprends mes demandes je compte sur toi pour les appliquer à la lettre. Pour ce qui est des noss effectivement il y a peu de chance qu’on en croise mais sait-on jamais, ça ne coûte rien d’être prudent ; justement être prudent avec les sauvages signifie les laisser tranquille, on s’en tient éloigner et tout se passera très bien. Mais tu as raison, le danger principal ne viendra pas d’eux. »

Il marqua une pause, est-ce que ça avait un quelconque intérêt de le préciser ? Il hésita un instant vu qu’elle avait posé la question. Lyorindel se rappela qu’après tout c’était une civile et que ce qui était évident pour lui ne l’était pas forcément pour tous.

« Je tiens à ce que ce soit très clair : je ne suis pas un guerrier, je ne suis pas là pour me battre. Le combat est un dernier recours, je n’userai de la force que si l’on est repéré et qu’il est impossible de s’en sortir autrement ; si tu t’attends à une aventure épique ce n’est pas la peine de venir car si tout se passe bien personne ne saura que l’on était là. Sinon, pour répondre à ta question, je suis prêt à partir sur le champ mais de toute façon ça ne va pas être possible : tu ne peux pas partir comme ça. Pas de métal et encore moins argenté, au risque de me répéter l’objectif est de ne pas être vu, pas de bleu, pas de dorures et si cette améthyste est ton focaliseur tu dois la dissimuler sous tes vêtements. On va retourner à Daranovar pour que tu te changes. Je ne veux que du marron, du cuir pour tes protections donc, du vert et du gris. Et assures toi que toutes tes lames soient dans des fourreaux. » Sans attendre de réponse l’épervier reprit le chemin de la ville.

Il ne s’était pas éloigné rapidement, au contraire il attendait qu’Elessa lui emboîte le pas et lorsqu’elle lui répondit, il hocha calmement la tête. Lyorindel n’avait plus qu’à espérer qu’elle avait effectivement compris, ce qui n’était pas certain malheureusement. Pendant que la joaillière était partie trouver une tenue plus adaptée, avec un peu de chance une tenue qui n’accrocherait pas le moindre rayon de lumière, l’épervier était retourné dans les casernes de la Cité des Armes. Il passa sa soirée penché sur des cartes. Celles des déploiements récents évidemment mais pas que, il étudia aussi les routes migratoires pour être certain qu’ils ne seraient pas pris par surprise. Une fois un chemin tracé il vérifia qu’il n’avait rien oublié avant de partir s’entraîner, s’il ne comptait pas combattre il n’excluait pas la possibilité d’un combat alors autant s’y préparer.

Le lendemain il la vit de loin mais c’était plus parce que son travail était de chercher des gens que parce qu’elle était facile à trouver. Son nouvel accoutrement n’était pas idéal mais c’était déjà mieux que la dernière fois, en même temps si elle avait voulu faire pire elle n’aurait pas pu sans le faire exprès.

« Bon, ça pourrait être mieux mais c’est toujours ça de pris. » Il hocha la tête à la proposition de la mage, de toute façon il avait prévu plusieurs itinéraires, au cas où, c’était une habitude dont il ne comptait pas se défaire. « Aller, en route, Saltomir n’est pas à côté. »

Il replaça son sac sur ses épaules, ce dernier était bien chargé mais il avait l’habitude de se trimbaler avec beaucoup de matériel sur le dos, il avait fait ce qu’il pouvait pour que le contenu bouge le moins possible afin de ne pas faire de bruit ; le moins possible en tout cas.